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27.octobre.201827.10.2018 // Les Crises

Inutiles et vides de sens : pourquoi la société produit-elle de plus en plus de « jobs à la con »?

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Source : Anne-Sophie Doucet, pour L’Union, le 16 septembre 2018.

Dans un ouvrage intitulé « Bullshit jobs » (« Jobs à la con »), l’anthropologue et professeur à la London School of Economics David Graeber met en lumière ces emplois vides de sens, que la complexité de notre économie a contribué à multiplier.

David Graeber : en 2013, vous avez publié dans le magazine de la gauche radicale « Strike ! » un court pamphlet sur ce que vous appeliez le « phénomène des jobs à la con ». Pourquoi avoir choisi d’aller plus loin dans un livre ?

David Graeber

L’article de 2013 reposait sur une intuition, à savoir que beaucoup de gens avaient le sentiment d’exercer un boulot inutile. Je crois pouvoir dire que les réactions en masse qu’il a suscitées (le texte a été lu plus d’un million de fois, a été traduit dans une quinzaine de langues et repris dans de multiples journaux à travers le monde, NDLR) ont validé cette idée. J’ai ensuite eu vent d’une étude, au Royaume-Uni, qui a chiffré à 37 % le nombre de travailleurs qui ont le sentiment de faire un « job à la con ». Ce chiffre m’a subjugué. Je me suis donc demandé quels étaient ces boulots et j’ai lancé un appel à témoins. J’ai reçu des centaines de réponses, du monde entier. C’est sur ces témoignages que je me suis basé pour écrire ce livre et interroger ce phénomène social majeur.

Quels postes revenaient le plus souvent dans ces messages ?

Disons que j’ai vu se dégager certaines tendances. Personne ne m’a dit qu’il avait un « job à la con » en travaillant dans le service, par exemple comme serveur dans un restaurant. En revanche, beaucoup de ces gens sont conscients d’exercer un travail inutile ou superflu officient dans l’administration ou au sein de grands groupes privés.

En quoi consiste le travail de ces salariés, plus précisément ?

Je les ai classés selon quatre catégories : il y a les « larbins », qui s’emploient à permettre à quelqu’un d’autre de se sentir important ; les « porte-flingue » qui exercent un job avec une composante agressive : télévendeurs, avocats d’affaire… ; les « rafistoleurs » qui sont là pour régler des problèmes qui ne devraient pas exister ou rattraper les bourdes d’un supérieur ; et enfin, ceux que j’appelle les « cocheurs de cases », ces employés dont la raison d’être essentielle est de permettre à une organisation de prétendre faire quelque chose qu’en réalité elle ne fait pas. C’est le cas de cette femme, par exemple, dont le boulot consistait à interroger les résidents d’une maison de retraite sur leurs préférences en matière d’activités, sachant qu’aucune d’entre elles ne serait jamais mise en place.

Vous faites la distinction entre « jobs à la con » et « jobs de merde ». Quelle est la différence majeure entre les deux ?

Les premiers sont des emplois qui ne payent pas, sont parfois dangereux et/ou malsains. Les gens qui les occupent ne sont pas respectés. Ils sont tout en bas de la hiérarchie. Pourtant, ce sont des jobs utiles. Prenez la femme de ménage de l’université où je travaille. Si elle arrêtait tout, l’université ne pourrait plus fonctionner normalement. Ce qui n’est pas le cas de l’assistant au vice-chancelier de cette même université ! Lui est bien payé, mais son emploi est parfaitement inutile.

«L’infirmière, par exemple, est parfaitement utile, plus que le chef d’entreprise. Pourtant, elle est mal payée»

Vous affirmez en effet que plus un travail est utile à la société et moins il est payé…

C’est le cas. L’infirmière, par exemple, est parfaitement utile, plus que le chef d’entreprise. Pourtant, elle est mal payée. Bien sûr, vous m’objecterez que le chirurgien fait figure d’exception : il est utile à la société et touche un salaire plus que confortable, mais savez-vous, parmi les chirurgiens, quel est celui qui gagne le mieux sa vie ? Celui dont la spécialité consiste… à blanchir l’anus ! Quand le chirurgien qui sauve des vies gagne beaucoup moins…

Ces « Bullshit jobs » n’ont-ils pas toujours existé, sous une forme ou sous une autre ?

Si, certainement, mais le tout est d’en avoir conscience : le type qui devait éventer Hérode à l’aide d’une plume d’autruche avait peut-être l’impression d’avoir le meilleur job du monde !

On peut donc exercer un « job à la con » sans en avoir conscience ?

Bien sûr. Prenez les gens dont le boulot consiste à écrire des rapports pour des entreprises qui elles-mêmes les remettent à des hauts cadres qui ne les lisent pas : s’ils ne savent pas que personne ne lit leur travail, ils ne peuvent pas imaginer qu’ils ont un job à la con ! Ce qui est pourtant le cas. Au fond, ce que mon enquête a révélé, c’est que beaucoup de gens se sentent mal au boulot, sans vraiment savoir pourquoi. Le problème est qu’ils exercent des métiers dont ils n’arrivent même pas à justifier l’existence. Ceux qui ont répondu à mon appel pensaient, individuellement, qu’ils étaient seuls à trouver leur travail vide de sens. Ce livre a le mérite de leur montrer que le phénomène est très répandu. J’espère qu’il permettra de faire bouger les choses. Il y a là un vrai défi politique.

La part croissante des nouvelles technologies et de l’automatisation dans notre économie a-t-elle pour effet de créer davantage de jobs à la con ?

Tout dépend de la façon dont la technologie intervient dans le travail. Dans le commerce et les transports, l’automatisation permet d’augmenter la productivité, mais appliquée au domaine de la santé, du soin à la personne, elle entraîne l’effet inverse. Moi-même, dans mon travail de chercheur, je dois remplir des formulaires concernant l’emploi du temps, l’utilisation des fournitures, etc. Or, le nombre d’assistants administratifs a doublé dans les universités, pourtant les profs ont toujours autant de paperasse ! Pire, en Nouvelle-Zélande, les infirmiers, confrontés au même problème, disent ne plus avoir de temps pour leurs patients.

Nous pourrions tout à fait, écrivez-vous, instaurer des semaines de 15 heures. Au lieu de quoi « nous passons des heures à effectuer des tâches qui n’ont aucun impact significatif sur le monde ». C’est absolument désespérant !

En plus, cela aggrave le réchauffement climatique… Dans les années trente, l’économiste Keynes avait prédit que l’avènement des technologies permettrait d’instaurer la semaine de 15 heures. Or, alors que nous en sommes techniquement capables, cela ne s’est pas produit. La technologie a, au contraire, été utilisée pour nous faire travailler davantage, car il a fallu créer des emplois de gratte-papier pour assurer le support administratif et technique de toutes nos industries nouvelles.

Est-ce que finalement un bullshit job, ce n’est pas tout simplement un métier qu’on a du mal à expliquer aux non-initiés ?

C’est vrai. D’ailleurs, on dit souvent que si vous ne pouvez pas expliquer votre boulot à un enfant de 5 ans, c’est qu’il s’agit d’un bullshit job !


Quelques vidéos pour approfondir le sujet…

C’est quoi un bullshit-job ?

David Graeber : « Jamais la société humaine n’a passé autant de temps à remplir des formulaires »

L’horreur des jobs à la con par David Graeber

Avez-vous un job à la con ?

Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs - et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation. 

Commentaire recommandé

Kiwixar // 27.10.2018 à 08h38

Il faut garder les gueux occupés et fatigués, qu’ils n’aient pas le temps de réflechir, étudier, se renseigner, échanger des idées avec leurs semblables, parler d’un monde meilleur, découvrir toute l’injustice de ce monde dirigé par une mafia criminelle nous maintenant en servage, les uns contre les autres.

Quelle énergie reste-t-il pour changer le monde après une journée de travail, les courses, la bureaucratie, les gamins et la peur du lendemain? Le monde tel qu’il est, par rapport à ce qu’il pourrait être, est un Crime contre l’Humanité des 1% contre les 99%.

J’espère que l’Enfer existe, et j’espère que l’Eternité dure longtemps.

107 réactions et commentaires

  • Pierre D // 27.10.2018 à 07h36

    David Graeber, n’est-il pas plutôt un archéo-antropologue?

    Sa perception du travail nous ramène aux années 70 quand les méthodes actuelles de « management » se mettaient en place. Quand la femme de ménage se transformait en « technicienne de surface » et passait du « salaire horaire » au « forfait de mission ».

    Si j’en juge par les grèves dans le secteur public, il semble bien que ces méthodes soient généralisées et que chacun a l’heureuse opportunité d’évaluer personnellement ses « performances » régulièrement. Quitte a chacun de s’estimer comme une bouse… ou pas.

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    • Pepin Lecourt // 27.10.2018 à 12h22

      J’ai l’impression que vous n’avez pas compris le sens du travail de Graeber
      La femme de ménage fait partie des boulots de merde, boulots indispensables mais mal payés alors que les  » managers » figurent plutôt parmi les archetypes des boulots à la con, plus nuisibles qu’utiles, créant de la technostructure inutile pour s’autojustifier avec à la clé de très bons salaires

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      • Pierre D // 27.10.2018 à 14h41

        Il n’y a plus de femmes de ménage depuis longtemps dans les entreprises. Elles font appel à des prestataires de service.

        Il n’ y a plus non plus de « pointos », ni de perforeuses, pas plus que d’encodeuses, de calculateurs, ni même de dessinateurs.

        Personnellement je n’ai jamais connu d’entreprise, où il y avait des « boulots à la con » ou des « boulots de merde », ou alors c’était il y a longtemps. La recherche obsessionnelle d’un profit optimum interdit ce genre de « boulots »… ou tout au moins ne laissent pas le temps de se poser ce genre de question… sauf pour les DRH.

        Les techniques de management sont suffisamment sophistiquées aujourd’hui pour que chacun se mette sa vaseline tout seul, dans la joie et le bonheur… d’être surbooké.

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        • V_Parlier // 27.10.2018 à 15h36

          Vous écrivez:  » La recherche obsessionnelle d’un profit optimum interdit ce genre de “boulots ». Et bien, paradoxalement non. Pour la simple raison que le « boulot à la con » n’est pas forcément un emploi à part entière attribué à une personne précise. On le répartit sous forme de charges administratives et/ou procédurières et/ou de « reporting » pour le distribuer à plusieurs personnes dont on pourrit le vrai travail initial. Si leur productivité baisse à cause de cela, on délocalise. La méthode est simple. Donc, ceux qui ont peur des représailles font leur « vrai » travail en dehors des heures officielles du boulot, ou si ils ont la chance d’être tranquilles quelques heures la journée, ils font du « deep working ». Oui, on a inventé ce mot pour dire: « faire son vrai travail avec toute la concentration nécessaire ». Enfin, quant à tous ceux qui sont plus ou moins épargnés par ce phénomène, inutile de dire qu’ils marchent à coups de fouets pour compenser, et qu’ils ne doivent pas se plaindre car ils n’ont pas de « problèmes de process » donc peuvent faire quatre fois plus vite… Notons qu’ici je parle du privé. Dans le public, selon qu’on est chanceux ou pas, ça peut être pareil (hôpitaux par exemple)… ou ça peut être simplement inefficace (administrations classiques).

