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26.mars.201826.3.2018
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L’attitude initiale ambigüe des États-Unis envers l’État Islamique (1/5) : « Une guerre aérienne non sérieuse contre Daech »

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Le rôle des États-Unis dans la guerre de Syrie et d’Irak prête régulièrement à controverse, au point que des analystes occidentaux ont mis en cause l’attitude ambiguë avant 2016 des Américains dans le combat contre le terrorisme de l’État Islamique.

Nous allons vous présenter dans ce billet certains faits qui vont dans le sens de cette thèse, tout en insistant sur la nécessité de rester méthodiques et rigoureux, afin de ne pas tomber dans des explications conspirationnistes simplistes, facilement encouragées par la complexité et le manque de clarté de ces sujets.

Voici le plan de notre étude :

Billet 1 :

  1. « Une guerre aérienne non sérieuse contre Daech »
  2. De lourds soupçons sur l’attitude américaine au cours des premiers mois
  3. Les bombardements initiaux limités de la coalition ont pu être contreproductifs

Billet 2 :

  1. La Russie se met à combattre sérieusement les milices
  2. Une stratégie de bombardements de la coalition peu efficace

Billet 3 : VI. Des livraisons (involontaires ?) d’armes à l’ennemi

Billet 4 : VII. Un embarrassant rapport de renseignement

Billet 5 : VIII. Le rôle (initial) de Daech : « atout stratégique » des États-Unis ?

(Série en un seul billet ici)

I. « Une guerre aérienne non sérieuse contre Daech »

À l’été 2014, les victoires et les massacres de l’État islamique en Irak et en Syrie ont finalement poussé la communauté internationale à intervenir. À cet effet, sera créée une nouvelle coalition arabo-occidentale se donnant pour objectif d’affronter l’État islamique. À ses débuts, elle rassemble vingt-deux pays, parmi lesquels les États-Unis, les grandes armées de l’Union Européenne, le Canada, l’Arabie saoudite, la Jordanie, le Qatar, le Bahreïn, les Émirats arabes unis…

Les premières frappes de cette opération (baptisée Inherent Resolve – « Détermination absolue ») contre des positions de l’État Islamique débutent le 8 août 2014 en Irak et le 23 septembre en Syrie.

Les premiers mois, les bombardements sont effectués en nombre ridiculement faible : 7 frappes par jour en moyenne, ce que déplore rapidement le Wall Street Journal (Sources : ici et ) :

« Une guerre aérienne non sérieuse contre Daech

La campagne contre la Serbie en 1999 a utilisé en moyenne 138 frappes aériennes par jour. Celle contre l’État islamique en Irak et en Syrie en a utilisé 7.

[…] Au cours des deux derniers mois, les avions américains et un petit nombre de forces partenaires ont effectué 412 frappes au total en Irak et en Syrie, soit une moyenne de 7 frappes par jour. L’État islamique contrôlant une superficie de près de 130 000 kilomètres carrés, il est facile de comprendre pourquoi ce niveau d’effort n’a pas eu beaucoup d’impact sur ses opérations. […]

En fin de compte, et quelle qu’en soit la raison, il est peu probable qu’une utilisation aussi timide de la puissance aérienne contre les combattants islamiques en Irak et en Syrie réduise le territoire sous leur contrôle, freine l’assassinat brutal de civils innocents ou empêche la création d’un sanctuaire pour un ennemi qui a juré de poursuivre sa lutte à l’échelle mondiale. » [Wall Street Journal, 14/10/2014]

Plus précisément, voici un comparatif de l’intensité des frappes aériennes au cours de 7 interventions occidentales dans les 25 dernières années (on a scindé la dernière d’Irak/Syrie en deux, avec la première année de frappes de 08/2014 à 08/2015, et la période suivante, qui court encore) :

Voici un zoom pour mieux voir – en s’arrêtant en 2015 (avec cette fois le bilan des 2 premiers et 12 premiers mois de la campagne de frappes actuelle) :

Avec 7 puis 11 frappes quotidiennes la première année, on peut en effet affirmer que la campagne de lutte contre Daech n’était « pas sérieuse » – la « Détermination absolue » de la coalition était donc elle aussi particulièrement « modérée ».

