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13.avril.201513.4.2015 // Les Crises

Du tabou…

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J’ai été assez étonné que, dans la triste affaire Charlie Hebdo, on ait si peu parlé de la notion de tabou, qui est pourtant centrale en l’espèce.

Je vous propose du coup un extrait sur ce sujet du livre Totem et tabou, de Freud. En l’espèce, il traite peu de psychanalyse se basant sur les travaux de l’anthropologue Northcote W. Thomas et du psychologue Wilhem Wundt. Le livre date de 1913, donc j’imagine que d’autres travaux ont été menés depuis 🙂 , mais cela représente une bonne base de réflexion…

Extraits du livre Totem et Tabou, de Sigmund Freud

Chapitre II. Le tabou et l’ambivalence des sentiments

Tabou est un mot polynésien, dont la traduction présente pour nous des difficultés, parce que nous ne possédons plus la notion qu’il désigne. Il était encore familier aux anciens Romains ; leur sacer était identique au tabou des Polynésiens. L’αγιος des Grecs, le Kodausch des Hébreux devaient avoir le même sens que le tabou des Polynésiens et les désignations analogues chez beaucoup d’autres peuples de l’Amérique, de l’Afrique (Madagascar), du Nord et du Centre de l’Asie.

Pour nous, le tabou présente deux significations opposées : d’un côté, celle de sacré, consacré ; de l’autre, celle d’inquiétant, de dangereux, d’interdit, d’impur. En polynésien, le contraire de tabou se dit noa, ce qui est ordinaire, accessible à tout le monde. C’est ainsi qu’au tabou se rattache la notion d’une sorte de réserve, et le tabou se manifeste essentiellement par des interdictions et restrictions. Notre expression ter­reur sacrée rendrait souvent, le sens de tabou.

Les restrictions tabou sont autre chose que des prohibitions purement morales ou religieuses. Elles ne sont pas ramenées a un commandement divin, mais se recommandent d’elles-mêmes. Ce qui les distingue des prohibitions morales, c’est qu’elles ne font pas partie d’un système considérant les abstentions comme nécessaires d’une façon générale et donnant les raisons de cette nécessité. Les prohibitions tabou ne se fondent sur aucune raison ; leur origine est inconnue ; incompréhensibles pour nous, elles paraissent naturelles à ceux qui vivent sous leur empire.

Wundt dit que le tabou représente le code non écrit le plus ancien de l’humanité. Il est généralement admis que le tabou est plus ancien que les dieux et remonte à une époque antérieure à toute religion. […]

« Le châtiment pour la violation d’un tabou était considéré primitivement comme se déclenchant automatiquement, en vertu d’une nécessité interne. Le tabou violé se venge tout seul. Quand des représentations de dé­mons et de dieux, avec lesquels le tabou est mis en rapport, commencent à se former, on attend de la puissance de la divinité un châtiment automatique. Dans d’autres cas, à la suite probablement d’un développement ultérieur de la notion, c’est la société qui se charge de punir l’auda­cieux dont la faute met en danger ses semblables. C’est ainsi que le système de l’hu­ma­nité, dans ses formes les plus primitives, se rattache au tabou.

« Celui qui a violé un tabou est, de ce fait, devenu tabou lui-même. Certains dan­gers découlant de la violation d’un tabou peuvent être conjurés à l’aide d’actes de pénitence et de cérémonies de purification. […]

Mais je crains qu’un exposé plus détaillé de ce que nous savons concernant le tabou ne serve qu’à compliquer davantage les choses qui, les lecteurs peuvent m’en croire, sont d’une obscurité désespérante. Il s’agit donc d’une série de limitations auxquelles ces peuples primitifs se soumettent ; ils ignorent les raisons de telle ou telle interdiction et l’idée ne leur vient même pas de les rechercher ; ils s’y soumettent comme à des choses natu­relles et sont convaincus qu’une violation appellerait automatiquement sur eux le châtiment le plus rigoureux. […]

Ce qu’il y a de plus bizarre dans tout cela, c’est que celui qui a eu le malheur de violer une de ces prohi­bitions, devient lui-même prohibé et interdit, comme s’il avait reçu la totalité de la charge dangereuse. […]

Nous avons une vague idée que le tabou des sauvages de la Polynésie ne nous est pas aussi étranger que nous étions disposés à le croire tout d’abord ; que les prohibitions, édictées par la coutume et par la morale, auxquelles nous obéissons nous-mêmes, se rapprochent, dans leurs traits essentiels, du tabou primitif et que l’explication de la nature propre du tabou pourrait projeter une certaine lumière sur l’obscure origine de notre propre « impératif catégorique ». […]

« Le tabou provient de, la même source que les instincts les plus primitifs et les plus durables de l’homme : de la crainte de l’ac­tion de forces démoniaques ». […]

Wundt nous apprend ainsi que le tabou est une expression et une conséquence de la croyance des peuples primitifs aux Puissances démoniaques. […]

Celui qui abordera le problème du tabou, armé des données de la psychanalyse, c’est-à-dire des données fournies par l’examen de la partie inconsciente de notre vie psychique, s’apercevra, après une courte réflexion, que les phénomènes dont il s’agit ne lui sont pas inconnus. Il connaît des personnes qui se sont créé elles-mêmes des prohibitions tabou individuelles, prohibitions qu’elles observent aussi rigoureusement que le sauvage obéit aux prohibitions communes à sa tribu ou à sa société. Si notre psychanalyste n’était pas habitué à désigner ces personnes sous le nom de malades atteints d’une névrose obsessionnelle, il trouverait que le nom de « Maladie du tabou » convient très bien pour caractériser leur état. […]

La première ressemblance, et la plus frappante, entre les prohibitions obsession­nelles (chez les nerveux) et la tabou consiste en ce que ces prohibitions sont aussi peu motivées que le tabou et ont des origines tout aussi énigmatiques. Ces prohibitions ont surgi un jour, et depuis lors l’individu est obligé de subir leur contrainte en vertu d’une angoisse irrésistible. Une menace extérieure de châti­ment est superflue, car le sujet possède une certitude intérieure (conscience) que la violation de la prohibition sera suivie d’un malheur intolérable. Tout ce que les malades obsédés sont à même de dire, c’est qu’ils ont un pressentiment indéfinissable que la violation serait une cause de préjudice grave pour une personne de leur entou­rage. Ils sont incapables de dire de quelle nature peut être ce préjudice, et encore ce renseignement si vague n’est-il obtenu que plus tard, lors des actions (dont nous parlerons plus loin) de préservation et d’expiation, et non à propos des prohibitions elles-mêmes. […]

Le monde entier finit quelquefois par être frappé d’impossibilité. Les malades obsédés se comportent comme si les personnes et les choses « impossibles » étaient les sour­ces d’une dangereuse contagion, prête à s’étendre par con­tact à tout ce qui se trouve dans le voisinage. […]

Résumons les points sur lesquels porte la ressemblance entre les coutumes tabou et les symptômes de la névrose obsessionnelle. Ces points sont au nombre de quatre : 1° absence de motivation des prohibitions ; 2° leur fixation en vertu d’une nécessité interne ; 3° leur facilité de déplacement et contagiosité des objets prohibés ; 4° existence d’actions et de commandements cérémoniaux découlant des prohibitions. […]

L’homme qui a enfreint un tabou devient tabou lui. même, car il possède la faculté dangereuse d’inciter les autres à suivre son exemple. Il éveille la jalousie et l’envie : pourquoi ce qui est défendu aux autres serait-il permis à lui ? Il est donc réellement contagieux, pour autant que son exemple pousse à l’imitation, et c’est pourquoi il doit lui-même être évité. […]

On comprend, en outre, fort bien pourquoi la transgression de certaines prohibi­tions tabou présente un danger social et constitue un crime qui doit être puni ou expié par tous les membres de la société, s’ils veulent échapper à ses désastreuses consé­quences. […]

Résumons maintenant ce que nous gagnons, au point de vue de l’intelligence du tabou, grâce à sa comparaison avec la prohibition obsessionnelle du névrosé. Le tabou est une prohibition très ancienne, imposée du dehors (par une autorité) et dirigée contre les désirs les plus intenses de l’homme. La tendance à la transgresser persiste dans son inconscient ; les hommes qui obéissent au tabou ont une ambivalence à l’égard de ce qui est tabou. La force magique, attribuée au tabou, se réduit au pouvoir qu’il possède d’induire l’homme en tentation ; elle se comporte comme une contagion, parce que l’exemple est toujours contagieux et que le désir défendu se déplace dans l’inconscient sur un autre objet. L’expiation de la violation d’un tabou par une renon­ciation prouve que c’est une renonciation qui est à la base du tabou.

 

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Anne // 13.04.2015 à 01h34

En fait ce serait une peur maladive, collective, qui se serait emparée des Charlies….

Une frousse terrible qui les a agglomérés en foule défilante, et ensuite les poursuites et persécutions contre les « non Charlies  » seraient la conséquence d’instincts extrêmement primitifs.
D’accord, c’est tout à fait intéressant.
Cependant il y a derrière et à l’origine du tabou, le sorcier, le prêtre, celui qui va mettre en œuvre la force du tabou, pour manipuler la tribu primitive, la faire agir dans le sens choisi…
Pour les Charlies c’est un phénomène trés intéressant de ce point de vue car notre monde ou les massacres et les tueries sont quasi quotidiens ne suscitent que trés peu de réactions…alors mettre en branle tous ces Charlies…

Donc ici il y a eu une cristallisation et une expression des peurs tout à fait exceptionnelle par rapport aux événements…comment s’est produit cette cristallisation, fut elle spontanée ou instrumentalisée ?
Cela paraît peu rationnel de penser que ce fut un tout â fait spontané…
Aie…on va dire que je suis complotiste…comme si jamais personne n’avait jamais manipulé les foules ou sponsorisé des études sur le sujet…pour en faire bon (ou surtout mauvais) usage…

62 réactions et commentaires

  • Anne // 13.04.2015 à 01h34

    En fait ce serait une peur maladive, collective, qui se serait emparée des Charlies….