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          • Pierre D // 27.10.2018 à 15h47

            C’est bien parce que les tâches de merde sont faites par les « deep workers » que les « jobs à la con » n’ont plus leur place.

            Vous dites la même chose que moi. David Graeber, parle bien de « boulot » dans le sens d' »emploi ».

            … et d’ailleurs le choix de son vocabulaire « bullshit jobs » trahit bien son incapacité à les définir en termes anthropologiques.

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            • R.C. // 28.10.2018 à 08h37

              Détrompez-vous, Pierre D, les tâches à la con ne concernent pas seulement les deep workers.
              En tant que consultant (que ne suis plus) au sein d’un cabinet réputé, j’ai fait passer, ces quinze dernières années, des assessment centers et des development centers à très largement plus d’un millier de managers (banque, industrie, négoce, etc) dont pas mal de RH.
              Le constat clinique en matière de tâches à la con imposées à de l’encadrement très propre sur soi (et parfois très bien payé) est consternant.
              Les cordonniers n’étant pas toujours les mieux chaussés, il y avait un gisement non négligeable de tâches à la con au sein ce cabinet…
              Certains development centers (collectifs, en particulier, entourés d’un décorum impressionnant et fort dispendieux), n’ont débouché sur rien des promesses mirifiques faites aux intéressés ; pire, j’ai pu constater par la suite des opérations de rachat ou de fusion (bien évidemment planifiées par nos clients !) débouchant sur des turbulences professionnelles pour ces managers qui avaient été redynamisés.
              J’ai ainsi été, à mon corps défendant, pourvoyeur de jobs à la con et, par voie de conséquence, exerçant moi-même (en partie) un job à la con !…

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        • Kess // 27.10.2018 à 15h59

          Vous n’avez pas compris. D’un point de vue anarchiste (le point de vue le plus éclairé sur le monde, celui des lumières, du libéralisme, de la notion d’égalité ou de la science), toutes les structures qui servent à maintenir artificiellement un pouvoir sont une perte de temps: publicité (image de marque), création de besoin (étude de marché pour pour un produit sans réelles innovations), communications politiciennes (au sein des grands groupes ou en politiques), management (régles sans sens voulant crée l’esprit d’équipes, régles produisant de la coercition) …

          Au final, c’est au minimum 1/3 de la société qui travaille à ne rien produire d’utile, voir à être contre-productif. Si ces personnes s’arrêtaient de travailler demain, rien ne changerait (dans certains cas) ou la société humaine s’en porterait mieux (dans d’autres).

          Tout cela vaut bien sûr d’un point de vue idéal, dans lequel tout le monde arrêtent en même temps. Si une entreprise fait sa pub et pas les autres, il y a un désavantage … Un autre exemple d’actualité fonctionnant sur ce principe concerne les traités de non-proliférations des armes nucléaires et de manière plus générale, à quoi sert une armée si personne n’est là pour en opposer une autre. Imaginez un monde unifié. On a aucune preuve de l’existence d’extra-terrestre. Cela vaut-il le coup de développer une armée extra-planétaire? Ca serait rigolo, non?

          Tout ca pour dire que l’idéal doit se soumettre à un principe de réalité. Comme il est improbable que les gens cesse de s’organiser autour de centre de pouvoir contre ou im-productif, une société évoluée doit identifier ces centres de pouvoirs et tenter de les discréditer ou de les rendre tabous. Bouh, les publicités qui visent autre chose que l’information. Bouh, les mecs qui tweetent pour les politiciens. Bouh, les éléments de langage. Bouh, les iphone tous les 6 mois. Bouh, les managers et leur powerpoint. Bouh, les armes nucléaires. Simple, non?

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          • Kess // 27.10.2018 à 16h06

            Note: le poste de V-parlier est juste et complémentaire. Les process servent à la coercition, c’est donc une part de la production managériale bien souvent contre-productive, tout comme l’excés d’administration.

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            • Jeanne L // 27.10.2018 à 20h35

              Ce que dit Kess sur la référence anarchiste me fait écho à un passage des Cloches de Bâle d’Aragon où il fait parler l’anarchiste Libertad qui y exprime « sa haine de la CGT » (je ne résiste pas au plaisir d’en recopier un tout petit paragraphe):
              « Comment, cette association ouvrière organisait, pour vivre au mieux dans la société actuelle, les travailleurs de toutes les professions! mais elle ne songeait pas à détruire les professions nuisibles, les métiers inutiles ? Qu’avait donc besoin l’ouvrier de peindre des réclames, des enseignes, de fabriquer des compteurs à gaz, d’estamper des billets de banque? Il se rendait complice de la Compagnie du Gaz, de l’Etat déprédateur, du commerçant voleur. Et la CGT prétendait défendre les revendications de ces gens là ! Mais il valait mieux qu’ils crèvent de faim, qu’ils meurent, qu’il n’y ait plus un peintre d’enseignes etc…
              Dire qu’il y a des gens qui fabriquent des cartes de visite!  » … » Le contrôleur des finances, le bourreau,et le fonctionnaire de la banque, le tisseur de chasubles et de rubans de la légion d’honneur, le correcteur et l’imprimeur du Code et de l’Evangile, le chercheur d’or et de diamants peuvent disparaître écrasés par le tourbillon du progrès, sans que je fasse un mouvement pour empêcher rien! »
              Le texte d’Aragon qui continue savoureusement sur les propos anti-militaristes de Libertad, date de 1934 et Albert Libertad né en 1875 est mort empoisonné à l’anthrax en 1908 après avoir été tabassé par la police en Suisse et ramené à Paris.
              Bref des propos reconstitués et une histoire qui semble bien actuelle et en rapport avec ce texte et le commentaire que vous en faites.

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        • Marie // 27.10.2018 à 17h22

          Pierre D. ou le Grand N’Importe Quoi !!!
          Histoire de vous faire descendre les quelques barreaux de votre échelle de certitudes
          pour venir renifler un petit peu du réel:
          Primo,
          j’alterne selon les années deux boulots de merde selon ma définition,subalternes, pénibles, ingrats, mal payés mais UTILES, à savoir nettoyer la merde des uns et nourrir les autres.
          Secondo,
          mes employeurs dont l’un est une ENTREPRISE emploient des femmes de ménage aux salaires horaires et ne passent pas par un prestataire de services qui lui vend ce que j’appelle des femmes de ménage.
          Tertio,
          elles POINTENT ( oui les p-o-i-n–t-e-u-s-e-s existent toujours, comme dans les quelques usines de ma région!) comme tous les salariés de cette entreprise, badgés et répondant aux bip-aller, aux bip-retour.
          Quatro,
          peut-être êtes-vous à la retraite, coincé dans une Eternité qui vous coupe de ceux qui contribuent à votre délectable et méritante situation?
          Ou un cas-soc’ en lévitation, hors circuit et hors contribuable?
          Ou encore un cadre sup’ qui complète sa panoplie de signes extérieurs de richesses avec un signe de bonne moralité, en votant à babord-toute sur sa coquille de plaisancier ( si si j’en connais) et en brandissant dans chaque port son poing fermé de rebellocrate en pantoufles??
          Lorsque vous commentez, pensez que la réalité peut rejoindre la virtualité.
          C’est certain que mon commentaire est plus terre à terre que les précédentes réponses au votre.

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          • Pierre D // 28.10.2018 à 05h43

            Vous dites:
            «Quatro,
            peut-être (…) (…) Ou (…) Ou encore(…) ( si si j’en connais) et en brandissant dans chaque port son poing fermé de rebellocrate en pantoufles??
            »

            Peut-être que non. Peut-être tout simplement n’avons-nous pas la même expérience professionnelle? et peut-être que ma perception vaut la vôtre? Peut-être que dans ma réalité le président des USA, tweet lui-même ses conneries sans avoir à passer par un staff de dactylos.
            Peut-être que vous enchaînez des « boulots de merdes » parce que vous n’avez connu que des entreprises d’un passé révolu, il y en a. Celles que j’ai connues ont toutes peu à peu externalisé les métiers fonctionnels (stockages, ménage, restauration etc.) ou reporté sur les « executives » les fonctions administratives et ce n’étaient pas des petites entreprises.

            Moi aussi j’ai connu les p.o.i.n.t.e.u.s.e.s. d’abord quand il y avait encore des pointos (ma proximité avec l’entreprise date de l’enfance), ensuite au moment de la mise en place des horaires variables. Mais ces dernières ont mystérieusement disparu dès que le DRH s’est aperçu que tout le monde pointait dans le rouge et qu’elles devenaient des preuves pour d’éventuelles revendications de paiement d’heures supplémentaires.

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            • R.C. // 28.10.2018 à 09h12

              Réveillez-vous, Pierre D.
              Quand un consultant doit facturer, au quart d’heure près, le temps passé sur chacun des « dossiers » de la journée, vous appelez cela comment, si ce n’est du pointage déguisé ?
              Et l’impitoyable flicage de l’informatique (y compris sur les messageries et les standards téléphoniques), vous en faites quoi ?
              Aujourd’hui, à la majestueuse pointeuse mécanique d’antan s’est substitué un système de pointage beaucoup plus pernicieux et sophistiqué.
              Et là où n’existe pas de pointage apparent, ce sont les heures sup’ à extension variable – et non payées en tant que telles – qui sont venues s’installer.
              Jobs de merde et jobs à la con co-existent, à la plus grande gloire, et à la plus grande fortune, de la société néo-libérale et de son actionnariat.

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            • Pierre D // 28.10.2018 à 09h56

              R.C.,

              De quoi voulez-vous que je me réveille? Vous ne m’apprenez rien. Ce qui vous échappe c’est que la suppression du pointage à surtout été une catastrophe pour les employés (« travaillez plus pour gagner plus »… sur quelles garanties?) un pas de plus vers le retour au servage. On ne vend plus son temps mais sa vie… et celle de ses proches.

              Mais il y mieux.
              https://www.lesechos.fr/26/03/1991/LesEchos/15856-126-ECH_pour-ou-contre-la-methode-hay.htm

              … la marchandisation du travailleur… « l’automarchandisation ». Ah! la fabrication du consentement!

