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30.octobre.201830.10.2018 // Les Crises

L’Amérique des sans-abri. Par Chris Hedges

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Source : Truthdig, Chris Hedges, 08-10-2018

Mr. Fish / Truthdig

8 octobre 2018

Par Chris Hedges

PORTLAND, Oregon – Il est 8 heures du matin. Je suis dans les petits bureaux de Street Roots, un hebdomadaire qui imprime 10 000 exemplaires par édition. Ceux qui vendent le journal dans la rue, tous victimes de l’extrême pauvreté et la moitié sans abri, se sont rassemblés avant de partir avec leurs paquets pour passer des heures dans le froid et sous la pluie.

« Il y a des soins des pieds le lundi à partir de 8 heures du matin avec les infirmières », crie Cole Merkel, directeur de l’emploi du temps des vendeurs, au-dessus du bavardage. « Si vous avez besoin qu’on s’occupe de vos pieds, venez vous faire faire un soin des pieds par les infirmières. Juste un petit mot pour remercier Leo et Nettie Johnson, qui ont appelé à l’hôtel de ville cette semaine pour témoigner de la criminalisation du fait d’être sans abri devant le conseil municipal et le maire. Super génial. »

Les hommes et les femmes, la plupart d’âge moyen ou âgés, s’assoient sur des chaises pliantes qui longent les murs. Ils sont enveloppés dans des couches de vêtements usés et en lambeaux. Certains bercent de petits chiens. D’autres serrent une tasse de café jetable dans leurs mains et en prennent de petites gorgées. L’hebdomadaire a été fondé en 1998. Il met l’accent sur les questions relatives à la justice sociale et environnementale ainsi qu’au sans-abrisme. Il reproduit également des poèmes et des illustrations des 180 vendeurs, qui achètent le journal au prix de 25 cents l’exemplaire et le vendent pour un dollar.

Sur les murs, il y a des rappels poignants de la vie de ces personnes, y compris des affiches d’hommes et de femmes disparus, des notices indiquant où trouver de la nourriture ou des vêtements gratuits, et des notices nécrologiques éparpillées d’une page sur les personnes décédées récemment, dont beaucoup ont été découvertes dans des parcs ou sur des trottoirs. L’âge moyen de décès est de 51 ans pour un homme et de 43 ans pour une femme. Près de la moitié succombent à l’alcool ou aux drogues, 28 pour cent sont renversés par des véhicules et 9 pour cent se suicident. L’espérance de vie s’effondre une fois qu’on devient un sans-abri. Chaque année, de 50 à 80 sans-abri meurent dans les rues de Portland, et beaucoup d’autres dans ses hôpitaux.

« Monica a besoin d’un rein » signale une inscription manuscrite.

« Disparu : Robert Gary Maricelli, qu’on n’a pas vu depuis le 10 février à 23 h », dit une autre. Maricelli, 22 ans, a été aperçu pour la dernière fois près du Steel Bridge à Portland.

Ces hommes et ces femmes, et de plus en plus d’enfants, sont les dommages collatéraux de la corporatocratie [cette nouvelle gouvernance se réfère à un système économique et politique contrôlé par les firmes transnationales ou les représentants de leurs intérêts, NdT], leur dignité et leur vie détruites par le transfert massif de la richesse vers le haut, la désindustrialisation et la réduction des investissements fédéraux dans les logements sociaux amorcée sous l’administration Reagan. Le manque d’emplois stables et offrant un salaire permettant de vivre dans une économie du petit boulot et de l’intérim, l’effondrement des services de santé mentale et des services médicaux pour les pauvres et l’embourgeoisement [en anglais le terme gentrification décrit un phénomène urbain par lequel des arrivants plus aisés s’approprient un espace initialement occupé par des habitants ou usagers moins favorisés, transformant ainsi le profil économique et social du quartier au profit exclusif d’une couche sociale supérieure NdT] transforment l’Amérique en un enfer sur Terre pour des centaines de milliers de ses citoyens. Et ce n’est que le début.

Bien que les estimations des administrations fédérales situent le nombre de sans-abri du pays à 554 000, la plupart des villes – y compris Portland, qui compte officiellement environ 4 000 sans-abri – estiment que leur nombre, notoirement difficile à évaluer, est au moins trois fois supérieur. Les écoles de Portland, comme la plupart des écoles publiques du pays, constatent une augmentation de l’itinérance chez leurs élèves – 1 522 enfants dans le district scolaire de Beaverton, soit 4 % des inscriptions totales, et 1 509 dans les écoles publiques de Portland, soit 3 % des inscriptions totales. Le problème s’étend à de nombreuses petites villes de l’Oregon. À Butte Falls (429 habitants en 2010), dans le comté de Jackson, il y a 56 étudiants sans-abri, soit 30 % de l’effectif total du district. Beaucoup d’étudiants sans-abri, parce qu’ils passent souvent d’un endroit temporaire à un autre, n’apparaissent jamais dans les statistiques officielles.

Alors que nous nous dirigeons vers un nouvel effondrement économique, les souffrances endurées par ceux qui vivent dans la rue deviendront de plus en plus familières, en particulier avec l’intention de réduire ou d’éliminer davantage les services sociaux au nom de l’austérité. Rien ne stoppera la spirale descendante si ce n’est une désobéissance civile suivie. Les deux partis politiques au pouvoir sont mariés à un système économique qui sert les riches des entreprises et punit et criminalise les pauvres et les travailleurs pauvres. Plus de la moitié du pays n’est probablement qu’à quelques fiches de paie d’être dans la rue.

Cette partie indigente de Portland était autrefois connue sous le nom de Nihonmachi ou Japantown. Le journal Street Roots se trouve dans l’ancienne Blanchisserie Chitose [Chitose-shi est une ville japonaise situé dans la sous-préfecture d’Ishikari, sur l’île de Hokkaidō, NdT]. De l’autre côté de la rue se trouve l’ancien Oshu Nippo News, le quotidien de langue japonaise qui a été attaqué par le FBI le 7 décembre 1941, lors de l’attaque de Pearl Harbor. Elle a été fermée et son personnel arrêté. La population japonaise du quartier a été raflée, dépouillée de tous ses biens et placée dans des camps de concentration, faisant partie des 120 000 Japonais-américains, la plupart originaires de Californie et du Nord-Ouest, qui ont été internés pendant la guerre. Des gens qui n’étaient qu’un seizième Japonais ont été arrêtés. Soixante-deux pour cent de ces personnes déplacées selon une directive d’internement étaient des citoyens américains. Il n’y a pas eu de rapports dignes de foi indiquant qu’ils constituaient un risque pour la sécurité. C’était une politique fondée sur le racisme.

La communauté japonaise de Portland ne s’est jamais rétablie après la guerre. Les crimes passés de l’État se confondent, aux yeux de Kaia Sand, la directrice exécutive de Street Roots, avec les crimes actuels.

