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L’histoire secrète de My Lai : comment l’enquête a couvert la responsabilité du général Westmoreland

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Source : The Nation, Gareth Porter, 19-03-2018

La politique du Pentagone, par inférence claire à défaut de directive explicite, était de traiter les civils vivant dans les zones contrôlées par les communistes comme des combattants ennemis.

Par Gareth Porter – 19 mars 2018

Les victimes du massacre de My Lai sur une route qui mène au village. (Photo de Ronald L. Haeberle)

Il y a cinquante ans ce mois-ci, le 16 mars 1968, deux compagnies de troupes de l’armée américaine appartenant à la division Americal sont entrées dans les hameaux de My Lai et My Khe du village de Son My, dans la province de Quang Ngai, et ont tué 504 civils vietnamiens – en grande majorité des femmes, des enfants et des vieillards – de sang froid. La presse nationale et les élites politiques ont depuis longtemps appris à traiter le massacre comme une tragédie qui ne reflétait pas la politique officielle des États-Unis. Et depuis que le rapport de la Commission Peers sur My Lai a finalement été rendu public en novembre 1974 (le rapport terminé avait été transmis au chef d’état-major de l’armée en mars 1970), la presse et le public ont cru que la commission, dirigée par le lieutenant-général William Peers, a non seulement révélé l’étendue du massacre, mais a aussi dévoilé la couverture, impliquant des officiers jusqu’au commandant de la division Americal, le général Samuel Koster.

Mais ce que la presse et le public n’ont jamais compris, c’est que la Commission Peers a été impliquée dans un camouflage encore plus important : elle a disculpé le commandant des forces américaines au Vietnam, le général William Westmoreland, de toute responsabilité pour My Lai, malgré le fait que la politique transmise par Westmoreland à ses subordonnés était de traiter les civils qui restaient dans les zones depuis longtemps occupées par les communistes vietnamiens, ou Viet Cong (VC), comme My Lai, comme des combattants ennemis.

La raison pour laquelle Peers a couvert la responsabilité de Westmoreland pour My Lai, surtout – en tant qu’assistant de Peers dans le personnel de la commission, dit cet auteur – est que Peers espérait obtenir une superbe affectation de commandement après avoir terminé l’enquête, et Westmoreland, qui avait alors été promu chef d’état-major de l’armée, a eu une influence énorme sur la décision d’accorder cette affectation.

La Commission Peers a appris du témoignage des chefs d’escadron à qui a été affectée la mission dans le hameau ce jour-là que les commandants de compagnie leur avaient dit de considérer les civils comme l’ennemi. Comme l’a rappelé un chef d’escadron, le Sgt Charles West, le commandant de la compagnie, le Capitaine Ernest Medina, a dit aux chefs d’escadron que le village « ne comprenait que des familles nord-vietnamiennes, Vietcong et des familles communistes vietnamiennes » et que « l’ordre était de détruire My lai et tout ce qu’il contenait ». Un autre chef d’escadron qui a assisté au briefing de Medina s’est également rappelé que Medina avait dit à la compagnie que My Lai était un « bastion Vietcong résumé et qu’il avait reçu l’ordre de tuer tous ceux qui se trouvaient dans ce village ». Un deuxième commandant de compagnie, le Capitaine Earl Michles, a transmis le même message aux chefs d’escadron.

« Les ordres qui ont été donnés… ont fait comprendre à un nombre important de soldats de la compagnie C que seulement des ennemis restaient dans la zone des opérations et que l’ennemi devait être détruit. » – Commission Peers.

Ce témoignage a conduit l’enquête Peers à l’unité mère, la force de frappe de 500 hommes appelée Task Force Barker, commandée par le lieutenant-colonel Frank Barker. La commission a conclu : « Les ordres donnés par l’intermédiaire de la chaîne de commandement de la Task Force Barker ont permis à un nombre important de soldats de la compagnie C de comprendre que seul l’ennemi restait dans la zone opérationnelle et que l’ennemi devait être détruit. »

Cela aurait été un crime de guerre explicite et condamnable de déclarer dans une directive ou dans une séance d’information officielle aux commandants de la Task Force Barker qu’ils devaient considérer ces civils comme n’étant pas différents des combattants et donc susceptibles d’être tués. Mais la Commission Peers a conclu que les ordres avaient « transmis une interprétation » d’une telle politique, permettant aux commandants d’unité de tirer des conclusions évidentes sur la façon de traiter la population civile là-bas.

