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4.septembre.20174.9.2017 // Les Crises

4 septembre 1970 : L’élection de Salvador Allende au Chili

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SALVADOR ALLENDE EN QUELQUES DATES

26 juillet 1908 – Naissance à Valparaiso.

1926 – Salvador Allende entre à l’école de médecine.

1937 – Il devient député de Valparaiso et co-fondateur du Parti Socialiste chilien, un parti ouvrier non-aligné sur Moscou. Il dirige la campagne de Pedro Aguirre Cerda, bientôt président du troisième front populaire du monde, après ceux d’Espagne et de France.

1938 – À 30 ans, il est nommé ministre de la Santé.

1945 – Élu pour la première fois sénateur dans les provinces du sud du pays.

1952 – Première participation à l’élection présidentielle.

4 septembre 1970 – Candidat pour la quatrième fois, Allende gagne l’élection présidentielle.

22 octobre 70 – René Schneider, commandant en chef des armées, est assassiné. Allende nomme le général Carlos Prats pour le remplacer.

11 juillet 1971 – Nationalisation du cuivre et des grands gisements miniers.

Octobre 1972 – La grève des camionneurs, mouvement largement financé par la CIA, paralyse le pays.

4 mars 1973 – Salvador Allende remporte les élections législatives avec 43,4% des suffrages.

28 juin 1973 – Échec d’un premier coup d’État.

11 septembre 1973 – Coup d’État dirigé par le général Pinochet et appuyé par la CIA, bombardement du palais présidentiel. Après un combat de quelques heures, Allende se suicide.

Extraits du discours de Salvador Allende du 4 Décembre 1972 devant l’Assemblée des Nations Unies :

Je viens du Chili, un petit pays, mais dans lequel tout citoyen peut s’exprimer librement, un pays d’une tolérance illimitée sur les plans culturel, religieux et idéologique, où la discrimination raciale n’a pas sa place. Un pays avec une classe ouvrière unie en une seule organisation syndicale, où le suffrage universel et secret est le véhicule primordial d’un régime multipartiste, avec un parlement dont les activités n’ont jamais été interrompues depuis sa création il y a 160 ans, où les tribunaux sont indépendants de l’Exécutif, et où, depuis 1833, on n’a changé qu’une fois la constitution, sans que celle-ci n’ait jamais cessé d’être appliquée. Un pays où la vie publique est organisée en institutions civiles, qui comporte des forces armées professionnelles et dont l’esprit est profondément démocratique. Un pays de près de 10 millions d’habitants qui en une génération a produit deux prix Nobel de littérature: Gabriela Mistral et Pablo Neruda, tous deux fils de modestes travailleurs. Dans ma patrie, l’histoire, la terre et l’homme se fondent dans un seul grand sentiment national.

Mais le Chili est aussi un pays dont l’économie arriérée a été soumise et aliénée à des entreprises capitalistes étrangères, un pays qui a été conduit vers une dette extérieure supérieure à 4 millions de dollars, dont le remboursement annuel revient à plus du 30% de la valeur de ses exportations; un pays dont l’économie est extrêmement sensible face à la conjoncture extérieure, chroniquement essoufflée et inflationniste, où des millions de personnes ont été obligées de vivre dans des conditions d’exploitation et de misère, de subir des licenciements ouverts ou déguisés.

Je viens ici, aujourd’hui, parce que mon pays rencontre des problèmes qui, par leur dimension universelle, sont l’objet de l’attention permanente de cette assemblée: la lutte pour la libération sociale, l’effort pour le bien-être et le progrès intellectuel, la défense des individus et de la dignité des nations.

Jusqu’il y a peu, la perspective de ma patrie, comme celle de nombre d’autres pays du Tiers Monde, était le modèle d’une modernisation-éclair, modèle dont certaines études techniques aussi bien que la réalité tragique des faits démontrent qu’il est condamné à exclure l’idée même de progrès, […] en offrant à des milliers de personnes des conditions de vie inhumaines. Modèle qui conduit à la restriction des biens de première nécessité, qui condamnera un nombre toujours plus grand de citoyens au chômage, à l’analphabétisme, à l’ignorance et à la misère physiologique.

