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1.juin.20141.6.2014 // Les Crises

[Reprise] Crimée châtiment, par le colonel Michel Goya

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Billet du 10 mai 2014 du colonel Goya. Il dirige actuellement le bureau Recherche du Centre de doctrine d’emploi des forces (Armée de Terre). Il enseigne l’Histoire militaire de la guerre à Sciences-Po Paris.

Dans les années 1970, au cours d’une de ses interventions télévisées à vocation pédagogique, le président Giscard d’Estaing présentait la France de l’époque comme comparable à l’Ukraine en termes démographiques et économiques. Quarante ans plus tard, l’Ukraine est un pays très malade, ce n’est pas le seul en Europe mais c’est le plus inquiétant par sa dimension. Cette situation n’est pas nouvelle puisqu’elle perdure depuis l’éclatement de l’URSS et la transformation de sa nomenklatura en oligarchie libérale et prédatrice. Mais là où les autres anciennes républiques soviétiques et satellites sont parvenues à surmonter l’effondrement en restaurant un Etat, l’Ukraine est restée pure kleptocratie inefficace. En monnaie constante, le pays crée encore moins de richesses qu’en 1992. Son PIB était alors équivalent à celui de la Pologne, il n’en représente plus que 40 % aujourd’hui et si le revenu par habitant a légèrement augmenté ce n’est que parce que la population diminuait. En 2004, la « révolution orange » a suscité un grand espoir et une courte embellie, suivis d’une rechute d’autant plus violente que la déception politique a été forte et que la crise de 2007 a entraîné le reflux rapide des capitaux étrangers. En 2009, le PIB chutait de 15 %.
Depuis l’Etat failli est aussi en faillite. Dans ce qui est peut-être devenu la plus grande économie souterraine du monde, les deux-tiers des recettes fiscales ne rentrent pas dans les caisses de l’Etat et son déficit budgétaire est désormais égal à 10 % du PIB. La déliquescence de l’Etat, de ses instruments régaliens, la perte de légitimité d’une classe politico-affairiste classée 144e dans le monde en termes de perception de probité, un indice de développement humain tombé au 78e rang laissent la population dans une situation d’angoisse qui suscite la fuite (7 millions d’Ukrainiens ont quitté le pays depuis 1992) ou une colère latente susceptible de se transformer à tout moment en insurrection violente.
Comme pendant la Révolution française, le déclencheur de la crise a été la banqueroute de l’Etat et sa recherche rapide de financement. Ce sauvetage financier, l’Union européenne et le FMI l’ont considéré à leur manière habituelle, imposant des réformes structurelles (comme la libéralisation du prix du gaz, synonyme de très forte augmentation, qui alimente toute la population) nécessaires à terme mais explosives immédiatement. A ces lendemains européens qui chantaient seulement dans le lointain, le gouvernement Ianoukovitch a finalement préféré l’aide immédiate de Moscou, suscitant la fureur immédiate de la jeunesse éduquée qui aspire à une vraie libéralisation du pays mais aussi des ultra-nationalistes, nettement moins nombreux mais bien mieux organisés. De cette insurrection de Kiev a émergé un nouveau pouvoir qui, à l’inverse cette fois de la Révolution française, n’a guère changé ni les individus, ni les institutions, accordant simplement plus de place aux extrémistes du mouvement Svoboda. Ce changement complet pour que rien ne change sinon au détriment des provinces russophones (qui se voient dès les premiers jours du gouvernement provisoire interdites d’utiliser officiellement leur langue) a immédiatement stimulé des mouvements de réaction de protection régionaliste, indépendantiste en Crimée et quasi-féodaux ailleurs.
Cet engrenage fatal est déjà dramatique en soi mais il est rendu plus aigu par la position de l’Ukraine au croisement des jeux de puissance américains ou russes et devant le regard atone de l’Union européenne. Par l’extension de l’OTAN jusqu’à 130 km de Saint-Pétersbourg, le projet de bouclier anti-missiles et la politique d’influence par le biais notamment des fondations (Carnegie en Ukraine), la politique de puissance américaine heurte directement la Russie dans ce qu’elle estime comme étant sa zone d’influence mais aussi sa sécurité propre. La Russie n’a pas hésité à s’engager face à la Géorgie en 2008 pour stopper cette avancée. Elle ne pouvait rester sans réagir à la possibilité d’une association avec l’Union européenne, perçue comme prélude à une adhésion, non que l’Union européenne soit une menace en soi mais parce qu’elle est considérée comme l’antichambre de l’OTAN. L’Ukraine sous protectorat américain, comme n’importe quel autre pays européen, était et restera inconcevable pour Moscou.
Avec les hésitations américaines, les incantations européennes et les décisions désastreuses du gouvernement provisoire de Kiev, une conjonction de paramètres favorables est apparue pour un « coup », coutumier de la politique russe. Action de force à la fois limitée, rapide et progressive, l’occupation en dix jours de la Crimée par quelques centaines de « soldats fantômes » est un modèle d’opération militaire « en dessous du niveau de la guerre ». Ce succès n’a toutefois été possible que grâce à, quoiqu’en disent les nationalistes ukrainiens, un vrai sentiment russophile majoritaire dans cette province, et à la totale inaction de l’armée ukrainienne, témoignant ainsi de sa perte de substance adossée depuis plus de vingt ans à un pouvoir sans âme et qui préférait consacrer ses faibles ressources aux organes de sécurité intérieure. On notera aussi qu’aucun des signataires du Mémorandum de Bucarest, garantissant depuis 1994 l’intégrité du territoire ukrainien n’a vraiment bougé, ni par ailleurs la Chine et la France qui s’y sont associées plus tard.
Dans un essai paru il y a dix ans, Bertrand Badie parlait de L’impuissance de la puissance. Selon lui, le temps des guerres interétatiques était révolu et l’emploi de la force armée finalement toujours négatif à notre époque post-moderne. Il semble pourtant que le positionnement de la 4e division blindée et la 2e division d’infanterie motorisée russes dans la région de Belgorod d’où elles peuvent à la fois, à foncer vers Kiev ou vers les provinces russophones du sud-est aient quand même un certain poids sur le cours de l’Histoire. Grâce à la réorganisation et à la modernisation en cours de son armée, la Russie dispose de tous les moyens pour peser sur les évènements depuis la gesticulation diplomatique (en retirant ou en ajoutant des forces) jusqu’à l’invasion du Donbass ou de la côte de la Mer noire, en passant par l’aide pour ou moins ouverte aux mouvements locaux favorables.
Les Etats européens à eux seuls auraient, encore pour un temps, suffisamment de moyens pour s’opposer à une invasion russe. Une brigade blindée projetée immédiatement à Kiev au début de l’occupation russe en Crimée et selon le même principe du fait accompli aurait été un signal fort. Il n’en a évidemment pas été question, les premières réactions précisant bien que « tout » serait fait pour faire pression sur la Russie voire la punir…à l’exception de la prise de risque. Une organisation qui met cinq mois pour envoyer 1 000 soldats à Bangui ne pouvait de toute façon faire mieux. On applique donc des sanctions économiques, qui ont pour effet de placer la Russie en récession, en oubliant que dans une économie ouverte, l’Europe en subira aussi le contrecoup tandis qu’à long terme, cette politique ne peut qu’encourager la Russie à se tourner de plus en plus vers la Chine, déjà allié de fait. Surtout, on oublie que l’origine des maux de l’Ukraine est quand même et avant tout ukrainienne mais que pour autant la stabilisation du pays ne pourra se faire sans la Russie.

