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13.janvier.202013.1.2020
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[RussEurope-en-Exil] Le mouvement contre la réforme des retraites entre âge pivot et Euro

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Le mouvement de grève contre la réforme des retraites est donc entré dans son deuxième mois. Ce simple fait, au-delà des fluctuations normales du nombre de grévistes du fait de la durée de ce mouvement et en particulier dans les transports, au-delà de l’épuisement naturel des grévistes, indique bien que l’on est passé d’une question sociale à une question politique. La mobilisation de catégories que l’on avait peu l’habitude de voir dans la rue (comme les avocats), le refus d’une majorité des Français d’un « âge pivot », ont témoigné de la profondeur du rejet du projet gouvernemental. L’annonce, le 11 janvier par le Premier-ministre du « retrait provisoire » de l’âge d’équilibre de 64 ans[1], ce que l’on appelle en fait « l’âge pivot », a fit entrer ce mouvement dans une nouvelle phase.

Un projet, il faut bien le dire, qui a été largement défiguré par la reconnaissance du statut spécial de nombreuses professions…A l’heure actuelle, il n’a plus d’« universel » que le nom, et des régimes « spécifiques » sont soit reconstitués soit seront établis sou peu.

Cette grève est historique, tant pas sa durée que pas son ampleur. Par delà les positions des différents syndicats et celles du gouvernement, il faut reconnaître un problème évident : l’ensemble des acteurs à les mains liées par le problème de la compétitivité de l’économie française. Dit autrement, la question de la réforme des retraites est inséparable de la mise en concurrence directe des systèmes sociaux dans les pays de la zone euro. Derrière la question de la réforme du système, de son équilibre, se profile celle de l’euro.

UN PIVOT POLITIQUE ?

La question de l’âge pivot concentre aujourd’hui les débats. Le Premier-ministre, M. Edouard Philippe, en fait un symbole de sa volonté d’aboutir à un équilibre sans toucher aux cotisations. La CFDT, et dans une moindre mesure l’UNSA, font de son retrait un préalable pour de réelles négociations. Dans sa lettre du 11 janvier, Edouard Philippe semble donc leur donner satisfaction.

 

Document 1

Lettre d’Edouard Philippe aux partenaires sociaux

A bien regarder cette lettre, on voit que le Premier-ministre a cédé sur la forme mais nullement sur le fond.

Deux points en témoignent.

Tout d’abord, le dernier paragraphe du point 7 de cette lettre, qui annonce clairement qu’en cas d’échec ou de blocage de la négociation, le gouvernement rétablira l’âge d’équilibre ou « âge pivot » par ordonnances. Ensuite, le contenu du point 8, qui est lui aussi important. Edouard Philippe exclut du champ des négociations «…la hausse du coût du travail pour garantir la compétitivité de notre économie ». Autrement dit, Edouard Philippe ôte du champ des négociations ce qui aurait permis d’éviter l’âge « pivot », sauf à contraindre les syndicats à faire porter la totalité de l’effort de financement sur les salariés alors que dans le système normal cet effort est partagé entre le salarié et l’employeur.

Si les directions de la CFDT et de l’UNSA se sont réjouies de cette lettre, les fédérations locales semblent penser tout autrement. Ainsi, l’UNSA-RATP a condamné sa propre direction et appelé à continuer la grève[2], et la CFDT-cheminots a fait de même. Le théâtre médiatique qui se met en place ne convainc que peu de gens. Même les vieux analystes rassis sous les prébendes, comprennent bien que ce qu’ils appellent la « base », avec ce que leurs voix disent de mépris et de crainte, n’est pas partie prenante de ce dit théâtre.

UN ÂGE TOXIQUE

 

La notion d’âge d’équilibre ou d’âge pivot est tout d’abord étrange dans un système par points. Personne ne semble avoir remarqué que cette notion est étrangère à la logique d’un système par point.