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        • Jean-François91 // 27.10.2018 à 22h23

          « Il n’y a plus de femmes de ménage depuis longtemps dans les entreprises. Elles font appel à des prestataires de service. »
          Donc il y a toujours des femmes de ménage, elles ne font juste plus partie de l’effectif.
          Elles sont juste plus mal payées, avec des amplitudes journalières délirantes et une précarité accrue. Ce travail socialement utile est juste ‘caché sous le tapis’ grâce à l’externalisation. Ce qui permet à l’entreprise et, hélas, à nombre de ses salariés de tourner la tête pour ne pas voir les problèmes sociaux.

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        • Pepin Lecourt // 27.10.2018 à 22h48

          Vous devriez lire Graeber car ce serait trop long à développer mais ce sont justement les méthodes de managment modernes qui font proliférer les boulots à la con et le privé encore bien plus que le public contrairementà ce que la recherche optimale du profit pourrait laisser croire, l’intéeêt du travail de Graeber c’est que justement il reproduit une multitude de témoignage, il ne s’agit pas de spéculation de sa part.

          Mais n’oubliez pas sa définition du boulot à la con, pour cela il faut que le sujet en ait conscience, vous pouvez parfaitement faire un boulot totalement inutile ou nuisible tout en étant persuadé de son utilité, il n’entre donc pas dans la catégorie des noulots à la con !

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        • Michael // 29.10.2018 à 14h57

          Pierre D, la quasi-totalité de l’industrie de la publicité est constitué uniquement de jobs à la cons.
          Je suis développeur web, et j’ai toujours bossé dans le privé, pour des petites boîtes. À travers ces petites boîtes, j’ai travaillé pour des lobbys, ou sous-traité pour des grands groupes, afin d’accomplir des tâches parfaitement inutiles.

          J’avais particulièrement pitié des personnes qui devaient rédiger des paragraphes entiers de texte complètement vides de sens, remplis de mots « marketings » qui donnent bon genre, et qui n’allaient clairement jamais être lus par personne – sauf moi et mes collègues, quand on s’appitoyait sur le sort du pauvre hère qui avait dû redoubler de créativité pour arriver à faire tant de lignes avec du vent… le seul mérite de ces textes était de faire du remplissage.

          Clairement, puisqu’il y a de l’argent là-dedans, c’est que c’est une activité (ou non-activité) rentable. Mais rentable ne veut pas dire utile.

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  • Nad // 27.10.2018 à 07h57

    La semaine de 15h ! Nous pourrions y être si chacun-e avait conscience que le capitalisme a pour objectif d’aliéner le peuple pour le dominer. Le travail n’est conçu que dans cette optique, et les aliénés sont consentants. Après Paul Lafargue il y a plus d’un siècle, ça fait plaisir de lire et entendre des propos qui peut-être éclaireront l’avenir d’un soleil nouveau…

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    • Patrick // 27.10.2018 à 14h14

      15h ? moi je veux bien doubler le nombre de salariés de l’entreprise, il faudra que mes clients acceptent de payer le double. Et si eux-mêmes doublent leur personnel il faudra aussi qu’ils augmentent significativement leurs prix pour leurs clients ( vous !! ).
      Le plus simple sera certainement d’importer massivement des produits étrangers dont les prix n’auront pas bougé.

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      • douarn // 27.10.2018 à 18h17

        Bonjour Patrick et Nad
        Il me semble que les employés à des « jobs à la con » sont déjà descendus à ~15h de travail effectif. C’est en tout cas ce que j’en déduis quand les gens expliquent à D. Graeber qu’ils travaillent vraiment qu’une heure par jour et que le reste du temps ils font semblant de travailler. Franchement, ces gens seraient mieux à cultiver leurs jardins ou à s’occuper d’une association plutôt que de broyer de l’ennui au bureau en surveillant du coin de l’oeil si le N+1 ne les calculent pas. Cela ne changerait probablement rien au prix final de ce que l’entreprise produit, peut être même que cela ferait même baisser les charges (conso d’eau et d’électricité moindre, surface de bureau et de parking réduite).

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        • Patrick // 27.10.2018 à 20h20

          sauf que là on parle de mettre tout le monde à 15h hebdomadaire.
          J’ai une petite boite , on essaie de tout optimiser et en particulier les coûts de personnel , alors c’est pas pour avoir des « jobs à la con ».

            +2

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          • douarn // 28.10.2018 à 07h52

            Bonjour Patrick
            « là on parle de mettre tout le monde à 15h hebdomadaire »
            Effectivement, je me rend compte que mon post est probablement mal placé dans le fil. Je ne parlais bien évidemment que des « job à la con » c’est à dire des emplois que même ceux qui les occupent ne peuvent en exprimer la finalité. Une PME dont la survie est en jeu ne peut se permettre d’avoir un égotique à sa tête se faisant valoir avec 2 secrétaires occupées à tailler des crayons toute la journée.

              +1

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    • V_Parlier // 27.10.2018 à 15h41

      Il faut tout de même être réaliste: Oui ce serait possible mais ceux qui le réclament n’accepteraient pas, en grande partie, les contraintes associées (pouvoir d’achat en produits manufacturés, protectionnisme, mais aussi, et je ne rigole pas: Temps disponible que certaines personnes sont incapables d’utiliser pour autre chose que dépenser du fric. Je parle là de personnes issues de toutes les classes sociales, absolument toutes). Le « capitalisme » domine parce-que le peuple joue son jeu. C’est un peu comme une drogue: On ne l’aime pas mais on ne veut pas s’en passer.

        +8

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    • Marie // 27.10.2018 à 17h40

      15 h ? pour quel salaire ? le même qu’aujourd’hui, celui d’hier, d’avant-avant hier?
      Le plus simple sera certainement d’importer massivement de la main d’oeuvre étrangère….pardon Patrick vous parliez de produits.

        +3

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      • Patrick // 27.10.2018 à 20h22

        le problème de la main d’oeuvre étrangère c’est qu’elle va être aussi à 15h par semaine , donc ça ne sert à rien , sauf à remettre en place l’esclavage comme dans la Grèce antique , ça permettra aux citoyens de faire autre chose.

          +4

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  • douarn // 27.10.2018 à 08h22

    Bonjour
    « 37 % le nombre de travailleurs qui ont le sentiment de faire un « job à la con ». »
    En première approximation on pourrait peut être dire que 37% du bouchon routier aux heures d’embauche et de débauche existent pour permettre des « jobs à la con », 37% du carburants brûlé et des pics de pollution urbaine dû aux voitures qui y font du sur-place, c’est pour les « jobs à la con », 37% des médicaments de « mieux-être psychique » à cause des « jobs à la con », 37% de bureaux, ordinateur, consommation électrique, etc.
    37%, c’est calamiteux mais cela contribue à faire augmenter le PIB … c’est super non?

      +28

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    • Tdeum // 27.10.2018 à 08h32

      Faut il pour autant diminuer de 37 % les bouchons, les bureaux etc… pour mettre 37 % de la population en plus au chômage ?

        +1

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      • douarn // 27.10.2018 à 08h54

        Bonjour Tdeum
        Pourquoi dites vous qu’il faille mettre au chômage les gens ?
        Relisez, s’il vous plait, ce qui est écrit dans cet article, avec entre autre :  » Dans les années trente, l’économiste Keynes avait prédit que l’avènement des technologies permettrait d’instaurer la semaine de 15 heures.  » Ou remettez vous en tête ce que D. Graeber dit dans la video : il faut pouvoir dire que l’on est harrassé de travail pour être une personne digne de respect… c’est absurde.

          +17

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      • Zeph // 27.10.2018 à 09h54

        Il y a plus important que le chômage à ce stade. C’est triste que vous restiez encore dans cette dualité du travail ou chômage alors que d’autres activités existent. Vous ne voyez toujours pas que centraliser la vie autour de l’économie nous mènent à la déchéance. Il faudrait arrêter de voir uniquement les conséquences à court terme uniquement et uniquement sur le domaine économique.

          +14

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      • larmec // 27.10.2018 à 11h20

        Bonjour, oui bon c’est bien le boulot, mais pour faire ou produire quoi et pourquoi? Ou pour qui?

          +5

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        • V_Parlier // 27.10.2018 à 15h49

          Pourquoi et pour qui? Ca ce sont les Chinois et les Indiens qui devraient, je l’espère, se poser bientôt la question…

            +0

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  • Kiwixar // 27.10.2018 à 08h38

    Il faut garder les gueux occupés et fatigués, qu’ils n’aient pas le temps de réflechir, étudier, se renseigner, échanger des idées avec leurs semblables, parler d’un monde meilleur, découvrir toute l’injustice de ce monde dirigé par une mafia criminelle nous maintenant en servage, les uns contre les autres.

    Quelle énergie reste-t-il pour changer le monde après une journée de travail, les courses, la bureaucratie, les gamins et la peur du lendemain? Le monde tel qu’il est, par rapport à ce qu’il pourrait être, est un Crime contre l’Humanité des 1% contre les 99%.

    J’espère que l’Enfer existe, et j’espère que l’Eternité dure longtemps.

      +70

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    • Geof’ // 27.10.2018 à 09h22

      @Kiwi..

      j’aime bcp cette dernière phrase : elle est de toi ?

      le problème, c’est la classe moyenne : elle fait peu de job à la con et en tout cas pas des trop pénibles, DONC elle n’a pas d’intérêts à l’effondrement du Système ; pire : si on renverse la pyramide, où se situerait-t-elle après la Révolution (ne serait-ce que de la semaine de 15h) ?

      Le partage, quand on a des revenus supérieurs à la moyenne, c’est plus dur. Rappel : la classe moyenne n’est pas forcément la classe la plus populeuse/nombreuse…

      Ce qui doit nous faire réfléchir sur l’utilité des élections dans un système majorita-riste.

      Geoffrey, neo-communiste belge

        +6

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      • Sandrine // 27.10.2018 à 12h13

        « La classe moyenne fait peu de jobs à la con »? Pardon?? Ben non, c’est justement elle qui fait le plus de jobs à la con.
        Tous ces ingénieurs qui travaillent à améliorer les processus d’obsolescence programmmee, tous ces chefs d’equipe qui passent leur temps soit en réunion soit à faire de beaux tableaux croisés dynamiques pour leur chef du dessus, toutes ces secrétaires et autres assistants qui sont là pour donner l’illusion à leur chef qu’ils sont trop importants pour effectuer des tâches répétitives et jugées peu intellectuelles…. sans compter tous les enseignants et formateurs qui préparent des cohortes d’adolescents à tous ces « jobs à la con »…

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      • Patrick // 27.10.2018 à 13h54

        La classe moyenne est composée essentiellement de cols blancs qui font de jobs à la con, mais il faut bien payer les traites de la maison et de la berline allemande, alors tout les matins i faut se lever pour aller remplir des tableaux excel ou des cerfas.