Alors que l’on se focalise sur Vladimir Poutine, l’Ukraine est au bord de la guerre civile. Plusieurs scénarios sont désormais possibles. Dans l’un d’eux, des régions proclament unilatéralement leur indépendance dans le Sud et l’Est, le gouvernement de Kiev s’emploie à réduire par la force et au plus vite ces « groupes terroristes ». Le pays bascule dans la guerre civile, la Russie et, plus discrètement, les Etats-Unis interviennent dans le conflit. Dans une version extrême, les provinces rebelles se joignent à la Russie qui réalisent ainsi son projet de Grande Russie jusqu’à la Transnistrie. Dans un autre scénario, et en admettant que les groupes les plus extrémistes les écoutent, Russes et Occidentaux s’entendent pour peser sur les acteurs locaux et limiter la violence. Dans un deuxième temps, il sera nécessaire de repenser les institutions dans le sens d’un plus grand respect des régions, c’est-à-dire probablement une forme de fédéralisme, et dans celui d’une bien meilleure gouvernance. En préalable de tout, il paraît indispensable de proclamer ouvertement que l’Union européenne et l’OTAN n’accepteront jamais l’Ukraine comme membre. Dans tous les cas, la crise ukrainienne va durer et sa gestion va influer grandement sur l’avenir de l’Europe.