Cet âge « pivot » n’est cependant pas une manipulation, du moins dans sa logique, comme le disent tant Marine le Pen[3] qu’Alain Badiou[4]. Il répond à une vraie logique, et c’est pourquoi à peine est-il aboli qu’il refait-il surface sous le nom d’âge d’équilibre. Si, son maintien ou son retrait ont alimenté le théâtre médiatique, il convient de mieux en comprendre la logique.

De fait, l’âge de 64 ans pose un vrai problème en cela que le taux d’activité, qui est encore de plus de 70% à 59 ans tombe à 19% pour 64 ans. Le principe d’un « malus » en-deçà de 64 ans revient à pénaliser une grande partie des futurs retraités qui ne pourront pas, même s’ils le voulaient, travailler jusqu’à 64 ans.

Mais, l’âge pivot est aussi un leurre. Serait-il retiré que le problème général d’une retraite « à points » resterait le même. Le mode de fixation du point, même fixé par une loi (et donc susceptible d’être fixé différemment par une autre loi) soulève un véritable problème. Les courbes d’évolutions dans le temps des salaires étant ce qu’elles sont en France, la prise en compte de toute la carrière aboutit MECANIQUEMENT à baisser les pensions, et en particulier pour les fonctionnaires.

Document 2

Graphique du taux d’activité

Source : DARES et INSEE

Telle est, en réalité, la fonction de l’âge dit « pivot » ou « d’équilibre » : faire baisser les pensions, non « théoriques » mais « réelles » qui seront versées aux futurs retraités. Incidemment, cet âge « pivot » a aussi pour fonction d’inciter les mieux lotis à se constituer des retraites complémentaires par capitalisation et donc à développer la branche capitalisation dans le système actuel. On dira que cette branche existe déjà, en particulier pour les fonctionnaires. Mais, ce disant, on oublie qu’elle fut créée par les syndicats comme une réponse à la non-introduction des primes dans le calcul des salaires. Le développement de la logique de la capitalisation dans un système qui était pensée à la base comme un système par répartition provient de la malhonnêteté de l’Etat qui a joué sur les primes pour compenser des salaires bien trop faibles mais qui n’a pas voulu en payer le prix réel du point de vue des retraites. Il est donc à craindre que l’on soit en présence de la même manœuvre avec l’âge dit « pivot ».

D’une manière générale, l’universalité du système, qui fut tant vantée par le gouvernement, est un mythe. Les situations sont trop différentes, par exemple en ce qui concerne la pénibilité du travail, un terme qui va plus loin que la pénibilité directement physique avec l’apparition puis l’explosion ces dernières années des maladies dites « stress-induites », pour qu’un système universel soit simplement possible.

 

LE MAUVAIS BERGER ?

 

On l’a entendu sur les différents médias, Laurent Berger, le dirigeant de la CFDT, a proposé de séparer l’aspect systémique de la réforme (le basculement vers un système « à points ») de la recherche d’un équilibre financier. Mais, il est à craindre que sa proposition de conférence générale sur le financement des retraites ne serve qu’à duper les travailleurs. Il y a à cela deux raisons :

  • La position de Laurent Berger ne traite pas le fond des problèmes posés par le système dit « à points », soit la question de la pénibilité et celle de la courbe temporelle des rémunérations. Or, tout axer sur la question de l’âge pivot en oubliant des questions aussi importantes est un sinistre jeu de dupes. Laurent Berger, ici, s’est fait le complice de la communication gouvernementale. Le secrétaire de la CFDT-Cheminots ne dit pas autre chose quand il affirme que le « retrait de l’âge « pivot » était nécessaire mais pas suffisant »[5].
  • La seconde raison est que toute conférence générale sur le financement va se heurter à la résistance patronale à l’accroissement de leurs cotisations. Elle ne peut donc qu’aboutir à un relèvement des cotisations des salariées. La ponction sur le pouvoir d’achat aura des effets tant sociaux que macroéconomiques redoutables.

