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19.février.201819.2.2018 // Les Crises

La francophonie politique dans tous ses états, par Anne Gazeau-Secret

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Source : Proche & Moyen-Orient, Anne Gazeau-Secret, 12-02-2018

Comme ambassadrice ou comme directrice générale de la coopération internationale et du développement (DGCID) – devenue Direction générale de la mondialisation – l’auteure Anne Gazeau-Secret a toujours défendu la dimension francophone et la diplomatie culturelle qui l’accompagne. Elle continue à le faire au travers de rapports, souvent alarmants et sans langue de bois.

La Rédaction

 

La francophonie est-elle une cause perdue ? Ou demeure-t-elle un atout essentiel dans la course mondiale au développement de l’influence, ce que Joseph Nye a nommé dès les années 90 le softpower ? Les rapports sur le sujet se sont succédé, concluant tous qu’il allait de l’intérêt national de lui redonner visibilité et dynamisme mais, comme c’est hélas l’habitude en France, ils ont été immédiatement remisés dans le fond des tiroirs des décideurs politico-administratifs (sauf pour ce qui concerne l’idée d’une francophonie économique qui a fini par percer) : celui d’Hervé Bourges de fin 2007 « La renaissance de la Francophonie », ou encore plus récemment celui de Jacques Attali d’août 2014 « La francophonie et la francophilie, moteurs de la croissance durable ». Celui de Pouria Amirshahi, député des Français de l’étranger, sur « La francophonie : action culturelle, éducative, et économique » de janvier 2014. Ou encore le rapport d’information de la Commission des finances de l’Assemblée nationale de décembre 2015. Et bien d’autres.

Dans le contexte des bouleversements en cours qui interrogent les identités, des enjeux géoculturels qui deviennent structurants de la vie internationale, de la concurrence multi-acteurs en termes d’influence, de la disruption des modes de faire et de faire-savoir en conséquence de la domination des technologies numériques1, quelle est ou quelle devrait être la place de la francophonie dans la défense des intérêts de la France ?

UN ETAT DES LIEUX INQUIETANT

« Il faut toujours dire ce que l’on voit : surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit. » (Charles Peguy)

« Parler une langue, c’est aussi penser dans cette langue » (Metin Arditi)

Comme le regrettait déjà il y a dix ans et à juste titre Hervé Bourges, c’est d’abord « en France qu’on ne croit pas à la francophonie et que le pays ne défend pas sa langue. » On le voit tous les jours dans les panneaux publicitaires, les noms des magasins, les menus des restaurants, les enseignements des universités et grandes écoles dispensés de plus en plus en anglais (plus de 50% à Sciences po), jusqu’au slogan de la candidature de Paris aux Jeux olympiques de 2024 « Made for sharing ».

La loi Toubon du 4 août 1994 relative à l’emploi de la langue française est un rempart de plus en plus fragile face aux dérives linguistiques qui se multiplient en entreprise, dans le commerce, les transports ( SNCF), les médias, les universités , la recherche, et pire encore les institutions culturelles…

L’affaiblissement du rôle de l’Etat en est une des causes. La rareté flagrante des moyens publics, le recentrage de l’Etat sur des missions régaliennes qui sacrifient l’enseignement et la culture, l’autonomisation croissante des pôles universitaires, des collectivités locales, des acteurs associatifs y contribuent largement : la « privatisation » généralisée de nombre de secteurs d’activité semble un mouvement irréversible.

1°Des chiffres trompeurs pour décrire le monde de la francophonie

On évoque partout le chiffre de 230 millions de francophones au sens strict ou partiel. Soit 37 pays francophones, dont 31 ayant la langue française comme langue officielle soit seule soit parmi d’autres (parmi lesquels 23 pays africains) et 6 n’ayant pas la langue française comme langue officielle mais où plus de 20% de la population parle français (Tunisie, Algérie, Maroc, Liban, Andorre, Moldavie). Auxquels on ajoute 41 pays francophiles, où une petite partie des ressortissants a un intérêt pour la langue et la culture françaises, et qui sont généralement membres ou observateurs de l’Organisation internationale de la Francophonie (Roumanie, Arménie, Qatar, Thaïlande, Vietnam, Ghana, etc.).

Même si l’ensemble de ces 78 Etats représente 1 milliard et demi d’habitants, il serait plus juste de parler de 130 millions de francophones réels (rapport Attali).

Quant à estimer que d’ici 2050 il pourrait y avoir 7 à 800 millions de francophones, du fait essentiellement de la croissance démographique en Afrique, cela reste très sujet à caution, notamment parce qu’il est loin d’être certain que les systèmes éducatifs de ces pays aient la capacité de former de bons francophones. Nous y reviendrons.

En revanche le rapport Attali enrichit à juste titre le sujet en y incluant le réseau des milliers de personnes « francophilophones », les deux concepts de francophilie et de francophonie étant liés : diasporas francophones (Libanais par exemple), élites formées dans le système français et n’appartenant pas nécessairement à des pays francophones (lycées français à l’étranger, étudiants). A noter enfin que la langue française demeure la cinquième ou sixième langue mondiale derrière le mandarin, l’anglais, l’espagnol, l’arabe ou l’hindi et qu’elle est parlée sur les cinq continents.

Au final, l’espace francophone est certes mondial, ce qui est fondamental, mais il n’a pas vraiment de centre ni de périphérie : il est hétérogène, très divers, marqué par l’histoire coloniale. Certains pays sont francophones mais pas ouvertement francophiles (l’Algérie n’est pas membre de l’Organisation Internationale de la francophonie – OIF). D’autres revendiquent leur désir d’appartenir à l’OIF mais ne sont ni francophones ni francophiles (candidature de l’Arabie Saoudite). Les pays d’Amérique latine restent en revanche foncièrement attachés aux valeurs portées par la culture française qui ont marqué leur histoire. D’autres pays s’intéressent à la francophonie pour des raisons économiques et commerciales : ainsi la Chine ou des pays africains comme l’Afrique du Sud, le Kenya, la Tanzanie.

2° Une action multilatérale marquée par le désengagement de la France – à l’exception de TV5 Monde

– L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), dirigée depuis 2 ans par Mme Michaëlle Jean (ancienne gouverneure générale du Canada), et les opérateurs de la Francophonie (Agence Universitaire de la francophonie -AUF, Université Senghor, Association des maires francophones), ainsi que l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF) souffrent du désengagement évident de la France même si celle-ci reste un contributeur de poids.

L’OIF dispose d’un budget en 2016 de 72 millions dont 24 millions de contribution obligatoire et volontaire de la part de la France, qui prend en charge le loyer très élevé de son siège en plein coeur de Paris : 5,6 millions d’euros ! Soit l’équivalent de 500 bourses pour étudiants…. La baisse de la contribution de la France étant globalement de 25% par rapport à 2010, la contribution des Canadiens (Canada, Québec, Nouveau-Brunswick) est en passe de dépasser désormais celle de la France. Notre capacité d’influence en souffre, d’autant que nous ne disposons plus d’aucun poste de cadre à la direction de l’Organisation – tellement elle intéresse peu nos responsables politiques?

Malgré un effort de rationalisation de la gestion, les dépenses de fonctionnement restent trop élevées (un peu moins de 50%) par rapport aux programmes. L’OIF n’est pas un gros bailleur de fonds : seulement une trentaine de programmes. Ces derniers s’éparpillent entre les divers secteurs de coopération et il n’y a pas vraiment de priorités. La preuve en est la Déclaration du dernier Sommet de Madagascar en novembre 2016 , un véritable inventaire à la Prévert !. Certes Mme Jean s’est impliquée dans la nouvelle plateforme libresensemble qui s’adresse aux jeunes, pour lutter contre la radicalisation, ainsi que dans le développement de l’entrepreneuriat des femmes et des jeunes, programme d’ailleurs majoritairement financé par le Canada.

