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15.juin.201315.6.2013 // Les Crises

[Reprise] L’Europe, la démocratie et la théorie de l’engagement stratégique, par Luigi Zingales

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Luigi Zingales est un économiste libéral de l’école de Chicago

CHICAGO – Depuis la fin des années 1970, la théorie des jeux s’est répandue dans les milieux universitaires, ce qui a conduit les macroéconomistes à insister sur la notion d’engagement – une stratégie qui limite le degré de liberté des décideurs politiques, ceci pour améliorer les résultats économiques à long terme. Cela paraît contre-intuitif : comment moins de quelque chose peut-il conduire à une amélioration ?

Luigi Zingales

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Même si elle n’est pas historiquement exacte, la légende de Hernan Cortés est l’un des meilleurs exemples d’engagement stratégique. Voulant conquérir le Mexique, il décida de brûler les navires sur lesquels il était venu d’Espagne avec son armée. A première vue cet acte parait insensé : pourquoi détruire volontairement le seul moyen de se sauver en cas de défaite ? Cortés aurait expliqué qu’il a fait cela pour motiver ses troupes. Sans fuite possible, les soldats étaient encore plus motivés pour l’emporter. Alexandre le Grand aurait fait quelque chose d’analogue lors de la conquête de la Perse.

Pour être efficace, un engagement stratégique doit être crédible – autrement dit, il doit avoir un caractère irréversible. En ce sens, la stratégie de Cortés était parfaite : en cas de défaite, les Espagnols ne pouvaient reconstruire les navires brulés. Mais un engagement stratégique doit aussi être coûteux en cas d’échec : si Cortés avait perdu, aucun soldat espagnol n’en serait sorti vivant. C’est précisément ce qui contribué à motiver ses troupes.

Evidemment, nous ne connaissons que les réussites de cette stratégie. Si Cortés avait échoué, il aurait sombré dans l’oubli ou aurait laissé l’image d’un personnage illuminé et arrogant, se croyant capable de battre tout un empire.

La création des banques centrales a été l’une des premières applications de cette stratégie à la politique économique. On dit que les responsables monétaires doivent être indépendants du système politique, parce qu’à l’approche d’élections, les dirigeants élus risquent de faire pression sur eux pour faire baisser provisoirement le chômage, même si cela entraîne une inflation permanente. Pour éviter cette situation, les Etats doivent isoler les responsables des banques centrales des interférences politiques.

Beaucoup de macroéconomistes attribuent la baisse continue de l’inflation depuis le début des années 1980 à cette stratégie appliquée un peu partout. Encouragés par leur succès, les dirigeants politiques ont commencé à l’utiliser dans d’autres domaines. Ainsi ils ont « vendu » la libéralisation financière à l’opinion publique comme un engagement en faveur d’une politique favorable aux marchés. Si un gouvernement ne s’y conformait pas, la fuite des capitaux le mettrait à genoux.

Les emprunts colossaux réalisés par les Etats auprès de l’étranger, des caisses d’émission monétaire ou même d’unions monétaires relèvent de la même stratégie. La création de l’euro n’est rien d’autre qu’une forme extrême d’engagement : les pays européens ont essayé de lier leur sort au suivi de la discipline budgétaire allemande.

Le recours de plus en plus fréquent à cette stratégie pose la question de la démocratie. Cortés n’a pas fait de sondage avant de brûler ses navires. Et l’aurait-il fait, il aurait peut-être gagné (car sa stratégie était habile), mais c’est loin d’être une certitude.

La stratégie d’engagement stimule la motivation, mais elle est risquée. Alors que la probabilité de l’emporter était minime, Cortés, aveuglé par son rêve de gloire, était peut-être prêt à sacrifier ses troupes.

Heureusement, aujourd’hui ce sont des gouvernements élus démocratiquement qui prennent ces décisions censées traduire la volonté du peuple. Mais étant donné leur nature, ces décisions méritent un examen tout particulier, car elles sont par essence irréversibles. Liant les mains des gouvernements à venir, elles sont équivalentes à des amendements constitutionnels. De ce fait leur adoption devraient être soumise à un processus d’approbation spécifique.

Cette question est cruciale quand l’engagement présente des avantages plus attirants à court terme que celui de brûler les navires. Ainsi, quand un gouvernement commence à emprunter à l’étranger ou choisit d’entrer dans une union monétaire, les taux d’intérêt baissent. Ce type d’avantage immédiat est bien plus visible que le coût potentiel de l’engagement dans le futur. Avec cette stratégie, un gouvernement machiavélique peut pousser un électorat réticent à accepter une politique contraire à sa volonté.

C’est bien là que réside le problème. Pour les pays du sud de l’Europe, rejoindre la zone euro a été – explicitement ou pas – un moyen de contraindre leur population à accepter un certain degré de discipline budgétaire qu’elle n’aurait pas adoptée d’elle-même. S’agissait-il d’une décision démocratique ou de la manipulation de la population par une élite « éclairée » ?

Je crains que cette dernière hypothèse ne soit la bonne, ce qui pourrait expliquer le ressentiment qui monte contre l’Union européenne. Et pour couronner le tout, certains dirigeants européens n’assument pas leurs décisions passées. Ils ne veulent pas admettre que sont eux ou leurs prédécesseurs qui ont brûlé les navires. Ils rejettent la responsabilité sur la construction européenne. Aussi, l’euro, au lieu de favoriser l’intégration de l’Europe, la divise encore davantage.

Traduit de l’anglais par Patrice Horovitz
Par Luigi Zingales
Source : project-syndicate.org

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49 réactions et commentaires

  • BA // 15.06.2013 à 08h04

    Luigi Zingales écrit une phrase de conclusion très importante :

    « Aussi, l’euro, au lieu de favoriser l’intégration de l’Europe, la divise encore davantage. »

    C’est exactement la conclusion à laquelle arrive Hans-Olaf Henkel.

    Hans-Olaf Henkel, Professeur honoraire à l’université de Mannheim (Allemagne), ancien dirigeant d’IBM en Allemagne, a présidé le « Bundesverband der Deutschen Industrie », l’équivalent allemand de l’organisation patronale française, de 2000 à 2005.

    En 1992, Hans-Olaf Henkel était pour l’euro.

    Mais ça, c’était avant.

    Aujourd’hui, il vient de changer d’avis.