Toute proposition doit être jugé à l’aune du rapport de force dans lequel elle s’inscrit, ou qu’elle permettrait de créer. Force est de constater que la proposition de Laurent Berger affaiblit de manière substantielle la position des futurs négociateurs syndicaux…

L’EURO, QUESTION CACHEE

Il y a cependant une question cachée dans cette réforme des retraites. C’est celle de la compétitivité de l’économie française. Comment peut-on imaginer que nous soyons passés d’un ratio de 4 actifs pour 1 inactifs à la fin des années quarante à un ratio de 1,7 pour 1 aujourd’hui sans prendre en compte les immenses progrès de la productivité du travail ? Mais, cette question en pose aussi une autre : du moment que les économies des pays de la zone Euro sont mises en concurrence sans le filtre possible d’une modification du taux de change, ce ne sont plus nos économies qui sont en concurrence mais nos systèmes sociaux. Or, l’Union européenne se refuse à établir la règle de convergence sur la situation du pays où le système social est le plus avantageux pour les travailleurs. C’est bien pourquoi l’Euro, et accessoirement l’UE, sont des questions cachées de cette réforme.

  • Le problème de la compétitivité empêche effectivement le relèvement des cotisations patronales. Même s’il est faux de dire que le CICE a créé 1 millions d’emplois (la réalité est plus de l’ordre de 150 000 à 300 000 emplois, car ce sont les entreprises qui ont le moins bénéficié du CICE qui ont paradoxalement créé le plus d’emplois), il est clair qu’à taux de change constant, tout relèvement des cotisations aura des conséquences néfastes sur l’emploi. L’étude de l’OFCE le montre de manière très éclairante[6].

 

Document 3

Evaluation des effets du CICE par l’OFCE

Source : https://www.ofce.sciences-po.fr/blog/cice-des-effets-faibles-sur-lactivite-economique-moderes-sur-lemploi/

 

  • Ce problème voit ses effets décuplés dans la surévaluation, de 17% à 25% de l’économie française face à l’Allemagne. Il suffit de consulter les « External Sector Report » publiés par le FMI pour le vérifier. De fait, le CICE n’a fait qu’éponger une partie de cette surévaluation. Sans elle, et donc sans l’Euro, il n’aurait pas été nécessaire.

Document 4

Ampleur des écarts des taux de change réels (REER) avec le taux de change de Euro

Ecart moyen par rapport au Taux de Change Réel Ecart maximal Ecart avec l’Allemagne

(normal-Maxi)

France -11,0% -16,0% 26-43%
Italie -9,0% -20,0% 24-47%
Espagne -7,5% -15,0% 22,5-42%
Belgique -7,5% -15,0% 22,5-42%
Pays-Bas + 9,0% +21,0% 6-6%
Allemagne +15,0% +27,0%

Source : écart des taux de change réels dans le FMI External Sector Report 2017, 2018 et 2019

C’est pour cela qu’il y a aujourd’hui une vérité à dire bien haut : seule, la dissolution de la zone Euro et le retour à notre monnaie nationale peut redonner des marges de manœuvres sur la question des retraites.

Tant que les dirigeants syndicaux n’en auront pas conscience, tant que les responsables politiques qui soutiennent le mouvement resteront silencieux sur ce point, les travailleurs sont condamnés à se battre dans une cage aux barreaux d’acier.

De tout cela, une leçon s’impose. L’européisme, c’est à dire la fétichisation des institutions européennes et de l’Euro, est une machine de guerre contre les droits sociaux, en France et dans les autres pays.

L’européisme, c’est l’ennemi !

