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Un premier essai décevant pour le lopinavir-ritonavir

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Source : Le Quotidien du Médecin, Irène Drogou, 24-03-2020

Des Chinois ont publié le premier essai randomisé évaluant l’anti-VIH associant le lopinavir et le ritonavir chez 199 patients ayant une forme grave de l’infection Covid-19.

L’association de lopinavir et de ritonavir est l’une des pistes retenues dans l’urgence pour lutter contre l’infection Covid-19. Alors que plusieurs essais sont en train de se monter dans le monde, notamment en Australie et en France dans le cadre de REACTing, le premier essai randomisé chinois, baptisé LOTUS China et publié dans « The New England Journal of Medicine », fait l’effet d’une douche froide.

Chez 199 cas confirmés de l’infection avec atteinte respiratoire et désaturation en oxygène < 94 %, l’équipe du Dr Cao dans la ville de Wuhan conclut à l’absence de bénéfice sur le temps d’amélioration clinique entre le groupe traité et le groupe témoin.

Dans cet essai ouvert, randomisé et contrôlé, ce critère principal de jugement était défini par le délai pour obtenir une amélioration de deux points sur une échelle de sept ou celui écoulé jusqu’à la sortie de l’hôpital, le critère obtenu en premier étant retenu. Cette échelle à sept points correspond aux catégories suivantes : 1, non hospitalisé avec reprise des activités normales ; 2, non hospitalisé mais incapacité à reprendre les activités normales ; 3, hospitalisé, sans besoin d’oxygénothérapie ; 4, hospitalisé nécessitant une supplémentation en oxygène ; 5, hospitalisé, nécessitant une oxygénothérapie à haut débit, de la ventilation non invasive ou les deux ; 6, hospitalisé, nécessitant le recours à l’ECMO, une ventilation invasive ou les deux ; 7, décès.

L’association lopinavir + ritonavir (400 mg/100 mg) était administrée deux fois par jour pendant 14 jours, en plus du traitement standard. Ce dernier comprenait si nécessaire la supplémentation en oxygène, la ventilation invasive ou non, les antibiotiques, les agents vasopresseurs, la dialyse et l’ECMO.

De plus, dans les critères secondaires, aucune différence significative n’est apparue pour ce qui est de la mortalité à 28 jours (19,2 % dans le groupe traité et 25,0 % dans le groupe témoin), ni dans le pourcentage de patients ayant de l’ARN détectable à différents temps. À l’inverse, les événements indésirables digestifs étaient plus fréquents dans le groupe lopinavir + ritonavir. Seul avantage, les événements graves se sont avérés plus fréquents dans le groupe témoin.

Pour les médecins de Wuhan, cet essai est une première étape et « des prochains essais chez des patients ayant une forme grave pourront aider à confirmer ou exclure la possibilité d’un bénéfice au traitement ». Dans l’éditorial, Lindsey Baden et Eric Rubin tiennent à saluer « l’effort héroïque »des médecins de la province du Hubei à mener cet essai dans un contexte de crise sanitaire, où eux-mêmes étaient fortement exposés en tant que soignants.

B Cao et al. NEJM. doi: 10.1056/NEJMoa2001282
L Baden et al. NEJM. doi: 10.1056/NEJMe2005477

Dr Irène Drogou

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3 réactions et commentaires

  • xbrossard // 09.04.2020 à 14h44

    une petite question: pourquoi les commentaires sur le fil concernant l’expérience (réussi) avec l’hydroxychloroquine sont fermés? vous avez peur que l’on vous dise que vous avez tort?

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    • Herve // 10.04.2020 à 14h37

      Il faut vous reporter à l’article en tête de page pour trouver les analyses critiques des différents test

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  • Damien // 11.04.2020 à 11h44

    C’est étonnant qu’il n’y ait aucune polémique sur ce traitement qui a prouvé depuis longtemps son inefficacité contre le cov et dont les effets secondaires sont beaucoup plus graves et nombreux que ceux de l’hydroxychloroquine… D’ailleurs, le peu de réactions, pour l’instant, à cet article, me semble symptomatique…

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