    Hans-Olaf Henkel écrit :

    Si l’on veut sauver l’amitié franco-allemande, renonçons maintenant à la monnaie unique.

    http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/06/14/si-l-on-veut-sauver-l-amitie-franco-allemande-renoncons-maintenant-a-la-monnaie-unique_3430120_3232.html

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  • Christophe Vieren // 15.06.2013 à 08h16

    Si réellement la création de l’Euro avait pour objet de limiter la dette publique, au vu de l’évolution de ces dettes des 12 pays membres (1995-2012) c’est plus que discutable. Aucun infléchissement n’apparaît à la baisse lors de l’instauration de l’Euro. En remarquera d’ailleurs que la dette de la rigoureuse Allemagne a CONTINUE à augmenter de l’instauration de l’Euro jusqu’à la crise (et n’a pas baissé après bien sûr), à la différence d’autres pays pour lesquels elle a CONTINUE à baisser (Belgique, Irlande, Italie, Chypre, Espagne, Autriche, Pays-Bas, Slovénie, Finlande, Slovaquie) durant cette période.

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  • Denis Monod-Broca // 15.06.2013 à 09h12

    Nos dirigeants sont dans la situation d’un Cortès qui aurait fait mine de brûler ses vaisseaux, qui ferait croire à ses hommes qu’il les avait brulés et qui croirait si fort à sa fable qu’il en serait convaincu et convaincant, et nous, nous sommes dans la situation d’une armée de Cortès qui, aveuglée et apeurée, n’oserait pas le contredire, ni dire : « mais ils ne sont pas brulés ces bateaux, ils sont dans la baie là-bas, allons les chercher, notre tentative est un fiasco, rentrons chez nous »…

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    • Amsterdammer // 15.06.2013 à 10h59

      Vous avez parfaitement raison, les bateaux ne sont pas brûlés, mais on a fait croire aux soldats de Cortès qu’ils le sont.

      L’Etat peut décider souverainement de réquisitionner sa banque centrale, d’interdire la cotation boursière en continu, de rétablir le contrôle des capitaux, de nationaliser intégralement le système bancaire national et de retirer leur licence aux banques étrangères proposant des accès aux paradis fiscaux, etc… Juste une question de courage politique, celui d’envoyer valdinguer des traités imposés contre la volonté des peuples.

      Mais pour cela, faut d’abord virer toute une génération politique lobotomisée par la doxa néolibérale et la religion européiste, incapable de voir le gouffre dans lequel elle nous entraine.

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      • chris06 // 15.06.2013 à 12h09

        Vous avez parfaitement raison, les bateaux ne sont pas brûlés, mais on a fait croire aux soldats de Cortès qu’ils le sont.

        ben c’est exactement ce que Cortès a fait, personne ne sait si les bateaux furent réellement tous brûlés. Il n’y eu qu’un seul chroniqueur de cette légende, Bernal Diaz del Castillo, et de nombreux historiens pensent que ce n’était que le nom de plume de … Cortès lui même.

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      • chris06 // 15.06.2013 à 12h43

        Mais pour cela, faut d’abord virer toute une génération politique lobotomisée par la doxa néolibérale et la religion européiste, incapable de voir le gouffre dans lequel elle nous entraine.

        Comment suggérez vous de la virer, concrètement? Faudrait d’abord que les peuples aient l’intention de la virer ou les menacent de la virer et que cette menace soit crédible, non? Si c’est le cas, pourquoi continuent t’ils de l’élire et la maintenir au pouvoir, par dissonance cognitive?

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        • olivier m // 15.06.2013 à 13h10

          L’offre politique alternative n’existe pas, ou est décrédibilisée.

          Je ne vois que 2 solutions organisées:

          1. supprimer les conglomérats médiatiques. Les médias doivent devenir des coopératives dont les employés et l’audience constituent l’actionnariat. L’offre politique devrait se diversifier.

          2. bâtir petit à petit un système parallèle. Il suffirait que les entités françaises versent leurs charges et impôts à ce système pour que l’actuel fasse faillite. La France n’est en sursis que par sa capacité à lever l’impôt, nous serions grecs depuis longtemps sans cela.

          La première solution est à la portée du gouvernement français s’il veut respecter le droit fondamental que constitue la liberté de penser -et d’être entendu-, la seconde ne dépend que du peuple car la technologie moderne lui en donne les moyens.

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          • chris06 // 15.06.2013 à 13h48

            La première solution suppose que le gouvernement français veuille bien supprimer les conglomérats médiatiques, pourquoi croyez vous que ce soit le cas alors que c’est un des éléments de leur stratégie pour se maintenir au pouvoir?

            Quand à la deuxième, elle suppose qu’un tel système parallèle où verser ses impôts ne soit pas illégal et que le gouvernement laisse faire comme si de rien n’était. Croyez vous vraiment que ce soit réaliste?

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          • olivier m // 15.06.2013 à 16h23

            Je ne crois pas au complot. Les médias se rebellent de plus en plus, et je ne pense pas que l’expérience de l’ERT puisse se reproduire en France. Même si certains y songent probablement.

            Il se pourrait que l’affaire Cahuzac, libérant les magistrats, finisse par obliger le gouvernement à rendre la Justice indépendante. A partir de là, on peut espérer que la loi soit appliquée, et qu’une loi sur l’indépendance économique des médias soit imaginée.

            Je crois qu’il est déjà possible de ne pas payer ses impôts à condition de bloquer l’argent et d’expliquer pourquoi on le fait. Ne pas payer ses charges en temps et en heure ne devrait pas non plus poser de problème aux PME.

            Si les classes moyennes et les PME se donnent le mot, les administrations n’ont pas les moyens humains suffisants pour saisir quelques millions de comptes. L’état français arrivera t-il alors a financer ses dépenses? L’Allemagne laissera t-elle la BCE ouvrir encore plus le robinet?

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          • chris06 // 15.06.2013 à 17h01

            @olivier m,

            A partir de là, on peut espérer que la loi soit appliquée

            A quelle loi faites vous référence?

            et qu’une loi sur l’indépendance économique des médias soit imaginée.

            qui, selon vous, « imagine » les lois? En tous cas, ce n’est pas la justice, qu’elle soit indépendante ou non.

            Je crois qu’il est déjà possible de ne pas payer ses impôts à condition de bloquer l’argent et d’expliquer pourquoi on le fait.

