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14.septembre.201914.9.2019 // Les Crises

Les Révélations de WikiLeaks : N° 3 – La plus importante fuite de documents confidentiels de l’histoire

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Source : Consortium News, Patrick Lawrence, 16-05-2019

Le 16 mai 2019

Patrick Lawrence signale que les « Iraq War Logs » [archives de la guerre en Irak, NdT], contiennent – c’est une première – pléthore de documents, de rapports militaires et de vidéos.

Pour WikiLeaks, 2010 fut une année exceptionnellement riche en événements. En avril, l’organisation qui milite pour la transparence publie « Collateral Murder », une vidéo montrant des hélicoptères de l’armée américaine tirant sur plus d’une douzaine d’Irakiens à Bagdad. Cette vidéo choque le monde entier et assoit définitivement l’organisation, qui publie depuis 4 ans en tant que média d’envergure internationale.

En juillet suit la publication des « Afghan War Diaries », [« Journal de bord de la guerre en Afghanistan », NdT] composé de 75 000 documents.

Trois mois plus tard, le 22 octobre 2010, WikiLeaks publie une nouvelle mine d’informations, plus explosive encore : 391 831 documents et vidéos qu’ils surnomment « Irak War Logs ». Cette publication constitue la fuite la plus importante de documents classifiés dans l’histoire des États-Unis, devant les « Afghan War Diaries ». Elle dresse un portrait sombre de la conduite de la coalition dirigée par les États-Unis en Irak après l’invasion de ce pays en 2003, alors qu’une violente guerre sectaire survenait dans le pays. Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, a déclaré que ces rapports militaires « constituaient le compte-rendu le plus complet et le plus détaillé d’une guerre à jamais entré dans le domaine public ».

Couverture en direct par CNN de l’invasion américaine de l’Irak en 2003. (YouTube)

La source des « Iraq War Logs » était à nouveau Chelsea Manning, qui se trouvait alors dans une prison militaire en attente de jugement pour des chefs d’accusation liés à la vidéo « Collateral Murder », dont 22 chefs d’accusation de vol, d’aide à la divulgation de renseignements classifiés et d’intelligence avec l’ennemi.

Les documents

En publiant les « Iraq War Logs », WikiLeaks a divulgué une quantité impressionnante de documents, de rapports militaires et de vidéos.

Les « Logs » couvrent la période de six ans allant du 1er janvier 2004 (quelques mois après l’invasion de 2003) au 31 décembre 2009. WikiLeaks s’est associé au New York Times, au Guardian, au Spiegel, à Al Jazeera et au Monde pour diffuser ces rapports militaires américains secrets.

Pris dans leur ensemble, les documents dépeignent l’Irak sous occupation alliée comme une zone de non-droit, théâtre du chaos et de la violence. Les codes de conduite sont régulièrement ignorés, on tire souvent à l’aveugle et la torture de détenus est régulièrement considérée comme une pratique acceptable. Les civils innocents sont sous la menace constante de tirs de la coalition américaine, mais aussi d’arrestations, d’interrogatoires et de mauvais traitements infligés par les unités militaires alliées ainsi que par l’armée et la police irakiennes.

Parmi les révélations les plus significatives contenues dans ces rapports, on trouve :

Torture de détenus

L’armée et la police irakiennes ont systématiquement torturé les prisonniers – dont des femmes, des enfants et autres civils – avec l’approbation tacite (et parfois même la complicité) des forces américaines. À de nombreuses reprises, les troupes américaines furent directement responsables de la torture des détenus. Voici un exemple typique de rapport militaire sur les mauvais traitements infligés aux prisonniers par une unité d’opération spéciale. L’incident s’est produit le 2 février 2006 ; il transparaît de ce rapport que de tels événements constituaient une routine pour la coalition. Le nom du détenu, le nom de l’unité d’opération spéciale et le lieu de l’incident ont été supprimés :