« Ces familles se sont retrouvées sans-abri et incarcérées sur ordre du gouvernement fédéral », dit-elle. « Leurs possessions étaient réduites à ce qui rentrait dans des valises. Maintenant, dans ces mêmes rues, les gens transportent aussi leurs sacs et leurs chagrins sans domicile. »

Charles McPherson, 34 ans, regarde la collection de nécrologies récentes affichées sur le mur près de la porte d’entrée. Il avait environ 2 ans quand son père est mort. Au cours de sa dernière année de lycée, il a été pris en otage par un prisonnier évadé et détenu pendant 12 heures lors d’un affrontement avec la police. Il n’est jamais retourné à l’école.

« SSPT » [Syndrome de Stress Post Traumatique, NdT], dit-il à propos de sa déscolarisation. « Je ne pouvais plus me trouver dans une foule. »

Il est passé d’un emploi à court terme à un autre. Il a vécu deux ans dans un camping-car. Il a déposé d’innombrables demandes de logement, mais elles ont été rejetées. En 2014, il était sans abri.

Je lui demande ce qu’il trouve le plus difficile dans le fait d’être sans abri.

« Ne pas pouvoir aller de l’avant », dit-il. « Tout juste faire en sorte de ne pas perdre tout ce qu’on a. »

Tout au long de la journée, j’entends beaucoup parler de « tout perdre ». De petits tas de biens, ainsi que des tentes ou des bâches, précieuses pour les sans-abri et qu’il est très difficile de se procurer, confisquées lors des descentes de police. Les victimes se retrouvent debout sous la pluie au milieu de la nuit, sans rien. Les biens confisqués sont censés être entreposés par deux sous-traitants, Pacific Patrol Services et Rapid Response Bio Clean, pendant 30 jours, mais beaucoup de gens dans la rue disent ne jamais revoir leurs biens.

Leo Rhodes, 53 ans, un Indien Pima, a grandi dans la pauvreté dans la réserve indienne de Gila River au sud de Phoenix. Il s’est engagé dans l’armée à 19 ans. Quand il est revenu de l’armée après trois ans, il a commencé à abuser de drogues et d’alcool. Il est sans-abri depuis 30 ans, un coup oui, un coup non. Il a également été l’un des défenseurs les plus efficaces des sans-abri à Seattle et à Portland. Il a aidé à fonder et à organiser la gestion de deux villages de tentes et d’une aire de repos à Portland où les sans-abri peuvent dormir par quarts de 12 heures dans un environnement sûr appelé Right to Dream Too [le droit de rêver aussi, NdT]. Il garde des cahiers pleins de sa poésie. Il divise le monde en « sans-abri et non sans-abri ».

Il me tend un de ses poèmes, publié sur le journal Street Roots et intitulé « Être humain? » Voici ce qu’il a écrit :

Je suis la voix qu’on n’entend jamais

Si je parlais, m’écouterais-tu ?

Je suis le vilain petit canard

Visible dans ton joli petit monde

Je suis le criminel quand je dors

Je suis celui qui dérange

Essayant de rester au sec à l’abri de la pluie

Je suis la personne sans abri

À la recherche de dignité et d’un lieu sûr

« Le problème, c’est que lorsque vous trouvez un emploi et qu’ils découvrent que vous êtes sans-abri, ils vous virent », dit-il. « Peu importe que vous soyez sobre et travailleur. Dès que vos collègues savent que vous êtes ou avez été sans-abri, ils vous stigmatisent. Ils pensent que vous êtes un ivrogne, un drogué, un criminel ou un malade mental et qu’on ne peut pas vous faire confiance. »

Le stress induit par le fait de vivre dans la rue nuit à la santé mentale et pousse souvent à bout ceux qui ont déjà des problèmes de santé mentale.

« Quand vous êtes dehors, le moindre petit bruit, c’est une vraie menace », dit Dan Newth, un vétéran de l’armée qui dit qu’il a tenté de se suicider en janvier 2015 en surdosant des médicaments sur ordonnance. « J’ai reçu un coup de pied dans la tête pendant que je dormais. J’ai été réveillé par les coups que des gens que je ne connaissais pas me donnaient. Ils le font juste parce qu’ils voient un sans-abri sur le trottoir. On essaie de se cacher quand on dort, on s’écarte du chemin. J’ai ma tente, mon sac de couchage, mon matelas gonflable et un oreiller. C’est crucial. Quand je ne dors pas pendant deux jours, je vois des choses qui n’existent pas. J’entends des choses que personne n’a dites. Et ces choses sont négatives. Mes hallucinations deviennent très négatives. Quiconque ne dort pas pendant plusieurs jours va avoir des hallucinations. Quand vous voyez quelqu’un dans la rue et qu’il pique une colère sans raison, c’est qu’il ne dort pas assez. Ces gens ont dû faire face à tant de négativité. Ça peut être un regard. Dire bonjour à quelqu’un et on vous ignore. Tous ces trucs s’additionnent. Tu t’en veux à toi-même. Inconsciemment, tu commences à te détester. Même si vous essayez de penser, vous commencez à en vouloir à ces trucs dans toutes les directions. Vous réagirez face à des gens qui ne sont pas nécessairement là pour vous blesser. Mais vous pensez que tout le monde l’est. C’est écrasant. »

« Vous sautez par-dessus tous ces obstacles », dit-il en parlant des services sociaux de la ville. « Et puis ils t’excluent et tu ne sais pas pourquoi. Ils ne vous laissent pas entrer dans le logement. On ne sait jamais pourquoi. Tu ne ressens alors que frustration. Portland a besoin d’un autre MSW [diplômé en travail social] comme ils ont besoin d’un autre mendiant. L’argent va aux salariés. Ils continuent à se faire de l’argent. Et ils utiliseront l’énergie d’un sans-abri, à sauter par-dessus tous les obstacles, à aller à des réunions avec telle personne, à aller à telle réunion, tous ces trucs. Nous sommes épuisés la plupart du temps. A la fin, vous êtes toujours sans abri. D’une certaine façon, les MSW sont comme des vampires. Je n’aime pas la façon dont le système est mis en place. Je l’évite. Je dors dehors. Je vends Street Roots. Je réponds à mes besoins du mieux que je peux. »

Jasmine Rosado, 39 ans, travaille périodiquement comme strip-teaseuse. Elle vit actuellement dans un logement subventionné, où elle paie 530 $ par mois pour un studio. Son seul enfant, un fils de 24 ans, Darius, est dans l’armée en Syrie. Elle ne l’a pas vu depuis plus de quatre ans. Quand elle mentionne son nom, ses yeux s’embuent.

« Ça a été très dur pour moi », admet-elle. « Je l’aime beaucoup. On ne peut rien faire. Il est entre les mains de Dieu. »

Elle a étudié la musique et la danse à l’Université de l’Oregon et joue du violon et du violoncelle. Ses instruments sont chez un garde-meubles.