            Je ne suis pas juriste mais ça m’étonnerait:
            http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/citoyen/citoyennete/definition/devoirs/pourquoi-est-on-oblige-declarer-ses-revenus-payer-ses-impots.html
            En France, le principe de consentement à l’impôt a été définitivement acquis avec la Révolution française et la Déclaration des droits de 1789. Tous les citoyens ont le droit de consentir librement à la contribution publique, par eux-mêmes ou par leurs représentants (ex : députés), et d’en suivre l’emploi (art.14). Aujourd’hui, lorsque le Parlement vote les lois de finances, il accorde son consentement, et celui du peuple qu’il représente, à l’impôt.

            mais rien ne vous empêche d’essayer, pour voir… vous nous direz ce qui se passe.

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      • scribe25 // 15.06.2013 à 14h48

        D’accord sur tout mais il reste à déterminer quel est aujourd’hui l’Etat qui osera faire le premier pas. Ce pas lui coûtera sans doute très cher mais ce sera l’occasion de mettre l’Europe des citoyens à l’épreuve de la solidarité, cette même solidarité qui n’a plus cours entre Etats. C’est uniquement à partir d’une démarche de ce type, que nous citoyens, pouvons retrouver la marge de manoeuvre indispensable à l’infléchissement du cours des choses. On voit que la réponse n’est pas simple car on s’aperçoit que même l’avenir de la citoyenneté européenne (démocratie ?) semble exiger au préalable une victime « sacrificielle » (au sens de René Girard). Je serais tenté de croire que les marchés -à travers l’exemple de la Grèce- ont depuis longtemps choisi la leur, et je serais tenté de choisir la même car c’est là où il y a la guerre qu’il faut se battre.

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  • Crapaud Rouge // 15.06.2013 à 10h27

    Suis bien d’accord sur les grandes lignes, sur le fond et les conclusions, mais les références à la théorie des jeux et à Cortes prêtent à sourire. Que des choix ou situations politiques soient pris en considération par des théoriciens ne change strictement rien à rien, c’est juste une curiosité, comme si l’on découvrait que les martiens nous observent et élaborent des théories sur l’espèce humaine. La référence à Cortes ensuite : le bonhomme a créé une situation vraiment irréversible, alors que, en économie et en politique, rien ne l’est jamais. De plus, n’importe quel choix suscite un engagement (pour une durée indéterminée), et ce sera aussi le cas quand des nations décideront de sortir de l’euro. Utilisant donc un concept passe-partout, ce texte n’a pas une grande valeur explicative.

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    • scribe25 // 15.06.2013 à 15h30

      D’accord. L’exemple a du bon mais comparaison n’est pas forcément raison. Cependant, je crains ne pas être d’accord sur la notion de réversibilité de toute action (qu’elle soit économique ou autre). De la même façon qu’on ne se baigne jamais deux fois dans la même rivière, rien ne peut remettre les choses -le monde- exactement à l’état existant antérieur à une action quelconque. Ceci est d’autant plus difficile que le monde est en interactivité élevée et que toute action peut immédiatement déterminer d’autres réactions en chaîne (principe nucléaire). En ce qui concerne le rédacteur du texte, sa vision anti-libérale -« la manipulation du peuple par une élite éclairée » – est à contre-courant des théories de l’Ecole de Chicago des 40 dernières années qui nous ont menés par ailleurs là où nous sommes. Alors de 3 choses l’une : ou bien je n’ai pas compris les dessous de l’exemple ou bien l’Ecole de Chicago à sérieusement viré de bord. Ou bien rien n’a vraiment changé et c’est tout le mérite de notre de réussir à penser et s’exprimer en dehors des dogmes y compris ceux de l’Ecole où l’on a étudié. Si c’est le cas, je ne peux que le féliciter. Ce ne serait pas un exemple si fréquent que cela !

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  • Balthazar // 15.06.2013 à 11h55

    Merci O’B pour cet article très intéressant.
    J’en conclue que le seńor Cortes était un fou, et que nous avons la même chose.
    Les rêves de grandeur, ça fait bien, dans les livres d’Histoire…

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  • chris06 // 15.06.2013 à 12h03

    Merci pour cet article, clair, synthétique et précis dans l’analyse… quel contraste avec celui de Lordon l’autre jour!

    Tout à fait d’accord avec la conclusion:

    Et pour couronner le tout, certains dirigeants européens n’assument pas leurs décisions passées. Ils ne veulent pas admettre que sont eux ou leurs prédécesseurs qui ont brûlé les navires. Ils rejettent la responsabilité sur la construction européenne. Aussi, l’euro, au lieu de favoriser l’intégration de l’Europe, la divise encore davantage.

    Serait peut être temps que certains dirigeants européens assument leurs décisions passées et admettent que ce sont eux ou leurs prédécesseurs qui ont brûlé les navires et arrêtent de rejeter la responsabilité sur la construction européenne.

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    • Casquette // 15.06.2013 à 12h30

      A quoi correspondent les navires du coup ?
      A l’interdiction de quitter la zone euro sans quitter l’UE , à l’interdiction de la BCE de prêter directement aux Etats , les livrant pieds et poings liés à des débiteurs privés a moitié fous ,à l’obligation pour les nations d’appliquer des traités économiques asymétriques qui ruinent leurs industries ,parfois même dans l’oeuf (photovoltaïques,tablettes tactiles)… toutes ces règles ne sont pas tombées du ciel , elles sont la graine et le fruit de la construction européenne , les canots de sauvetage c’est l’UE qui les a banni de ses plans.

      Nous ne pouvons plus revenir en arrière à cause de ses concepteurs ,nos dirigeants sont quelque part victimes du dilemme du prisonnier , pendant que les architectes du bidule s’en lavent les mains…je me suis toujours demandé pourquoi Delors s’était débiné en 95 , plus le bordel avance mieux je comprends.

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      • chris06 // 15.06.2013 à 12h55

        à l’interdiction de la BCE de prêter directement aux Etats

        savez vous que cette interdiction touche toutes les banques centrales des pays de l’UE, y compris celles des pays qui ne sont pas membres de l’euro? Savez vous que la FED est aussi frappée par cette interdiction dans le « Fedreral Reserve Act Section 14b) » (mis à part les obligations de moins de six mois mais elle n’en achète pas puisque ce sont les taux longs qu’elle manipule en rachetant les treasuries, elle aussi, sur le marché secondaire puisqu’il lui est interdit de les acheter sur le marché primaire? Savez vous qu’il en est de même pour la banque centrale japonaise?

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        • caroline porteu // 15.06.2013 à 17h12

          @Casquette

          Tous les Etats qui ont transmis leur pouvoir de création monétaire aux banques en empêchant cette monétisation directe n’ont fait que leur donner un contrôle absolu sur leur politique en particulier économique .

