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12.juillet.201812.7.2018
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[RussEurope-en-Exil] Identité, narcissisme et le besoin de souveraineté, par Jacques Sapir

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La question de l’identité, réduite au narcissisme le plus nu, traverse les foules quand elles ne sont plus citoyennes. Ce constat, je l’écrivais il y a plus de deux ans[1]. Une nouvelle preuve nous est donnée par les dérives de ce que l’on peut appeler la « gauche identitaire » mais aussi de certains « intellectuels ». C’est le fruit amer des dénis de souverainetés successifs que notre pays a connu ces dernières années, dénis qui ont conduit à une remise en cause des fondements de la démocratie c’est à dire la capacité de tous de participer, d’élaborer et de discuter un projet commun. L’éclatement et la fragmentation de la société, processus dont le montée des fanatismes religieux mais aussi des mouvements cherchant à revendiquer à tout prix une « différence » sont des symptômes de la perte de ce sens du bien commun. Il est significatif que ceci ait touché la « gauche », avec l’émergence de la « gauche identitaire », alors qu’elle se caractérisait jusque là par son adhésion à l’universalisme. Mais, ceci ne doit pas faire oublier non plus le développement des formes du fanatisme religieux qui se prétendent, à un titre ou à un autre, des « dépassements » de la Nation et de la Démocratie. Il faut donc identifier avec précision le phénomène si on veut pouvoir y formuler des parades et des réponses.

 

Qu’appelle-t-on la « gauche identitaire » ?

Le terme de « gauche identitaire » a été formulé par Alexis Carré dans une récente interview qu’il a donnée au Figaro[2]. Pour lui, cela désigne cette frange militante qui s’inspire des idées développées aux Etats-Unis dans les années 1990. On y trouve tant des militantes d’une féminisme que l’on peut trouver extrémistes que les militants dits « décoloniaux »[3]. Il s’agit d’une reformulation d’un terme que les analyses de Laurent Bouvet avaient mis sur le devant de la scène[4]. Mais, dans ce dernier contexte, le terme de « gauche identitaire » servait plus à désigner des militants de gauche acceptant de parler de la notion d’identité[5].

Dans l’interview d’Alexis Carré, il s’agit donc des militants de cette nouvelle forme d’activisme qui est d’abord apparue sur les campus universitaires américains. Cela a produit une génération de militants qui sont moins préoccupés par l’exercice du pouvoir que par la critique de la domination et la défense (ou plus exactement la pseudo-défense) des minorités dominées. J’y avais été d’ailleurs confronté lors d’une série de conférence donnée, à l’invitation du regretté Moshe Levine, à l’Université de Philadelphie au début des années 1990[6].

Ce mouvement, que l’on peut appeler le «progressisme identitaire» et qui prétend s’inspirer des travaux de Michel Foucaud, a également engendré une stratégie électorale particulière. Celle-ci a été illustrée en France par le fameux rapport Terra Nova de 2011[7]. Dans ce document, Olivier Ferrand, Romain Prudent et Bruno Jeanbart constataient l’érosion du soutien des classes populaires à l’égard du parti socialiste. Le constat était exact, mais les causes de ce désamour n’étaient pas analysées. Car, ce désamour provenait du ralliement progressif de la Social-démocratie, en France comme ailleurs, au néo-libéralisme. Il suffit d’ailleurs de voir les trajectoires hier du PASOK grec, et aujourd’hui du PD italien et du SPD allemand. Il s’aggravait de son comportement particulier qui l’avait conduit à s’opposer à la volonté populaire clairement affirmée dans le référendum de 2005[8], et de sa collusion avec la droite pour faire passer en Congrès à Versailles le Traité de Lisbonne qui reprenait largement le texte rejeté lors du référendum. Les auteurs de ce rapport invitaient donc le PS à se reconstituer une majorité par l’agrégation de segments électoraux minoritaires rassemblés autour de problèmes identitaires et sociétaux (multiculturalisme, mariage homosexuel, droits des femmes etc.) De fait, cela ouvrait aussi la porte à un clientélisme municipal éhonté qui fut analysé dans le premier livre de Céline Pina[9].

 

Les dangers de cette « gauche identitaire »

Les dangers de cette prétendue « gauche identitaire » sont évident, et sont bien analysés par Alexis Carré. Ils l’avaient été avant par Fatiha Agag-Boudjahlat dans son ouvrage Le Grand Détournement dont j’ai rendu compte en novembre 2017[10]. Alexis Carré montre en particulier que les mouvements ou partis progressistes ont, dans les faits, beaucoup soufferts de la présence ou de leur association avec ces nouvelles formes militantes. Ces dernières ont, petit à petit monopolisé l’attention et surtout le thème symbolique de la « contestation ». Ces associations, qu’il s’agisse de certains des « décoloniaux » ou du PIR voire du CCIF[11], dont les aspects néo-racistes du discours ont été établis[12], ont paralysé la capacité à organiser et à participer à des délibérations démocratiques en vue de diriger une véritable action collective. Elles ont construit en réalité une nouvelle forme de segmentation des espaces politiques, qui s’est traduite progressivement en une véritable ségrégation. Or, l’expérience des luttes sociales montre que la segmentation et la ségrégation profite toujours, en dernière analyse, aux dominants et aux forces sociales qui se tiennent du côté des exploiteurs.

Cette paralysie a donc pris plusieurs formes, correspondant à des « stades » dans la progression de cette « gauche identitaire ». Dans un premier temps, comme le fait remarquer Alexis Carré « ces mouvements n’ont accordé leur soutien aux partis traditionnels qu’en échange de mesures dont leurs adversaires conservateurs ne pouvaient accepter l’application sans se couper de leur base ». De fait, si le point de départ de certaines mesures peut être juste (par exemple dans la revendication de droits démocratiques), elles dérivent rapidement vers des mesures bien plus contestables (le trop fameux « droit à l’enfant » opposé aux droits de l’enfant) voire condamnables (comme la GPA qui fait de l’humain une marchandise). Dans les pays où de tels compromis ont été passés apparaissent alors de nouvelles formations et un nouveau personnel politiques qui cristallise l’opposition à ces réformes. Ce phénomène de bipolarisation fait alors disparaître les problèmes réels qui sont ceux du chômage, de la ségrégation sociale et territoriale. Ces problèmes ne trouvent plus dans la « gauche institutionnelle » les porteurs d’une contestation. Les populations concernées accélèrent alors leur désamour vis-à-vis des partis traditionnels et se tournent vers des partis qualifiés de « populistes », qu’ils soient de gauche ou de droite. On en voit un exemple parfait dans l’Italie actuelle, ou la « gauche » se trouve dévalorisée et réduite à une position qui consiste à taxer de « fascistes » ces dits mouvements, sans comprendre pourquoi ils l’ont supplanté.

Pour Alexis Carré, ceci fut aggravé par « le langage accusateur et agressif, essentiellement anti-pluraliste, dans lequel étaient exprimées les revendications progressistes ». Il faut ici faire une mise au point. Si certaines des revendications portées par cette « gauche identitaire » sont effectivement progressistes, une autre partie, et qui tend à devenir majoritaire, est en réalité régressive, quand elle n’est pas extraordinairement réactionnaire. Si cette rhétorique a garanti aux tenants de la gauche identitaire bien des succès d’opinion auprès d’une partie de la population qui était plutôt urbaine, diplômée et cosmopolite, elle a rendu impossible à ceux qui étaient exclus (les déclassés et les ruraux) d’envisager avec elle une action, des intérêts ou un destin communs. De fait, l’action et la rhétorique de la gauche identitaire constituent fondamentalement une antipolitique qui divise au lieu d’unir. Mais, cette antipolitique ne tombe pas du ciel. Elle découle de la substitution de la morale au politique qui caractérise nos sociétés en proie au néo-libéralisme[13]. En fait, il vaudrait mieux parler d’une « pseudo-morale », d’une idéologie donc, qui ne recouvre à peine que l’expression la plus crue des intérêts des puissants. Et qui dit idéologie dit aussi les idéologues du pouvoir qui s’entendent à diffuser cette pseudo-pensée.

 

Le populisme est-il une réponse à cette « gauche identitaire » ?

Michel Wieviorka, dans une interview donnée au journal Avanguardia et reproduite sur son carnet de recherches (ce qui ne lui a pas attiré les même foudres que moi pour avoir fait la même chose comme il convient de le souligner) présente alors ce qu’il prétend être un « constat » : « Ces forces populistes, nationalistes ou d’extrême-droite trouvent une bonne partie de leur clientèle électorale dans des secteurs que l’ouverture économique au monde contribue à décomposer ou à affaiblir, ou qu’elle inquiète confusément : ouvriers dont les usines ont fermé les unes après les autres, couches moyennes en chute sociale, et découvrant que les enfants vivront moins bien que les parents, jeunes pour qui l’accès aux études risque d‘être fermé, etc. Elles détestent les élites, qu’elles associent aux images de la globalisation, et sont convaincues que les migrants sont source de leur malheur; elles transforment leurs peurs et leurs difficultés économiques en hantise pour leur identité culturelle. Et leur poids politique est considérable. On leur doit le Brexit, la présidence de Trump, avec son hostilité aux migrants et la taxation de certaines importations, et divers régimes liés à l’extrême-droite en Europe centrale et, désormais en Italie.[14] »

Il identifie bien les catégories qui sont frappées par le choc de la mondialisation et qui se révoltent. Mais, si ces catégories détestent les élites, elles ne font pas des « migrants » la seule source de leur malheur. Par contre, elles associent bien le phénomène des migrations de masse à la mondialisation qu’elles rejettent. L’incapacité de Michel Wieviorka à comprendre que les « migrants » ne sont en tant que phénomène de masse qu’une main-d’œuvre à bas coûts, taillable et corvéable à merci que les élites mondialisées cherchent à importer dans leurs pays est frappante[15].

Jean-Luc Mélenchon, lui, l’a compris, qui, dans la plate-forme électorale de la France Insoumise, a fait écrire : « Émigrer est toujours une souffrance pour celui qui part, (…). La première tâche est de permettre à chacun de vivre chez soi. » Pour cela, le candidat propose rien de moins qu’« arrêter les guerres, les accords commerciaux qui détruisent les économies locales, et affronter le changement climatique »[16].

En associant « populisme » et « nationalisme » à « extrême-droite », de plus Michel Wieviorka fait une faute, qui ne peut être attribuée à l’ignorance. Les travaux d’Ernesto Laclau ont montré les racines d’un populisme de gauche, qui s’appuie aussi sur la question nationale[17]. Que le populisme soit par ailleurs complexe, et puisse sous certaines formes, dériver vers des structures très autoritaires, est une évidence[18]. Mais, cela ne peut suffire à la classer à l’extrême-droite. On ne veut pas croire que ce grand sociologue ait oublié ce que Max Weber écrivait[19]. Faut-il qu’il soit bien aveuglé par l’idéologie et le fanatisme dans un combat politique douteux pour qu’il méprise ce que toute une tradition de la sociologie (et de la sociologie politique en particulier) avait établi.