La même perspective, en somme, qui nous a maintenus dans une relation de colonisation et de dépendance, qui nous a exploités aux temps de la guerre froide, mais également à l’époque des guerres bien réelles comme dans les périodes de paix. Nous autres, les pays sous-développés, sommes condamnés par certains à n’être que des réalités de seconde classes éternellement subordonnées.

Ce modèle, c’est celui que les travailleurs chiliens, en devenant les protagonistes de leur propre avenir, ont décidé de refuser, cherchant au contraire à se développer rapidement, de manière autonome et originale, en transformant de façon révolutionnaire les structures traditionnelles. […]

Depuis le moment où nous avons trionfés aux élections du 4 septembre 1970, nous sommes affectés par des pressions extérieures de grande envergure, qui prétendent empêcher l’installation d’un gouvernement librement choisi par le peuple, et l’abattre. Qui a voulu nous isoler du monde, étrangler l’économie et paralyser le commerce de notre principal produit d’exportation: le cuivre. Et nous priver de l’accès au financement international. […]

Nous sommes face à des forces qui opèrent dans l’ombre, sans drapeau, avec des armes puissantes, postées dans des zones d’influence directe. […]

Nous sommes face à un conflit frontal entre les multinationales et les États. Ceux-ci sont court-circuités dans leurs décisions fondamentales – politiques, économiques et militaires – par des organisations qui ne dépendent d’aucun État, et qui à l’issue de leurs activités ne répondent de leurs actes et de leurs fiscalités devant aucun parlement, aucune institution représentative de l’intérêt collectif. En un mot, c’est toute la structure politique du monde qu’on est en train de saper. […]

Notre problème n’est pas isolé et unique. C’est la manifestation locale d’une réalité qui nous dépasse, qui englobe tout le continent latino-américain et le Tiers Monde. Tous les pays périphériques sont soumis à quelque chose de semblable, avec une intensité variable, avec certaines spécificités.

Le sens de la solidarité humaine qui régit les pays développés doit regarder avec répugnance le fait qu’un groupe d’entreprises puisse intervenir impunément dans les rouages les plus importants de la vie d’une nation, jusqu’à la perturber totalement. […]

Je sais maintenant, d’une certitude absolue, que la conscience des peuples latino-américains quant aux dangers qui nous menacent tous, a acquis une nouvelle dimension, et que l’unité est la seule manière de se défendre contre ce grave péril.

Quand on sent la ferveur de centaine de milliers d’hommes et de femmes, se pressant dans les rues et sur les places pour dire avec détermination et espoir: « nous sommes avec vous! Ne cédez pas! Vous allez gagner! », tous les doutes se dissipent, toutes les angoisses s’effacent. Ce sont les peuples, tous les peuples au sud du Río Bravo, qui se dressent pour dire: Assez ! Assez à la dépendance ! Assez aux pressions ! Assez à l’interventionnisme ! Pour affirmer le droit souverain de tous les pays en développement à disposer librement de leurs ressources naturelles.

C’est une réalité, la volonté et la conscience de plus de 250 millions d’individus qui exigent d’être entendus et respectés.

Des centaines de milliers de Chiliens m’ont salué avec ferveur au moment où j’ai quitté ma patrie et m’ont délivré le message que je viens de transmettre à cette assemblée mondiale. Je suis sûr que vous, représentants des nations de la terre, vous saurez comprendre mes mots. C’est notre confiance en nous-même qui renforce notre foi dans les grandes valeurs de l’humanité, dans la certitude que ces valeurs prévaudront et ne pourront jamais être annihilées. […]