Ce syndrome du « bombardement paresseux » outrepasse le cas des États-Unis. En effet, la France s’est également illustrée par son manque de volonté, en larguant les premiers mois uniquement « une bombe par jour sur un territoire grand comme le Royaume-Uni » (Source) :

Ceci transparaissait d’ailleurs dans les inquiétants propos de Barack Obama, charitablement rapportés par Le Monde, qui ne trouvait semble-t-il pas de quoi s’en indigner (Source) :

Il est regrettable que les États-Unis n’aient pas démontré ici le même « volontarisme » que celui appliqué contre Milosevich ou Saddam Hussein.

Notez d’ailleurs que Le Monde reconnaissait expressément dans son article que l’option « d’écrasement » de Daech faisait débat, tout comme le fait de savoir si les États-Unis pourraient se satisfaire d’un État Islamique « contenu » – et ce malgré le nombre déjà impressionnant de crimes barbares perpétrés.

II. De lourds soupçons sur l’attitude américaine au cours des premiers mois

Au début de l’année 2015, ont surgit des témoignages troublants concernant l’attitude qu’auraient eu certaines troupes américaines.

Certains sont rapportés par l’universitaire Christopher Davidson, grand spécialiste de la région dans son livre phare Shadow Wars – dont Robert Olson (professeur émérite d’histoire et de politique du Moyen-Orient à l’Université du Kentucky) a indiqué qu’il s’agit pour lui « du livre le meilleur et le plus instructif jamais publié sur la lutte pour le pouvoir entre les États-Unis et l’Europe, les régimes autocratiques arabes et les masses appauvries de ces pays. […] Hautement recommandé. » Christopher Davidson, dont le journal The Economist a indiqué qu’il était « un des universitaires les plus compétents sur cette région« , est professeur de Politique du Moyen-Orient à l’Université de Durham en Angleterre et membre de l’Académie de l’enseignement supérieur ; il a également enseigné à l’Université Zayed aux Émirats arabes unis et à l’Université de Kyoto.

« Avec la chute de Ramadi en mai 2015, les critiques [contre les États-Unis] sont devenues plus fortes., surtout après qu’un conseiller du Président du Parlement irakien ait publiquement déclaré à la télévision que « La coalition internationale joue un rôle néfaste […] la population a vu la coalition internationale parachuter des armes pour l’État Islamique […] Ils sont parachuté des armes lourdes aux forces terroristes à Ramadi […] c’est un acte de trahison. » [Dijlah TV (Irak), Interview de Wahda al-Jumaili, 19 mai 2015]

Pour mémoire (Source) :

« Bien joué » pour un groupe « sur la défensive » et bombardé par la coalition…

Le professeur Christopher Davidson signale également ces deux articles :

« Le chef de la milice irakienne affirme que les États-Unis ne sont pas sérieux au sujet de la lutte contre l’État islamique

NAJAF, Irak (Reuters) – Le chef de l’une des milices chiites les plus féroces de l’Irak a qualifié d’inefficace la campagne de la coalition dirigée par les États-Unis contre l’État islamique et accusé Washington de ne pas vouloir déraciner les djihadistes sunnites radicaux qui contrôlent de vastes pans de l’Irak et de la Syrie. […]

« Nous pensons que les États-Unis d’Amérique ne veulent pas résoudre la crise, mais plutôt gérer la crise », a-t-il déclaré à Reuters dans une interview.

