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14.août.201614.8.2016 // Les Crises

Escroc versus escroc, par Chris Hedges

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Source : Truthdig, le 19/06/2016

Mary Altaffer / Julio Cortez / AP

Mary Altaffer / Julio Cortez / AP

Durant la préparation des élections présidentielles, les libéraux ont affiché un manque criant de conviction. Des organisations libérales telles MoveOn.org [Aller de l’avant, NdT] se sont progressivement subordonnées, de façon asse écœurante, au parti démocrate. Les médias libéraux, incarnés par MSNBC, ont liquidé de manière impitoyable ceux qui osaient s’attaquer à l’establishment du parti démocrate. Les commentateurs libéraux, tels Paul Krugman, critiquent vertement les détracteurs du monde politique, les accusant de permettre la nomination d’un candidat du camp républicain. Les libéraux s’égosillent à dire, en dépit des faits, qu’ils ne sont pas comme Ralph Nader, le « révélateur » qui a donné George W. Bush aux américains.

La classe libérale refuse de combattre pour les valeurs qu’elle prétend défendre. Elle est paralysée et piégée par la panique que façonnent les systèmes de propagande corporatifs. La seule pression à l’intérieur du système politique provient du pouvoir des entreprises (corporations). Sans contrepoids et sans la volonté de la classe libérale de défier le statuquo, nous nous enlisons de plus en plus dans un despotisme corporatif. L’argument répété d’une nécessité de soutenir « le moins pire » rend les choses encore pire.

Le changement ne se fera pas rapidement. Cela risque de prendre une décennie, voire plus. Le changement n’adviendra jamais d’une capitulation face au Parti démocrate, qui représente l’ordre établi. Nous allons accepter notre place dans la jungle politique et nous allons construire des partis et des mouvements alternatifs afin de faire s’écrouler le pouvoir des entreprises. Sans quoi, nous apercevrons l’atrophie de notre démocratie, la conversion en un état policier, ainsi que la destruction de notre écosystème.

La montée d’un démagogue tel que Donald Trump est le résultat direct de l’adoption du néolibéralisme par le Parti démocrate. Cette collusion a pour conséquence l’asservissement du Parti démocrate envers l’impérialisme américain et, ainsi, de nous vendre aux entreprises les plus offrantes. Il n’y aurait actuellement pas de Trump si Bill Clinton et le Parti démocrate n’avaient pas initialement trompé les travailleurs citoyens avec l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA). Cet accord a détruit le système de protection sociale, a quasiment doublé la population carcérale, a réduit les programmes des services sociaux, a offert les ondes radio et TV à une poignée d’entreprises en dérégulant la Commission des Communications Fédérale, a esquinté les pare-feu délimitant les droits et obligations des banques commerciales et d’investissements. Ces déréglementations ont, par la suite, conduit à un crash financier global qui a prolongé la récession. De plus, cet accord marque également le début d’une guerre contre nos libertés civiles. Nous sommes depuis la population la plus surveillée, la plus sur écoute, la plus photographiée et la plus profilée de l’histoire de l’humanité. Il n’y aurait pas de Trump si les Clinton et le Parti démocrate, Barack Obama inclus, n’avaient pas décidé de se prostituer aux maquereaux corporatifs.

Les escrocs se présentent sous toutes les formes. A Wall Street, ils peuvent avoir des diplômes de l’Université de Princeton et de la faculté de droit de Harvard, des aptitudes sociales raffinées et des costumes trois pièces de couturiers italiens coûtant des dizaines de milliers de dollars. Dans la Trump Tower, ils peuvent avoir des mèches rabattues de mauvais goût, des bronzages artificiels, des casinos et des relations avec la Mafia. Dans la Fondation Clinton, ils peuvent se complaire avec les centaines de millions de dollars reçu des entreprises, ainsi que de donneurs étrangers, dont des gouvernements parmi les plus répressifs du monde, et ce en échange de faveurs politiques. Mais au final, ils restent tous des escrocs.