Le peuple chilien est arrivé au gouvernement suite à une longue trajectoire de généreux sacrifices et il s’est attelé pleinement à la tâche d’instaurer la démocratie économique, afin que l’activité productrice satisfasse les besoins et les espoirs sociaux et non les intérêts d’enrichissement personnel. De manière ordonnée et cohérente, la vieille structure, fondée sur l’exploitation des travailleurs et l’appropriation des moyens de production par une minorité, est en voie d’être remplacée. Une nouvelle structure est en train de naître. Elle est dirigée par les travailleurs et mise au service des intérêts de la majorité. Elle établit les bases d’une croissance qui suppose un vrai développement au bénéfice de tous les citoyens, plus particulièrement de ceux voués à la misère et à l’exclusion sociale. Les travailleurs sont en train d’éloigner du pouvoir politique et économique les secteurs privilégiés de la société, autant sur les lieux de travail que dans les municipalités et l’État. Voilà le contenu révolutionnaire du processus que vit mon pays, à savoir le dépassement du système capitaliste et l’ouverture au socialisme. […]

Le drame de ma patrie est celui d’un Vietnam silencieux. Il n’y a pas de troupes d’occupation ni d’avions dans le ciel du Chili. Mais nous affrontons un blocus économique et nous sommes privés de crédits par les organismes de financement internationaux.

Nous sommes face à un véritable conflit entre les multinationales et les États. Ceux-ci ne sont plus maîtres de leurs décisions fondamentales, politiques, économiques et militaires à cause de multinationales qui ne dépendent d’aucun État. Elles opèrent sans assumer leurs responsabilités et ne sont contrôlées par aucun parlement ni par aucune instance représentative de l’intérêt général. En un mot, c’est la structure politique du monde qui est ébranlée. Les grandes entreprises multinationales nuisent aux intérêts des pays en voie de développement. Leurs activités asservissantes et incontrôlées nuisent aussi aux pays industrialisés où elles s’installent. Notre confiance en nous-même renforce notre foi dans les grandes valeurs de l’humanité et nous assure que ces valeurs doivent prévaloir. Elles ne pourront être détruites !

Discours original en espagnol ici (merci de nous signaler d’éventuelles coquilles)

Commentaire recommandé

Fritz // 04.09.2017 à 21h01

« Nous sommes face à un conflit frontal entre les multinationales et les États »

Pas cool, cet Allende. Maintenant, il faut dire : « nous allons rassurer les MARCHÉS ».

« Elles (les multinationales) opèrent sans assumer leurs responsabilités et ne sont contrôlées par aucun parlement ni par aucune instance représentative de l’intérêt général. En un mot, c’est la structure politique du monde qui est ébranlée. »

Maintenant, un SOCIAL-DÉMOCRATE moderne et responsable dirait : « Nous allons mener les RÉFORMES indispensables et courageuses, pour un Chili ouvert à la MONDIALISATION ».

Et on se demande pourquoi Allende a tenu trois ans… Tsipras, lui, pourra tenir plus longtemps.

29 réactions et commentaires

  • Amora // 04.09.2017 à 20h42

    Un remake au Venezuela? Pourquoi changer ce qui fonctionne si bien…

      +19

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  • Fritz // 04.09.2017 à 21h01

    « Nous sommes face à un conflit frontal entre les multinationales et les États »

    Pas cool, cet Allende. Maintenant, il faut dire : « nous allons rassurer les MARCHÉS ».

    « Elles (les multinationales) opèrent sans assumer leurs responsabilités et ne sont contrôlées par aucun parlement ni par aucune instance représentative de l’intérêt général. En un mot, c’est la structure politique du monde qui est ébranlée. »

    Maintenant, un SOCIAL-DÉMOCRATE moderne et responsable dirait : « Nous allons mener les RÉFORMES indispensables et courageuses, pour un Chili ouvert à la MONDIALISATION ».

    Et on se demande pourquoi Allende a tenu trois ans… Tsipras, lui, pourra tenir plus longtemps.