Mais de telles citations étaient délibérément trompeuses. Ils ont décrit des règles d’engagement conçues uniquement pour les zones peuplées sur lesquelles les Viet Cong avaient soit un contrôle temporaire, soit aucun contrôle du tout. My Lai était situé dans une région où le mouvement communiste vietnamien avait maintenu le contrôle et le soutien politique pendant des années. Néanmoins, le rapport ne cite pas un seul document officiel ou une section d’un document portant sur les règles d’engagement conçues spécifiquement pour les opérations ciblant des villages ou des hameaux sous contrôle communiste à long terme.

La Commission Peers a cité avec approbation la Directive MACV 525-3, intitulée « Opérations de Combat : Minimiser les victimes non-combattantes », qui a été émise pour la première fois le 7 septembre 1965, et rééditée sous une forme légèrement révisée le 14 octobre 1966.

La commission a cherché à donner l’impression que la Directive 525-3 avait interdit les frappes aériennes et les attaques d’artillerie aveugles sur des zones peuplées dans ce que l’on appelait des « zones de frappe spécifiées » – également connues au sein de l’armée américaine sous le nom de « zones de tir franc ». L’un des « points importants » de la directive était que ces zones « devraient être configurées de manière à exclure les zones peuplées ». Mais ce que la Directive 525-3, que cet auteur a obtenu des archives historiques de l’armée, disait en fait, c’est que « les zones de frappe spécifiées devraient être configurées de manière à exclure les zones peuplées, à l’exception de celles des bases viet-cong reconnues. » [Accentuation ajoutée.]

La Commission Peers a donc exonéré Westmoreland en supprimant la partie cruciale de la phrase qui montrait exactement le contraire de ce qu’elle affirmait. La directive permettait en fait la création de zones franches dans les hameaux et les villages sous contrôle viet-cong à long terme, comme My Lai, où la population civile n’aurait aucune protection de quelque nature que ce soit. Bien que la directive officielle de la MACV n’indiquât pas explicitement que les civils vivant dans des « zones de frappe spécifiées » ne devaient bénéficier d’aucune protection, elle impliquait clairement qu’il s’agissait bien de cette politique.

« S’il y a des gens qui sont là – et pas dans les camps – ils sont « roses » en ce qui nous concerne. Ce sont des sympathisants communistes. Ils n’étaient pas censés être là ». Général Westmoreland, s’adressant à la Tiger Force.

C’est ainsi que les officiers des zones de tir franc ont interprété la directive. Seulement deux jours après le massacre de My Lai, un employé du gouvernement sud-vietnamien sur le terrain a rapporté du village de Son My que 427 personnes avaient été tuées à My Lai et dans les autres hameaux, y compris des civils et des guérilleros. Le lieutenant-colonel William Guinn, conseiller provincial adjoint pour la province de Quang Ngai, a lu une traduction du rapport. Il a ensuite témoigné devant la Commission Peers qu’il n’avait pas cru le rapport, pour diverses raisons, mais que, même si c’était vrai, il « ne le considérait pas comme un crime de guerre », parce que « ces personnes avaient été tuées par un acte de guerre… parce que c’était une zone de tir franc… ».

En 1967, quelques mois avant My Lai, Westmoreland s’adressait à la Tiger Force, une unité de commando qui opérait dans la province de Quang Ngai et articulait la logistique de la stratégie militaire américaine dans cette province :

Si les gens sont dans des camps de réimplantation, ils sont « verts », donc ils sont en sécurité. On les laisse tranquilles. Le Vietcong et l’ANV [Armée du Nord-Vietnam] sont rouges, donc nous savons que c’est un jeu équitable. Mais s’il y a des gens qui sont dehors – et pas dans les camps – ils sont « roses » en ce qui nous concerne. Ce sont des sympathisants communistes. Ils n’étaient pas censés être là.

Le Général Peers avait une motivation personnelle pour éviter d’approfondir la question de la responsabilité de Westmoreland dans ce qui s’est passé à My Lai. Au moment où il a reçu l’ordre de mener l’enquête, Peers était un général trois étoiles, chef des forces de réserve de l’armée. Mais c’est Westmoreland, alors promu chef d’état-major de l’armée, qui avait nommé Peers, et Westmoreland a gardé cette fonction pendant toute la durée de l’enquête de la Commission des pairs. Ainsi, Peers était toujours soumis à Westmoreland dans la chaîne de commandement. Il ne pouvait pas enquêter sur la responsabilité de Westmoreland à l’égard de My Lai sans mettre en péril sa propre carrière.