ALLÉGATIONS DE MAUVAIS TRAITEMENTS INFLIGÉS À DES DÉTENUS PAR TF ___ À ___ LE 02/02/2006 17:50:00

À 23H50, À ___, DURANT SA PROCÉDURE DE SORTIE, LE DÉTENU NUMÉRO ___ A SIGNALÉ QU’IL AVAIT ÉTÉ VICTIME DE MAUVAIS TRAITEMENTS PENDANT SON ARRESTATION. LE DÉTENU N’A PLUS D’ŒIL DROIT ET A UNE CICATRICE___ SUR L’AVANT-BRAS DROIT. LE DÉTENU AFFIRME QUE SES BLESSURES RÉSULTENT DES MALTRAITANCES QU’IL A SUBIES LORS DE SON ARRESTATION. LES DONNÉES SYSTÈME INDIQUENT QUE LE DÉTENU A ÉTÉ ARRÊTÉ LE ___ À ___ ET QUE L’UNITÉ QUI L’A ARRÊTÉ ÉTAIT LA FORCE OPÉRATIONNELLE ___. LE NUMÉRO D’ÉTIQUETTE D’ARRESTATION DU DÉTENU EST ___. LORS DE LA PROCÉDURE, LE PERSONNEL A INDIQUÉ QUE LA PHOTO PRISE LORS DE L’ARRESTATION DU DÉTENU___ MONTRE QU’IL PORTE UN BANDAGE SUR L’ŒIL DROIT ET UNE BLESSURE À L’AVANT-BRAS DROIT. LE DÉTENU A REMPLI LE FORMULAIRE DE PLAINTE POUR MAUVAIS TRAITEMENTS, ET NOUS SOLLICITONS UNE DÉCLARATION SUR L’HONNEUR DE LA PART DU DÉTENU. PAR ORDRE DU GROUPE DE TRAVAIL ___, LE DÉTENU ___ A ÉTÉ TRANSFÉRÉ COMME PRÉVU ET L’ENQUÊTE DE LA CID [Criminal Investigation Command, service en charge d’enquêter sur les violations des lois militaires au sein de l’armée américaine, NdT] SE POURSUIT À L’ARRIVÉE À ___ GHRAIB.

Il existe des milliers de rapports d’incidents semblables qui décrivent en détail les fautes professionnelles graves et la violence des forces de la coalition et des forces irakiennes.

Parmi les révélations majeures de WikiLeaks, à peine reprises par les médias américains, figurent les ordres secrets de l’armée américaine exigeant, dans les faits, que les unités militaires américaines passent sous silence les milliers de cas de tortures, de violences et de meurtres codés « vert-vert » – c’est-à-dire les crimes sur détenus irakiens, perpétrés par des autorités irakiennes (dans des bases militaires, des postes de police et des prisons). La lecture de la liste des pratiques communément acceptées parce qu’exercées « par un Irakien sur un Irakien » donne le haut-le-cœur. De tels incidents sont décrits, parfois accompagnés de vidéos filmées en direct, détaillant des prisonniers aux yeux bandés se faisant frapper, des coups de poignard, des électrocutions, le fouet avec des fils électriques; et la sodomie avec des tuyaux d’arrosage, des bouteilles, ou d’autres objets.

Des policiers de Bagdad travaillent dans les zones du poste de police restées indemnes. (U.S. Air Force/Tech. Sgt Cecilio M. Ricardo Jr.)

Les premières consignes de gestion de ces incidents par l’armée américaine remontent à juin 2004, deux mois après que les pratiques de torture des troupes américaines à Abu Ghraib aient fait la une des journaux. Ces ordres militaires avaient pour nom Frago 242, ce qui signifie « ordres fragmentaires ». Ordre fut donné aux forces américaines de n’enquêter sur aucun incident qui ne mettait pas en cause les Américains, « à moins d’instructions de l’État-major supérieur ». Frago 039, une ordonnance ultérieure émise en avril 2005, exigeait que les troupes américaines signalent les incidents « à auteur et victime locaux » ; les troupes américaines signaleraient plus de 1 300 cas de torture « par un Irakien sur un Irakien » à leurs officiers supérieurs. Mais, une fois de plus, ils ont reçu l’ordre de ne prendre aucune autre mesure. Frago 242 et 039 constituent des manquements manifestes à la responsabilité des États-Unis en Irak.

Voici un exemple des rapports que les forces américaines rédigeaient couramment après la publication des ordres Frago 242 et Frago 039. Il relate ce qui semble être le meurtre d’un détenu, après son arrestation, par les forces irakiennes. L’incident s’est produit le 9 août 2009 à Ramadi. Les responsables irakiens ont qualifié le décès du détenu de suicide, tandis que le rapport américain a conclu que les blessures subies par le détenu étaient « compatibles avec des mauvais traitements ». L’armée américaine a clos l’affaire en octobre de l’année suivante ; rien n’indique que des mesures aient été prises :

Date : 27/08/2009 09:00:00

Type : Incident de nature suspecte

Catégorie : Autre

N° de suivi : 20090827090038SLB413998

Titre : (INCIDENT SUSPECT) AUTRE RPRT RAMADI IRAKIEN CTU : 1 UE KIA

Résumé : IDENTITÉ: RAMADI PGC TT

SUJET : Signalement d’un cas possible de mauvais traitements infligés à un détenu

DATE : 270900C 09 AOÛT

LIEU : CTU d’Irak à Ramadi IVO (38S LB 413 998)

DESCRIPTION: À 270900C 09 AOÛT, le PGC TT signale de possibles mauvais traitements sur détenu IVO (38S LB 413 998). Le 26 août 2009, un PGC TT (qui comptait un Marines américain) a effectué un examen visuel post mortem de JASIM MOHAMMED AHMED AL-SHIHAWI, un individu arrêté en même temps qu’un EEI [engin explosif improvisé, NdT] interdit au nord-est du camp Taqaddum (SIGACT Entry DTG : 241130CAug09) Le détenu a été transféré de l’IHP de Saqlawiah au CTU [Counter Terrorist Unit, Unité Anti Terroriste, NdT] d’Irak à Ramadi pour interrogatoire et se serait suicidé pendant sa détention. Le personnel du PGC TT chargé de l’examen post mortem a découvert des contusions et des brûlures sur le corps du détenu ainsi que des blessures visibles à la tête, aux bras, au torse, aux jambes et au cou. Le rapport du PGC TT indique que les blessures correspondent à des mauvais traitements. La CTU/IP aurait ouvert une enquête sur la mort du détenu. Une mise à jour sera publiée lorsque plus d’informations seront disponibles. Le RIS (Rapport d’Incident Suspect) est joint en annexe.