Mais, il n’est pas le seul à sombrer dans le fanatisme. Il faut maintenant étudier la question des mouvements identitaires religieux.

 

L’identitarisme religieux, autre face de la gauche identitaire

Car, Alexis Carré, et on peut le regretter, ne pousse pas son raisonnement jusqu’au bout de sa logique. La revendication des « identités » peut aussi avoir une autre forme, dont les conséquences aboutissent à mettre en cause tout aussi radicalement l’idéal républicain et démocratique. Et, cette limite dans son raisonnement vient du fait qu’il méconnait ou minimise la dimension narcissique dans la revendication identitaire.

Ainsi, les jeunes qui se tournent vers la religion, et pour certains vers un fanatisme monstrueux et criminel, révèlent en réalité une montée de ces affirmations identitaires et narcissiques. Au « nous » qui était proposé par la République, mais qui perd progressivement de sa crédibilité car la République n’est plus souveraine et la souveraineté du peuple ouvertement bafouée, se substitue tout d’abord le « je ». Mais, devant la vacuité de ce « je », devant aussi son impuissance, on cherche à reconstruire un « nous », mais un « nous » particulier, excluant les autres. On se cherche alors des traits communs au plus proche, et très souvent dans l’apparence. L’affirmation identitaire et narcissique fait ici le lit du fondamentalisme. Ainsi, derrière l’apparence d’une montée de la religiosité, c’est en réalité à une montée des affirmations identitaires et narcissiques que l’on assiste. Car, la connaissance des textes, des exégèses, est ici réduite au plus simple appareil d’une lecture littérale. Les crispations autour des tabous alimentaires et vestimentaires, sur les signes extérieurs (comme la question du voile chez les musulmans) ont avant tout pour but d’identifier brutalement un groupe pour que ce dernier puisse se constituer en une communauté. Cette affirmation sert aussi à le séparer du reste de la population et à l’enfermer sur des références mythifiées pour le plus grand profit de quelques uns.

Ces pratiques, qui produisent naturellement des mouvements de réactions, font en réalité progresser la division des individus entre eux au lieu d’y mettre fin. Dans la quête de la pureté, et toute religion distingue le « pur » de « l’impur », il ne peut y avoir de mouvement collectif, si ce n’est celui de petites communautés en proie aux réactions violentes d’autres communautés. On croit ainsi se protéger de l’anomie et l’on s’y précipite tête baissée.

C’est donc à une course non vers l’autre mais à la revendication de soi que l’on assiste. Et l’on comprend bien que, dans cette course effrénée, les principes eux-mêmes sont manipulés, instrumentalisés, sacrifiés et perdus. Les fameuses « réformes sociétales », aujourd’hui promues au rang de substitut des réformes sociales par ceux-là mêmes qui ne font que pousser à la roue du « froid paiement au comptant » et de l’idéologie de marché[20], se font alors que dans la société un certain nombre de droits fondamentaux régressent. Le narcissisme forcené se révèle à chaque étape de ce que l’on veut nous présenter comme une lutte émancipatrice et qui n’est qu’une parade des intérêts individuels de certains. Ce n’est donc pas dans la parade des identités camouflée sous le masque du religieux (ou d’un athéisme militant), que l’on trouvera un principe permettant à des populations de faire cause commune; bien au contraire.

De fait, la forme politique de revendication du narcissisme identitaire n’est autre que l’acceptation d’une société anomique. Il faut donc reprendre les notions et les concepts que prétendent utiliser ceux qui se font les fourriers de cette anti-société.

 

L’imaginaire d’une société divisée

Ceci implique de revenir sur la nature de la société que nous préparent, et pour certains nous promettent, les tenants de ces divisions et de ce « multiculturalisme » qui s’oppose en fait à la constitution d’une culture réellement nationale[21].

Il convient, tout d’abord, de revenir sur les notions d’Ethnie et de tribu, notions dont même la publicité s’est emparée. « Rejoignez votre tribu » disait une publicité des années 1990 pour un ancêtre du SMS et des réseaux sociaux, reprise maintes fois aujourd’hui.

Ce ne sont pas des faits « objectifs » qui amènent à la constitution d’une Ethnie, d’une Tribu ou d’un Peuple comme on le croit bien souvent mais des principes politiques. Ceci a été montré par un grand anthropologue, Maurice Godelier, dans son étude sur les Baruya[22]. Il insiste sur l’origine historique des clans et des ethnies. La définition ethnique n’est pas la solution à la constitution de la société : «L’ethnie constitue un cadre général d’organisation de la société, le domaine des principes, mais la mise en acte de ces principes se fait dans une forme sociale qu’on reproduit et qui vous reproduit, qui est la forme tribale »[23]. La distinction entre « tribu » et « ethnie » est essentielle si l’on veut comprendre comment se constituent les peuples. Avec la tribu nous sommes de plein pied dans des formes politiques d’organisations de la société. Et il faut rappeler l’étymologie du mot « tribun », un mot qui de nos jours désigne une personne douée pour les discours politiques, mais qui renvoyait autrefois à une réalité plus complexe. Ce mot renvoie en effet, dans la Rome républicaine, à la division politique de la société en « tribus »[24]. Or, ces « tribus » renvoient elles-mêmes plus à des divisions sociales qu’ethniques ou territoriales : la plèbe contre les patriciens.

Il faut cependant faire une distinction nécessaire entre l’imaginaire et le symbolique pour ce qui est la constitution historique de ce corps social. Dans le domaine du symbolique, il apparaît l’importance de la part du dit corps dans la constitution de ce sujet social et sur la distinction entre les choses que l’on vend, les choses que l’on donne et celles qu’il ne faut ni vendre ni donner mais transmettre. On retrouve ici l’importance des règles, qu’elles soient explicites ou implicites, et qu’elles soient ou non adossées à un tabou. Si les règles symboliques, du fait de l’importance qui leur est conférée, ont bien un effet objectif (nul ne peut s’abstraire sans conséquences des liens familiaux particuliers ni rompre un tabou) leur origine est purement sociale (établir une domination ou organiser des formes de coopération). Le processus d’autonomisation par rapport aux conditions d’émergence et de production est bien de l’ordre du réel, et la situation créée par l’existence d’un mode symbolique en surplomb du monde réel constitue bien une contrainte pour la totalité des acteurs. Pourtant, cela n’empêche pas qu’historiquement, ce qui prime est le processus d’engendrement et de production de ces mêmes règles sociales. La vie en société est donc en réalité antérieure à la construction de l’ethnie. L’ethnie est une construction sociale[25] et non une réalité biologique, et il s’agit parfois d’un mythe discursif utilisé pour séparer une population d’une autre. C’est dans ce sens d’ailleurs que le terme ethnie est utilisé par les racistes de tout poil…

 

Retour à la question politique

On voit ce qui est en jeu, tant dans les pratiques et le discours de la « gauche identitaire » tout comme dans les pratiques et les discours des autres identitaires ou des séparatistes religieux : c’est l’imposition d’une société divisée, obéissant à des règles morales, dont la contestation deviendrait dès lors impossibles car relevant de la représentation du bien et du mal imposée aux individus par ces idéologies. On peut le constater avec la dernière décision du Conseil Constitutionnel[26]. Cette décision est scandaleuse car elle fait entrer un principe directement, dans médiation, dans le corps de la loi. La fraternité, principe fondateur de la République, ne peut être présentée sans médiations. Ainsi, la liberté, autre principe fondateur, est toujours accompagnée de médiations diverses qui permettent au Droit de s’en saisir. La plus célèbre d’entres elles étant bien entendu que la liberté individuelle s’arrête ou commence celle d’autrui. A vouloir établir la fraternité en principe non intermédié, le Conseil Constitutionnel risque de se trouver devant le cas suivant : une personne offre un logement gratuitement à des individus, exprimant ainsi sa fraternité ; ces individus commettent un crime dont la personne les logeant a connaissance ; cet individu ne pourrait donc être poursuivi. Tel est le risque de résultat paradoxal que le Conseil Constitutionnel a pris en faisant de la « morale » là ou on ne lui demandait de faire que du Droit. Et, cette évolution, quoi que typique de l’évolution de notre société, pose le problème de la légitimité du Conseil Constitutionnel[27]. Dans une telle société, la politique n’a plus sa place, et donc, naturellement, la souveraineté n’est plus nécessaire.

La souveraineté donc ; on a commencé par cela et c’est par cela que l’on finit. Une société privée de la souveraineté dépérit en tant que société. Dépérissant en tant que société, elle condamne les individus qui y vivent à la misère la plus atroce. Elle n’est plus capable de construire des « buts communs », ces « buts » qui ne préexistent pas aux êtres humains mais qui se définissent au travers des conflits sociaux, dans des débats sociaux, débats auxquels il convient d’associer tous les membres responsables de cette société. C’est ici que la Démocratie s’affirme comme un bien précieux. Mais, cette Démocratie ne saurait exister sans la souveraineté ni sans les frontières. Cela fut réaffirmé dans le droit de la Révolution française[28]. Un espace démocratique implique en effet que soit précisé qui et « dedans » et qui en est « dehors ».

Cette question est trop souvent ignorée. L’existence d’une Démocratie implique les frontières pour que le corps politique souverain puisse fonctionner sans risque de dilution qu’il ne contrôlerait pas. Cela implique que puisse se constituer cette culture politique commune sans laquelle le débat ne peut fonctionner. Car, la culture fonctionne comme un langage ; c’est elle qui nous fait comprendre quand un locuteur dit une chose quelle est cette chose. Et, point encore plus important, qui nous permet de décrypter le non-dit des acteurs, de ne pas avoir besoin de communication explicite pour nous comprendre dans un certain nombre de cas. C’est aussi pour cela que le multiculturalisme, opposé à la pluralité des cultures d’origine, est un poison pour la démocratie. Quelles que soient nos cultures d’origines, avec lesquelles nous entretenons des liens d’ailleurs plus ou moins fort, il ne peut exister qu’une culture politique dans un pays donné.

Il faut donc ici affirmer que l’enjeu du combat essentiel : la survie de la démocratie dans un cadre souverain. Mais, ce combat peut passer par la réappropriation de formes dites « populistes ». A un espace segmenté et fragmenté par de petites communautés en conflit les unes avec les autres, ce que fut le système féodal au tant de la micro-seigneurie, le populisme oppose la constitution raisonnée de but communs capables d’unifier cet espace. C’est pourquoi on est en droit de considérer les formulations à l’emporte-pièce qui prétendent établir une identité entre extrême-droite et populisme comme une forme particulièrement pernicieuse de mensonge politique.