    Une frousse terrible qui les a agglomérés en foule défilante, et ensuite les poursuites et persécutions contre les « non Charlies  » seraient la conséquence d’instincts extrêmement primitifs.
    D’accord, c’est tout à fait intéressant.
    Cependant il y a derrière et à l’origine du tabou, le sorcier, le prêtre, celui qui va mettre en œuvre la force du tabou, pour manipuler la tribu primitive, la faire agir dans le sens choisi…
    Pour les Charlies c’est un phénomène trés intéressant de ce point de vue car notre monde ou les massacres et les tueries sont quasi quotidiens ne suscitent que trés peu de réactions…alors mettre en branle tous ces Charlies…

    Donc ici il y a eu une cristallisation et une expression des peurs tout à fait exceptionnelle par rapport aux événements…comment s’est produit cette cristallisation, fut elle spontanée ou instrumentalisée ?
    Cela paraît peu rationnel de penser que ce fut un tout â fait spontané…
    Aie…on va dire que je suis complotiste…comme si jamais personne n’avait jamais manipulé les foules ou sponsorisé des études sur le sujet…pour en faire bon (ou surtout mauvais) usage…

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    • davski // 13.04.2015 à 04h06

      En dehors d’une possible manipulation, la distance kilométrique du drame et le fait qu’il touche des confrères a sûrement contribué à l’emballement médiatique.
      Dès qu’un journaliste parisien meurt dans son lit on y a droit au 20h. Alors quand c’est au bout d’une kalash..!

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    • Darkman // 13.04.2015 à 10h15

      J’ai participé aux manifestations en hommage, comme je l’ai fait de nombreuses fois en nombreuses occasions.
      Nous sommes nombreux dans ce cas et nous rions en voyant de petits prétentieux analyser notre comportement derrière leur PC et redoubler d’imagination pour se convaincre que nous avons agi par peur et en étant manipulés.

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      • Status Quo // 13.04.2015 à 12h23

        Bonjour,
        Ben moi, je ne rie pas du tout.Je trouve ça grave que tous ces gens soient sortis en manif organisée et vous savez pourquoi?parce que j’ai pas très bien compris en quoi cela avait à voir avec la libre expression.
        Insulter par des dessins, ça reste une insulte, à croire que ces dessinateurs n’avaient pa assez de talent pour exprimer finement ce qu’ils avaient à dire.
        Comment imaginez vous un monde où on insulterait son voisin et tout le monde?
        La liberté d’expression n’est pas la permission d’insulter qui on veut.

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        • Status Quo // 13.04.2015 à 12h26

          à quand un dessin de Valls en train de se faire sodomiser par moumou et occupé à faire une pi*** à Sarko?
          Je voudrai bien voir ça tiens, en hommage à libre expression!!!!!!

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          • Darkman // 13.04.2015 à 14h18

            La liberté d’expression est définie de façon très précise en France et ce que faisait CH en faisait partie.

            Vous pouvez ne pas être d’accord avec la définition française de la liberté d’expression, mais si vous ne voyez vraiment pas le rapport entre celle-ci et les manifestations je vous suggère de réviser vos classiques.

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      • raloul // 13.04.2015 à 21h22

        Bonjour!

        « en étant manipulés »

        Vu de Suisse, je peux vous assurer que les manifestations de janvier en France ont donné un charmant spectacle de manipulation des masses. Je comprends le besoin sincère de recueillement, de communion, de partage face à la barbarie. Mais ne me faites pas croire que la récupération politique qui a été faite de l’événement vous aurait échappée… Je suis sûr que vous n’êtes pas naïf à ce point. Mais si la critique des comportements moutonniers qui ont pu être observés à cette occasion vous fait rire, tant mieux! Mieux vaut partager un bon rire que se prendre la tête pour des broutilles.

        Je ne me sens aucunement « prétentieux » à décrire cela, et n’étant pas Français, je ne suis pas aussi directement concerné par le sujet que d’autres commentateurs sur ce blog.
        Cependant, je vous jure qu’un tel conformisme de pensée, un tel unisson des médias et politiques français me fait un petit peu froid dans le dos, quelque part et brièvement. Je préfère ne pas trop y penser, et me concentrer sur les résistants à la doxa.
        On peut être sincèrement touché par les évènements, mais de là à arborer du « je suis Charlie » à toutes les sauces, il y a un abîme, dont on ne se rend peut-être pas compte dans le feu de l’action; je me garde donc bien de porter un jugement (et surtout un jugement de valeur) sur ces délires collectifs. Peut-être correspondent-ils à des besoins fondamentaux de l’homme, bien plus puissants que la maigre couche de rationnalité en surface…

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        • boduos // 13.04.2015 à 22h24

          @raloul
          comme toi je vais de surprise en surprise: 60% de français seraient favorables à la nouvelle loi sur le renseignement. (ce qui n’aurait pas empêcher les 18 morts des 7 et 9 janvier puisque se sont les services de renseignements sous les ordres du premier sinistre qui avaient levé délibérément la surveillance des frères kouachi et de coulibaly ) suite à ces 18 morts les français abdiquent donc la totalité de leurs liberté ,acceptent les poses de micro et cameras dans leur chambre à coucher ou leur véhicule, acceptent que leurs avocats,syndicalistes,enfants,médecins,confesseurs,responsables politiques,associations…..soient écoutés en totalité et en permanence,….

          et pourquoi nous arrêter en si bon chemin face aux 3600 morts sur les routes ,12000 morts de maladie nosocomiales ,22000 suicides ,32000 morts par allergie , 36000 dues a l’obésité -coca-mal bouffe….

          il parait qu’en cas d’abus,le pékin français (mis au régime chinois des libertés) pourra avoir un recours,sachant que ces technologies ne clignotent pas pour se signaler et qu’il faudrait un sacré coup de bol pour les détecter;
          et quid de tous nos visiteurs,amis,interlocuteurs…pris dans le filet du chalut espion?

          Droite et gauche sont favorables à cette forfaiture à la liberté . on se demande ce que les deux sœurs endeuillées « égalité-fraternité » deviendront .

          toi ,le suisse,tu as Guillaume Tell contre son bailli et son chapeau à saluer,nous on a Manuel et son Charlie à révérer .

          tout ce qui est excessif étant insignifiant,l’Histoire rira de cet intermède politique dont les acteurs n’ont pas mesuré le ridicule tant ils croient tenir la pierre philosophale du pouvoir qui leur assurerait une alternance perpétuelle,passe moi le sel ,je te donne le séné.mdr.

            +5

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        • Status Quo // 14.04.2015 à 09h45

          @Darkman,
          je vous retourne le conseil:

          « provocation à la discrimination, à la haine raciale ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée »

          http://j.poitou.free.fr/pro/html/cens/lex.html
          ch était largement condamnable si il n’avait pas eu l’appui inconditionnel de nos politicards de pacotille.

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          • Status Quo // 14.04.2015 à 10h16

            Malgré ma répulsion pour ch, (dessins grossiers niveau cacapipiboudin), texte d’une vulgarité sans nom, j’ai moi aussi été peiné pour ces crimes.
            Ce qui m’a choqué, c’est la violence, l’agression visant à tuer des gens totalement désarmés.
            De la même mainière, EXACTEMENT, je suis révulsé devant les crimes que nous commettons sur les populations, les civils dans d’autres pays.
            C’est vrai, je suis également choqué et le fait qu’ils soient Français ne me fait pas plus réagir que je réagirai devant l’assassinat en masse de civils.
            Je trouve cela vraiment impudique de pleurer seulement ces morts là, comme si leurs vies avaient plus d’importance que celle des autres.
            Ben non, je connaissais aucun des tués comme je ne connais aucun des assassinés ailleurs.
            La sensiblerie hypocrite d’une certaine masse me fait vomir.

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    • franckmilan // 13.04.2015 à 18h16

      remettez vous !! l’émotion du quidam des deux premiers jours est retombée nette : on est en guerre ?? on va se faire allumer aussi ?? bref chacun y mettait ce qu’il voulait d’où un sentiment sinon national, au moins un sentiment citoyen important… ) !! las, les commentateurs et autres journalistes ( -de 5 % DE COTE D’AMOUR ) ont définitivement éteint l’étincelle…bref ce que représente charlie AUJOURD’HUI tout le monde s’en tape …sauf sur ce site ??? …

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      • FifiBrind_acier // 13.04.2015 à 19h04

        Tout le monde s’en tape, sauf Valls. Qui vient de défendre à l’ Assemblée Nationale sa loi liberticide au nom de la « guerre contre le terrorisme… » qui dure quand même depuis 2001.

        Charlie Hebdo n’était plus le journal anar depuis l’arrivée de Val, BHL et Fourest, mais un journal néo cons, qui menait la guerre contre l’ Islam dans le cadre du « choc des civilisations ». Sous couvert de « défense de la liberté d’expression ».

        Voici un tableau, qui montre les réseaux néo cons.
        https://anticons.wordpress.com/ Cliquez sur le tableau.

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    • Subotai // 13.04.2015 à 18h25

      Vision vraiment limité du « sorcier », du « tabou » et du « prêtre » et c’est vraiment prendre les humains pour des cons.
      A part le petit nombre de toujours manipulable, les gens ne restent manipulables que tant qu’ils estiment que c’est leur intérêt.
      Faire porter le poids de sa responsabilité à d’autres.

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    • Bof // 14.04.2015 à 19h19

      Je n’avais jamais vu la télé et les journaux dans le rôle du chaman, relayant le pouvoir ou un équilibre voulu par la société ou une partie de la société.

      Aurions-nous troqué le pouvoir religieux par ce pouvoir d’orientation des pensées, aussi pernicieux que le précédent ?

      La question de la légitimité de l’orientation de l’opinion, et donc des actions menées en conséquence se pose.

      Autant dans une tribu de petite taille, où chacun voit et comprend les actions, choix et pensées de l’autre, autant il semble difficile d’aborder intelligemment les actions et leurs justifications des autres dans une société de taille conséquente.

      Dans le premier cas, la gestion de la tribu par le haut (hiérarchie tempérée/gérée par le chaman) est facilement opposable à la gestion par le bas (les actions collectives des quidam).

      Dans l’autre cas (la société de grande taille), l’information et l’explication devrait se situer du côté de la population afin d’établir le même schéma d’opposition que pour la tribu.
      J’ai l’impression que cette opposition se construit sur les blogs tels que celui-ci.

      Les autres moyens : les associations, l’art contestataire, ont été noyautés et désactivés.

      Est-ce pour cela que la lutte pour le contrôle d’internet s’intensifie ?

        +0

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  • dupontg // 13.04.2015 à 02h20

    Les transmissions comportementales se font involontairement de generations en generations,et finissent par devenir totalement incomprehensibles..

    un exemple qui illustre tres bien ce processus:

    « ne pas mettre ses coudes sur la table »….discours entendu mille fois par les enfants des années 50 pour des raisons tres pragmatiques de recoudre et reparer les trous dans les manches…

    Aujourd’hui le message est passé aux generations suivantes mais sous la forme de « savoir se tenir »,etant donné que la raison materielle a disparu avec la profusion de fringues ..