Ils ne veulent pas mettre fin à Daech (État islamique). Ils veulent exploiter Daech pour réaliser leurs projets en Irak et dans la région. Le projet américain en Irak est de repartager la région. »

M. Khazali a déclaré que la coalition dirigée par les États-Unis n’avait pas réussi à augmenter le nombre de frappes aériennes au fil du temps, comme elle l’avait promis. » [Reuters, 28 juillet 2015]

« Les Irakiens pensent que les États-Unis sont de connivence avec l’État islamique, et cela nuit à la guerre…

BAIJI, Irak – En première ligne de la bataille contre l’État islamique, la suspicion envers les États-Unis est profonde. Les combattants irakiens disent qu’ils ont tous vu les vidéos montrant prétendument des hélicoptères américains larguer des armes aux miliciens, et beaucoup affirment qu’ils ont des amis et des parents qui ont été témoins de cas similaires de collusion.

Les gens ordinaires ont également vu les vidéos, entendu les histoires et en sont arrivés à la même conclusion – qui peut sembler absurde aux Américains, mais qui est largement répandue parmi les Irakiens – selon laquelle les États-Unis soutiennent l’État islamique pour diverses raisons pernicieuses visant à l’affirmation du contrôle américain sur l’Irak, le Moyen-Orient élargi et, peut-être, son pétrole.

« Cela ne fait aucun doute », a déclaré Mustafa Saadi, qui raconte que son ami a vu des hélicoptères américains livrer de l’eau embouteillée aux positions de l’États Islamique. Il est commandant dans l’une des milices chiites qui, le mois dernier, a aidé à expulser les miliciens de la raffinerie de pétrole près de Baiji, dans le nord de l’Irak, aux côtés de l’armée irakienne.

L’État islamique est « presque fini », a-t-il dit. « Ils sont faibles. Si seulement l’Amérique arrêtait de les soutenir, nous pourrions les vaincre en quelques jours. » [The Washington Post, 1er décembre 2015]

Jean-Pierre Filiu indiquait aussi ceci sur son blog du Monde (Source) :

Christopher Davison indique à propos de tous ces doutes :

« Alors qu’on pourrait être tenté d’écarter de telles déclarations comme une sorte de théorie collective du complot, il est cependant à noter que même les médias du Kurdistan irakien ont commencé à poser de sérieuses questions à propos de Ramadi. Comme en publiant une interview avec un officier de l’armée irakienne, qui commandait une des dernières unités de la ville à battre en retraite après avoir résisté dans un stade avec soixante autres soldats ; l’homme affirma que « Les Américains n’ont jamais été vraiment sérieux en frappant l’État Islamique pour nous aider« . Il a en outre indiqué : « Je ne pense pas que toutes les frappes aériennes et attaques contre l’État Islamique au cours de l’année et demi passée aient diminué la moindre capacité de État Islamique. En fait, l’État Islamique se renforce et il a des armes que nous n’avons pas. » [Rudaw (Kurde), La stupéfiante histoire de la chute de Ramadi, 24 mai 2015] »

Bien entendu, les États-Unis ont démenti en bloc toutes ces accusations – qu’il faut dans tous les cas appréhender avec un œil critique.

Il n’en reste pas moins qu’il a fallu attendre très longtemps pour que les frappes s’intensifient (2016, puis surtout 2017). Elles sont cependant toujours restées à des niveaux très faibles par rapport à des interventions antérieures, tout en sachant que la surface à bombarder est très importante.

En outre, d’autres éléments ont soulevé des questions, parfois en lien avec certains de ces bombardements. Ainsi, les États-Unis ont mené le 17 septembre 2016 de très lourdes frappes contre l’armée syrienne, qu’ils ont ensuite présentés comme une étant une « erreur ». Voici l’analyse de l’expert renommé Gareth Porter (Source) :

La journaliste Lina Kennouche a écrit après cette « bavure » controversée dans le grand journal libanais L’Orient-Le Jour que :

« Une reconquête de cette zone [de l’Est de la Syrie] par les alliés du régime signifierait la réouverture de l’axe stratégique Téhéran-Bagdad-Damas, et donc le rétablissement d’une continuité territoriale et d’une profondeur stratégique ; ce que Washington entend à tout prix éviter. » (Source)

