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30.novembre.201930.11.2019 // Les Crises

S’adressant à un groupe de pressions K Street, Joe Biden a relancé sa querelle avec Elizabeth Warren au sujet de l’assurance-maladie – Par Akela Lacy

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Source : The Intercept, Akela Lacy, 07-11-2019

L’ancien vice-président américain Joe Biden prend la parole lors d’une campagne électorale au Jackson County Fairgrounds à Maquoketa, Iowa, le 30 octobre 2019. Photo : Daniel Acker/Bloomberg via Getty Images

Le candidat démocrate à la présidence Joe Biden a poursuivi son attaque contre la sénatrice Elizabeth Warren lors d’une collecte de fonds mercredi après-midi dans un cabinet d’avocats représentant des entreprises de vidéosurveillance, des cartes de crédit, de production pharmaceutique, des soins médicaux et de l’immobilier.

Sidley Austin, un cabinet de lobbying renommé de K Street, a gagné au moins 2,8 millions de dollars cette année en représentant 29 clients, selon les informations financières. Cette société de 2 milliards de dollars est la sixième entreprise américaine dans le monde. Parmi ses clients figurent Hikvision USA, une filiale d’un fabricant chinois partiellement public basé à Hangzhou et l’un des plus grands fournisseurs mondiaux de produits de vidéosurveillance, Purdue Pharma, Vifor Pharma, Mastercard et Huawei, entre autres. Les principales activités de lobbying du cabinet sont le commerce, la santé et les finances.

Les participants à la réception du mercredi midi étaient appelés co-organisateurs s’ils aidaient à recueillir 10 000 $, sponsors pour un don de 2 800 $, amis pour 1 000 $, et jeunes cadres pour 500 $. Selon un rapport de Molly Nagle à ABC News, la collecte de fonds a été organisée par Richard Weiner, associé chez Sidley Austin, et Tony Gardner, ancien ambassadeur des États-Unis auprès de l’Union européenne et conseiller principal du cabinet. Environ 120 personnes étaient présentes, dont l’ancien ambassadeur de l’OTAN Doug Lute et l’ancien secrétaire d’État adjoint Tony Blinken, conseiller en politique étrangère pour la campagne de Biden, selon le rapport du pool. Il s’agissait de l’une des trois collectes de fonds d’un montant élevé organisées par M. Biden rien que mercredi, dont une à laquelle ont participé plus de 50 anciens membres de l’administration Obama.

L’équipe de campagne a refusé de commenter , si ce n’est pour souligner qu’elle ne tient pas compte des contributions des lobbyistes, des ressortissants étrangers, des syndicats, des contractuels fédéraux, des banques nationales ou des dirigeants de sociétés de combustibles fossiles nommés par la Securities and Exchange Commission (la commission des valeurs mobilières). M. Biden s’est engagé à ne pas prendre l’argent des lobbyistes, mais il a organisé de nombreuses collectes de fonds avec des lobbyistes.

Lors de la collecte de fonds de mercredi, M. Biden a repris sa querelle avec Mme Warren au sujet de Medicare for All. La semaine dernière, Kate Bedingfield, directrice de campagne adjointe de Biden, a qualifié de « gymnastique mathématique » le projet de Warren de payer pour Medicare for All. Mme Warren a répondu vendredi que si M. Biden n’aimait pas son plan – qui est soutenu par les anciens hauts responsables de l’administration Obama – et s’il voulait continuer à défendre les compagnies d’assurance, il était « en train de se tromper de primaire présidentielle ». Plus tard dans la journée de vendredi, M. Biden a publié un article dans lequel il a critiqué les commentaires de Mme Warren et applaudi les efforts de la présidente de la Chambre, Nancy Pelosi, pour promouvoir la Loi sur les soins abordables plutôt que mettre en place un système à payeur unique.