« Les propriétaires des clubs de strip-tease sont très soudés », dit-elle à propos de ses employeurs. « S’ils ont un problème avec une fille, ils appelleront les autres et tu ne trouveras de travail nulle part. »

Art Garcia, 71 ans, est assis avec un chien de 5 livres sur ses genoux

« Migo », dit-il quand je demande le nom du chien. « Comme Amigo sans le A. C’est un chihuahua. J’ai Migo depuis quatre ans. Je l’ai pris dans un refuge quand il avait un peu plus de 9 mois. Mon meilleur ami. Ce gars m’a vraiment beaucoup aidé. J’ai un trouble de l’anxiété. Lorsqu’il y a beaucoup de gens, je n’arrive pas à respirer. Il me calme beaucoup. Il m’aide beaucoup. Parfois, il me réveille la nuit si j’ai une crise. Dans mon sommeil, ma respiration change. »

Garcia a été élevé dans un foyer violent, puis dans un orphelinat. Lorsqu’il a obtenu son diplôme d’études secondaires en 1966, il a rejoint le Corps des Marines et a été envoyé au Vietnam. Il avait 19 ans. Il s’est battu à Da Nang pendant l’offensive du Têt.

« Des gens mouraient tout autour de nous », dit-il. « C’était comme un film. Il y a eu une explosion. Elle a tué l’un des nôtres dans la salle de bain où il se cachait. On ne savait pas qui c’était. Le lieutenant a crié : « Si vous êtes américain, sortez ». Il avait peur. Il a tenté sa chance et s’est caché là-dedans. On a juste égalisé les choses. On l’a tué. Il avait tué un des nôtres. »

« J’avais peur comme jamais », dit-il de la guerre. « Tous ces gens qui te tirent dessus. C’est là que j’ai commencé à me droguer. Tu ne savais pas si tu allais vivre ou mourir. Héroïne. Au début, je prenais du speed. Nous travaillions sept jours sur sept. Pas de jours de congé. Je ne pouvais pas rester éveillé. Le type a dit : « Tiens, prends ça, ça va te tenir éveillé ». Ça nous a tous branchés de rester éveillés. Mais alors tu n’arrivais pas à dormir. Alors, j’ai pris de l’héroïne pour dormir. Mais après l’avoir utilisée, tu deviens complètement accro. »

Il est revenu de la guerre en héroïnomane et sans foyer. Il a été sans-abri par intermittence et a souvent été en prison. Il a fait des petits boulots dans la construction. Il ne se drogue plus depuis dix ans et prend de la méthadone. Il a publié deux livres à son compte. Celui sur la guerre s’appelle Sitting on the Edge [Assis au bord du gouffre, NdT]. Celui sur le retour à la maison en tant que drogué s’appelle Falling Off the Edge [La chute dans le gouffre NdT].

« J’ai raté 10 Noëls d’affilée pour aller en prison », dit-il. « Trois ans, un mois pour sortir, un mois pour y retourner. Je suis sorti quelques semaines, j’y suis retourné. Vendre de la drogue. Voler des gens pour de la drogue. Tous liés à la drogue. J’y ai passé beaucoup d’années. J’ai été en liberté conditionnelle pendant de nombreuses années. Je suis allé au feu en Californie. Pendant un incendie, on gagnait 1 $ de l’heure. C’était vraiment bien. »

En 2012, Garcia a reçu une indemnisation suite à un recours collectif découlant de l’utilisation de l’agent Orange par les militaires, qui a causé des dommages à son cœur et à sa mobilité. Il a donné un chèque de 10 000 $ à Street Roots et a utilisé le reste de l’argent pour trouver un logement et aider ses proches.

Rhodes m’emmène faire le tour de la ville. Il se remémore laconiquement d’avoir été battu dans des parcs, d’avoir été forcé de quitter des coins de rue et d’avoir été réveillé au milieu de la nuit par la police qui lui a dit de dégager.

« Vous voulez savoir ce que c’est que d’être sans-abri ? », demande-t-il. « Réglez votre réveil pour qu’il sonne toutes les deux heures, ramassez tout ce qui vous entoure et marchez quelques pâtés de maisons pour trouver un autre endroit pour dormir. »

« On avait l’habitude de dormir sur ce quai de chargement », dit-il en montrant du doigt un entrepôt. « Puis les propriétaires ont commencé à allumer les systèmes d’arrosage à 3 h du matin. On était trempés. Nous marchions dans les rues, dans nos vêtements trempés, portant nos affaires mouillées. »

Rhodes a dit que même lorsque les sans-abri trouvent un endroit où vivre, il est souvent difficile de se séparer de la communauté des autres sans-abri.

« Je suis retourné volontairement dans la rue à quelques reprises », dit-il. « Mes amis me manquaient, les bons et les mauvais moments. Vous vous sentez coupable de les avoir abandonnés. Et je suis un défenseur des sans-abri. Ce sont les miens. »

Il porte un parapluie d’enfant avec un manche en bois en forme de tête de canard. En 2009, il était sous la pluie en train d’essayer de vendre Street Roots à l’extérieur d’un restaurant Panera Bread lorsqu’un passant le lui a tendu. Il l’appelle Ducky.

« C’est comme mon doudou », dit-il. « Ducky a été partout avec moi, dans la chaleur, la pluie, le froid glacial. Il était avec moi quand les flics nous ont chassés des renfoncements de portes où on dormait. Je dis à Ducky : « Ne t’inquiète pas, un jour nous aurons un endroit à nous. Un jour, nous serons dans un intérieur ». Quand on est sans abri, quand on est abandonné, on a besoin de quelque chose comme Ducky. C’est pourquoi vous verrez des sans-abri avec des poupées ou des animaux domestiques. Et c’est pour ça qu’ils leur parlent. Cela nous aide à faire face à la négativité, à tous ceux qui, dans la société, nous méprisent. »

Rhodes, affable et éloquent, me régale d’histoires sur la vie dans la rue, les efforts répétés et épuisants pour créer de petites communautés et des « coups de balai » soudains de la police qui les font voler en éclats.

« J’étais dans un village de tentes, c’était notre deuxième déménagement », dit-il. « C’était juste à côté d’une autoroute. Le trafic n’arrêtait pas. Les gens klaxonnent même la nuit. Les voitures diesel passent. Il nous a fallu littéralement trois jours pour nous acclimater à ce bruit assourdissant. Tu savais qui dormait là parce qu’ils avaient tous les yeux bouffis. Je n’arrivais pas à dormir à cause du bruit. Mais après trois jours, nous avons commencé à bien dormir. L’endroit suivant où nous sommes allés, c’était calme. Le seul bruit qu’il y avait était juste un coq ou un corbeau. Toutes les deux heures. Quand on est allés au premier endroit, les gens ont dit : « Je ne peux pas dormir ici, c’est trop bruyant ». Puis ils se sont installés. A l’endroit suivant, ils ont dit : « Mec, je ne peux pas dormir ici, c’est trop calme. J’ai besoin d’un peu de bruit ! » »

Il rit

Dans son poème « Excuse-moi si je ne pleure pas », il écrit :

Excusez-moi si je ne pleure pas.