    Les enfants devenus adultes ont simplement repeté le modele de leur education sans en avoir compris les fondements..

      +10

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  • dupontg // 13.04.2015 à 02h31

    nous ne serions finalement que des singes..

    le tabou ou la banane?

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Théorème_du_singe

    Une vingtaine de chimpanzés sont isolés dans une pièce où est accrochée au plafond une banane, et seule une échelle permet d’y accéder. La pièce est également dotée d’un système qui permet de faire couler de l’eau glacée dans la chambre dès qu’un singe tente d’escalader l’échelle.

    Rapidement, les chimpanzés apprennent qu’ils ne doivent pas escalader l’échelle. Le système d’aspersion d’eau glacée est ensuite rendu inactif, mais les chimpanzés conservent l’expérience acquise et ne tentent pas d’approcher de l’échelle.

    Un des singes est remplacé par un nouveau. Lorsque ce dernier tente d’attraper la banane en gravissant l’échelle, les autres singes l’agressent violemment et le repoussent. Lorsqu’un second chimpanzé est remplacé, lui aussi se fait agresser en tentant d’escalader l’échelle, y compris par le premier singe remplaçant.

    L’expérience est poursuivie jusqu’à ce que la totalité des premiers chimpanzés qui avaient effectivement eu à subir les douches froides soient tous remplacés. Pourtant, les singes ne tentent plus d’escalader l’échelle pour atteindre la banane. Et si l’un d’entre eux s’y essaye néanmoins, il est puni par les autres, sans savoir pourquoi cela est interdit et en n’ayant jamais subi de douche glacée.

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    • atomix // 13.04.2015 à 04h39

      Ça aurait été pertinent si l’expérience avait vraiment été réalisée avec les résultats supposés.

      http://www.answers.com/Q/Did_the_monkey_banana_and_water_spray_experiment_ever_take_place

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      • bluetonga // 13.04.2015 à 13h17

        Merci pour le lien, Atomix. Mais même si cette expérience bien connue (?) s’avère au bout du compte incertaine ou inexistante, il n’est pas clair qu’elle ne pourrait effectivement se réaliser si on en croit un auteur comme Frans de Waal, expert es primates, qui livre ici une interview – et un plaidoyer – sur leurs compétences cognitives et éthiques :

        http://blogs.plos.org/blog/2012/03/27/should-chimpanzees-have-moral-standing-an-interview-with-frans-de-waal/

        Qui sait, la prochaine question sera peut-être un jour : en qui ou en quoi croient les chimpanzés (ou le bonobos, ou les gorilles?)?

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        • atomix // 13.04.2015 à 15h33

          Oui les animaux supérieurs (loups, gorilles, dauphins, chimpanzés, etc.) ont une morale: ils aiment leur progéniture. Par exemple, si un individu inapte se reproduit, l’individu et/ou sa progéniture sera chassé ou tué par le groupe. Contrairement aux humains, bête amoral, où les parents ou les voisins utiliseront sa progéniture comme esclave-objet sexuel.

          Et non, il ne croit pas en dieux. C’est probablement un concept trop pervers pour être développé dans une société morale. Les animaux sont dans le ici maintenant. Ils sont soit assez développés pour gérer leur population et la population des autres espèce, ou soit assez développés pour laisser leur population se faire gérer par une autre espèce. Ce qui n’est manifestement pas le cas de l’Homme.

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          • dupontg // 13.04.2015 à 16h28

            Ils ne croient pas en Dieu ,peut etre,
            mais certains croient en leur maitre ou en l’Homme ce qui ne vaut pas mieux

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    • ulule // 14.04.2015 à 04h21

      Mais les chimpanzés auraient pu se faire la courte échelle puis partager le butin…

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  • theuric // 13.04.2015 à 02h50

    Merci de cette approche, Monsieur Berruyer, qui ouvre des perspectives passionnantes.
    Il serait intéressant de réfléchir à cet hybris, ce plus d’orgueil, qui, chez les grecs anciens, pouvait valoir la peine de mort.
    Ne pourrions pas nous demander si, d’une certaine façon, ce ne serait pas le stade suivant le tabou, c’est à dire si la condamnation à mort d’une personne qui, à l’époque, transgressait les interdits de la société de la Grèce antique, était telle, c’était pour écarter les personnalités qu’aujourd’hui nous désignerions comme étant psychopathes, soit comme étant totalement insensibles autant aux lois régissant la cité, aux tabous et au sacré qu’à toute forme d’empathie?
    Si nous considérons, en effet, que nos sociétés évoluent, comme il peut en être du monde du vivant ou de l’entièreté de l’univers, nous pouvons percevoir que cette évolution se fit autant par bond que par étapes progressives.
    Ainsi pouvons-nous également comprendre les réactions violentes lors des cérémonies suivant les attentats de Janvier comme, justement, des réactions collectives face au refus de ces cérémoniels, il s’agissait là de quelque chose s’approchant d’un tabou, voire de la perception d’un hybris, même si c’est faux.
    Passons sur le pourquoi de l’émergence de ces cérémonies mais pensons au pourquoi de cette réaction.
    Il peut y en avoir trois causes: une régression sociétale, une manipulation régressive ou alors, et cette solution acquerrait plutôt mon approbation, une configuration des deux propositions précédentes, soit, dans le même temps, une régression sociétale doublée d’une manipulation de type publicitaire, donc régressive (une publicité ne pouvant que l’être, régressive).
    Mon attention se porterais plutôt sur l’aspect régressive de notre société que je situerais sur deux plans:
    -Une régression collective dans toutes les dimensions sociales complexes que je situerais difficilement précisément, avec, par exemple, une aristocratie d’argent à comparer aux l’aristocratie d’épée d’antan, un art en déshérence, bien plus archaïque en musique par un rap purement scandé, un monde politique très proches des despotismes du XIX° siècle,…;
    -Qui se sera cristallisé plus tard, me semble-t-il, d’une rétrogression sociale que je situerais vers la fin du XIX° siècle lorsque l’économie-monde se sera effondré (ce qui risque de ne pas être la dernière crise économique mais la plus importante) et un retours sur des bases sociétales de cette date, soit ce qui fut, en France, la III° république.
    Notre présent,ainsi, est des plus surprenants, fait de confusions et d’enchevêtrements inconscients et sociétaux complexes et anciens, tenant d’un passé parfois primitif: même si notre technologie dépasse, et de loin, tout ce qui se fit jusqu’à maintenant, il est toutefois à remarquer que le rôle que beaucoup de nos contemporains assignent à cette dite technologie a quelque chose à voir avec une pensée quasiment animiste.
    Il s’agit donc bien d’une pensée purement magique, c’est à dire totalement déconnecté du lien entre une cause et ses effets, cela lié à un retours du mélange, de la confusion et de l’amalgame, sensible en politique, par exemple, et de l’ascendance du pouvoir exécutif sur ceux judiciaire et législatif, des poursuites, en science, de recherches ne donnant aucun résultat, comme la théorie des cordes ou du rejet d’une origine semi-aquatique de l’homme plus logique que celui d’un proto-singe qui se serait redressé dans la savane.
    Il ne serait que d’aborder les théories fumeuses et stupides de lois économiques néolibérales acceptées par le plus grande nombre pour comprendre que c’est à toutes les échelles des sociétés occidentales, voire internationales (sauf Amérique du sud et Russie), que sévit cette involution.

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  • atomix // 13.04.2015 à 05h16

    OB, Je ne comprend pas trop ou vous voulez allez avec Charlie sous l’angle du tabou freudien.

    Vous êtes en France, un société laïque. Quand un immigrant désir s’y installer, les tabous restent à la frontière, sinon c’est de la pure connerie intellectuelle. Car le musulman migrant sur une terre de chiens d’infidèles et d’impurs, il devient lui-même impur et bouffeur de alouf.

    Ceci est confirmer avec les projets préattentats, ou les « martyrs » planifaient des projets où ils désiraient s’intégrer à la France projets qui n’ont pas aboutit, comme pour la plupart des français dans la rue.

    Nous ne sommes pas ici en présence de mollahs qui prêchent que la Terre est plate, ou encore de puceaux pouvant réellement croire que des vierges les attendraient dans l’au-delà.

    Nous sommes ici en présence d’esclaves qui sont incapables de voir que leur servitude est dus à leurs parents qui les ont mis au monde dans la rue dans un pays qui ne sera jamais leur pays. Et ce (voici votre tabou) grâce à une castration symbolique (circoncision) sous la menace de Allah (paranoīa). Le passage à l’acte Charlie est tout simplement la vengeance de l’enfant qui a pleuré tout son sang étant enfant alors que l’entourage(les français) les ont laissé se faire maltraiter sans vergogne par leur parâtre .

    Bref très semblable, aux tueurs en série. L’exemple qui me vient à l’esprit est Edmund Kemper qui a tué six jeunes femmes, jusqu’au jour où il a compris que la haine qu’il avait envers les femmes était dû aux mauvais traitement de sa mère. Il a donc tué sa mère lui a mis le gosier dans le broyeur à déchet, puis à appeler la police pour se rendre… N’ayant pas de « tabou » assez puissant pour le conserver dans une soumission totale envers sa mère (on se rappellera quand même le quatrième commandement) et le « divin » et ayant probablement un QI bien au-delà de la moyenne, son dernier meurtre lui servit de catharsis.