DOSSIER CLOS Le 19 Oct. 2009

Le 24 octobre 2010, deux jours après la publication par WikiLeaks des « Iraq War Logs », Al Jazeera publie une vidéo intitulée « Les États-Unis ferment les yeux sur la torture ». La vidéo détaille ce que stipulent les directives Frago 242 et 039 telles que révélées dans les Logs. Bien que certains incidents aient finalement fait l’objet d’une enquête – comme semble-t-il celui de Ramadi – il n’existe aucun document officiel indiquant que du personnel irakien ait été condamné pour faute. Selon le rapport d’Al Jazeera, l’existence de tels ordres était connue jusqu’aux « plus hauts niveaux du gouvernement américain » – y compris, la vidéo le montre clairement, par Donald Rumsfeld, alors secrétaire à la Défense.

Décès de civils

Pendant les deux premières années qui ont suivi l’invasion de 2003, les autorités militaires américaines ont nié avoir tenu un registre des décès de civils en Irak. Ce n’est qu’en 2005, lorsque le Ministère de la défense [le DoD, Department of Defense, NdT] a commencé à communiquer des statistiques au Congrès, qu’il s’est avéré que l’armée avait en fait compilé ces données. Mais les rapports du DoD étaient trop imprécis pour constituer un preuve convaincante : les morts et les blessés étaient regroupés, de même que les victimes civiles et celles appartenant à l’armée irakienne. Et les chiffres officiels étaient constamment inférieurs aux décomptes effectués par d’autres organismes, selon Iraq Body Count, une ONG d’investigation basée à Londres. Au cours de la période de cinq ans couverte par les Logs, l’armée américaine a estimé le nombre de victimes irakiennes à 109 032, dont quelque 60 000 civils.

Les « Iraq War Logs » ont beaucoup amélioré les connaissances sur les victimes de la guerre d’Irak. Dans un rapport détaillé, Iraq Body Count déclare que les Logs permettent, pour la première fois, de combiner des données provenant de sources diverses pour dresser un tableau beaucoup plus complet.

Iraq Body Count estime que les rapports d’incident « porteront à la connaissance du public le décès d’environ 15 000 morts de civils irakiens supplémentaires ». Ils concluent : « Finaliser un compte rendu des tragédies humaines contenues dans les « Iraq War Logs » demandera beaucoup de temps et d’efforts, mais c’est maintenant au moins possible. »

Garde irakien à un poste de contrôle routier à Mushahada, en Irak, traversé par des soldats irakiens, 2006. (U.S. Navy/ Michael Larson)

Incidents aux checkpoints

Les « Iraq War Logs » recensent près de 14 000 incidents que l’armée américaine a qualifiés d’incidents dus à une « escalade de la violence ». Ce principe exige que les unités militaires aient recours à des mesures non létales avant de recourir aux moyens mortels. Ces incidents se sont produits dans diverses circonstances. Les rapports montrent qu’ils survenaient fréquemment aux postes de contrôle de l’armée américaine ou à proximité des convois et patrouilles américains. Ces incidents semblent refléter l’usage souvent aléatoire, et hors de toute discipline, de la force par l’armée américaine au cours de la période couverte par les Logs.

Les rapports militaires révèlent que quelque 680 civils irakiens ont été tués par balle dans de tels incidents ; environ 2 000 autres ont été blessés. Parmi les victimes figuraient des familles, des femmes enceintes et des Irakiens souffrant de handicap physique ou mental. Ces incidents impliquaient souvent des innocents qui, sans le savoir, s’étaient égarés trop près d’un point de contrôle américain. Ils reflètent très souvent un usage disproportionné de la force par les troupes américaines.

Al Jazeera a publié un rapport complet sur les fusillades aux abords de postes de contrôle le 23 octobre 2010, le lendemain du jour où WikiLeaks a publié les Logs. Le Daily Telegraph a publié un rapport le 24 octobre détaillant de nombreux cas similaires. Tous deux notent un incident décrit dans les Logs et datant de septembre 2005. Il s’agit d’un cas typique plutôt que d’un cas exceptionnel. Voici un extrait du compte-rendu d’Al Jazeera :

« En septembre 2005, après avoir utilisé les procédures réglementaires de gradation de la violence, deux soldats de la 1-155e Infanterie ont ouvert le feu avec des mitrailleuses M249 sur un véhicule en approche. À eux deux, ils ont tiré 100 balles sur la voiture – c’est-à-dire cinq ou six secondes de tir soutenu, au moyen d’une arme capable de tirer 1 000 coups par minute. »

Le mitraillage a tué un homme et une femme assis à l’avant de la voiture et blessé des enfants de 6 et 9 ans assis à l’arrière. « Les proches des personnes tuées ont par la suite reçu une indemnisation de 10 000 dollars de la part de l’armée américaine, qui a conclu que les soldats avaient violé leurs règles d’engagement », rapporte Al Jazeera.