[1] Voir le point 7 de sa lettre. https://www.gouvernement.fr/sites/default/files/document/document/2020/01/courrier_partenaires_sociaux_11_janv_2020.pdf

[2] https://www.francetvinfo.fr/economie/retraite/reforme-des-retraites/retraites-l-unsa-ratp-syndicat-majoritaire-appelle-a-poursuivre-la-greve-dans-les-transports-parisiens_3781501.html

[3] https://www.rtl.fr/actu/politique/retraites-l-age-pivot-est-une-vaste-manipulation-selon-marine-le-pen-7799852125

[4] https://www.facebook.com/watch/?v=2538437806438685

[5] https://www.francetvinfo.fr/economie/transports/sncf/greve-a-la-sncf/retrait-provisoire-de-l-age-pivot-necessaire-mais-pas-suffisant-pour-la-cfdt-cheminots-qui-appelle-a-etre-bien-mobilises-demain_3782653.html

[6] https://www.ofce.sciences-po.fr/blog/cice-des-effets-faibles-sur-lactivite-economique-moderes-sur-lemploi/

Commentaire recommandé

christian gedeon // 13.01.2020 à 12h27

Du très bon Sapir,objectif(cf les conséquences d’une augmentation des cotisations sociales) et l’absence de plus en plus criante de « convergence » sociale en ue . Il ne faut PLUS employer le terme Europe pour parler de l’ue,s’il vous plaît.Je suis de droite,attaché à la liberté d’entreprendre,et à la cohésion sociale de la France,et la Nation. Et certes pas un ultralibéral diviseur pour régner,qui considère au mieux la France comme une quelconque province,ou plutôt comme un quelconque territoire livré aux mafias,qu’elles soient « économiques  » ou financières,et,il ne faut jamais l’oublier « purement  » criminelles.
J’ai pensé dès les débuts que la retraite à « points  » (l’âge pivot n’étant qu’un vrai (sic!) leurre) était une arnaque,un jeu de bonneteau. Les régimes spéciaux,qui peuvent par ailleurs être largement critiqués servent de chiffon rouge. A l’arrivée,ils demeureront quasiment intouchés. C’est la masse des salariés du « privé » qui encaissera le choc,jusqu’à ce que ce qui reste de la classe moyenne soit tellement terrorisé qu’elle « acceptera  » tout. Le cochon de payant ira de lui-même à l’abattoir,espérant au mieux y aller après le voisin et le plus tard possible.
Cette eu est néfaste,y compris pour les « émergents » qui en font partie. L’Allemagne et ses alliés dominent maintenant sans partage cette machine. On pensait que l’Allemagne avait perdu la seconde guerre mondiale? j’en ris encore.

22 réactions et commentaires

  • miguel31 // 13.01.2020 à 10h53

    M. Sapir j’apprécie et partage largement votre positionnement sur la question de l’Euro ; toutefois, si l’on peut entendre que la mise en concurrence frontale des systèmes sociaux à l’intérieur de la zone Euro rend très malaisée une hausse future des taux de cotisations patronales donc du « coût » du travail français, il existe d’autres pistes de financement d’un éventuel déficit de la branche vieillesse qui ne présenteraient pas ces inconvénients. A titre d’exemple, la CADES aura fini de rembourser la dette sociale d’ici à 2024, or elle reçoit chaque année 24 milliards d’euros de CRDS et CSG, somme largement suffisante pour financer les déficits à venir du système actuel.
    Et d’ailleurs, que sait-on de ces déficits, tels qu’évalués dans le rapport du COR (8 à 17 milliards d’euros / an) ? Ils tiennent largement aux hypothèses retenues par le COR : baisse du nombre de fonctionnaires, gel du point d’indice, part des salaires dans la VA stabilisée, exonérations de cotisations non compensées par l’Etat (mesures dites « gilets jaunes »)…
    Il ne s’agit pas toutefois de nier le rôle joué par l’UE dans cette régression sociale (et toutes les précédentes), puisque cette réforme était demandée dès 2018 par la Commission européenne dans ses GOPE (qui évoquait une économie de 5 milliards d’euros d’ici à 2022).