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    • PIPO // 13.04.2015 à 10h14

      « Nous sommes ici en présence d’esclaves qui sont incapables de voir que leur servitude est dus à leurs parents qui les ont mis au monde dans la rue dans un pays qui ne sera jamais leur pays. »

      Le problème, ce n’est pas de les avoir mis au monde dans un pays qui ne sera jamais leur pays, mais de ne pas les avoir suffisamment aimé, et c’est vrais aussi pour tout les leaders autoritaires, même les nôtres.

      https://perversionnarcissiqueetpsychopathie.wordpress.com/2015/02/19/ou-est-charlie-le-retour-du-fascisme-et-du-totalitarisme-sous-le-masque-de-la-perversion-narcissique/

      extrait:
      Alberto Eiguer, qui est loin d’être le seul à être parvenu aux mêmes conclusions, précise encore qu’« à la question de savoir comment fait le leader autoritaire pour s’attirer la sympathie de foules, voire leur dévotion, nous pouvons répondre que nous trouvons l’explication dans l’étude de la relation entre le p.n. et son complice. […] En fait, les dictateurs ne peuvent subsister aujourd’hui sans l’utilisation de moyens démagogiques (les exemples abondent) ; ils affirment leur pouvoir par une action sur la foule, par des cérémonies et des rituels parfois assez pittoresques. La panoplie des moyens utilisés pour exercer, maintenir et consolider le pouvoir contient, entre autres, des moyens p.n. – toute distance entre le social et l’individuel étant gardée. La pratique de la terreur est un moyen courant pour paralyser les réactions, mais cette terreur est trop voyante pour que certaines personnes ne réagissent pas. Alors les moyens indirects, discrets et manipulateurs, deviennent la règle. Tel est alors le cas de la séduction narcissique : le plus important, c’est de ne rien offrir en faisant semblant de tout offrir et ensuite, de faire croire que le tyran se sacrifie pour la cause du peuple (don imaginaire). »[5]

      Puis il conclut : « La formule implicite […] du dictateur, du marchand d’illusion, peut-être : « Croyez en moi, aimez-moi comme moi je vous aime ; moi qui me sacrifie pour vous, sacrifiez-vous à votre tour, je vais tout vous offrir, à condition que vous sachiez vous résignez à ne rien vouloir recevoir.” »

      https://perversionnarcissiqueetpsychopathie.wordpress.com/2015/01/28/idiosyncrasie-du-pervers-narcissique-partie-22-definitions/#more-277

      quelques extraits:
      « Dans ses vastes travaux de recherche sur la perversion[18], Janine Chasseguet-Smirgel résume ainsi la problématique fondamentale du pervers : « Il parvient ainsi à éviter l’Œdipe et, ce qui lui est corrélatif, la menace de castration. […] »

      « C’est à un problème d’omnipotence narcissique que nous avons affaire, omnipotence que nous avons également trouvée lorsque nous avons cru déceler, chez les pervers, l’ambition de prendre la place du Créateur. »

      « En cela, point n’est besoin d’être un fin psychologue pour comprendre que les plus profonds bouleversements que nous connaissons se produisent à l’occasion de déceptions auxquelles la vie courante ne manque pas de nous confronter. »

      « De temps en temps, les hommes tombent sur la vérité. La plupart se relèvent comme si de rien n’était. » (Winston Churchill.) Certains après avoir poussé la porte de l’antre du diable la referment aussitôt par peur de l’aventure, préférant le confort douillet des illusions de la matrice. Tout le monde n’est pas capable de supporter les effets de la pilule rouge…

      « On éviterait bien des erreurs, policières, judiciaires, politiques, thérapeutiques, si l’on écoutait ce message, en tenant compte des ses éclaircissements. Car la perversion se nourrit de vengeance, et plus l’on se méprend plus elle s’en prend à ceux qui ne l’ont pas compris. Pour le pervers, c’est une question de survie » »

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      • atomix // 13.04.2015 à 11h12

        « Le problème, ce n’est pas de les avoir mis au monde dans un pays qui ne sera jamais leur pays, mais de ne pas les avoir suffisamment aimé, et c’est vrais aussi pour tout les leaders autoritaires, même les nôtres. »

        Vous devriez comprendre le sens des mots plutôt que tenter de faire des liens avec des concepts creux de pseudo-psychanalystes pseudo-intellectuels.

        « Nous sommes ici en présence d’esclaves qui sont incapables de voir que leur servitude est dus à leurs parents qui les ont mis au monde dans la rue dans un pays qui ne sera jamais leur pays. »

        Est-ce que vous voyez la moindre notion d’amour dans cette phrase? Non. vous voyez seulement du non-amour soit de la haine. Haine de l’humain envers sa progéniture et/ou son prochain que l’on retrouve dans pratiquement chaque phrase du texte que j’ai précédement écrit.

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        • PIPO // 13.04.2015 à 12h02

          « Est-ce que vous voyez la moindre notion d’amour dans cette phrase? »

          Non effectivement, mais c’est mon avis, pour moi cela n’a rien à voir avec le fait qu’ils aient été mis au monde dans un pays qui n’est pas le leur.

          « vous voyez seulement du non-amour soit de la haine. »
          Le manque d’amour n’est pas la haine.

          « Vous devriez comprendre le sens des mots plutôt que tenter de faire des liens avec des concepts creux de pseudo-psychanalystes pseudo-intellectuels. »

          pour le sens des mots, voir « ne pas les avoir suffisamment aimé = haine »
          pour les concepts creux, c’est votre avis.

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  • LM // 13.04.2015 à 08h11

    Lire aussi l’excellente analyse de Totem et Tabou par René Girard dans La Violence et le Sacré, où il explique beaucoup de points incompréhensibles pour Freud par la nécessité des sociétés de limiter le désir mimétique contagieux, source de violence et de chaos (puis d’ordre lorsqu’il culmine en crise sacrificielle aboutissant à la mort d’un ou plusieurs boucs émissaires). Tout le livre est éclairant sur les réactions aux événements de janvier dernier.

      +8

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    • Status Quo // 13.04.2015 à 09h54

      Freud, s’est un peu dépassé aujoud’hui, merci de donner René Girard comme référence.
      Il est fort dommage que Freud passe encore comme une sommité, depuis lui, beaucoup ont creusé les sujets et de manière moins obssesionnelle……

        +2

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      • atomix // 13.04.2015 à 11h32

        C’est évident, car sans Freud, on serait encore en train de brûler les femmes pour sorcellerie. J’exagère, mais à peine…

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        • Status Quo // 13.04.2015 à 12h02

          . « Et Freud va jusqu’à en conclure l’impossibilité d’éduquer les femmes, car la seule méthode éducative dont il semble avoir connaissance est la menace de castration, qui ne s’applique pas aux filles. Il n’hésite pas à conclure cette soi-disant impossibilité de les éduquer leur moindre sens moral!!

          Ces idées semblent tout droit issues de la misogynie médiévale, quand les femmes étaient des sorcières, et on se demande comment de tels archaïsmes peuvent encore être pris au sérieux aujourd’hui plus de quelques secondes. »

          Freud n’a rien à voir dans le fait d’arrêter de brûler des sorcières.Il a été un précurseur dans son domaine mais ça n’est pas pour ça que tout ce qu’il disait était correct.Il est bien triste qu’aujourd’hui, dans les écoles sociales, il soit présenté pratiquement comme la seule réference alors qu’ama, Freud était bien malade psychique lui-même.et surtout, c’était un chercheur, toutes ses hypothèses n’ont pas été confirmées, loin de là.Elles peuvent servir de base à une réflexion .

          http://www.atlantico.fr/decryptage/faute-freud-lourde-responsabilite-pere-psychanalyse-moderne-dans-incomprehension-desir-feminin-philippe-laporte-823006.html

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          • atomix // 13.04.2015 à 12h49

            C’est surement l’incapacité d’instruire les femmes (et la misogynie de Freud) qui a fait que sa fille Anna est devenu psychanalyste…

            Freud raison sur tout: Absolument pas. Mais à voir la plupart des conneries post freudienne, tel que Young, Lacan, etc. qui sous des apports quasi nul tentent de limiter la porter des découvertes freudiennes et de les pervertir. On se rappellera que Freud failli se faire lyncher lorsqu’il parlait de la sexualité enfantine. Remarquez que l’on donne toujours tord à Freud, que c’est jamais motivé, jamais sa théorie n’est corrigée, ou si c’est corrigé c’est pour élaborer des paradigmes creux, incompréhensibles et sans aucune application clinique réelle possible.

            On se rappellera que Young a complètement perturbé une femme qui lui a sollicité son aide en coïtant avec elle. Ou que la fille de Lacan a dû consulté de nombreuses années…

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    • yvan // 13.04.2015 à 09h54

      La violence et le sacré, un monument ! Livre grandiose.

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  • DUGUESGLIN // 13.04.2015 à 08h15

    Les mouvements de foule naissent des tensions liées aux tabous et aux non dits, mais en même temps en génèrent d’autres qui mènent à la guerre. La foule s’apaise temporairement par le sacrifice d’un bouc émissaire dont le but est d’éviter la guerre ouverte.
    Qui sera le bouc émissaire? Qui sera sacrifié?
    Qui désignera le bouc émissaire?

      +4

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  • BA // 13.04.2015 à 08h30

    Il y a un tabou qui dit : « Charlie Hebdo, c’est la liberté d’expression. »

    Et ça, c’est sacré.

    « Charlie Hebdo, c’est la liberté d’expression. »

    Et dans le monde réel ?

    Dans le monde réel, Charlie Hebdo est contre la liberté d’expression.

    12 septembre 1996 :

    Les 173 704 signatures de Charlie Hebdo.

    Le 26 avril, Cavanna, Val et Charb (trois piliers du journal Charlie Hebdo) débarquent en estafette dans une annexe du ministère de l’Intérieur. Dans leur coffre, des cartons remplis de signatures qu’ils apportent à un conseiller de Jean-Louis Debré. En huit mois, 173 704 personnes ont répondu à l’appel «pionnier» de l’hebdomadaire pour demander l’interdiction du Front national. Loin de l’anonymat des sondages ou de la sempiternelle discussion sur la montée du FN, ces milliers de signataires ont apposé leur nom, profession, adresse, au bas d’un texte réclamant «de dissoudre le Front national, cette ligue dont le but politique est de faire disparaître la République». Adressé au président de la République et au ministre de l’Intérieur, la pétition est précédée des articles 1, 2, 4, 6 et 7 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (elle constitue le préambule de la Constitution), avec lesquels «le Front national est en contradiction flagrante».

    Fin juin 1995, Cabu dessine, à la une de Charlie Hebdo, Jean-Marie Le Pen menottes aux mains entre deux policiers. En titre: «Que faire contre le Front national ? L’interdire !» Dans son éditorial, Philippe Val s’interroge : «Au nom de quoi le Front national échapperait-il à la rigueur de la loi à laquelle il contrevient par les idées qu’il développe ?» Quelques semaines plus tard, l’équipe de Charlie retrouve ses lecteurs au Festival d’Avignon. Un gros encart est alors publié chaque semaine dans Charlie Hebdo. Les réponses affluent. Pas ou peu de noms connus. Aucun intellectuel ni habitué des prises de position anti-FN.

    Au début de l’année, le rédacteur en chef de Charlie Hebdo, Philippe Val, adresse une lettre à tous les députés et sénateurs. Sans citer explicitement le FN, il leur demande «quelle attitude l’administration républicaine et les élus du peuple devraient-ils adopter face à un parti qui contreviendrait ouvertement aux articles 1, 2, 4, 6, 7 de la Déclaration des droits de l’homme [« ]. Ne jugeriez-vous pas opportun de poser cette question au ministre de l’Intérieur lors des questions au gouvernement ?» Le sénateur Schumann (RPR) lui répond en demandant pourquoi on s’en prend ainsi aux gaullistes ! Finalement seuls Patrick Braouezec (PC) et Jean Glavany (PS) à l’Assemblée, et Marcel Bony (PS) au Sénat poseront une question à Jean-Louis Debré.