 

 

Revenons un instant sur la question du narcissisme. Il est fondamentalement un symptôme d’une société que se défait. Mais, il peut être aussi un facteur agissant de ce processus de destruction. C’est pourquoi, tout ce qui l’encourage est à proscrire. Au-delà, la « stigmatisation » du populisme par certains révèle une dangereuse complaisance envers les formes les plus mortifères de ce narcissisme. Cette complaisance peut être perçue comme un encouragement aux forces qui cherchent à défaire aujourd’hui la société.

Contre ces forces, il faut « faire de la politique » et ne pas se placer sur le terrain de la morale, ce qui reviendrait à reconnaître leur victoire. Faire de la politique implique chercher à convaincre, passer des accords, autour de buts communs. Mais, la définition de ces derniers relève, elle, du politique, autrement dit de l’affrontement entre « eux et nous », qui implique une définition précise tant du « eux » que du « nous ». On peut considérer que font partie du « eux » tous ceux qui nient la souveraineté, qu’ils soient acteurs, théoriciens ou idéologues. Cela définit alors dans le « nous », tous ceux qui se fondent sur cette notion si importante de la souveraineté.

Notes

[1] Sapir J, Souveraineté, Démocratie, Laïcité, Paris, Michalon, 2016.

[2] http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2018/07/03/31002-20180703ARTFIG00205-comment-le-langage-de-la-gauche-identitaire-detruit-le-bien-commun.php

[3] Voir Verschuur C. et Destremau B., « Féminismes décoloniaux, genre et développement: Histoire et récits des mouvements de femmes et des féminismes aux Suds » in Revue Tiers Monde, 2012/1, n°209, pp. 7-18.

[4] Bouvet L., L’Insécurité culturelle : sortir du malaise identitaire français, Paris, Fayard, 2015.

[5] http://www.liberation.fr/france/2015/02/06/la-gauche-identitaire_1197259

[6] Je me souviens ainsi qu’à la fin de ma quatrième conférence destinée à des étudiants en Master2 et en thèse, l’un d’entre eux s’était levé pour me demander combien d’étudiants LGBT assistaient à mes cours à Paris. Je lui avais répondu que je ne savais pas, n’étant pas d’usage à ce que l’on demande aux étudiants leur orientation sexuelle, ni d’ailleurs à ce que les étudiants en fassent mention dans le cadre universitaire. La réaction outragée de l’étudiant nous avait beaucoup amusée Moshe Levine et moi….

[7] http://tnova.fr/rapports/gauche-quelle-majorite-electorale-pour-2012

[8] Voir Sapir J., Le fin de l’Eurolibéralisme, Paris, Le Seuil, 2006.

[9] Pina C., Silence Coupable, paris, Editions Kero, 2016. J’en ai rendu compte sur mon carnet RussEurope à l’époque : https://russeurope.hypotheses.org/4909

[10] Voir Agag-Boudjahlat, Fatiha, Le grand retournement, Paris, Le Cerf, 2017, et la recension : https://www.les-crises.fr/russeurope-en-exil-detournement-de-sens-par-jacques-sapir/

[11] https://jean-jaures.org/nos-productions/radiographie-de-la-mouvance-decoloniale-entre-influence-culturelle-et-tentations

[12] https://blogs.mediapart.fr/lancetre/blog/261117/thomas-guenole-denonce-le-racisme-de-houria-bouteldja-et-du-pir , https://www.marianne.net/societe/interdit-aux-blancs-le-camp-d-ete-decolonial-remet-ca , http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2017/08/10/31003-20170810ARTFIG00080-un-camp-decolonial-interdit-aux-blancs-se-tient-a-nouveau-dans-l-indifference-generale.php

[13] Bellamy R., « Dirty Hands and Clean Gloves: Liberal Ideals and Real Politics », European Journal of Political Thought, Vol. 9, No. 4, pp. 412–430, 2010

[14] https://wieviorka.hypotheses.org/912

[15] Voir à ce sujet l’interview donnée par Diego Fusaro dans Le Figaro, http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2018/06/15/31001-20180615ARTFIG00394-entretien-avec-diego-fusaro-l-homme-qui-murmure-a-l-oreille-de-di-maio-et-salvini.php

[16] https://avenirencommun.fr/app/uploads/2017/03/Livret-migrations_vdef.pdf

[17] Laclau E., Politics and ideology in Marxist theory : capitalism, fascism, populism, Londres, LNB, 1977. Idem, La raison populiste, Paris, Le Seuil, 2008.

[18] Meny Y. et Surel Y., “The constitutive ambiguity of populism”, in Yves Meny et Yves Surel Democracies and the Populist Challenge, Londres, Palgrave, 2002.

[19] Et en particulier dans Weber M., Économie et société. Les catégories de la sociologie, Paris, Plon, [1921] 1995. Les notions de pouvoir charismatique et de patrimonialisme sont traitée aux pages 285-336

[20] Comme par exemple la Fondation Terra Nova

[21] https://russeurope.hypotheses.org/4960

[22] Godelier M., « Ethnie-tribu-nation chez les Baruya de Nouvelle-Guinée», in Journal de la Société des océanistes, N°81, Tome 41, 1985. pp. 159-168. Idem, La production des grands hommes : pouvoir et domination masculine chez les Baruya de Nouvelle-Guinée, Paris, Fayard, 1982.

[23] Godelier M., « Ethnie-tribu-nation chez les Baruya de Nouvelle-Guinée», op.cit., p. 163.

[24] Lanfranchi T., Les tribuns de la plèbe et la formation de la République romaine : 494-287 avant J.-C., Rome, École française de Rome, coll. « Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome » (no 368), 2015, 822 p.

[25] Isajiw W.W., « Definition of Ethnicity » in Goldstein J.E. et R. Bienvenue (edit.), Ethicity and Ethnic relations in Canada, Butterworths, Toronto, 1980, pp. 1-11.

[26] http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2018/07/07/31003-20180707ARTFIG00103-migrants-le-conseil-constitutionnel-en-guerre-contre-la-souverainete-populaire.php

[27] Favoreu L., « La légitimité du juge constitutionnel » in Revue internationale de droit comparé, 1994, Vol : 46-2 pp. 557-581

[28] Carré de Malberg écrit que L’apport majeur de la Révolution française, est d’avoir consacré le principe de la souveraineté nationale. CARRÉ DE MALBERG R., Contribution à la théorie générale de l’État, 2tomes, Paris, 1920 et 1922, Librairie du Recueil Sirey (réimprimé par les éditions du CNRS en 1962) ; voir aussi Maulin E., « Carré de Malberg et le droit constitutionnel de la Révolution française », in Annales historiques de la Révolution française, n° 328 | avril-juin 2002, p. 5-25.

Commentaire recommandé

Renard // 12.07.2018 à 10h05

Merci M.Sapir de dénoncer cette gauche identitaire qui – depuis la décision de Mitterand d’abandonner le socialisme au profit de la gauche libérale – nous plonge dans le cercle vicieux des communautarismes dont la gauche identitaire est un pôle et le Front National l’autre pôle.

Ces idiots font le jeu du Capital et du diviser pour mieux régner et je ne serais pas étonné de voir les services de l’Etat organiser en sous-main ce faux-débat. D’aprés François-Xavier Verschave les services secrets français se sont fait spécialistes en « diviser pour mieux régner » et s’y sont exercer à de nombreuses reprises en Afrique, n’hésitant pas à provoquer des guerres civiles pour protéger le pouvoir en place. Il y a fort à parier que ces méthodes soient aujourd’hui utilisés contre nous.

Tant qu’il n’y a pas unité du peuple il y a asservissement du peuple. C’est en reconstruisant une gauche universelle, ferme sur ses principes républicains, véritablement socialiste et critique de l’immigration que l’on pourra sortir de ce marasme qui nous conduit doucement et sûrement vers un avenir sanglant.

Vous-même M.Sapir et Jean-Claude Michéa êtes les deux plus grandes voix libératrices qui participent de ce renouveau. Merci !

61 réactions et commentaires

  • Renard // 12.07.2018 à 10h05

    Merci M.Sapir de dénoncer cette gauche identitaire qui – depuis la décision de Mitterand d’abandonner le socialisme au profit de la gauche libérale – nous plonge dans le cercle vicieux des communautarismes dont la gauche identitaire est un pôle et le Front National l’autre pôle.

    Ces idiots font le jeu du Capital et du diviser pour mieux régner et je ne serais pas étonné de voir les services de l’Etat organiser en sous-main ce faux-débat. D’aprés François-Xavier Verschave les services secrets français se sont fait spécialistes en « diviser pour mieux régner » et s’y sont exercer à de nombreuses reprises en Afrique, n’hésitant pas à provoquer des guerres civiles pour protéger le pouvoir en place. Il y a fort à parier que ces méthodes soient aujourd’hui utilisés contre nous.

    Tant qu’il n’y a pas unité du peuple il y a asservissement du peuple. C’est en reconstruisant une gauche universelle, ferme sur ses principes républicains, véritablement socialiste et critique de l’immigration que l’on pourra sortir de ce marasme qui nous conduit doucement et sûrement vers un avenir sanglant.

    Vous-même M.Sapir et Jean-Claude Michéa êtes les deux plus grandes voix libératrices qui participent de ce renouveau. Merci !

      +19

    Alerter
    • RGT // 12.07.2018 à 19h59

      « depuis la décision de Mitterand d’abandonner le socialisme au profit de la gauche libérale »…

      Mitterrand n’a JAMAIS abandonné le socialisme car il n’a jamais adhéré aux idées « de gauche ».
      Je m’en suis aperçu en 83 quand il a allègrement et sans complexe retourné sa veste.

      Comme tous les grands politiciens il se fout totalement des messages inscrits sur les brochures publicitaires de son parti. Il a simplement choisi le parti qui lui offrirait le meilleur plan de carrière.

      « Tonton » a bien choisi car il est parvenu à être assis sur le trône de France, ce qui ne serait sans doute jamais arrivé s’il avait fait un autre choix.

      Il a navigué entre le « Pétain de la belle époque » et le fauxcialisme sans aucun problème de conscience.

      Et ne vous en faites pas, TOUS les professionnels de la politique sont pareils, même le grand Mélenchon qui à mes yeux n’est qu’un apparatchik comme les autres.

      Actuellement, le seul politicien pour lequel j’ai réellement du respect est François Ruffin.
      Sans doute parce qu’il est bien le seul qui ne soit pas motivé par sa « carrière ».
      Espérons que ça dure.