Je mets mon masque de poker

Le monde est grand

Et ils ne comprennent pas

Alors, je me battrai jusqu’à ce que le monde comprenne

Ou jusqu’à ce que je sois trop fatigué pour me battre

D’ici là

Excusez-moi si je ne pleure pas.

Je mets mon masque de poker.

Reposez en paix

Mes frères et sœurs

Source : Truthdig, Chris Hedges, 08-10-2018

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Commentaire recommandé

aladin0248 // 30.10.2018 à 07h56

Il est difficile de réaliser que les USA sont une dystopie pour des millions d’américains. Le revenu médian y est de l’ordre de $50000 soit plus du double de celui de la France. Les visiteurs ne voient jamais que l’Amérique aisée, la partie pauvre est massivement cachée. Le problème pour nous est que la corporocratie qui y règne en maître veut faire la même chose chez nous. Macron est l’un des leurs.

52 réactions et commentaires

  • aladin0248 // 30.10.2018 à 07h56

    Il est difficile de réaliser que les USA sont une dystopie pour des millions d’américains. Le revenu médian y est de l’ordre de $50000 soit plus du double de celui de la France. Les visiteurs ne voient jamais que l’Amérique aisée, la partie pauvre est massivement cachée. Le problème pour nous est que la corporocratie qui y règne en maître veut faire la même chose chez nous. Macron est l’un des leurs.

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    • Toutatis // 30.10.2018 à 09h19

      Faudrait retrancher de ce revenu médian les frais de santé et d’éducation pour comparer équitablement avec les revenus français

        +41

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  • Toff de Aix // 30.10.2018 à 08h07

    Il existe un reportage radio, disponible en podcast en libre accès, sur le site de là bas si j’y suis, qui raconte la visite de Daniel Mermet et de son équipe dans les égouts de Las Vegas, à la rencontre des oubliés du rêve américain. Dans ces égouts se sont réfugiés tous les sans abri de de la ville, et ce reportage m’avait frappé, à l’époque, parce qu’il montrait ce que l’Amérique veut cacher : la face obscure du rêve américain. Le plus frappant dans tout cela, c’est que ces damnés de la terre intègrent bien souvent par eux-mêmes le fait qu’ils sont des indésirables aux yeux de la société… Ils se cachent donc bien souvent, et le peu que le citoyen moyen voit d’eux, quand il consent à leur donner l’aumône ou à leur accorder un regard, ce peu là, sert bien à maintenir tout le monde dans le rang.

    Il suffit de discuter avec un sans abri par chez nous(car nous avons les mêmes bien sûr, et il y en a de plus en plus) pour s’en rendre compte : la majorité des gens les ignorent, parce qu’ils ont peur de ce qu’ils leur renvoient.

    Le message affiché par ces miséreux, c’est qu’il y a pire que la pauvreté, et que chacun peut expérimenter ce pire, s’il ne reste pas sagement à sa place….

    Nous avons encore, chez nous, à l’inverse des usa justement, quelques filets de sécurité qui permettent à énormément de monde de ne pas arriver trop vite à ce stade : sécurité sociale, assurance chômage, allocations familiales. Mais qui les défend ?

    Il ne se passe pas une semaine sans que je n’entende, dans les médias où dans mon entourage, des attaques contre « ‘l’assistanat ». Le fait est que ces filets de sécurité évitent la misère à des millions de personnes, et que macron et toute sa clique malfaisante sont en train de les détruire.

      +69

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    • Pinouille // 30.10.2018 à 09h01

      « Le plus frappant dans tout cela, c’est que ces damnés de la terre intègrent bien souvent par eux-mêmes le fait qu’ils sont des indésirables aux yeux de la société… »
      Ils l’intègrent d’autant plus qu’aux USA, plus qu’ailleurs, il est bien gravé dans les esprits que tu ne dois qu’à toi même ta réussite ou ton échec (ref rêve américain, self made man, etc…). Aussi, les « losers » doivent supporter leur condition et la culpabilité de leur condition: double peine.

        +22

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      • Emmanuel // 30.10.2018 à 10h08

        Il y a deux catégories de gens invisibles : les très pauvres et les très riches. Concernant la seconde catégorie, c’est juste que leur standing les place en des lieux qui ne sont pas ceux du quidam (aucune raison de prendre le métro pour aller au boulot, pour prendre un exemple). Les seconds parce que c’est subir une sorte de honte, et de se sentir carrément hors-jeu au quotidien (pas de quoi rentrer dans un magasin pour faire ses courses par exemple) ; et malheureusement, ces derniers ne votent pas ou très peu…..(alors que les premiers, oui).

          +10

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        • calal // 30.10.2018 à 13h29

          Si les 0.1% les plus riches votent,ben ca fait 0.1% des voix…
          ils doivent donc convaincre 50% de la pop de voter dans leur sens.Donc 50% de la pop doit se laisser abuser pour que la democratie aille dans le sens des 0.1%…le peuple est responsable egalement…

            +19

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          • Traroth // 31.10.2018 à 15h06

            Ils doivent convaincre les pauvres de voter pour les candidats des riches… ou au moins de ne pas voter ! C’est de plus en plus souvent grâce à ça que la droite gagne.

              +3

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    • Serge Bellemain // 30.10.2018 à 10h28

      Quand je suis arrivé à Lyon, en 1982 je prenais alors la direction de la MJC de Vénissieux, qui connaissait « les événements des Minguettes », j’ai découvert un film documentaire que je recommande à tous : « L’Amérique interdite » de Romano Vanderbes https://www.youtube.com/watch?v=3pvS-b64Kf0. Parmi les reportages présentés sur les Etats-Unis de l’époque (film de 1978), des « habitants » des réseaux sous-terrains de la ville de New York, humains parmi les rats, si je ne me trompe sur la ville, mais aussi l’exécution réelle d’un homme sur chaise électrique, filmée en accord du supplicié, et qui devrait être obligatoirement montrée aux adeptes de la peine de mort par souci pédagogique!, un autre sur le processus de nourriture des poulets de fast-food, et qui devrait être montrée aux adeptes de Mac Do et autres accusés de malbouffe, d’autres reportages encore qui n’ont, je le crains, rien perdu de leur actualité. Les USA, c’est la barbarie faîte homme!