L’analyse des Logs par Al Jazeera a révélé que le nombre d’incidents liés aux procédures de gradation de la violence a fortement diminué en 2008, passant de plus de 3 500 l’année précédente à moins de 1 600. « C’était dû, en partie, aux nouvelles règles destinées à protéger les civils, mais aussi au fait que les Américains ont été remplacés par les forces de sécurité irakiennes à un nombre croissant de postes de contrôle », écrit Gregg Carlstrom, d’Al Jazeeera. « Les incidents liés à une escalade de la force impliquant des troupes irakiennes ne sont généralement pas consignés par l’armée américaine ».

Fusillade par des hélicoptères de combat

L’hélicoptère Apache qui figure dans « Collateral Murder » était connu sous le nom de Crazy Horse 18. Les Logs révèlent que plusieurs hélicoptères Apaches de l’unité Crazy Horse ont mené une série d’attaques mortelles en plus de l’incident de juillet 2007 enregistré dans la vidéo sortie en avril 2010 sous le titre « Collateral Murder ». La plus remarquable d’entre elles met en lumière la justification juridique que les forces américaines invoquent souvent pour justifier leur conduite.

L’incident s’est produit près de Bagdad le 22 février 2007, lorsque l’équipage de l’Apache 18 a identifié deux insurgés au sol, sous l’hélicoptère, qui tentaient de se rendre. Tout en traquant les deux hommes, l’équipage de l’Apache 18 a contacté par radio un avocat militaire d’une base aérienne voisine pour obtenir des conseils juridiques. « L’avocat déclare qu’ils ne peuvent pas se rendre à l’hélicoptère et qu’ils demeurent des cibles valides », peut-on lire dans ce document qui figure dans les Logs. Crazy Horse a d’abord lancé un missile Hellfire sur les insurgés. Il a fini par les tuer en les mitraillant avec un canon 30mm.

Les « Iraq War Logs » comprennent des rapports et d’autres documents détaillant un très large éventail d’incidents au cours des cinq années d’engagement militaire qu’ils couvrent. Lors de la publication des documents, WikiLeaks a classé les incidents sous différentes rubriques, indiquant le nombre d’incidents dans chaque catégorie. « Action ennemie » contient 104 272 événements. Il y a eu 31 234 « Événements criminels » et 1 328 rapports de « Tirs amis ». Le site WikiLeaks comprend un moteur de recherche qui facilite grandement l’exploration de la vaste collection de documents qu’ils ont fait entrer dans le domaine public le 22 octobre 2010.

Réaction officielle

Comme Assange avait annoncé la publication imminente des « Iraq War Logs », les responsables américains ont pu se préparer à leur publication, bien qu’aucun ne connaissait la taille et le contenu des Logs ni la date prévue de leur publication. Un porte-parole du Pentagone, le colonel Dave Lapan, a déclaré à CNN que le Pentagone disposait d’une équipe de 120 experts « qui sont prêts à commencer immédiatement à lire tout document sur le site WikiLeaks ». Il a ajouté : « Nous ne savons pas comment ces documents pourraient être divulgués, quand ils pourraient l’être ni combien ils pourraient être. Donc on se prépare à toutes les éventualités ».

Une fois les rapports militaires publiés, les réactions officielles furent mitigées. Bien que certains responsables américains et britanniques se soient concentrés sur leur contenu troublant, la plupart d’entre eux se réfugièrent derrière les éléments de langage condamnant WikiLeaks pour avoir mis en danger la vie de militaires en service en Irak.

James F. Jeffrey, ambassadeur de Washington à Bagdad à l’époque, a déclaré que certaines des publications de WikiLeaks « peuvent – ou non– être exactes à 100% ». Cité par l’Associated Press, il ajoute : « Nous sommes très troublés par toute affirmation qu’une quelconque action ait été entreprise – que ce soit par nos propres forces, ou par nos alliés et partenaires, les forces irakiennes ». Jeffrey, il faut le noter, a fait ces remarques devant un auditoire composé d’Irakiens.

Les responsables des droits de l’homme à l’ONU ont demandé aux États-Unis et à l’Irak d’enquêter sur les nombreux cas de torture indiqués dans les rapports d’incident militaires, y compris sur les preuves que les forces américaines ont continué à livrer des détenus aux autorités irakiennes alors qu’elles savaient que les Irakiens les torturaient. À Londres, Nick Clegg a appuyé les appels en faveur d’une enquête. S’exprimant lors d’une émission-débat de la BBC, le vice-premier ministre de l’époque a ajouté : « Nous pouvons déplorer la manière dont ces fuites se sont produites, mais je pense que la nature des allégations faites est extrêmement grave. Je pense que tout ce qui laisse entendre que vous savez que les règles fondamentales de la guerre, des conflits et de l’engagement ont été enfreintes ou que la torture a été tolérée de quelque façon que ce soit est extrêmement grave et doit être examiné ».