Le problème majeur que rencontre l’OIF est celui de son élargissement continu : un comité est censé travailler dès cette année à mieux définir les critères d’adhésion, beaucoup trop flous2. Il y a aujourd’hui 84 pays membres dont 54 de plein droit, 4 associés et 26 observateurs. La majorité de ces pays ne sont pas francophones, ce qui fait courir un risque majeur pour la langue française elle-même… Au Sommet de Madagascar ont été admis l’Argentine, le Canada-Ontario, la Corée du Sud comme observateurs, et la Nouvelle-Calédonie comme membre associé. En 2010 les Emirats arabes unis sont devenus observateurs, en 2012 le Qatar membre associé. Autres exemples : en 2012 l’Uruguay est admis comme observateur, en 2014 le Mexique et le Costa Rica. Quant au Kosovo, il a réussi à se glisser comme observateur depuis 2014. L’Arabie Saoudite a rempli un dossier de candidature et il a été extrêmement délicat, semble t’il, de considérer à Madagascar que l’on n’était pas en mesure de la retenir, à ce stade, pour des raisons de procédure : ce n’est donc que partie remise ? Ainsi, si l’on continue d’être attaché au respect des valeurs démocratiques de la francophonie, à l’usage de la langue française, ou a minima aux preuves d’une certaine francophilie, cette Organisation n’est-elle pas en train de perdre de son sens même ? C’est un fait que la problématique d’un équilibre à maintenir entre la logique de l’approfondissement et celle de l’élargissement à de nouveaux membres n’a été jusqu’à présent à l’ordre du jour d’aucune réunion au niveau politique- par crainte probablement que le consensus ne se brise…

Or comme aimait à le rappeler un de ses pères fondateurs, Leopold Sédar Senghor, « il s’agissait d’élaborer, puis d’édifier un « commonwealth à la française »..par ensemble, j’entendais , j’entends toujours: entre nations qui emploient le français comme langue nationale, langue officielle ou langue de culture »( 1981). Il faudrait sans doute revenir à ces fondamentaux.

– L’Agence universitaire de la Francophonie (AUF), dont le recteur est le Français Jean-Paul de Gaudemar, réunit à ce jour sur une base volontaire 817 établissements d’enseignement supérieur et de la recherche répartis dans 106 pays, membres de l’OIF et au-delà (Algérie, Chine, Brésil et Inde par exemple). Les Universités françaises ne s’y sont pas beaucoup intéressées jusqu’à présent. Le principe est celui de la solidarité active entre universités, chercheurs, laboratoires sur des thèmes divers – en particulier celui de la gouvernance des institutions universitaires, du transfert de compétences, et, sous l’impulsion du nouveau recteur, de l’employabilité et de l’insertion professionnelle des diplômés : ce qui est une véritable bombe à retardement dans les pays francophones du Sud. L’AUF est bien placée pour créer de nouveaux partenariats avec l’Agence française du développement (AFD), l’Union européenne ou la Banque mondiale – ce qui est indispensable pour dégager de nouvelles ressources financières. Le développement de campus numériques (enseignements à distance et co-diplomations) est prometteur, d’autant qu’un nouveau méta-portail numérique « idneuf.org » a été lancé en 2016 donnant libre accès aux ressources des établissements membres. L’AUF, qui a fait du développement du numérique une priorité transversale, contribue activement aux projets de formation à distance des maîtres et aux cours en ligne ouverts et massifs (les CLOMs, équivalent des MOOCs anglophones).

Son budget est limité : en 2016 , 37 millions d’euros, dont 20 financés par le ministère des Affaires étrangères , dont la subvention a diminué d’un tiers en 5 ans.

– L’Université Senghor d’Alexandrie, sorte d’ENA pluridisciplinaire très appréciée, accueille chaque année une promotion d’environ 200 étudiants africains qui obtiennent à la sortie un master professionnel en développement et deviennent des cadres publics ou privés dans leur pays d’origine. A cela s’ajoute un programme de formation continue et des campus décentralisés dans une dizaine de pays. La France finance 1.4 Million (1.650 M en 2010) sur un budget total de 3 Millions.

– TV5 MONDE. Chaîne généraliste mondiale en français, qui repose sur une organisation multinationale, elle revendique d’atteindre avec TV5 Québec Canada près de 300 millions de foyers raccordés dans 200 pays et serait regardée en moyenne chaque semaine par 40 millions de téléspectateurs. Elle a une politique de sous-titrage très dynamique et son site internet ainsi que son offre mobile sont riches en contenus, notamment pour apprendre et enseigner la langue française. La France en est le principal bailleur de fonds (77 Millions d’euros en 2016 représentant les ¾ de ses ressources publiques). C’est la seule contribution française en augmentation, faible mais régulière.

Heureusement, une clarification est intervenue s’agissant des rapports de la chaine francophone avec France Medias Monde (FMM). Ainsi France 24, qui aurait pu lui porter de l’ombre, se présente comme une chaîne d’information en continu en plusieurs langues, tandis que TV5 a une programmation culturelle généraliste. Aucune distribution à l’étranger de l’une ne devrait avoir pour conséquence d’évincer l’autre.

– L’usage de la langue française dans les organisations internationales de plus en plus marginal.

On peut en faire la constatation y compris hélas dans les institutions européennes. Quand M. Pierre Moscovici, commissaire, écrit un courrier à M. Michel Sapin, ministre des Finances, c’est en anglais ! Cela lui a valu en 2014 le prix de « la carpette anglaise », prix d’indignité civique attribué chaque année à un membre des élites françaises pour la promotion de la domination de la langue anglo-américaine !

Autre exemple révélateur : à l’initiative de l’Allemagne est créée une nouvelle institution internationale en 2009, l’IRENA, International Renewable Energy Agency, établie à Abu Dhabi. Les statuts sont silencieux sur la question des langues. A la demande (tardive) de la France, les statuts ont cependant été traduits de l’anglais dans les cinq autres langues de l’ONU ainsi qu’ en allemand. Mais lors de la réunion constitutive, il a été décidé que seule l’anglais serait la langue de travail ….

Quand il y a encore des institutions où la langue française est utilisée – les juristes qui défendent le droit romano-germanique demeurent peut-être les derniers à y croire – ce qui est le cas à La Haye, capitale du droit international (Cour Internationale de Justice, Cour permanente d’arbitrage, Cour Pénale Internationale, Tribunal ex Yougoslavie, Académie internationale, Conférence de la Haye de droit international privé, Europol, Eurojust, nombreux « think tanks », etc.), la France ne les soutient pas vraiment. J’avais créé un poste de juriste près de notre ambassade pour être pro actif dans ce domaine – en aidant à la traduction, au placement de francophones dans ces diverses institutions, à l’organisation de colloques dans les deux langues anglaise et française, en donnant des bourses aux jeunes juristes africains venant se former à l’Académie de droit etc- il a été aussitôt supprimé après mon départ.

3° Une action bilatérale dans le domaine de la langue et de la culture française en perte de vitesse, en raison de baisses drastiques et continues de crédits depuis une vingtaine d’années, qui se sont accélérées depuis 10 ans sous prétexte de révision générale des politiques publiques sous la présidence Sarkozy (RGPP) ou de modernisation de l’Etat (sous la présidence Hollande).

Sur le papier, le dispositif semble plus ou moins préservé. Notre diplomatie se prétend toujours universelle et dispose du troisième réseau dans le monde. Mais sur les quelque 162 ambassades, plus de 26 sont en fait réduites à « des postes de présence diplomatique » – ce qui signifie grosso modo un ambassadeur, un assistant et un homme à tout faire. On les appelle des « ambassades laptops ». C’est tout dire !

1) L’implantation culturelle reste à première vue impressionnante, mais derrière cette façade, l’appauvrissement de la plupart des centres culturels ou alliances françaises est catastrophique – cette situation est regrettée chaque année en vain par les commissions compétentes de l’Assemblée nationale et du Sénat.

Certes on compte encore plus de 800 Alliances françaises (associations d’initiative et de droit local, souvent très anciennes) dont seulement 383 sont faiblement subventionnées (15 000 euros en moyenne par Alliance !) et aidées pour certaines d’entre elles par la mise à disposition d’un directeur. Les autres vivotent trop souvent.