        +14

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  • Catalina // 30.10.2018 à 08h13

    Le problème aux USA est que les gens apparemment gagnent bien leur vie mais et ce mais est énorme, tous les produits de premières nécessité coûtent un bras et il ne reste rien pour prévoir l’avenir, ainsi, les Américains vivent sur le fil du rasoir même s’ils gagnent assez bien leur vie. Il suffit d’un coup du sort pour qu’ils plongent dans la misère.
    ‘L’Amérique semble être à l’avant-garde d’un nouveau type de pauvreté. Un phénomène pour lequel nous n’avons pas encore de nom. C’est quelque chose comme vivre au bord du gouffre, être constamment au bord de la ruine, à un petit pas de la catastrophe et du désastre, avec toujours un risque de passer à travers les mailles du filet. Cette pauvreté a deux composantes – une inflation massive pour les frais de première nécessité de la vie, associée à un risque écrasant et asymétrique. »
    https://eand.co/why-america-is-the-worlds-first-poor-rich-country-17f5a80e444a

      +17

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    • Toff de Aix // 30.10.2018 à 09h24

      Article très intéressant et édifiant. En effet, le rêve américain se transforme en cauchemard, surtout depuis la crise de 2008…

        +4

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  • DUGUESCLIN // 30.10.2018 à 08h25

    En France un sans abri n’a même pas le recours de demander l’asile politique.
    L’asile politique permet d’être logé et de percevoir des aides. Faut-il changer de nationalité?
    En ce qui concerne l’Amérique, le modèle est fini pour beaucoup.
    Autrefois une personne qui s’achetait une belle voiture disait qu’il avait hérité d’un oncle d’Amérique.
    Maintenant les pauvres et sdf pourront dire qu’ils ont hérité d’un oncle d’Amérique pauvre et sans abri.
    Mais quand on n’a pas le courage de « traverser la rue » pour trouver un sous-emploi, c’est normal, n’est-ce pas Monsieur le représentant des financiers?

    Il y a de quoi en avoir « gros sur la patate ».

      +34

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    • PsyyyX // 31.10.2018 à 08h13

      Va falloir arrêter de croire que les SDF sont mieux traités quand ils sont réfugiés. Déjà, parce que la majorité des SDF ne sont pas français d’origine. Ensuite parce s’ils sont Français ils peuvent toucher les minima-sociaux (RSA).

      Et à l’image du milieu associatif qui s’est développé autour des réfugiés il existe un réseau associatif pour les bas-revenus et les SDF « nationaux ».

      Aller, je vais donner une vrai position de « gauchistes » : on s’occupe des deux ! On loge, forme, et remet sur pied les deux.

        +5

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  • Marie // 30.10.2018 à 08h37

    Ne pas oublier que les ménages étatsuniens vivent « à « et « du « crédit, l’encours des crédits à l’économie avoisinant les 100%…En conséquence, la discrète « planche-à-billet » turbine à plein, mais sur ce sujet, c’est l’omerta.

      +21

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    • la vieille gauloise // 30.10.2018 à 09h35

      Excellente remarque Marie : les Américains ont le crédit dans leurs genes C’ est très anglo saxon , l’ esprit mobile qui ne vise que le court terme , dans le royaume ou le dollars est roi , la planche à billets est souveraine ! Pourrions nous faire de même, nous Français ?…..

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      • Marie // 30.10.2018 à 10h59

        Nous sommes pieds et poings liés par notre appartenance à la zone euro, concluez…

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  • Serge Bellemain // 30.10.2018 à 08h45

    Le choc. Comment mieux décrire la réalité cachée de la fin de parcours des losers de ce système économique, en fin de course, que ne le fait Chris Hedges? Dans moins de 30 minutes j’irai faire quelques achats pour remplir le frigo, et comme chaque fois sur mon parcours je passerai devant cet homme, sans âge, qui « habite littéralement » un bout de trottoir. Depuis plusieurs années. Il sera assis sur son matelas roulé, saucissonné d’une cordelette, des sacs pleins soigneusement rangés près de lui, un verre en carton plein de café déjà froid dans la main, et peut-être un croissant, « généreusement offerts » par quelque habitant ou passant du quartier. Il aura le regard vide, peut-être la cigarette fine roulée aux lèvres. Ailleurs. Parfois les bagages sont là, seuls, laissés à la vigilance des autres, à notre vigilance. Parfois je le croise sur le chemin, barbu, traînant accroché à la taille un sac sans forme où doivent se trouver, peut-être, ce qui compte le plus pour lui. Je suis travailleur social, en retraite depuis quelques années, et j’ai dirigé sur la fin de ma carrière professionnelle des résidences ADOMA…c’est tout de suite après le 115, vous ne pouvez pas vous tromper! Cet homme est là. Je suis sûr que nombreux ont été celles et ceux qui, simples citoyens ou travailleurs sociaux, l’ont prié de le suivre là où il serait « pris en charge », aidé, accompagné, entré dans un processus de « ré-insertion »… Mais il est toujours là, depuis plusieurs années, chaque jour, qu’il pleuve, vente, neige, fidèle à son bout de trottoir, dont il a la « chance » que personne du monde de la rue ne lui dispute la place. Il est là, au croisement de plusieurs rues, près d’un parc…une des rues, face à lui et où se perd son regard, s’appelle « rue de l’Abondance ». Désolé de cette incise : ça ne s’invente pas. C’est dans le 7ème arrondissement de Lyon, dans l’hypercentre de l’agglomération lyonnaise, à moins de 10 minutes à pieds de la Place Bellecour. Et ce matin, quand je reviendrai de mes achats, à pieds comme plusieurs fois par semaine, d’un des plus grands centre de la consommation de France, La Part-Dieu, il sera encore là. Pour combien de temps? Seule bonne nouvelle, pour moi hein!?, le PCF va peut-être redevenir communiste, vraiment communiste, suite au résultat du choix de la plateforme préparatoire à son prochain congrès, votée par ses militants il y a quelques semaines. Bonne nouvelle pour moi, mais peut-être aussi pour lui, et pour nous tous.

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  • calal // 30.10.2018 à 08h51

    usa Densité 33 hab./km2 / france 100,8 hab./km2 / grande bretagne 277,14 hab./km2

    Le lumpen proletariat s’agglutine dans les villes pour recevoir la becquee de maman etat providence.En echange ca vote pour plus d’etat providence.Sauf que c’est vicieux parce que maman etat-providence est juste interesse par l’augmentation du nombre de dependants et pas par leur bonheur .
    .Rien n’oblige les sdf a rester dans les grandes villes,sauf l’abondance de drogues et de repas gratuits.
    Les grandes villes ont vote democrate et ont donne 3 millions de voix en plus a hillary clinton .Mais les peres fondateurs des us etaient des malins,savaient que le grand capital exproprie les paysans pour les entasser dans des villes (l’equivalent des poulaillers ou des porcheries industrielles mais pour le betail humain) ou ils sont facilement controlable et manipulables,donc ils ont donne plus de poids aux votes des grands electeurs ruraux.

    En france le transfert vers les villes est pareil mais le systeme politique est beaucoup plus verrouille qu’aux us. Le risque de financement des villes par une augmentation des taxes foncieres et l’expropriation des campagnes etait grand mais la vague trump balaiera tout ca avant.

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    • Sam // 30.10.2018 à 18h20

      « Rien n’oblige les sdf à rester dans les grandes villes à part la bouffe ».
      Vous avez réussi à vivre longtemps sans manger ?

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      • Sam // 31.10.2018 à 10h35

        [Réponse à un message modéré…]
        Pendant que papa grand capital exproprie les paysans et les entasse dans les villes, maman état providence crée des dépendants contrôlables et manipulables.
        Bébé va bien ?