          C’est tout le débat de la création monétaire , débat qui doit impérativement être ouvert sans oeillères car il est effectivement essentiel . Autrefois c’était un pouvoir régalien et beaucoup de pays le considèrent encore comme tel .

          Les Suisses ne sont pas fous et ne l’ont pas fait . Les Chinois, les Russes, les Brésiliens non plus .. Les Argentins l’avaient fait , jusqu’à la Crise Argentine qui a été provoquée par la corrélation du peso au dollar . Lorsqu’ils ont mis fin au peso/dollar, ils sont repris le contrôle de la monnaie . Ca leur a plutôt bien réussi, même si il s’en est suivi quelques turbulences dans les deux années qui ont suivi . Je crois que les Islandais ne l’ont pas cédé non plus.

          C’est ce qui permet à la finance de diriger l’économie dans les pays évoqués par Chris et c’est ce qui permet aux autres pays de ne pas se faire diriger par la finance , mais bien de faire en sorte que la monnaie et les banques soient au service de l’économie et non pas l’inverse .

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      • Néophyte // 15.06.2013 à 13h00

        Je ne vois pas pourquoi ?
        Dans différents billets, Jacques Sapir évalue plusieurs modèles pour quitter l’euro

        Les choses ne sont pas IRRÉVERSIBLE mais tout est fait pour que nous le croyons dur comme fer

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        • chris06 // 15.06.2013 à 13h40

          tout est fait pour que nous le croyons dur comme fer

          comme pour les soldats de Cortès, personne ne sait si les navires furent réellement tous brûlés, mais Cortès avait tout fait pour que ses soldats y croient dur comme fer.

          Il y avait peut être des soldats-sapir qui n’y croyaient pas vraiment mais ce ne sont pas eux qui ont écrit l’histoire mais vraisemblablement Cortès lui même!

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      • G L // 16.06.2013 à 20h27

        « je me suis toujours demandé pourquoi Delors s’était débiné en 95 , plus le bordel avance mieux je comprends. » (Casquette)

        « Jacques Delors voit la «règle d’or» comme un «piège à cons pour l’opposition»

        Pour lui, «la règle d’or, d’abord, ça fait rêver», c’est «une très bonne opération de marketing, mais derrière, c’est le vide». » (Libe – 14 septembre 2011)

        Après quoi on n’est pas vraiment plus informé sur les motivations profondes et les intentions réelles des concepteurs de l’Europe, sauf qu’ils pourrons toujours prétendre qu’elles ont été trahies par leurs successeurs…

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  • jacqueline // 15.06.2013 à 12h30

    Il y a tout de même un progrès : de absolument impensable, l’abandon de l’ € est devenu probable.

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  • dan // 15.06.2013 à 13h06

    Aujourd’hui l’abandon de l’Euro serait une catastrophe pour l’ensemble des pays européens, une discipline budgétaire s’impose , nous ne pouvons pas continuer de vivre comme les anglo-saxons
    à crédit. Les politiques ont une très grande responsabilité sur cette crise économique et financière, nous avons vu que la politique libérale nous a conduit à tous les abus : les délocalisations sauvages , à la fraude fiscale massive , à la dévalorisation du travail , à la corruption etc…
    Un assainissement politique s’impose en Europe §

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    • olivier m // 15.06.2013 à 13h40

      Une catastrophe… ce serait surement le chaos politique suivi d’une dépression, sauf à se mettre d’accord avant…

      Nous en sommes arrivés au point critique: soit on se met d’accord pour créer une zone monétaire homogène, soit on se met d’accord pour ne pas pratiquer le dumping intra-européen après l’euro. Les deux reviennent au même… la concurrence inter-étatsunienne américaine ne peut en effet fonctionner à court et moyen terme en Europe, faute de langue partagée.

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  • juni palacio // 15.06.2013 à 13h54

    On sait déjà que l’euro est née d’une décision purement volontariste pour en quelque sorte créer « l’irréparable ». Obliger les générations suivantes à s’engager vers davantage de fédéralisme malgré les réserves des économistes. Rien de nouveau.

    Cette obsession autour de l’euro, source présumée de tous nos maux, devient assez préoccupante. je serais presque partisan de son abandon pour cette seule raison afin que chacun enfin assume ses responsabilités et qu’il n’y ait plus d’échappatoire.

    Qu’on me cite un seul problème que la France n’avait pas au temps du franc et qu’elle a aujourd’hui du fait du seul euro…Un seul..

    Arrêtez bonnes gens de vous bercer d’illusions. Le temps de l’addition devra bientôt se présenter.
    En franc ou en euro, il faudra la régler.

    Il y a de vraies réformes à faire comme celle du secteur financier, des retraites, de l’état, du système fiscal, de l’éducation…

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    • Archibald // 15.06.2013 à 19h04

      « Qu’on me cite un seul problème que la France n’avait pas au temps du franc et qu’elle a aujourd’hui du fait du seul euro…Un seul.. »
      La France avait la maitrise de sa monnaie pouvait dévaluer si elle le souhaitait ce qui est aujourd’hui impossible…

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      • juni palacio // 15.06.2013 à 23h52

        Cela ne répond pas à ma question..Je demande de citer un problème pas une pseudo-solution..

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    • pyrrhogaster // 15.06.2013 à 19h41

      Les problèmes ne sont peut-être pas plus nombreux avec l’euro, mais la liste des solutions s’est terriblement raccourcie : dévaluation, protection (sélective et temporaire) aux frontières, contrôle des changes ne sont plus possibles.

      La France a vécu en régime de contrôle des changes de 1914 à 1990 (acte unique) avec une brève tentative de libéralisation fin 67 que la crise de Mai 68 a interrompu.

      Alors que la libre circulation des capitaux était pour nous une nouveauté en cours de test nous avons accepté avec le traité de Maëstricht d’en faire une règle définitive et irrévocable. Tout ingénieur vous dirait que c’est de la folie. Toute nouveauté doit être longtemps testée avant d’être généralisée. Évidemment si on croit que les lois de l’économie sont plus sûres que celles de la physique on peut prendre dans ce domaine des risque qu’on s’interdit dans l’industrie……

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      • juni palacio // 16.06.2013 à 00h08

        Il faudrait que les économistes soient aux commandes. Il n’en y a ni parmi les politiques ni à Bercy ni parmi les grands patrons. On trouve en revanche beaucoup d’ingénieurs (polytechniciens, ponts..etc) dans les cercles de décisions. Je vous laisse tirer la conclusion..
        A peine entrevoit -on quelques économistes dans les médias choisis davantage pour leur docilité que pour leurs compétences. De manière générale, c’est une profession aussi peu respectée que peu écoutée en France…

        Je cite ceci que j’ai lu il y a peu « Les économistes se plaignent souvent de la difficulté qu’ils rencontrent à tester leurs théories, faute de pouvoir faire des expérimentations comme cela se pratique dans d’autres sciences. Tester des théories économiques sur des populations entières, outre les questions éthiques que cela poserait, n’est pas très commode….. » http://blog.francetvinfo.fr/classe-eco/2013/05/12/jusquou-ira-lexperience-japonaise.html. C’est d’Alexandre Delaigue un de nos plus éminents économistes, guère écouté lui aussi pour autant..