Mercredi, M. Biden a déclaré que le prochain président devait être « quelqu’un qui, en fait, sait comment tendre la main à l’opposition et faire avancer les choses. Maintenant, les gens qui se présentent contre moi me disent que je suis naïf, l’un d’eux a dit que je devrais être aux primaires républicaines, que Dieu l’aime. Ce n’est pas comme ça qu’on fait les choses, mon gars. On ne dit pas aux gens avec lesquels on n’est pas d’accord qu’il y a quelque chose qui cloche chez eux. »

Bien que Biden continue d’être en tête des sondages, il est derrière Warren et le sénateur Bernie Sanders, Indépendant du Vermont dans la collecte de fonds. La campagne de M. Biden au dernier trimestre n’a fait état que d’environ 9 millions de dollars d’argent en caisse – beaucoup moins que ses autres adversaires démocrates – et il a mis l’accent sur la mobilisation pour la collecte de fonds dans les courriels. Au cours de l’événement de mercredi, Gardner a dit aux membres de l’auditoire qu’ils devaient battre le président Donald Trump et la dernière collecte de fonds de 125 millions $ du GOP [parti républicain, NdT]. Les partisans de l’ancien vice-président affirment qu’il doit maintenir les collectes de fonds à forte valeur monétaire s’il veut tenter sa chance à l’investiture.

Le fait que Biden n’ait pas été capable de tenir ses promesses en matière de financement de campagne met en évidence l’un de ses plus grands défis : bien qu’il ait prétendu que 98 pour cent des contributions de sa campagne du dernier trimestre étaient des dons inférieurs à 200 $, il ne semble tout simplement pas pouvoir exploiter le dynamisme des organisateurs issus du terrain et des petits donateurs qui a propulsé les campagnes de ses concurrents. Sanders et Warren, quant à eux, ont un fort dynamisme populaire derrière eux, affirmant que leurs campagnes sont « financées à 100 % par la base et que la majeure partie de leur soutien provient de contributions de 200 $ ou moins ». Les deux candidats progressistes, qui ont renoncé à l’argent des sociétés et des lobbyistes, ont toutefois reçu des contributions d’employés individuels de firmes de lobbying, dont Sidley Austin.

Biden continue d’être présenté comme le favori démocrate, malgré une série de bévues lors d‘apparitions publiques et le fait qu’il se soit continuellement dérobé à ses diverses promesses de financement de campagne. Plus tôt ce mois-ci, la campagne de M. Biden a semblé renverser sa promesse de rejeter l’argent des Super PACs [Le comité d’action politique (PAC) est un organisme qui regroupe les contributions des membres à la campagne électorale et fait don de ces fonds à des campagnes pour ou contre des candidats, des initiatives de vote ou des lois, NdT], saluant la décision de plusieurs de ses principaux partisans de créer un comité d’action politique, a indiqué Bloomberg.

Source : The Intercept, Akela Lacy, 07-11-2019

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Patrick // 30.11.2019 à 14h34

Les citoyens américains ne voudront pas de Sanders , et surtout les financiers qui sont derrières les Démocrates ne laisseront pas faire. Ils avaient déjà mis Clinton en avant face à Sanders.

20 réactions et commentaires

  • Jean // 30.11.2019 à 07h25

    ÉTATS-UNIS : L’ASSURANCE MALADIE AU COEUR DE LA PRÉSIDENTIELLE 2020

    https://lvsl.fr/etats-unis-lassurance-maladie-au-coeur-de-la-presidentielle-2020/

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  • emmanueL // 30.11.2019 à 09h04

    ‘Biden en tête des sondages », etc. Le nouvel Hillary ?

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    • zeroudoudou // 30.11.2019 à 12h21

      la dynamique ne lui est pas favorable, Sanders va certainement lui passer devant, et heureusement

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      • Patrick // 30.11.2019 à 14h34

        Les citoyens américains ne voudront pas de Sanders , et surtout les financiers qui sont derrières les Démocrates ne laisseront pas faire. Ils avaient déjà mis Clinton en avant face à Sanders.

