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14.août.202214.8.2022 // Les Crises

Médicaments : les profits de la pénurie – ARTE

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Fruit d’une enquête menée sur trois continents, une plongée édifiante dans les arcanes complexes de l’économie du médicament, mise à mal par la course aux profits des laboratoires.

Source : Arte, Youtube

Anti-inflammatoires injectables, anticoagulants, anti-infectieux, anticancéreux et même boules de coton font défaut. Comme de nombreuses autres en France, la pharmacie de l’hôpital de Rennes est en permanence sur le fil. Ces deux dernières décennies, les pénuries de médicaments et de produits sanitaires ont été multipliées par vingt en Europe. Tous les laboratoires ou presque étant concernés, les praticiens et les établissements de santé sont contraints de jongler avec les contingentements pour pallier les insuffisances. Certains doivent même se résoudre à prioriser les patients dans l’accès aux traitements, selon des barèmes établis par les agences de santé. Aux Pays-Bas, des pharmacies hospitalières se sont résignées à fabriquer elles-mêmes les molécules dont elles manquent cruellement, tandis que l’arrêt de la distribution de stylos injecteurs d’adrénaline en Espagne, pourtant fabriqués sur le territoire, a obligé les autorités de santé ibériques à ruser pour en importer…

Lobbying et délocalisations

Mises en lumière dernièrement par la pandémie de Covid-19, au début de laquelle l’absence de masques, de surblouses jetables ou de paracétamol s’est avérée criante, les pénuries de produits pharmaceutiques et sanitaires ont des causes multiples. Au-delà de la recherche de profits des grands acteurs du secteur, qui privilégient les molécules innovantes et délaissent les anciennes, moins lucratives, l’enquête de Xavier Deleu (Cannabis : quand le deal est légal, Plus vite, plus haut, plus dopés) et de la journaliste indépendante Rozenn Le Saint pointe le lobbying mené par les labos auprès des gouvernements et des autorités sanitaires pour conforter leurs marges, mais aussi les délocalisations de leurs usines dans des pays à bas coût de production, comme la Chine et l’Inde, où les exigences environnementales sont moindres. Menée sur les continents européen, asiatique et américain, et solidement documentée, cette plongée dans les arcanes de l’économie du médicament recueille la parole, poignante, de patients et de leurs proches, mais aussi de médecins et de spécialistes de la santé, qui ouvrent des pistes pour remédier à ces logiques dommageables pour la vie de millions de malades.

Médicaments : les profits de la pénurie

Documentaire de Xavier Deleu (France, 2021, 1h30mn)

Source : Arte, Youtube, 27-04-2022

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Commentaire recommandé

Fabrice // 14.08.2022 à 08h53

on voit surtout le changement de pratique avant nous avions des malades que l’on doit guérir et maintenant des patients à traiter la sémantique est totalement dans cette différence. Dans un cas on cherchait à soigner les causes pour que le malade se débarrasse définitivement de son mal, alors que maintenant on soigne les effets mais en laissant la cause le plus longtemps possible ce qui fait qu’il faut prendre son mal en patience et être assez riche (directement ou indirectement) pour payer les traitements le plus longtemps possible ce qui fait que forcément que les frais augmentent de manière exponentielle en parallèle avec les bénéfices les grands labos.

9 réactions et commentaires

  • yann // 14.08.2022 à 07h46

    Dans la catégorie publicités avec slogans musicaux qu’on n’arrive pas à se sortir de la tête même 30 ans après (ex: Danette, Ricoré, Orangina…), j’ai remarqué qu’aux états-unis, les compagnies pharmaceutiques n’ont aucun scrupule à faire la même chose pour les pubs de médicaments (pour les maladies du coeur, par exemple).
    Entre une pub pour des chips et une pub Macdo, ça passe tout seul.

    Peut-être une piste à suivre pour encourager les 5-11 ans à la quatrième dose avant la vague automnale…

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  • Lev // 14.08.2022 à 08h26

    La responsabilité de cette situation repose essentiellement sur les décisions prises par les dirigeants politiques et couverts par les autorités médicales : les labos sont actuellement financés par des États et des organismes sociaux pour produire cher un médicament inefficace contre une soi disant pandémie gravissime. Pourquoi s’investir dans des productions moins rentables ?