      +40

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    • Fritz // 04.09.2017 à 21h11

      Et quelle violence populiste dans ce passage :
      « Ce sont les peuples, tous les peuples au sud du Río Bravo, qui se dressent pour dire : Assez ! Assez à la dépendance ! Assez aux pressions ! Assez à l’interventionnisme ! »

      Heureusement, les peuples de l’UE n’en sont pas là. Ils obéissent à l’UE.

        +34

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      • Jb²O // 05.09.2017 à 16h37

        Il est cocasse que le mot « interventionnisme » soit utilisé pour traduire -je pense- ingérence. L’interventionnisme correspond plutôt à la politique d’un Etat socialiste dans sa propre économie.

          +1

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        • Silk // 05.09.2017 à 20h50

          En politique étrangère, interventionniste c’est clair.
          il ne s’agit pas d’économie planifié avec l’intervention de l’état …

            +2

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  • LBSSO // 04.09.2017 à 21h29

    Concernant les relations Etat / Multinationale nous avons franchi un cap depuis ce discours.

     » Invité à s’exprimer lors du salon VivaTech, Emmanuel Macron a répété l’idée qu’il se faisait de la France à venir – une start-up nation – et de la manière dont il concevait l’Etat – comme une plateforme. On en a beaucoup ri – d’un rire jaune souvent – dans les réseaux. Certains, comme le chercheur biélorusse Evgeny Morozov, ont même extrapolé, imaginant les citoyens en usagers-clients, le politique en investisseur et les lois en algorithmes » (utilisés par les multinationales du net).

    Aux clics, Citoyens !

      +20

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  • Fox 23 // 04.09.2017 à 21h32

    Formidable élection, mais formidable lutte en sous-main de Washington pour faire capoter ou dévier cette aspiration légitime du peuple !
    Le fascisme US régnait en maître. Argentine, Brésil étaient écrasés sous les dictatures militaires sanglantes; escadrons de la mort, torture et disparition, sous la houlette de la CIA.

    Et puis un soir, je me suis retrouvé, à la sortie du travail dans une manifestation dénonçant l’aboutissement de la grève des camionneurs, de la révolution des casseroles et de bien d’autres saloperies.
    Fin du rêve, mort de Allende, suivie de tant, entre autres dans ce fameux stade, dont ce guitariste chilien dont j’ai oublié le nom, les mains tranchées à la hache en public.
    Neruda a bien fait de se retirer discrètement…
    Pour la coupe du monde de foot, l’URSS devait rencontrer le Chili en match qualificatif, dans le fameux stade.
    L’URSS refusa d’y jouer demandant le transfert dans un autre lieu, la FIFA déclara l’URSS perdante par forfait.

      +28

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  • Kazhim // 04.09.2017 à 22h17

    C’est ce qui est à craindre depuis les théorisation du libéralisme au 18ème siècle. Les puissances de l’argent ont toujours chercher à s’affranchir des leur devoir vis à vis des états, c’est ce que les révolution bourgeoises nous apprennent.

    J’entendais l’autre jour sur sputnik une député à propos de monsento. Tous le monde sait que cette entreprise fait du tord à tous le monde et à l’environnement, c’est prouvé plus d’une fois.

    Alors pourquoi le le gouvernement du pays dont est issue cette entreprise, ne la démantèle pas, vire tous le monde, et neutralise ses armes chimiques?

    Les entreprises comme les citoyens doivent se soumettre à la loi, et à l’autorité de l’état,c’est une nécessité.

    Des entreprises aujourd’hui s’accorde autant de droit qu’un état sur certains pays, et on peut presque les qualifier de mafia car elles ont quasiment le même fonctionnement et les même moyen de corruption des gouvernant. Sauf que les mafia on sait qu’elles sont mauvaises et elle ne s’en cache, néanmoins elles ont aussi un rôle sociale qu’elle ne néglige pas en raison de leur code de conduite, comme les Yakuza au Japon.