Le pouvoir de Westmoreland de récompenser ou de punir avait clairement une influence sur Peers. Jerome Walsh Jr, qui était conseiller spécial associé dans l’enquête de Peers, a rappelé lors d’une entrevue téléphonique avec cet auteur en mars 2008 que Peers lui avait confié qu’il espérait devenir commandant de la Huitième Armée en Corée du Sud après l’enquête My Lai. Pour obtenir un tel poste de commandement de haut niveau, Peers aurait eu besoin de l’appui du chef d’état-major de l’armée.

Un autre général avait déjà été nommé commandant de la Huitième Armée à l’automne 1969, quelques semaines avant la décision de créer la Commission Peers. Mais Peers avait été nommé commandant adjoint de la Huitième Armée, un poste d’où il pouvait raisonnablement espérer devenir commandant au moment de la prochaine rotation.

Mais le général Creighton Abrams a remplacé Westmoreland comme chef d’état-major de l’armée en juin 1972, avant que Westmoreland ne puisse recommander Peers comme nouveau commandant de la Huitième Armée. Et comme l’a dit le conseiller juridique Walsh à l’auteur, Abrams était extrêmement hostile à toute l’enquête de Peers. C’est ainsi qu’au cours de l’été 1973, Peers a été écarté ; il a ensuite pris une retraite anticipée de l’armée à l’âge de 59 ans. Peers est mort en 1984, et Walsh est mort en 2016, après avoir raconté l’histoire interne du camouflage de Peers seulement à l’auteur.

Le mythe largement répandu selon lequel la responsabilité du massacre de My Lai se limitait à une poignée d’officiers et ne reflétait pas la politique officielle des États-Unis a survécu au demi-siècle depuis que cette atrocité a été commise. La tragédie de l’échec de l’enquête et du camouflage de la Commission Peers, c’est que les États-Unis n’ont jamais fait l’introspection nationale sur les vraies abîmes du mal que représente la guerre des États-Unis au Vietnam. Les conséquences historiques de ces faits ont continué à se déployer dans les interminables guerres américaines du 21e siècle.

Gareth Porter, journaliste d’investigation indépendant et historien spécialisé dans la politique de sécurité nationale des États-Unis, a reçu le prix Gellhorn 2012 pour sa couverture de la guerre des États-Unis en Afghanistan

Source : The Nation, Gareth Porter, 19-03-2018

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Commentaire recommandé

Sandrine // 02.09.2018 à 09h34

Parce que l’union soviétique est morte.
En revanche, l’empire américain, lui, est bien vivant (et il continue à sévir)

35 réactions et commentaires

  • relc // 02.09.2018 à 07h30

    « – en tant qu’assistant de Peers dans le personnel de la commission, dit cet auteur – »

    lire
    « – comme l’a déclaré à l’auteur un assistant de Peers appartenant au personnel de la commission d’enquête – »
    « —as an aide to Peers on the commission staff told this writer— »

    =========
    « … des conclusions évidentes sur la façon de traiter la population civile là-bas.
    Mais de telles citations étaient délibérément trompeuses. … »

    Entre ces deux phrases un paragraphe entier a été omis :

    « Etant donné cette conclusion, la commission Peers a fait montre d’une remarquable absence de curiosité pour ce qui est de savoir si c’est délibérément que Barker avait fait passer cette façon de comprendre, et quelles règles de conduite Westmoreland avait données en tant que chef du MACV [ Military Assistance Command Vietnam]. La commission a suggéré que Westmoreland n’a porté absolument aucune responsabilité, décrivant en termes enthousiastes les règles de conduite du MACV sur le traitement des civils comme « constants dans leur adhésion aux normes humanitaires de protection des civils dans les zones de guerre ». Elle citait, par exemple, la Directive 95-4, qui ordonnait aux pilotes « de s’efforcer de minimiser les victimes civiles et les dommages aux propriétés »

    « Mais de telles citations étaient délibérément trompeuses. Elles décrivaient les règles d’engagement uniquement conçues etc … »

      +9

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    • Françoise // 02.09.2018 à 09h14

      Effectivement, après vérification, je constate qu’un paragraphe n’a pas été recollé dans l’article d’origine…. Merci d’avoir signalé cette erreur. Avec nos excuses.