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  • Fabrice // 14.08.2022 à 08h53

    on voit surtout le changement de pratique avant nous avions des malades que l’on doit guérir et maintenant des patients à traiter la sémantique est totalement dans cette différence. Dans un cas on cherchait à soigner les causes pour que le malade se débarrasse définitivement de son mal, alors que maintenant on soigne les effets mais en laissant la cause le plus longtemps possible ce qui fait qu’il faut prendre son mal en patience et être assez riche (directement ou indirectement) pour payer les traitements le plus longtemps possible ce qui fait que forcément que les frais augmentent de manière exponentielle en parallèle avec les bénéfices les grands labos.

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    • olivier // 14.08.2022 à 12h16

      Il va falloir cesser d’être systématiquement en retard de 3 guerres.
      Ivan Illich,  » Némésis médicale, l’expropriation de la santé  » 1975. Mille neuf cent soixante-quinze.
      N’a pas pris une ride hormis un ou deux passages. Un avant gout (du monde diplo 1999) : http://olivier.hammam.free.fr/imports/auteurs/illich/sante-parfaite.htm

      « Je commençais Némésis médicale par ces mots: «L’entreprise médicale menace la santé». A l’époque, cette affirmation pouvait faire douter du sérieux de l’auteur, mais elle avait aussi le pouvoir de provoquer la stupeur et la rage. Vingt-cinq ans plus tard, je ne pourrais plus reprendre cette phrase à mon compte, et cela pour deux raisons. Les médecins ont perdu le gouvernail de l’état biologique, la barre de la biocratie. Si jamais il y a un praticien parmi les «décideurs», il est là pour légitimer la revendication du système industriel d’améliorer l’état de santé. Et, en outre, cette «santé» n’est plus ressentie. C’est une «santé» paradoxale. «Santé» désigne un optimum cybernétique. La santé se conçoit comme un équilibre entre le macro-système socio-écologique et la population de ses sous-systèmes de type humain. Se soumettant à l’optimisation, le sujet se renie. « …

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  • sylvie // 15.08.2022 à 15h36

    Derrière un habillage d’objectivité, ce documentaire sème des graines compatibles avec le système qui se met en place .
    – la collecte pour le médicament à 2 ME accrédite l’idée de l’assurance individuelle, l’autonomie, l’aide miracle qui viendra des réseaux sociaux etc…
    La pénurie de médicaments au Mexique permet de délégitimer MLObrador, les enfants cancéreux faisant oublier la question de la lutte contre la corruption. « TINA ».
    Enfin, hypocrisie de la dénonciation de la Commission européenne: la défense du statu quo en matière de propriété industrielle des vaccins, ce serait afin d’être servi en priorité au détriment des pays pauvres . Une autre lecture possible, c’est la mise à profit de la crise pour hâter le démantèlement du système des caisses d’assurance: « vous voyez bien, en cas de pandémie c’est la faillite, il va falloir changer tout ça, et vous allez désormais vous assurer auprès de compagnies privées ». Dans cette hypothèse, plus c’est cher, plus ça arrange les affaires des politiques pour les aider à faire avaler dans un second temps certaines pilules qui n’ont rien de pharmaceutiques.

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  • Grd-mère Michelle // 17.08.2022 à 13h48