Certes le réseau parallèle des Instituts français qui dépend directement des services du ministère des Affaires étrangères est mieux doté : au nombre de 96, avec 130 antennes, les Instituts dont l’auto-financement progresse grâce aux cours de langue recoivent encore une subvention de 60 Millions mais celle-ci couvre pour les 2/3 le fonctionnement. Les programmes sont réduits à la portion congrue. Quand on n’a plus d’argent pour couvrir les coûts de structure, on ferme, c’est le cas de l’Institut d’Amsterdam comme de celui de Lisbonne dont on essaye aujourd’hui de vendre les superbes bâtiments… En Rhénanie-Westphalie, ce sont les Allemands qui paient la maintenance des bâtiments !

Au total, si on ajoute les coûts de personnel, nous consacrons environ 200 millions d’euros au dispositif d’action culturelle à l’étranger. Ce qui nous met en dessous de la plupart de nos concurrents, y compris de l’Institut Goethe dont la subvention a été augmentée à plusieurs reprises ces dernières années.

Il faut savoir que le ministère des Affaires étrangères doit supprimer chaque année à la demande de Bercy 100 à 200 ETP (emplois temps plein), qui sont généralement pris sur les personnels culturels ou de coopération, c’est moins visible évidemment ! Ainsi les postes occupés par des contractuels, à savoir des experts bien mieux qualifiés que les titulaires diplomates pour exercer des métiers très pointus (animation culturelle, audiovisuel, numérique, coopération médicale ou juridique etc.), diminuent ils à vue d’œil. Le travail d’influence sur le terrain en souffre à l’évidence considérablement.

2) Le seul dispositif qui tient encore la route fort heureusement est celui des écoles, collèges et lycées français :

L’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) anime et gère un réseau de 480 établissements dans 130 pays, accueillant 330 000 élèves dont 2/3 d’étrangers. La subvention annuelle diminue ( 400 millions ) tandis que les écolages augmentent.

La Mission laïque française (MLF) pour sa part anime et gère une centaine d’établissements scolaires, avec 45 000 élèves dont 75% d’étrangers. Elle ne reçoit qu’une aide sous la forme de professeurs détachés.

En outre, du fait de l’autonomie de gestion de ces deux institutions (l’AEFE est un établissement public, la MLF est une association à but non lucratif reconnue d’utilité publique), le management est beaucoup plus efficace que celui des Instituts: clarté du budget, transparence de la gestion, politique d’adaptation à la demande locale, responsabilité de la direction. En revanche, le passage de ces élèves dans notre enseignement supérieur n’est pas favorisé et nous ne savons pas utiliser ni même suivre cette communauté de « francophilophones » après leur scolarité dans nos établissements.

3) Restent les programmes de recherche et les bourses d’enseignement supérieur. Certes, on a essayé de préserver les crédits de bourses qui ont quand même fortement diminué pour arriver à une enveloppe de 54 Millions aujourd’hui. Il est évident que l’attractivité de la France pour les étudiants étrangers est un élément essentiel d’une politique d’influence qui ne peut se construire qu’à long terme – ce que les comptables publics ont beaucoup de mal à comprendre. Or la France qui accueille encore environ 270 000 étudiants étrangers annuellement, perd en fait peu à peu des parts de marché et se retrouve en quatrième position derrière les Etats-Unis, le Royaume-Uni, et… l’Australie.

4) Sans prétendre à l’exhaustivité – car les programmes sont dispersés entre multiples services administratifs – il convient de signaler l’appui qu’apporte l’Agence française de développement (AFD) aux enjeux d’éducation de base, d’enseignement supérieur et de formation professionnelle en lien avec la langue française : soit 40 millions par an depuis que ce secteur lui a été délégué par le ministère des Affaires étrangères.

NOUVELLE AMBITION FRANCOPHONE ET INFLUENCE

C’est un enjeu prioritaire qui relève directement de notre intérêt national et qui est inestimable pour que les partenaires francophones renforcent leur position dans l’économie et le commerce mondial.

Condition sine qua non : la francophonie doit être reconnue par tous les acteurs en France non seulement comme une force diplomatique et culturelle mais comme une potentialité immense de développement économique. C’est d’abord une question de prise de conscience et de motivation au plus haut niveau politique mais aussi chez les acteurs économiques et dans toute la société active.

Les 17 propositions d’Hervé Bourges, les 53 de Jacques Attali regroupées en 7 axes, la vingtaine de Pouria Amirshahi se recoupent souvent et sont toutes intéressantes, le problème est d’établir des priorités (et le défaut de notre diplomatie est justement de n’en point établir) et de donner des moyens à cette ambition, moyens financiers certes, mais aussi et peut être surtout moyens en personnel. M. Attali prétend à tort que ses propositions peuvent être mises en œuvre à budget constant : la réorientation de nos actions, l’introduction de nouvelles méthodes de travail, ou formes de coopérations, la recherche de financements privés nécessitent un travail gigantesque pour des ressources humaines qui ont déjà souffert depuis de nombreuses années de fortes restrictions d’effectifs. Se pose aussi le problème de la formation des personnels et notamment des diplomates, certes très bons dans la rédaction de télégrammes diplomatiques et de notes de synthèse mais peu compétents et peu motivés pour le reste : questions managériales, technologie numérique, portage de projets, appels d’offres, gestion des ressources humaines etc.

UN AXE STRUCTURANT DE NOTRE POLITIQSUE ETRANGERE

De l’avis général, le point noir depuis au moins 10 ans est l’absence de volonté politique. Preuve en est que sous la Présidence Sarkozy le poste ministériel a été vacant pendant 18 mois et que sous la présidence Hollande quatre ministres, une ministre déléguée puis trois secrétaires d’Etat chargés du développement et de la francophonie, se sont succédés en 5 ans, qui n’avaient pratiquement aucun poids et n’ont joué aucun rôle significatif en ce domaine.

La première décision nécessaire serait d’ en faire un portefeuille ministériel en soi, de ministre délégué au minimum. Confier ce portefeuille bien identifié à une personnalité forte ayant la confiance du chef de l’Etat conduirait à lui donner une visibilité durable dans le gouvernement et des moyens, y compris sur le plan interministériel. Pourquoi ne pas lui attribuer la tutelle de la Direction générale de la mondialisation, de la culture, de l’enseignement et du développement international ainsi que celle de la Délégation aux affaires francophones (qui dépend aujourd’hui de la direction des Nations Unis et des organisations internationales), et de la Délégation aux fonctionnaires internationaux3. Au moins rassemblerait-il sous sa houlette l’essentiel du budget opérationnel du quai d’Orsay, ainsi que les tutelles sur les opérateurs extérieurs, tâches auxquelles le ministre des Affaires étrangères absorbé par les affaires politiques n’a guère de temps à consacrer. Cela signifierait clairement les priorités à donner à nos instruments de coopération et actions d’influence partout dans le monde, dans toutes leurs dimensions. Ce serait mettre les actes en conformité avec les discours ronflants sur l’importance de la diplomatie d’influence !

Le ministre aurait aussi en charge naturellement non seulement la question de l’usage du français dans les institutions internationales, du placement de francophones à des postes clés mais devrait aussi veiller à développer les concertations entre ambassadeurs francophones dans toutes les négociations internationales importantes (à l’instar de ce qui a été fait à la COP 21).

BUDGETS PRIORISES ET CIBLAGES GEOGRAPHIQUES

Une prévisibilité pluriannuelle des moyens financiers et en ressources humaines ainsi qu’une contractualisation via de vrais contrats d’objectifs et de moyens – si Bercy pouvait enfin s’y résoudre- permettraient un management public plus efficace. Pour parvenir à une inter-ministérialité qui fonctionne entre les nombreuses administrations concernées, ne faudrait-il pas inventer l’équivalent du Comité interministériel de la coopération internationale et du développement, présidé par le Premier ministre, chargé de définir la stratégie et les priorités pour la promotion de la francophonie puis d’en superviser la mise en œuvre via les programmes. Ce comité interministériel veillerait à la cohérence des actions via les organismes multilatéraux et des actions à titre bilatéral (dont la visibilité et les effets sur l’influence française sont spontanément mieux assurés).