        +5

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  • Christian Gedeon // 02.09.2018 à 08h03

    Encore My Lai ? Un vrai marronnier décidément. A quand un article sur les massacres de masse , au hasard, de la révolution culturelle ou de Katyn?

      +3

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    • Sandrine // 02.09.2018 à 09h34

      Parce que l’union soviétique est morte.
      En revanche, l’empire américain, lui, est bien vivant (et il continue à sévir)

        +49

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      • RGT // 02.09.2018 à 11h37

        Je vous approuve.

        De plus, les pires massacres de l’URSS étaient dictés par Joseph Dzhugashvili (ou Dougachvili en français) dit Staline… Qui n’était même pas russe mais géorgien (comme ce cher et adulé Mikheïl Saakashvili recherché par Interpol qui s’était réfugié en… Ukraine – Il est où maintenant ?).

        Par contre, on ne parle pas beaucoup des exploits US récents (qui sont devenus des drames humanitaires) ; Afghanistan, Irak, etc, etc. Et bientôt ce sera l’Iran, mais qui est une « cible » bien plus coriace.
        Quant à ses « alliés », ils ne sont pas en reste avec les « gentils égorgetteurs modérés » en Syrie (et ailleurs) et des divins saoudiens qui « purifient » le Yémen.
        Sans compter TOUS les autres qui passent sous les écrans radar suite à la surdité de nos médias « informés ».

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        • Manuel // 02.09.2018 à 11h52

          Pourquoi ne parle-t-on pas des massacres exécutés par la France plus que cela ?

          Peut-être parce que les journalistes et historiens américains ont fait un travail qui n’a pas été effectué en France…

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        • christian gedeon // 03.09.2018 à 10h41

          Cher Monsieur,les massacres ont commencé avec Lénine et Trotsky,et pas avec Staline…l’histoire est têtue. Et je rigole bien,parce que personne n’a répondu sur la Chine…le régime est topujours le même pourtant,et cet assassin psychopathe de Maozedong n’ a jamais été désapprouvé que je sache…et il s’y est pouratnt mis à quatre fois….au moment de la soi disan,t grande marche,où il a à peu près tout massacré sur son passage,au moment du grand bond en avant,au moment des fleurs,et à celui de la révolution culturelle…quatre massacricides internes qui ne semblent guère vous émouvoir…sans compter le soutien indéfectible à Pol Pot…c’est dur hein,de voir les choses comme elles sont.

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      • christian gedeon // 03.09.2018 à 10h44

        Et la Chine,elle est morte la Chine populaire??? Ou alors gardez vous une nostalgie des massacricides internes des mille fleurs,du grand bond en avant et de la révolution culturelle? Et du soutien sans faille à Pol, Pot? Ah,la nostalgie est toujours ce qu’elle était,décidément.

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        • Sandrine // 03.09.2018 à 15h24

          « Cet assassin psychopathe de Mao zedong n’a jamais été désapprouvé ». Par qui? Par le régime chinois actuel?
          Parce que pour les maoistes occidentaux, il y a bien longtemps qu’ils sont devenus neo-cons et farouches détracteurs du « totalitaisme communiste »…

          La chine n’est plus communiste depuis longtemps, vous le savez bien. L’a-t-elle d’ailleurs jamais été ? Le communisme de Mao était avant tout chinois et accessoirement communiste. Il avait beaucoup plus de points communs avec le régime (de terreur) de l’empereur Qin qu’avec l’Union soviétique.

          Et de toute façon, les USA, au Vietnam, luttaient certes, officiellement, contre le communisme, mais tout le monde sait bien, qu’indirectement, c’était surtout contre leur éternelle rivale, l’Union soviétique qu’ils s’acharnaient.

            +2

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        • claudius98 // 06.09.2018 à 15h45

          Monsieur Gedeon
          Si vous parlez de massacre revenez en arrière le génocide indien a compté avec les plus grand génocide de l’histoire tout cela fait d’une façon hypocrite
          en douceur parfois brutalement Alcool contamination par des maladies rougeole notamment avec des fournitures de produits infectés par le virus sans parler
          d’assassinat de groupe homme femmes et enfants à la mitrailleuse etc etc le nazisme n’a rien inventé

            +1

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    • TZ // 02.09.2018 à 11h38

      Oui, il serait intéressant de se pencher sur l’histoire de la Chine récente : Révolution « Culturelle », génocide et purification ethnique au Tibet et au Turkménistan, expropriations forcées, surveillance intense de la population.