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        • emmanueL // 30.11.2019 à 17h55

          Comment les financiers s’interposeraient ? Le trucage des primaires ne devraient pas être possible cette fois.

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          • Nakor le cavalier bleu // 30.11.2019 à 19h09

            Bof. Les bidasses aux commandes du parti démocrate ne semblent connaître qu’un seul genre de réponse à leurs soucis : doubler la mise.
            Toutes les autres ont été oubliées ou jetées aux orties. Donc ne nous avançons pas trop, surtout que le ridicule ne (les) tu pas.

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        • zeroudoudou // 30.11.2019 à 18h03

          les sondages donnent Sanders gagnant contre Trump, et c’est le seul à pouvoir gagner contre lui. Quant aux financiers, non, ils n’en veulent pas et font tout pour dissuader les Américains de voter pour lui, mais les Américains ne sont plus dupes… Donc si, la victoire de Sanders est tout à fait possible, voire probable.

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          • RGT // 01.12.2019 à 09h04

            Ne vendez pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué…

            En cas de « duel » Sanders-Trump, nous aurons l’assurance que le phénomène Macron se reproduira de l’autre côté de l’Atlantique car les ploutocrates préféreront largement ce dernier à un « bolchévik avec un couteau entre les dents ».

            N’oubliez pas le cirque que nous avons déjà vécu (malgré nous) lors de l’élection de George « Rantanplan » Bush junior…

            Même si Sanders obtient 90% des voix de la population, le système électoral US permettra de faire élire le favori des ploutocrates (comme dans tous les pays « démocratiques » d’ailleurs).

            Cordialement.

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            • Nicole de Nicomaque // 01.12.2019 à 22h08

              En attendant, ici, en France, ceux qui ont la haine du peuple français viennent de faire une grosse commande de LBD40 ! Faites circuler l’information…les néolibéraux veulent écraser le Mouvement Populaire de Reconquête Démocratique partout sur la planète.

              Voilà à quoi s’active le gouvernement français et voilà à quoi il dépense notre argent. Pour nous mutiler et nous crever les yeux, Macron & Castaner viennent de dépenser la bagatelle de 2 365 800 euros (!) dans de nouveaux LBD40.

              Il y en a du pognon de dingue pour nous défigurer !

              Article / RT France :
              https://francais.rt.com/france/68385-lbd-40-beauvau-change-de-fournisseur-et-commande-plus-de-mille-nouveaux-lanceurs

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            • Omelette // 02.12.2019 à 11h34

              D’ailleurs Chomsky rappelle dans cette interview que Sanders, décrit même dans son parti comme un « “bolchévik avec un couteau entre les dents”, serait passé au mieux pour un social-démocrate mollasson (terme à utiliser avec des guillemets dans le contexte américains) il y a de cela quelques décennies :

              https://theintercept.com/2019/10/31/deconstructed-special-the-noam-chomsky-interview/

              « Pour être honnête, ses [celles de Sanders] propositions principales n’auraient pas beaucoup surpris Eisenhower. C’est un progressiste démocrate du New Deal. La politique s’est tant déplacée à droite pendant la période néolibérale que des choses qui étaient conventionnelles et mainstream il y a 50-60 ans semblent maintenant radicales. »
              […]
              « La plupart des termes du discours politique ont complètememnt perdu leur sens. Ainsi Reagan est aujourd’hui considéré comme un Républicain libéral [free-market]. Son administration est sans cesse intervenue sur les marchés au profit des riches. »

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  • Roberto Paravano // 30.11.2019 à 09h23

    La mise en accusation pour destituer Trump par les démocrates à de grande chance de se retourner contre Joe Biden…..
    Du coup les démocrates prévoyant cette possibilité, vont sûrement soutenir Bloomberg qui vient de présenter sa candidature à l’élection présidentielle…

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    • Patrick // 30.11.2019 à 14h53

      c’est clair qu’en attaquant Trump sur le sujet , le danger est de mettre les magouilles de Biden au grand jour.
      Ou comment se tirer une balle le pied.