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  • christian gedeon // 13.01.2020 à 12h27

    Du très bon Sapir,objectif(cf les conséquences d’une augmentation des cotisations sociales) et l’absence de plus en plus criante de « convergence » sociale en ue . Il ne faut PLUS employer le terme Europe pour parler de l’ue,s’il vous plaît.Je suis de droite,attaché à la liberté d’entreprendre,et à la cohésion sociale de la France,et la Nation. Et certes pas un ultralibéral diviseur pour régner,qui considère au mieux la France comme une quelconque province,ou plutôt comme un quelconque territoire livré aux mafias,qu’elles soient « économiques  » ou financières,et,il ne faut jamais l’oublier « purement  » criminelles.
    J’ai pensé dès les débuts que la retraite à « points  » (l’âge pivot n’étant qu’un vrai (sic!) leurre) était une arnaque,un jeu de bonneteau. Les régimes spéciaux,qui peuvent par ailleurs être largement critiqués servent de chiffon rouge. A l’arrivée,ils demeureront quasiment intouchés. C’est la masse des salariés du « privé » qui encaissera le choc,jusqu’à ce que ce qui reste de la classe moyenne soit tellement terrorisé qu’elle « acceptera  » tout. Le cochon de payant ira de lui-même à l’abattoir,espérant au mieux y aller après le voisin et le plus tard possible.
    Cette eu est néfaste,y compris pour les « émergents » qui en font partie. L’Allemagne et ses alliés dominent maintenant sans partage cette machine. On pensait que l’Allemagne avait perdu la seconde guerre mondiale? j’en ris encore.

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    • ZoumZoum // 13.01.2020 à 13h48

      « L’Allemagne et ses alliés dominent maintenant sans partage cette machine. On pensait que l’Allemagne avait perdu la seconde guerre mondiale? j’en ris encore. »

      « ce pourquoi on s’est battus, c’est ce qu’on a obtenu, une Europe unie et en paix dominée par l’Allemagne »
      Diana Mitford 1910-2003

      En 1932, elle rencontre Oswald Mosley, le chef des fascistes anglais ils se marient secrètement, en 1936, en Allemagne, chez le couple Goebbels, et en présence d’Hitler, qui les félicite.
      Elle n’a jamais reniée ses convictions et à la fin de sa vie elle déclarait « ce pourquoi on s’est battus, c’est ce qu’on a obtenu, une Europe unie et en paix dominer par l’Allemagne ».

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  • Narm // 13.01.2020 à 13h28

    L’age pivot c’est le leure qui permet à des « vendus » (berger de la cfdt) de se placer comme les sauveurs…..
    on l’a vu avec les grevistes, leur base ne semble plus d’accord avec cette direction ( qui d’ici 10 ans sera placé à un poste sympathique)
    La naissance de l’UE date de bien avant.
    Les « vaiqueurs  » ont changé de camp Christian, avant, pendant puis après la guerre. Celui qui gagne tout le temps, c’est le capital
    Macron n’est qu’un pion, l’UE l’outil, je ne sais plus exactement, mais un decret européen pour précariser la france a paru un 14 juillet au journal officiel (je vais chercher)
    Au gouvernement , il y a peut être quelques simples d’esprits qui y croient, mais sinon, ce sont des escrocs. Comme macron et sa vente du journal, l’abandon d’alstom et la vent de l’aéroport de Toulouse, aujourd’hui déja revendu…. ( cout 200/300 millions ?)
    ils appellent cela du business…
    business france….
    un jour ils devront donner des comptes

      +10

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  • Bouddha Vert // 13.01.2020 à 14h26

    La politique européenne est décidément entre les mains de technocrates insensibles aux données nationales et nos politiques ont laissé et continuent de laisser faire.
    Tous les secteurs d’activités sont désormais ouverts à la concurrence et la fin des régimes spéciaux ouvre l’un des dernier verrou à privatiser des pans entiers de nos infrastructures nationales et de leurs employés: transport ferroviaire, hôpitaux, énergie, éducation, gestion des forêts…
    Reste tout de même l’armée et la police qui restent totalement sous gestion nationale, ce qui offre de beaux fusibles pour Bruxelles.