        Vous oubliez « les libertés fondamentales » sonnantes et trébuchantes.
        Sans argent on ne peut rien faire. RIEN ! Aucun droit, aucune liberté.
        Sans argent, ils ne peuvent pas manger.
        Et ils ne peuvent pas aller pécher des poissons dans les étangs, parce que ça ne leur « appartient » pas. Comme ils ne peuvent pas aller fouiller dans les poubelles ammoniaquées, s’installer quelque part, et vivre peinard sur cette terre si généreuse parce que ça « appartient » déjà à quelqu’un, qui n’en fait rien, ou pire.
        Nous sommes tous des paysans sans terre, à cause de ces gens imbus d’eux mêmes, méprisants et pathétiques, qui regardent la misère en rigolant et en disant « c’est bien fait pour eux », avec le rictus des ignorants.

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      • calal // 31.10.2018 à 20h24

        Vous etes sans travail: sortez des grandes villes.Le systeme vous broiera dans les metropoles.

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        • Sam // 31.10.2018 à 21h58

          J’habite un petit coin de paradis entre la mer et la montagne.
          Vous ne devriez pas vous inquiéter pour moi, mais pour tous ces laissés pour compte.

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    • PsyyyX // 31.10.2018 à 08h14

      Crétin fini…

      La misère depuis l’Antiquité vient chercher de l’aide en ville. Y’a peut être une autre raison que « l’état providence » ?

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      • calal // 31.10.2018 à 13h34

        Tous les terrains sans proprietaire prive appartiennent a l’etat…qu’en fait il? au bout de 30ans d’usage sans reclamation, vous devenez proprietaire de fait d’un terrain prive…sauf si le terrain appartient a l’etat qui a un droit de propriete imprescriptible…
        votre rsa vous le touchez a paris comme a ploucbourg…

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      • calal // 31.10.2018 à 13h39

        La misere a ete longtemps du a des mauvaises recoltes et aux secheresses.Maintenant a la campagne,nous avons l’eau courante aussi donc on peut arroser nos cultures et on ne meurt plus de faim…

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  • Dominique Gagnot // 30.10.2018 à 09h44

    A terme, nous serons quasi tous SDF, ou disparus, c’est l’objectif des puissants pour limiter les dégâts écologiques :

    La financiarisation du capitalisme a permis aux Puissants de spolier l’ensemble des peuples. Cela dure depuis près de 50 ans.
    Ils sont maintenant confrontés au désastre écologique, conséquence de cette financiarisation.
    Leur solution est d’éliminer X% des habitants de la planète.
    Le plus simple c’est :
    – déclencher des conflits pour que les populations s’entretuent,
    – nous étrangler économiquement,
    – nous priver des ressources élémentaires telles que chez nous l’accès aux soins en abandonnant les hôpitaux, les maternités, etc., d’où la politique de Macron (sur ordre de « l’Europe »)
    – nous pousser au suicide,…
    Tout cela le plus discrètement possible, bien sur.

    Livre que je recommande chaudement :
    Comprendre l’Arnaque qui nous conduit au désastre…
    lien gratuit :
    https://www.dropbox.com/s/1931rl51zdahgay/Comprendre%20l-Arnaque%20capitaliste%20265.pdf?dl=0

    Livre papier :
    https://www.amazon.fr/dp/1729165990

    (sauf révolution)

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  • christian gedeon // 30.10.2018 à 10h43

    En Amérique ou ailleurs,la pauvreté est de plus en plus cachée.On ne veut pas voir le problème,et surtout,on ne veut plus essayer d’y remédier. Pour connaître d’assez près le sujet,je suis littéralement abasourdi par la profonde bêtise de ceux qui mettent la tête dans le sable,sous des formes différentes,mais toutes aussi stupides. Je m’explique,et je vais essayer de convaincre tous ceux qui trouvent au choix,que çà coûte trop cher,que ces gens là « n’ont qu’à travailler  » et j’en passe . je ne fais appel,ni à la générosité,ni aux droits humains,ni à la compassion. Je fais appel à l’intelligence et au bon sens. ne pas traiter ces problèmes coûte,in fine,infiniment plus cher que de les traiter.Laisser la misère de la rue s’installer,c’est créer des dépenses à terme énormes… de prise en charge médicale, de police,de prison ( parce que beaucoup y rentrent et en sortent régulièrement,et souvent pour des faits qui ne méritent pas la prison), d’énergies gaspillées,et j’en passe. Messieurs ,dames qui trouvent qu’il y a trop d’argent mis « dans la misère « , réveillez vous! Si cette misère n’est pas prise en charge et traitée,çà vous coutera beaucoup plus cher.

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    • Pinouille // 30.10.2018 à 12h02

      « Si cette misère n’est pas prise en charge et traitée,çà vous coutera beaucoup plus cher. »
      Tout à fait d’accord avec vous.
      Et je pense que l’on peut faire la même remarque pour l’immigration.
      Indépendamment de ce que chacun pense sur la légitimité des flux migratoires, nous avons intérêt à accueillir dans de meilleures conditions ces personnes, sinon nous le paierons au décuple.

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      • Chris // 30.10.2018 à 12h41

        « nous avons intérêt à accueillir dans de meilleures conditions ces personnes, sinon nous le paierons au décuple ».
        Etes-vous conscient que nous paierons cet « accueil » sur NOS deniers alors que s’est mis en place une exemption fiscale quasi complète des hauts revenus et multinationales qui eux se payent sur le bétail par une relance de la consommation (logement, soins, éducation, nourriture, vêtements, mobilité) ? Qui plus est en pays dramatiquement désindustrialisés !
        C’est bien ce qu’ont connut les USA en important massivement des populations : on voit le résultat…

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        • Pinouille // 30.10.2018 à 15h36

          Notez bien que j’ai écrit « Indépendamment de ce que chacun pense sur la légitimité des flux migratoires ».
          Sans même parler des futurs entrants, il me semble que parquer ces individus déjà ici (dont d’ailleurs une bonne partie a acquis la nationalité française) dans des ghettos sans mixité, sans travail, sans éducation correcte possible, cela revient à favoriser le modelage d’une population inadaptée aux enjeux de ce pays. Nous commençons à payer le prix de ces économies passées, ici comme ailleurs.

          Pour ce qui est de NOS deniers, l’Allemagne a opté pour une politique inverse de la nôtre: pas (ou très peu) d’immigration, mais pas non plus d’aide ou d’incitation aux parents: très peu de crèches (et hors de prix), peu d’allocations, etc…
          Résultat: un taux de fécondité de 1,39 en 2010 (ça remonte depuis: 1,6…)
          Conséquence: un retraité pour un actif dans 15-20 ans
          C’est un choix qu’il va falloir assumer.