        +12

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      • patrick // 13.07.2018 à 11h07

        Miterrand avait bien commencé sa carrière à gauche dans le gouvernement de Vichy avec ses potes de la SFIO.
        Après la guerre il n’avait pas tellement le choix , il ne pouvait pas se faire une place à droite à cause de De Gaulle donc il s’est créé son espace à gauche dans la vieille SFIO devenue le PS. Il y a une continuité.

          +2

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      • chouchounet // 13.07.2018 à 15h04

        Dans un bouquin de Michel Rocard :

        Rocard à Mitterrand :  » Mais vous êtes socialiste Monsieur le Président! »
        Mitterrand :  » Non Rocard, je ne suis pas socialiste, je suis Mittterrandien »

        Cela se voyait comme le nez au milieu de la figure, ce type aurait fait n’importe quoi pour arriver au
        pouvoir.
        Comme disait De Gaulle il a essayé tous les râteliers.

          +4

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        • Renard // 13.07.2018 à 16h33

          Ce qui fait tout le piment de cette conversation c’est que Rocard n’était pas socialiste non plus. Et c’était les deux chefs du Parti Socialiste..

            +3

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  • Le Rouméliote // 12.07.2018 à 10h25

    Très bon résumé argumenté de ce que les « classes populaires » savent depuis quelques siècles et que les castes dirigeantes nient en bloc, qu’elles soient de droite (pour le business sans frontière) ou de gauche pour les raisons bien décrites par J. Sapir. Mais pourquoi évacuer le début indispensable de solution qui s’impose : le frexit et la mort de l’UE ?
    Il n’y a pas de démocratie hors de la nation. On peut le regretter, mais c’est un fait, alors qu’il y a toujours oppression en dehors de la nation (voir, par exemple l’histoire des empires. Même ce pauvre Empire Austro-Hongrois, « la prison des peuples » !) ou lorsque la nation est subvertie par l’idéologie (Voir l’Allemagne nazie, par exemple).
    À force de nier l’évidence, les castes dirigeantes amènent les nations à détester en bloc le monde qu’elles leur imposent et à jeter le bébé avec l’eau du bain, en l’occurrence les migrants.
    Finalement, les footballeurs sont moins bêtes qu’elles : eux, se battent sur le terrain pour leur nation et emportent l’adhésion populaire !

      +13

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  • rolland // 12.07.2018 à 11h21

    Il y a bien quelqu’un qui a parlé de tout ça lors de la dernière présidentielle si je ne me trompe…
    ..ça en fait au moins un.
    Malheureusement la direction des pouvoirs est tenue par des personnes qui vont à peu près toutes dans le même sens et qui détruisent doucement mais surement tout ce qui avait été bien pensé et bien construit par nos aieux….tout se retourne contre nous……les effets du désastre produit par l’effondrement civilisationnel tant promis arrive à nos portes.

      +16

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  • Sam // 12.07.2018 à 12h05

    L’extrême centre se faisant passer pour la gauche, prétendant lutter contre l’extrême droite, en diabolisant l’extrême gauche : https://tempspresents.com/2018/06/15/je-ne-fais-que-poser-des-questions-la-crise-epistemologique-le-doute-systematique-et-leurs-consequences-politiques/

    Dans ce lien, Mélenchon, Sapir, les-crises et autres sont présentés comme confusionnistes, complotistes, comparés aux tenants de la terre plate. Ils détourneraient notre jeunesse du vrai combat contre l’extrême droite, et donc c’est eux qu’il faut combattre, pas l’extrême droite.

    Monument de confusionnisme à destination des étudiants.

    Ces militants n’hésitent pas à user du complotisme, confusionnisme, et autres tambouilles intellectuelles modernes pour arriver à leur fin. Ils raisonnent en terme d’ennemi, de pouvoir, de combat. Ils menacent de fatwa ceux qui seraient tentés de s’éloigner du discours officiel, marqués du sceau infamant de complotistes, ou pire. Dès l’école.

    Bref, tout ca pour dire que avant de vouloir se réapproprier l’espace géographique, les frontières chères à Sapir, il serait bon de se réapproprier l’espace politique, la tribune. Et au lieu de se justifier éternellement des calomnies de « l’ennemi », son passe temps favori, il faudrait les dénoncer comme telles (ce que fait bien souvent les-crises et je les en remercie).

      +16

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    • vlois // 12.07.2018 à 22h29

      Se justifier auprès de celui qui nous attaque et qui nous prends pour « ennemi », c’est déjà perdre, lui donner le rôle au-dessus alors qu’il n’est là que pour avoir raison avec s’il le faut toute la palette de la dialectique.
      Qu’il se permette de dresser des catégories et des définitions sur ses propres postulats et justifications alors qu’il n’en n’a pas le magistère et cache sa propre subjectivité et ses intentions (même inconscientes), notamment la prise de pouvoir sur l’autre, pas pour le bien commun, mais pour un groupe, déclasse totalement ses propos.

      Ce pouvoir n’est pas celui qu’ils ont par l’adhesion, mais par la peur, celle de la honte, de la diabolisation et du rejet social. Ils collent ou associent l’étiquette infamante à qui voudrait s’opposer à eux ou toute tentative de réduire leur pouvoir.

      Quand à sa dernière note sur BHL, j’ai compris à qui j’avais affaire, quelqu’un aussi peu soucieux de la nuance et de la recherche de la concorde et du bien commun.

        +1

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      • Surya // 13.07.2018 à 12h09

        L’article a été mentionné par conspiracywatch. ça donne une idée du niveau…

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  • Ben // 12.07.2018 à 12h50

    Cette gauche identitaire qui n’est pas de gauche prend ses racines, du moins en France, dans le maurassisme. Avant que divers lobbies identitaires n’accrochent le logo « gauche » à leur étendard, il existait en France des groupes clérico-regionalistes qui, face à l’adversité nationale et jacobine issue de la révolution, avaient pris des masques plus ou moins républicains afin d’être admis dans le jeu politique. L’exemple le plus achevé est celui de la « gauche » bretonne, anti-jacobine, qui a lutté pour un rééquilibrage de la répartition des richesses nationales pendant une bonne trentaine d’années. A juste titre, ce qui est une aubaine. Ce travail étant accompli, cette « gauche » s’est auto-dissoute et l’empreinte originelle a repris sa forme. Il s’agissait en fait d’un groupe politique organisé plus proche du MRP de la 4e République que d’une authentique gauche émancipatrice. On en a le parfait polichinelle avec la figure du ministre Le Drian.
    Il est à noter que la déconfiture du PS ne se conjugue pas avec une baisse des adhésions à la CFDT, ce qui confirme une évolution décomplexée du neo-pétainisme débarrassée de l’étiquette absurde de « gauche ».
    Une certaine forme de lobbyisme se prétendant « de gauche » continue à prospérer dans les divers cercles de pouvoir, mais les populations n’en ont plus rien à faire. Trump a raflé la mise aux USA, le Brexit s’impose au RU, le populisme de droite radicale en Italie. Il convient de se demander ce que sera la forme identitaire de la société française, une fois débarrassée de son logo politique faisandé, nommé PS et ses diverses organisations de pseudo « gauche » identitaire. Nous y sommes presque.

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  • Marc Michel Bouchard // 12.07.2018 à 13h10

    L’article de J.Sapir éclaire le phénomène de diabolisation qui s’est intensifié envers les adversaires du système existant qui relève du néolibéralisme dont l’U.E est une application expérimentale qui fait de l’Europe un cobaye d’expériences autant politiques qu’économiques. Depuis le référendum de sortie pour le Brexit qui se serait ramollie par T.May, l’élection de Trump, repoussoir pour le Parti Républicain qui souhaitait un autre Bush. La panique a gagné l’oligarchie internationale et de la diabolisation, on est passé au chantage à la fausse nouvelle et à la montée d’une censure qui aurait curieusement toujours un -visage démocratique- envers et contre tout selon les autorités à la Macron. On en revient à la chute de l’URSS, du communisme et aussi de son alternative trotskyste et aussi relativement du socialisme tiers-mondiste, encore que l’Amérique Latine a résisté au rouleau de ce que qui est apparue une pensée unique du libéralisme. Le mouvement post moderne centré sur les minorités, à sa source sur les marginaux a pris en partie le relais de la gauche sociale confondue par une social démocratie devenue néolibérale, ce mouvement dans les universités américaines à partir de Foucault et du souvenir de la désobéissance civile d’un H.D.Thoreau contre l’esclavage aux É.U a enclenché le processus du politiquement correct qui a semé partout dans le monde moderne. Un politiquement correct qui depuis déborde dans les injonctions et exigences impératives sur l’obligation d’une morale du droit et qui aurait trouvé la vérité du bon et du bien et qui refuse tout débat face à l’opposition ramené aux -heures les plus sombres de l’humanité-. Le droit lié à ce que font les gouvernements élus devrait pour ces groupes être rabaissé, laissant les cours de justice obtenir la vraie supposée souveraineté des tribunaux et déterminer une justice magistrale ne souffrant plus aucune intervention politique. L’économie ultralibérale trouvant justement son complément dans l’auto organisation pure de la justice. En fait, le post moderne étendu depuis 10 ans est devenu un dérapage social dont la notion pure d’appropriation culturelle demande l’interdiction morale pour les individus type européens typiques de reprendre des éléments des cultures autochtones traditionnelles chez les Africains ou les Amérindiens. Ainsi, en 2018, les Beatles n’auraient pas eu le droit de reprendre la musique indienne de l’Inde pour leurs chansons. Malgré qu’un Ravi Shankar n’a trouvé rien à redire à l’époque de l’intérêt d’un G.Harrison pour l’Inde. Les époques changent et les problèmes nouveaux apparaissent avec les anciens. J.Sapir, mentionne ces tendances comme narcissiques. Le multiculturalisme qui est un centre de ces mouvements à partir du post moderne est une forme communautaire de l’individualisme et qui dit individualisme se colle au narcissisme. Si on voit la main du fascisme partout dans ces groupes, après qu’un Foucault ait étudié le racisme d’État lié à la généalogie du nazisme entre 1960 et 1980 c’est qu’on confond avec outrance le passé précis du nazisme avec le monde actuel. Le capitalisme inégalitaire qui encourage la migration de masse en Europe et aux É.U est celui du jour et non de l’Allemagne de 1939.
    L’époque est ce qu’elle est et J.Sapir pourrait se faire pointé du doigt pour cet article et cela serait évidemment la marque de cette intolérance bien vue et sûr d’elle. La souveraineté ne serait plus pour ces gens que le -savoir-pouvoir- caricaturé de Foucault dont les disciples font plus penser aux petits inquisiteurs de sectes qu’à quoi que ce soit d’autre.