Beaucoup d’autres officiels ont sommairement condamné WikiLeaks pour avoir publié les « Iraq War Logs » – généralement sans aborder les révélations elles-mêmes. Dans une vidéo, Hillary Clinton, en tant que secrétaire d’État américaine, a déclaré : « Nous devrions condamner dans les termes les plus clairs la divulgation de toute information classifiée… qui met en danger la vie des militaires des États-Unis et de ses pays partenaires ». Dans un tweet le jour de la publication, Mike Mullen, alors président du Comité des chefs d’état-major interarmées, déclarait catégoriquement : « Encore une publication irresponsable de documents classifiés volés par WikiLeaks qui met des vies en danger et fournit des informations précieuses à nos adversaires ».

Ailleurs, le ministère de la Défense britannique a publié une déclaration par courriel. « Nous condamnons toute divulgation non autorisée de matériel classifié », dit la déclaration. « Cela peut mettre en danger la vie des militaires britanniques et celle de nos alliés et rendre le travail de nos forces armées, sur tous les théâtres d’opérations, plus difficile et plus dangereux. Il serait inapproprié de spéculer sur les détails spécifiques de ces documents sans enquête supplémentaire, et ce, tant que l’enquête publique sur le rôle du Royaume-Uni dans la Guerre d’Irak [référence à l’enquête menée par la Commission Chilcot, NdT] est en cours. Nous ne saurions tolérer de mauvais traitement des détenus et nous enquêtons sur toute allégation portée contre nos troupes… »

Rumsfeld avec des Marines au Camp Fallujah, Irak, la veille de Noël 2004. (U.S. Marine Corps/Lance Cpl. Daniel J. Klein)

A Bagdad, le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a accusé WikiLeaks de tenter de saper ses efforts pour former un nouveau gouvernement en provoquant l’hostilité de l’opinion publique envers « les partis nationaux et leurs dirigeants, en particulier contre le Premier ministre ». Le ministère de l’Intérieur a répondu plus directement au contenu des rapports militaires. « Nous ne fermerons les yeux sur aucune de ces questions », a déclaré le sous-ministre Hussein Kamal dans une entrevue accordée à Reuters. « Tous les responsables de crimes seront poursuivis et la justice suivra son cours ».

Réaction médiatique

Les réactions des médias internationaux aux « Iraq War Logs » ont également été mitigées. Tous les médias qui ont eu accès à l’avance aux rapports d’incident ont présenté leurs conclusions dans de multiples articles et vidéos. Al Jazeera et le New York Times en sont des exemples notables.

Le New York Times a créé un site interactif appelé « The War Logs », qui proposait un outil de recherche permettant aux lecteurs d’explorer l’immense inventaire de documents par sujet.

Cependant, le traitement des Logs par le Times a fait défaut sur des aspects importants. Parmi les grands médias internationaux, il fut le seul à faire disparaître la complicité des forces américaines dans la torture des détenus irakiens, nettoyant ses compte-rendus de tels incidents afin de suggérer que les unités militaires et policières irakiennes avaient agi de façon autonome et à l’insu des autorités américaines.

Al Jazeera présenta des articles et des vidéos, un index par sujet ainsi qu’un glossaire pour aider les lecteurs et les téléspectateurs à déchiffrer une terminologie militaire souvent difficile à comprendre.

Dans la période qui a précédé la publication des « Iraq War Logs », de nombreux organes de presse ont commencé à se concentrer autant sur l’organisation WikiLeaks elle-même et la personnalité d’Assange que sur la plus récente (et plus complète) publication de l’éditeur – une tendance qui n’a cessé de se confirmer depuis. « Depuis la publication des « Afghan War Diaries », les conflits internes ont ébranlé WikiLeaks », a rapporté CNN le jour où les documents sur l’Irak ont été publiés. « Certains membres de ce groupe secret de bénévoles – spécialistes en sécurité informatique, journalistes, travailleurs humanitaires, dont beaucoup ont un emploi de jour – ont démissionné, invoquant des désaccords sur la façon dont le groupe mène ses activités. »

De tels rapports étaient nombreux et dépeignaient constamment WikiLeaks et son fondateur de la manière la plus défavorable possible. Assange et ceux qui l’entouraient ont reconnu des « crises de croissance », comme Assange l’a dit peu avant de publier les « Iraq War Logs ». En plus des changements de personnel et d’organisation, l’argent était devenu un défi à ce moment-là. L’examen des fuites est « un processus très coûteux », a déclaré M. Assange lors d’une conférence de presse en août à Londres. Assange faisait référence à environ 15 000 documents qui étaient encore en attente de vérification lorsque WikiLeaks a publié les 75 000 documents initiaux constituant les « Afghan War Diaries ».