Christopher Davison conclut à ce sujet (Source : Médium) :

« Ce bombardement, qui a probablement tué jusqu’à cent soldats syriens, n’était pas un acte isolé. En effet, une précédente attaque aérienne “accidentelle” de la coalition à Deir ez-Zor avait engendré la mort de quatre soldats syriens le 6 décembre 2015, alors que l’État Islamique progressait sur le terrain. La foudre frappe-t-elle deux fois au même endroit ? Cela est peu probable. »

III. Les bombardements initiaux limités de la coalition ont pu être contreproductifs

Le très faible niveau des opérations au début du conflit a même eu un effet réellement contreproductif, comme l’explique une autre source reconnue : Robert Baer, ancien chef de région de la CIA pour le Moyen-Orient (c’est lui qui a inspiré le film Syriana) :

« C’était tout simplement une décision idiote [en Irak, sous Bush]. Mais on recommence, en dépensant un milliard de dollars par mois pour la seule campagne aérienne. »

Daech capitalise facilement sur cette idiotie. « Oui, ils ont une stratégie« , dit Baer. « Ils veulent être bombardés. Ils sortent du matériel bien en évidence, vous voyez, pour qu’on puisse tirer dessus. C’est une carte de visite pour eux. ‘Regardez, nous sommes l’ennemi des États-Unis, et regardez ce que nous faisons. Nous combattons les croisés.’ Ils veulent absolument être bombardés. » [Robert Baer, Huffington Post, 09/10/2014]

En conclusion :

Par décence peut-être ? (Source)

Commentaire recommandé

Georges Clounaud // 26.03.2018 à 07h36

Je me rappellerai toujours les premières images de l’EI sur nos écrans et ces barbus paradant sur des 4×4 blancs flambants neufs. Je me rappellerai toujours la facilité avec laquelle ils ont pu prendre possession du matériel militaire tout juste livré par les USA à l’armée irakienne. Je me rappellerai toujours de la prise de la ville de Mossoul et de sa fameuse banque centrale qui venait juste d’être approvisionnée en centaines de millions de dollars…
Plus c’est gros, plus ça passe mais là c’était ÉNORME !

https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/20141004trib78cef2e9e/daesh-dispose-d-une-force-de-frappe-militaire-et-financiere-tres-tres-dangereuse.html

Merci Olivier pour cette indispensable piqûre de rappel qui comme toujours est largement documentée et inattaquable.

N’oublions jamais que l’attentat de Trèbes n’est que l’une des multiples funestes conséquences de la politique insensée que nos dirigeants, « le camp de bien » ont mené dans cette région.

24 réactions et commentaires

  • Emmanuel // 26.03.2018 à 07h29

    Ben oui, la première victime de la guerre, c’est l’information…..A qui profite le crime, on risque d’attendre longtemps avant d’avoir une réponse claire. D’ores et déjà, la démonstration est encore faite du décalage entre « l’information » officielle et la réalité des faits. La position ambigüe des EU, c’est une chose ; que la France ait embrayé le pas, s’en est une autre. Il s’agissait probablement d’un « deal », celui de se mettre dans la « roue » des Etats-Unis, pour ramasser les miettes en tant que « sous-traitant », d’une entreprise impérialiste qui s’est avérée un échec…Si on ne peut pas changer le passé, qu’en est-il du présent et du futur ?

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    • Dominique // 26.03.2018 à 11h39

      « Il s’agissait probablement d’un “deal”, celui de se mettre dans la “roue” des Etats-Unis, pour ramasser les miettes en tant que “sous-traitant” »
      L’on sait aujourd’hui que le gouvernement demandait à Laffage de rester sur le terrain, quitte à soudoyer DAECH pour être en première ligne lors de la « reconstruction » de la Syrie, une fois le gouvernement renversé.
      La France savait-elle quelque chose des colonnes de camions qui vendaient le pétrole de DAECH en Turquie ?