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  • dan // 15.06.2013 à 13h59

    C’est clair un virage à 180° s’impose pour sortir de cette crise économique et financière ,un assainissement en profondeur est nécessaire , pouvons nous encore longtemps assister aux
    révélations scandaleuses de notre classe politique ? Pouvons nous encore longtemps voir que les institutions européennes soient entre les mains de personnes qui agissent contre les intérêts de l’Europe et aux services de puissances étrangères ? L’Europe doit affirmer son autonomie et ne pas obéir aux directives d’ancienne puissance de l’axe . , le passé est déjà loin et l’Europe a déjà payé un lourd tribu durant un siècle ! Avons nous en Europe des politiciens qui ont encore des cou…les ?

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  • jducac // 15.06.2013 à 14h31

    Et pour couronner le tout, certains dirigeants européens n’assument pas leurs décisions passées. Ils ne veulent pas admettre que sont eux ou leurs prédécesseurs qui ont brûlé les navires. Ils rejettent la responsabilité sur la construction européenne. Aussi, l’euro, au lieu de favoriser l’intégration de l’Europe, la divise encore davantage.

    Il ne sert en effet à rien d’accuser nos dirigeants présents ou plus anciens puisqu’ils ont été élus par nos ancêtres ou par nous mêmes et que nous devons, quelles que soient les erreurs commises, accepter les conséquences de leurs actes passés, puisque tels les soldats de Cortès nous ne pouvons attendre notre salut que de notre détermination à vaincre les difficultés qui se présentent maintenant à nous.

    Or, il faut bien voir que l’Europe n’est qu’une région du monde, un territoire similaire à d’autres territoires avec des forces et des faiblesses. Au final c’est une représentation à échelle réduite d’un territoire plus vaste, mais lui aussi circonscrit, limité, fini, qui s’appelle la planète terre.

    Les occupants de la planète terre ont depuis très longtemps commencé à brûler leurs vaisseaux. Ils ont commencé à le faire quand ils ont décidé, en provocant l’accélération de l’évolution de leurs lignées, de détruire des ressources non renouvelables à l’échelle des temps humains. D’ailleurs cela ne fait pas longtemps à l’échelle du vivant qu’ils ont décidé d’accélérer le processus de destruction créatrice en décidant de brûler à grande échelle les énergies fossiles constituées des restes d’organismes vivants. Cela ne fait guère qu’un siècle et demi qu’ils s’y sont employés, c’est-à-dire, toute proportions gardée, bien moins longtemps qu’il a fallu à Cortes pour brûler la moitié de sa flotte.

    Mais, il ne faut pas leur en vouloir car ils l’ont fait en méconnaissance des conséquences de leurs actes, à long terme. Leurs intentions semblaient initialement bonnes. Elles visaient à satisfaire les souhaits de ceux qu’ils chérissaient le plus, que ce soient les membres de leurs communautés familiales, tribales, sociétales, culturelles, ou nationales. Mais aujourd’hui la même démarche se heurte au franchissement d’une nouvelle frontière parce que la grande majorité des acteurs en cause, qu’ils soient simples individus ou dirigeants de pays, est restée encore trop ignorante et inconsciente des conséquences de ses actes, et que les plus éclairés, freine le comportement irresponsable des autres.

    Cela résulte d’une insuffisance d’analyse et de réflexion de ceux qui ne s’interrogent pas assez sur les conditions à satisfaire pour permettre l’entretien et la perpétuation de la vie et en particulier la perpétuation de notre vie d’humains évolués.
    Il faut s’interroger, chercher à comprendre et aider à faire comprendre le processus physique qui pilote l’évolution de notre masse, donc de notre nombre, dans l’espace-temps qui conditionne la perpétuation de notre espèce et de celles qui nous sont associées.

    Au sein de notre espèce, certains pays ont plus évolué que d’autres en matière d’alimentation en énergie renouvelable, ou en ce qui concerne les politiques de limitation des naissances, qui sont en relation directe. L’Allemagne et la France sont loin d’être en phase sur ces sujets fondamentaux. Plutôt que de critiquer leurs voisins, les Français feraient mieux de se demander si, sur le long terme, compte tenu de l’espace fini qui est imparti à notre espèce, nos voisins d’outre Rhin et d’autres dans le monde, n’ont pas pris plusieurs longueurs d’avance sur nous quant à l’analyse des conséquences à long terme des décisions que nous tardons à prendre, essentiellement par manque de courage.

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  • tchoo // 15.06.2013 à 14h55

    Et personne ne s’interroge sur les buts à atteindre et sur leur moralité
    c’est cela peut-être le problème d’aujourd’hui

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  • Opps’ // 15.06.2013 à 16h14

    Billet qui enfonce une porte ouverte , ce n’est pas complètement inutile, certes.

    Parler d’engagement stratégique me semble excessif dans la mesure où cet engagement n’est pas vraiment conscientisé . Il est plutôt le résultat de la multiplication des effets cliquets.

    Tout l’art de l’action se résume (et il me semble que c’est éclatant dans la pratique de ceux qui pensent être dans le camp du « bien », et bien moins dans la pratique de ceux qui pense être dans le camp du « vrai ») à placer la règle :

    – soit dans le plus haut degré possible de la « norme » réglementaire
    – soit de l’inscrire dans une relation de dépendance individuelle (Habitude/intérêt individuel primant le collectif)
    – soit de l’inscrire dans le corps même du Système Global : métastases de partout.

    Dans les 3 cas , on profite d’un choix démocratique d’un moment donné , pour faire échapper la règle à toute modification d’un choix démocratique futur.

    L’actuel gouvernement n’a même plus ni l’habileté ni la force ni les moyens de cette politique du cliquet , sauf dans les domaines sociétaux avec l’accord implicite du « Système » qui poursuit sa destruction des repères et des identités.