        A noter qu’une partie de ces jobs à la con vient directement de la complexité des lois et de l’administration. Il y a des gens dont le job à la con est de créer des réglements et des formulaires qui seront remplis ( et/ou contourner ) par d’autres gens faisant des jobs à la con.
        Exemple cité dans le texte : avocat d’affaire ( idem pour le fiscaliste ).

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        • V_Parlier // 27.10.2018 à 15h52

          Notons que « job à la con » ne veut pas nécessairement dire planqué et tranquille. C’est même souvent pire qu’un job « normal » pas idéal, mais c’est vu comme plus prestigieux et mieux payé.

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          • Marie // 27.10.2018 à 17h53

            Je ne sais pas ce qu’est un job « normal » ( comme un Président « normal » ?) mais
            entre un job à la con et un boulot de merde, waouhhh mon coeur et mon cerveau balancent!
            Je choisis le boulot de merde parce qu’on s’y sent utile, que l’on voit le résultat concret de son effort et qu’on peut l’expliquer tout simplement à un gamin.
            Si un adulte est incapable d’expliquer à l’enfant en quoi consiste son métier, pardon son travail ( distinction là aussi) et bien ça fait aussi parti de la définition d’un job à la con.

              +7

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            • Jeanne L // 27.10.2018 à 20h53

              Le problème est qu’une grande partie des travailleurs effectuant des boulots de merde ne voit pas non plus de résultats de ce qu’ils font péniblement, si nettoyer un bureau p,faire un repas pour une table déterminée etc… vous permettent de voir parfois et parfois seulement quoiqu’effectivement le résultat, le démarrage de machines qui vont dépoussiérez des rideaux en vrac, la chaîne des usines d’alimentation de petits beurres ou l’abattoir où tournent les poulets pendus et mis en découpe, ne vous laisse rien voir du « résultat ».
              Job à la con à la fatigue nerveuse, boulot de merde qui épuisent et qui sont totalement fragmentés sont tous les deux les résultats du travail dans le mode de production capitaliste qui n’est pas l’esclavage car le travailleur est juridiquement libre et passe librement un contrat de travail libre avec son « entrepreneur » libre lui aussi, chacun jouant son rôle sous la main experte du marché dans la grande liberté de la concurrence libre et non faussé et sous la loi d’airain de la baisse tendancielle du taux de profit !!!

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    • Sandrine // 27.10.2018 à 09h54

      Je suis très d’accord avec votre message … jusqu’à la remarque sur les 1% et son corollaire l’enfer…
      Tant qu’on restera dans cet imaginaire monothéiste qui veut que le monde et les hommes sont bons mais que malheureusement le diable existe et parvient à corrompre une partie de la faible humanité (les 1%?) on arrivera à rien.
      Le texte montre précisément que le problème ne vient pas des « 1% » mais de nous tous qui acceptons de faire des « bullshit jobs ».
      « Soyez résolus de ne plus servir et vous serez libres » disait la Boetie.
      Le fond du problème est la : ceux qui acceptent de faire des bullshit jobs tout en étant conscients que leur travail n’a pas de sens (voir participe d’une entreprise collective globalement néfaste) acceptent en réalité d’etre des larbins, de servir à autrui sans que cela n’ait de sens pour eux. Il acceptent leur aliénation pour des raisons de confort personnel ou de couardise. Les 1% ne sont que ceux qui paraissent tirer le mieux leur épingle du jeu, mais en réalité ils sont aussi aliénés que les autres (peut être même plus dans certains cas)

        +11

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      • Limonade // 27.10.2018 à 10h31

        Sandrine tu t’enflammes car tu n’entends pas le cynisme agnostique de cette très belle dernière phrase de Kiwixar (chapeau bas!).
        Après tu juges un rapport de force par l’angle de vue des 1%. C’est un peu trop facile. En effet si je poursuis ton raisonnement, j’ai du mal à trouver celui ou celle qui s’est libéré de son aliénation parmi les 1%…

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        • Sandrine // 27.10.2018 à 11h42

          Je n’ai pas l’impression que vous ayez bien compris mon message. Je dis que les 1% sont aussi aliénés que les autres.
          Il n’y a pas1% qui tire les ficelles et les autres qui subissent. Il n’y a pas de complot. Il y a juste une structure qu’il faut changer.

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          • Limonade // 27.10.2018 à 11h51

            Je pense avoir compris justement.
            Pour changer la structure il faut s’en libérer. Cesser d’accepter un bullshit job n’est pas si aisé que ça, mais sortir de sa prison dorée est bien plus compliqué.
            Il va falloir les aider!
            Il semble qu’il y a un sens de lecture positif qu’en on regarde par l’angle des 99%.
            C’est même juste une histoire de pédagogie.
            Qui saura leur parler?
            Peut-être ne comprennent-ils que le rapport de force…

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            • Sandrine // 27.10.2018 à 12h02

              Un bullshit job payé au smic peut aussi être une « prison dorée » à laquelle on peut avoir du mal à renoncer. Tous les types qui prennent le risque de mourrir noyés en Méditerranée dans l’espoir d’etre enfermés dans de telles « prisons dorées «  vous le diront…
              Chacun voit toujours midi à sa porte, c’est bien là la tragédie.

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            • Geof’ // 28.10.2018 à 11h41

              @Sandrine..

              les noirs qui émigrent veulent juste ne plus mourir de faim ; forcément, nos atermoiements « petits-bourgeois » les laissent de glace…ils s’en étonnent, même.

              un job à la con, c’est un job qui n’a pas de sens, comme vendre des trucs inutiles ou nettoyer un sol qui est sali tous les jours pour des raisons stupides (mais profitables).

              je suis d’accord avec ton avis : le 1% ne peut pas dominer les 99% sans un minimum de complicité parmi les 99%, Kiwi parle de 20%, je tente les 35%, la classe moyenne !!!!

              Geof’

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      • Kiwixar // 28.10.2018 à 01h06

        @Sandrine / Je ne pense pas que tous les humains sont bons et certains sont corrompus par le Diable. Je crois plutôt à la règle des 80/20, avec 80% qui seraient « ok » envers les autres dans des bonnes conditions de vie, et 20% de gens qu’il faudrait taper tous les matins (« mauvais »). Parmi ces 20%, 3% de psychopathes à enfermer. Le commentaire récent de Todd sur la décadence morale de la population française (mondiale?) m’inquiète. On est mal barrés.

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        • Sandrine // 29.10.2018 à 10h42

          @Kiwixar et Geof,

          Le fait de ramener le 1% à 20% ou 35%, ne change pas le fond du problème… Vous insinuez toujours que l’humanité se porterait beaucoup mieux sans une partie d’elle-même, minoritaire. De là à dire qu’il faudrait supprimer cette minorité pour que la majorité soit heureuse, il n’y a qu’un pas que, Kiwixar, vous semblez franchir allègrement en disant qu’il faudrait « taper sur 20% des gens tous les matins »…
          @Geof, vous vous prônez des méthodes moins violentes que Kiwixar, mais vous n’êtes pas moins manichéen que lui. Quand vous écrivez « les noirs qui émigrent veulent juste ne plus mourir de faim », je suis désolée mais cela relève d’une vision fantasmée (où « les pauvres, les doux, les affligés » peuvent légitimement prétendre au « royaume » comme dans le fameux discours de Jesus sur la montagne)… qui ne correspond absolument pas à la réalité des migrations internationales actuelles. Les candidats à l’émigration au départ d’Afrique ne sont pas les plus pauvres de leurs société d’origine; ce sont en grande partie des personnes éduquées, diplômées,qui prétendent avoir droit à un avenir meilleur dans des sociétés (jugées par eux) plus opulentes et plus développées que leurs sociétés d’origine. Les candidats idéaux pour les jobs à la con de notre monde occidental décadent…

            +2

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    • Pepin Lecourt // 27.10.2018 à 12h25

      Et le pire c’est lorsqu’après une journée abrutissante le sujet s’installe devant la télé pour  » se détendre  » !

      C’est le coup de grâce final !

        +10

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  • Michel LEMOINE // 27.10.2018 à 08h41

    Si on suit le raisonnement il faut dire que ceux qui imaginent , paient et supervisent un travail inutile font eux-mêmes un travail inutile. On peut ainsi, en partant de la base, arriver au sommet. C’est inquiétant : il faudrait alors supposer que quasiment tout le monde est idiot sauf l’auteur de l’article — lequel ferait oeuvre positive et pleine de sens.

    Je serais enclin à l’inviter à un peu plus de modestie et de prudence dans ses analyses.

      +5

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    • Sandrine // 27.10.2018 à 11h54

      Entièrement d’acoord avec vous. Je suis moi aussi sceptique par rapport à cette notion de « jobs à la con ».
      Elle présuppose que c’est l’ensemble de l’organisation sociale qui est viciée. Par exemple, l’auteur dit que la femme de ménage qui fait le ménage dans le bureau d’un cadre qui fait un « job à la con », fait elle-même, du coup, un « job à la con ».
      Si l’on pousse le raisonnement jusqu’au bout, la seule façon de ne pas faire un job à la con, c’est de vivre dans une société parallèle organisée de telle sorte que soient éliminées toutes les fonctions non productives. Autrement dit, c’est très très utopique à moins de tout foutre en l’air de manière très très radicale.

        +3

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      • Pierre D // 28.10.2018 à 07h12

        D’accord aussi.

        L’expérience du monsieur semble se limiter à la femme de ménage et au vice-président de son université.

        Sa classification entre « larbins », « porte-flingue », « rafistoleurs » et « cocheurs de cases », s’apparente plus de la pseudo-science qu’à une réalité. Comme si chacun dans les entreprises aujourd’hui n’était pas appelé à jouer tous ces rôles à la fois et bien d’autres.

        Les aphorismes du genre « l’infirmière est plus utile que le chef d’entreprise » demanderait un développement un peu plus étayé.

        De plus le choix d’un vocabulaire « popu » non seulement démontre son incapacité à définir ce qu’il décrit en termes anthropologiques, mais une volonté de faire du buzz à bon compte… et ça marche.

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    • Dominique Gagnot // 27.10.2018 à 12h12

      Les activités inutiles/nocives dans l’absolu, sont indispensables au capitalisme !

      Ex : la publicité, 99% de la Finance, et d’ailleurs quasi toutes les activités sont corrompues par le capitalisme :
      – vendre des trucs qui rendent malade, pour ensuite vendre des trucs pour soigner.
      Les petites activités néfastes, ça pullule aussi… (faut bien gagner sa vie.)

      Le capitalisme c’est de plus en plus d’activités nuisibles, qui servent uniquement à faire tourner le système. Sans cela il se serait effondré il y a 40 ou 50 ans, après que les besoins des friqués aient été pleinement satisfaits. Leur intérêt étant évidement que ça continue…

        +14

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      • Patrick // 27.10.2018 à 13h58

        sans parler de tous ces s..ds d’ouvriers et de sans-dents qui sont contents d’avoir du boulot et de faire vivre leur famille en produisant ces trucs qui rendent malade.
        On se demande même pourquoi il y a autant de gens qui veulent acheter des trucs qui rendent malade

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        • RD // 27.10.2018 à 21h34

          Peut-être parce qu’ils n’ont pas le choix ?