    Le projet de l’Europe des Nations semble définitivement enterré sous une dalle de béton et d’acier, l’agent est désormais maître de l’organisation des Hommes car nos députés de Bruxelles ne sentent plus que la pression des forces de l’argent, leurs électeurs étant dorénavant loin, sous l’horizon de leur quotidien.

    A bas la République, vive l’Europe, à bas la politique, en marche vers un projet économique… ça fait rêver!
    L’adage prétend que l' »on a les politiques que l’on mérite », notre réveil sera nauséeux.

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  • Kokoba // 13.01.2020 à 15h09

    Cette réforme a été voulu, conçue et exigée par Bruxelles.
    Sous les ordres du patronat et le regard intéressé des fonds de pensions et autres assureurs/banquiers.

    Macron et sa clique ne sont que les exécutants.
    Mais çà ne veut pas dire qu’ils ne sont pas enthousiastes.
    Même la grève semble les arranger : elle n’est en rien dangereuse et cela conforte leur coté « réformes courageuses »

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    • Larousse // 13.01.2020 à 16h25

      Possible qu’il soit satisfait de son effet « je réforme courageusement », mais… attention…les grèvistes s’appauvrissent ce sont des consommateurs en moins dans 2-3 mois, des tas de projets mis en berne… et leurs tranches d’impôts va sérieusement baisser vu ce qu’ils ont perdu déjà… Donc des recettes fiscales en moins… Et ce phénomène s’étendra à d’autres catégories en grève (fonctionnaires et assimilés…) Outre l’effet psychologique de long terme de sa « sale victoire » sur les forces sociales qui travaillent…
      La décomposition d’un système, d’une société commence toujours lentement. Macron n’a aucune expérience dans l’histoire politique…

        +11

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    • chokk // 13.01.2020 à 17h01

      Pour ajouter quelques éléments à votre propos, la réforme des retraites a été négocié à Bruxelles en 2013. Et c’est l’anti-européiste notoire Le Point qui en parlait déjà :
      https://www.lepoint.fr/societe/bruxelles-exige-de-la-france-des-reformes-en-echange-d-un-delai-29-05-2013-1674278_23.php

      Quelques éléments intéressants :
      « pour 2020 au plus tard »
      « d’adapter les règles d’indexation, les âges minimum et de taux plein, la période de contribution et les régimes spéciaux, mais en évitant d’augmenter les contributions des employeurs ».

      Contrat rempli !

        +12

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  • Leterrible // 13.01.2020 à 15h40

    Sapir écrit : …  » Il y a cependant une question cachée dans cette réforme des retraites. C’est celle de la compétitivité de l’économie française. Comment peut-on imaginer que nous soyons passés d’un ratio de 4 actifs pour 1 inactifs à la fin des années quarante à un ratio de 1,7 pour 1 aujourd’hui sans prendre en compte les immenses progrès de la productivité du travail ? « ….
    Dommage..!! Faiblesse d’argument facilement réfutable (==> espérance de vie en « bonne » santé en forte croissance sur la période [1950-2020] ==> inflation du nombre de retraités en vie ==> augmentation importante de la valeur du dénominateur du ratio NON due à l’augmentation de la productivité , cette dernière étant indéniablement à valoriser bien entendu…)

      +0

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    • Gilles // 13.01.2020 à 16h27

      en 1950 il y avait 4 actifs pour 1 retraité.aujourd’hui 1,7 actifs pour 1 retraité. Cela devrait donc coûter
      2,35 fois plus cher en terme de cotisations. OK ? seulement entre-temps la richesse produite par habitant a été multipliée par 4 ou 5.
      autre approche: il manquerait de 8 à 17 mds (prenons 12,5 mds) en 2025 selon le COR sur un total de 310 mds: il manque donc 4% de cotisations. Le taux actuel global est de 25,6 % retraite complémentaire comprise: il faudrait donc l’amener à 25,6+(25,6*4%)= 26,6 % soit +1%.A ce chiffre on pourra déduire 0,5 % correspondant à la CRDS dés 2024.
      une dernière remarque: le système reposant sur la répartition solidaire pourquoi baisser le montant des cotisations pour les revenus>10000 €? Pourquoi ne pas obliger, sous peine de sanctions exécutables immédiatement, la parité totale des salaires hommes/femmes ?