Source : lavoiedelepee.blogspot.de

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20 réactions et commentaires

  • DUGUESGLIN // 01.06.2014 à 05h40

    L’ avenir des peuples européens se joue en Ukraine.
    Si, par leur prise de conscience, ces peuples se libèrent du joug des Etats Unis et de l’Union Européenne alors un temps de paix et de prospérité sera possible.

    Plus que jamais le choix est entre l’Europe des peuples, ou une Europe-matière-première, vidée de son âme, taillable et exploitable à merci. Voilà ce qui se joue en ce moment.

    Nous sommes dans un tournant historique.

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  • DUGUESGLIN // 01.06.2014 à 06h18

    A quoi bon se prétendre pro-européen (sous-entendu pro UE) si c’est pour jouer le jeu de la division.
    Couper l’Europe en deux n’est pas profitable aux peuples européens.
    Ceux qui prétendent que l’UE est la paix mentent puisqu’ils diabolisent et menacent l’autre moitié de l’Europe et par cette attitude inconsciente (ou consciente) font obstacle à une vraie Europe, celles des peuples, de tous les peuples européens et non pas d’une Europe contre une autre Europe.
    Les anti-européens ne sont pas ceux qui contestent l’UE mais plutôt ceux qui veulent se l’approprier par la division et le mépris de l’expression populaire.

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  • Max // 01.06.2014 à 10h31

    Puisqu’on sait que le pays est divisé et que l’on connaît la délimitation presque exacte de cette division, pourquoi tout le monde ne fait pas tout pour scinder le pays en 2, la partie Ouest serait rattachée à l’UE et la partie Est à la Russie ? Il y a urgence.

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    • bipbip // 01.06.2014 à 13h58

      réponse quelque peu hypocrite

      c surtout que l’acier ukrainien se trouve à l’est et qu’on veut mettre la main dessus au détriment des popov

      toujours les memes crapuleries capitalistes aboutissant à des agressions impérialistes.

      y en a marre !

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    • casper // 01.06.2014 à 14h11

      Surtout que les 60% de l’ouest sont les moins intéressants d’un point de vue économique. Ils auraient l’air fin, nos maîtres du monde, avec la mauvaise moitie de l’Ukraine qui leur reste dans les mains après avoir tiré très fort dessus ^^

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      • Spipou // 01.06.2014 à 14h39

        Et avec Pravy Sektor à gérer en prime…

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      • Max // 01.06.2014 à 16h15

        et quand on pense aux discours que nous sortent les élites et leurs médias en France, c’est ahurissant. Pour ceux qui n’auraient pas vu cet exemple de propagande éloquent vu sur France2 :
        https://www.youtube.com/watch?v=XicTW1hd2Kk

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    • Spipou // 01.06.2014 à 14h37

      Oui, enfin là, je reviens à ma conception psychologique du pouvoir : nos gouvernants doivent avoir une sacrée case en moins pour imaginer qu’ils pourront prendre les 100% sans que la Russie ne finisse par réagir !

      Je pense que le manque d’intelligence (ou l’illusion de la surpuissance que décrit très bien Defensa) fait des ravages. Si ça ne faisait des ravages que dans les têtes des gouvernants en question ça ne serait qu’une source de plaisanteries pour nous et pour les caricaturistes, mais le malheur, c’est que ça a des conséquences sur la vie des gens. Quand je dis la vie… Il y a des gens qui se font tuer actuellement à cause de leur c…

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    • cording // 01.06.2014 à 19h27

      Parce que la Russie attendra le moment où l’Ukraine tombera d’elle-même (ou retombera) dans sa totalité de sa zone d’influence. Ou simplement la partie est la plus riche du pays voire plus. Qui sait?