Deux travaux journalistiques se démarquent du lot.

La veille de la publication par WikiLeaks des « Iraq War Logs », la chaîne Democracy Now! a réfuté les accusations officielles largement répandues selon lesquelles les publications de WikiLeaks mettaient en danger les Américains et la sécurité nationale américaine. « WikiLeaks a suscité la condamnation du gouvernement américain lorsqu’il a publié les 91 000 rapports militaires de la Guerre d’Afghanistan en juillet », indiquait sa présentatrice Amy Goodman. « La Maison Blanche et le Pentagone ont accusé le site d’être irresponsable. Ils ont prétendu qu’il mettait la vie des gens en danger. Mais l’Associated Press a récemment reçu une lettre du Pentagone indiquant qu’aucune source ni aucune pratique des renseignements américains n’a été compromise par la fuite. »

Ce jour-là, Daniel Ellsberg, qui passait par New York pour se rendre à Londres, où il devait se joindre à Assange lors d’une conférence de presse, était l’invité vedette de l’émission. Le mérite de Democracy Now! a été de faire le lien entre WikiLeaks et l’histoire des lanceurs d’alerte aux États-Unis.

L’homme qui, en 1971, a divulgué l’histoire cachée de la Guerre du Vietnam était éloquent dans sa défense d’Assange et de WikiLeaks dans ce contexte. « Cela fait 40 ans que j’attends une publication de cette ampleur », a-t-il déclaré à Goodman et Juan Gonzalez. « Je pense qu’il aurait dû y avoir une publication de la taille des Pentagon Papers (« papiers du Pentagone ») chaque année. Combien de fois avons-nous besoin de ce genre de choses ? Nous ne le savons pas encore. Je suis donc très heureux que quelqu’un prenne le risque et l’initiative de mieux nous informer maintenant. »

Le jour de la publication des Logs, le New York Times a envoyé des journalistes irakiens travaillant dans son bureau de Bagdad dans tout le pays pour enregistrer les réactions d’Irakiens ordinaires. Le Times a pris soin d’expliquer qu’il ne s’agissait pas d’un sondage d’opinion scientifique, mais « d’un instantané des sentiments exprimés par des Irakiens ordinaires de la rue, dans les premières heures suivant la publication ».

Les résultats ont été publiés sur le blog « At War » du Times. Ils constituent un témoignage bref mais marquant de la façon dont les événements apparurent aux personnes concernées en premier lieu – chose rare dans les reportages américains à l’étranger. Il n’est pas surprenant que les journalistes du Times aient constaté que la plupart des Irakiens qu’ils ont interviewés – des compte-rendus pour 34 d’entre eux ont été publiés – étaient terriblement au courant des événements que les « Iraq War Logs » documentent et considéraient l’entrée des War Logs dans le domaine public comme un acte de justice.

« Je ne pense pas que ce qu’on y trouve soit une surprise pour les Irakiens », a déclaré Umm Taha, une traductrice de 30 ans. « Ce qui est important, c’est que les faits sont légalement établis et qu’il y a des documents que personne ne peut nier. »

« Ce sont des crimes honteux, et je suis sûr que le pire a été caché », a déclaré Yahoo Raaid, 38 ans, un ingénieur de Mossoul. « L’Amérique a dit qu’elle envoyait ses troupes d’aussi loin afin d’apporter la démocratie et la liberté aux Irakiens, mais ce qui s’est passé, c’est que l’Irak est devenu un centre et une base pour des terroristes qui veulent régler leurs problèmes avec leurs ennemis en Irak. »

Zubaida Hatem, pharmacienne de 26 ans, a déclaré : « Je n’ai pas été choquée par ce que j’ai entendu. Bien sûr, ça va faire toute une histoire dans d’autres pays, mais la raison pour laquelle nous voyons ça tel quel, et pas comme un scandale énorme, c’est ce que nous endurons ici en Irak. Nous avons été témoins de choses horribles, donc [les Logs] ne sont rien en comparaison de ce qui se passe dans la rue… Ça m’a remis en mémoire ceux que j’ai perdus. Mon oncle est mort durant les violences sectaires en 2006, et ces révélations m’ont fait penser à lui. Chaque fois qu’on veut oublier, quelque chose survient et toute la douleur ressurgit avec. »

Patrick Lawrence, correspondant à l’étranger depuis de nombreuses années, principalement pour l’International Herald Tribune, est chroniqueur, essayiste, auteur et conférencier. Son livre le plus récent est « Time No Longer : Americans After the American Century » (Yale). Suivez-le sur Twitter: @thefloutist. Son site Web est www.patricklawrence.us. Soutenez son travail via The Floutist.

Source : Consortium News, Patrick Lawrence, 16-05-2019

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Commentaire recommandé

Fritz // 14.09.2019 à 08h31

Les documents publiés par Wikileaks devront figurer au tribunal de Nuremberg qui jugera les responsables de l’agression américaine contre l’Irak, ce crime contre la paix qui a engendré tous les autres crimes de guerre.