    Mais depuis 30 ans l’Europe actuelle est le résultat de l’accumulation de ces cliquets.

    Comme BA je pense que le détestable Euro est devenu la clé de voute malsaine de l’Europe et qu’il traduit une conception mortifère de cette zone.
    Et donc il faudrait en sortir.

    Mais à mon humble avis , les cliquets sont là et il est impossible d’en sortir , non pas qu’il soit impossible de vivre sans l’Euro, mais parce que la déconstruction de l’Euro est à gros-court terme un cyclone complètement immaîtrisable.

    Cependant , il n’est pas impossible qu’ à un moment donné le coût du maintien de l’Euro soit supérieur à court terme à sa sortie : on en sortirait donc par une crise majeure , mais les cartes seraient peut-être correctement rebattues.

    Mais à cette dernière hypothèse s’oppose la force médiatique considérable du Système dans sa politique du mensonge , sa manipulation des esprits et sa maîtrise

    Tout est devenu soit « représentation » soit signe monétaire .

    Et l’homme normé réalisant tous ses désirs en ayant l’illusion qu’il n’enlève aucun droit à personne (toujours cette vision comptable individualiste!, comme si le collectif n’était qu’une addition d’atomes) est devenu la nouvelle idéologie qui remplace celle du « progrès » du XIX et XXe , est le nouveau moteur de la « représentation »

    Le réel est déréalisé . Les contradictions se dissolvent dans les Q.E.

    Et en fait la BCE , dans son intransigeance monétaire , a ce don , actuellement, de faire émerger les contradictions européennes. Mais d’un autre côté cela lui laisse pour l’instant une marge de manoeuvre considérable pour diluer dette et contradictions dans de la fausse monnaie.

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    • caroline porteu // 15.06.2013 à 17h19

      @Opps
      Pour les QE , j’ai bien l’impression que le coup de poing sur la table de Poutine pourrait bien les faire s’arrêter beaucoup plus vite que prévu ce qui pourrait également entrainer de nombreuses turbulences sur les marchés financiers , les banques ayant du mal à trouver les liquidités dont elles auront besoin pour les soutiens artificiels d’indices , les rachats de T bonds et la spéculation .

      Si vous voulez en savoir plus sur les déclarations Russes et leur contenu : c’est là
      http://fipcarolinep.xooit.fr/t257-Alli-s-de-Force.htm

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  • Guillaume81 // 15.06.2013 à 18h10

    Jusque là, j’avais eu vent chez les néo-libéraux de leur amour des robinsonnades et autres « méthodologies individualistes » ; j’apprends avec Zingales leur passion pour la fable historique ou du moins pour le récit d’Epinal (les bateaux de Cortès …!). Cet effort buté pour déréaliser l’économie est la marque de fabrique de l’école de Chicago. La suite de l’article n’est qu’une laborieuse leçon morale tirée du récit exemplaire de Cortès (un peu à la manière inversée d’une fable de La Fontaine).
    Je veux bien, Olivier, que vous fassiez feu de tout bois dans votre croisade anti-euro, passant de la gauche radicale allemande (Lafontaine) aux néo-libéraux de l’école de Chicago, c’est le charme de votre pragmatisme à toute épreuve, mais vous prenez le risque de l’incohérence intellectuelle et idéologique.
    Parmi les pourfendeurs de l’euro, il y a deux camps :
    1°) d’abord les  » économistes experts » qui jugent que l’euro est une mauvaise chose, une mauvaise politique. Ces « économistes experts » pensent qu’il y a de bonnes et de mauvaises politiques économiques, au sens qu’il y aurait des politiques qui « marchent » et d’autres qui ne marchent pas, tout serait question d’ « expertise » (voir Nicolas Doze). Il va de soi qu’une telle vision, même si elle peut être anti-euro, veut faire de l’économie un domaine dépolitisé et désocialisé : pour eux l’économie est un mécanisme subtil et savant qui n’a rien à voir avec les rapports de force sociaux et historiques. On y retrouve Friedman, Zingales et toute la joyeuse bande des monétaristes (la monnaie est neutre, donc a-politique). Je crains, Olivier, que vous ne vous situiez (malgré vous ? par moments ?) dans ce camp-là…
    2°) A l’opposé, les « économistes politiques » interprètent l’économie comme un champ d’affrontement d’intérêts. Pour eux, il n’y a pas en soi une « bonne » et une « mauvaise » politique économique, mais des politiques économiques au service de tel ou tel intérêt socio-économique. C’est la pensée de fond d’un Frédéric Lordon. Sa dénonciation de ce que vous appelez le « financiarisme » ne consiste pas à déplorer la « bêtise », l’inconscience ou l’erreur des acteurs sociaux : pour Lordon, le « financiarisme » n’est pas affaire de morale ou d’erreur, elle est le résultat d’une nouvelle structuration des rapports de force dans les sociétés (entre salariés et actionnaires notamment) et au sein même du capitalisme (financiers vs industriels ; capitalisme « anglo-saxon » vs capitalisme familial ; donneurs d’ordre du CAC 40 vs sous-traitants, etc.)
    C’est ce qui vous différencie profondément et essentiellement de Frédéric Lordon : c’était particulièrement flagrant durant votre échange passionnant sur le plateau d’arrêt sur images, où votre pragmatisme à la fois expert et angélique se distinguait très clairement du réalisme structural de Lordon…

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    • gbalou // 15.06.2013 à 20h24

      La démocratie suisse devrait inspirer les européens de la zone euro. Ne rien dire, ne rien faire et garder ses francs suises pour s’acheter du fromage…Quelle Histoire ! Le franc suisse ou la grande histoire du chocolat en comparaison avec la révolution française de 1789 !

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      • gbalou // 15.06.2013 à 22h48

        A recommencer par l’orthographe et la politesse puisque les messages n’ont pas été compris… J’aime beaucoup ce « nous » qui permet de diluer sa responsabilité tel un Necker qui compte ses sous ou ses francs suisses et qui garde secrètement son butin, planqué derrière sa montagne, ni vu, ni connu !…A la différence près que Necker à son époque était un leader !…

        Mais les temps changent, les suisses ont des comptes à rendre…

        Diderot :  » Vous voyez, lecteurs, que je suis en beau chemin, et qu’il ne tiendrait qu’à moi de vous faire attendre un an, deux ans, trois ans, le récit des amours de Jacques, en le séparant de son maître et en leur faisant courir à chacun tous les hasards qu’il me plairait « 

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  • Denis Monod-Broca // 15.06.2013 à 19h19

    Nos vaisseaux brûles c’est notre souveraineté bradée. Et c’est la propagande qui va avec, selon laquelle la souveraineté ce serait le nationalisme c’est-à-dire le mal absolu.
    Quand on érige en dogme sa propre impuissance, il arrive un moment où, au pied du mur, on ne voit plus aucune porte de sortie.
    Abandonner l’euro de résoudrait évidemment rien mais on ne saurait reprocher à celui qui est en train de se noyer de se débarrasser des liens qui l’empêchent de nager…

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  • gbalou // 15.06.2013 à 20h15

    Le débat sur la démocratie en Europe est d’une complexité énorme.