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  • LibEgaFra // 30.11.2019 à 10h49

    Pour la collecte de fonds, biden « est derrière Warren et le sénateur Bernie Sanders, »

    = ploutocratie.

    Dommage, j’ai voulu faire un don à Tulsi, mais les soutiens d’étrangers ne sont pas acceptés.

    Pas comme en Ukraine, en France et dans tant d’autres pays…

    Faites ce que je dis…

    PS: biden n’a pas reçu assez d’argent des oligarques ukrainiens?

    PS2: où en sont les révélations sur le limogeage du procureur ukrainien qui voulait enquêter sur le fils?

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  • zeroudoudou // 30.11.2019 à 12h19

    Warren est une baudruche néolibérale au même titre que Biden, elle s’effondrera dans quelques mois, à moins qu’il ne meure d’ici là c’est Sanders qui a toutes les chances d’emporter les primaires puis les élections de 2020 car il est le plus proche des aspirations du peuple américain : il propose une (vraie) sécurité sociale, la hausse du smic, le remboursement des dettes étudiantes et médicales, un green new deal, la fin des guerres, etc… par ailleurs il offrirait une alternative socialiste au moment même où on se paye le Thatcher français

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    • Dominique65 // 30.11.2019 à 18h52

      « Warren est une baudruche néolibérale »
      Trump aussi. Ça n’a pas empêché son élection. Je me garderais bien de faire des pronostics.

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    • catherine // 30.11.2019 à 20h32

      Ou à moins qu’il ne meure juste après les élections.

      Franchement vous trouvez que ce serait sérieux de devenir président des USA à 80 ans ?

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  • catherine // 30.11.2019 à 20h23

    Ce qui me stupéfait de : Warren 70 ans, Bloomberg 77 ans, Biden 77 ans, Sanders 78 ans….

    …C’est leur âge.

    Ils ont personnes d’autres en réserve de favoris ?

    Trump ferait presque figure de jeunot.

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  • roseceslamort // 01.12.2019 à 01h57

    article un poil périmé pour le coup, il n’y a plus vraiment d’opposition Warren/Biden (théorique du moins,il n’y en a factuellement jamais eu) Warren ayant a son tour enterré ses promesses concernant le Medicare for All une semaine plus tard (diplomatiquement, elle a indiqué qu’il faudrait 3 ans, ce qui s’est tjrs traduit par « à la poubelle » en non-langue de bois quand tu remets les choses aux calendes grecques avant meme d’avoir eu le job ^^)

    le message a été reçu 5/5 par tous les suceurs de sang en activité…
    https://www.bloomberg.com/news/articles/2019-11-15/warren-s-medicare-for-all-would-be-implemented-over-three-years

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  • christian gedeon // 03.12.2019 à 11h04

    Le medicare for all,qu’Obama a (soi disant ) essayé de mettre en place est pratiquement ompossible à mettre en place aux US,simplement parce qu’il n’existe aucune structure comparable,même embryonnaire) compârable à notre assurance -maladie. le famaeux Obamacare avit d’ailleurs été confié à des compagnies privées,et de surcroît sans appel d’offres. Sans compter le fait que ce qui tient lieu d’assuarnce maladie aux US,est intimement lié aux pension funds,avec des contrats qui sont souvent des contrats mixtes…un sacré bordel.

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  • Rémi // 03.12.2019 à 11h58

    Question: Tony Gardner, ancien ambassadeur des États-Unis auprès de l’Union européenne et conseiller principal du cabinet.
    Ca ne serais pas le type qui a témoigné contre Trump l’autre jour?
    Maintenant il fait des collecte de fonds pour Biden?

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