Les Crises Les Crises
4.janvier.20244.1.2024 // Les Crises

Naissance d’une pieuvre au service de l’empire rouge | Triades – La mafia chinoise à la conquête du monde

Merci 76
J'envoie

Source : Arte, Youtube

Une passionnante enquête d’investigation sur quatre des plus grandes triades chinoises au monde, alliées occultes du pouvoir dont l’influence sur la géopolitique et l’économie mondiales n’a cessé de croître au fil du temps.

« Société du ciel, de la terre et des hommes », ou « triade » : dans la Chine de la fin du XVIIe siècle, c’est ainsi que se désignent les organisations secrètes combattant la dynastie mandchoue des Qing. Au fil du temps, notamment après les guerres de l’opium, en 1860, elles vont peu à peu s’emparer des activités criminelles les plus lucratives : trafic de drogue, proxénétisme, extorsion de fonds, contrebande… Au début du XXe siècle, elles mettent leurs richesses au service du mouvement nationaliste qui fera tomber « le dernier empereur » Qing. Sun Yat-sen, le premier président de la République de Chine en 1912, a été membre d’une triade de Hongkong. Tchang Kaï-chek, son successeur à la tête du Kuomintang, va bénéficier quinze ans plus tard d’un autre « service » : à Shanghai, le parrain Du, surnommé « les grandes oreilles », lance sa triade de la Bande verte à l’assaut des ouvriers communistes en grève, dont cinq mille seront massacrés.

En 1949, lorsque la République populaire de Mao expulse les triades, la Bande verte rejoint Tchang Kaï-chek à Taïwan et se charge des basses œuvres du régime tandis que ses affaires criminelles prospèrent. Un modèle pour les deux principales héritières des triades historiques sur l’île, Alliance céleste et Bambou uni. Dans le même temps, à Hongkong sous tutelle britannique, les triades s’emparent de toutes les opportunités d’une mégapole en plein boom. Dans les années 1970 et 1980, on estime que sur une population de quatre millions quelque cinq cent mille personnes travaillent pour elles, dont de très nombreux réfugiés de Chine populaire. Les plus importantes sont la 14 K et la Sun Yee On, qui investit massivement dans le cinéma. Dépassées, les autorités peinent à réagir tandis que les triades s’étendent en Amérique du Nord et en Europe, avec l’extension rapide de la diaspora chinoise…

Du « Vaurien » au « Tyran de fer »

Pour retracer en détail l’histoire récente des triades et la manière dont celles-ci s’appuient depuis près d’un siècle sur l’absolutisme des pouvoirs à l’œuvre dans le monde chinois, cette passionnante enquête d’investigation s’appuie sur des entretiens exclusifs avec, entre autres, des membres des triades, du bas en haut de l’échelle. Derrière leurs pseudonymes « professionnels », « le Tyran de fer », « parrain des parrains » d’une des plus influentes organisations criminelles de Taïwan : « Loup blanc », qui dirigea la rivale de celle-ci ; ou de petites mains d’hier et d’aujourd’hui surnommées « la Clope », « le Vaurien » ou « le Cogneur » se confient avec une étonnante liberté sur leurs activités.

Comme tout droit sortis d’un de ces films hongkongais qui composent en partie l’extraordinaire matériau d’archives de la série, ces truands hauts en couleur, qu’ils soient retraités ou au sommet de leur carrière, nous plongent à la fois dans la réalité et la mythologie d’organisations criminelles aussi méconnues qu’influentes. De leur côté, des policiers, des victimes, des experts et des militants prodémocratie, ainsi que le « repenti » Holger Chen, devenu un fervent supporter de la petite république taïwanaise en butte à la pression de Pékin, exposent l’envers de cet empire occulte, qui s’étend désormais sur tous les continents.

Série documentaire d’Antoine Vitkine

Deuxième volet : en 1997 et 1999, la rétrocession de Hongkong et de Macao à la Chine populaire offre aux triades l’opportunité d’un pacte avec leur vieil ennemi communiste.