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  • Hellebora // 01.06.2014 à 12h56

    Magistrale analyse. Utile pour clarifier sa pensée…

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  • Nérouiev // 01.06.2014 à 15h38

    Le plus difficile à comprendre c’est l’obsession américaine depuis 1945 à vouloir imposer leur néolibéralisme à la Terre entière. Quel est l’intérêt final si ce n’est profitable qu’à une petite minorité ? Je crois que c’est plus la peur de perdre leur statut que de gagner quelque chose, comme quand on crie devant le danger. Le confort a aussi besoin de cultures variées et nombreuses. De toute façon leur politique est trop rigide et fragile à long terme, et c’est déjà le long terme, pour être une finalité universelle. L’Europe en étant placée au centre devrait pouvoir bénéficier des avantages de la diversité plutôt que de finir dans la consanguinité avec les USA.

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    • V_Parlier // 01.06.2014 à 23h40

      La réponse est simple. Je ne sais plus quel américain (de poids) l’a donnée mais elle est la suivante: Le niveau de vie actuel des américains n’est pas négociable, quelles que soient les circonstances. Donc il faut compenser quelque part… pas forcément piller directement, mais indirectement. Et il faut éliminer toute concurrence possible: La détruire si elle est faible, en faire un ennemi public si elle est forte.

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    • harvest // 01.06.2014 à 23h58

      « Quel est l’intérêt final si ce n’est profitable qu’à une petite minorité ? » Et bien, imaginez vous au sein de cette petite minorité qui tire toutes les ficelles directement ou indirectement.

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  • DUGUESGLIN // 01.06.2014 à 15h40

    L’enjeu n’est pas de rattacher tout ou partie (60 % ou 40 %) de l’Ukraine à l’UE, mais d’affaiblir la Russie. Ils veulent que 100% de l’Ukraine soient séparés de la Russie. Laissant au passage le lourd fardeaux de l’Ukraine à l’UE.
    Le but est d’installer les forces de l’Otan dans les ports de la mer noire, et de perturber l’industrie dans l’Est. Les US ne se soucient pas de l’intérêt des ukrainiens( ni des européens en général), ils veulent empêcher le développement de la Russie et faire de l’Europe une filiale en supprimant toute concurrence. Ils ne veulent surtout pas que la Russie conserve son ouverture sur la mer noire, via la Méditerranée et le Golf. Donc ils ne veulent surtout pas de partition de l’Ukraine ni de fédéralisation, l’Est étant favorable à la Russie.
    Il faut remplacer l’UE par une vraie Europe, celle des peuples. L’Europe de l’Atlantique à l’Oural est un cauchemar pour les US. C’est pourquoi (par EU interposée) ils veulent pousser la moitié de l’Europe contre l’autre moitié. Et dans un cas extrême, s’il y avait une confrontation armée, elle se ferait en Europe et non en Amérique. La Russie, on peut le comprendre, se considère en légitime défense, mais l’UE aussi devrait se considérer en légitime défense et faire front commun avec la Russie. Dans le cadre de ce front commun la question de l’Ukraine ne se serait jamais posée. C’est pourquoi l’UE est carrément anti-européenne, contrairement à ce qu’elle veut nous faire croire. C’est aux peuples d’Europe que doit revenir le dernier mot.

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    • Nérouiev // 01.06.2014 à 15h59

      Tout à fait d’accord. La mer Noire est effectivement un grand enjeu pour la Russie et barrer l’Otan. La Crimée a bien rallongé leurs côtes, l’Abkhasie est entre parenthèses, quant au reste avec l’Ukraine du sud et de l’est ce serait une acquisition phénoménale. Il ne manquerait plus que la prise d’Istanbul à la Turquie et on aurait enfin un équilibre mondial et la paix car s’en serait fini de l’agressivité perpétuelle US.

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  • Un_passant // 01.06.2014 à 19h27

    Je ne sais pas, c’est peut-être ma perception mais… on dirait que les dirigeants occidentaux, Europe et EUA en sont restés à une vision du monde bloquée sur la guerre froide. Quoique le la réunification Allemande et l’élargissement de l’UE puissent laisser croire le contraire, il y a toujours dans la tête d’un certain nombre de personnes, un bloc de l’est et un bloc de l’ouest. Le plus désolant, c’est que cette visions semble particulièrement prégnante justement chez ceux qui seraient supposés être au plus près du changement. En fait, ce sont ceux qui en sont le plus loin.