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        • Kiwixar // 27.10.2018 à 23h59

          Les gens achètent des trucs qui les rendent malades parce qu’ils sont trompés, infantilisés, et non plus l’énergie pour réflechir correctement (sans parler des médocs ou opioïdes qui détèriorent fortement les capacités cognitives). Admettre qu’on a été trompés demande une sacré dose d’humilité (un point commun entre Berruyer et les commentateurs du blog).

          Le paradoxe de l’Occidental, c’est d’être totalement libre mais à l’intérieur d’un cadre bien strict bien bordé (comme en Chine où j’ai longtemps habité). Land of the free, la bonne blague.

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        • François Marquet // 28.10.2018 à 16h24

          Sans compter qu’il suffirait de ne pas en acheter pour que ça ne se vende pas, comme disait Coluche

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  • Pierre Kiroul // 27.10.2018 à 09h10

    Dans les époques qui nous ont précédés, la grande majorité des gens avaient un métier. Pour le faire correctement, cela demande de l’apprendre et de s’améliorer chaque jour pour bien le faire. Cela requiert des efforts et certainement plus de 15 heures par semaine. Mais le métier permet d’aimer ce que l’on fait (parce qu’on s’attache à bien le faire), même si l’on ne fait pas forcément ce que l’on aime. Un métier, c’est une activité que l’on s’efforce de faire parfaitement, et grâce à laquelle on se réalise.
    Le job, le boulot, l’emploi, le travail, le turbin , le turf, le taf sont effectivement des jobs à la con. L’évolution trop rapide de la technologie et le remplacement de l’homme par les machines ne permettent plus de prendre le temps d’apprendre un métier et de l’aimer. On est toujours entre deux « formations », qu’elles soient internes à l’entreprise ou externe. On change d’emploi de trop nombreuses fois dans sa vie sans même pouvoir choisir. On surfe sur le travail sans arriver au niveau ou celui-ci devient une façon de s’épanouir et de se réaliser. Nous vivons un véritable esclavage moderne sans nous en rendre compte. Le nombre d’heures travaillées par semaine n’est un critère que dans la mesure ou l’activité est un pensum.
    L’analyse de M. Graeber me semble trop orientée, trop partisane et insuffisamment objective pour être véritablement intéressante.

      +13

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    • OLIVIER D // 27.10.2018 à 11h15

      D’accord avec votre diagnostic sur le job, le taf, les formations… mais est-ce la seule activite ou « on s’efforce de faire parfaitement, et grace a laquelle on se realise »?
      En diminuant le temps de travail a 15h, comme l’entrevoyait Keynes, n’aurait-on donc pas plus de temps pour justement faire cela, en dehors d’une activite salariee? Si les gens aiment leur metier et trouvent qu’il est utile, c’est tant mieux, mais comme disait l’autre, l’argent leur suffirait.
      Je pense que l’on se realise et on s’epanouit mieux sans ce rapport de subordination inherent au salariat.
      bien a vous

        +5

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    • Lisnat // 27.10.2018 à 12h03

      Entièrement d’accord avec vous pour l’avoir vécu ( Dernière expérience professionnelle en call center pour résoudre les problèmes techniques d’utilisateurs de produits à pomme).
      15 Mn et si vous n’êtes pas dans les clous en termes de ratio rentabilité /satisfaction client plus de prime! De quoi vous décourager, et vous transformer en véritables petits robots.
      Trop d’exemples montrent bien que le rendement ou rentabilité est au détriment de la qualité du travail bien fait. Faire bien son travail pour s’y épanouir deviens un luxe… on croit marcher sur la tête!

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    • Marie // 27.10.2018 à 19h22

      Oui c’est cela,
      un métier est (était?) un savoir-faire transmis et appris de génération en génération ainsi que pendant toute une vie.
      Nous revenons là aussi au temps long qui s’inscrit tant dans le passé, le présent et l’avenir
      alors qu’actuellement tout ceci est mis au rebus: table rase puis efficacité et rentabilité court-termistes.
      Le métier comme vous l’indiquez est source de satisfaction personnelle, d’épanouissement et gratifie d’un sentiment du travail bien fait.
      On retrouve encore cela dans les dits boulots de merde (pénibles, ingrats, mal payés mais utiles voire nécessaires), en restauration par exemple ( pas les chaines ni la cuisine industrielle): un serveur ou commis de cuisine, même les artisans de bouche malgré les horaires, leurs cadences, leurs conditions de travail peuvent s’épanouir dans leur carrière.
      Pour quelques-uns encore c’est leur fierté, leur identité même.
      Mais pour cela j’estime qu’il faut avoir la vocation. Et la vocation pour un métier c’est de l’ordre de toute une vie.
      Malheureusement l’idéologie économique actuelle finit par dégouter, décourager et décrédibiliser cette conception « archaïque » du travail.
      Comme vous dîtes, le boulot, le job etc devient là aussi un produit parmi d’autres sur le rayonnage de nos CV,consommable et jetable comme l’individu.

        +4

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  • Citoyen de base // 27.10.2018 à 09h36

    Monumental David Graeber! J’avais déjà été subjugué par son travail d’anthropologue dans son livre « La dette, 5000 ans d’histoire. »
    Il est le témoignage vivant de la diversité de la pensée aux Etats-unis où de nombreux universitaires observent et dénoncent l’oppression grandissante de la ploutocratie au pouvoir. Gloire à eux.

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  • Michel LEMOINE // 27.10.2018 à 09h46

    A défaut d’être en ascension sociale dans la réalité, on l’est souvent dans ses prétentions, ses goûts (penser à la Distinction de Bourdieu), dans l’image qu’on veut donner de soi.
    La façon de se présenter et de présenter ce qu’on fait participe de cette prétention. Dire « je fais un boulot de merde » c’est dire que l’on vaut plus qu’il n’y paraît. Ce n’est d’ailleurs pas faux généralement car ce serait prendre un grand risque que de demander à quelqu’un d’être toujours au maximum de ses capacités. Ce simple fait ne semble pas avoir effleuré l’esprit de l’auteur. Il affirme que 37% des gens déclarent faire un travail sans intérêt mais il ne s’interroge pas sur ce qui motive une telle déclaration. Il ne s’étonne pas que ce type d’emploi puisse être fréquent et aussi stable et qu’aucun manager un peu éveillé ne pense à le supprimer.

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  • Garibaldi2 // 27.10.2018 à 09h48

    C’est vrai qu’il y en a des jobs à la con dans nos entreprises, surtout les grandes car les petites ne peuvent pas se le permettre. Combien de chefaillons qui passent leur temps à pondre des tableaux excel pour quantifier le vrai boulot des autres, mais sont totalement incapables de le faire eux-mêmes! Et les  »consultants » …..

    Il était une fois un analyste-conseil-en-organisation, dont on louait le goût pour l’efficacité organisationnelle. En ces temps de crise, il était volontiers sollicité pour ses diagnostics en dégraissage de structure et son habileté dans la chasse aux cocottes en papier. Aussi, nul ne fut surpris lorsque le nouveau manager d’un opéra réputé pour ses crises de gestion autant que pour son orchestre l’invita à ausculter scientifiquement son entreprise.

    On observe que les quatre joueurs de hautbois sont pratiquement inoccupés pendant les neuf dixièmes du temps. Il importe donc de réduire leur nombre et de répartir leurs interventions plus régulièrement sur la durée du concert, de façon à éviter ces pointes toujours coûteuses.

    De même les douze violons jouent manifestement exactement les mêmes notes au même moment. Il y a là une duplication intolérable. L’effectif de cette section doit être réduit drastiquement. Si un grand volume sonore est nécessaire, il sera bien plus économique de l’obtenir à l’aide d ‘amplificateurs électroniques (disponibles aujourd’hui à des prix très raisonnables).

    Les musiciens consacrent beaucoup d’efforts pour jouer des demi-croches. N’y a-t-il pas là un raffinement perfectionniste ? Je recommande que toutes les notes soient arrondies à la croche la plus proche. Il serait alors possible de faire appel à des personnels moins qualifiés et donc moins onéreux.

    Il semble que l’on abuse des répétitions pour certains motifs musicaux. Ne pourrait-on émonder un peu cela. Est-il utile de faire répéter par les cuivres ce qu’on vient d’entendre par les cordes ? J’estime que l’on pourrait réduire de deux heures à vingt minutes la durée totale du concert en éliminant ces répétitions. Notons incidemment que cela permettrait de supprimer l’entracte qui s’avère onéreux compte tenu du tarif de l’éclairage de la salle et du foyer.

    Remarquons par ailleurs que, dans bien des cas, les musiciens utilisent une main uniquement pour tenir leur instrument. Ne pourrait-on introduire un dispositif de fixation mécanique articulé pour ce faire. Cela libérerait des mains qui pourraient alors être occupées à autre chose. De même, il semble anormal de demander aux musiciens d’instruments à vent des efforts par moment excessifs. Ne serait-il pas plus judicieux de doter l’orchestre d’un compresseur qui distribuerait l’air sous pression adéquate et plus précisément régulée aux instruments concernés ?

    Dernier point, l’obsolescence des équipements mérite d’être examinée de près. Le programme du concert précisait que l’instrument du premier violon était vieux de plusieurs siècles. En appliquant des échéanciers d’amortissement raisonnables, la valeur de cet instrument doit être quasi nulle aujourd’hui. N’est-il pas nécessaire de prévoir l’investissement d’équipements plus modernes et donc plus efficaces ?

    Piqué sur http://manag.r.free.fr/humour_orchestre_symphonique.html

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    • OLIVIER D // 27.10.2018 à 11h21

      Tres bon.

      « Faut-il reagir contre la paresse des voies ferres entre deux passages de train ? » Marcel Duchamp

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  • Ando // 27.10.2018 à 09h56

    Bref, les rémunérations sont davantage une question de statut social que d’utilité collective, ce qui nous rapproche quand même davantage de la société des singes que de l’homme nouveau idéal de l’esprit des Lumières. Un livre qui ne plaira pas également à ceux qui participent a cette société simiesque et qui ne voudront pas le reconnaître.

      +8

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  • RGT // 27.10.2018 à 10h33

    Vincent de Gaulegac s’est aussi penché sur ce problème en le nommant « travail paradoxant » entraînant un mal-être considérable pour les salariés qui en sont victimes.

    J’avais d’ailleurs évoqué ce sujet dans un commentaire il y a quelques jours.