    Au ministère de l’Intérieur, le conseiller du ministre qui a reçu Charlie Hebdo avait prévenu : «D’ici deux à trois mois, dès que votre pétition ne sera plus d’actualité, elle sera passée au pilon».

    http://ecrans.liberation.fr/ecrans/1996/09/12/les-173-704-signatures-de-charlie-hebdo_183854

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  • DUGUESGLIN // 13.04.2015 à 08h37

    LM, Je viens de lire votre commentaire, je voulais également citer René Girard.
    Sa lecture est éclairante.

      +6

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  • Alae // 13.04.2015 à 09h20

    « Wundt dit que le tabou représente le code non écrit le plus ancien de l’humanité. »
    Ailleurs, mais je ne sais plus précisément où, Freud dit même que le tabou est fondateur d’humanité et de civilisations.

    « Le châtiment pour la violation d’un tabou était considéré primitivement comme se déclenchant automatiquement, en vertu d’une nécessité interne. Le tabou violé se venge tout seul. »
    C’est extrêmement intéressant, étant donné qu’une religion traditionnelle actuelle dit exactement la même chose sans qu’il y ait quoi que ce soit de primitif à cela.
    Le plus beau étant que cela se vérifie de facto, par exemple dans l’équation surpuissance-autodestruction dont Philippe Grasset, entre autres, donne des exemples si nombreux.

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  • Dami1 // 13.04.2015 à 09h25

    En effet. Perso sur le moment j ai pensé fortement à la « Psychologie des foules » de Gustave Le Bon.

      +7

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  • Status Quo // 13.04.2015 à 09h58

    Il me semble qu’au départ, l’inceste représentait l’ultime tabou, sans doute parce qu’ils avaient observé que les mélanges consanguins créeaient des enfants déficients mentaux.En ce sens, le tabou est totalement justifé.
    Ensuite, le terme de tabou a servi à des choses dont on ne doit pas parler:parler de la mort est tabou…..

      +0

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  • Macarel // 13.04.2015 à 09h58

    Je ne parlerai pas ici de tabou, quoique, remettre en cause l’idéologie dominante du moment puisse en être un…
    Un autre aspect de l’idéologie néo-libérale et du tout marché : « La nouvelle gestion publique : un concept mythique. »
    Concept mythique dont les résultats sont plus que mitigés.

    http://www.erudit.org/revue/lsp/1999/v/n41/005189ar.pdf

      +0

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  • Aspietoyendefrance // 13.04.2015 à 10h55

    Le tabou je le connais pour pleins de sujets dont un que je vit tout le temps:le handicap. On a toujours cette vision extrêmement péjorative et réductrice que handicap=personne en fauteuil et que ca se traite en institution.

    Vraiment navrant que tout ce qui est handicap invisible soit traité comme au siècle dernier…

      +2

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  • yvan // 13.04.2015 à 11h45

    Bravo! Excellent ! Après le match Tabou Bible contre Tabou Coran… comprenne qui pourra ou voudra…

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    • Subotai // 13.04.2015 à 18h44

      Mort de rire, quand on pense que « tabou » est la déformation d’un mot d’origine « polynésienne » : tapu (prononcez tapou), dont le sens est interdit.
      A la base, interdit temporaire ou définitif permettant de s’assurer de la survie du groupe.
      Le plus beau c’est que ça existe toujours, ça s’appelle la loi. MDR 🙂
      Exemples?
      Tapu sur la chasse et la pêche en dehors des dates autorisées.
      Tapu sur la relation incestueuse.
      Tapu sur la consommation de certaines plantes ou animaux
      Tapu sur l’accès à certaines zones géographique dans certaines circonstances
      Etc…

        +0

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  • Renaud 2 // 13.04.2015 à 12h36

    Oui, les tabous ont toujours été là. C’est une histoire de dogmes. Par définition, on ne contredit pas un dogme, on ne le discute pas. S’attaquer à un dogme est tabou. Le problème en réalité est : qui fabrique le tabou ? Cela peut être du simple bon sens, qui n’a besoin d’être expliqué par personne (on ne tue pas un être humain, et encore moins gratuitement), mais cela peut aussi être inculqué par l’éducation reçue à l’école, les médias ou la publicité. S’attaquer à un tabou peut menacer la société entière mais peut simplement menacer la société « voulue par certains ».
    Aujourd’hui, il est encore tabou de discuter de la version officielle du 11/09. Mais est-ce une réelle menace contre l’ensemble des citoyens ?

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  • philbrasov // 13.04.2015 à 12h58

    le tabou connait pas…. ya tellement de civilisations differentes et des cultures differentes..
    mais les sujets tabous eux fleurissent..
    se declarer FN tabou
    etre contre l’immigration : tabou
    faire un docu comme hier sur zone interdite : tabou
    dire qu’il fait froid en hiver et chaud en ete si MLP l’a dit : tabou
    la sortie de l’euro : tabou
    la sortie de l’UE : tabou
    parler en mal de l’Islam : tabou
    l’amitie franco russe :tabou
    etc etc….
    bref le systeme dicte les sujets tabous,,,, et le bon peuple via les medias relaient ce qui doit etre tabou ou pas…

    personnellement je suis sature de cette société conventionnelle et abrutissante, ou le politique rejoint par les medias, nous disent ce qui doit etre tabou ou pas et ceci SANS QU’IL Y AI DEBAT.

      +5

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  • Radon // 13.04.2015 à 13h10

    Brillante intuition.
    J’ose y apporter la mienne propre.
    Il y a, dans le monde occidental, laïque, matérialiste, athée, libéral , scientifique, et tout ce qu’on veut d’autre, un tabou fondamental dont on pourrait dessiner le contour en fonction de réactions type « Je Suis »…
    ( Intéressant d’ailleurs, puisque le premier « Je Suis » moderniste fut précédé d’un « Je Pense », une, donc, inversion complète )
    Ce Tabou touche à la Connaissance du monde.
    Toute connaissance ne peut être que « scientifique »…Le spirituel, et, partant, l’intuition, sont objets de moquerie. Partant, tout ce qui « fait sens » hors du « strictement matériel ».
    Et de manière plus précise, ce Tabou touche à cette zone imprécise où la sexualité touche à la spiritualité.
    Ceci est à peine une ébauche, bien sûr.

      +1

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    • Renaud 2 // 13.04.2015 à 13h53

      Je vous suis là-dessus. Cette rationalité scientifique s’est muée en religion dogmatique. L’aboutissement de ce processus est la religion du Progrès, comme si tous nos problèmes pouvaient être résolus par une technique scientifique (ils vont bien trouver quelque chose, contre le réchauffement climatique, la pollution, l’épuisement des ressources, etc).
      Cette rationalité qui nous a permis de mieux comprendre notre environnement a eu comme principal corollaire notre séparation affective entre cet environnement et nous. L’impression que j’ai, c’est que c’est la spiritualité qui fait le lien entre l’environnement et nous. En détruisant la spiritualité (difficile de voir une quelconque spiritualité dans l’interprétation contemporaine « mainstream » des religions…), on a non seulement détruit notre attachement à notre environnement mais également notre attachement envers nos semblables (le cas de la sexualité est je pense à ce titre bien illustrative…).
      La notion de Progrès est bien subjective. En un peu plus de 400 ans (on va prendre comme point de départ la création de la Compagnie des Indes), on a réussi à dominer la nature et toutes les autres civilisations ou tribus de la Terre, pour créer un système complètement inégalitaire. Les tribus primitives sont raillées, mais n’est-ce pas plus porteur de Progrès d’avoir réussi à survivre pendant plusieurs millénaires sans détruire son environnement et ses proches ? Les superstitions et tabous de leurs sociétés sont-ils si risibles ?
      Chaque empire se galvanise de ses victoires, mais finit toujours par s’effondrer pour ne pas avoir su gérer les conséquences et externalités de ses « victoires ».

        +4

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      • Radon // 13.04.2015 à 14h01

        On dirait en tout cas que beaucoup de monde, pour le moment, converge, comme en spirale, autour de cette idée que vous résumez très bien…

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  • coinfinger // 13.04.2015 à 13h17

    C’est vraiment pas clair selon moi , d’appliquer le mot tabou à cette affaire . Parce que d’abord qui aurait commis un tabou ?
    – Charlie Hebdo , à répétition sans doute , de toutes espéces,méme pour un Français non musulman mais en particulier par une représentation de Mahomet pour un musulman ?
    -les tueurs , en assassinant la ‘Liberté de la Presse’, tabou pour un Français ?
    -les deux mon général ?

    Personnellement je n’ai pas penser au mot tabou , concernant , la perception par les tueurs ou plutot leurs commanditaires de la représentation par Charlie Hebdo . Pour une raison déjà c’est que la motivation de l’interdiction de la représentation n’est pas un secret pour les Musulmans .cultivés donc commanditant les assassinats . L’Islam est caractérisé entr’autres par La réaction de la débauche d’images du Christianisme , trés lucratives pour les moines et dispendieuses pour la société . Le scandale atteignait un tel point au sein méme du Christianisme qu’il a aboutit
    à une quasi guerre civile pour Byzance , puis à une rupture avec l’Occident quand à l’Est l’iconoclasme a triomphé . L’Occident y entravant que dalle car loin des exces Byzantins .
    Il n’y a pas là pour moi à l’origine , tabou , méme si aujourd’hui le Musulman de base ignore le contexte et prend çà mode tabou . Le commanditaire c’est pas lui .
    En ce qui concerne le deuxiéme ‘tabou’ : assassinat de la liberté de la presse , j’ai du mal à percevoir çà comme un tabou , on sait pourquoi on veut la liberté de la presse . Et personne ne s’offusque outranciérement des atteintes à la liberté d’expression , ne vit çà comme diabolique , quoique maléfique .
    En tout cas çà ne correspondt pas au tabou de Freud . Mais plutot à la bannalisation de la notion , ce qui est coutumier d’étre interdit , sans pour que pour autant l’acte interdit provoque effroi ou horreur , irraisonnée .