    Il y a une autre possibilité, mais elle est… assez écœurante : les pays occidentaux de l’ancien bloc occidental préfèrent se créer un adversaire russe que de simplement reconnaître les pôles émergents (je n’ose même pas évoquer la possibilité de les affronter -au sens de concurrence j’entends-) Chine, Inde et l’émergente Afrique (même si elle part de loin).

    Au final, le bloc occidental, par ses dirigeants -qui sont à ce stade d’une incompétence criminelle à mes yeux- se dirige vers sa propre perte.

    Un commentateur évoquait l’idée de l’économie capitaliste, pour subsister à besoin d’un ennemi. C’est oublier la Suisse. Je sais, on va me rabâcher la sujet éculé du coffre-fort et j’en passe. Mais justement, j’ai noté quelques comparaisons avec la France qui devrait appeler tout esprit raisonnable à se poser quelques questions :

    Les banques, ça explique sa monnaie forte. Ce point balayé, passons au reste, la partie intéressante. Je vais balayer un autre point concernant la monnaie et l’euro : l’Italie aurait du voir son industrie laminée, elle a mieux résisté que l’industrie française.

    Les entreprises suisses industrielles conservent des capacités compétitives malgré des salaires parfois trois plus élevés qu’en France.
    Des PME de services -comme par exemple la création de sites web- sont à peine plus chères que les françaises pour une qualité égale pour ne pas dire supérieure.

    Quelle est la vraie différence?
    Son code du travail : il est infiniment plus simple.
    Sa stabilité législative.
    Son exemplarité démocratique
    C’est un pays qui privilégie le plus souvent la neutralité dans les conflits (je croyais que le capitalisme a besoin de guerres).

    Mais il y a encore plus important : le départ en retraite progressif. Le concept est le suivant, vous faites moins d’heures, vous êtes moins payé et le complément est versé a titre de la retraite, donc vous conservez votre pouvoir d’achat. Pour les entreprises, point essentiel, vous conservez le savoir-faire et vous rendez capable de le transmettre. Ainsi vous conservez le savoir-faire et avec les jeunes, vous apportez la capacité d’innovation, il y a lien entre le passé, le présent et une ouverture sur l’avenir.

    En France, on met en retraite anticipée et on procède au roulement des stagiaires.

    Revenons à la géopolitique. On présente souvent les EUA comme la démocratie reine alors qu’ils ont l’attitude d’un empire des plus hypocrites. En matière de démocratie, la Suisse ou les pays Scandinaves sont bien plus exemplaires. Au final, j’ai bien l’impression que certains dirigeants de nos démocraties restent envieux des systèmes oligarchiques ou nobiliaires comme l’Ancien Régime. Ils se voudraient Louis XIV dans un royaume de la taille des EUA. Qu’ils prennent garde à ne finir comme Louis XVI. mais je ne jourai pas Robespierre XD

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  • Jacques // 02.06.2014 à 00h21

    Très bon résumé de la situation et des enjeux. Merci de nous le faire connaître. C’est réconfortant de constater une telle lucidité chez un spécialiste des questions militaires, enseignant à Sciences Po. On peut espérer que ses idées atteignent les décideurs.

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  • citoyen du monde // 02.06.2014 à 01h51

    Les USA sont devenues plus que nuisibles, mais insupportables; après avoir été le pays « indispensable ». Ils n’ont plus que l’immobilisme ou le chao à imposer en lieu et place de toute coopération. Fut un temps ou les pays européens étaient considérés comme une alternative aux USA qui ne cessaient de manifester une arrogance croissante. La construction de l’euro et de l’Europe ont fait croire un temps que l’alternative se concrétisé, surtout que l’URSS se décomposait. Personne ne voyait que la vassalisation de l’Europe était en cour. Le rôle joué par américains dans l’élection de Sarkozy a finalisé la soumission du seul pays européens qui défendait une Europe européenne. Sarkozy a été élu pour cela. Cette soumission a été fatale pour la paix mondiale.

    Personne n’a vu, par ailleurs, la vitesse d’émergence de la chine qui progresse en ayant le regard vissé sur son histoire et l’attitude occidentale depuis l’agression tripartite (USA ; GB ; France). La Chine installera sa puissance inexorablement et cela est justifié.