        +3

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      • Chris // 26.03.2018 à 12h45

        Mais tout le monde savait à propos du pétrole, puisque l’Occident a profité des bas tarifs, via son « blanchiment » en Israël !
        Tout comme les USA avaient parfaitement connaissance (AWACS, réseaux espions et informateurs locaux) des colonnes de pick up armés de Deach traversant la Syrak et ont laissé faire, complétant leur fourniment. Sans oublier que des soldats ne vivent pas d’amour et d’eau fraiche : ils boivent, se nourrissent, reçoivent un solde et souvent entretiennent une famille culturellement élargie.
        Et ce cirque continue à la frontière syro-turque…

          +8

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  • Fritz // 26.03.2018 à 07h29

    On ne peut pas désigner le président syrien comme l’ennemi à abattre pendant des années, quitte à prêter une aide militaire aux rebelles qui défient son autorité, et prétendre ensuite bombarder une partie de ces rebelles avec une « détermination absolue ». Toute l’astuce de nos médias et gouvernements a consisté à scinder « les rebelles » de « Daech », et à présenter « les rebelles » comme une Troisième Force (démocrate) qui se battait contre la « collusion Assad-Daech » (sic !).

    « Quel est le docteur Frankenstein qui a créé ce monstre ? Affirmons-le clairement, parce que cela a des conséquences : ce sont les États-Unis », disait le général Vincent Desportes devant le Sénat en décembre 2014.

    http://www.senat.fr/compte-rendu-commissions/20141215/etr.html#toc7

      +54

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  • Georges Clounaud // 26.03.2018 à 07h36

    Je me rappellerai toujours les premières images de l’EI sur nos écrans et ces barbus paradant sur des 4×4 blancs flambants neufs. Je me rappellerai toujours la facilité avec laquelle ils ont pu prendre possession du matériel militaire tout juste livré par les USA à l’armée irakienne. Je me rappellerai toujours de la prise de la ville de Mossoul et de sa fameuse banque centrale qui venait juste d’être approvisionnée en centaines de millions de dollars…
    Plus c’est gros, plus ça passe mais là c’était ÉNORME !

    https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/20141004trib78cef2e9e/daesh-dispose-d-une-force-de-frappe-militaire-et-financiere-tres-tres-dangereuse.html

    Merci Olivier pour cette indispensable piqûre de rappel qui comme toujours est largement documentée et inattaquable.

    N’oublions jamais que l’attentat de Trèbes n’est que l’une des multiples funestes conséquences de la politique insensée que nos dirigeants, « le camp de bien » ont mené dans cette région.

      +62

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    • Frédéric // 26.03.2018 à 20h05

      Et moi je me rappellerai toujours que c’est Hollande qui a déclaré (à la suite des USA) la guerre à Daech et non l’inverse. Merci pour le terrorisme dont on avait grand besoin, ordure!

        +7

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  • TC // 26.03.2018 à 07h44

    C’est toute l’hypocrisie occidentale qui transparaît dans ces faits documentés. Émettre des doutes sur leur finalité est simplement une absurdité. Les États-Unis et leurs alliés sont coupables, point.

      +15

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  • John // 26.03.2018 à 07h47

    Il y a aussi le milliards de dollar de pétrole qui sortait du pays sans être vu.