      AMHA, ce projet sur les retraites n’est qu’un vaste enfumage faisant suite à toute une série de décisions prises depuis 30 ans pour rendre le coût du travail moins cher et ainsi rendre encore plus attrayant qu’il ne l’est le rendement du capital.

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      • herve_02 // 14.01.2020 à 10h35

        ah…. l’égalité salariale entre homme et femme.

        ok admettons, faisons un exercice de pensé. Imaginons qu’il y a effectivement une différence de salaire dû au fait que ce soit une femme (et pas ses études, sa carrière, ses horaires, son poste…) Comment on fait ?

        On prend la moyenne des salaires des hommes et on le donne aux femmes ? mais alors les hommes qui sont en dessous (puisque dans une moyenne….) on les augmente ou pas ?

        Si dans une entreprises à 3 salarié j’ai deux hommes et une femme la femme se situant niveau salaire entre les deux, on fait quoi ?

        ps : pour rappel, pour que tout le monde le sache, dans les conventions collectives ET dans les points d’indice des fonctionnaires, il n’y a pas une case homme et femme.

          +0

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        • Gilles // 14.01.2020 à 11h19

          je ne comprends strictement rien à ce que vous dites:
          J’ai été entrepreneur et employeur pendant 35 ans et il n’y a jamais eu de différence de salaire entre hommes et femmes à poste équivalent. mais voilà, les études et les statistiques nous montre que cette règle qui devrait aller de soi n’est quasiment jamais appliquée. j’en déduis donc qu’il faut la rendre obligatoire sous peine de sanctions immédiates et fortes pour des raisons d’équité et en plus ça rapporterait environ 4 Mds de cotisations retraite. C’est pas bien ?

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  • Leterrible // 13.01.2020 à 15h54

    A NOUVEAU cette POSITION DE PRINCIPE (non inscrite dans la Constitution…!!) de SALAIRE = COÛT (du travail) pour l’ENTREPRISE…….
    (Partie 1 du commentaire)
    Mais si un principe aussi fondamental que le salaire comme coût pour l’entreprise n’est pas inscrit dans la constitution, posons-nous la question : où diable l’est-il donc ?
    Il l’est dans des textes d’apparence anodine car se définissant eux-mêmes comme d’un caractère purement technique, à mille lieues de tout débat idéologique, et bénéficiant du coup d’un a priori d’innocence…. J’ai nommé, les règles comptables.
    Ces règles comptables sont rédigées par des « experts » désignés de fait par les plus grosses entreprises et les grandes firmes d’audit, à l’écart entièrement des institutions et des prises de décision démocratiques. Les règles comptables inscrivent dans les pratiques économiques d’authentiques choix de société, et opèrent parfois de véritables coups d’État, tout ceci, à l’insu du commun des mortels.  »
    dans : https://www.pauljorion.com/blog/2018/06/04/le-monde-lecho-les-regles-comptables-constitution-implicite-de-leconomie-le-4-juin-2018/ et plus précisément :

      +10

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  • Leterrible // 13.01.2020 à 15h54

    (Partie 2 du commentaire) … »Faut-il à ce propos rappeler que l’I.A.S.B. [https://www.ifrs.org/groups/international-accounting-standards-board/ ] qui définit ces dernières est un organisme privé siégeant à Londres et de droit américain, inscrit dans le paradis fiscal du Delaware, où siègent les plus grands établissements financiers et les principaux cabinets d’audit sans avoir de compte à rendre à personne ? « …
    dans: https://décodages.com/2020/01/11/tracabilite-des-uns-opacite-des-autres/#more-108090

    IL SERAIT PLUS QUE TEMPS DE S’EMPARER DE LA QUESTION…………..!!!