En attendant : LIBÉREZ ASSANGE !

18 réactions et commentaires

  • aladin0248 // 14.09.2019 à 07h51

    Les États commettent souvent des crimes abjects. Bien entendu, ils ne peuvent en aucun cas les reconnaître, donc ils doivent les cacher d’une façon ou d’une autre et pour cela développer tout un discours mensonger. Ce qui est intéressant, c’est lorsqu’ils sont vraiment pris la main dans le sac comme c’est le cas avec WikiLeaks. Il n’y a donc plus qu’une solution : minimiser, dire que ce sont les alliés, les subalternes, en bref trouver des lampistes … et attendre leur revanche pour faire comprendre aux lanceurs d’alerte qu’ils vont le payer cher, très cher. Ensuite, ils peuvent compter sur les médias à la botte. L’oubli est garanti, et ces crimes ne passeront même pas dans les livres d’histoire. Gérer l’oubli est très important.
    Compléments : http://msclx.blogspot.com/2019/09/un-ocean-de-mensonges.html

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    • Catalina // 14.09.2019 à 09h46

      aladin0248
      Tout comme Hiroshima et Nagasaki, les USA se snont débrouillés pour que les écoliers Japonais ignorent que ce sont eux seuls qui les ont massacrés, dans les livres d’histoire à l’école, il est dit que ce sont les alliés !! Or, non, ce sont les USA et uniquement eux qui ont commis cette monstruosité !

        +1

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  • Fritz // 14.09.2019 à 08h31

    Les documents publiés par Wikileaks devront figurer au tribunal de Nuremberg qui jugera les responsables de l’agression américaine contre l’Irak, ce crime contre la paix qui a engendré tous les autres crimes de guerre.

    En attendant : LIBÉREZ ASSANGE !

      +48

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    • Jon // 14.09.2019 à 08h57

      je pense que l’on peut toujours rêver pour que les crimes au Moyen Orient soient jugés et les responsables punis. Le tribunal de Nuremberg n’a servi qu’a punir les perdants de la guerre qui n’avaient finalement rien à envier en terme d’atrocités aux gagnants, ceux-la même qui sont en train de faire du moyen orient un terrain vague, dépeuplé où implanter leurs colonies.

        +25

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      • RV // 14.09.2019 à 09h13

        @ Jon // 14.09.2019 à 08h57
        Votre commentaires a un arrière gout de révisionnisme !
        Les faits de guerre sont condamnables bien sur mais de là à mettre sur le même pieds l’extermination de masse il y a un pas que l’Histoire ne saurait franchir.

          +6

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        • Michel // 14.09.2019 à 11h08

          Sauf si quand il cite les gagnants il pense à l’URSS de Staline !

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          • Fritz // 14.09.2019 à 11h18

            Staline qui a bombardé Dresde et Hiroshima, ne l’oublions pas.

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            • Michel // 14.09.2019 à 20h37

              Merci mais votre réponse mais à quoi bon défendre Staline?
              Ce n’est pas parce que les américains ont fait des choses condamnables qu’on doit passer sous silence les crimes de Staline.

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            • Owen // 15.09.2019 à 12h10

              Oui, et attention aussi aux anachronismes.

              Il est indéniable en 2019 que le premier fauteur des tensions et conflits du monde sont les États-Unis (maintenant l’axe Washington, Tel Aviv, Riyad). Mais en 1945, l’Europe avait vécu sa énième guerre, encore plus horrible que l’avant dernière où l’on avait regretté l’entrée tardive des Américains dans la bataille.

              Dans ses mémoires de guerre, de Gaulle raconte toutes ses démêlées avec les Anglo-Saxons et leurs coups fourrés militaires et politiques. C’est même là-dessus qu’il a le plus écrit. Mais ce n’était pas pour chanter Staline ! Même s’il a souligné que c’est la Russie qui a renversé le front de guerre en Europe, les Anglo-Saxons agissant dans le Pacifique et au Sud de la Méditerranée. Il a su garder la tète froide.

              Avec les yeux d’aujourd’hui, on voudrait aujourd’hui que Nuremberg ait fait aussi les procès du capitalisme, des multinationales et des banques et des impérialismes. Heu, oui, bon, certes.

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    • RGT // 14.09.2019 à 09h39

      Vous commettez une très grossière méprise : Le tribunal de Nüremberg et la CPI sont destinés à punir uniquement les MÉCHANTS®.

      Comme les pays de la « communauté internationale© » font partie des « GENTILS® », simplement penser à la possibilité qu’ils puissent commettre des actions critiquables est une trahison des « valeurs humanistes© » et devrait se traduire immédiatement par une cour martiale suivie du peloton d’exécution.

      Il ne faut pas pousser, « nos » gouvernants n’agissent QUE pour le bien des populations civiles.

      Pour le reste, il s’agit de « dommages collatéraux© » justifiés par la lutte contre les VRAIS MÉCHANTS® qui auraient pu quant à eux commettre de véritables atrocités et des crimes de masse.