      +1

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  • samuel // 13.04.2015 à 13h46

    Ouais, qui lisait Charlie Hebdo… d’une certaine manière, même si le journal aurait cessé toute activité, il symbolisait la nostalgie d’une époque ou tout était possible et ou tout allait de l’avant (bon la nostalgie est un processus cérébral bien plus optimiste que sa perception première).
    La mise à mort pour des idées est devenu un tabou (on peut refaire un sondage avec comme question seriez vous pour la peine de mort d’opposants politiques).
    La société est plus sensible, on s’apitoyait moins sur l’absence de réussite, d’enfants ou d’accidents dans le passé (il resterait aujourd’hui combien de Français au deuxième jour à Verdun).
    On croit moins à la fatalité, on souffre moins des bouches à nourrir, on s’est embourgeoisé, qui sait peut-être qu’on sentira tous bientôt un petit pois sous dix matelas 😉
    Ich bin ein Berliner, la formule c’est galvaudé… et après

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  • theuric // 13.04.2015 à 15h21

    Il n’est pas que les réactions aux attentats de Janvier qu’il faut penser en terme de processus régressif, elles-mêmes furent générées pas ces attentats, la question essentielle de ce qui font les raisons de ceux-là se doit d’être posée.
    Ceci en mettant de coté la notion de jugement de valeur, toujours restrictive.
    Comme je l’ai dit plus haut, c’est la société dans son entier qui se trouve sur une complexe voie récessive, la France n’étant pas l’ilot perdue de sa récession dans un océan de progressisme mais, plutôt, l’un des nombreux exemples d’un mouvement général des sociétés humaines.
    Or, si ce sont l’ensemble des échelons hiérarchique de la société qui en sont atteints, c’est nécessairement à ses niveaux où sévit la plus grande misère que ses effets sont les plus puissant.
    C’est pourquoi ces événements tragiques du début de l’année 2015 doivent être pris dans leur ensemble et penser ce retour à une forme ou une autre de réflexes antiques, parfois même élémentaires se doit d’être fait en en considérant le tout.
    Nous devons également considérer les possibles et multiples manipulations, de quelque provenance que ce soit, comme ayant les mêmes bases ancestrales, et ces manipulateurs comme étant tout autant touchés par ces mêmes processus.
    Processus d’archaïcisation sociétale mondial qui n’est que l’un des symptômes de l’intense bouleversement qui, depuis quelque temps déjà, bouleverse l’humanité dans son entier.
    Cela voulant dire qu’au-delà des événements eux-mêmes, la cause première et véritable de bien des catastrophes et mésaventures de notre proche passé, de notre présent et de notre futur ne peut que se découvrir et se comprendre que dans l’immense rupture que notre espèce a vécu et vit encore plus depuis deux siècle au moins, et qui, aujourd’hui, prend une ampleur jamais atteinte.
    De passer d’une vie de chasseur-cueilleur à celle d’agriculteur mit plus de dix millénaires quand nous nous retrouvons, en moins de trois siècles, voire soixante ans selon sur quoi nous portons notre regard (songez simplement à ce que nous avons passé le cap du milliard d’être humain à l’entrée, voire au milieu du XIX° siècle, pour l’essentiel agriculteurs, et que nous sommes, aujourd’hui, plus de sept milliards, surtout urbains).
    Cette régression anthropologique est logique si nous réfléchissons à la violence que représente cette (r)évolution à marche forcée qui eut lieu en quelques centaines d’années seulement et qui, maintenant, se trouve obturé et paralysé par un un ensemble de contradictions provenant de cette même mutation sociétale d’une colossale rapidité.
    Cela a généré un gigantesque stress social qui ne peut pas ne pas s’exprimer, d’une manière ou d’une autre, et toutes les actions et réactions qui se sont produites, se produisent et se produiront ont un sens symbolique profond qu’il nous faut impérativement décodé pour que nous puissions conserver l’entièreté de notre conscience, surtout pour que nous ne nous laissions pas embarquer dans ces bouillonnements spontanées pouvant nous conduire à bien des travers, dans un sens ou d’un autre.

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  • Wilemo // 13.04.2015 à 16h01

    On pourra faire une lecture psychosociale et cognitive du tabou.
    Première remarque : Freud se place dans une analyse clinique, en conséquence de quoi il dégage des types (obsessionnels, etc…). Ces types existent mais ne sont pas à mettre sur le même niveau d’analyse. En posant que le tabou est universel, il faut envisager un processus général duquel les types dont parle Freud sont des réactions différentes lorsqu’on touche à « un truc ». Certains vont passer à autre chose, certains vont vouloir le faire revenir à sa version antérieure, certains font comme si de rien n’était, et conserve les anciens comportements malgré une modification du « truc ».
    Pour généraliser, on peut considérer ce « truc » comme étant une croyance. Dans le cadre psychosocial, tout ce qui passe par le cerveau (donc TOUT) est croyance.
    Ce qui est en dehors du nous est fondamentalement inaccessible, on peut juste le toucher et tenter de s’en approcher avec nos sens, nos capteurs, et notre action cérébrale (inconsciente : automatique ; ou consciente : contrôlée). Lacan appelerait ça le Réel. Nous n’y avons pas accés ; nous avons accès à la Réalité, produit filtré par le cerveau. Le support est biologique, avec des règles biologiques, mais le processus est plus ou moins contrôlé et organisé. La psycho sociale essaie de comprendre cette organisation, et utilise comme « atome de base » conceptuel la cognition, qui n’est pas un objet biologique.
    La croyance est un ensemble organisé de cognitions, plus ou moins dense, plus ou moins étendu, et plus ou moins cohérent.
    Le « but naturel » de la cognition (mais ce n’est pas un but, puisque c’est hors volonté), son automaticité, en dehors de tout contrôle, c’est de tendre à la congruence parfaite entre la Réalité (moi, mon cerveau) et le Réel (le hors moi). Ne faire qu’un avec le monde. Le contrôle permet d’orienter la cognition vers un chemin détourné, plus couteux en énergie, a priori moins efficace, mais vers un but plus intéressant que par la voix automatique. Le contrôle permet de maximiser l’intérêt de prendre un chemin plutôt qu’un autre.

    Pour qq »un de « normal », tout ça est globalement cohérent. Ca a, littéralement, un « sens ».
    Mais il suffit qu’on perde ou qu’on modifie quelque chose de dense ou d’étendu, et tout le cerveau doit se réorganiser, non pas physiquement, mais conceptuellement. Physiquement, au niveau actuel de l’imagerie, rien n’est modifié… ou alors tout, mais en minuscules changements. A l’IRM, on peut voir des zones actives différentes s’allumer.

    L’exemple le plus parlant est la mort d’un être cher. Globalement, dans le monde Réel, ça ne change rien, et pourtant, dans la Réalité, on perd quelque chose de central et, pour la cognition de vital. Rapellons nous : nous avons naturellement tendance à ne vouloir faire qu’un avec le monde extérieur. Il faut tout réorganiser pour continuer à vivre.

    Le tabou c’est un truc auquel on ne touche pas sous peine de « mourir », de perdre en cohérence cognitive. Si on y touche (si on blasphème), on a 2 conséquences. La première est un état qui alerte qu’il se passe quelque chose de pas clair : on a mal (Emotion), la deuxième est une réaction pour corriger le problème : on réorganise pour retrouver de la cohérence, avec 2 stratégies simultannées : on lâche prise et ce sont des processus automatiques qui font le boulot, qui va au plus simple, ou on porte son attention, sa réflexion sur l’objet de souffrance, et on contrôle le processus.
    Dans le boulot automatique, on pense à autre chose, et ce sont toutes les influences subliminales qui agissent, les appels à la peur, à l’émotion, les stéréotypes… C’est très rapide.
    Le boulot contrôlé est plus long, mais aussi plus consistant : Quand on a fabriqué une nouvelle organisation, celle ci tient mieux face aux influences inconscientes d quotidien, en clair, on est plus aptes à défendre une position intellectuelle.

    Très schématiquement, et personnellement, le 7 janvier, j’ai perdu Cabu : c’est le premier truc auquel j’ai pensé, et Cabu était rattaché à pleins d’autres choses (souvenirs d’enfances, d’adolescences, …). Si Cabu disparait, c’est tout ça qui est chamboulé –> bcp d’émotion, et gros travail de reconstruction. Si j’avais pris les éléments facilement accessibles, j’aurais été noyé par l’islam, l’arabe, etc… comme cause de la mort de Cabu.

    C’est là que j’ai ressenti que Cabu (que je ne connaissais pas, auquel je ne pensais jamais) était important dans mes cognitions, vital. Toucher Cabu, c’était toucher à moi. C’était un tabou personnel qui en rejoignait d’autres.

    Au niveau d’une société, fusse-t-elle religieusement athée, il existe des tabous de plus niveaux conceptuels que Cabu, par exemple « la liberté de s’exprimer parce que s’exprimer ce n’est pas grave ».
    En outre, le travail de Cabu correspondait à une fonction sine qua non des règles explicites qui nous unissent. C’est en cela que le tabou surgit dans le fonctionnement politique : On a touché à la cohérence du système. La réponse émotionnelle qui y a été apportée nous a mené à prendre collectivement la voie de l’automaticité des réactions, de l’animalité qui est en nous (processus de déshumanisation : renforcement de la congruence soi/intergroupe, et de la congruence autre/exogroupe, tendance à se considérér soi et son groupe supposé comme plus humain que l’autre et son groupe supposé. L’autre est instinctif, émotionnel, irréfléchi, « brut de décoffrage », mais nous on est réfléchi, on se contrôle, on est civilisé.)

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    • theuric // 13.04.2015 à 16h53

      je suis tout à fait en accord avec vous, je n’aurais jamais su l’exprimer avec la même précision, loin de là.
      Ce que j’y rajouterais ce serait que ce choc créé lors de ces assassinas a fait émerger, chez la classe moyenne blanche instruite dite bobo, de puissantes forces inconscientes qui, auparavant, se développaient dans le silence.
      Elle a affirmé, lors des défilés, son nationalisme.
      Je ne sais pas vers où cela va nous conduire, mais il me semblait important de le préciser.

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      • Wilemo // 13.04.2015 à 22h47

        Je suis assez d’accord, et si j’ai évidemment été choqué émotionnellement des meurtres à un niveau privé (avec un besoin de faire une sorte de deuil, tout athée que je suis), la réponse collective politique, et sa procession quasi-militaire du 11/01 m’ont effrayés en core plus.
        Je ne suis pas vraiment d’accord avec « bobo », mais j’ai pas mieux pour le moment, et je crois comprendre ce que vous dites ! 😉

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  • bluetonga // 13.04.2015 à 16h03

    Le terme tabou appliqué au phénomène « Charlie » me paraît inapproprié, à moins que l’on ne se contente du sens moderne et édulcoré de « ce dont on ne peut pas parler ». Mais même ainsi, l’association me paraît plutôt lâche.