    Bref le seul espoir est la restauration de l’ordre étatique à tous les niveau politique, pour ma part je trouve que le modèle chinois ou russe est plutôt intéressant. On tolère un certains nombre de liberté, mais quand on bafoue les loi, et qu’on fait du tord à l’intérêt de la nation, on sévit et parfois radicalement;

      +9

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    • Fritz // 04.09.2017 à 22h23

      Dès sa première année de présidence, Poutine appelait ça la « dictature de la loi » :
      http://www.liberation.fr/planete/2000/07/18/dictature-de-la-loi-contre-oligarques_330391
      On sait l’hostilité que cela lui a valu en Occident, chez les défenseurs intransigeants de la « démocratie », c’est-à-dire des oligarques qui avaient prospéré sous Boris Eltsine.

      Et dans son discours à l’ONU, Allende parle bien de « l’intérêt de la nation » que vous évoquez, cette expression qui paraît si louche à nos chiens de garde…

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    • LBSSO // 05.09.2017 à 07h04

      « Bref le seul espoir est la restauration de l’ordre étatique à tous les niveau politique, pour ma part je trouve que le modèle chinois ou russe est plutôt intéressant. On tolère un certains nombre de liberté(….) »
      J’en reste sans…clavier.

      « L’État, c’est le plus froid de tous les monstres froids. Il ment froidement et voici le mensonge qui rampe de sa bouche : « moi l’État, je suis le peuple »  »
      Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra.

      Faisons preuve d’un peu plus d’imagination, tout en nous appuyant sur notre propre culture et histoire.

        +4

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      • Kazhim // 05.09.2017 à 08h34

        J’ai jamais dit que l’état est parfait, mais quelque soit ses plus gros défauts, il défend l’intérêt de la nation et du peuple. A moins d’avoir été totalement pourri par l’argent.

        Si vous regardez les anciens systèmes, on trouves des gouvernement en devoir, et dont le but est la paix sociale pour maintenir la stabilité, et cette paix ne s’obtient que s’il y a une certaines justice étatique. Tous les système n’ont pas été aussi avancer, mais en ce qui concerne bon nombre d’empire, chinois, mongole, perses, egypte etc, il est claire que l’état avait ce rôle de défense de la nation.

        Chez les égyptiens c’est le plus éloquent, Pharaon devait s’efforcer à promouvoir Maat déesse de la justice, contre isephet, le mal et l’avarice (concepts des défauts des hommes) il devait parfois être sacrifier s’il échouait à cette tâche.

        Maintenant si vous voulez d’autres idées : j’aime bien les concepts de comité citoyens en Libye et en Syrie, qui se rassemblent régulièrement pour avoir un rôle politique, rien ne nous empêcherais de les creer et de donner à ces comités un pouvoir légale pour contre balancer les entreprises.

          +3

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        • LBSSO // 05.09.2017 à 19h44

          Mon commentaire faisait référence à la relation loi/ Etat/ vos références géographiques.

          Deux réflexions:

          -Alfred Capus
          « Un citoyen français a deux sortes d’ennemis également redoutables : ceux qui violent les lois et ceux qui les observent avec rigueur. »

          -Nous ne respectons pas la loi, nous avons peur de l’uniforme.Il est vrai que certains Etats l’ont aimé et que d’autres l’apprécient de plus en plus…

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    • Pinouille // 06.09.2017 à 11h04

      Les puissances de l’argent ne sont pas les seules à être susceptibles de s’opposer à l’état. Le pouvoir religieux, les préférence ethniques, les velléités indépendantistes, les courants politiques révolutionnaires, etc… sont autant de menaces internes.
      Certes, un état se doit de combattre les forces susceptibles de déstabiliser la paix et la stabilité interne. Mais la démesure de la force employée dans ce combat peut remettre en question sa propre légitimité. On l’a bien vu pour l’Ukraine, la Syrie, la Tchétchénie et maintenant le Vénézuéla: il arrive un point où l’état qui initialement mate une révolte déstabilisatrice se transforme aux yeux de certains en puissance tyrannique qui massacre son propre peuple pour maintenir son pouvoir devenu illégitime: tout dépend de l’appréciation de la violence exercée de part et d’autre ainsi que de la légitimité supposée des 2 camps.
      Bien évidemment, chacun apprécie les évènements en fonction de sa sensibilité et pense avoir raison…

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    • Pinouille // 06.09.2017 à 11h23

      Quelques éléments de nuance à vos propos:

      « Tous le monde sait que cette entreprise fait du tord à tous le monde »
      Pas aux agriculteurs qui ont délibérément choisi d’utiliser le round-up et qui ont vu le rendement de leur récolte augmenter.