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      • Owen // 14.09.2019 à 12h05

        Je mets de côté la CPI, vérolée par la vision néoconservatrice du droit international, mais c’est un peu plus que cavalier d’y mettre le tribunal de Nuremberg dans le même sac.

        On est bien d’accord que l’histoire est faite par les vainqueurs, on peu prolonger le truisme en ajoutant que les vaincus n’ont pas droit au chapitre.

        Mais le régime nazi était de projet racial et eugénique, assoiffé de conquêtes militaires, féroce à l’égard des pays vaincus, sans scrupule pour mettre en oeuvre un génocide.

        Un traité de paix est un privilège de décisions entre les gouvernants des parties. Churchill avait d’ailleurs présenté une liste des plus hauts dignitaires à exécuter sans jugement. Mais il y avait aussi toutes sortes de démons à exorciser.
        On ne peut pas non plus reprocher à la volonté collective d’avoir voulu criminaliser la guerre.

        Surtout ce tribunal a permis à l’Allemagne de faire résilience de son passé immédiat et à ce vaincu de reprendre place parmi les nations européennes.

        Le Cambodge n’a jamais eu de procès équivalent contre le régime de Pol Pot qui aurait le purger de son idéologie chimérique et massacreuse. Le pays ne s’en est jamais non plus.

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        • Owen // 14.09.2019 à 12h26

          Et l’Allemagne est devenue plus pacifiste que la France: Merkel a refusé d’apporter sa voix à la résolution ONU contre la Libye, alors que Sarkozy a lui même été à l’origine de la résolution. Avec le soutien massif de notre Assemblée Nationale.

          Plus récemment, l’Allemagne a décidé l’embargo sur les ventes d’armes en Arabie Saoudite. Pas la France.

            +13

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  • RGT // 14.09.2019 à 09h24

    Les autorités US commençaient déjà à s’entraîner en 2005 pour la publications des courriels du DNC qui surviendraient 12 ans plus tard…

    On hurle au scandale des « documents volés » mais on se garde bien d’en évoquer le contenu franchement nauséabond.

    Comme d’habitude : « Faites ce que je dis mais ne dites (surtout) pas ce que je fais. »

    Ne vous en faites pas, c’est PARTOUT pareil, particulièrement dans les pays « gardiens des droits de l’homme » et chez leurs « alliés ».

      +17

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  • Pwetpwet // 14.09.2019 à 11h43

    Je suis le premier à critiquer l’invasion imbécile de l’Irak par les Etats Unis, pour autant je ne vois pas dans les quelques documents présentés ici d’ordre explicite de torture des américains sur les irakiens.
    Qu’il y en ait eu, c’est un fait, notamment à guantanamo (pas besoin d’aller en Irak pour ça). Par contre ce qui ressort de ces documents c’est l’inaction des américains sur la torture exercée par des irakiens sur des irakiens. C’est grave mais c’est très différent.
    Pour le reste, je pense au cas des deux mecs qui vident leur M249 sur une voiture probablement inoffensive, je pense qu’il s’agit juste d’un fait divers en cas de guerre. C’est moche, pas juste mais c’est la guerre.
    Il me semble difficile d’affirmer pouvoir réagir autrement dans des circonstances identiques. Des américains sont morts dans des attaques suicide. À partir de là, quand vous êtes de faction à un barrage et que vous doutez, qui sait comment « bien réagir »?

    Il faut aussi se poser une question bête mais simple: si les États-Unis voulaient réellement cacher tout ce qui s’est passé la bas, pourquoi auraient ils organisé une collecte aussi minutieuse de tout ces événements ?

      +2

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    • Logique // 14.09.2019 à 14h25

      « Qu’il y en ait eu, c’est un fait, notamment à guantanamo (pas besoin d’aller en Irak pour ça). »

      Oui, c’est un fait, surtout en Irak:

      https://duckduckgo.com/?q=tortures+abou+graib&t=ffsb&ia=web

      « C’est grave mais c’est très différent. »

      Non, ce n’est pas différent.
      Votre façon de minimiser les faits est révoltante.

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    • Ovni de Mars // 14.09.2019 à 14h55

      Pwetpwet :

      En quoi le fait d’utiliser des hommes de main pour pratiquer la torture est-il moins grave que de torturer soi-même ?
      Croyez-vous que les Nord-Américains ignoraient ce que faisaient les Irakiens à qui ils livraient les détenus à interroger ?

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  • Christian Gedeon // 14.09.2019 à 15h33

    Avis à tous La guerre c’est degueulasse au naturel. Et quand elle se double d’une guerre civile. Encore plus.

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  • Karel Rehor // 15.09.2019 à 08h30

    Incidemment, le 22 septembre Julien aura purgé sa peine pour sa fuite devant la justice Britannique, mais cette même justice a décidé avant hier qu’il doit rester en prison au-delà de cette date comme une personne qui s’attend à être extradée.

    https://www.bbc.com/news/uk-49689167

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