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4.octobre.20204.10.2020 // Les Crises

Big Pharma, labos tout-puissants – Arte

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Source : Arte, Youtube

Plus riches et plus puissantes que jamais, les firmes pharmaceutiques orientent la recherche et le remboursement des soins. Enquête sur une industrie hors de contrôle, dont les intérêts ne coïncident pas toujours avec les impératifs de santé publique.

On les surnomme les « Big Pharma » : à eux seuls, les suisses Novartis et Roche, les américains Pfizer et Johnson & Johnson, et le français Sanofi contrôlent la majeure partie de la fabrication de médicaments. Pour conserver leur monopole, ces grands laboratoires minimiseraient, voire occulteraient, certains effets indésirables causés par leurs produits.

En Europe, la Dépakine, un antiépileptique responsable de malformations congénitales et de troubles neurodéveloppementaux chez des enfants exposés in utero, est au cœur d’un retentissant scandale. Soupçonné d’avoir tardé à alerter les autorités sanitaires et les consommateurs sur ces risques pourtant connus, Sanofi a été mis en examen pour « tromperie aggravée », « blessures involontaires » et « homicides involontaires ».

Aux États-Unis, où la crise des opioïdes fait des ravages (plus de cent morts par jour), les multinationales pharmaceutiques sont accusées d’avoir encouragé la prescription massive de ces antidouleurs en dissimulant leur caractère hautement addictif. En 2019, Johnson & Johnson a ainsi été condamné à payer 572 millions de dollars à l’État d’Oklahoma pour avoir mis en danger la vie de ses citoyens.

Alors que l’industrie pharmaceutique bénéficie largement des innovations de la recherche publique, les prix des médicaments atteignent des sommets : facturé 84 000 dollars aux États-Unis, où la tarification n’est pas encadrée, le traitement contre l’hépatite C coûte 24 000 euros en France, quand la nouvelle thérapie génique contre la leucémie commercialisée par Novartis avoisine les 300 000 euros.

Entre intense lobbying et ententes illicites, les laboratoires déploient d’efficaces stratégies pour préserver leurs exclusivités, à l’instar du même Novartis, qui est parvenu à imposer sur le marché un médicament contre la DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge) quarante fois plus coûteux que son concurrent.

Le 9 septembre 2020, Novartis, Roche et Genentech ont ainsi été condamnés par l’Autorité française de la concurrence à payer 445 millions d’euros pour pratiques abusives dans le traitement de la DMLA.

Big Pharma : Labos tout-puissants

@Documentaire de Claire Lasko et Luc Hermann (France, 2018, 1h28mn)

Source : Arte, Youtube, 16-09-2020

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Commentaire recommandé

bm607 // 04.10.2020 à 10h25

Depuis 32 ans ma femme est traitée avec succès (rémission) pour une leucémie, avec le même médicament. On ne souhaitait donc pas en changer malgré les contraintes (piqûres 3 x par semaine, je lui en ai donc fait près de 5000 !) : ma femme n’est pas un cobaye, une molécule fonctionne on en reste là.

Mais s’il était onéreux au début, ce médicament est progressivement devenu « relativement » abordable (75 € par semaine, et encore parce que des conditionnement plus économiques avaient été arrêtés, sinon on était vers 50 €).
Donc au mois d’août dernier… arrêt total de la commercialisation (sans prévenir bien sûr). Ce médoc n’est plus disponible nulle part en europe occidentale aujourd’hui.

D’autres molécules plus modernes existent, il va falloir les tester en croisant les doigts.
La première de la liste vaut… 940 € les 30 comprimés. Voilà qui est mieux pour big pharma.
Bon c’est remboursé à 100% (heureusement, notamment au début ou c’était inabordable), mais au final, qui finance la sécu pour payer ces labos ?

Merci au capitalisme triomphant, merci à la libre concurrence non faussée, merci au libre échange qui permet à l’Inde de fabriquer les molécules pour nous soigner à bas coût (bas coût pour les labos, pas pour les clients – ne pas utiliser le mot  » malades » de nos jours avec big pharma).
Longue vie aux actionnaires (concernant la durée de vie des malades, c’est nettement plus incertain).

5 réactions et commentaires

  • LibEgaFra // 04.10.2020 à 07h45

    Entendu hier sur une chaîne française: il n’existe pas de médicament contre le coronavirus… sauf en Russie, mais chut, ce pays n’existe déjà plus. Tout ce que peut produire la Russie est systématiquement dénigré ou mieux nié.

      +19

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    • RGT // 04.10.2020 à 10h28

      Concernant les avancées thérapeutiques russes sur le Covid-19 je n’ai aucune donnée fiable.

      Le gros problème de l’industrie pharmaceutique russe, c’est qu’elle ne dégage pas de profits intéressants car le gouvernement veille à ce que le prix de médicaments reste accessible à tous.

      Cette industrie parvient malgré tout, particulièrement depuis que le pays s’est extrait du quart-monde, à soigner correctement la population dans de meilleures conditions que celle subies par les « gueux » des « pays démocratiques ».