      Mais cela ne disculpe pas les USA de toutes leurs guerres et horreurs.

        +2

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      • Fritz // 02.09.2018 à 12h23

        Tiens ? J’ignorais que le Turkménistan se trouvait en Chine. C’est vrai qu’on parlait du « Turkestan chinois » à propos du Sin Kiang (Xinjiang en pinyin).
        Et puis, génocide, génocide… un mot à utiliser avec modération…

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  • max // 02.09.2018 à 08h34

    Article intéressant a plusieurs titres, dont celui de mémoire, surtout à un moment ou l’ancien soi-disant héro du Vietnam Mc-Cain, en fait un meurtrier, vient de recevoir tous les honneurs lors de ses funérailles.
    Le Vietnam (du nord) a eu le mérite de résister, cela n’en a pas fait pour autant un exemple de liberté comme en témoigne le destin de Kim Phuc.
    http://cheese.konbini.com/photos/le-photographe-de-la-petite-fille-au-napalm-prend-sa-retraite/
    Celle-ci demandant l’asile au Canada lors d’un voyage de propagande organisé par Hanoi en Russie.

      +7

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    • Hugo // 02.09.2018 à 10h13

      Bonjour,
      Pour être un « héros » il eût au moins ƒallu que john mc cain accomplisse quelque chose qui ressemble à un succès, non?
      Or,
      S’il peut être admiré pour son courage physique en tant que prisonnier blessé (refusant les égards privilégiés dus à ses ascendants), qu’a-t-il ƒait d’autre, à la guerre, que ravager des ponts, des écoles, des hôpitaux depuis le haut des cieux? Il n’a jamais rencontré un seul ennemi en armes….. Or, je peux vous dire qu’assister à l’incendie complet d’un village de paysans par le napalm, avec les gamins terriƒiés qui courent dans tous les sens avec le dos enƒlammé…. c’est une vision dantesque et difficile à oublier.
      Pourtant, quand il ƒut candidat à la Présidence des u.s.a., il anima un site internet où; chaque jour, une nouvelle mise-à-jour commençait par un ƒilm psychédélique, avec tir de missiles éblouissants dans la nuit tropicale, et ce commentaire benoitement répété à l’identique : « He ƒought the war BECAUSE HE LOVED GOD AND COUNTRY ».
      — — —
      A mon humble avis, si « £’œil est dans la tombe », il préƒère ne pas « regarder Mac Caïn ».

        +16

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      • Nostradamus // 02.09.2018 à 10h58

        « (refusant les égards privilégiés dus à ses ascendants), »

        C’est une légende. Trop précieux comme monnaie d’échange. Ce n’est pas pour rien qu’il a été surnommé Songbird. Se pencher aussi sur l’affaire des prisonniers « oubliés ».

        Quand son avion a été abattu au-dessus de Hanoï il avait mission de détruire une centrale électrique. C’est un criminel de guerre.

        Plus récemment il y a ses liens avec daesh…

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        • Hugo // 03.09.2018 à 03h35

          Merci, nous sommes parƒaitement d’accord sur l’essentiel.

            +2

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  • Sandrine // 02.09.2018 à 09h24

    Billet à mettre en parallèle avec celui sur les « crimes géopolitiques » publié il y a quelques jours.
    l’auteur y insistait sur les méthodes de bombardement des civils qui s’étaient normalisées à la faveur des procès de Nuremberg et de Tokyo (qui les juge « en creu » comme moins graves que d’autres actes de guerre).
    Ici, il s’agit de la normalisation des massacres de civils type « Ouradour sur glane »

      +6

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    • Fritz // 02.09.2018 à 10h08

      Oradour-sur-Glane. Pour reprendre les termes de Gareth Porter, les apologistes de ce massacre pourraient le présenter comme « une tragédie qui ne reflétait pas la politique officielle » du Reich.

      Ce n’est pas le premier article sur My Lai, mais il éclaire le contexte de ce crime de guerre, avec la distinction entre « verts » (les civils « transférés » dans les « camps de réimplantation »), « rouges » (le Vietcong et l’armée nord-vietnamienne) et « roses », ce que furent les civils de My Lai. Comme disait George W. Bush, « Qui n’est pas avec nous est contre nous ».