    Tuer des personnes pour leurs opinions est par définition antidémocratique. Tuer des journalistes revient à s’attaquer au principe de liberté d’expression. Tuer des polémistes, des clowns, relève des points précédents avec en plus la notion d’une certaine cruauté, vilenie.

    Si les dessinateurs et employés de CB avait été abattus par quelques déséquilibrés apolitique, il y aurait eu émotion, mais certainement pas de même ampleur. Là, c’était en l’occurrence toute la société occidentale, tolérante, permissive, ouverte, démocratique, qui était lâchement assassinée chez elle.

    Du moins c’est devenu la version officielle. Celle des journalistes d’abord qui se sont retrouvés brusquement en première ligne et en ont perdu leur proverbiale sérénité. Celle de nombreux citoyens ensuite, qui ont vu la guerre communautaire faire irruption dans leur salon. Tout le monde est tombé d’accord pour dire que c’était totalement scandaleux et que l’heure était grave. Il y a donc eu rassemblement et catharsis (inter) nationale à la clé. Mais de tabou, point. Sinon dans le non dit, comme d’habitude. Les non-dits, les interdits, mais pas les tabous.

    Dans les choses qui n’ont pas été dites, mais qui ont largement propulsé X millions de Français(es) dans la rue, il y avait le malaise provoqué par l’accumulation en ghettos d’une population allogène de première, deuxième et troisième génération, progressivement radicalisée par l’absence de perspective d’intégration au sein d’une nation qui a de moins en moins à leur offrir (mais quand même plus que leurs pays d’origine). Ce malaise est rarement abordé, chiffré. Mais il est exploité depuis des décennies par le FN, qui a prospéré sur ce terreau fertile, et a été largement récupéré par les partis convenable que sont le PS et surtout l’UMP. Là, il y a interdit, on ne peut pas parler de cette tension communautaire, perçue comme une bombe à retardement, et impossible à désamorcer puisque l’économie fait défaut pour les résorber par l’intégration via le monde du travail.

    Mais ce silence pudique, stratégique des médias, s’il constitue un interdit consensuel de la presse et des dirigeants destiné à préserver la paix (trêve?) communautaire, ne correspond aucunement au ressenti des population, où le ressentiment enfle et les mots employés pour désigner les autres communautés ne s’embarrassent pas de political correctness. Il n’y a pas de tabou au niveau du comptoir, de la salle à manger, du réfectoire des simples quidams, seulement au niveau de la presse et des médias. Au départ, il n’était pas vraiment question de racisme, mais petit à petit, les discours officiels compassés ont fini par produit l’effet inverse de celui escompté. Les gens sont certes descendus dans la rue pour défendre leur « liberté d’expression », pour faire barrage aux dérives obscurantistes de l’islamisme radical, mais combien se seraient mobilisé s’ils n’avaient d’abord sérieusement ressenti la menace directe des cités sur leur mode de vie.

    Dans les autres non-dits ou interdits, il y a la filiation des perpétrateurs supposés (Kouachi, Mehra, etc.). D’où viennent ces islamistes radicaux français, qui vont faire des « stages » en Syrie, en Libye, au Yémen ou ailleurs. Qui sont ces gens formés à des endroits où le gouvernement français a concrètement aidé à renverser des gouvernants ou régimes pour laisser la place à des radicaux islamistes? Quels sont les rapports troubles entre les dirigeants occidentaux et les mouvements islamistes, instrumentalisés pour renverser des régimes dans des pays clé de la géopolitique énergétique?

    La presse s’empresse de balayer ces considérations en-dessous du paillasson, peine à poser les questions les plus simples et les plus évidentes. Est-ce un tabou? Pas des Français en tout cas, mais bien de leur gouvernants et affidés. Il n’y a pas tabou, il y a interdit, il y a non-dit, il y a manipulation, il y a lâcheté et trahison des élites.

    Ce ne sont pas des tabous qui empêchent les citoyens de se mobiliser et de protester contre leurs dirigeants prévaricateurs, c’est le chaos et la désinformation, l’enfumage, les interdits et les non-dits consensuels des médias qui ont décidé de ne pas secouer la barque, de ne pas mordre la main qui les nourrissait, d’entretenir l’illusion de notre démocratie contre leur barbarie, leur cécité consentante.

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  • Crapaud Rouge // 13.04.2015 à 18h49

    Votre com’ est intéressant mais… pas très juste. Il me semble plutôt que le sacré et le tabou se confondent, le second n’étant que l’origine, fort lointaine, du premier. En effet, on ne touche pas, (même en représentation), à ce qui est sacré parce que… c’est tabou ! (Par ex. un prêtre, un objet sacré,…) Vous avez cependant raison de dire qu’il y a un « tabou négatif » : il est bien connu que les personnes de caste inférieure sont tabou pour les castes supérieures. Idem avec les choses ou les actes religieusement considérés comme impurs. Mais où diable êtes-vous allez chercher que nos mères génitrices seraient sacrées ? Il ne faut pas confondre le sens figuré, (sacré au sens faible du mot), et sacré au sens propre (fort).

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    • Alae // 13.04.2015 à 19h43

      « Mais où diable êtes-vous allez chercher que nos mères génitrices seraient sacrées ? Il ne faut pas confondre le sens figuré, (sacré au sens faible du mot), et sacré au sens propre (fort). »
      Ce ne sont pas nos mères génitrices qui sont sacrées (tout dépend de ce qu’elles valent individuellement), mais la maternité en tant que fonction.
      Comme c’est l’un des processus centraux de la perpétuation de la vie, il est normal que la maternité ait été sacralisée depuis que l’homme est homme (voir, par exemple, les vénus archaïques toutes en ventre, en seins et en hanches).

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    • Mimiche // 13.04.2015 à 20h50

      Sacré et tabou peuvent se confondre dans le même objet (dans Mahomet par exemple), ce n’est pas pour ça qu’ils doivent être confondus. 🙂

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  • Alae // 13.04.2015 à 19h01

    « Le terme tabou appliqué au phénomène “Charlie” me paraît inapproprié, à moins que l’on ne se contente du sens moderne et édulcoré de “ce dont on ne peut pas parler”. Mais même ainsi, l’association me paraît plutôt lâche. »

    Bravo, Bluetonga. Il me semble que le débat se noie sous la multiplicité des acceptions du mot « tabou » que l’on rencontre dans ce fil.
    Le tabou tel que le définit Freud touche à la spécificité de l’humain (et incidemment, dans le livre dont il est question ici, au sacré). Ce sont des choses fondamentales, des repères collectifs qui définissent des rapports permettant 1) la communication, 2) la civilisation, 3) le développement de l’humain, aussi bien de l’enfance à l’âge adulte que collectivement, en tant que société qui progresse (grandit).
    Pour Freud, il y a au moins deux tabous à la base de l’essence même d’humanité : l’inceste et le meurtre du père. Deux tabous qu’il a retrouvés dans la structure du développement des enfants sous le nom de complexe d’Oedipe (Oedipe, qui tue son père et épouse sa mère, enfreint les deux tabous, se crève les yeux et perd son trône de Thèbes (sa dignité) alors que sa mère Jocaste en meurt et que Thèbes (la collectivité) semble se retrouver sous une sorte de malédiction).
    Pour Freud, le très jeune enfant développe une fixation sur le parent de l’autre sexe, s’identifie à celui du même sexe et doit dépasser ces deux fixations, d’abord (pour un garçon) à travers le passage graduel à d’autres pôles d’intérêt que sa mère, puis par le meurtre symbolique (précisément non acté) du père.
    Le meurtre du père doit être symbolique pour que l’enfant, qui est à ce moment parvenu au stade de la post-adolescence, supplante son père dans le rôle d’homme (alors qu’avant, le seul homme était le père. Lui-même n’était qu’un enfant, un subordonné).
    Je ne ferai pas le schéma pour les femmes pour ne pas allonger ce post, mais c’est très similaire.

    Bref, nous sommes trèèèèès loin de ce qui peut se dire ou pas dans telle ou telle société donnée sous peine de perdre son boulot, d’être éjecté de tel ou tel cercle ou d’avoir moins de copains. Freud ne parlait pas de totalitarisme ou même de répression, mais de structure psychique propre à l’humain et de perdre son humanité par la transgression de tabous primordiaux.

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  • David D // 14.04.2015 à 01h06