      +10

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    • Alfred // 26.03.2018 à 08h14

      …Et qui transitaient par la Turquie pour atteindre le sud de l’Italie ou Israël.
      Notez bien que vous pouvez encore au jour d’aujourd’hui pister des pétroliers Turcs qui… changent d’identifiant AIS et de nom en cours de navigation…
      Vous pouvez aussi aujourd’hui même vous balader via gogole « earth » ou n’importe quel outil du même type à travers les trois poches de daesh encore active dans l’est syrien. Comment deux d’entre elles (quelques villages et fermes dans un paysage pelé) n’ont pas succombé aux forces spéciales us qui les combattent est un … miracle? Opportunément ces « poches » encadrent (avec la moche « rebelle » d’Al tanf) le noeud d’abukamal que les us n’ont pas digéré d’avoir perdu face à l’armée syrienne. Dernièrement encore les troupes syriennes d’abukamal ont eu à subir une offensive de puissantes troupes de daesh sorties « out if the blue » (de nulle part). Quel dommage !

        +10

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    • Alfred // 26.03.2018 à 10h40

      Ceci peut être utile pour se faire une idée de la derniere partie du parcours du pétrole..
      https://twitter.com/tankertrackers

        +4

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  • Flying Bluef // 26.03.2018 à 08h35

    Excellente initiative que ce nouvel article en 5 tomes après l’excellent précédent !

    Il serait également intéressant, peut être, de souligner que c’est la décision américaine de limoger la totalité des cadres de l’armée irakienne qui a “créé” ISIS comme l’explique très bien Alain Juillet, avec des milliers de combattants sunnites laissés dans la nature, avec leurs armes, sans aucun moyen de subsistance puisque sans solde, et avec un énorme ressentiment devant ce spectacle d’un pays (l’Irak) qu’on livrait sous leurs yeux aux chiites…. Ceci appuie encore plus l’ambiguïté américaine devant la création d’ISIS.

      +14

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    • Chris // 26.03.2018 à 13h14

      Paul Bremer, Proconsul américain à Bagdad (2003-4), ne fit qu’exécuter les ordres de Washington :
      http://www.jeuneafrique.com/63369/archives-thematique/paul-bremer/
      « les milliers de combattants sunnites laissés dans la nature, avec leurs armes, sans aucun moyen de subsistance puisque sans solde » L’article du Temps, contredit votre affirmation :
      « L’armée n’existait plus, tout le monde était rentré chez soi. Les officiers et les soldats ont reçu une petite pension ».
      https://www.letemps.ch/monde/paul-bremer-regle-comptes-dirak

      L’immense gâchis de la politique US, qui au passage, fait la fortune d’intérêts privés américains : pure prédation !
      Voilà qui nous ramène à quelques citations incontournables :
      « La guerre, c’est le massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent et ne se massacrent pas », Paul Valéry
      « On croit mourir pour la patrie, on meurt pour les industriels », Anatole France

        +8

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    • Flying Blue // 26.03.2018 à 13h40

      @chris :
      «  »extrait Alain Juillet : “Bremer a fait une erreur colossale. C’est qu’il donne l’ordre de licencier tous les militaires de l’armée irakienne. On envoie, je ne sais plus combien ils étaient, 200 000 ou 300 000 gens, qui vivaient avec une solde de l’armée. Ils partent avec leurs armes, ils n’ont plus rien. Et comme ils sont Sunnites et qu’on fait la chasse aux Sunnites, il va y avoir impossibilité pour eux de retrouver des emplois et autres. Donc ça va créer un ressentiment, une frustration, une haine terrible envers l’occupant et envers les Occidentaux.” »
      Source France Inter (A.Juillet, ancien directeur DCRI et gd spécialiste monde arabo musulman).

      P.S. : Merci pour vos liens. Un croisement d’infos ne peut que faire tendre vers plus de vérité.
      Fl Blue (l’OBS)
      https://www.les-crises.fr/france-inter-daesh-autopsie-dun-monstre/

        +7

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  • Theoltd // 26.03.2018 à 08h51

    De la meme façon qu’Oussama ben Laden qui avait une tribune mondiale, et pouvait s’exprimer comme il le souhaitait, Daesh avait aussi son canal de communication.

    Et l’on consacre énormément de temps a la communication sur les attentats qui nous frappent.
    Tout ceci est bien étrange dans un monde ou, s’il y a quelque chose qui est bien verrouillé, en principe, c’est la communication.