      Les médias lobotomisés appellent « héros du Vietnam » ou « héros américains » des types comme John McCain. Eh bien, voilà ce qu’ils ont fait, les héros américains du Vietnam.

      Cela dit, sans donner de leçons à quiconque. Je ne sais pas comment je me serais comporté en temps de guerre, quel que soit mon camp.

        +3

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      • Sandrine // 02.09.2018 à 13h20

        En temps de guerre, vous vous comporteriez comme votre hiérarchie vous autoriserait (et vous pousserait) à vous comporter…
        Je suis personnellement toujours très gênée, quand on « jette la pierre » , après-guerre, aux militaires tortionnaires (surtout ceux qui étaient au bas de la hiérarchie).
        Bien sûr, un militaire devrait placer sa conscience plus haut que sa fonction de soldat mais ce n’est sans doute pas évident de « réfléchir » quand on est dans le feu de l’action, pressurisé par le rouleau compresseur de l’organisation militaire…

          +2

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        • vlois // 02.09.2018 à 15h57

          Et que pensez des mutins de 1917 ? Vaut-il mieux mourir sur les balles de son camps ou sous les balles d’ennemis qui sont dans la même situation que vous (pères de familles, jeunes) ?

            +2

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          • Sandrine // 02.09.2018 à 17h45

            Difficile question que celle de l’objection de conscience.
            J’aurais tendance à dire que cela dépend des buts de la guerre. Être objecteur de conscience en 1917 ou en 1940, ce n’est pas tout à fait la même chose.
            Le problème, c’est que bien souvent, le soldat n’est pas vraiment au fait du but réel de la guerre qu’on lui fait mener et qu’on lui « bourre le crâne » (à lui et a sa famille).

              +8

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        • ellilou // 03.09.2018 à 13h12

          Permettez moi de citer ici un véritable héro: le major Hugh Thompson, pilote d’hélicoptère et être humain intègre et courageux qui ne s’est pas comporté comme sa hiérarchie l’exigeait (baïonnette intelligente) – https://en.wikipedia.org/wiki/Hugh_Thompson_Jr.

            +1

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    • RGT // 02.09.2018 à 12h11

      Connaissez-vous UNE SEULE guerre qui ne soit pas accompagnée de massacres de civils vous ?

      Les civils sont des cibles stratégiques comme les autres, et depuis la nuit des temps.
      En effet, ils sont la première « ressource naturelle » de « l’ennemi » et si on arrive à exterminer suffisamment de civils l’économie de « l’ennemi » s’en trouvera fortement affectée.

      De plus, dans un combat frontalier, l’extermination des civils permet de « nettoyer » son territoire ce qui offre la possibilité d’un peuplement des « terres vierges » conquises.

      Elle n’est pas belle la vie (ou plutôt la mort) ?

      Là aussi hélas les exemples ne manquent pas, même en ce moment en plusieurs endroit de la planète.
      C’est étrange d’ailleurs car les « libérateurs » sont toujours dans le « camp du Bien » et les médias se gardent bien d’évoquer ces faits.

      Les farfelus qui osent les évoquer sont bien sûr des « complotistes », donc ne sont pas crédibles.

        +3

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      • Sandrine // 02.09.2018 à 12h52

        La grande différence avec l’extermination de civils du passé (dont on trouve la trace et la justification dans la Bible par exemple, dans le livre de Josue notamment), c’est qu’il n’y avait pas de « tribunal international » censé faire le tri entre les actes de guerre normaux (« légitimes » ) et les actes de guerre criminels

          +2

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  • nulnestpropheteensonpays // 02.09.2018 à 09h26

    quand ça petera , j’espère que tout le monde prendra les armes , car voyez vous on ne peut pas vraiment faire confiance a celui qui détient le pouvoir de vous tuer…psycopathe , carriériste , trouillard , bête , sadique , benalliste….