    Dans la catégorie « jobs à la con », en tant qu’ingé, j’ai bien vu la descente de cette profession depuis le début des années 80. Désormais je passe plus de 60% de mon temps à faire des rapports d’activité inutiles et ce temps pourrait être passé à améliorer la qualité des études qui me sont confiées.

    J’en ai ras le bol.

    J’ai un ami qui était aussi ingé dans la même boîte que moi, mais beaucoup plus jeune, qui a tout laisser tomber pour se recycler comme charpentier traditionnel (les vraies, à l’ancienne).
    Il est méconnaissable : Désormais il est réellement heureux et a l’impression de faire un travail vraiment utile. Physiquement fatiguant certes, mais bien moins que le stress intellectuel ressenti lorsque qu’il se prenait une remarque acerbe d’un dirigeant lui faisant remarquer qu’il n’avait pas rempli correctement un rapport inutile.

    De même , des amis connaissent de nombreux « petits jeunes » qui ont quitté leurs emplois de « bureliers » pour devenir plombier, plaquiste, peintre en bâtiment, électricien, etc…

    Certes ces emplois sont moins bien rémunérés que leur job « bien au chaud » mais au moins ils ont la sensation d’être réellement utiles aux autres humains.

    Je suis trop vieux et en trop mauvaise santé surtout pour changer aujourd’hui.
    Si j’avais 30 ans de moins je ferais comme eux sans hésiter un seul instant.

    Entre un travail gratifiant mal payé et un placard ennuyeux mieux rémunéré il ne faut pas hésiter un seul instant : On a qu’une seule vie et il est totalement stupide de gaspiller un temps irremplaçable pour des conneries inutiles.

    Autant se suicider à sa naissance pour éviter ce gaspillage.

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    • Marie // 27.10.2018 à 19h36

      Matthew B. Crawford en dit tout autant dans son livre: « Eloge du carburateur, Essai sur le sens et la valeur travail » avec humour, sagesse et bon sens ( pléonasme?).

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    • Checkmate // 02.11.2018 à 11h22

      Je suis exactement dans ce cas
      Jour après jour, je sens que le métier que je fais me fait perdre mon temps et ma jeunesse
      Jour après jour, je me lamente à rêver de plein d’autres trucs
      Jour après jour, je souffre de moments de solitude
      Jour après jour, je songe à changer mais sans être capable de passer à l’action car… en réalité je ne sais toujours pas ce que je veux vraiment faire de cette foutue life.
      Le pire c’est que au vu de ma situation actuelle, je ne connais personne qui aurait une connaissance du monde du travail, qui serait prête à m’écouter et qui pourrait m’aider ou à minima m’orienter vers une voie plus épanouissante pour moi. Tout le monde me fait peur, je n’ai confiance en personne sinon moi-même.
      J’avais une famille proche, elle est loin de moi désormais, j’avais quelques potes, maintenant je n’ai plus aucun ami…
      Bref, je suis en train de me rendre compte que le monde dans lequel je vis est devenu terriblement sombre.

        +3

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  • astap66 // 27.10.2018 à 10h48

    Bernard Friot donne sur ce point un éclairage pertinent.
    En système capitaliste « pur », ne produit de la valeur que celui qui met en valeur un capital. Sinon, l’activité est, au mieux, « utile », au pire, une dépense.
    Ainsi, fabriquer et commercialiser de mauvais jouets en plastique Mc Do destinés à finir à la poubelle le jour même de leur achat sont des activités productrices de valeur. Distribuer des repas chauds aux resto du coeurs en tant que bénévole est une activité « utile ». Enseigner à des élèves de CE1 dans un établissement public est une « dépense » publique (qu’il faut réduire évidemment car les impôts « pèsent » sur les entreprises créatrices de valeur).
    Dès lors que notre seule possibilité d’avoir, en tant que prolétaires, un revenu décent est de nous présenter sur le « marché du travail », nous sommes soumis aux exigences du capital qui nous emploie pour des activités « productrices de valeur » c’est à dire mettant en valeur du capital mais qui sont en réalité nuisibles humainement, écologiquement, socialement.
    D’où je pense le sentiment d’une partie non négligeable de la population salariée de faire un « bullshit job ».
    Les activités salariées ou indépendantes utiles (association de quartier, aide aux populations en difficultés…) se précarisent faute de moyens et de subventions publiques.
    Je pense vraiement que nous sommes arrivés au stade où, comme l’avait anticipé Marx, « Le monopole du capital devient une entrave pour le mode de production qui a grandi et prospéré avec lui et sous ses auspices. La socialisation du travail et la centralisation de ses ressorts matériels arrivent à un point où elles ne peuvent plus tenir dans leur enveloppe capitaliste (…) ».
    Enfin, à quelques dizaines d’années près car nous avons encore de la marge par rapport à la Grèce…

      +9

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  • Tonton Poupou // 27.10.2018 à 11h19

    Avant on avait un « métier ».
    Puis on a eu un « boulot ».
    Maintenant on a un « job ».
    On appelle cela l’évolution ou aussi la modernité.
    Comme disait l’autre : « le chemin le plus court de la barbarie à la décadence s’appelle la civilisation ».

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  • Vjan // 27.10.2018 à 11h38

    Entre ceux qui font un boulot alimentaire auquel ils ne voient d’autre intérêt que celui de leur permettre de survivre, et ceux qui exercent un métier qu’ils veulent faire bien parce qu’il a du sens, mais que l’on submerge sous la paperasserie idiote et les réunions inutiles, on n’est pas sortis des ronces.
    Ça représente combien d’entre nous ?

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  • Lec // 27.10.2018 à 11h45

    « Être dans le vent est une ambition de feuille morte. »
    Gustave Thibon

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  • Pepin Lecourt // 27.10.2018 à 12h07

    Une erreur s’est glissée dans le texte sur le distingo entre job a la con et job de merde, ce sont les second qui sont mal payés, mal considérés et pourtant utiles alors que c’est l’inverse pour les premiers, souvent très bien payés mais totalement inutiles.

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  • Pepin Lecourt // 27.10.2018 à 12h18

    J’ai commencé la lecture de ce livre, pertinent en fin de compte et cruel surtout en raison de l’humour pince-sans-rire typiquement britannique de l’auteur.

    A noter que souvent le job à la con exige pas mal de diplômes, ou si vous voulez qu’il faut être bien et parfois beaucoup diplômé pour y avoir accès alors que nombre de boulots de merde indispensables à la société exigent peu de diplômes voire pas du tout !

    Les boulots à la con pourraient disparaître que l’humanité ne s’en apercevrait pas, alors qu’une grève totale des travailleurs de merde et tout s’arrête.

      +10

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    • astap66 // 27.10.2018 à 12h34

      On peut aussi avoir un boulot à la con ET un boulot de merde.
      Exemple:
      – agent de propreté chargée de nettoyer les locaux d’un call-center
      – ouvrier occupé à la construction d’un Yacht de milliardaire qui sera utilisé par son propriétaire une semaine par an
      – préparateur de commande pour un distributeur de jouets en plastiques Mc Do (je sais, je fais une fixation, mais j’en ai marre de marcher dessus sans arrêt, ma fille ne range rien !!!)

        +7

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    • Marie // 27.10.2018 à 19h48

      Est-ce à dire que nos (sur)diplômés en visant un job à la con seraient en quelques sorte des déclassés?
      Faire un parcours scolaire etc.. sans fautes pour finir se retrouver..inutiles, des pas-nécessaires!
      moi je trouve ça hyper dévalorisant socialement et humainement.
      Ok ils peuvent gagner plus d’argent que l’utile qui nettoie son bureau et ses toilettes mais j’imaginais pas la « réussite » ou l’enrichissement du pays sous cet angle.

        +2

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      • Pepin Lecourt // 27.10.2018 à 22h56

        La productivité induite par le progrès technique aurait dû réduire considérablement la durée du travail, on donne 15 heures par semaine dans l’exemple, or un constate le contraire, de là à en conclure que la plupart des heures de travail au-delà des 15 heures consiste à jobs à la con….

        Il constate que la recherche du profit maximum dans le privé si elle entraîne une compression drastique des postes aux emplois consacrés à la production effective, on assiste plus on s’élève dans la pyramide de la hiérarchie à la multiplication des emplois à la con en général super bien payés et les raisons en sont bien analysées.

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      • Booster // 28.10.2018 à 20h30

        Pensez-vous que les (sur)diplômés sont des intellects supérieurs ? Peut-être sont-ils tout simplement des cerveaux plus malléables. Les HP ratent très souvent leurs études. Méditez cela.

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        • Marie // 29.10.2018 à 18h28

          Booster,
          Je vous suis infiniment reconnaissante de souligner par votre première phrase faussement interrogative, que je n’ai justement pas dit ni sous entendu cela.
          De souligner par la même occasion notre parfait accord sur ce lieu commun:
          que les (sur)diplômés n’ont pas forcément un intellect supérieur au départ ou à l’arrivée.
          Tout comme vous je ne sais que trop,
          que ces cerveaux sont malléables parce qu’aussi formatés plus jeunes en vue de chaque étape du formatage ( et non formation ).
          Mais heureusement
          d’autres (peu nombreux) plus hermétiquement avertis et alertes face aux armées de succubes et d’incubes de notre (Ré)Education Nationale, récupèrent le leur (de cerveau) sans trop de dommages ( preuve il en est sur ce site), avec un surplus de lucidité? de cynisme? d’humour?
          Je les salue pour ce combat parmi d’autres contre la déperdition d’intelligence!
          C’était ma méditation cocotte-minute.

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  • Michel LEMOINE // 27.10.2018 à 13h28

    Supposons que je sois réceptionniste dans un hotel. Mon voisin est « technicien de surface ». Je lui dirais que mon métier est intéressant car il me met en contact avec toutes sortes de gens. Il demande des qualités relationnelles. Bref je me mettrais en valeur par ce métier par rapport à lui.

    Mais supposons que j’ai affaire à un physicien nucléaire. Alors je me présenterai sur un autre registre. Je dirai que c’est un petit boulot qui me laisse beaucoup de temps pour m’occuper de ma famille (Ce qui est le principal pour moi). Que peux aussi pratiquer un sport dans lequel « je me débrouille pas trop mal ». Bref j’adapterai mon discours pour ne pas me sentir trop en infériorité.

    Ce fait très humain semble avoir échappé à l’auteur de l’article. Il ne doute à aucun moment des 37% qui sont la base de sa réflexion.

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    • Sandrine // 27.10.2018 à 17h49

      Ce que vous décrivez n’est pas vraiment la même chose. Vous parlez de reconnaissance sociale, alors que dans le terme « job à la con », il est question d’utilité sociale.
      Il se peut tout à fait que le « physicien nucléaire » occupe en réalité un « job à la con », c’est à dire un boulot qui est très valorisant socialement parlant, bien payé (puisque les grilles de salaire tiennent généralement compte des diplômes) mais qui n’en demeure pas moins inutile d’un point de vue social global (si par exemple vous ne produisez aucune connaissance nouvelle ou vous ne transmettez pas à la génération suivante et que l’essentiel de vos missions sont d’ordre bureaucratiques ou de politique interne à l’organisation qui vous emploie).