Officiellement interdites, elles apportent au pouvoir leur argent et leur esprit d’entreprise en échange d’une participation substantielle au développement économique d’un pays sur le point de s’ouvrir tous azimuts. Les gangsters trop voyants endossent leurs nouveaux costumes de producteurs de cinéma, gérants de casinos ou patrons d’usines. Alors que la Chine se convertit à toute allure à l’économie de marché, le trafic et le blanchiment prospèrent, tandis que le cinéma hongkongais héroïse les gangsters et permet de recruter dans les classes les plus pauvres. Mais cet enrichissement brutal génère de la corruption à tous les échelons de la société et une criminalité de plus en plus voyante. Quand Xi Jinping arrive aux commandes, il entame une grande campagne anticorruption qui fera tomber pêle-mêle parrains locaux, rivaux politiques et businessmen trop puissants. Le message est clair : les triades vont devoir composer avec le nouvel homme fort.

Source : Arte, Youtube

 

Source : Arte, Youtube

 

Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs - et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation. 

Commentaire recommandé

Auguste Vannier // 04.01.2024 à 08h44

Ce réalisateur, Conservateur de droite (pléonasme?) et Atlantiste engagé, auteur d’ une abondante et talentueuse filmographie, manifeste dans le choix de ses sujets un sens de l’opportunité, du spectaculaire et de la communication remarquable. La Chine est la nouvelle cible à la mode. Nous produira-t-il un docu sur les Ouïghours?
C’est pourquoi sans nier la qualité de la forme, je reste sceptique sur le fond et vigilant sur la dimension propagandiste subtile, des messages véhiculés par ses films (jusque dans le choix des titres ).

3 réactions et commentaires

  • Auguste Vannier // 04.01.2024 à 08h44

    Ce réalisateur, Conservateur de droite (pléonasme?) et Atlantiste engagé, auteur d’ une abondante et talentueuse filmographie, manifeste dans le choix de ses sujets un sens de l’opportunité, du spectaculaire et de la communication remarquable. La Chine est la nouvelle cible à la mode. Nous produira-t-il un docu sur les Ouïghours?
    C’est pourquoi sans nier la qualité de la forme, je reste sceptique sur le fond et vigilant sur la dimension propagandiste subtile, des messages véhiculés par ses films (jusque dans le choix des titres ).

      +43

    Alerter
  • nulnestpropheteensonpays // 04.01.2024 à 09h17

    Les mafias ont toujours fait le sale boulot , partout . Aux states le gouvernement est calqué sur son mode de fonctionnement et nombre d’hommes politiques en sont issus , en Italie elle a contré la monté du communisme et travaillée avec le parti démocrate chrétien , en Corse elle a contenue le flnc , en Afrique elle fait le boulot de corruption pour l’état français ….Le seul moment de l’histoire où la mafia a été contenue et presque éradiquée c’est durant le fascisme malheureusement . Il n’y a pas de mafia sans corruption . Le neolibéralisme est ce qui ressemble le plus au mode de fonctionnement de la mafia .Et de partout elle a commencé en defendant les faibles et le pouvoir a vite été accaparé par les narcissiques et devant la difficulté a combattre le capitalisme sur son terrain . Si tu laisse le choix du terrain a ton ennemi t’as perdu . Dans le Chiapas elle est en train de faire le boulot pour le gouvernement mexicain , pourtant de gauche mais dans le capitalisme . C’est la corruption de l’humain qui crée la mafia . Et le neolibéralisme est l’abandon de la lutte contre la corruption de l’humain et son accompagnement vers la déchéance .Le gouvernement Chinois , régulièrement met un tour de vis contre la corruption , et apparemment la mafia n’est pas encore dans les arcanes du pouvoir .Après reste a définir ou commence la corruption .

      +25

    Alerter
  • Linder // 05.01.2024 à 07h13

    Le président du conseil de surveillance d’Arte est Bernard-Henri Levy.
    source : https://www.arte.tv/sites/fr/corporate/les-organes-de-decision/
    Ce que dit Arte est aussi fiable, quelque soit le sujet, que tout ce que dit l’OTAN sur l’Ukraine.

      +8

    Alerter
  • Afficher tous les commentaires

Les commentaires sont fermés.

Et recevez nos publications