      +6

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  • Hugo // 02.09.2018 à 09h52

    Bonjour,
    Ayant épousé, sous les bombes, une ƒille de Nam Định, Việt Nam, je peux vous garantir que cela se savait. Mais je me permets de retourner la question:
    Comment expliquer que les combattants Việt Cộng n’aient pas hurlé à la mort à cette période où tout le monde était en grande colère contre les u.s.a.?
    ((1)) £e massacre en lui-même ;
    ((2)) £a LACHETÉ de s’en prendre ainsi, aveuglément, à des personnes sans déƒense, au lieu de poursuivre en ƒorêt les soldats adverses qu’ils prétendaient cachés dans les environs…………… ((eux, dont la presse osera plus tard nous accuser de ne pas les suivre en Irak, parce que les Français sont des Trouillards, Dégonƒlés (« chicken »)… Pas-de-Couilles!!!
    Au-delà de ça,
    Il reste un problème de raisonnement général :
    « Apocalypse Now » avait présenté les débordements de « That dirty war » comme une bavure, alors que sa conception-même était perverse et présentée de manière totalement malhonnête : £a prétendue agression des garde-côtes du nord Việt Nam contre le destroyer USS Maddox et le USS Turner Joy, était du même niveau que le prétendu assassinat de garde-ƒrontières allemands par des Polonais…. déclenchant la seconde guerre mondiale  A cette différence près, que le gouvernement communiste, à Hà Nội ne rêvait que de ça, une guerre complète pour éliminer les « Conciliants » : Hồ Chí Minh, Phạm Văn Đồng, et même Võ Nguyên Giáp qui ƒut séquestré à domicile jusqu’à sa mort.
    Donc,
    On ƒalsiƒia totalement tout de ƒond en comble, en inventant un prétendu « Droit de Suite » pour aller traquer les « V.C. » dans les pays voisins : Rappelez-vous pourtant comme les u.s.a. ont déclenché un tolle général aux Nations Unies contre l’armée ƒrançaise bombardant le village Tunisien de Sakiet Sidi Yousseƒ le 8 ƒévrier 1958, à la poursuite des rebelles du F.L.N. algérien…..
    Autre invention des « Américains déƒendant la civilisation occidentale », les « FREE KILL ZONES » qu’on n’avait plus jamais connues depuis Attila au V° siècle. Et pourtant, ces gens ont bel et bien signé les « Conventions de Genève », alors???
    — — —
    £e général Curtis £eMay, cheƒ d’Etat Major de l’U.S. Air Force a même déclaré publiquement « We’ll bring Vietnam back to the Stone Age ».
    — — —
    En conclusion :
    J’ai rencontré Daniel Olivennes, alors P.-D. G. de la F.N.A.C. et il a tout de suite accepté de supprimer de son catalogue un jeu video intitulé VIETCONG où chacun pouvait massacrer sans limites : « Iƒ you can’t get rid oƒ them, just call the Air Force, and we shall give them hell ». Jeu éducatiƒ, non?

      +21

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  • Rond // 02.09.2018 à 10h06

    Merci pour cette tranche d’histoire.
    Une américânerie de plus révélée. Restent l’Iraq, la Libye, La Syrie, Le Soudan, Le Yemen, pour les dernières, ainsi que les autres.
    Les mots se plient, se tordent, puis trompent, et enfin tuent. Les idéologies tuent. Rien de nouveau sous le soleil. Rien n’a changé depuis cet événement monstrueux.
    Encore des humains sur cette planète ?
    Soupire …

      +6

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    • Ubu // 02.09.2018 à 11h59

      Vous pourriez également citer la Yougoslavie.
      Pour illustration, nous avons ce témoignage du Lieutenant Colonel Guillaume Ancel, précisément entre la 15ème et la 22ème minute : https://www.youtube.com/watch?v=sIaLxUiR9BQ

        +0

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      • Fritz // 02.09.2018 à 12h18

        J’ai regardé le début de l’entretien avec cet officier, et les sept minutes que vous indiquez. Il détaille un exemple de passivité imposée par les autorités (onusiennes ?) face aux Serbes qui tiraient, avec des canons camouflés dans les montagnes, sur la ville et l’aéroport de Sarajevo. Mais quel est le lien avec les exactions ou crimes de l’armée américaine ?

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        • Perret // 04.09.2018 à 10h03

          L’enquête effectuée par les officiers français pour déterminer l’origine des tirs lors du massacre du marché de Sarajevo a démontré sans l’ombre d’un doute qu’ils provenaient des Bosniaques et non des Serbes. La communication, comme il se doit, a été inverse.