    La réémergence de la Russie relève du même mécanisme. A voir les bases américaines autour de la Russie, on a peine à croire que les Russes soient capable de cette passivité. Il faut reconnaître à Poutine la qualité d’un homme d’état rare aujourd’hui en Europe. Il a reconstruit un état donné moribond, sans compromettre la paix mondiale, et tout en défendant sa zone de sécurité.

    Pendant ce temps les USA n’ont cessé de guerroyer un peu partout à des milliers de Km des chez eux ; pour enfin de compte fabriquer une mouvance terroriste directement et indirectement avec qui elle coopère en Syrie par Turquie interposée, sans oublier les vassaux du golf persique. Le jeu dangereux qu’elle joue actuellement en Ukraine risque fort d’exploser en véritable guerre. L’étape de guerre civile est déjà la. Tout cela fait de l’Amérique l’état le plus terrorisant au monde.

    C’est aux peuples de ces anciennes démocraties de sauver la situation avant que la société de droit ne disparaisse. Il ne faut rien attendre de la classe dirigeant européenne actuelle. Ils sont déjà dans le mépris des peuples, l’habit de despotes n’est pas loin.

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  • Hellebora // 02.06.2014 à 22h20

    Un nouveau fan du blog « les-crises.fr » en la personne de Régis de Castelnau (sa série Fête des voisins est parfois fort réjouissante) :

    Les militaires disent des choses intelligentes. Les politiques des âneries. #Ukraine
    http://www.les-crises.fr/crimee-chatiment-michel-goya/

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  • Hellebora // 05.06.2014 à 23h57

    Discours de Václav Klaus, ancien Président de la République Tchèque, du 25 avril 2014
    Article publié le 04.06.2014 sur http://www.lesobservateurs.ch/2014/06/04/klaus/

    « Les résultats désastreux de l’économie, la perte de respect du reste du monde face à l’Europe, le fameux déficit démocratique qui se creuse, l’avancée de la frustration et d’autres caractéristiques du même type, tout ceci ne peut plus être dénié en Europe et ne semble guère inquiéter les gens. C’est ce qui m’interpelle. »
    – La vague migratoire actuelle en Europe se fonde sur le désintérêt marqué des frontières, l’acceptation grandissante de l’idéologie du multiculturalisme et l’extension d’un Etat social toujours plus généreux. Ces trois aspects tiennent une place importante dans la conception d’une Europe, certes, non encore transformée en idéologie, mais qui influence depuis quelque temps la pensée et le comportement des gens de notre continent.
    – Nous sommes nombreux à savoir que l’UE est une entité post-démocratique et post-politique.
    Après dix années (moins cinq jours) d’adhésion à l’UE, nous le ressentons fortement en République tchèque. Nous, le peuple, n’avons pas de raison de fêter cet anniversaire. L’analyse coûts-bénéfices n’est pas évidente. Nous ne sommes pas sûrs d’y avoir gagné.
    – Le report des compétences de certains Etats au sein de l’UE consiste généralement en un affaiblissement malheureux de l’institution étatique en faveur d’un renforcement d’un super-Etat européen, de l’UE, moins démocratique que chacun de ses Etats membres. L’intégration européenne actuelle ne promeut pas la liberté et la démocratie en Europe, mais l’affaiblit.
    – Je prétends que la gigantesque déstabilisation politique de l’Ukraine n’était pas une réelle révolte du peuple, mais une révolution importée non advenue en Russie. Ses organisateurs avaient d’autres objectifs et ambitions que d’introduire la liberté et la démocratie en Ukraine. Ils voulaient provoquer un affrontement avec la Russie.
    – Provoquer artificiellement une nouvelle ère de tensions en Europe et dans le monde, déstabiliser le statu quo mondial et en revenir à la guerre froide ne serait-ce qu’en parole, est une méthode dangereuse pour détourner l’attention des populations des échecs évidents du processus d’intégration européen, de l’euro, des dettes insupportables et des manœuvres géopolitiques incompréhensibles pour les gens normaux.
    – Nous, les Tchèques avons eu, une forme de «Brave New World», c’était le communisme, éliminé il y a 25 ans, nous en savons quelque chose. Nous ne sommes pas naïfs et n’avons pas imaginé que l’adhésion à l’UE serait l’entrée au paradis. La réalité est toutefois plus grave qu’on ne s’y attendait…..

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