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  • Sam // 12.07.2018 à 13h20

    L’identitarisme religieux, écrit Sapir, et non religion. C’est à dire la récupération à des fins politiques d’une religion.
    Et oui, l’Islam en ce moment est carrément récupéré par nos amis saoudiens pour justifier leurs saloperies. Comme d’autres utilisent plutôt la démocratie, ou encore le pragmatisme ou le réalisme.
    Il est grand le mystère de la foi…

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  • JEAN DUCHENE // 12.07.2018 à 14h02

    Au delà d’une dénonciation fort justifiée de la gauche identitaire la raison essentielle du texte est la condamnation de l’arrêt de la cour constitutionnelle concernant le devoir de solidarité. C’est un des points sur lesquels Sapir est plus proche de l’extrême droite que de la gauche radicale ou populiste. L’arrêt de la cour constitutionnelle concerne la protection des individus plus que la politique migratoire d’un État. Un peu de dialectique Mr Sapir vous permettrait de concilier protection des droits de l’homme et intérêt général.

      +6

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  • Kokoba // 12.07.2018 à 15h16

    Un trés bon texte de Sapir, comme d’habitude.

    Je vais juste commenter une partie en particulier :
    « on cherche à reconstruire un « nous », mais un « nous » particulier, excluant les autres. »

    Il vaudrait mieux dire qu’on cherche un « nous » capable de s’opposer aux classes dirigeantes et à leur idéologie dominante. Ou dis différemment, un « nous » qui propose à la fois une autre vision de la société et une vrai capacité à accomplir ce changement (c’est à dire à conquérir le pouvoir).

    Hors il n’existe pas beaucoup de « nous » capable de çà car il faut un « nous » puissant, nombreux, organisé, souvent légitimé par un passé. Il faut une idéologie viable, capable de nous proposer un avenir meilleur. Il faut des intellectuels et des médias capables de vendre et défendre cette idéologie. Il faut aussi du nombre, une force et une bonne organisation pour avoir une chance de gagner.

    Qui donc peut proposer tout cela aujourd’hui ?

    Il y avait le communisme mais le communisme a été vaincu et a disparu.

    Il y a la démocratie (au sens de la république égalitaire des origines) mais aucun groupe n’arrive à se positionner correctement en vrai démocrate contre Macron et l’oligarchie. C’est une position qui implique par exemple etre brutalement en opposition avec l’Europe et l’Euro. Aucune force politique majeure n’a pour l’instant eu le courage de se positionner la-dessus.

    Il ne reste donc que 2 autres possibilites :

    Le nationalisme qui se confond plus ou moins avec l’extrème droite/le FN.

    Le religieux qui a l’avantage de fournir tout ce que je définissait comme indispensable : nombre, force, organisation, intellectuels, légitimité, fort sentiment d’appartenance, médias, vision claire d’un avenir, etc…

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  • Pierre D // 12.07.2018 à 15h50

    «Ce ne sont pas des faits « objectifs » qui amènent à la constitution d’une Ethnie, d’une Tribu ou d’un Peuple comme on le croit bien souvent mais des principes politiques. »

    Pourtant ce n’est pas par hasard je suppose si cet article est illustré d’images de Valmy. Cette bataille à bien été le fait objectif qui a amené la constitution de ce que nous appelons encore aujourd’hui « le peuple français » (parfois avec nostalgie)… et le début des conquêtes révolutionnaires puis Napoléoniennes, puis la constitution d’un empire colonial.

    Tacite dans les Annales soupçonne l’origine du déclin des Romains quand Tibère a décidé de cesser d’agrandir l’Empire abandonnant les Germains du Nord à leur liberté après le traumatisme de la défaite de Varus dans la forêt de Teutobourg. Suis une véritable « identitarisation » de la société romaine à coup de meurtres et de suicides… comme si l’énergie engendrée par les conquêtes s’était retournée contre la république.

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    • Sandrine // 12.07.2018 à 16h59

      Il existait déjà un empire colonial du temps de la monarchie.
      La France métropolitaine est d’ailleurs déjà, en soi, un petit empire.

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      • Pierre D // 12.07.2018 à 18h38

        C’est vrai. Mais sous la royauté les colonies étaient possessions royales et après la guerre de Sept ans ne subsistait plus que la Louisiane, jusqu’à sa vente par Napoléon (et le fiasco de Bonaparte en Egypte).

        C’est à partir de Charles X que l’Empire Français s’est réellement constitué.

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  • un citoyen // 12.07.2018 à 15h57

    « C’est aussi pour cela que le multiculturalisme, opposé à la pluralité des cultures d’origine, est un poison pour la démocratie. Quelles que soient nos cultures d’origines, avec lesquelles nous entretenons des liens d’ailleurs plus ou moins fort, il ne peut exister qu’une culture politique dans un pays donné. »
    => Pourtant, il y a eu des exemples où la présence de plusieurs cultures dans un même pays n’a pas posé de problème politique. Par exemple les burgondes dans le Sud-Est de la France actuelle au Vème et VIème siècle cohabitaient avec les gallo-romains et les cultures étaient différentes, les rois savaient cependant donner des gages d’ordre politique à l’une et à l’autre des deux parties de façon que l’équilibre soit préservé (ex : le roi Gondebaud, burgonde et arianiste, s’est marié avec Carétène, romaine et nicéenne).
    Certes, je ne donne peut-être pas un bon exemple à cause du fait qu’il ne soit pas dans le cadre d’une démocratie, je m’interroge simplement si l’unicité culturelle et politique est une condition nécessaire. Mais peut-être que les burgondes représentaient un cas particulier, ce que l’on sait c’est que leur système était contrôlable et que chacune des deux entités avait besoin de l’autre.

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    • Christian Gedeon // 13.07.2018 à 06h29

      Drôle de comparaison…les burgondes ont juste fait ce qu’il fallait pour s’assurer l’appui des notables gallo romains. Ce qui ne les a pas empêché de mal finir sous les coups des francs,plus « intégrés  » qu’eux. Comme les wisigoths,comme les vandales,ils ont voulu faire les marioles et l’ont payé cash,les peuples s’étant ralliés ,comme de juste,à céux qui leur offraient l’unité et pas les particularismes.

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      • un citoyen // 13.07.2018 à 15h38

        Je ne suis pas d’accord. Là où cela a commencé à se corser pour les burgondes c’est lorsque Sigismond est arrivé au pouvoir en inversant d’abord les tendances (s’étant converti dans la voie nicéenne et épousé une ostrogothe arianiste), puis surtout après avoir assassiné son propre fils, ce qui a entraîné une opposition coalisée par ses voisins Francs et Ostrogoths. On peut imaginer que à partir de cette épisode les gallo-romains aient peut-être préféré les francs mais je ne pense pas que ce soit dû par la raison que vous avez expliqué.
        Outre le fait que les Francs avaient acquis un grand territoire du temps de Clovis, il y eu aussi d’autres événements extérieurs qui ont favorisé et accentué la chute de la royauté burgonde : la mort de Thierry 1er qui ne voulait pas les attaquer et l’assassinat de la régente des Ostrogoths qui était alliée avec eux.
        Sinon, oui les burgondes ont suivi ce système multiculturel (deux peuples, deux religions, deux cultures, deux systèmes juridiques quasi-séparés, deux noblesses(*), le tout régi au final par un -ou deux- rois) pour s’assurer l’appui des notables, d’une part car ils y étaient obligés par le contrat initial passé avec Rome (protection des territoires) et d’autre part car ils étaient en extrême minorité et qu’ils avaient besoin d’un endroit où aller après leur débâcle outre-rhin.
        Jusqu’à Sigismond, on peut dire que cela a fonctionné.

        (*) Chaque division du ou des royaume(s) burgonde(s) était supervisée par un comte burgonde et un comte gallo-romain.

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  • IMBERT Olivier // 12.07.2018 à 16h02

    Pourquoi ne pas aborder le concept d' »absolue » lié à la souveraineté, puisque c’est ainsi que la première révolution donnant lieu à l’Etat moderne-la GB, a été pensée en terme de droit rationnel, donc dit à l’époque naturel, donc non coutumier(s) et ethnique-tribal justement qui d’ailleurs fonde toutes les théories du droit public comme civil chez tous les penseurs politiques à partir d’hobbes-sans doute de Machiavel( là où il y a de bonnes armées il y a de bonnes lois- et donc aussi bien chez Locke, seconde révolution moderne, toujours GB, et second traité du gouvernement civil, querelle contre Filmer( derechef la famille-ethnie-tribue, le souverain limité aux lords ou féodaux), comme Spinoza, troisième révolution les PB, Montesquieu, Rousseau quatrième révolution pas genevoise, mais française! Donc les « eux et nous » ne portent pas sur l’absoluité de la souveraineté; et donc aussi le Leviathan du gouvernement en exécution et non en constitution; soit l’impossibilité des contres-pouvoirs qui là sont plutôt l’invention avec des « chateaubriand » d’outrertombes, selon l’empire, et de la restauration d’une souveraineté de souverains-monarchique se limitant. Donc, le « eux » porte sur le caractère populaire- Rousseau la question comment un peuple est un peuple et ce qu’on reproche à Hobbes c’est justement ce qui est légitime, justement l’absoluité est la force- disons le régalien élargi- préside au contrat tacite de la constitution en droit- de l’absoluité non seulement légiférant en continu- donc la continuité étant impossible?-et exécutant/exerçant sa souveraineté en professionnel démocratique de la politique ce qui la rend une deuxième fois impossible; il convient de penser l’émergence de la souveraineté, en tant qu’absolue, dans la société civile-bourgeoise donc économique sociale ou politique mais pas domestique ou esclavagiste-féodale et alors en effet seul est absolu comme souverain, celui qui détient la puissance économique en tant que classe, donc tant qu’il y a lutte de classes surdéterminant la politique, l’aboslu est impossible car le pouvoir d’une classe à l’échelle nationale, comme zonale-mondiale donc impérialiste et « non vague empire face à la multitude » comme en effet des sortes de mixtes foucaldien-hobbien voudraient en faire un libertarisme à la continentale européen, sont non seulement limité par « nous » mais ce nous est clairement identifiable empiriquement et historiquement, et c’est cette transition réussie et achevée dans la prise du pouvoir aux bourgeoisies cosmopolites du comintern et des suites en cominform et donc puissance absolue, elle de la classe et des partis qui ont collectivisé et expropriée les bourgeoises et qui s’impose maintenant en rationalité cosmopolitique des nations-unies comme inévitable en économie politique non capitaliste mais bien base de toute révolution de l’absoluité par un parti et une idéologie convenant, car matérialiste de la nature comme de l’histoire non seulement au terrestre et à l’exploitation des matières terrestres connues, après avoir pris le ciel, mais aussi aux sou-sols et sols, comme de l’atmosphère,et non une « intégrale-sommation-de-tribus-multiplicitantes » ou « diviseuses donc affaiblissantes ».