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  • Ando // 02.09.2018 à 15h34

    Wikipedia accepte curieusement de donner quelques informations sur les pratiques de ce pays. Mais c’est très parcellaire. On trouvera certainement le même type de recensement pour quelques pays, européens ou non. Alors pourquoi faire de ce pays un cas à part ?. En général, les pays qui ont connu des régimes qui se sont corrompus dans de basses vilenies ont tendance à se faire discret sur le sujet, à raser les murs. Les Etats-Unis ont une attitude différente. C’est plutôt « oui, certes, j’ai beaucoup massacré (car c’était nécessaire), mais s’il le faut je recommence sans état d’âme (car ce sera nécessaire) ». Je suppose que lorsqu’on se croit oint de l’onction divine on n’a de compte à rendre à personne.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Crimes_de_guerre_des_%C3%89tats-Unis

      +2

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  • clauzip // 02.09.2018 à 20h11

    My Lai est un massacre connu qui cache ou laisse dans l’ombre tout ce qu’ a été le retrait des américains.
    De nombreux villages sans combattants ont été l’attention d’une armée battue et en retraite.
    Par ailleurs,le vietcong vainqueur a eu des comportements comparables avec les vietnamiens associés d’une manière ou une autre aux USA.

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  • christian gedeon // 03.09.2018 à 10h52

    Oh que d’indignations vertueuses…et oublieuses des massacres raffinés commis par le Viet Minh et le Viet Cong…là point de napalm ou de bombes de kilos. Mais des souffrances délicatement infligées à des gens qui mettaient des jours entiers à mourir…dont le supplice du bambou…entre autres. Les horreurs? elles ont été des deux côtés,et du côté Viet Minh ou Cong,utilisées comme une arme de terreur absolue,de façon si j’ose dire,beaucoup plus fine que les américains. ça suffit les mensonges. Et puis,je ne veux contarier personne,mais qui est le meilleur ami du Vietnam aujourd’hui??? Give me a U,Give me an S,Give an A….USA. C’est ballot,hein?

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  • max // 03.09.2018 à 13h44

    Savoir qui est le meilleur ami du Vietnam, je ne pense pas que ce soit les USA, cela est du principalement aux multiples crimes de guerres des USA dans ce pays, les USA ont des problèmes similaires dans toute l’Asie, même si les expatriés venant principalement du Sud sont maintenant autorisés à retourner aux pays et entretiennent ce mirage.
    Le principal partenaire économique du Vietnam est la Chine et pas les USA et donc quand les USA disent que c’est grâce à eux que le Vietnam décolle, ils feraient mieux d’avoir de la modestie.
    Sur Pol-Pot et les khmers rouges, leurs principaux soutient ont été la Chine et les USA, il a fallut l’intervention militaires du Vietnam pour les faires tomber.
    Sur Mao.
    Clairement, il ne valait pas mieux que Staline mais le régime qu’il incarnait a perduré et est en passe de réussir sa mue interne.
    Toute proportion gardée, la révolution française, en a fait elle aussi tomber des tètes.
    La Chine aujourd’hui c’est 23% de la recherche scientifique mondial très largement devant la France et à presque égalité avec les USA, le basculement devrait avoir lieu en 2020
    Dans le classement PISA, le Vietnam, la Corée, le Japon, la Chine, Singapour, Taiwan surpassent la France, formant de ce fait des millions d’ingénieurs.
    Comme pour la Russie, au final j’en suis plutôt admiratif.

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  • belfegor // 06.09.2018 à 15h28

    C’est la grande supériorité des USA de disposer d’une idéologie de la transparence et de la responsabilité vis-à-vis de la constitution qui leur permettent de mettre en scène toutes sortes d’instances qui admettent des parts de culpabilité, qui reconnaissent des « erreurs » mais qui sont systématiquement manipulées par ceux qui tiennent le régime pour ne jamais aller « trop loin » dans le dévoilement. Ainsi la commission Church, dans les années 70 a-t-elle (avec l’aide précieuse du journaliste Seymour Hersch) sévèrement admonesté la CIA, le FBI et la NSA pour ses exactions dans diverses circonstances (en 1975 il est établi que la NSA espionne les citoyens américains depuis longtemps… allo Snowden?) mais la commission ne débouche que sur quelques directives plus ou moins respectées (interdiction d’assassiner des chefs d’Etat étrangers, par exemple) et la CIA est toujours là en train de mener ses guerres secrètes aux effets dévastateurs pour le monde… Mais les esprits conservateurs/dociles/naïfs/… continuent de croire (on les y aide beaucoup) que les Etats-Unis sont la puissance centrale de « l’axe du bien », alors que c’est juste l’inverse… https://en.wikipedia.org/wiki/Church_Committee

      +1

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