Les traits de caractère des Clinton sont aussi détestables que ceux qui définissent Trump. Les Clinton ont amplement illustré le fait qu’ils sont tout autant misogynes et financièrement corrompus que Trump. Trump est une version moins raffiné que les Clinton. Mais Trump et les Clinton usent sans cesse des mêmes ruses, entre mégalomanie et malhonnêteté pathologique. Le racisme n’est pas restreint à Trump. Les Clinton ont grimpé les marches du pouvoir au sein du Parti démocrate en incitant les stéréotypes raciaux, en condamnant des délinquants et des consommateurs de drogue non-violents mais de couleur à de la prison à perpétuité, en déclarant la guerre aux fraudeurs de la protection sociale et en érigeant les Démocrates en tant que prêcheurs d’une justice pénale plus stricte. Les Clinton font un meilleur travail pour cacher la dangerosité de leur venin, mais ils sont prêts, tout comme Trump, à vendre n’importe qui.

Les Clinton et l’establishment du Parti démocrate parient que la classe libérale se rendra une fois de plus pour s’associer et avoir plus de puissance et s’agenouillera devant l’idéologie néolibérale. Bernie Sanders sera éliminé et, tel un chien de berger la queue entre les jambes, partira convaincre ses partisans, de retourner dans l’enclos. L’outrage moral de ses partisans envers les crimes de Wall Street, surveillance des masses par l’État, l’éviscération des libertés civiles, l’échec dans la lutte contre la destruction des écosystèmes, des guerres sans fin, des coupes budgétaires dans la sécurité social et enfin l’austérité, seront, espère le Parti démocrate, bientôt dissipés. Ils n’ont peut-être pas tort. Étant donné l’histoire de la classe libérale, ils ont même probablement raison.

Les partisans de Sanders, cependant, ont dû affronter la dure réalité de la triche en politique. Quelques-uns ont été dégoûtés et suffisamment politiquement astucieux pour déserter et rejoindre le Parti des verts. Mais une fois qu’ils ne suivent plus les règles du jeu, une fois qu’ils sont devenus des « girouettes », ils seront ignorés ou ridiculisés par la presse institutionnelle, réprouvés par les élites libérales et sévèrement réprimandés par l’ancien candidat qu’ils supportaient.

Les libéraux, dans un échange de bons procédés avec l’establishment, servent de chiens d’attaque afin de nous garder dans l’étau mortel du capitalisme corporatif. Les libéraux sont tolérés par les élites capitalistes parce qu’ils ne questionnent pas les vertus du capitalisme corporatif, uniquement ses excès. Les libéraux appellent à des réformes mineures et superficielles et ils dénoncent ceux qui osent parler le langage de la lutte des classes. Par les valeurs libérales qu’ils prônent, les libéraux sont le groupe préféré des élites capitalistes qui les utilisent pour diaboliser la gauche en les traitant d’hérétiques irresponsables.

Les libéraux se voient attribuer, par l’élite corporative, des postes dans les universités, dans les médias, dans les systèmes de divertissement et dans les agences de publicité afin de perpétuer le pouvoir des entreprises. Beaucoup sont fort bien rémunérés. Ils ont un intérêt économique clair dans la dominance du pouvoir des entreprises. L’élite éduquée des classes libérales ne sont que les idiots utiles du capitalisme. Ils ne sont tolérés que parce qu’ils contribuent, en discréditant la gauche, au maintien du pouvoir corporatif. Ils ne pensent ni n’agissent pas de façon indépendante. Ils reçoivent l’accès aux plateformes du monde académique, des radios et de la TV afin de marginaliser et de dénoncer tous ceux qui pensent et qui fonctionnent de façon indépendante.

La bataille entre la gauche et une classe libérale en faillite va animer le reste de la course présidentielle. Il est tristement prévisible que tant de progressistes auto-proclamés, ainsi que leurs organisations, vont une fois de plus servir comme les pions du néolibéralisme en pratiquant la censure. Les sites internet progressistes ont, lors des primaires, refusé d’imprimer des articles de critiques comme ceux de Paul Street, qui ne voyait pas en Sanders le nouveau messie de la politique. En nous rapprochant des élections, ces sites internet vont devenir de plus en plus hostiles face à la gauche et de plus en plus soumis à Clinton.

Le système du pouvoir corporatif, que Clinton et Trump ne vont pas altérer, va continuer d’être ignoré. Le poison de l’impérialisme et du capitalisme corporatif, qui ronge incessamment le pays et qui le pousse vers l’effondrement, sera mis de côté. La campagne sera une émission politique de télé réalité dont, cette saison-ci, l’un des candidats présidentiel est déjà une authentique vedette de cet univers-là. La campagne va ignorer les idées mais va susciter les émotions – la peur, la colère et l’espoir. Les insultes vont fuser sur les réseaux sociaux. La course électorale sera vide de contenu. Clinton et Trump, dans ce monde d’illusion politique, vont dire tout ce dont les audiences et les auditeurs veulent entendre. Ils vont combattre avec furie pour emporter les votes des « indécis », qui représentent essentiellement le segment apolitique de la population. Et une fois les élections terminées, le gagnant – qui aura des comptes à rendre – rejoindra Washington, là où les entreprises, les riches donateurs et les lobbyistes vont continuer à gouverner.