    Freud est du côté des « Je suis Charlie », puisque c’est le réglage d’une petite musique du discours qui soit confuse tout en donnant l’impression d’autorité de l’instruction, de la science et du sens commun intuitif, qui fait que nous avons une société qui peut adhérer à des slogans et redire des mots ou des formules qui n’ont pas un sens précis et bien délimité, ce qui est à l’évidence le cas de la formule « Je suis Charlie ». On peut critiquer « Je suis Charlie » à l’aide de Freud, si ce n’est que Freud fait partie des gens qui fabriquent la pancarte.
    Prenons l’extrait cité ici. Le texte commence par comparer des mots dans différentes langues, aucune définition n’est donnée de chacun de ces mots. On affirme que tous ces mots ont approximativement le même sens et que ce sens s’est perdu, nous aurions perdu quelque chose de premier, mais quelque chose de premier qui était pourtant une notion, comme si une notion n’était pas plutôt une chose plus difficile à appréhender par les peuples anciens que par les peuples de l’écrit, de la philosophie et de la science. Au passage, le propos suivant est absurde : « nous ne possédons plus la notion qu’il désigne ». Si on a besoin d’un mot pour désigner une réalité dont le sentiment s’est perdu, on propose une mise au point, puis soit on forge ou réemploie un mot pour désigner cette réalité, soit on décrit cette réalité avec des phrases, tant qu’aucun mot ne s’impose à l’ensemble du public. Qui plus est, le premier paragraphe qui parle donc d’une notion seule, le mot est au singulier, propose une équivalence entre les mots « tabou », « sacer », etc. Tous ces mots seraient approximativement synonymes, donc ils ont un sens à peu près identique dans toutes les langues, c’est leur définition qui est identique bien sûr. Le second paragraphe envisage ensuite deux sens opposés du mot « tabou ». Moi, je trouve ça contradictoire. D’un côté le sacré, de l’autre l’inquiétant. On me dira que ces deux facettes se retrouvent dans chacun des mots annoncés comme synonymes, mais cette prétendue opposition de deux définitions est ramenée à une expression connue qui n’est pourtant pas un oxymore : « terreur sacrée ». Je me permets de douter fortement de la rigueur d’analyse linguistique de Freud.
    Et après ces deux premiers paragraphes, je n’ai pas l’impression d’avoir appris quelque chose, malgré l’exotisme de l’opposition des mots « tabou » et « noa » et le présupposé glissé en douce que nous avons perdu quelque chose de l’humanité ancienne.
    Sans aucune illustration à l’appui, sans commentaire d’exemples variés, le troisième paragraphe prétend distinguer les « restrictions tabou » des « prohibitions purement morales ou religieuses ». Pourquoi « purement » ? C’est quoi une opposition entre des « prohibitions purement morales ou religieuses » et des « prohibitions qui ne sont pas que morales et religieuses » ? Je suis désolé, mais cette opposition ne va pas de soi, je ne comprends pas ce que ça veut dire. Oui, je veux bien donner du sens à cela, en trafiquant un peu, mais si je prends la signification rigoureuse de la phrase, je vois bien qu’il y a un problème et puis que ça renvoie à tout un problème de définition de la morale, du religieux et de la prohibition même, ce qui fait que cette phrase ne repose que sur un caractère entendu, et pas sur des bases solides. Pour l’opposition au divin, on nous dit que ses prohibitions s’engendrent d’elles-mêmes, sans appui d’une autorité divine, ce qui déjà est douteux et exigerait une justification d’expert(s). Pour expliquer leur différence avec les prohibitions morales, nous avons droit à une phrase particulièrement mal écrite, je peine à en déchiffrer la signification littérale, ce qui est dommage puisque tout cela me paraît éminemment conjectural et douteux : « Ce qui les distingue des prohibitions morales, c’est qu’elles ne font pas partie d’un système considérant les abstentions comme nécessaires d’une façon générale et donnant les raisons de cette nécessité. » Il y aurait donc dans le cadre moral un « système considérant les abstentions – merci d’expliquer où on veut en venir en employant ainsi ce mot sans aucune autre forme de précision – comme nécessaires d’une façon générale – cette rallonge « d’une façon générale » crée de la confusion et n’éclaire rien du tout, si ce n’est ma perplexité – je répète un système considérant les abstentions comme nécessaires d’une façon générale et ce système donnerait les raisons de cette nécessité. Pourquoi ne pas dire plus simplement qu’on s’interdit un acte en fonction d’une explication morale, ou en fonction d’une crainte liée à la transcendance ? Le problème, c’est que cette reformulation en termes simples permet alors de se demander au nom de quoi le tabou lui n’est pas lié au religieux ou à une restriction morale ou n’en est pas dérivé, ou n’est pas lié à une phénomène de superstition qui convient à la société et au religieux, et ainsi de suite. Pour moi, l’extrait ne montre nullement en quoi le tabou est distinct des prohibitions morales et religieuses, il ne fait que l’affirmer dans un langage maladroit (du traducteur si on veut, mais je doute que le texte original ne soit pas déjà bien confus), et on ne voit pas, même si en se voulant indulgent on accepte la thèse, en quoi cette distinction est remarquable. Le texte progresse par pétitions de principe, mais comme le discours tend à butiner, à nous proposer des comparaisons entre les langues en nous leurrant sur de prétendues difficultés de traduction d’un mot, car il y a beaucoup à dire sur ce qui fonde la difficulté de la traduction, l’angle pris par Freud est encore une fois une affaire d’affaire entendue sans nuance, sans analyse précise, détaillée et bien justifiée de ce qui fait qu’un mot comme ça résiste à la traduction, sans qu’on ne se demande si un bon traducteur n’a pas une stratégie adéquate face à de telles difficultés, sans qu’on ne se demande si une pensée, une notion, n’est pas autre chose qu’un mot chargé d’histoire, et en ce sens donc peut être traduite sans perte. Freud progresse lentement à l’aide de périphrases, d’arguments d’autorité, tout au long de l’extrait ici mis en ligne, il fait mine d’expliquer, mais si on analyse les phrases on se rend que l’explication n’est qu’en surface, dans le choix des constructions de phrases. Dès qu’on veut creuser, on voit bien qu’il n’y a aucune analyse rigoureuse et que les affirmations jouent sur la pente naturelle des gens à se laisser persuader du bon sens d’une réflexion. La vérité doit être par là, et tout le monde fonce dans la direction indiquée. Je trouve cela bien superficiel.
    Voyez, on nous nous affirme que les « tabou » avec refus d’un accord au pluriel pour bien caractériser l’étrangeté du mot, car pensez bien que tout cela est astucieux, on nous affirme donc que les tabou sont d’origine inconnue et qu’il n’y a pas de raison aux « tabou », mais quand on me dit ça, je me dis « chouette! on va m’expliquer clairement comment on en est arrivé à une telle conclusion, eh bien non, on met cela à côté d’une autre affirmation selon laquelle le tabou est étrange pour nos esprits cartésiens, mais pas pour ceux qui sont soumis à son emprise. Mais qu’on m’explique en quoi le tabou a une origine inconnue et n’a pas de raison d’être parce que les gens sous son emprise ne s’interrogent pas de façon cartésienne à son sujet, mais le subissent et c’est tout. Il y a une confusion des plans de l’analyse, là ! Et le tabou vécu par un individu empêche-t-il par ailleurs de se saisir d’une histoire du tabou avec une genèse qui contredirait l’impression que ce n’est pas purement moral, que ce n’est pas purement religieux, que c’est sans raison, etc.
    Freud nous impose ensuite un argument d’autorité, c’est-à-dire qu’il avance une idée comme celle d’un homme très compétent. C’est un moyen de persuasion qui pose évidemment problème, les romains s’en étaient bien aperçus du temps de leurs écrits sur l’art rhétorique. « Wundt dit que le tabou représente le code non écrit le plus ancien de l’histoire de l’humanité. » A la façon des censeurs relisant les pages Wikipédia, j’ajouterais « [références nécessaires] ». Ce propos n’a rien d’évident, le problème, c’est que quand on lit on admet passivement plein d’affirmations rapides de ce genre pour pouvoir continuer à suivre le déploiement d’un raisonnement de tout un article. On ne réfléchit pas trop à la vérité de ce qui est dit, on essaie de comprendre et on passe à la phrase suivante, et évidemment les manipulateurs savent très bien cela.
    J’ai d’autres critiques à émettre sur la suite du texte et je peux même en souligner des contradictions internes. Je m’arrête là. J’espère au moins avoir incité les gens à une certaine défiance face à un discours d’autorité, face à des mots qui ont l’air de témoigner d’un haut degré d’instruction, d’une grande précision scientifique, face à un discours qui a une armature explicative, qui dit qu’il explique quelque chose, mais qui en fait ne fait que vous renvoyer confusément à un savoir peu fiable qu’on possède déjà, qui a déjà à voir avec la doxa. Le texte joue aussi à répéter plusieurs fois une même idée avec des mots différents, ce qui permet de faire entrer cette idée comme allant de soi dans la tête des gens, alors que nornalement le texte doit faire progresser une démonstration : par exemple, le texte répète à trois reprises que celui qui enfreint le tabou devient lui-même une figure du tabou, avec des mots différents, à trois endroits distincts du texte, et à l’occasion avec une explication qui en a la forme grammaticale, qui flatte le bon sens, mais qui n’est pas rigoureuse et précise : « car il possède la faculté dangereuse d’inciter les autres à suivre son exemple ». Par moments, les phrases deviennent plus claires et plus précises, ce sont précisément les phrases utiles à la promotion de la psychanalyse, celles qui réintroduisent le plus nettement les thèses personnelles à l’auteur, et ces phrases plus précises sont pourtant toujours autant de pétitions de principe qu’aucune explication ne vient appuyer et légitimer. Le discours est fondé ici sur des analogies, et ces analogies viennent de choix opérés dès le départ par l’auteur. C’est un peu comme si un scientifique disait « je vais démontrer que ceci ressemble à ceci parce que j’ai pris deux choses qui présentaient des ressemblances et que je vais en parler. Mais c’est normal que si on compare deux choses à partir de ressemblances on va retrouver les ressemblances dans la conclusion, il y a un truc qui tourne en rond, mais on fait mine d’avoir fait une grande découverte. Et le texte le dit explicitement ici, son sujet le tabou est obscur et difficile à définir, il le dit et le répète, donc on est en droit de se poser la question des limites du rapprochement opéré entre le tabou, phénomène qui serait sorti de l’Histoire, qui n’appartiendrait pas du moins pleinement aux civilisations actuelles, et la névrose obsessionnelle, objet théorique qui n’est pas défini dans cet extrait et dont la réalité est à prouver, sachant que l’auteur est forcément sur la question de « parti pris » : je vais vous démontrer que ce qui me sert à m’asseoir une légitimité scientifique est fondé, juste, pertinent, et qu’en plus ça se compare au tabou, un truc d’une difficulté de compréhension désespérante.
    La plupart des gens sont révérencieux car on leur présente une sommité intellectuelle reconnue, ce n’est pas mon cas, et je pense que j’ai mille fois raison, et j’ose dire que les techniques rhétoriques du texte de Freud sont celles de nos politiques, sont celles qui ont créé rapidement sur une base déjà disponible l’engouement « Je suis Charlie ».
    Et si je renvoie dos à dos Freud et « Je suis Charlie », c’est parce que c’est pour moi deux facettes du même mal de la manipulation rhétorique appliquée aux masses.
    Freud sur le tabou ne sera pas un remède à « Je suis Charlie » parce qu’on aura ironisé sur l’attitude irrationnelle et la terreur viscérale de ceux qui se mettent en troupeaux sous la bannière du premier qui dénonce un drame et en fait un sujet d’indignation.
    Il y avait sans doute énormément de lecteurs de Freud dans ces manifestants d’ailleurs, et Freud est une autorité pour ceux qui nous gouvernent qu’ils utilisent eux aussi tant et tant.

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  • Bruno // 14.04.2015 à 07h18

    Quoi qu’il en soit, les tueurs de Charlie Hebdo, n’avaient, eux, plus aucun tabou !

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  • Maryvonne Le Gland Leray // 15.04.2015 à 16h36

    personnellement j’en retiendrai surtout les lois sécuritaires qui suivent ce sursaut « républicain » qui luttant pour une liberté d’expression aléatoire accepte le lendemain la disparition de cette même liberté … liberté dont il faut bien noter n’est que l’apanage de quelques uns de ceux qui ont pignon sur rue … je ne sais pas si les tabous ont quelque chose à voir là dedans … mais les phénomènes de foule oui …

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