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      • Michel LEMOINE // 27.10.2018 à 20h23

        Je mets en doute la vraisemblance des 37% de jobs à la con. Ceci parce que je crois que la façon présenter son travail dépend très largement de l’interlocuteur et de l’effet qu’on veut produire.
        Si on y réfléchit on voit bien qu’il n’est pas possible qu’un pourcentage de 37% des gens occupent des emplois inutiles. Un travail peut être ingrat, peu valorisant ou peut même provoquer un rejet mais il sert forcément à quelque chose. Avec sa terminologie floue l’auteur brouille tout et peut se permettre de dire n’importe quoi sans rien étayer. Il a écrit un article à la con !

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        • Sandrine // 27.10.2018 à 21h23

          Sur le fond, je suis d’accord avec vous. Ce concept de « job à la con » est trop flou et assimile indûment des réalités très différentes (la dimension bureautique de nombreux emplois, l’aspcet servile de beaucoup de jobs du secteur des services, la non adhequation des études suivies avec le travail effectivement réalisé, etc tout ça relève de réalités très différentes.)
          L’idée générale qu’il y a beaucoup de gaspillage d’énergie humaine dans la façon dont notre société organise la production n’est cependant, à mon avis, pas très éloignée de la réalité. Il faudrait analyser en détail les données que Graeber a exploitées pour arriver à cette conclusion avant de dire que son travail est fondé sur du vent ou des prémisses erronées.

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    • Booster // 28.10.2018 à 20h40

      Très intéressant cette remarque sur le sentiment d‘infériorité. C‘est un fait bien réel qui nous a été inculqué depuis la nuit des temps, en fait c‘est ce qui permet de soumettre les humains, de les parquer dans des structures sociales. Essayons de réfléchir en „reverse engineering „ et vu l‘état de notre planète celui qui est le meilleur est celui qui aura eu le moins d‘impact sur l‘environnement. Le bushmann est clairement supérieur à votre physicien nucléaire. Le chômeur plus méritant que n‘importe quel excité qui recherche la croissance.

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      • Marie // 29.10.2018 à 18h58

        Euh…je connais des chômeurs ( sans faire de généralité) pas décroissants pour un sou.
        Les crédits renouvelables, les arrangements avec les caisses spéciales de Pôle Emploi ou de la CAF (on m’a proposé des aides au financement pour de la conso-gadget, si si !), le surendettement ( effacé puis on recommence) pour cause entre autres de surconsommation.
        Toussa toussa qui permet « d’insérer » ou de « réinsérer » l’inactif hors-circuit pour ne pas d’avantage le stiiiiiiiiigmatiser, le pôôôôvr’!
        Pourquoi n’aurait-il pas lui aussi « droit » à la consommation,
        à avoir lui aussi son petit impact comme tout le monde sur la planète…
        Pas d’inquiétude, le chômeur est une « minorité » comme une autre à laquelle le système a pensé.
        Ca marche également quand on n’a pas un rond et qu’on reste enfermer devant sa télé-poubelle qui nous vend ses détritus ultra renouvelés !
        Mais je répète ce n’est pas une généralité, ne pas en faire une à l’inverse. C’est tout.

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  • Tanguy // 27.10.2018 à 13h33

    Il faut sans doute relever ici que cette situation nait au milieu des années 1970 du choix de contenir l’inflation et de conserver des postes. L’industrialisation a été abandonnée afin de permettre aux prix de baisser et on a cru aux services comme une panacée. Au final, si les prix de certains biens délocalisables ont baissé, c’est une spirale de destruction d’emplois et de dégradation des postes restants qui s’est déclenchée.

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  • Gilgamesh // 27.10.2018 à 13h55

    La démarche de cet anthropologue me paraît très empirique, peut-être parce qu’il part de témoignages pour ensuite pouvoir monter en généralité, classer des « jobs » utiles / inutiles (sans critère discriminent clair), en tirer des conclusions. Celles-ci l’amènent à déconstruire les mentalités, notre conception du travail et à envisager des solutions (partage du temps de travail, salaire universel …)

    Je pense qu’à côté de cet empirisme, une approche historique pourrait être très instructive.
    • comment nos ancêtres paysans ont perçu le travail salarié lors de l’exode rural ?
    • quelles sont les conséquences des nouvelles techniques de management au XXe siècle ?
    • quelles évolutions anticiper avec la robotisation du travail (par robots, entendre machines programmées, logiciels, etc.) et la montée de la conscience écologique (dit rapidement, la généralisation du « A quoi bon ? » puisque tout s’écroule)

    Alain Suppiot parle très bien de ces sujets en les plaçant dans le contexte historique. Il rappelle que l’OIT a mis au point la notion de Travail réellement humain : https://www.youtube.com/watch?v=VTFPZUr4su0&list=PLwl60Z8ihqF48o9Z3QYoHaAAlgHB0CcWx&index=7)

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  • Ragoul // 27.10.2018 à 13h58

    Avec la semaine de 15h on pourrait cumuler 3 jobs à la con.

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    • Actustragicus // 27.10.2018 à 17h18

      C’est évidemment la conséquence inévitable… le grand secret, c’est que la durée du travail hebdomadaire n’est pas calquée sur les besoins réels de l’économie, mais sur la charge de travail que le salarié est capable de supporter !

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  • Amoursdesamours // 27.10.2018 à 14h01

    « Le problème est qu’ils exercent des métiers dont ils n’arrivent même pas à justifier l’existence. » C’est un fait indubitable dans les domaines qui n’ont pas à faire face à la concurrence. Très en vogue, particulièrement, dans le secteur non marchand (institutionnel, semi-étatique…) C’est ce que j’appelle les emplois « alibis ». Une souffrance psychique pour celui qui travaille dans un tel contexte professionnel car bien souvent il n’a pas le choix de décliner (penser points positifs-négatifs). C’est plus aisé pour celui qui s’en accommode (le oui-oui-). Mais cela crée la dualité. J’ai découvert David Graeber à l’occasion d’un devoir sur le Revenu universel (grâce à mon professeur d’éco)

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  • Michel LEMOINE // 27.10.2018 à 14h17

    Mais enfin ! Je n’arrive pas à comprendre que ça n’apparaisse pas évident à tout le monde :

    Si 37% des emplois sont inutiles et que nécessairement ces emplois ne sont pas distribués égalitairement dans tous les secteurs il faudrait qu’il y ait des entreprises où 60% de l’effectif (sinon plus ) ne sert à rien ! Est-ce possible ? Ce ne l’est pas dans les métiers de la santé, de l’éducation, du bâtiment, de l’agriculture etc.

    Il faudrait pouvoir dire où sont ces entreprises dont la majorité du personnel ne fiche rien qui vaille la peine.

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    • Sandrine // 27.10.2018 à 16h03

      Je crois que l’auteur aborde cette question et explique que beaucoup de postes existent uniquement parce que les concurrents ont créé ce type de poste. Dans le marketing par exemple, c’est flagrant.
      Il y a aussi beaucoup de postes « d’apparat » (cas des secrétaires par exemple) qui existent par ce que « ça se fait » et qu’il ne faut pas prendre le risque de perdre les salariés réellement productifs (les 60% restants).
      On ne peut pas non plus évacuer l’hypothese d’une organisation « intentionnelle » de cette situation par les cercles dirigeants pour donner du travail à tout le monde et surtout éviter que les gens qui travaillent n’aient trop de temps libre pour penser et éventuellement se révolter… Le désœuvrement des masses ouvrières est quelque chose qui a toujours terrorisé la bourgeoisie (en 36, c’etait l’une des raisons de l’opposition de certains aux congés payés). Dans les années soixante, il y avait en France un « ministère du temps libre », comme si il fallait absolument s’occuper d’organiser le temps libre du bon peuple (tiens, encore un cas de bullshit job….)

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      • Michel LEMOINE // 27.10.2018 à 20h31

        Qu’il puisse y avoir des postes d’apparat ou même tout à fait inutiles, c’est possible. Mais c’est tout simplement impossible qu’ils puissent représenter 37% des emplois. Il faudrait qu’il y ait des domaines où presque tous les emplois sont inutiles. Il faudrait pouvoir dire où ils sont.
        Je peux seulement dire où ils ne sont. Mais ça fait déjà beaucoup !

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        • Cyri // 04.11.2018 à 14h03

          1er cours d’économie : la (seule) fonction d’une entreprise est faire du profit, la (seule) fonction du travail est de gagner un salaire.
          Ainsi, CQFD, on peu employer des centaines de personnes à faire tourner une boîte où va parler avec des « experts » pendant 1h leur poser des questions, retranscrire ce discours et le vendre une blinde à des fonds de pension : Radio potin professionnelle qui rapporte des milliards. Ces 4 boîtes, dont le boulot consiste à donner des notes aux entreprise en faisant des « audits » qui n’apprennent rien à personne. Ces ingénieurs dans les très grosses boîtes qui sont très occupés a faire on ne sait quoi parce que les seules prestations vendues sont réalisées par des sous traitants.Ces biochimiste qui ont été embauchés pour faire de la recherche pharmaceutique mais qui passent finalement leur temps à regarder les veilles molécules, pour en sortir des applications plus que douteuses de leur propre point de vue.
          Si tous ces gens avaient travaillé à nous emmener sur mars, nous y serions déjà.

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      • Emmanuel // 27.10.2018 à 20h53

        Petite incise : savez vous que les secrétaires n’existent plus (ou plutôt rebaptisées « assistantes », avec une fonction de plus en plus indéfinie), et ce depuis longtemps. Le souci, c’est qu’une partie de leur travail, utile, (prises de rendez-vous, communication interne et externe, aide à pouvoir produire des études, et plein d’autres choses), a été purement et simplement supprimé, pour raison de ratio, et en reportant une masse de tâches aux cadres en col blanc, qui ont de plus en plus le sentiment de passer du temps à faire des tâches de « jobs à la con »…..Quant aux tâches ne demandant pas de qualifications particulières, ce seront forcément des « jobs de merde », d’abord parce qu’ils sont payés le moins possible…. Et pour finir, on ne peut pas penser à l’avenir du travail, sans réfléchir à l’impact de l’automatisation et de la « digitalisation » (j’espère, un prochain livre de Graeber), qui bouleverse encore la donne…mais c’est une autre histoire (ou peut-être son prolongement).