Après novembre, notre rôle sera terminé. Nous ne serons plus encouragés à partager nos avis sur des questions ou dans des sondages dont le but est d’orienter les réponses vers certains résultats. Notre rôle de figurant, dans cette pièce de mauvaise qualité que l’on appelle démocratie, ne sera plus désiré. Le carnaval politique à la télévision sera remplacé par d’autres carnavals. L’état corporatif clamera haut et fort la légitimité démocratique. Nous resterons en servitude.

Le vrai visage de l’état corporatif, et l’évidence que notre démocratie a été éliminé, sera exposé en devanture dans les rues de Cleveland et de Philadelphie à l’occasion des congrès des partis politiques. Les quartiers et immeubles situés autour des halls des conventions seront militarisés et seront envahis de policiers. Il y aura des restrictions de mouvements. Les passants seront arrêtés de façon aléatoire et fouillés. Des hélicoptères planeront au-dessus des têtes. Des autorisations pour rassemblement ne seront attribuées qu’à ceux qui, comme les supporters de Sanders, restent dans les paramètres imposés par la mascarade politique. Les groupes suspectés de planifier des manifestations, pour défier les politiques corporatives, ont déjà été infiltrés. Ces mêmes groupes vont être lourdement surveillés. Ceux qui tenteront d’improviser des protestations sans autorisation seront arrêtés et détenus avant le début des conventions politiques. Les villes vont être sous état d’urgence.

Si vous voulez voir ce à quoi les États-Unis auront l’air dans le futur proche et à travers tout le pays, portez votre attention sur les halls des conventions politiques, et spécialement sur les rues de Cleveland et de Philadelphie. C’est dans les rues que nos maîtres corporatifs vont gagner ou perdre. Et ils le savent très bien.

Source : Truthdig, le 19/06/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Commentaire recommandé

Anthony // 14.08.2016 à 04h15

Bonjour chers vous,
Les larmes me viennent car malheureusement presque tout est dit.
« …Le changement ne se fera pas rapidement. Cela risque de prendre une décennie, voire plus…  »
Avec un tel verrouillage, malheureusement nous ne connaîtrons pas de changement, de notre vivant, et avec un peu lucidité nous savons qu’ils provoqueront la der-des-ders mais cette fois pour de vrais.
Nos parents étaient politisés et c’était une sorte de protection de notre société et simplement le progrès.
Nos anciens se sont battus pour ce lamentable résultat. Quand je parle politique, autour de moi, les gens m’insultent car il est « pénible » …Mais après, c’est trop tard.

39 réactions et commentaires

  • XYZT // 14.08.2016 à 03h57

    NB
    L’anglais « corporation » est un faux ami.
    Il se traduit en français par entreprise ou société

      +10

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    • babelouest // 14.08.2016 à 05h55

      Oui, le terme « corporation » est inadéquat, ce sont en fait les entreprises MONDIALISTES qui sont ainsi visées, celles qui ont intérêt au TTIP, celles dont les lobbyistes font la pluie et le beau temps à Washington, et aussi à Bruxelles ; en particulier les grandes banques d’affaires et assimilés.

        +15

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    • bluetonga // 14.08.2016 à 07h48

      La difficulté de traduction ne porte pas sur « corporation » mais sur « corporatism » qui n’a pas d’équivalent clair en français et qui désigne le pouvoir et l’influence des (grandes) entreprises sur la vie publique et politique américaine. Le corporatism, c’est en gros un système où l’intérêt des agents économiques, industriels et financiers majeurs prime sur l’intérêt des citoyens, notamment par la manipulation de la classe politique et médiatique, des différentes institutions.