S’agissant des ciblages géographiques, l’orientation politique à la mode qui consiste à privilégier les grands pays émergents, essentiellement en Asie, au détriment de nos voisins et de nos zones d’influence traditionnelle et historique est contestable. Au Maghreb ce n’est pas le moment de baisser la garde, comme en Tunisie où l’enveloppe de coopération bilatérale a diminué de moitié en 4 ans ! Il faudrait se recentrer tout d’abord sur l’Europe, continent où la langue française connait le recul le plus catastrophique et où on ferme d’ailleurs petit à petit les Instituts français ; sur le Maghreb et la Méditerranée (Liban notamment) où nos positions sont encore relativement fortes quoique menacées ; bien sûr sur l’Afrique et d’abord l’Afrique francophone, sachant que dans nombre de pays le français n’est maîtrisé que par les élites ; et enfin sur l’Amérique latine pour des raisons là aussi de culture commune.

PROMOTION LANGUE, CULTURE ET EDUCATION

Le chantier est immense et les propositions nombreuses. On pourrait retenir quelques axes forts d’une politique plus visible tels que :

– Remettre les enjeux du français, langue internationale, au centre de l’action de l’Organisation Internationale de la francophonie (parent pauvre de la Déclaration de Madagascar).

Cela signifie la défendre dans les organisations internationales, notamment à Bruxelles et à Genève et appliquer sérieusement le vademecum adopté il y a 10 ans – Cela signifie promouvoir partout où on le peut et avec persévérance le plurilinguisme, en évitant d’être dans un rapport de forces bilatéral face à l’anglais- ce qui appelle des stratégies d’alliance contre les tenants du tout-anglais avec la Chine, le Brésil, l’Espagne, les Latino-américains, les Russes, etc.

Remettre aussi de l’ordre chez nous dans les priorités de l’Education nationale, en prenant conscience que, pour que l’on parle davantage le français, nous devons connaître et pratiquer la langue des autres , et pas seulement l’anglais. Quelle erreur de songer à supprimer les classes bilingues alors qu’il faut au contraire les multiplier !

Enfin, et ce n’est pas le moins important, devrait être poursuivie une politique dynamique valorisant le métier de traducteur et d’interprète et visant à en favoriser les recrutements.

– Soutenir les systèmes éducatifs en Afrique , en commençant par lutter contre la grande idée fausse du moment selon laquelle la francophonie ne connaîtra pas de difficultés du fait de la démographie galopante en Afrique francophone. C’est faux : les systèmes éducatifs se dégradent partout. Il faut donc y mettre les moyens car sans aide, il n’y aura plus de développement du français en Afrique. Aidons à reconstruire les systèmes éducatifs en privilégiant si possible l’aide bilatérale.

Il faut ainsi encourager encore davantage les initiatives telles que l’Initiative francophone pour la formation à distance des maîtres (IFADEM) et d’autres projets annoncés, notamment « 100 000 professeurs pour l’Afrique », de même que les formations effectuées par le réseau et les formations par internet de professeurs. Mais tout ne peut pas passer par Internet, il conviendrait de voir comment dégager les ressources humaines nécessaires (formateurs, universitaires, experts techniques), le défi démographique étant en effet considérable.

– Promouvoir notre culture à l’étranger c’est-à-dire sur le terrain, car c’est là que se joue l’influence de la France, en menant une politique proactive de la demande – et non de l’offre, du type « la nuit des idées », opération de communication initiée par Laurent Fabius à Paris et qu’on demande aux postes de reproduire à l’étranger sans se préoccuper de l’impact et de la diversité des situations locales… Dans cet ordre d’idées il sera inévitable de redresser le budget des Instituts culturels français et des Alliances françaises et surtout d’en réformer la gouvernance -dispersée entre plusieurs services administratifs, ministères, établissements publics – d’où l’absence de direction générale, de transparence, de priorités, et l’impossibilité de mener une politique intelligente de redéploiement des moyens.

– Suivi des élèves de nos lycées en les aidant à rester dans un système universitaire francophone et soutien à la mobilité universitaire (étudiants et professeurs). La pression est énorme : en 1960, il y avait 13 millions d’étudiants dans le monde, aujourd’hui il y en a 165 millions !

Aux Etats-Unis, 50% des thèses soutenues en science le sont par des étudiants étrangers. De retour dans leur pays d’origine, ces étudiants deviennent les acteurs du rayonnement économique et culturel de leur pays d’accueil universitaire. Mais l’animation des reseaux d’alumni étrangers est quasi inexistante en France. Ainsi j’ai regretté que l’association des anciens élèves de l’ENA (plusieurs milliers d’étudiants étrangers) dont j’ai fait partie un temps n’ait aucun moyen pour monter un dispositif efficace en la matière, alors que le budget de cette association permettrait d’en faire une priorité. Il nous faudrait aussi faciliter le recrutement par les entreprises françaises de cadres de haut niveau ouverts au multiculturalisme et polyglottes venus en France pour achever leurs études supérieures et bien sûr assouplir leur accès au marché du travail.

La question du visa francophone est bloquée du fait de la peur migratoire : elle s’est retrouvée coincée dans le débat entre la volonté de fermeture des frontières et les velléités d’immigration choisie. Il existe pourtant une position intelligente, celle de la mobilité et des allers-retours. En limitant les démarches administratives, on désengorgerait nos consulats et nos préfectures et cela favoriserait en particulier la circulation des créateurs et des chefs d’entreprise. Trop souvent, nous sommes encore confrontés au cas d’entreprises implantées à l’étranger qui veulent envoyer leurs cadres pour une formation professionnelle en France et se heurtent à un refus de visa.

LA FRANCOPHONIE ECONOMIQUE

La Francophonie s’est tardivement saisie des questions économiques, alors qu’en la matière, le Commonwealth est depuis longtemps très actif et doté de moyens. Le rapport Attali et les publications d’Hervé Bourges entre autres ont alimenté les réflexions au moment de l’élaboration puis de l’adoption de la Stratégie économique pour la Francophonie au Sommet de Dakar (2014). Celle-ci part du constat que l’espace francophone représente un potentiel économique énorme, insuffisamment exploité : la nébuleuse des quelque 80 pays francophones et supposés francophiles d’alors (84 aujourd’hui) représente 16% du PIB et 20% du commerce mondial.

Depuis deux ans cette stratégie a commencé d’être mise en œuvre de diverses façons :

programmes dédiés de l’OIF tournés vers les jeunes et les femmes créateurs d’entreprises ; organisation de forums économiques invitant des entreprises (Dakar en 2014, Paris en 2015, Madagascar en 2017) ; réunions de concertation des ministres des Finances francophones en marge des assemblées annuelles de la Banque Mondiale et du FMI ; lancement d’un réseau des ministres francophones du Commerce ; actions de plaidoyer auprès de la présidence du G20 (de concert avec le Commonwealth) ; organisation de la Journée de la Francophonie économique et numérique.

Cette refondation est capitale pour la France compte tenu du constat du désinvestissement du continent africain par les entreprises françaises qui ont perdu leurs « chasses gardées ». C’est désormais la Chine qui est le premier partenaire de l’Afrique…

Il est clair que c’est de notre intérêt national que d’appuyer cette stratégie de francophonie économique, de multiplier les accords économiques comme celui signé récemment dans le domaine de l’électricité – ces accords signifiant des formations professionnelles , des normes technologiques, des brevets et inventions françaises.

Il est non moins clair que notre influence au final est conditionnée par le retour de notre puissance économique et de sa capacité de projection sur les marchés francophones, où il y a une demande très forte. L’ambition du Medef sur cette question est assez illisible.

LA FRANCOPHONIE NUMERIQUE

C’est un facteur commun à la promotion de la langue et de la culture française et à la croissance économique durable.

Priorité absolue doit être donnée au numérique où tout se joue pour la jeunesse. Sans renforcement de la présence de contenus en français sur les réseaux numériques

– nouvel espace de confrontation d’idées, de recrutement, de formation, de création , seul outil d’information et unique référentiel des jeunes – l’ambition de la promotion de la francophonie restera lettre morte.

Aujourd’hui, seulement 4 à 5% des contenus en ligne sont en langue française, qui occupe le 8e rang par la qualité de ces contenus et le nombre d’utilisateurs .

A noter qu’en Afrique, la multiplication des chaînes de télévision numérique bénéficie éditorialement aux anglophones et aux chinois pour le contrôle de la diffusion.