    Georges Papandréou avait souhaité un référendum sur le plan de sauvetage de la Grèce. Et la réponse du couple franco-allemand était que… la Grèce devait faire un choix en conséquence, de rester ou pas dans la zone euro. L’euro était attaqué ! Les dirigeants européens étaient sous la contrainte.

    Si le peuple grec s’était décidé contre ce sauvetage et donc pour une sortie de l’euro, la dette pouvait être effacée ! Fallait-il un retour ou faut-il un retour à la drachme ? Aux grecs de décider mais avec toutes les conséquences pour les 20 ou 30 ans à venir. Il y a un problème moral sous-jacent à l’endettement de la Grèce.

    Le choix de l’euro est le choix d’un projet qui se résume pour beaucoup aujourd’hui par de l’austérité en Europe du Sud. L’objectif est de gagner pour chacun de ses membres de la compétitivité. Il n’est pas simple pour le politique de devoir assumer ses responsabilités, de choix qui n’ont pas aujourd’hui apporté le bonheur voulu.

    La question d’une accélération de l’intégration européenne à la mode chinoise dans sa reconversion au capitalisme (et de son fonctionnement subtil selon Attali) pourrait nous débarrasser du poids des assemblés, des chambres et autres en Europe, de quoi donner de la respiration à la gestion de l’UE afin de mieux administrer cet espace économique et social. Mais nous vivons en démocratie et il faut laisser les peuples s’exprimer même si tout le monde se doute que l’abstention risque d’être le grand vainqueur des élections de 2014.

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    • step // 17.06.2013 à 17h07

      « de choix qui n’ont pas aujourd’hui apporté le bonheur voulu. » … et qui ne l’apporteront jamais. On progresse, on progresse gbalou.

      « La question d’une accélération… » Ha ben non grosse rechute façon les peuples ne savent pas ce qu’ils veulent.

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  • dan // 15.06.2013 à 21h52

    Suivant ces commentaires , Caroline Porteu a plus que raison , il est tout à fait criminel qu’un certain pays continue effectivement à faire fonctionner la planche à billet à l’infini avec le risque majeur de déclencher une guerre ,voir même nucléaire , quelle folie furieuse ! Un assainissement
    de la finance mondiale s’impose , le dollar ne peut plus être la monnaie d’échange mondiale avec des QE à l’infini . L’hégémonie a toujours une fin et le monde entier ne peut pas continuer à financer les déficits de ce pays à moins de les considérer comme des esclaves !

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    • caroline porteu // 16.06.2013 à 16h33

      @Merci ..
      Mais je n’ai rien inventé :