        +25

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    • samuel // 14.08.2016 à 13h18

      corporation a été utilisé comme antagonisme dans le cyberpunk au nationalisme, d’un coté tes droits sont liés à la société qui t’emploie (ta santé, ta bouffe vienne de ton appartenance à la dite société, en gros si tu es chômeur tu meurs vite de faim et de soin, sauf si il y a du « care » un peu de charité chrétienne dans la société), de l’autre tu as des droits par defaut, mais tu dois peut-être mourir au nom de ses droits, forcement pour un Français c’est péjoratif, pour un Américain c’est plus complexe, tu veux à la fois pouvoir mourir pour les « states » et rester indépendant de l’état fédéral pour les droits, car sinon ta Liberté dépend de la fédération (mais si tu es Français tu comprends pas).

        +3

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  • Anthony // 14.08.2016 à 04h15

    Bonjour chers vous,
    Les larmes me viennent car malheureusement presque tout est dit.
    « …Le changement ne se fera pas rapidement. Cela risque de prendre une décennie, voire plus…  »
    Avec un tel verrouillage, malheureusement nous ne connaîtrons pas de changement, de notre vivant, et avec un peu lucidité nous savons qu’ils provoqueront la der-des-ders mais cette fois pour de vrais.
    Nos parents étaient politisés et c’était une sorte de protection de notre société et simplement le progrès.
    Nos anciens se sont battus pour ce lamentable résultat. Quand je parle politique, autour de moi, les gens m’insultent car il est « pénible » …Mais après, c’est trop tard.

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  • Louis Robert // 14.08.2016 à 04h57

    « Au final, ils restent tous des escrocs… Après novembre, notre rôle sera terminé. Nous ne serons plus encouragés à partager nos avis sur des questions ou dans des sondages dont le but est d’orienter les réponses vers certains résultats. Notre rôle de figurant, dans cette pièce de mauvaise qualité que l’on appelle démocratie, ne sera plus désiré. Le carnaval politique à la télévision sera remplacé par d’autres carnavals. L’état corporatif clamera haut et fort la légitimité démocratique. Nous resterons en servitude. »

    ***

    Tout est dit: voilà le lourd tribut qui devra être payé pour avoir accepté de continuer de participer bêtement, une fois encore, à ce jeu de… dupes.

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    • Amsterdammer // 15.08.2016 à 20h39

      Depuis des décennies, la moitié de la population américaine ne vote pas, en particuliers les exclus du système.

      Preuve que l’abstentionnisme ne sert à rien, sinon a empêcher, tout comme en Europe, l’émergence d’une réelle alternative électorale face à la comédie de l’alternance entre les deux pôles ‘conservateur’ vs ‘progressiste’ du parti-système.

      S’abstenir ne nuit en aucune façon à l’ordre en place.
      Au contraire. Plus les perdants de la lutte s’abstienne d’un vote de classe, moins le système est menacé.

        +5

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      • Louis Robert // 16.08.2016 à 03h16

        1. S’abstenir massivement délégitimise non seulement ces faux « élus » mais aussi tout le processus politique, même si ceux, de moins en moins nombreux, qui jouent bêtement le jeu de dupes, permettent encore à « l’état corporatif (de clamer) haut et fort, bien qu’à tort, la légitimité démocratique. » Les politiques ne s’y trompent pas, non plus que les citoyens.

        2. Si j’ai bien compris, s’abstenir de jouer le jeu électoral n’empêche pas mes amis de jouer à beaucoup d’autres jeux, y compris en politique. Condition nécessaire n’est pas condition suffisante? Soit! Nous avons l’imagination généreuse…

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        • babelouest // 16.08.2016 à 06h29

          Il faut aussi tenir compte du faut que souvent, très souvent, les masses laborieuses aux States ne PEUVENT pas voter. Les scrutins se déroulent aux heures travaillées. Il n’est pas prévu qu’ils quittent le job le temps d’aller au bureau de vote, d’autant que le processus est très long (20 ou 30 scrutins simultanés, et la queue). Et bien d’autres ne peuvent plus justifier d’un domicile, dont ils ont été chassés par les créanciers.

          Par ces faits mêmes, la légitimité démocratique ne peut exister.

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  • Etiocle // 14.08.2016 à 06h34

    Difficile de traduire « corporation » dans le contexte. Je verrais la société civile libérale, des groupes d’intérêts économiques, des lobbies au fond.
    Ces groupes de pression dans les campagnes électorales ont existé de tout temps. Mais que le libéralisme ne rencontre pas d’autre(s) idéologie(s) capable(s) de le combattre, de prendre place dans le débat politique et de parvenir au gouvernement de l’État est un phénomène contemporain qui dépasse le seul continent américain.
    Il nous manque une pensée politique de remplacement suffisamment construite pour remplacer les structures du libéralisme – et non pas simplement les critiquer.