Une idée serait de nommer un délégué auprès du ministre de la Francophonie chargé de mettre de l’ordre dans les projets des uns et des autres dans ce domaine, en tenant compte de ce que font les autres francophones comme le Québec par exemple..

A l’Unesco il nous faut soutenir les militants qui travaillent à l’élaboration d’un projet de directives opérationnelles sur le numérique pour la mise en oeuvre de la Convention de l’Unesco sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles (2005).

L’Internet et les réseaux numériques conditionnent sans aucun doute le succès de la relance de l’ambition francophone et francophile !

Tout nouveau Président de la République, monsieur Emmanuel Macron, vous avez dit lors de votre discours d’investiture « la mission de la France dans le monde est éminente ». Sa dimension culturelle est à la fois la moins coûteuse et la plus conquérante, qu’attendez-vous pour vous en occuper, sachant que les paramètres économiques sont les suivants : montants à investir très faibles (de l’ordre du coût d’un Rafale) , risque nul, potentiel énorme, impact très vite visible….

Vous ne pouvez pas ne pas savoir que le statut particulier de la langue française, fruit de l’Histoire – celle d’une vieille nation et d’une ancienne grande puissance – et du « testament français » – celui des Lumières – est aujourd’hui gravement menacé.

Or si l’on veut que la langue française, son rayonnement à travers le patrimoine culturel qu’elle véhicule et la possibilité d’accéder à la connaissance que sa maîtrise doit permettre, restent l’un des vecteurs de notre influence dans le monde, au sens du « soft power » dans la terminologie anglophone, il est urgent d’engager une action volontariste à votre niveau.

Nous espérons enfin une politique ardente et durable en faveur de la francophonie, non seulement à travers le soutien que nous apportons à l’OIF et à la défense du plurilinguisme et de la diversité culturelle sur la scène internationale, mais aussi et encore sur le terrain de l’éducation et de l’enseignement supérieur mis au service du développement – et ce grâce au dispositif important dont la France dispose à l’étranger. Il est encore présent quasiment partout à travers le monde et les instruments existent : il reste à leur redonner une impulsion politique, les moyens humains et budgétaires indispensables ainsi qu’une gouvernance efficace et responsable, ce qui est sans doute le plus improbable car on touche là aux problèmes gigantesques d’une réforme de l’Etat dont on n’ ose même plus parler. Même vous, M. Macron ?

Anne Gazeau-Secret
12 février 2018


1 Disruption = « disruptif ». Le terme dérive du latin disrumpere, « briser en morceaux, faire éclater ». Dans le langage des entreprises du numérique, « l’innovation disruptive », c’est l’innovation de rupture, celle qui bouscule les positions établies, court-circuite les règles du jeu, impose un changement de paradigme. Selon le philosophe Bernard Stiegler, la « disruption » constitue une barbarie « soft » incompatible avec la socialisation. La fuite en avant technologique produit une perte de repères et une désespérance qu’il est impératif d’assumer afin de repenser l’élaboration des savoirs et la macroéconomie.
2 Ces critères sont de plus sans valeur contraignante et non respectés dans les faits, en dépit de l’existence de « statuts et modalités d’adhésion » adoptés lors du IXeme Sommet de la francophonie de Beyrouth de 2002 et précisés au Sommet de Bucarest en 2006.
3 On aurait pu imaginer aussi que le représentant personnel du chef de l’Etat pour la francophonie, distinct du ministre, s’implique fortement dans cette action interministérielle. N’ayant que peu de prise sur les administrations, ce fut une fonction purement honorifique. En tout cas pour plus de clarté et de cohérence, il vaut mieux que le ministre soit en même temps représentant personnel.

Pour aider le site Proche & Moyen-Orient c’est ici

Source : Proche & Moyen-Orient, Anne Gazeau-Secret, 12-02-2018

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Commentaire recommandé

Perret // 19.02.2018 à 08h10

C’est en effet un dossier vital pour la France. La trahison des « élites » est manifeste dans ce domaine. L’absence de lien structurel avec les enjeux économiques a des conséquences lamentables. Dans la plupart des entreprises françaises dans le monde (hors pays francophones), parler français est un handicap, seul l’anglais est valorisé. Une grande entreprise du CAC 40 s’est ridiculisée à Alexandrie il y a peu d’années en procédant à un recrutement en anglais alors que son concurrent nord-américain recrutait en français : à Alexandrie, l’élite est encore (c’est la dernière génération) francophone, les Français sont seuls à ne pas le savoir. Recruter en anglais à Alexandrie, c’est recruter à un niveau moyen, en français, à un niveau élevé. Cette affaire a convaincu de nombreuses familles égyptiennes qu’il était désormais inutile de continuer à miser sur le français. C’est un exemple parmi des milliers…

39 réactions et commentaires

  • Owen // 19.02.2018 à 07h08

    « Vous ne pouvez pas ne pas savoir que le statut particulier de la langue française…est aujourd’hui gravement menacé ».
    Quand le gouvernement lance la chasse au fèkes niouzes et recommande aux entreprises et administrations de recourir à l’écriture inclusive, ils feraient exprès de disrupter dans la francophonie qu’ils ne s’y prendraient pas différemment.

    Les Alliances Françaises restent pas mal fréquentées en Inde. Le public est jeune, il ne faut pas être en retard si on veut voir un film, les spectacles sont variés, le charme culturel semble encore agir. Les formations linguistiques sont fréquentées, mais c’est indien: ils aiment bien suivre des formations.
    Il manque les terrasses de café pour se poser et faciliter les connaissances, ce qui est dommage.

    Les YMCA sont plutôt, – localement – , des plans familles: on profite de l’hôtellerie et du buffet à volonté.

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    • DocteurGrodois // 19.02.2018 à 10h11

      L’Alliance Française en Chine, à Taiwan et à HK fonctionne très bien et doit ouvrir de nouvelles succursales tant la demande est forte.
      A Hong Kong le festival culturel « French May » est très suivi chaque année, mais on peut voir qu’on y met les moyens niveau promotion. Il y a aussi une très nombreuse communauté française, ce qui facilite les échanges sur place.

      Pour moi le plus grand problème est au niveau des media. TV5 Monde est sur abonnement, et sur internet la plupart des programmes ne sont pas accessibles depuis l’étranger.

      C’est un problème pour les Français du monde qui sont obliges d’utiliser un VPN ou d’aller fouiner sur Youtube, mais c’est aussi un problème pour les étrangers qui apprennent le Français ou qui sont simplement curieux de notre culture qui n’ont pas grand chose à portée de la main.

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      • Yannis // 20.02.2018 à 09h03

        Dans un article parlant d’une manière exhaustive de la francophonie, il est assez frappant de ne lire qu’une seule fois le terme Alliances françaises, rapidement évoqué à la fin de l’article pour demander (très légitimement) l’augmentation des aides directes accordées par la France pour les différents acteurs de la francophonie, surtout l’éducatif et le culturel, et qui se sont réduites comme peau de chagrin depuis les dernières décennies ; tandis qu’en matière d’aide à l’exportation pour les entreprises mondialisées du CAC 40, on trouve toujours les ressources nécessaires… La marque France est beaucoup vantée par nos politiques et chef de grandes entreprises en goguette, mais quand il s’agit de mettre la main à la bourse il n’y a plus personne !

        Les Alliances françaises n’entrent pas dans le cadre de l’AEFE qui se compose surtout des lycées français à l’étranger, mieux soutenus financièrement par l’État français que les premières. Les AF, il faut le souligner, constituent un maillage de la francophonie qui fonctionne encore bien, malgré des salaires souvent misérables et des conditions de travail discutables, billets d’avion non remboursés par exemple. Il serait temps de soutenir ce réseau avant qu’il ne s’écroule, d’autant plus que l’instauration de la Fondation des AF à Paris, Bd Raspail, dans les locaux de l’AF d’île de France, s’est faite dans une belle confusion des rôles. D’où la crise qu’elle traverse en ce moment avec la récente démission de Jérôme Clément, son président, et d’une partie de l’équipe pour des raisons encore obscures.

