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17.mai.202017.5.2020 // Les Crises

Comment les pandémies creusent les inégalités au détriment des populations pauvres

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Source : FMI

De très nombreux observateurs considèrent désormais la crise de la COVID-19 comme le pire désastre économique depuis la Grande Dépression. En janvier, le FMI tablait sur une hausse de 3 % du revenu mondial ; les nouvelles projections prévoient une chute de 3 %, ce qui est bien pire que lors de la Grande Récession de 2008-09.

Ce chiffre désastreux masque une possibilité plus sinistre encore : l’étude des précédentes pandémies nous fait craindre que le choc subi par les couches les plus pauvres et les plus fragiles de la société ne soit bien plus violent. D’après un récent sondage, une grande majorité d’économistes de premier plan pensent que la pandémie de COVID-19 va aggraver les inégalités, notamment parce qu’elle frappe beaucoup plus durement les travailleurs peu qualifiés.

Nos données confirment ces inquiétudes concernant les effets néfastes des pandémies sur la répartition du revenu. Nous constatons que les grandes épidémies de ce siècle ont creusé les écarts de revenus et réduit les débouchés professionnels des personnes n’ayant reçu qu’une instruction élémentaire, alors qu’elles n’ont touché qu’à la marge l’emploi des diplômés de l’enseignement supérieur.

Nous nous sommes intéressés à cinq épisodes majeurs — le SRAS (2003), la grippe H1N1 (2009), le MERS (2012), Ebola (2014) et Zika (2016) — et avons étudié leurs effets sur la répartition du revenu dans les cinq années suivant chaque épidémie. En moyenne, le coefficient de Gini, un indicateur couramment utilisé pour mesurer les inégalités, a augmenté de façon constante après chaque épisode.

Notre calcul du coefficient de Gini se fonde sur les revenus nets, c’est-à-dire les revenus marchands après impôts et cotisations. D’après nos conclusions, les inégalités augmentent malgré les mesures prises par les États pour redistribuer les revenus des riches vers les pauvres et atténuer les effets des pandémies. Cinq ans après le début d’une pandémie, le coefficient de Gini net a augmenté de près de 1,5 %, ce qui est considérable pour un indicateur qui évolue lentement au fil du temps.

Ces effets durables des pandémies sont le résultat des pertes d’emplois, d’autres chocs sur les revenus (par exemple, la baisse des envois de fonds) et de la diminution des possibilités d’emploi futures.

Nos résultats montrent que les répercussions des pandémies sur l’emploi varient grandement en fonction du niveau d’instruction des individus, qui constitue un indicateur de leur niveau de compétences. La différence est frappante : tandis que l’emploi des plus diplômés est relativement épargné par rapport au reste de la population, celui des personnes les moins instruites chute fortement, de plus de 5 % au bout de cinq ans.

Riposte

La pandémie a certes des conséquences néfastes pour presque toutes les composantes de la société, mais l’action publique doit surtout chercher à empêcher que les plus défavorisés ne voient leurs moyens d’existence durablement compromis. Faute de mesures vigoureuses et ciblées, il est probable que nous assistions à un nouveau creusement des inégalités, qui sont déjà « l’un des problèmes les plus complexes et irritants de l’économie mondiale », pour reprendre les termes de la Directrice générale du FMI.

Concrètement, que peut-on faire ? Le droit aux congés maladie, aux allocations chômage et à une assurance maladie permet à chacun de se prémunir contre les conséquences de la pandémie, mais il est encore plus essentiel pour les catégories les plus modestes de la population, qui n’ont pas accumulé de matelas d’épargne, et vivent par conséquent au jour le jour.

Une nouvelle politique (« New Deal ») de ce type est primordiale dans les secteurs de l’économie et les régions où le travail informel et indépendant est très répandu, et où les dispositifs de protection sociale sont insuffisants.

Il va falloir envisager tout un ensemble de mesures pour atténuer les effets dévastateurs de la pandémie sur la répartition du revenu : l’extension des dispositifs d’aide sociale, l’introduction de nouveaux mécanismes de transfert, l’ouverture de débouchés professionnels par le soutien aux programmes de travaux publics, l’octroi de financements pour favoriser la création d’emplois, et l’adoption de mesures fiscales progressives (peut-être un « impôt de solidarité ») en feront vraisemblablement partie.

Les décideurs doivent profiter de cette occasion pour procéder à des changements en profondeur afin que, lorsque de futurs chocs se produiront inévitablement, par exemple en raison du changement climatique, les sociétés puissent s’appuyer sur des mécanismes de partage des risques et d’aide sociale pour protéger bien mieux qu’aujourd’hui les personnes les plus vulnérables.

Source : FMI

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obermeyer // 17.05.2020 à 08h51

Le FMI est schizophrène : d’un côté il se préoccupe des pauvres , allant jusqu’à suggérer  » le soutien aux programmes de travaux publics, l’octroi de financements pour favoriser la création d’emplois  » , alors que quand il octroie des prêts , ils sont conditionnés à d’importantes mesures d’austérité , dont la réduction des dépenses publiques .
Article étonnant venant de cet organisme .

4 réactions et commentaires

  • obermeyer // 17.05.2020 à 08h51

    Le FMI est schizophrène : d’un côté il se préoccupe des pauvres , allant jusqu’à suggérer  » le soutien aux programmes de travaux publics, l’octroi de financements pour favoriser la création d’emplois  » , alors que quand il octroie des prêts , ils sont conditionnés à d’importantes mesures d’austérité , dont la réduction des dépenses publiques .
    Article étonnant venant de cet organisme .

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    • Narm // 17.05.2020 à 09h13

      ben, un peu comme l’appel bourgeois a faire croire qu’on va sauver les pauvres, non ?
      L’afrique s’en sortira mieux que nous
      les autres , il suffit de voir qui a envoyé des medecins en italie
      La différence entre un « pauvre » et nos cosmiques (il n’y a pas de fôtes)
      la différence, c’est que le « pauvre », sait exactement où sont les vraies valeurs.
      (pas NOS valeurs, qu’on leur vante à longueur d’année)

        +5

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  • anatole27 // 17.05.2020 à 09h31

    L’ONU ne s’occupe plus de la PAUVRETE mais de l’EXTREME PAUVRETE ça en dit très long

    https://www.ohchr.org/FR/Issues/Poverty/Pages/SRExtremePovertyIndex.aspx

    De la même façon et pour employer les mêmes outils méthodologiques
    il me semble que les forces PROGRESSISTES gagneraient à RESOUDRE le problème
    des HYPER RICHES qui présentent l’avantage d’être peu nombreux

    La solution est SIMPLE

    1) créer le RMAU Richesse maximum autorisée universelle
    2) abroger le SMIC et créer le SMU salaire minimum universel
    3) créer un lien indestructible entre le RMAU et le SMU à savoir RMAU / SMU = RAS

    PS : afin d’éviter tout conflit d’intérêt le RAS ne pourra être fixé que par les NON-RAMUiste et les NON-SMUiste par un vote qui aura lieu tout les 24 ans.

      +3

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  • Sam // 17.05.2020 à 18h13

    Méchante pandémie, qui creuse les inégalités.
    Gentil FMI, qui se préoccupe des populations.
    On dirait un conte pour enfant.

      +3

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