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    • Jean // 14.08.2016 à 13h55

      Ce qui importe ce n’est pas tant le moyen, le libéralisme, que l’objectif qui est la destruction de la souveraineté des peuples, remplacée par celle des grandes entreprises et de ceux qui les possèdent. C’est, à mon avis, une définition du fascisme et l’un des plus sûr moyens de parvenir à la guerre.
      Le libéralisme ne peut pas avoir d’autres conséquences que la fabrication de quasi-monopole et la concentration des richesses. Détruire toutes les réglementations et laisser-faire, en escomptant que les équilibres économiques s’établissent d’eux-mêmes, ce n’est pas de la science économique mais de la fumisterie. Aussi le chaos n’a jamais manqué d’accompagner cette brillante idée chaque fois qu’elle a été mise en pratique.
      Plus que d’une nouvelle idéologie et de nouveaux dogmes nous avons besoin de comprendre qu’une société qui répartie équitablement les richesses qu’elle produit et non seulement plus efficiente économiquement mais est aussi une condition nécessaire si l’on veut vivre en paix avec ses semblables. L’une des plus grandes réussite de la propagande est d’avoir convaincu la multitude que cet équilibre là est une utopie.

        +12

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      • Etiocle // 16.08.2016 à 06h08

        A part que le libéralisme se fonde sur le principe de la souveraineté individuelle. Il en découle une opposition farouche à toute forme de collectivité, dont l’État, alimentée par l’intérêt général, vaste foutaise ou mystification pour un libéral. Comme vous le dites, la souveraineté du peuple dans ce cas est « remplacée par celle des entreprises » et in fine par « ceux [individus] qui les possèdent ».
        Ces mêmes entreprises, quelque qu’elles soient (corporations), reposent sur un contrat privé, pas toujours formalisé, entre personnes qui partagent occasionnellement le même intérêt. Dans ces conditions concurrentielles, la paix est difficilement concevable sinon comme le résultat d’une négociation entre des forces en présence mais elle n’est pas un but en soi.

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        • Jean // 16.08.2016 à 09h53

          L’idéologie qui se fonde sur le principe de la souveraineté individuelle c’est l’anarchisme. Le libéralisme c’est plutôt la loi du plus fort, la liberté du loup dans la bergerie, la destruction des principes du contrat social qui est le socle de notre société. Si l’on avait toujours appliqué ce principe du chacun pour soit nous serions encore probablement dans des grottes armés de haches en silex.

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          • babelouest // 16.08.2016 à 10h07

            NON, Jean, anarchie n’est pas synonyme de souveraineté individuelle. Je suis anarchiste égalitaire, ce qui est parfaitement logique. Liberté sans contrôle par l’égalité, c’est la porte ouverte à toutes les dérives, y compris sécuritaires, car certains se veulent plus libres que d’autres.

            En revanche, quand je parle d’égalité, je vais très loin, ce qui me paraît logique également. Nous sommes à la fois TOUS égaux, et TOUS différents, avec des différences dans chacun qui, à la réflexion, s’annulent et s’équilibrent. De cette égalité-là vient naturellement la fraternité.

             » L’anarchie, c’est l’ordre sans la hiérarchie  »
            (Michel Bakounine)

            Il est bien entendu, en contrepartie, que chacun est libre concernant SON corps, et seulement lui : chose qui actuellement n’est de fait pas du tout respectée.

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          • Etiocle // 16.08.2016 à 10h29

            A la différence près que l’anarchisme (en bref) récuse toute souveraineté et que la primauté de l’individu ne signifie pas solipsisme et n’exclut pas des rapports sociaux, conflictuels, certes, moteurs de développement.
            Débat à mon sens essentiel sur le libéralisme mais qui s’écarte des limites imposées par le blog.

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  • DocteurGrodois // 14.08.2016 à 06h58

    Escroc vs. Escroc, certes.

    Mais Trump est un escroc à titre privé, tandis que les Clinton monnayent, parait-il, leur influence en échange d’un discours à 500 000 dollars, et/ou d’une donation à la fondation Clinton…

    Trump a contre lui l’ensemble des media, ainsi que l’establishment de son propre parti. Et pourtant il continue de s’imposer. Et il y a des raisons profondes pour cela, l’une d’entre elles étant le rejet de l’establishment qui bloque la société, mais d’un point vue conservateur populaire.