      Conférence du Gal De Gaulle du 4 février 1965

      Question – M. le Président, en changeant en or une partie de ses avoirs en dollars, la France a provoqué certaines réactions qui ont fait apparaître les défauts du système monétaire actuel. Etes-vous partisan de réformer ce système, et, si oui, comment ?
      Réponse (De Gaulle) – Je vais tâcher d’expliquer ma pensée sur ces points, A mesure que les États de l’Europe occidentale, décimés et ruinés par les guerres, recouvrent leur substance, la situation relative qui avait été la leur par suite de leur affaiblissement apparaît comme inadéquate, voire abusive et dangereuse. Rien, d’ailleurs, dans cette constatation n’implique de leur part et, notamment, de celle de la France quoi que ce soit d’inamical à l’égard d’autres pays, en particulier de l’Amérique. Car, le fait que ces États veuillent, chaque jour davantage, agir par eux-mêmes dans tout domaine des relations internationales procède simplement du mouvement naturel des choses. Il en est ainsi pour ce qui est des rapports monétaires pratiqués dans le monde depuis que les épreuves subies par l’Europe lui firent perdre l’équilibre. Je veux parler – qui ne le comprend? – du système apparu au lendemain de la Première Guerre et qui s’est établi à la suite de la Seconde.
      On sait que ce système avait, à partir de la Conférence de Gênes, en 1922, attribué à deux monnaies, la livre et le dollar, le privilège d’être tenues automatiquement comme équivalentes à l’or pour tous paiements extérieurs, tandis que les autres ne l’étaient pas. Par la suite, la livre ayant été dévaluée en 1931 et le dollar en 1933, cet insigne avantage avait pu sembler compromis. Mais l’Amérique surmontait sa grande crise. Après quoi, la Deuxième Guerre mondiale ruinait les monnaies de l’Europe en y déchaînant l’inflation. Comme presque tontes les réserves d’or du monde se trouvaient alors détenues par les États-Unis, lesquels, en tant que fournisseurs de l’univers, avaient pu conserver sa valeur à leur propre monnaie, il pouvait paraître naturel que les autres Etats fissent entrer indistinctement des dollars ou de l’or dans leurs réserves de change et que les balances extérieures des paiements s’établissent par transferts de crédits ou de signes monétaires américains aussi bien que de métal précieux. D’autant plus que l’Amérique n’éprouvait aucun embarras à régler ses dettes en or si cela lui était demandé. Ce système monétaire international, ce « Gold Exchange Standard », a été par conséquent admis pratiquement depuis lors.
      Cependant, il ne paraît plus aujourd’hui aussi conforme aux réalités et, du coup, présente des inconvénients qui vont en s’alourdissant. Comme le problème peut être considéré dans les conditions voulues de sérénité et d’objectivité – car la conjoncture actuelle ne comporte rien qui soit, ni très pressant, ni très alarmant – c’est le moment de le faire.
      Les conditions qui ont pu, naguère, susciter le « Gold Exchange Standard » se sont modifiées, en effet. Les monnaies des Etats de l’Europe occidentale sont aujourd’hui restaurées, à tel point que le total des réserves d’or des Six équivaut aujourd’hui à celui des Américains. Il le dépasserait même si les Six décidaient de transformer en métal précieux tous les dollars qu’ils ont à leur compte. C’est dire que la convention qui attribue au dollar une valeur transcendante comme monnaie internationale ne repose plus sur sa base initiale, savoir la possession par l’Amérique de la plus grande partie de l’or du monde. Mais, en outre, le fait que de nombreux Etats acceptent, par principe, des dollars au même titre que de l’or pour compenser, le cas échéant, les déficits que présente, à leur profit, la balance américaine des paiement, amène les États-Unis à s’endetter gratuitement vis-à-vis de l’étranger. En effet, ce qu’ils lui doivent, ils le lui paient, tout au moins en partie, avec des dollars qu’il ne tient qu’à eux d’émettre, au lieu de les leur payer totalement avec de l’or, dont la valeur est réelle, qu’on ne possède que pour l’avoir gagné et qu’on ne peut transférer à d’autres sans risque et sans sacrifice.
      Cette facilité unilatérale qui est attribuée à l’Amérique contribue à faire s’estomper l’idée que le dollar est un signe impartial et international des échanges, alors qu’il est un moyen de crédit approprié à un Etat.
      Évidemment, il y a d’autres conséquences à cette situation.
      Il y a en particulier le fait que les Etats-Unis, faute d’avoir à régler nécessairement en or, tout au moins totalement, leurs différences négatives de paiements suivant la règle d’autrefois qui contraignait les États à prendre, parfois avec rigueur, les mesures voulues pour remédier à leur déséquilibre, subissent, d’année en année, une balance déficitaire. Non point que le total de leurs échanges commerciaux soit en leur défaveur. Bien au contraire! Leurs exportations de matières dépassent toujours leurs importations. Mais c’est aussi le cas pour les dollars, dont les sorties l’emportent toujours sur les rentrées. Autrement dit, il se crée en Amérique, par le moyen de ce qu’il faut bien appeler l’inflation, des capitaux, qui, sous forme de prêts en dollars accordés à des Etats ou à des particuliers, sont exportés au dehors. Comme, aux États-Unis même, l’accroissement de la circulation fiduciaire qui en résulte par contre-coup rend moins rémunérateurs les placements à l’intérieur, il apparaît chez eux une propension croissante à investir à l’étranger. De là, pour certains pays, une sorte d’expropriation de telles ou telles de leurs entreprises.
      Assurément, une telle pratique a grandement facilité et favorise encore, dans une certaine mesure, l’aide multiple et considérable que les États-Unis fournissent à de nombreux pays en vue de leur développement et dont, en d’autres temps, nous avons nous-mêmes largement bénéficie. Mais les circonstances sont telles aujourd’hui qu’on peut même se demander jusqu’ou irait le trouble si les États qui détiennent des dollars en venaient, tôt ou tard, à vouloir les convertir en or? Lors même, d’ailleurs, qu’un mouvement aussi général ne se produirait jamais, le fait est qu’il existe un déséquilibre en quelque sorte fondamental. Pour toutes ces raisons, la France préconise que le système soit changé. On sait qu’elle l’a fait, notamment, lors de la Conférence monétaire de Tokyo. Étant donné la secousse universelle qu’une crise survenant dans ce domaine entraînerait probablement, nous avons en effet toutes raisons de souhaiter que soient pris, à temps, les moyens de l’éviter. Nous tenons donc pour nécessaire que les échanges internationaux s’établissent, comme c’était le cas avant les grands malheurs du monde, sur une base monétaire indiscutable et qui ne porte la marque d’aucun pays en particulier.
      Quelle base ? En vérité, on ne voit pas qu’à cet égard il puisse y avoir de critère, d’étalon, autres que l’or. Eh ! oui, l’or, qui ne change pas de nature, qui se met, indifféremment, en barres, en lingots ou en pièces, qui n’a pas de nationalité, qui est tenu, éternellement et universellement, comme la valeur inaltérable et fiduciaire par excellence. D’ailleurs, en dépit de tout ce qui a pu s’imaginer, se dire, s’ écrire, se faire, à mesure d’immenses événements, c’est un fait qu’encore aujourd’hui aucune monnaie ne compte, sinon par relation directe ou indirecte, réelle ou supposée, avec l’or. Sans doute, ne peut-on songer à imposer à chaque pays la manière dont il doit se conduire à l’intérieur de lui-même. Mais la loi suprême, la règle d’or – c’est bien le cas de le dire – qu’il faut remettre en vigueur et en honneur dans les relations économiques internationales, c’est l’obligation d’équilibrer, d’une zone monétaire à l’autre, par rentrées et sorties effectives de métal précieux, la balance des paiements résultant de leurs échanges.
      Certes, la fin sans rudes secousses du « Gold Exchange Standard », la restauration de l’étalon -or, les mesures de complément et de transition qui pourraient être indispensables, notamment en ce qui concerne l’organisation du crédit international à partir de cette base nouvelle, devront être concertées posément entre les Etats, notamment ceux auxquels leur capacité économique et financière attribue une responsabilité particulière. D’ailleurs, les cadres existent déjà où de telles études et négociations seraient normalement menées. Le Fonds monétaire international, institué pour assurer, autant que faire se peut, la solidarité des monnaies, offrirait à tous les Etats un terrain de rencontre approprié, dès lors qu’il s’agirait, non plus de perpétuer le « Gold Exchange Standard », mais bien de le remplacer. Le « Comité des Dix », qui groupe, aux côtés des États-Unis et de l’ Angleterre, d’une part la France, l’ Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas et la Belgique, d’autre part le Japon, la Suède et le Canada, préparerait les propositions nécessaires. Enfin, il appartiendrait aux Six États qui paraissent en voie de réaliser une Communauté économique européenne d’élaborer entre eux et de faire valoir au-dehors le système solide que recommande le bon sens et qui répond à la puissance renaissante de notre Ancien Continent.
      La France, pour sa part, est prête à participer activement à la vaste reforme qui s’impose désormais dans l’intérêt du monde entier.
      Charles de Gaulle
      Extrait de “Discours et Messages” – Charles de Gaulle – Plon, 1970 – pages 330 à 334

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  • Philippe // 18.06.2013 à 00h50

     » On dit que les responsables monétaires doivent être indépendants du système politique, parce qu’à l’approche d’élections, les dirigeants élus risquent de faire pression sur eux pour faire baisser provisoirement le chômage, même si cela entraîne une inflation permanente.  »

    Je suis vraiment le seul à avoir fait des bonds en lisant ce passage ? On ne saurait être plus précis :l’argent des riches est plus important que le plein emploi.

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