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  • Marie // 30.10.2018 à 11h13

    En ce qui concerne la pauvreté aux EU, les mots « redistribution » donc « solidarité » sont bannis au profit (!) du « charity business » qui donne bonne conscience à l’individualisme soutenu par la religion….Malheureusement ce qui est advenu au Brésil il y a deux jours va dans le même sens.A lire dans « Manière de voir » de ce mois : « Le progrès en procès » pour être convaincu

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    • christian gedeon // 30.10.2018 à 11h42

      Marie,je suis souvent d’accord avec vous…mais là,non. Ce qu’on appelle le charity business( qui est un vrai businnes défiscalisateur et politique par ailleurs),n’est jamais que le signe évident de l’absence d’état. Par contre,et quoique vous en pensiez,il est bougrement efficace…aux US,en tous cas.Pour ce qui est du Brésil,où comme tout bon libanais ,j’ai de la famille,la chose est plus délicate. Il faut bien comprendre que le Brésil est encore un pays jeune et bouillonnant,sinon,on ne comprend rien au Brésil.je ne suis pas du tout aussi pessimiste que vous à propos de Bolsonaro…la chambre des députés brésilienne est composée d’une myriade de partis. Il va falloir qu’il fasse avec,qu’on se le dise. Et puis,pourquoi vous le cacher,chère Marie…l’opinion souvent hautaine des européens sur tel ou tel sujet me remplit de questionnement. Quand diable allons nous arrêter de juger les autres à l’aune de nos « valeurs »?

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      • Marie // 30.10.2018 à 12h34

        En écrivant (me croirez-vous?) « charity business » je me suis surprise à penser que c’était mieux que rien, d’abord. Ensuite je relève dans votre écrit que « nous » jugeons à l’aune de nos valeurs.En ce qui me concerne, pas. Pour avoir approché ( et séjourné dans) un pays dont (heureusement) on parle peu, pour avoir discuté avec jeunes et vieux, pour avoir beaucoup lu, j’ai réalisé que la raison et la sagesse, la conception positive de la vie y existaient : à Cuba, l’utopie de mépriser l’argent…Pourvu que cela dure !

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        • Brian64 // 30.10.2018 à 21h37

          @Marie
          À Cuba mépriser l’argent ? Il me semble que non, en tous cas pas selon Pablo Servigne. Même si le pays a fait ce qu’il fallait faire sur un plan environnemental, cela s’est fait à marche forcée et les cubains n’ont jamais vraiment accepté les restrictions que cela implique.
          Votre expérience de l’île est donc différente ?

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      • Marie // 30.10.2018 à 19h48

        Marie, Christian,
        Tout d’abord petit entracte comme dirait Tepavac:
        histoire de clarifier le castinge de la scène du film oû vous vous trouvez tous deux,
        je précise qu’il sévit sur ce site un gang de Marie (2,3,4 qui sait?).
        Bien que je sois souvent d’accord avec vos commentaires Marie et que nous évitons soigneusement d’emmêler nos fils, à ce stade de l’écriture scénaristique je rejoins Christian dans le sien.
        Je rajouterais même que les états ne chercheront jamais à soulager ou à faire disparaitre ( ce n’est pas ce que vous dîtes je sais bien) les « palliatifs » bien rentable et efficace( pour ce qui est du Charity Bzz) mais bon vu qu’il n’y a qu’eux.
        Ou bien pratique pour ce qui est des assoc’ qui s’occupent de la misère « intérieure » d’un pays,et qui font le boulot des états (sorte d’externalisation de la solidarité).
        Tout ça en offrant du temps de cerveau humain disponible aux dealers de nos écrans (merci les Enfoirés! nos pipoles Charity Bzzzzzzz).
        Ce n’est même plus une défaillance de l’état mais une volonté politique, « d’OGNiser » ce qui relève de son rôle ( j’irais même plus loin dans ma réflexion mais ce n’est pas le moment).
        Question Brésil, je vous rejoins encore Christian dans la prudence et l’observation distanciée, en tentant de laisser mes lunettes de petite européenne occidentale ignorante et imbue de mon-pays-des-droits-de-l’homme ( pays et Nation que je défend comme vous savez par ailleurs).
        Attendons de voir les prochaines scènes de ce Borsalino brésilien (oui j’ai osé et c’est à ça qu’on me reconnait!).
        Je retourne à mon strapontin.

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    • petitjean // 30.10.2018 à 17h41

      la situation du Brésil est préoccupante. Mais, faut-il rappeler que c’est après 15 ans de domination de la gauche .Nous verrons ce que pourra faire le nouveau président de « droite »

        +1

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      • Sam // 30.10.2018 à 18h30

        C’est après 2 ans de domination de la droite à la suite d’un coup d’état législatif organisé par ce que le pays comptait de plus corrompus.

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        • JLR72 // 31.10.2018 à 19h29

          Et soutenu par une presse aux mains de l’élite. Globo (quotidien le plus lu) avait d’ailleurs poussé pour la destitution de Rousseff!

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          Alerter
  • e // 30.10.2018 à 17h19

    le problème avec les « revenus médiants, smic/smig  » c’est qu’on ne voit pas ceux qui se gavent et on ne voit pas les smiccard et précaire qui touche un smic mais sur seulement sur quelques heures….ceux qui pocèdent fractionne le temp de travail et font payer aux pauvres les déficit de l’état.

      +2

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  • Dominique Gagnot // 30.10.2018 à 18h04

    Le pouvoir réel est le pouvoir économique. Il suppose la propriété lucrative des ressources premières,
    Ces ressources sont en particulier :
    La biosphère en général, le sol, le sous-sol.
    Les réseaux de communication : – matériel, – énergie, – informationnel,
    Les services de Santé, Éducation,
    Les immeubles,
    Les grandes entreprises.
    Les médias qui fabriquent « l’opinion »,
    Le Savoir,
    La monnaie.

    A défaut de les détenir et de savoir les gérer, un gouvernement « de gauche » n’aura aucun pouvoir, et sera fatalement condamné à l’échec.
    Les gouvernements dits « de gauche » ont, pour cette raison, toujours échoués, puisque le réel pouvoir restait aux mains du privé !

      +9

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    • Patrick // 30.10.2018 à 21h50

      Un gouvernement ou un état n’ont aucune légitimité à détenir tout ça. Ils ne sont pas propriétaires du pays , ils ont tout juste un rôle d’administrateur ( et encore , faudrait-il limiter leur périmètre d’action )

        +3

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      • Dominique Gagnot // 30.10.2018 à 22h59

        Et pourquoi donc, si le peuple le souhaitais ? La Terre appartient à qui ?

        La propriété d’usage peut être privée. Normal, chacun chez soi.
        Mais il est aberrant que des ressources naturelles, à commencer par le sol, (et par extension les ressources premières) puissent faire l’objet de propriété lucrative privée ! C’est bien là la source de nos malheurs.

        Suffirait il de clôturer un champ et de dire « ceci est à moi » pour être proprio ? Ok, c’est la coutume, mais c’est du vol, puis du recel.

        Quel seraient vos arguments pour contredire ça ?