    En miroir, Sanders avait provoqué l’enthousiasme de la base qui exprimait le même rejet de l’autre coté de la barrière. Sauf que Sanders a été écrasé par l’appareil de son parti, et s’est couché devant Clinton au nom du vote « utile ».

      +28

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    • sécotine // 14.08.2016 à 09h44

      vous voulez savoir qui sont les Clinton ? Lisez « Clinton Cash  » de Peter Schweizer et « Crisis of Caracter » de Gary J.Byrne entre autres.

        +5

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    • Beatrix // 14.08.2016 à 13h14

      B. Sanders a été l’idiot utile du Parti Démocrate. Il a été choisi pour animer la campagne, faire diversion le temps des préparatifs à l’entrée en scène de la grande star. Il a été le pion choisi pour stimuler la candidature de Hitlery Clinton (nous connaissons tous cela dans nos partis politiques nationaux). Il semble même qu’une convention tacite serait que Sanders jette l’éponge dès que les barons des grandes industries – notamment de la finance – entrent dans la danse et marchent vers le devant de la scène pour déclarer leur soutien à Hitlary Clinton. Un scénario bien rodé.
      Ce qui me fait dire cela c’est que Sanders n’a jamais pris distance avec son parti. A aucun moment son discours ne l’a écorché. Il n’a jamais abordé de thèmes cruciaux comme l’économie du pays ou la politique extérieure de Washington. Mais n’est-ce pas le cœur-même du contrat entre Sanders et son parti? Il n’était libre que de déplorer un état social carencé, mais ne jamais faire de propositions. C’est symptomatique d’un piège qu’on dissimule.

        +15

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      • Wilmotte Karim // 14.08.2016 à 19h35

        Sanders n’a rejoint le parti que récemment et n’est pas passé si loin de prendre le parti.

          +0

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      • DocteurGrodois // 14.08.2016 à 20h04

        Non.
        Sanders est un éléphant du parti démocrate US (Sanders a marché aux cotés de Martin Luther King…) et il n’a été exclu de la course à la présidence que par des manipulations internes révélées par wikileaks. La base de nombreux états sont toujours pro-Sanders, et leurs représentants ont même été exclus et remplacés par des figurants à la convention nationale pour ne pas faire tache à la télé…

        Ensuite oui, Sanders a capitulé. Mais sa base insiste. Lourdement.

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        • Wilmotte Karim // 14.08.2016 à 22h14

          « Politiquement indépendant, Bernie Sanders est rattaché administrativement aux démocrates du Sénat, avant d’adhérer au Parti démocrate en 2015. »

          Wiki.

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  • bluetonga // 14.08.2016 à 07h56

    Constat implacable de Chris Hedges. En fait, tant qu’il n’y a pas analyse et contestation de la doxa (ultra) libérale et qu’est véhiculé par les médias l’amalgame libéralisme économique / libertés politiques, il n’y a pas de gauche réelle.

    A cet égard, nous ne sommes certainement pas mieux lotis sur le vieux continent. Si ce n’est qu’il y est quand même davantage possible de réfléchir en termes de bien commun plutôt que réussite individuelle, tout simplement parce que les communautés y restent clairement visibles, au travers des nations, des cultures et des langues.

      +6

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  • Laetizia // 14.08.2016 à 08h41

    Je peux me tromper mais j’ai l’impression qu’il y a une erreur de traduction qui gêne la lecture de l’article : « corporation » devrait être traduit par entreprise, grande entreprise, et non corporation.

      +5

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  • Cont d’Orsay // 14.08.2016 à 08h51

    Les citoyens sont devenus bien trop paresseux et surtout bien trop lâches pour continuer à mériter la démocratie. ça tombe bien, il y a une oligarchie au niveau mondial qui, après avoir tout accaparé ces trente dernières années aimeraient bien verrouiiler ça en instituant une aristocratie mondiale, affranchie de toute contrainte étatique démocratique et protégeé par les anciens attributs politiques, militaires et judiciaires des état états nations instrumentalisés.
    Le monde est bien fait quand même.
    Le problème?
    A ce jour, aucune utopie cohérente dans les tuyaux.
    Aux stylos.

      +17

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  • J // 14.08.2016 à 08h57

    Et « libéral », dans ce contexte, signifie progressiste, soucieux du social, ce qu’on appelle chez nous plutôt « de gauche ».