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    • BOURDEAUX // 19.02.2018 à 13h13

      « Quand le gouvernement (…) recommande aux entreprises et administrations de recourir à l’écriture inclusive », recommandation suivie par le conseil économique, social et environnemental, au delà de toute mesure, comme en témoigne le rapport ci-joint…En tant que contribuable, quand je vois que je paie des…(je n’ai pas de terme élégant, là…) pour massacrer la langue nationale, bien au chaud dans les palais nationaux, je me demande vraiment ce qu’on attend pour cesser d’exporter notre « culture » et pour importer des guillotines…http://www.lecese.fr/sites/default/files/pdf/Rapports/2017/2017_22_democratie_culturelle.pdf

        +8

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      • Fritz // 19.02.2018 à 15h16

        Je vous propose un terme linguistiquement correct, à défaut d’être élégant :
        « quand je vois que je paie des CONNA·SSE·RD·S… »

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      • Owen // 19.02.2018 à 17h05

        « En tant que contribuable, quand je vois que je paie des… »

        … 233 membres, convoqués 2 fois par mois pour assemblée plénière et qui peuvent venir à des séances de section, pour travailler sur un dossier, comme ce magnifique document, avec 194 pages de bla bla préconisant.
        Genre  » développer et soutenir les résidences artistiques » (préconisation 24), ou  » mener une réflexion sur l’activité des professionnel.le.s de l’art participatif » (préconisation 25)…

        – 1 838,23€ d’indemnité mensuelle
        – 1 893,38€ d’indemnité mensuelle de représentative de frais
        – 284,01€ d’indemnité pour une participation à une réunion de section
        – 55,15 € d’indemnité mensuelle de résidence.
        Quand on devient président de section, ça passe à 7 573,52 €.
        http://www.lecese.fr/decouvrir-cese/budget-du-cese

        Vous êtes heureu·x·se ?

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        • BOURDEAUX // 19.02.2018 à 22h44

          On en rit, mais quand même, lorsque je regarde ma fiche de paie, ma déclaration d’impôt, et que je m’attarde sur des cas comme ça, je me dis qu’il y a des révolutions sanglantes qui se perdent tous les jours …

            +5

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  • Perret // 19.02.2018 à 08h10

    C’est en effet un dossier vital pour la France. La trahison des « élites » est manifeste dans ce domaine. L’absence de lien structurel avec les enjeux économiques a des conséquences lamentables. Dans la plupart des entreprises françaises dans le monde (hors pays francophones), parler français est un handicap, seul l’anglais est valorisé. Une grande entreprise du CAC 40 s’est ridiculisée à Alexandrie il y a peu d’années en procédant à un recrutement en anglais alors que son concurrent nord-américain recrutait en français : à Alexandrie, l’élite est encore (c’est la dernière génération) francophone, les Français sont seuls à ne pas le savoir. Recruter en anglais à Alexandrie, c’est recruter à un niveau moyen, en français, à un niveau élevé. Cette affaire a convaincu de nombreuses familles égyptiennes qu’il était désormais inutile de continuer à miser sur le français. C’est un exemple parmi des milliers…

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    • Fritz // 19.02.2018 à 09h33

      Claude Hagège cite un exemple analogue : en Catalogne ou dans le pays valencien, une entreprise néerlandaise qui présentait son offre en catalan, espagnol et néerlandais l’a emporté sur sa concurrente française… qui n’utilisait que l’anglais. Comme quoi le non-respect de soi est lié au non-respect des autres.

      On devrait exiger de chaque ambassadeur de France qu’il utilise en fonction la langue française et la langue du pays concerné. Mais bon, je rêve, c’est le sinistre Conseil constitutionnel qui a largement invalidé la loi Toubon de 1994.

        +16

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  • BOURDEAUX // 19.02.2018 à 08h40

    Si l’on entend par francophonie la promotion de la pratique du français dans le monde, la chose ne mérite même pas d’être discutée aujourd’hui; un plombier ne songe pas à proposer ses services à ses voisins quand son propre réseau domestique fuit de partout.

      +7

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  • Fritz // 19.02.2018 à 09h38

    Peter Moscovici écrivant in english à Michael Sapin : normal, entre membres du Socialist Party (je devrais dire : du European Capitalist Party).
    Les lauréats du prix de la Carpette anglaise : https://fr.wikipedia.org/wiki/Académie_de_la_Carpette_anglaise#Prix_décernés

    Que du beau monde… Liste instructive sur la trahison de nos zélites, mais aussi sur leur fatuité.

      +18

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    • Morad // 23.02.2018 à 19h25

      N’oublions pas que Pierre Moscovici est d’origine roumaine et qu’il est la preuve vivante que la francophonie peut faire converger vers la France des personnes et des compétences diverses. Il faut mettre peut-être sur le compte de ses origines le fait que a défense de la langue française ne soit pas sa priorité…

        +0

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  • Albert Charles // 19.02.2018 à 10h29

    La francophonie est l’un des derniers bastions qui puisse encore servir de référence et de soutien à la diversité culturelle de la planète entière, face au modèle de l’Homme Unidimensionnel (Marcuse) que nous impose la mondialisation (américaine aujourd’hui). Si elle craque, tout s’effondrera. Et il est vrai que nos élites françaises (à la différence des autres francophones, québécois, africains, etc) sont assez bonnes dans l’art de se plier à ce modèle là. Exemple: le Centre Franco Vietnamien de formation à la Gestion (CFVG) est un établissement d’enseignement supérieur créé par la France et le Vietnam dans les années 90, au Vietnam (cours en français et en vietnamien). En 2017: cours en anglais, seulement ! Le message qu’envoie la France dans ce cas là est simple: n’apprenez pas la langue française (ni la vôtre, au passage !), et soumettez vous à la monoculture ambiante. Avec tous les risques que cela comprend: dépendance et manque de créativité (tous azimuts…)

      +8

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  • Nouréiev // 19.02.2018 à 11h02

    La mondialisation commerciale ainsi que la facilité du tourisme lointain ont fait de l’anglais une langue passe-partout, loin de l’anglais littéraire et par conséquent sans âme. Un peu comme l’esperanto qu’il a supplanté. C’est donc une langue très limitée à ces seuls usages. Mais par contre il devient en partie responsable de la disparition des autres langues avec le risque de tirer tout le monde vers le bas en limitant son horizon dans ce qui est réellement propre à l’homme. Actuellement il y a environ 6000 langues mais il en disparaît plus d’une dizaine par an.
    La lecture de notre histoire est gravement en danger si on ne sait plus la lire qu’à l’aide d’un outil universel qui déformera l’esprit et la compréhension de nos différents ancêtres. Pour compenser en partie cette disparition des langues il faut au moins conserver la particularité de chacune d’elle sans vouloir absolument simplifier pour en garder l’esprit et la richesse, ce qui en fait un rempart contre sa destruction et pour son expansion.
    Rien ne me fait plus plaisir que d’entendre un Noir parler avec élégance notre langue, voire aussi des Russes qui l’adorent pour sa difficulté, mais aussi des Québécois qui s’efforcent d’éviter l’anglais.

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    • Fritz // 19.02.2018 à 11h49

      Respecter la langue française, c’est aussi respecter les étrangers qui font l’effort de la parler, parfois mieux que nous. Ainsi, nos cousins du Québec, qui défendent notre langue commune mieux que nous, et qui en outre parlent anglais bien mieux que nous.