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    • Christian Gedeon // 13.07.2018 à 06h30

      Je n’ai rien compris. Pouvez vous reexpliquer en langage du commun des mortels,s’il vous plaît?

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      • IMBERT Olivier // 13.07.2018 à 18h24

        ben écoutez je l’avais fait, et cela a été supprimé. Donc tant pis, mais je pense que vous avez assez compris l’essentiel et que vous vous insultez et m’insultez en pensant qu’il faut être en langage du « commun des mortels ». D’abord il s’agit ici d’autodéfense intellectuelle et donc c’est peu « commun » et ce que je dis de la souveraineté absolue est en effet une précision connue des intellectuels qui permet alors que parler des divisions ou différences comme relatives.Ensuite justement nous savons « absolument » aussi que nous sommes « mortels ». Donc là cela devrait suffire. En clair je suis en léger décalage avec le texte de Sapir parce que: la division en classe entre « eux » et « nous » est effective et en ce moment en progrès alors que la division en ethnie-communauté-clans etc…est elle réactionnaire et donc on peut peut désigner « eux » non d’après leur opinion politique mais leur appartenance de classe et nous aussi et du coup la politique de ruptures économiques d’ordre socialiste ou au contraire des politiques favorables au capital français même quand il s’agit de l’identitaire: liberté de moeurs et coutumes!

          +1

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  • Geof’ // 12.07.2018 à 17h47

    La vie en société est donc en réalité antérieure à la construction de l’ethnie.

    çà, il faudrait le prouver : pq rejeter systématiquement la dimension raciale pour définir une identité ? quelle « odeur nauséabonde » ? l’humanité est riche de ses différences génétiques, comme la faune et la flore…

    tous pareils en 2050 ? c’est aussi çà, la standardisation due à la mondialisation…

    Je trouve que Jacques Sapir n’est pas très réglo’ : il y a une certaine communauté en France qui est communautariste jusqu’au bout des ongles, et qui ne subit jamais de critiques sérieuses de sa part…. ; ne pas se confronter au réel, c’est perdre du crédit.

    c’est dommage

    Geoffrey, neo-communiste belge

      +2

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    • de passage // 13.07.2018 à 08h53

      Jacques Sapir a déjà évoqué la communauté à laquelle vous faites allusion dans ses interviews, et de manière tout aussi critique.

        +0

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  • caliban // 12.07.2018 à 18h25

    Plus je lis Sapir, plus il me fait l’effet d’un bistrotier.

    Là il s’agit pour lui de nous parler de la décision du Conseil constitutionnel et du danger qu’elle ferait peser sur la Nation. Pourquoi ne pas commencer par cela plutôt que par des considérations pseudo-politiques sur la gauche identitaire (c’est qui au fait ? des noms ?)

    Au mieux cette façon de dérouler son raisonnement est le reflet d’une déformation professionnelle et on peut alors lui reprocher un papier scolaire et d’une trop grande rigueur dialectique. Au pire, c’est juste malhonnête d’exiger de ses lecteurs un haut niveau de compréhension … juste pour sombrer en conclusion dans le propos de bistrot.

      +5

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    • Ben // 12.07.2018 à 21h22

      Il faut donc repréciser une évidence. Gauche identitaire : aboutissement de ce qu’on appelait autrefois « deuxième gauche » ou encore « gauche américaine ». Agrégat de forces cléricales se voulant progressistes et anti-marxistes. On connaît. Libéralisme de séduction pour distraire les masses via les médias et rapacité ultra capitaliste dans les faits. C’est notre monde, entièrement, totalement, peut être totalitairement, et il n’est pas dit que ce soit dans l’ordre des choses. Il est critiquable, quel que soit le style de empêcheur de tourner en rond.

        +5

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    • caliban // 12.07.2018 à 23h06

      « autrefois “deuxième gauche” ou encore “gauche américaine”. »

      Merci Ben pour votre précision. D’après votre description, en France, cela ressemble à la gauche molle façon PS-post83 ou au PSU façon Rocard.

      2 questions si vous voulez bien continuer à m’éclairer 🙂
      • Mais en quoi est-ce « identitaire » ?
      • Qui aujourd’hui représente ce « courant de pensée » au point que – selon M. Sapir – il y ait de quoi s’inquiéter ?

        +1

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      • Ben // 13.07.2018 à 00h09

        1/ Les identités sociales (LGBT, bretons, femmes, migrants, football féminin, handisports, fracture numérique, identité Européenne, gastronomie à boboland, et tout ou n’importe quoi sans distinction ni discernement) plutôt que le principe d’égalité sociale. Évacuation de la question sociale véritable.
        La liste des distractions socio-médiatiques est infinie.

        2/ Qui en parle, qui les représentent ? C’est tous les jours dans Libé, dans Le Monde, dans Mediapart, à Matignon et à l’Elysée. Et un peu partout dans les médias débiles aussi. C’est la musique d’ascenseur de notre société.

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      • caliban // 13.07.2018 à 08h16

        @Ben

        La liste à la Prévert que vous proposez ne nous éloigne-t-elle pas de « la deuxième gauche » que vous évoquiez au départ ?
        J’ai l’impression d’une valse des étiquettes où s’entremêlent communautarismes, phénomènes de mode, groupes de pression …

        Et finalement ce sont les étiquettes absentes qui m’interrogent. Oublis volontaires ?
        • religieux de tous poils
        • MEDEF
        • CRIF
        • Syndiqués
        • Militants politiques …

        Puis je ne saisis toujours pas le rapport avec le texte de Sapir, le débat autour de la décision du Conseil constitutionnel : à quelle groupe de pression ce dernier aurait-il cédé ?

        Merci.

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        • Ben // 13.07.2018 à 10h49

          Oubliez la liste si vous ne saisissez pas le lien. Il me paraît juste de faire l’opposition entre deux formes de rapport à la société : le sociétal et le politique. L’abandon de la politique et la haine de la dialectique me semblent directement en lien avec le rabâchage des questions sociétales, délivré sur un mode moralisateur et binaire.
          Je ne vois pas ce que le MEDEF ou le CRIF viennent faire dans cette histoire. Ou alors je n’ai pas bien lu le texte. Du reste, je n’aprouve pas ce qui est dit par Sapir de la décision du conseil constitutionnel. L’argument n’est pas convaincant. Ce n’est d’ailleurs pas le seul point où je suis en désaccord avec ce texte.
          Je m’attache seulement à voir ce qui, dans ce texte, renvoie à la modalité dominante de l’exercice du pouvoir. Et il y a encore beaucoup à dire. Je ne suis cependant pas dupe et constate que Sapir se sert de la perte de la vitalité démocratique et du véritable débat politique pour faire entrer le loup dans la bergerie. Sa complaisance, pour ne pas dire plus, envers le FN est glaçante. La dépossession généralisée du fait politique dans nos sociétés occidentales est en bonne partie la cause de ce genre de dérive.
          On fait sortir la politique par la porte et elle revient avec une sale gueule par la fenêtre.

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        • caliban // 13.07.2018 à 15h07

          Bon, finalement je ne suis pas plus avancé. Je ne sais toujours pas ce qu’est la gauche identitaire. Je ne vois même pas ce que ces deux termes font ensemble 🙁

          Je ne dois pas assez lire la presse mainstream. Et n’ayant pas la télé, cela ne m’aide pas beaucoup j’imagine.

          Merci pour vos efforts.

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          • Ben // 13.07.2018 à 16h11

            De rien. Il faut s’entraider. Peut-etre devriez vous faire quelques efforts supplémentaires. Si vous faites des recherches approfondies vous trouverez la césure qui s’est faite au profit de la « gauche identitaire » dans les débats du parti démocrate US au début des années 80 (après Walter Mondale) , lorsque ce parti a délibérément décidé de ne plus être la référence des cols bleus et de leurs syndicats. La question idéologique de l’agrégat des identités minoritaires avait gagné la partie.
            Un peu plus en amont, dans les années 70, Christopher Lasch avait pointé le dérèglement social provoqué par le narcissisme de masse aux US. C’est aussi une bonne référence pour comprendre la suite des évènements.

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          • caliban // 13.07.2018 à 21h39

            @Ben

            Ah oui ! Maintenant que vous me parlez des Etats-Unis … évidemment, je comprends ce que c’est. Et toute l’efficience qu’a le concept de gauche identitaire dans ce pays où les communautarismes sont virulents / encouragés / instrumentalisés.

            Mais pour la France … je crois que les catholiques zombis me font plus peur que les gauchistes identitaires 🙂

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            • Ben // 13.07.2018 à 22h39

              Les catholiques zombies et les « gauchistes identitaires » sont congruents.
              Ils se sont donné rendez-vous dans Mediapart, pour vous situer une référence connue.

              En fait, il faut arrêter de se raconter des histoires : la gauche identitaire telle qu’essaie de la décrire Sapir n’est que la forme actualisée du catholicisme zombie.

              Il y a 3 ou 4 décennies, la France c’était encore 2/3 de République sociale et 1/3 de vieux fond catholique.
              Aujourd’hui, ce rapport s’est inversé. À la place du vieux fond catholique, on a une obéissance active à un nouveau clergé. Le catholicisme zombie est prospère. Les perdants ne votent plus. Ils ont disparu

              Non pas que le maurassisme se soit réveillé (quoique tapis dans l’ombre…) mais le suivisme de la ‘gauche américaine » par la pseudo- gauche anti-marxiste a favorisé un courant réactionnaire flou, un genre de fausse conscience,, qui n’a jamais abdiqué.