          +3

        Alerter
      • Sandrine // 31.10.2018 à 13h19

        Patrick,
        Le principe même de propriété privée n’existe pas sans une collectivité qui organise un « droit » de propriété !!
        Allez dire à une bête sauvage qui piétine les plantations de votre champ: « tu n’as pas le droit de passer par là ! C’est ma propriété privée » et vous verrez si la prochaine fois elle va faire un détour pour ne pas passer par votre champ!!!

          +2

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        • Marie ( Pan Pan ) // 31.10.2018 à 13h54

          Moi je ne lui dis rien je laisse parler ma soeur Chrevotine, les sangliers ont une excellente mémoire!

            +3

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  • Vlad // 31.10.2018 à 01h38

    Quelques pensées, pour vous répondre :
    L’Etat, la bureaucratie plus particulièrement, est une machine a gaspiller car rien ni personne ne peut l’obliger à maîtriser ses dépenses (admirez nos gouvernants qui rivalisent d’ingéniosité pour inventer de nouvelles taxes, plutôt que de chasser les gaspillages).

    Ensuite, la centralisation de tout ces pouvoirs dans les mains de l’État me fait franchement froid dans le dos. C’est offrir l’outil parfait au premier apprenti dictateur venu, ou serviteur de nos chères corporations. Or ce sont souvent les moins scrupuleux que l’on retrouve en haut de la chaîne du pouvoir.

    Tout ces pauvres gens presentés dans l’article peuvent être aidés, c’est certain. Mais je ne crois pas qu’il existe une solution simple. Ou plutôt, je ne crois pas qu’il faille s’en remettre à l’État pour trouver cette solution.
    Il nous appartient d’etre charitable, il nous appartient de demander des comptes a nos « gestionnaires », il nous appartient surtout de refuser l’idéologie et les solutions « y a qu’à / faut qu’on ».

    Et si on essayait vous et moi de commencer par ce sur quoi nous pouvons agir, par notre position ou relation ? Essayer de faire sauter les verrous de la bêtise et de la paresse de beaucoup de ceux qui nous entourent. Essayer d’etre exemplaire et d’inciter à toujours faire cet effort supplémentaire pour notre prochain, celui que désigne ce troisième mot oublié de notre devise : Fraternité.

      +3

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    • Dominique Gagnot // 31.10.2018 à 10h58

      Le plus efficace serait que vous et moi, et tout le monde réunissions nos moyens, pour construire quelque chose de vivable. Et on appellerait ça l’État.

        +4

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    • Sandrine // 31.10.2018 à 11h22

      @vlad, et à tous ceux qui croient que l’Etat pompe leur cher argent indûment: sans état il n’y aurait pas de monnaie et rien ne garantit que vous auriez accès à plus de biens de consommation car vous seriez à la merci de multiples mafias pas forcément enclines à se soumettre à la « loi morale » que vous invoquez pour nous enjoindre à la « fraternité ».
      Sans l’etat, la « fraternité » s’appelle solidarité tribale. La fraternité entre tous les hommes n’a de sens que dans un monde pacifié par l’etat. Il va sans dire que cette fraternité n’a aussi de sens que sur une zone territoriale définie, c’est à dire dans un cadre national. La fraternité internationale est possible uniquement dans une optique religieuse (les frères ont alors tous le même « père spirituel » qui leur a transmis une loi commune) – pas facile quand on veut conjuguer ça avec la laïcité et que les animalistes vous objectent en plus la fraternité avec les animaux…

      Le problème de l’etat dans notre monde soit disant démocratique et libéral, c’est qu’il est confisqué par une caste, une oligarchie qui n’a rien d’aristocratique.
      Adam Smith disait qu’il ne fallait surtout pas laisser les commerçants et les industriels prendre le pouvoir car cette classe n’aurait jamais le sens du bien commun et de la juste redistribution des richesses. Malheureusement, c’est ce qui a été fait!

        +3

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    • Barbe // 31.10.2018 à 13h55

      Au niveau individuel on pourra s acheter une bonne conscience. C’est déjà ça.
      Mais il est possible de changer le système. Le contrôle de la gestion des biens communs peut venir après la transmission de la souveraineté au peuple, à savoir le fait qu’il vote directement les lois.
      Votre peur quant à la gabegie se dissipera.

        +2

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  • abo // 31.10.2018 à 07h57

    Pour ceux qui ne connaissent pas voici le quartier de Skid Row à Los Angeles.

    https://www.youtube.com/watch?v=e8fsfwo6R-Y

      +2

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  • Marie PanPan (l’autre Marie) // 31.10.2018 à 09h39

    Vlad,
    D’accord pour l’ensemble de votre commentaire, excepté le mot de la fin:
    Fraternité? bof bof…. encore une Fantine que les belles âmes depuis 230 ans n’ont cessé d’outrager.
    Je préfère la B.O.F qui s’articule autour d’une éthique de l’honneur, en lieu et place de la morale humanitaire: à savoir,
    l’esprit du don au lieu de l’échange,
    les valeurs partagées au lieu des ambitions individuelles,
    la solidarité organique au lieu de l’égoïsme narcissique.
    Bref de vieux oripeaux qui puent aujourd’hui et que revêtait pourtant notre vieux tronc commun.

      +4

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  • Gékolin // 31.10.2018 à 22h42

    @ Toff de Aix Merci d’avoir signalé ce reportage de Daniel Mermet. Voici le lien. C’est en accès libre.

    Les invisibles de Las Vegas:

    https://la-bas.org/la-bas-magazine/les-archives-radiophoniques/2012-13/janvier-526/las-vegas-en-dessous-de-tout

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  • ChauffeLaBreizh // 05.11.2018 à 00h19

    La face caché de l’Amérique. Cette face que toute personne qui y est allé en allant derrière les immeubles types Corée (avec une seule façade peinte) m’a dit en tombant le masque : le discours de quelqu’un qui a vu à la fois une autre planète et à la fois un pays du tiers monde… en étant choqué de l’un et de l’autre. Cote Est, Cote ouest, j’ai eu le même discours.
    Discours que je ne suis pas allé vérifié en allant sur place, refusant que ma femme passe dans une file pour « personne de couleur », et moi dans une autre… Cependant très récemment j’ai vu le reportage de 2012 sur Youtube sur les prêts étudiants américains et j’ai été complètement choqué. A cent lieu de ce que je pensais je me suis retrouvé à voir des centres de formations parfois bidons en guise « d’université », cul et chemise avec une banque certifié par l’état (à coup de pot de vin) et qui endette sur 30 ans des étudiants de classe moyenne et pauvre se cherchant un avenir dans une escroquerie à l’échelle d’une génération. Cette amérique… dont une majorité d’américains sont eux même victime (70% des étudiants et 1650Milliards dont déjà 10/15% en défaut) Et tout en continuant de la bénir, je crois que c’est l’ultime esclavage qu’ils ont réussit à obtenir, c’est terrifiant, pathétique, et en même temps, j’en avais les larmes aux yeux de ces pauvres jeunes avec leur dette de 100 000 dollars…

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