      C’est loin d’être tout rose, mais au moins les russes peuvent se soigner à des prix décents et c’est toujours mieux que de vivre dans un pays « à la pointe » dans lesquels ils crèveraient dans la rue.

      Quel est la meilleure solution pour la majorité de la population selon vous ?

      Un moyen de contrôler l’efficacité du système de santé d’un pays (et des conditions de vie consiste à voir l’évolution de l’espérance de vie.

      En Russie, elle n’est pas au niveau de celle de l’occident mais la courbe comparée avec les USA depuis 1960 nous montre clairement pourquoi les russes ne déclenchent pas une révolution contre l’infâme Poutine.
      Vous constaterez aussi que le creux de la vague a été atteint sous le règne du fabuleux Eltsine…
      https://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?codeTheme=3&codeStat=SP.DYN.LE00.IN&codePays=USA&optionsPeriodes=Aucune&codeTheme2=3&codeStat2=SP.DYN.LE00.IN&codePays2=RUS&optionsDetPeriodes=avecNomP

      Et si l’espérance de vie augmente régulièrement en Russie depuis 2003, elle baisse aux USA depuis 2014… Trump n’y est pour rien.

        +7

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  • J // 04.10.2020 à 09h40

    Pour le cancer aussi on peut voir que les traitements, les axes et financements de recherches, sont systématiquement orientés vers des chimiothérapies dont on ne peut pas dire qu’elles marchent tellement bien. Explications, prudentes, par un cancérologue, disons, modérément dissident (il y en a de plus radicaux), Laurent Schwartz : http://bouquinsblog.blog4ever.com/metastases-verites-sur-le-cancer-laurent-schwartz

    Les plus jeunes ne doivent pas se souvenir du scandale de l’ARC : des gens chargés de collecter des fonds précisément pour cette recherche, se remplissaient les poches très au-delà de ce que valaient leurs prestations.

      +2

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  • bm607 // 04.10.2020 à 10h25

    Depuis 32 ans ma femme est traitée avec succès (rémission) pour une leucémie, avec le même médicament. On ne souhaitait donc pas en changer malgré les contraintes (piqûres 3 x par semaine, je lui en ai donc fait près de 5000 !) : ma femme n’est pas un cobaye, une molécule fonctionne on en reste là.

    Mais s’il était onéreux au début, ce médicament est progressivement devenu « relativement » abordable (75 € par semaine, et encore parce que des conditionnement plus économiques avaient été arrêtés, sinon on était vers 50 €).
    Donc au mois d’août dernier… arrêt total de la commercialisation (sans prévenir bien sûr). Ce médoc n’est plus disponible nulle part en europe occidentale aujourd’hui.

    D’autres molécules plus modernes existent, il va falloir les tester en croisant les doigts.
    La première de la liste vaut… 940 € les 30 comprimés. Voilà qui est mieux pour big pharma.
    Bon c’est remboursé à 100% (heureusement, notamment au début ou c’était inabordable), mais au final, qui finance la sécu pour payer ces labos ?

    Merci au capitalisme triomphant, merci à la libre concurrence non faussée, merci au libre échange qui permet à l’Inde de fabriquer les molécules pour nous soigner à bas coût (bas coût pour les labos, pas pour les clients – ne pas utiliser le mot  » malades » de nos jours avec big pharma).
    Longue vie aux actionnaires (concernant la durée de vie des malades, c’est nettement plus incertain).

      +25

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  • RGT // 04.10.2020 à 10h58

    L’industrie pharmaceutique est la première industrie au monde, loin devant celle de l’armement qui atteint pourtant des sommets.

    Et cette puissance lui permet, particulièrement depuis sa financiarisation à outrance, de pouvoir tordre le bras de nombreux pays.

    Et comme je l’écrivais d’ailleurs il y a peu sur ce blog (à moins que ce ne fût modéré, je ne sais pas) si un pays refuse d’autoriser la commercialisation d’un médicament au prix défini par les actionnaires, le labo se contente simplement d’interdire la commercialisation du médicament dans le pays « réfractaire » (voire même menace de ne plus commercialiser aucun médicament dans ce pays)…

    Le SEUL moyen de faire plier un labo consiste seulement à ce que les médias publics de GRANDE DIFFUSION dénoncent publiquement les pratiques des labos afin de faire émerger un scandale qui pourrait les éclabousser sur la planète entière.

    Par contre, connaissez-vous un seul gouvernement de la « communauté internationale » qui permettrait de diffuser une telle dénonciation ?

    Outre le fait qu’ils se mettraient à dos leur propre industrie pharmaceutique (et toutes les autres industries financiarisées) et devant ensuite se passer de « mécènes » pour financer leurs campagnes électorales, ils devraient de plus subir les mesures de coercition des « pays amis » qui subiraient eux aussi la pression du lobby pharmaceutique.

    Et ils devraient AUSSI ensuite rendre des comptes sur leurs comportements passés qui pourraient les mener devant les tribunaux populaires.

    Je te tiens par la barbichette…

      +6

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