      +3

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  • bosons // 14.08.2016 à 09h11

    La seule issue pour la planète c’est d’endiguer les USA, c’est ce qu’est en train de construire tout doucement les BRICS en l’occurrence la RUSSIE ET LA CHINE, cela prendra un peu de temps mais peut être aussi assez rapide vu la décomposition de cette MAFIA institutionnalisée que l’on appelle USA;

      +9

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  • bdb30 // 14.08.2016 à 09h14

    C’est au onzième paragraphe qu’apparaît le terme « gauche » et il faudrait expliciter le terme « libéral, libéraux ». Un « libéral » nord américain est-il de « gauche » ? Les « libéraux » nord américains représentent-ils les classes moyennes supérieures « éduquées »? Je ne saisis pas tout le sens critique de cet article.

      +1

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    • Spectre // 14.08.2016 à 12h12

      Un “libéral” nord américain est-il de “gauche” ?

      Oui, libéral s’oppose à conservateur là-bas. Ça n’a pas le sens économique d’ici.

        +1

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  • RGT // 14.08.2016 à 10h09

    Le jour (béni) où les électeurs comprendront réellement que tous les politiciens influents sont dans un parti particulier pour de simples raisons de plan de carrière plus intéressant dans un parti que chez les « pourris d’en face » un grand pas sera fait par l’humanité.

    La seule chose qui intéresse ces politiciens, comme tout « bon » professionnel qui se respecte, c’est le montant de sa rémunération et ses « garanties » de maintien de ces revenus jusqu’à la fin de son existence.

    Hélas, il me semble que l’homo sapiens évolue de plus en plus vers l’homo crétinus

    Si l’espèce humaine évoluait vers l’homo intelligensis elle se débarrasserait immédiatement de tous les partis politiques et s’occuperait elle même de son destin sans le confier à des individus uniquement motivés par leur propre intérêt.

      +29

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  • Eric83 // 14.08.2016 à 10h57

    « Escroc versus escroc ». Que les deux protagonistes Clinton et Trump – qui s’étalonnent à mon sens du pire au moins pire – soient des démagogues, des menteurs et des manipulateurs pour arriver au pouvoir, rien de nouveau aux US comme dans nombre de soi-disant « démocraties ».

    Renvoyer dos à dos Clinton et Trump en tant qu’escroc me dérange profondément car Trump, entre autres, n’est pas un politicien corrompu, n’a pas cautionné voire interféré directement pour engager les US dans des guerres d’agression qui ont déjà causé la mort de centaines de milliers de citoyens, voire de millions…etc…

    Par ailleurs, il est établi que le parti démocrate a favorisé Clinton au détriment de Sanders. D’autre part, depuis 2 mois, plusieurs personnes directement liée à la campagne démocrate sont décédées dont la dernière en date Seth Rich, 27 ans, abattu à Washington d’une balle dans le dos…tirée à 500 m. ( Possiblement le lanceur d’alerte à l’origine de révélations Wikileaks).

    http://www.zerohedge.com/news/2016-08-05/lead-attorney-anti-clinton-dnc-fraud-case-mysteriously-found-dead
    http://www.zerohedge.com/news/2016-08-10/wikileaks-assange-hints-murdered-dnc-staffer-was-email-leaker-offers-20k-reward-info

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  • Ailleret // 14.08.2016 à 11h57

    « Le poison de l’impérialisme et du capitalisme corporatif, qui ronge incessamment le pays et qui le pousse vers l’effondrement, sera mis de côté. […] La course électorale sera vide de contenu. »

    Aucun rapport avec le duel PS-UMP que nous préparent les médias français pour 2017, bien sûr !
    Chez nous, ce serait plutôt : « Le poison du néolibéralisme et de l’atlantisme, qui ronge le pays et le pousse vers la guerre, sera mis de côté. »

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  • Cyrano // 14.08.2016 à 12h26

    Le terme de corporation est parfaitement compréhensible en français . Il suffit de se référer à l’ancien régime où les professions étaient organisées selon ce mode. Ces corporations pouvaient être très puissantes comme celle des bouchers de Paris. Mais elles restaient toujours soumises au pouvoir royal. C’est la révolution qui les a supprimé… vous savez ce moment où la légitimité du pouvoir ne vient plus de dieu mais du peuple. Les corporations du moyen-âge c’étaient le peuple s’organisant face à l’oligarchie aristocratique. Nos corporations modernes c’est l’oligarchie économico-financière qui se pare de la légitimité du vote démocratique vendu par des politiciens corrompus pour asservir le peuple. Ces politiciens devraient être jugés pour haute trahison.