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    • astap66 // 27.10.2018 à 17h05

      Non, je pense que la question est plutôt: est-ce que tout ce qui est produit en système capitaliste est utile.
      – Est-ce « utile » socialement de créer des médicaments type mediator qui créent de la valeur mais sont en réalité nuisibles pour les patients et à l’origine d’un scandale sanitaire majeur?
      – Est ce « utile » socialement de concevoir, fabriquer, vendre, distribuer les figurines en plastiques « halloween » à usage unique qui fleurissent en ce moment dans les têtes de gondole des supermarchés et attirent les enfants comme des mouches mais seront jetés quelques jours après, augmentant la quantité de déchets plastiques et le réchauffement climatique ?
      – Est ce « utile » socialement de travailler comme auditeur chez Ernst & Young et de préconiser une réorganisation des postes de travail qui rendra certes service à l’actionnaire en augmentant la valeur qu’il ponctionne sur le travail mais qui provoquera burn out, supression d’emploi, chômage supplémentaire, dégradation des conditions de travail pour ceux qui ont tenu le choc ?
      Je pense que c’est de cette inutilité là, surtout, que parle l’auteur dans son entretien sur France Culture.
      Une entreprise peut être très rentable, très « efficace » mais inutile à la société si on souhaite son émancipation.

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    • Ando // 28.10.2018 à 09h19

      Cette notion d’utilité est subjective. Celui qui se pose cette question ne comprend pas l’utilité sociale, et donc celle de sa propre contribution, de son emploi. Ceci vient de ce que dans les organisations qui dépassent une certaine taille les tâches sont fragmentées et de fait sans grand intérêt d’ou une sensation d’ennui. C’est tout bêtement un retour au taylorisme des années 30. Des tâches qui peuvent avoir un sens au niveau global n’en n’ont plus dans leur exécution sur un plan local. L’être humain n’est pas vraiment fait pour être instrumentalise à l’instar d’un processus purement mécanique. On a tous besoin de sens.

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      • Cyri // 04.11.2018 à 14h20

        C’est toute la magie : quand quelqu’un arrive et commence à regarder au niveau macro. Si la tâche est perçue comme absurde, c’est parce qu’elle l’est (ou le devient) : c’est l’histoire de l’agent qui relève les numéros de trains et wagons à quai à la fermeture, puis qui les additionne, toute sa vie. L’histoire de l’équipe qui mesure le ph et trouve 80 ou 120 régulièrement sans s’inquiéter. Non seulement personne ne sait pourquoi ils le font, comment ils ont reçu la consigne ni à qui ça sert, mais tout le monde est d’accord, il faut le faire.

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    • Booster // 28.10.2018 à 21h24

      Le problème c‘est que tout ce qui génère de la croissance est nocif pour la planète. Il faudrait décroître de toute urgence mais l‘humain est trop égoïste et cupide.

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  • John V. Doe // 27.10.2018 à 17h11

    https://www.lecho.be/opinions/carte-blanche/la-domination-au-travail-est-beaucoup-plus-dure-qu-avant/10060958.html

    « L’auteur dénonce l’avènement des « gestionnaires » dans les années 1980, qui a, dit-il, eu des effets catastrophiques sur la qualité du travail et les pathologies qui en découlent. » Il affirme que les entreprises qui suivent une voie inverse ont de meilleurs résultats, exemples perso à l’appui.

    J’ajouterai : aujourd’hui ce qu’on vous demande n’est plus de travailler, c’est d’être stressé 🙁

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  • Joséphine // 27.10.2018 à 17h27

    Je travaille dans une association à pondre des projets d’accompagnement social, comme des ateliers d’alphabetisation. En soit intéressant si on accepte de perdre son temps, son énergie et ses nerfs à faire des bilans, remplir des tableaux, justifier de manière détaillée des heures subventionnées… envoyer des courriels parce qu’on a rien compris aux colonnes page 3 de synthèse de l’action des intervenants, rencontrer plusieurs fois les chargées d’accompagnement des porteurs de projets pour être aidé à remplir la demande de subvention sans aucune garantie de toucher quoi que ce soit, aller à des réunions où pendant deux heures on nous explique comment remplir le bilan ( demandé par le fse: fonds social européen), sachant que de plus en plus de financeurs de veulent pas prendre en charge les frais du personnel chargé de remplir leurs dossiers à la noix.

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    • Michel LEMOINE // 27.10.2018 à 20h40

      Votre témoignage montre bien que l’appréciation sur un travail est très subjective. Ce que vous faites peut en faire rêver d’autres.
      Si on ajoute la subjectivité de l’appréciation et le flou du qualificatif « à la con » on arrive à quelque chose qui permet de dire à peu près n’importe quoi. Du vent quoi !

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      • Booster // 28.10.2018 à 21h34

        Il semble que dans l‘organisation de Josephine il y ait beaucoup de „masturbation intellectuelle et administrative“, beaucoup de jargon et au final peu d‘action concrète comparativement à l‘énergie dépensée. C‘est peut-être cela qui frustre Joséphine. Mais sans cette complication peut-être que Joséphine n‘aurait pas d‘emploi, elle donnerait bénévolement de son temps à une ou deux de ces personnes, et leur apprendrai à lire et écrire au coin de sa table de cuisine. Mais de quoi vivrait donc Joséphine?

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  • stauebli // 27.10.2018 à 22h34

    D’accord sur le fond mais pas sur la forme. Je fais moi-meme un job a la con, plutot bien payé, dans la finance en suisse, mais qui n’a aucun sens. Alors en ce moment je me dirige vers ce qui m’a toujours intéressé depuis l’enfance. J’ai un peu de mal à comprendre finalement comment marche la société, pourquoi les gens se motivent et excellent dans des jobs inutiles, moi je n’ai jamais vraiment réussi. Et heureusement peut-etre alors. Je comprends pourquoi autant de gens se passionnent pour la patisserie, alors que le sucre est juste nefaste pour la santé, pourquoi toutes les filles en ecole de commerce veulent faire de la comm alors que ça ne sert à rien, pourquoi quand tu etudies l’environnement en ecole d’inge on te prepare a rejoindre une grosse boite qui pollue. En gros, je me demande la finalité d’en emploi commercial puisque le but du commerce c’est de vendre plus que l’année précédente. Finalement autant faire ça deux ans, la première année tu découvres, la deuxième année tu te fixes les objectifs que tu aurais du faire en fin de carrière, et à partir de la 3e année tu vas faire quelquechose qui te plait vraiment et qui est utile.
    Aussi ce qui m’a finalement deçu c’est ce que c’est bien plus important de se faire des copains bien placés, d’etre incompetent et de rien faire (et de raler que t’as trop de boulot alors que t’es pas organisé et que tu bosses comme une tortue). Donc tout ça, ça peut vider le travail de sens pour beaucoup.

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    • Booster // 28.10.2018 à 21h42

      En général quand on fait une école de commerce (et une prépa , je suis passé par ce moule) c‘est qu‘on a aucune vocation autre que celle d‘un certain statut social, des désirs de consommation et un joli patrimoine. Pour certains c‘est juste l‘envie de devenir chef, de manipuler les autres.

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  • Renaud // 28.10.2018 à 15h07

    Peu disponible, je résume vite.
    Ceci me rappelle une conversation que j’avais eu avec mon ‘boss’ d’alors (c’était durant les années 70!), nous étions au restaurant, 3 ou 4 collaborateurs, dont mon patron. Un quadragénaire « tourné vers l’avenir » qui donnait toutes les apparences de la « modernité définitive et sûre d’elle-même »… etc. Nous parlions des joints d’étanchéité des portes de réfrigérateurs qui, lorsque ces joints, se détériorant rapidement, n’étaient plus étanches, demandaient à être changés. Mais l’ingénierie qui supervisait la production de ces réfrigérateurs faisait en sorte qu’on ne puisse – jamais – changer ce joint (donc fabriqué pour durer très peu et ne – jamais – être remplacé) et ainsi obliger à acheter un autre réfrigérateur, bien que l’ « ancien » réfrigérateur aurait pu encore durer très longtemps. Mon super-patron d’alors conclut que c’était très bien ainsi, car ceci faisait marcher l’économie…
    J’avais acquis dans cette anecdote un message décisif sur l’attitude et la sottise des cadres et meneurs de la société de l’époque aveuglée par la consommation sans fin… et organisée comme telle … J’avais perçu que « quelque chose » de frelaté, d’antinaturel, nous menait à des difficultés immenses à peine entrevues à l’époque. Depuis, cette « réflexion » révélatrice de l’ignorance crasse m’a beaucoup servi et fait mûrir.
    C’est vrai que, à terme, long? Moyen? Ou court? Je ne sais pas, mais l’obsolescence programmée et les boulots à la con qui en sortent disparaîtront nécessairement d’une manière ou d’une autre. L’opposition valeur marchande contre – valeur d’usage – (la valeur d’usage sur laquelle j’ai cogité il y a longtemps sans avoir lu Marx!) s’imposera un jour sous la pression de l’environnement et de l’écosystème. Mais à présent, à l’époque des smartphones (et il y a tant d’autres exemples!) dont l’obsolescence est programmée d’avance pour être « démodés » tous les 6 mois, l’on touche du doigt toute l’économie artificielle et son poison indolore mais violent qui va avec le règne des normes économiques engendrant les « normes techniques » orientées pour faire vendre, alors que des objets utiles pourraient fonctionner longtemps encore en toute sécurité. Mais, tandis que l’on jure de protéger l’environnement, il faut « sauver » la « croissance obligatoire » qui va nous faire crever…
    Quid des voitures et des transports autonomes? Libération? Sauvetage de l’environnement? Révolution scientifique qui va sauver ce type d’économie financière qui nous dissout? Ou bien ce serait le chant du cygne d’une « civilisation » qui aura vieilli bien plus vite que les autres? N’oublions jamais qu’à la base, il y a le système financier usurier de création monétaire, le crédit par l’ — argent-dette — qui nous entraîne dans sa perte. C’est ce qui peut arriver quand les bilans des banques créatrices de fausse monnaie ne suffiront plus, malgré tous les « génies financiers » déployés, à sauver encore et toujours le mensonge économique et monétaire qui nous domine…
    Allons-nous comprendre à la fin ?? …

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  • Sam // 29.10.2018 à 12h21

    Comme dit le dicton : « il n’y a que des sots métiers ».
    En tout cas dans un monde où l’humain programme sa propre obsolescence et où la richesse se mesure en gigatonne de CO2 et de plastique.

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  • PascyberCon // 31.10.2018 à 18h25

    Des managers font également appel à des prestataires ou consultants pour des jobs ou missions à la con , pour étoffer leur équipe et pour produire KPI et slides powerpoint qui permettront ensuite des jeux de claquettes pour briller après des instances de direction.

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  • Rolland // 02.11.2018 à 12h39

    La problématique est plus vaste encore: mêmes les métiers traditionnels sont réduits et condamnés à être des jobs à la con!

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