      Il y a quelques années, l’ancien président sénégalais Abdou Diouf avait eu des mots polis mais cinglants sur ces zélites françaises qui ne voient plus dans la défense de notre langue une priorité.
      Mais il incriminait les intellectuels, les universitaires et les hommes d’affaires.
      http://www.lemonde.fr/international/article/2012/06/30/abdou-diouf-denonce-le-desinteret-de-la-france-pour-la-francophonie_1727494_3210.html

      Son prédécesseur Senghor était une figure de la francophonie… Il fut condisciple en khâgne de deux autres francophones, Pham Duy Khiêm et Georges Pompidou.
      http://misterpeee.skyrock.com/761072610-senghor-en-Khagne-au-lycee-louis-le-grand.html

        +8

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      • Jean Aymard // 19.02.2018 à 22h05

        Ah, les hommes d’affaires ! Parler français dans une entreprise française à visée internationales, c’est ringard. On est sommer d’employer du globish à tire-larigot. Il faut dire « un call » et non plus un appel téléphonique. On a des « customers » et des « providers » et non plus des clients et des fournisseurs.
        Prenez Airbus. Leader mondial en aéronautique et français en majorité. Toute leur communication est en anglais. Tous les sigles sont en globish. Touts les titres de postes sont en globish. Leur patron est étasunien et son billet interne s’appelle le « Tom’s Blog ». Il ne s’adresse à ses employés bien sûr qu’en anglais.
        Une fois, j’ai vu un service technique, composé uniquement de vieux briscards de 20-30 ans de boite. On leur a mis comme nouveau chef de service… un allemand ne parlant pas un mot de français. Résultat: il leur a été demandé de faire désormais TOUTES leurs réunions en globish ainsi que les compte-rendus et les documents internes, Y COMPRIS QUAND IL N’ÉTAIT PAS PRÉSENT (ce qui arrivait très souvent…) Je vous raconte pas la perte de temps, de précision et les surcouts pour faire traduire les compte-rendus…
        Il FAUT parler le globish pour être international. Comme si le Français n’était pas déjà une langue internationale…

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  • Catalina // 19.02.2018 à 11h43

    http://cluborlov.blogspot.fr/2017/09/arise-you-prisoners-of-semantics-part-3.html
    « Mais maintenant, en anglais, nous faisons face à des agressions sur le genre. Certaines personnes demandent que « lui et elle » soient évités et remplacés par « ils » ou le nouveau « ze » synthétique. En même temps, « who / whom » est en train d’être effacé et remplacé par «who / qui », qui à son tour est remplacé par « that / ça ». Ne pensez pas que je suis un théoricien de complot, mais je pense que tout va selon le plan, c’est-à-dire nous remplacer tous par des machines. « 

      +1

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  • Krystyna Hawrot // 19.02.2018 à 14h03

    En Europe de l’Est c’est la catastrophe au niveau du Français. En Pologne il y a 25 ans les véritables élites étaient francophones et le Français la première langue étrangère enseignée! Aujourd’hui on a du mal à trouver des interprètes traducteurs de bon niveau ! Les instituts français ne proposent plus que des cours de « langues des affaires »… Mais bon, c’est vrai que le migrant travailleurs détaché est plus malléable quand il ne comprend pas son contrat de travail; alors le mieux c’est de lui faire croire que l’Anglais suffit partout en Europe… En Afrique de l’Ouest, au Mali et au Burkina Faso les Allemands financent des bourses pour étudiants, l’Institut Goethe subventionne des projets culturels locaux, et les Américains prospectent les élites pour les faire adhérer à des programmes comme « ‘Young African leaders »! A trop considérer les Africains comme juste de la main d’œuvre migrante on va finir par perdre tout…

      +11

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    • manuel // 19.02.2018 à 17h01

      les « élites polonaises » on en voit le résultat, ce n’est pas pour moi la bonne raison de diffuser le français.

        +1

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  • Brigitte // 19.02.2018 à 20h21

    Ce sujet est un crève-coeur. Le début de l’article donne le ton: « la francophonie est-elle une cause perdue? »
    Notre influence s’est tarie car nous n’avons pas eu la chance des anglais d’avoir donné leur langue à la puissance coloniale qui leur a succédé. Avant cela, nous n’avons pas non plus eu la chance des anglais ou des espagnols, de pouvoir neutraliser facilement les cultures indigènes des territoires colonisés: indiens d’Amérique, aborigènes et maoris. Nous avons toujours composé avec les indigènes jusqu’à leur rendre leur indépendance. Ils ont pour la plupart repris leur langue vernaculaire tout en restant attachés à la langue française, marque de leur histoire, même entachée de colonialisme.
    Nous sommes aujourd’hui colonisés à notre tour. Ce n’est pas l’Europe qui va nous rendre notre indépendance, ni l’Asie mais l’Afrique. Cette Afrique tant convoitée par les américains et maintenant les chinois. Notre indépendance se joue là bas et la francophonie est notre combat.
    Or, nous sommes en train de le perdre par bêtise et arrogance.

      +1

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    • Brigitte // 20.02.2018 à 08h23

      Ce que j’ai voulu dire en parlant de « chance », c’est qu’une langue est parlée dans le monde « grâce » aux conquêtes coloniales. Si les espagnols ont la « chance » de pouvoir converser et commercer avec une grande partie de l’Amérique, c’est « grâce » à l’extermination des indiens (maladies importées et guerres déloyales). Idem pour les anglais, qui n’ont pas été souvent « fair-play » (faire plaie?) dans leurs conquêtes coloniales. Leur but était de s’implanter avant les autres ou au détriment des autres. La France n’a pas été en reste et la francophonie vient d’un passé colonial, il ne faut pas le nier. C’est la raison pour laquelle la gauche altermondialiste ne soutient pas la francophonie.
      Mais la politique et l’histoire ne sont que luttes, conquêtes et rapport de forces.
      Aujourd’hui, la francophonie, ou ce qu’il en reste, est plus qu’un prestige, c’est une force. Non pas pour recréer un empire colonial mais pour garder notre indépendance et au passage, aider d’autres pays à garder la leur.
      Si nous ne l’utilisons pas, nous allons perdre lâchement notre culture, notre mémoire, notre histoire.
      Et j’allais oublier que notre langue est belle!

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      • BOURDEAUX // 21.02.2018 à 15h05

        Je vous taquine un peu, mais, « notre langue est belle », non. Aucune langue n’est belle, par elle-même. La beauté ne réside que dans la manière dont on l’utilise. Une langue n’est belle qu’à proportion que sa littérature, son théâtre, sa poésie sont riches, variés et appréciés . Le français est une langue magnifique sous la plume de Montaigne ou de Tocqueville, et devient un indigeste galimatias de formules pesantes dès qu’un haut fonctionnaire du ministère de la culture l’utilise comme véhicule de sa pensée.

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  • Arcousan09 // 19.02.2018 à 21h37

    Il serait très utile de donner des cours de français de France à tous ces journalistes radio ou télévision qui nous gavent d’anglicismes certainement pour faire branché: scoop, acces prime time, prime time et j’en passe assaisonnés avec des malgré que ou des palier à ….
    Et que dire de ne jamais utiliser les formes interrogatives du genre: « comment vous faites ? » au lieu de comment faites vous ….
    Etonnez vous que ceux qui les écoutent prennent le même chemin …

    Prenez donc de bons cours de français avec nos amis du Québec …

      +3

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  • Jean Aymard // 19.02.2018 à 21h46

    Cet article est autant éclairant qu’affligeant. D’autant plus affligeant quand on sait que nous sommes partis pour 5 ans d’un Président qui dénigre en permanence son pays et sa langue, on se dit que c’est 5 ans de défaites du Français. Quand on a un Président (candidat à l’époque) qui va faire un discours à des étudiants allemands… en anglais ! C’est un sommet de vanité et de suffisance. Soit il voulait faire honneur à ses hôtes, et il leur parlait dans leur langue natale, soit il se respectait lui-même et ses concitoyens, et il parlait sa propre langue. En allant leur parler en globish, il a eu faux sur tous les tableaux.

    Enfin, il est important d’ajouter qu’aux dernières présidentielles, UN SEUL candidat avait pleinement conscience de la gravité de la situation. Mais pour ça, il faut un peu de hauteur de vue. Un seul candidat avait un réel projet consistant et ambitieux pour la francophonie, sachant parfaitement que l’avenir de notre pays, sa langue et sa culture ne passe surement pas par l’Union Européenne qui est en train de l’euthanasier au sens premier du terme, mais qu’il est bien plus urgent et payant sur le long terme de la quitter sans attendre et de reprendre les rennes de la Francophonie.

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    • Fritz // 19.02.2018 à 22h05

      Qui sait, le président Macron sera peut-être lauréat de la Carpette anglaise…
      Une première dans l’histoire de la French Republic.