    En conséquence, on peut dire que si l’on interdisait de diffuser les revendications des attentats, qui sont une publicité morbide qui ne profite qu’a ceux qui la font, les attentats perdraient leur raison d’être.

    Mon petit doigt me dit que c’est pas demain la veille!

      +15

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  • Alfred // 26.03.2018 à 09h09

    Frappes us contre l’armée syrienne. Les frappes répétées et précises sur des concentrations de soldats d’élite (pas des supplétifs isolés) et des dépôts avancés de munitions dans la poche de der de zor ne peuvent en aucun cas être acceptées comme des erreurs. Outre des soldats expérimentés elle ont fait disparaitre une proportion importante du matériel lourd des Syriens, irremplaçable dans cette zone assiégée. Elles ont surtout précédé de quelques minutes un assaut de daesh précisément sur les point suivants bombardés (préparation spontanée ?). La conséquence a été la prise d’une montagne surplombant l’aéroport, l’impossibite du ravitaillement aérien autre que parachuté (pour les militaires mais aussi pour les civils) et surtout la coupure de la poche gouvernementale en deux et sa quasi submersion. Il s’en est fallu de peu pour que der ez zor tombe avec un massacre à la clé. C’est un cas d’école à étudier absolument. La connivence des us avec daesh est éclatante.

      +31

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  • sempervivens // 26.03.2018 à 09h28

    L’Otan a infligé 134 frappes par jour (l’équivalent de 15 bombes atomiques larguées sur Hiroshima, munitions à l’uranium appauvri compris) un pays, la Serbie, qui luttait contre des terroristes séparatistes appuyés par des islamistes.

    Le nombre de frappes fut encore supérieur contre les Serbes de Bosnie qui luttaient contre l’armée islamiste d’Alija Izetbegovic et des volontaires du Moyen-Orient. A ce titre, il est intéressant de rappeler l’épisode du mont Ozren, une éminence qui a résisté héroïquement durant 3 ans aux assauts des brigades islamistes. En septembre-octobre 1995, les positions serbes sur le mont Ozren furent écrasées sous un tapis de bombes, avant que les assaillants musulmans venus des quatre coins du monde ne partent à l’assaut aux cris d’Allah Akhbar, massacrant les dernier résistants et achevant les blessés des bombardements à l’arme blanche.

    Il y a trois jours a été célébré à Belgrade le triste 20è anniversaire depuis le bombardement de 1999. A l’exception de l’ambassadeur Russe, personne n’est venu d’Occident pour partager la peine des Serbes.

      +37

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  • Thibaut // 26.03.2018 à 10h07

    très intéressant, merci pour cette nouvelle série… j’ajouterais tout de même que la phrase

    « Il est regrettable que les États-Unis ne se soient pas inspirés de la “stratégie” utilisée contre Milosevich ou Saddam Hussein, qui avait d’une certaine manière démontré une efficacité bien supérieure… »

    est peut-être ironique mais un peu problématique 🙂 comparer avec les autres guerres aide à prendre la mesure du strict effort militaire, mais de là à porter un jugement de valeur sur cet effort… dans l’absolu les autres guerres ont aussi tué un nombre épouvantable de civils, souvent plus que les régimes candidats au regime change.

      +3

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  • WASTERLAIN Serge // 26.03.2018 à 10h22

    Il serait également intéressant qu’OB se penche sur le côté populaire et pacifique des premiers événements. Il existait sur youtube de nombreuses vidéos issues des medias d’outre méditerranée, jamais dévoilées en France et qui ne sont maintenant plus disponibles pour la plupart (bizarre !). Elles montraient des manifestations monstres de soutien au président syrien dès mars 2011, c’est-à-dire au tout début de la soi disant révolution printanière syrienne. Le premier lien vous renvoie sur une vidéo qui peut encore être visionnée (combien de temps encore ?), les autres liens sur celles qui ont été supprimées, je les ai mis pour que vous puissiez vérifier par vous-même leur suppression (je ne tiens pas à me faire traiter de conspirationniste) :
    https://www.youtube.com/watch?v=SDy1QD9lgp0&feature=related

    https://www.youtube.com/watch?v=KSGhWEEjjzA&feature=related
    https://www.youtube.com/watch?v=kpMCa8frydM&feature=related
    https://www.youtube.com/watch?v=CftgxjuVmjo&feature=related