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            • Roubachoff // 14.07.2018 à 03h13

              Bonsoir Caliban,
              La liste de notre ami Ben a au moins le mérite d’être amusante. En gros, la « gauche identitaire », c’est tout ce qu’il n’aime pas et qui ne pense pas comme lui. Je trouve un rien étrange qu’il ait oublié les philatélistes et les amateurs d’escargots de Bourgogne…
              Trêve de plaisanterie. Vous le savez aussi bien que moi – en passant, j’apprécie votre maîtrise du second degré – la « gauche identitaire » n’a strictement rien à voir avec la « deuxième gauche » ou la « gauche américaine ». Ces gauches-là sont chez Macron, converties à l’économie de marché, au néo-conservatisme et à tous les conformismes imaginables. En réalité, ce que M. Sapir fustige, et ça ne date pas d’hier, c’est tout ce qui reste, à gauche, d’anti-raciste et d’authentiquement libertaire. Le NPA, Nuit Debout, la fraction de la FI qui n’a pas encore viré sa cuti et les mouvances périphériques de ce type. Bref, tous ceux qui déplaisent logiquement à un curieux penseur qui prêche inlassablement (mais dans le désert, par bonheur) une union sacrée entre les souverainistes de tous bords. Au cas où je ne vous aurais pas convaincue, la référence à Mme Pina, dans l’article, est une des clés de l’énigme.
              Une ultime précision : les instances anti-racistes et libertaires que je cite n’ont pas nécessairement mon entière approbation, mais je les préfère à bien d’autres.
              Cordialement.
              PS : Les catholiques zombis, M. Zemmour et M. Sapir me font beaucoup plus peur que les gauchistes identitaires. Voilà qui nous fait un point commun semble-t-il…

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            • Ben // 14.07.2018 à 10h08

              @roubachoff. La »gauche » qui est chez Macron est parfaitement antiraciste, voire libertaire à l’occasion (Cohn Bendit et pas mal d’autres). Ces gens sont aussi bien chez Macron qu’au NPA.
              Vous avez encore des progrès à faire pour faire preuve de discernement.
              De plus, vous n’avez visiblement pas la moindre idée de ce que le vocable « catholique zombie » recouvre en terme de catégorie de population. Faites vous d’abord une culture sociologique minimum et vous pourrez faire vos hypothèses personnelles après ça. Un peu de recul historique aussi ne pourrait pas vous faire de mal. L’ignorance n’est pas une excuse valable.

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    • Roubachoff // 13.07.2018 à 03h33

      Dans un post, sous un article précédent de Jacques Sapir, je postulais que le spectre de l’extrême-droite ne devait pas hanter ses nuits. Après lecture de ce texte, j’ai moins de doutes encore sur la question… Mais j’oubliais, quelle tête de linotte je fais ! A ses yeux, des partis comme le FN ou la Ligue du Nord ne sont pas d’extrême-droite, une habile manipulation qui lui a permis d’évoquer, alors qu’on ne lui demandait rien, une alliance entre le FN et le Front de Gauche puis la FI. Notons qu’avec cette énormité absente de l’agenda des deux parties, il a servi la soupe aux conservateurs et aux eurobéats qui se réjouissent de voir une forme de gémellité entre les « extrêmes ».
      Pour lire J. Sapir depuis beau temps, quand il intervenait encore sur Marianne, il me semble clair que le racisme et la xénophobie l’empêchent rarement de dormir. Sinon, comment pourrait-il juger « scandaleuse » la décision du Conseil Constitutionnel, une des rares initiatives qui sauvent le peu d’honneur restant à la France après deux présidences mortifères et une troisième qui promet de faire encore « mieux » ?
      Même si ça mériterait de longs développements, passons sur le cocktail que nous sert Jacques Sapir. De la GPA (mais que vient-elle foutre là ?) aux développements « scientifiques » sur l’identité, on a droit à un mélange de Laclau, de Mouffe, de Michéa, de Milner et de Gauchet avec en prime un zeste de grosse logique vide à la Mélenchon. Bref, le discours d’une « gauche de droite » qui, au nom de Charlie, exige qu’on étouffe la liberté d’expression, et, en vertu d’un bien étrange féminisme, propose d’en revenir sans discernement au « tout répression » et à la « prison pour tous » d’antan.
      Sur un site qui vient de publier un fabuleux triptyque consacré aux massacres perpétrés par les néo-conservateurs américains soutenus par l’UE, j’avoue m’attrister du peu de réactions critiques aux propos de J. Sapir.
      Deux précisions, histoire de prendre seulement les coups que je choisis d’encaisser.
      Même si j’ai plus de sympathie pour une Houria Bouteldja que pour un Sapir, je ne me voile pas la face. Un jour où l’autre, si nos compatriotes de confession musulmane insistent pour ramener la pensée magique religieuse sur le devant de la scène (le « rêve » d’une humanité heureuse et unie dans la soumission à Allah), il faudra les combattre sans faiblesse, en espérant pouvoir en rester à des affrontements verbaux.
      Sur les migrants, je ne partage pas la vision angélique de la « gauche morale ». Comme trop de conflits actuels, il s’agit d’une situation sans issue. Après des décennies de rapine en Afrique (le prétendu développement) et de guerres néoconservatrices, l’Europe, promue tampon de son « allié » américain, fait face à un flux migratoire composé de gens si désespérés qu’ils partent pour des pays où ils savent qu’on les accueillera mal. Englués dans une politique de déflation et de régression sociale, les gouvernements, faute de pouvoir absorber ce flux, le contiennent en fermant les yeux sur une hécatombe, en externalisant leurs frontières (merci l’Italie et la Grèce) et bientôt en ouvrant des camps dits de regroupement. Plongées dans l’insécurité par le discours économique négatif de leurs dirigeants, les populations se sentent encore plus menacées par ces « invasions » et se tournent partout vers l’extrême droite, la seule à oser un discours « décomplexé » sur le sujet. Du coup, en plus du désastre migratoire, une catastrophe intra-européenne aux conséquences impossibles à estimer se profile.
      Pour paraphraser une saillie célèbre, en choisissant la honte pour éviter l’implosion, nous finirons par avoir la honte et l’implosion.
      Navré d’avoir été si long, mais le sujet est capital.

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      • caliban // 13.07.2018 à 08h00

        Merci pour votre commentaire.

        Il fallait au moins cette « longueur » pour démêler l’écheveau de la pensée Sapirienne. Qui si on la résume à la hache se résume à « les ennemis de mes ennemis sont mes amis ».

        L’ensemble des considérations et précisions que vous apportez dans votre commentaire me semble finalement beaucoup plus élaboré.

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        • Sandrine // 13.07.2018 à 09h08

          Tolstoi à la fin d’une (très) longue lettre à sa sœur écrit : »excuse-moi, je n’ai pas eu le temps de faire plus court »
          Il y a vraiment une dérive au niveau de la longueur des commentaires sur ce site(je ne prétends pas y échapper); ça nuit à la compréhension et à la discussion.
          Personnellement je n’ai compris ni la thèse ni l’argument de Roubachoff

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          • Roubachoff // 14.07.2018 à 02h50

            J’essaierai d’être plus clair la prochaine fois – mais pas moins long, je le crains.

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            • FrédéricB // 15.07.2018 à 11h24

              @Roubachoff : merci pour vos commentaires concernant cet article. Ce que vous dites me semble clair (effectivement je doute que vous puissiez faire plus court) et me confirme sur ce que je ressentais confusément depuis un certain temps concernant J. Sapir.

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      • François Lacoste // 13.07.2018 à 08h29

        Roubachoff : Lumineuse illustration du texte de Jacques Sapir.
        Tout y est, du spectre de l’extrème droite (en introduction) à son discourt décomplexé (en conclusion) en passant par Charlie, le « décolonialisme » et le combat sans faiblesse contre la religion musulman…
        La recherche d’une identité citoyenne est bien difficile dans ce cadre, j’en conviens.

        En conclusion, sortez donc de ce cadre, prenez du Sapir régulièrement (ou surtout continuez d’en prendre) et vous constaterez un amélioration rapide de votre état

        Trêve de clin d’oeil, je vous rejoint sur un point, en effet cette lecture demande, comme toujours avec Jacques Sapir un bel effort de concentration.

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        • Roubachoff // 14.07.2018 à 02h48

          Je prends du Sapir depuis très longtemps, du coup, je suis immunisé contre ce poison insidieux. Mais merci quand même de vous soucier de mon état.

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      • un citoyen // 13.07.2018 à 08h38

        Plutôt que de cataloguer quelque-chose directement et complètement dans l’extrême, ne vaudrait-il pas mieux d’essayer de placer cette même chose sur une échelle « d’extrémité » de 0 à 10 ?
        Je n’ai pas dit pour autant que si un ensemble de faits prouvant que tel ou tel parti serait dans l’extrême droite était vide ou quasi-vide alors cela signifierait que ce parti n’est pas d’extrême-droite, car une fois au pouvoir il se pourrait que l’on se retrouve avec des formes regrettables et réellement d’extrême-droite. La prudence est évidemment à préconiser. Et cela vaut aussi pour d’autres structures ou mouvements qui ne sont pas répertoriés par beaucoup vers quelque-chose d’extrême et qui pourraient être dangereux. Sur ce dernier point, je pense que c’est dans ce sens que J.Sapir a écrit cet article.

        Mais le problème est que l’on ne peut pas accuser si les preuves allant dans le sens que l’on imagine ne sont pas présentes. Pour le moment, je pense qu’il faut récolter les faits et bien analyser chacun des partis et mouvements (droite et gauche) en question. Et il faut aussi s’entendre ce que l’on appelle « extrême-droite » ou « extrême-gauche » ou …, pour éviter d’y inclure tout et n’importe quoi.

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  • RGT // 12.07.2018 à 20h30

    La « Gauche Identitaire »… Elle ne date pas d’aujourd’hui.

    Déjà, dans les années 60 et 70 le PCF se battait contre l’immigration de masse parce que ce parti avait déjà compris que les travailleurs immigrés sous-qualifiés et sous-payés allaient de plein fouet entrer en concurrence avec les travailleurs « autochtones » bien plus qualifiés et compétents.

    Et la CGT se battait aussi, quand elle était encore une filiale du PCF, pour que les salariés immigrés aient le même salaire que les français…
    Pas par humanisme (bien qu’ils l’affirmaient à l’époque) mais simplement pour que les salaires des français ne baissent pas et que la main d’œuvre immigrée soit largement plus chère en termes de compétitivité que la main d’œuvre « locale ».

    Ils n’ont pas réussi à empêcher que les vannes de l’immigration soient grandes ouvertes mais au moins la « concurrence » était moins forte et les salaires des français ne baissaient pas trop.

    Puis est arrivé le « Grand François » et ses idées « progressistes » qui faisaient rêver tous les patrons des grandes industries françaises.
    Le « regroupement familial » a été le « petit plus » qui, ajouté aux autres décisions « pragmatiques » a fait éclater la désunion de la gauche (avec les communistes dans le rôle des cocus), puis la promotion de « la bête immonde » qui a fini de siphonner les quelques militants communistes restants depuis longtemps scandalisés par les trahisons des dirigeants de leur parti.

    « Rien ne se perd, rien ne se gagne, tout se transforme corrompt.

    Vous comptez adhérer à quel parti désormais ?
    Et voter pour qui aux prochaines élections ?

    Moi je m’en fous, j’irai encore « à la pêche ».
    Mon opinion est tellement différente (« déviante ») de la « morale publique » qu’aucun candidat éligible ne retiendra mon attention.
    Combien de décérébrés qui gobent béatement les « avis pertinents des grands experts » pour combien de personnes saines qui réfléchissent par elles-mêmes (même mal, mais elles réfléchissent au moins)…

    Une simple règle de trois donnera toujours Zupiter élu avec 60% des « suffrages exprimés »…
    Les mécontents n’ont qu’à fermer leurs gueules.