        +4

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    • isary // 19.02.2018 à 22h47

      nos »zélites »journalistiques étaient bien trop occupées à le traiter de conspirationniste pour relever ne serait-cequ’une seule fois qu’il s’exprimait pendant ses meetings devant le drapeau de la francophonie…

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  • jp // 19.02.2018 à 23h11

    Suite au Brexit il n’y a plus de raison de parler british dans l’UE : tous les pays y ont une langue officielle qui n’est pas l’anglich. Donc on vire cette langue de l’UE !
    Il faut embaucher plus de traducteurs (surtout pour Malte) et considérer les politiciens journaleux et autres crétins de collabos des USA et surout comme des ringards ou des frimeurs.
    parce que « La langue de l´Europe, c´est la traduction », Umberto Eco

      +5

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    • Fritz // 20.02.2018 à 09h12

      Exactement. Et nous avons là un moyen de faire douter les européistes :
      — Vous croyez en l’Union européenne ?
      — Oui, bien sûr, elle protège notre diversité (« unis dans la diversité »).
      — Alors, pourquoi favorise-t-elle la langue anglaise, alors que les Anglais sont en train de la quitter ?
      — Euh… C’est pour faire contrepoids aux USA… Euh non… à la Russie… à la Chine…

        +5

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    • Anatole // 20.02.2018 à 14h27

      Certes, mais en fait l anglais parle a l UE n est pas le vrai anglais mais un anglais reinvente, une langue hors sol dans laquelle se reconnait l elite globaliste et qui est le principal vecteur de sa bouillie mentale. Parler en globish permet de dire tout et n importe quoi sans sentir engage par ce que l on dit. En tant que langue de personne ce globish fait consensus, autour de formules creuses répétées a l envi. Le fait que l angleterre ait retire ses billes du jeu ne change rien a l affaire, mis a part que cela va faire encore tomber le niveau et rendre ce globish encore plus globish. Quant a Eco, meme si sa formule est belle elle ne reflète pas la veritable tendance historique dans ce domaine. Il y a toujours eu une langue dominante en Europe. Cela d abord été le latin, puis le français, puis le globish. Le passage du latin au français était deja une regression dans le sens ou le français est devenue la langue d une elite politique alors que le latin était celui d une elite intellectuelle. La domination du français a prepare en quelque sorte celle de l anglais a partir du moment ou une langue nationale prenait le pas sur une langue politiquement neutre comme le latin.

        +2

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  • Recits d’Yves // 20.02.2018 à 01h09

    Le faible nombre de commentaires résume le billet de l’auteure.
    J’en suis bien triste mais, comme le souligne l’auteure, je crois que la défense de la francophonie est de moins en moins d’actualité notamment par ce qu’elle offre comme idées et comme regards face aux obscurantismes de toutes sortes.
    Et en effet, pour travailler dans une entreprise internationale, les jeunes français sont les premiers à la négliger.

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  • placide // 20.02.2018 à 08h55

    C’est cela être colonisé : L’hégémonie forme des « young leaders » dont la mission première est sa propagation.

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  • Deleage Bernard // 20.02.2018 à 11h01

    Comment s’étonner alors que depuis VGE il y a la « French American Association » et ses « Young leaders » qui remplissent les couloirs de l’Etat pour mieux le saper. Les empires n’ont pas d’alliés ils n’ont que des vassaux …et des larbins. Mais on n’en parle jamais…

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  • Ellilou // 20.02.2018 à 14h12

    La langue française n’est pas ma langue maternelle puisque je suis arrivée en France à un âge où je parlais à peine ma première langue. Mais je défends cette langue splendide, je parle, je rêve et je pense (quand ça m’arrive…) en Français. Le peu de culture que j’ai est la culture française. Mon bon niveau dans d’autres langues européennes ne me fera jamais renoncer à ma « langue de cœur ». Et je répète comme Albert Camus « Ma patrie, c’est la langue française » 🙂

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  • Pierre Bacara // 20.02.2018 à 20h27

    ANECDOTE INTERESSANTE

    Pas plus tard que ce matin (20 février 2018), je croise dans un ascenseur, à Moscou, une jeune femme russe, au plus la trentaine – très probablement moins. M’apercevant qu’elle parle couramment le français, avec une diction raffinée qui plus est, je creuse fugitivement le sujet : où a-t-elle appris le français ? En Russie, tout simplement.

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  • RGT // 20.02.2018 à 21h05

    « La loi Toubon du 4 août 1994″… Tout le monde s’en fout.

    Je travaille dans une entreprise 100% française et nous sommes obligés de communiquer en Globish (anglais dégénéré) dans TOUS les documents internes et tous les rapports.

    Ce qui se traduit par des couacs assez « sauvages », chaque intervenant ayant sa propre conception de la signification d’un terme. Pour résumer, beaucoup de perte au feu.

    Chirac a été sans aucun doute le meilleur allié de la Francophonie.
    Même s’il n’est pas franchement très « clean » (en globish dans le texte) il a fortement accru la fréquentation des cours de Français dans le monde entier lorsqu’il s’est opposé à l’invasion de l’Irak en 2003.

    Quand j’apprends que les universités françaises font désormais des cours en anglais j’ai envie de me taper la tête contre les murs.
    Au prétexte que ça « attirerait des étudiants étrangers »…

    Ces imbéciles n’ont-ils pas compris que ce qui attirait les étudiants en France, c’était AUSSI d’apprendre le Français ?

    Les français sont certes des veaux, mais ils sont dirigés par des débiles profonds.

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    • Albert Charles // 21.02.2018 à 14h49

      Les USA et le Royaume Uni, partisans d’un capitalisme concurrentiel à outrance, ne parlent pas beaucoup des surcoûts financiers imposés aux nations non anglophones pour leurs formations en langue anglaise. C’est pourtant faramineux ! Et c’est autant de gagné par ces 2 Etats (et ceux du Commonwealth) dans leurs dépenses publiques de formations (de l’école primaire à l’université). Les Travaux de centre de recherche GERFLINT sont intéressants sur ce point. Cas de l’UE: le fameux principe de la concurrence non faussée est une superbe mascarade, puisque ce déséquilibre en dépenses publiques de formations linguistiques FAUSSE, justement, la concurrence…!

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  • gryzor // 22.02.2018 à 15h13

    Cadre dans une grande entreprise française ayant son siège en France et pilotant tous ses projets internationaux depuis la France, je suis effaré par l’incapacité de la majorité de mes collègues de locuter une phrase complète sans y inclure des mots en anglais.

    Je ne parle même pas de vocabulaire technique (Je comprends que l’on dise « email » pour « courriel », par exemple), mais plutôt de changements de mots qui n’apportent aucune valeur (on va faire un move). Il semble que pour ces gens, ce soit classe de s’exprimer ainsi.

    Ce souvent les mêmes qui nous expliquent à la machine à café que Trump est un catastrophe par rapport à Clinton, et que les anglais sont arriérés d’avoir voté le Brexit. Quand j’objecte que je trouve contradictoire d’utiliser la langue de deux pays qui sont aussi retardés, j’ai droit à des haussements d’épaules. Je pense que pour eux, l’anglais est la langue du « business » et que la réflexion démarre et s’arrête là.

    Tous les projets que nous nommons, quoique réalisés, conçus et implémentés par des français, portent des noms anglais.

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    • gryzor // 22.02.2018 à 15h19

      Amusant, quand vous reprenez certaines productions cinématographiques françaises des années 1990, il y a des personnes qui s’expriment en parsement leur vocabulaire de mots anglais, et ils sont toalement tournés en ridicule. Revoyez par exemple les Visiteurs (1993). Le Président Bernet en est un très bon exemple. Il y a aussi un sketch des Inconnus (qui plagient une agence de marketing branchée) où l’on trouve les mêmes mécanismes et où parsemer ses propos de langue anglaise est un énorme critère de ridicule.

      Cause, conséquence ou corrélation, l’entrée de la société française dans l’union européenne, dans le néo-libéralisme mondialisé et à présent dans le « France is Back » « En Marche »a complétement renversé la tendance.

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    • lvzor // 23.02.2018 à 12h44

      « quoique réalisés, conçus et implémentés par des français… »

      Aaaaaaarrrgggghhhhhhh !!!!! : « implémentés » (le mot qui me hérisse autant que ‘solutionner’, qui est un barbarisme, ou, peut-être, un terme de chimie)

      A part ça, je suis totalement d’accord (pardon : ok) avec votre message (zut, j’ai failli écrire ‘post’)
      😀

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