      « Les entreprises comme les citoyens doivent se soumettre à la loi, et à l’autorité de l’état,c’est une nécessité. »
      Cette nécessité n’est pas inconditionnelle: https://www.ushmm.org/wlc/fr/article.php?ModuleId=285

      « Bref le seul espoir est la restauration de l’ordre étatique à tous les niveau politique »
      Contre-exemple: Corée du Nord

      « pour ma part je trouve que le modèle chinois ou russe est plutôt intéressant. »
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Manifestations_de_la_place_Tian'anmen
      http://www.courrierinternational.com/article/russie-vague-de-repression-contre-les-homosexuels-en-tchetchenie
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Seconde_guerre_de_Tch%C3%A9tch%C3%A9nie

      « On tolère un certains nombre de liberté »
      On tolère…

        +0

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  • Lepage Gérard // 04.09.2017 à 22h35

    Naomi Klein « La stratégie du choc » (Ed Babel 2015).
    https://www.youtube.com/watch?v=4v16uO4LIiY

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  • Porcinet // 05.09.2017 à 00h05

    Allende était un productiviste sympa, mais un productiviste. Qui dit produire, pour un pays comme le Chili, dit extraire des métaux avec une lourde industrie polluante qui délocalise des peuples premiers pour le bénéfice de petits occidentaux totalement inconscients des conséquences de leurs actes !
    Donc Allende ou Pinochet, pareil. Les insoumis sont des bourgeois qui défendent leur rente, ils veulent plus de salaire pour plus de conso tout en s’en foutant des conséquences ailleurs.
    Il faut réinternationaliser les luttes sinon elles sont vaines.
    P.S : J’exagère un poil (je suis plus insoumis que le reste mais trouve cela bien insuffisant) mais notre dissonance cognitive est devenue telle qu’il est impossible de dialoguer sincèrement et sans tabou (sans s, car quand il y a sans, le pluriel est impossible.).

      +2

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    • calal // 05.09.2017 à 08h25

      vous y allez effectivement fort dans la critique d’un homme qui a donne sa vie pour son peuple… »Donc Allende ou Pinochet, pareil. »:whaouh,le greenwashing fonctionne a plein regime..je prefere la nature aux hommes, plutot combattre pour le droit des animaux en occident que pour la vie de minorites dans des dictatures lointaines ou contre la faim en afrique:effectivement c’est bien plus confortable et moins risque…

        +4

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    • Tapia // 05.09.2017 à 08h55

      A l’époque c’était le début de la perception des problèmes environnementaux. Premiers rapports de l’ONU sur le sujet en 1972. Si les moyens de production « appartiennent au peuple » (sont gérés de façon plus démocratique), celui-ci devra en assumer les conséquences. C’est à dire par exemple les effets sur l’environnement.
      Cela peu avoir un impact sur la façon de les gérer.

      Aujourd’hui ceux qui gèrent les moyens de production, ne subissent pas les conséquences des effets négatifs mais les peuples…à qui on ne demande pas leur avis.

        +8

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  • Garibaldi2 // 05.09.2017 à 02h32

    C’est beau le romantisme ! Comme celui de Daniel Cohn-Bendit qui, quand il était jeune, expliquait aux ouvriers de chez Renault comment il fallait faire la révolution (c’est une image), et qui plus tard a enfilés les pantoufles du  »réformisme écologico-social lié à une tradition libertaire qui est effectivement non étatique »,  »un libéral-libertaire ». (http://www.humanite.fr/node/198792)

     »quand il y a sans, le pluriel est impossible » ? Un peu comme dans la voiture sans chevaux ?