    L’industrie pharmaceutique, secteur de l’industrie chimique en général, a acquis une « puissance » (de nuisance) démesurée et d’autant plus incontrôlable qu’elle modifie la substantifique moelle de ce qui fait notre capacité à nous maintenir dans la multiplicité des espèces vivantes interdépendantes: assurer « naturellement » notre équilibre chimique interne, nécessaire à notre équilibre mental et vice-versa. Voir la question de l’immunité.
    En s’introduisant dans notre alimentation(additifs de conservation, et traitements des animaux d’élevage, entre autre) et en modifiant même les modes de production de celle-ci(cultures d’OGM nécessitant des pesticides/herbicides qui tuent les « mauvaises herbes » qui nous ont aidé-e-s à nous soigner pendant des millénaires), son but est évidemment de nous soumettre à une civilisation industrielle imaginée par des « savants » pour servir les ambitions de « dirigeants » prétentieux et mégalomanes, qui nous réduit à l’état de bêtes de somme.
    En plus,elle s’est saisie des précieuses qualités de certaines plantes (comme la coca ou le pavot) pour produire en masse les drogues (excitantes ou tranquillisantes) qui anéantissent les velléités de révolte, et de transformation de la « civilisation », des récalcitrant-e-s, des insatisfait-e-s de cette situation…
    Urgente et absolue nécessité, impérative, de redéfinir le « progrès ».

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  • 6422amri // 17.08.2022 à 23h08

    Source NYT…ici..

    https://www.nytimes.com/2022/08/17/health/opioids-cvs-walmart-walgreens.html

    Mercredi, un juge fédéral a ordonné à trois des plus grandes chaînes de pharmacies du pays – CVS, Walgreens et Walmart – de verser 650,5 millions de dollars à deux comtés de l’Ohio, estimant que les sociétés devaient être tenues responsables de leur rôle dans l’épidémie d’opioïdes.

    Cette décision vient compléter le verdict d’un jury rendu en novembre, selon lequel les entreprises ont continué à distribuer des quantités massives d’analgésiques sur ordonnance au fil des ans, tout en ignorant les signes flagrants d’abus de ces médicaments.

    Cette décision est la première rendue par un juge fédéral qui attribue un montant ferme aux chaînes de pharmacies pour leur rôle dans la crise des opioïdes. Le juge, Dan A. Polster, de la Cour de district des États-Unis dans le nord de l’Ohio, qui a supervisé plus de 3 000 affaires dans le cadre du litige sur les opioïdes, a décidé que les pharmacies étaient responsables d’un tiers du montant dont les comtés ont besoin pour faire face aux dommages continus causés par l’épidémie.

    Les fabricants et les distributeurs de médicaments, deux autres groupes de la chaîne pharmaceutique qui ont été poursuivis, sont également responsables, a-t-il dit.

    Mark Lanier, l’avocat texan qui a dirigé l’équipe de procès des plaignants, a déclaré à propos des chaînes de pharmacies : « Ces sociétés déchirent le tissu de la société. Elles ne devraient pas seulement faire preuve de remords, elles devraient montrer qu’elles ont besoin de rectifier ce qu’elles ont fait. Et elles ne le font pas. C’est donc le juge qui le fait. »

    Lors du procès, les experts de M. Lanier ont déclaré que les comtés auraient besoin de plus de 3 milliards de dollars, ce qu’il a décrit comme un montant équivalent « au soleil, à la lune et aux étoiles ». Le juge Polster, cependant, n’avait accepté que « la lune », a ajouté M. Lanier, reconnaissant qu’il était néanmoins très satisfait de ce résultat.

    Adam Zimmerman, qui enseigne les litiges complexes à la Loyola Law School de Los Angeles et qui a suivi de près le litige national sur les opioïdes, a déclaré : « Imaginez simplement les coûts pour les 3 000 autres plaignants similaires dans ce litige, ou pour les près de 20 000 villes incorporées dans le pays. Avec de tels chiffres, il n’est pas étonnant que tant de défendeurs aient choisi de régler à l’amiable. »

    Le juge a décidé que l’argent devait être versé en plusieurs fois sur une période de 15 ans. Il a également ordonné aux sociétés de se conformer à une série de règles strictes en matière de surveillance et de rapports dans un délai de 90 jours, afin de s’assurer qu’elles améliorent la manière dont elles délivrent les opioïdes et repèrent les problèmes potentiels. Ces exigences comprennent la mise en place de lignes d’assistance téléphonique pour les dénonciations anonymes et de politiques pour les comités de conformité internes.

    Ceci suit les compagnies comme Teva, Allergan condamnées a des amendes de plus de 4 milliards de $ us..

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