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  • Charlie Bermude // 14.08.2016 à 16h24

    Entre escrocs , vaut mieux choisir , la pire : la Clinton . Elle va nous assurer une destruction plus rapide du systéme . Sauf manque de concivtion , c’est à dire si on est encore englué dedans . Qu’on aimerait retarder l’échéance . Un reste de tendresse , en quelque sorte . Sinon , comme il existe encore trop de naifs , c’est elle qui a le plus de chances . Et c’est bien comme çà , elle est bien foutue la vie , elle se sert du mal pour le bien à l’inverse des apparences . C’est ce qui instruit les cons .
    La Clinton va nous libérer les femmes comme Obama , le fit avec les Noirs . çà leur fera du bien .
    Peut etre qu’aprés les uns et les autres seront plus raisonnables , c’est peut etre excessif comme optimisme . Ce qu’il y a de sur c’est que Les Russes et Chinois vont bien se marrer .

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    • Philou // 14.08.2016 à 19h38

      Pour moi, c’est l’inverse, la Clinton me paraît vraiment cinglée (d »abord littéralement : signes de blocage psychophysique face à des stimuli trop forts). Elle a voté pour toutes les guerres, aurait incité son mari affaibli par ses frasques sexuelles à lancer les frappes aériennes contre l’Irak et le Soudan et à renforcer les sanctions génocidaires, est une des principaux responsables du fiasco libyen, placera les pires néo-cons comme le couple Kagan-Nuland aux postes-clés, affirme vouloir aller à l’affrontement avec les Russes… qui ne reculent jamais quand leur existence est en jeu (horde d’Or, Turcs, Napoléon, Hitler).
      Comme disait Einstein : « je ne sais pas comment sera menée la 3e guerre mondiale mais je sais que la 4e le sera avec des pierres et des bâtons ».

      Avec Trump, nous aurions une implosion, un effondrement générateur de partitions (Atlantica, Pacifica, Greater Canada, Gran México, Big Texas & JesusLand), plus proche de l’implosion « gracieuse » (pour nous) de l’URSS. Mais dans tous les cas, nous allons en prendre plein la figure à la mesure de notre asservissement forcé ou volontaire au système américaniste.

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  • citoyen du monde // 14.08.2016 à 17h44

    En définitive l’homme ne maitrise aucune finalité. Les choses peuvent s »emballer de façon autonome vers un clach  » le mur ». La Clinton donne l’impression de pousser à l’affrontement avec la Russie, au moins verbalement. C’est la solution qui reste envisageable à la crise actuelle.

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  • Anatole // 14.08.2016 à 22h03

    Ce sont les marionnettes finales, car objectivement l’une comme l’autre, aucune n’est destinée à assurer un mandat (La Clinton a d’ailleurs le cerveau en dégenerescence) mais plutôt à captiver l’opinion publique par des énormités de plus en plus grosses, et à priori ça marche aussi bien que les Hollandouilleries de ce côté-ci de l’Atlantique..
    C’est ce que veulent ceux qui tirent les ficelles, [les vrais gouvernants/manipulateurs de cette planète, CIA et consorts] quels qu’ils soient, fort probablement afin de détourner l’attention le plus longtemps possible des idiots que nous sommes de faits beaucoup plus graves pour notre futur.
    L’avenir proche devrait pouvoir très certainement nous renseigner, soyons patients.

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  • m // 14.08.2016 à 22h48

    Le Guardian sur les limites de l’objectivité de la presse américaine envers Trump :
    https://www.theguardian.com/media/2016/aug/14/donald-trump-fairness-balance-falters-bbc-us-media

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  • interlibre // 15.08.2016 à 17h37

    Pour les Cassandre, Il vaut mieux se concentrer sur l’action à notre petit niveau sous peine de devenir dépressif. Réparer les conneries de ces 30 dernières années en prendra au moins autant faut pas se leurrer. Si c’est pas pour cette élection ça sera pour la prochaine ou celle d’après. Entre temps faudra surtout limiter la casse et le nombre de morts. L’Histoire se souviendra parfaitement de ceux qui l’auront aider à avancer et aussi de ceux qui auront tout fait pour la ralentir pour des privilèges insignifiants, petite pensée pour le système politique et médiatique actuel qui de toute façon, d’une manière ou d’une autre finira au cimetière.

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