    (http://context.reverso.net/traduction/francais-anglais/une+voiture+sans+chevaux)

    ou chez Alphonse Allais, qui, il est vrai, était aussi humoriste! (https://lc.cx/cEAA)

      +2

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    • Porcinet // 05.09.2017 à 07h54

      Le romantisme, le vrai, c’est croire que la civilisation nous mène quelque part alors que nous sommes déjà dans le vide.
      On dirait une critique d’un lecteur du monde !

        +4

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      • Garibaldi2 // 05.09.2017 à 10h21

        Lecteur de  »La gueule ouverte » dès son premier numéro, je n’ai jamais pensé que le modèle de production et de consommation qu’on voulait nous imposer était une bonne chose, et pouvait être pérenne. Bugey cobayes en 1971, j’y étais, comme au Larzac. Mais je ne manquais de rien. C’est quand on a le ventre plein qu’on peut critiquer le  »productivisme », les damnés de la terre ne voient pas la chose du même oeil, même s’ils se trompent. Je doute fortement qu’Allende ait été  »productiviste » et qu’il ait donc vu la production de biens comme une fin en soi, son objectif était le même que celui de Chavez : procurer à manger et des soins médicaux à une population de déshérités. L’objectif de Pinochet fut de livrer le pays aux Chicago Boys. Ce n’est donc pas  »pareil ».

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      • Moi , BHL , intello // 05.09.2017 à 10h42

        « Le romantisme, le vrai, c’est croire que la civilisation nous mène quelque part  »

        Si vous préfériez le monde du temps ou les WC et les dentistes n’existaient pas , libre a vous !

          +0

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      • Pinouille // 06.09.2017 à 11h49

        « Le romantisme, le vrai, c’est croire que la civilisation nous mène quelque part alors que nous sommes déjà dans le vide.
        On dirait une critique d’un lecteur du monde ! »
        Le cynisme, le vrai, c’est croire que nous sommes déjà dans le vide.
        On dirait une critique d’un lecteur de notice de Prozac!

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  • Garibaldi2 // 05.09.2017 à 02h34

    et qui plus tard a enfilé les pantoufles

      +0

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  • Catalina // 05.09.2017 à 07h58

    oh !!! désolée mais celle-ci de coquille est impardonnable  » Depuis le moment où nous avons trionfés aux élections du 4 septembre 1970,  »
    c’est « triomphé ».
    incroyable de voir en direct un mot écrit en phonétique, pour moi, c’est incroyable !
    🙁 🙁

      +7

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  • Duracuir // 05.09.2017 à 09h01

    La grande différence, c’est qu’à l’époque, les gauches mondiales soutenaient Allende et hurlaient contre Pinochet et la CIA.
    43 ans après, même des gens comme Plenel ou Jorion encensent « le sens de l’état » de la CIA, du FBI et du complexe militaro-industriel US car ils s’attaquent au « méchant » Trump et traitent Maduro(ou Meluche) de dictateur. Je ne parle même pas des tartufes du PS.
    Comme chantait Ferrat « vous étiez jeunes imbéciles, vous voilà devenus vieux c… « 

      +8

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  • rosecestlamort // 05.09.2017 à 14h37

     » une dette extérieure supérieure à 4 millions de dollars, »

    va de soi qu’il s’agissait de 4 milliards (cuatro [b]mil millones[/b] de dólares), sinon il aurait été aux anges ^^

      +3

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  • Dahool // 05.09.2017 à 18h19

    Bonjour

    C’est marrant (jaune), une partie de ce discours ressemble un peu à celui de Kennedy quand il parle des sociétés secrètes ou Eisenhower et le complexe militaro…

    Ce genre de révélations promet un même destin, la fin.

    On peut attaquer les individus ou institutions privées/publiques, ils sont remplaçables mais dénoncer le vrai projet, c’est la ligne rouge à ne pas franchir.

      +2

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