      +6

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    • Roubachoff // 14.07.2018 à 02h40

      Dans quel monde parallèle vivez-vous ? C’est bien d’être différent, mais ça n’autorise pas à dire n’importe quoi.
      1) Le regroupement familial, ce n’est pas Mitterrand mais VGE, en 1976. L’amendement qui change tout, autorisant l’épouse et les enfants du migrant à chercher du travail en France, c’est encore sous VGE. Je n’apprécie pas Mitterrand, tout comme vous, mais on ne va quand même pas l’accuser d’avoir cassé le vase de Soissons.
      2) A l’époque que vous évoquez, il y avait un besoin pressant d’immigration. En ces temps bénis où la notion de progrès social signifiait encore quelque chose, les Français se détournaient de certains métiers pénibles et peu payés. Plus tard, l’avancée des techniques a rendu ces activités bien moins désagréables, et ils les ont réinvesties.
      3) Ce qui a protégé les Français, c’est le SMIC (anciennement SMIG) parce qu’il réduit à néant les possibilités de dumping social. Le PC et le CGT n’y sont pas pour grand-chose : un émigré payé au SMIC, c’est exactement comme un Français payé au SMIC. Si vous n’êtes pas convaincu, pensez à l’Allemagne, où la notion de salaire minimum n’existait pas jusqu’à très récemment. Job à 400 euros, voire moins… Sept millions de personnes concernées, rien que ça. Dans ce cas précis, l’immigration turque a joué un rôle négatif – à son corps défendant, bien entendu.
      4) Les communistes ne sont les « cocus » de personne, à part d’eux-mêmes. Après l’échec du programme commun, ils se sont crus réalistes en aidant Mitterrand à accéder au pouvoir. Ce type étant ce qu’il était, il en a profité pour les laminer.
      5) Les poussées de xénophobie, c’est comme un grog, ça réconforte sur le coup, mais après on a encore plus froid. Ressaisissez-vous, il n’y a pas d’avenir dans ce mauvais trip…

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  • Frexit // 12.07.2018 à 21h16

    Tout est dit dans le titre : identité et souveraineté. Un peuple ne peut pas conserver sa cohésion s’il n’est pas souverain, s’il ne peut pas décider de son propre destin car ceux qui le gouvernent chercheront à le diviser.
    Une perte de souveraineté engendre une perte d’identité. C’est ce qu’ont compris les européistes, qui poussent l’autonomie des régions pour détruire la Nation, concept abominable à leurs yeux. Dans le cadre de l’Europe des régions qui acquièrent une nouvelle souveraineté (Bruxelles est loin), il n’y a plus de peuple français mais un peuple corse, un peuple breton, un peuple savoyard, un peuple alsacien, un peuple occitan etc.
    Un peuple n’est pas forcément homogène. Il peut y avoir diversité de langues, de religions, d’origines. Encore une fois, il se définit par sa souveraineté.
    La coupe du monde de football ne devrait pas plaire aux européistes : le peuple français se reconnaît dans une équipe nationale; on n’a jamais autant vu le drapeau tricolore, et que dire des visages peints en bleu-blanc-rouge?
    Chassez la nation et elle revient au galop. On ne détruit pas facilement une identité bâtie sur 1500 ans d’histoire.
    Alors Mr Sapir, allez jusqu’au bout de votre raisonnement : cohésion = peuple = identité = souveraineté => sortie de l’UE

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    • caliban // 13.07.2018 à 08h27

      @Frexit

      Ne vous arrêtez pas au titre, il est trompeur. Il est question de tout autre chose dans le texte.

      Quant à la relation Sapir / UPR (puisque c’est cela qui semble avant tout vous intéresser), vous trouverez des éléments sur Youtube.

      https://www.youtube.com/watch?v=7CU30YNhcKs
      https://www.youtube.com/watch?v=0nGyzQZCd38

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    • Roubachoff // 14.07.2018 à 02h45

      Je me méfie de M. Sapir comme de la peste, mais renseignez-vous un peu quand même. Cet auteur est depuis très longtemps pour la sortie de l’euro, ce qui implique naturellement une rupture avec l’UE. En revanche, ce qui est inquiétant, comme le dit fort bien un internaute sur ce fil, c’est sa « complaisance avec l’extrême-droite ».

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  • Christian Gedeon // 13.07.2018 à 06h03

    Malgré le côté un peu alambiqué de ses explications,qui s’apparentent à certains égards à un aggiornamento, M. Sapir touche juste,et avec un courage certain. C’est  » en même temps » réjouissant,et inquiétant. Inquiétant,parce que sans vouloir diminuer en rien son mérite, il fait siennes les dénonciations des communautaristes et de la globalisation qui ont vu le jour,pour ce qui me concerne,dès la « marche des beurs » et « touche pas à mon pote  » ,deux mouvements iconiques pour la « gauche » et dont le discours épouvantable était assez inaperçu aux yeux des « intellectuels  » de l’époque. Tout a commencé la.. Et on n’a pas fini de payer l’addition…et le service.

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  • Seraphim // 13.07.2018 à 07h45

    Je trouve aussi qu’il y a dans cet article un plaisir à complexifier des choses assez simples. Pas seulement par goût de l’académisme, quoique celui-ci soit flagrant dans l’exposé des théories de Godelier qui est beaucoup plus clair que le malheureux raccourci qui en est fait, mais aussi sans doute pour ne pas avouer les choses, par une pudeur et une crainte de les nommer: les mouvements Black lives matter, LGBT et le reste changeant de leur alphabet, les groupuscules sectaires comme l’AIPAC aux US ou les mouvements évangéliques fondamentalistes régis par un rapport soi-disant libre au texte quand les fondamentalistes musulmans sont eux régis par un rapport contraint au texte (interessant parallèle). L’auteur craint d’être assimilé aux forces politiques qu’il décrie par la suite…
    Enfin toutes les religions ne se définissent pas par le pur et l’impur. Ni le christianisme originel ni le bouddhisme ne peuvent être décemment qualifiés ainsi (puisque pour eux la limite du pur et de l’impur se trouve dans le coeur de chacun). Encore une fois, l’auteur ne veut pas « nommer » les choses: Islam et judaïsme en premier lieu.

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  • Brigitte // 13.07.2018 à 08h20

    Tout n’est pas aussi simple que de classer les forces sociales ou les courants sociétaux dans des cases politiques. Si revendiquer des droits et des libertés, je pense aux femmes et aux homosexuels, mais aussi à la liberté de culte, est une question « identitaire » alors la démocratie n’a plus de sens, ni l’idée de nation d’ailleurs car pas de démocratie possible sans nation.
    L’identité c’est ce qui permet d’être reconnu, pris en compte et respecté. Il en va de l’identité nationale comme de l’identité de genre. Pas de communication ni échange sans différences.
    Ce qui pose problème aujourd’hui, c’est plutôt la négation des différences que leur revendication, à droite comme à gauche. Le vivre ensemble, qui créé l’idée de peuple et de nation, dans le respect des différences, est menacé. Le communautarisme à l’américaine, né justement plus d’un rejet de l’autre que de son acceptation, s’est propagé en Europe. Donc chacun se fabrique sa petite communauté de fortune, son petit « élitisme » de pacotille, pour ressembler aux vraies élites fortunées qui ont toujours passé outre les frontières et les lois.
    Internet a bien sur amplifié le phénomène. L’économie capitaliste de masse ultra-libérale y fait son beurre et son miel et la dictature de l’égocentrisme avance…
    Il suffit d’un clic pour se retrouver dans la multitude.

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    • Sandrine // 13.07.2018 à 09h21

      « Pas de démocratie sans nation ». Il faut faire attention tout de même, parce que cette idée devient aussi un dogme (dans certains milieux, celui auquel se rattache Sapir notamment) alors qu’elle ne va pas forcément de soi.
      Qu’est-ce qu’une nation? La question fait toujours débat, même au sein de la tradition politique française -je ne parle même pas des autres pays, à l’est De l’Europe notamment.
      Sans répondre à cette question on ne peut pas lier nation et démocratie comme s’il s’agissait d’un couple existant de toute éternité.

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      • Brigitte // 13.07.2018 à 21h34

        Je suis d’accord que cela ne va pas de soi et il faut faire la différence entre nation et état. Une nation, ce pourrait être un état démocratique justement où le peuple exerce sa souveraineté à travers diverses institutions.

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    • christiangedeon // 13.07.2018 à 11h16

      Négation des différences,donc…altérité et patin couffin.Sans compter « le vivre ensemble « ,…qui co,siste à vivre ensemble en fait,un peu comme M. Jourdain faisait de la prose sans le savoir. On a ainsi « inventé  » tout un tas de mots,qui ont eux même créé des mythes,et des différences qui n’existaient pas,en fait. Les mots ont créé les problèmes,en quelque sorte. Le « rejet de l’autre  » en est un exemple frappant. Cette locution ne veut absolument rien dire. C’est du vent. Jusqu’à nouvel ordre,nous sommes en Vième république et l’autre,il est comme le je,comme nous,citoyen.(s’il est Français ),et bénéficie de la protection que lui accorde la république,s’il est étranger en situation régulière… et des dispositifs d’accueil le cas échéant,s’il y a droit. Une fois cela dit,personne n’est obligé d’aimer tout le monde et de trouver que « l’autre  » est forcément formidable. Pa contre,tout le monde doit se conformer aux principes républicains.

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      • Brigitte // 13.07.2018 à 21h48

        Je crois que vous m’avez mal comprise et donc votre réponse est à côté de la plaque. Etre citoyen et vivre en république ne règle pas les problèmes sociaux et sociétaux, sinon ça se saurait. Une citoyenne meurt toutes les 3 jours en république française sous les coups de son compagnon citoyen…je vous passe les jeunes citoyens homosexuels en détresse car rejetés par leur famille citoyenne.
        Vous vivez dans l’ignorance de ce qu’est le monde réel. C’est vous qui employez des mots vides, dénués de sens car coupés du réel, tels que citoyens, république.

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  • About // 13.07.2018 à 13h50

    “Par-delà le bien et le mal “ Nous démontrait F Nietzsche en 1886 …
    A-t-on jamais entendu son message???
    Cette lucide analyse nous tenterait de répondre par la négative malheureusement…

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  • Pardal // 15.07.2018 à 09h55

    Merci de partager une reflexion si fouillée et me semble t il honnete.J ai peur qu une solution jacobine ne soit pas la solution.Eclairez moi svp

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  • Mike30 // 15.07.2018 à 11h54

    Encore une fois une brillante analyse

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