    Ceci ne délégitime pas certaines revendications formulées dans des manifestations qui se voulaient pacifiques, mais phagocytées dès le début par les frères musulmans qui, eux, ont abattus des représentants des forces de l’ordre, voire des manifestants (on est en droit de se poser la question) comme ça s’est passé sur la place Maidan en Ukraine.

      +8

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    • TuYolPol // 26.03.2018 à 11h41

      C’est aussi ce que je regrette, que dans cette violence et ces mensonges, on parle si peu du sort de ces groupes. Lesquels se sont dissous, lesquels se sont dilué dans le camp islamiste, lesquels ont été pourchassés par les services syriens, lesquels ont tourné casaque et ont protégé la Syrie contre l’EI, comment ça s’est passé ? Pour démonter les arguments boiteux de l’appui à des groupes non islamistes contre le Boucher Bachar, ce qui suppose qu’ils existent et sont structurés, il faudrait pouvoir raconter cela.
      Mais c’est comme si c’était « une autre histoire »… On ne parle jamais d’eux, et surtout pas dans les médias. Il y a les Kurdes, mais la problématique Kurde n’est ni orthogonale ni tout-à-fait parallèle.

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  • Renard // 26.03.2018 à 11h28

    C’est pour ce genre de dossiers que l’on aime les-crises.

    Pour être tout à fait complet il faudrait parler aussi du rôle de la Turquie et des monarchies pétrolières dans l’ascension de Daesh. Si on ne parle que du rôle des USA certains vont nous dire occidentaux=méchants et arabes=gentils, ce qui alimente également la rhétorique islamiste.

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  • Yann // 26.03.2018 à 14h32

    absolument…………..et sa non agression d’Israël en est la preuve la plus évidente……

    le boulot de daesh :

    1 – conquérir les pays proche-orientaux de la liste américaine, mais ça a merdé à cause des russes et sans doute des français qui en débauchant une partie de l’organisation ayant investi l’est syrien, l’ex al-nosra, voulaient récupérer au nez des yankees la syrie qu’ils possédaient au début du XXe siècle

    2 – servir d’épouvantail « islamiste » pour faire exploser le racisme et la xénophobie en Europe, justifier les millions de morts sous les bombes de l’Otan

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  • Pierdec // 26.03.2018 à 18h29

    Bon ! Je comprends qu’il faut rester prudent lorsqu’on avance un thèse, mais enfin, dans ce cas, il suffit d’observer jour après jour le déroulement des faits pour s’apercevoir de la supercherie. Elle est évidente. La menace de « complotisme » est maintenant éculée, et ne porte plus.
    Tout, absolument tout serait permis, nous dit-on, pour se débarrasser de Bachar el Assad, et on se permet effectivement tout pour justifier cet objectif. Il parait même qu’il y aurait des terroristes modérés… et d’autres qui font du bon travail. De qui se moque-t-on ?

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  • Michel // 26.03.2018 à 22h10

    Comparé à la plupart des autres articles ou plutôt dossiers je trouve celui ci assez léger dans le sens où on ne voit pas bien où on veut en venir et on ne sait que conclure.

    95% de l’article traite d’un bombardement mou de la coalition, chiffres (presque que des chiffres) à l’appui. 5% (le chapitre 3) cite 1 interview pour traiter le côté contre productif.

    Le chapitre suivant va porter sur un bombardement efficace de la Russie (chiffres à l’appui ?) et CQFD?

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