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    • herve_02 // 14.01.2020 à 10h39

      juste une question idiote. comment comptabiliser les salaires alors ? si ce n’est en classe 6 (débit) ?

      faut-il les comptabiliser en classe 7 (crédit) et donc payer de l’impôt sur les bénéfice dessus ?

      À partir du moment ou cela sort du compte de l’entreprise c’est un coût. Mais je veux bien qu’on me montre un autre mécanisme.

        +0

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      • Leterrible // 14.01.2020 à 18h57

        Tant qu’à répondre à votre question « idiote » (sic)……[[ Rappel: ce n’est pas ainsi qu’on va avancer… le minimum avant de (re)commenter serait de lire les articles suggérés en lien par votre interlocuteur…!! ]]… je propose de vous faire voir clairement le problème ( dont vous refuserez sans doute la pertinence.. .à vous de voir…)
        Ainsi commencent les deux premiers paragraphes du premier lien (( https://www.pauljorion.com/blog/2018/06/04/le-monde-lecho-les-regles-comptables-constitution-implicite-de-leconomie-le-4-juin-2018/ )) proposé :

         »  »  » Les SALAIRES constituent pour l’entreprise, UN COÛT, alors que les DIVIDENDES versés aux actionnaires, les BONUS aux montants quelquefois faramineux versés à la direction, sont de fait des parts de BÉNÉFICE. Or les coûts doivent être réduits, et les bénéfices, accrus.

        Ce sont là des vérités admises dont certains diront qu’il s’agit de simple bon sens. Pourtant, au XVIIIe siècle, le travail était considéré, au même titre que le capital investi et les tâches de supervision effectuées par la direction, comme autant d’« avances » faites à l’entreprise. Comment pourrait-il en être autrement si chacun de ces ingrédients est indispensable ? Si le salarié ne constituait véritablement qu’un coût pour l’entreprise, pourquoi aurait-on jamais cherché à l’embaucher ?  »  »  » …. ( à suivre..)
        [modéré]

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        • JBB // 15.01.2020 à 23h04

          Tout ce que tu paies aux autres est un coût, ce que tu garde pour toi est un bénéfice. Personnellement ça me paraît effectivement être du bon sens.

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          • Leterrible // 16.01.2020 à 14h29

            Autre chose apparemment aussi  » de bon sens « …
            L’ économie de marché …ÉVIDENT …mais pourtant : « stop ou encore? »

            Une expérience théorique indéniablement « parlante », venant d’un milieu scientifique au raisonnement « carré » ( là où 2+2 font toujours 4…) incontestablement impartial :

            ( l’exemple de base en page 2 est extraordinairement lisible et évocateur..) 19/12/2019

            https://www.pourlascience.fr/sd/economie/aux-sources-mathematiques-des-inegalites-de-richesse-18601.php

            dont la conclusion est …. Le RUISSELLEMENT FORCÉMENT VERS LE HAUT…!!

            … »  »  » … Étant donné la complexité des économies réelles, nous trouvons gratifiant qu’une approche analytique simple développée par des physiciens et des mathématiciens décrive les distributions réelles de richesse de plusieurs pays avec une aussi grande précision.

            Il est également assez curieux de constater que ces distributions présentent des caractéristiques subtiles mais essentielles de systèmes physiques complexes.

            Et surtout, le fait qu’une esquisse aussi simple et plausible du « LIBRE MARCHÉ » fasse apparaître qu’ IL EST TOUT SAUF LIBRE ET ÉQUITABLE devrait être à la fois un motif d’inquiétude et un appel à l’action.  »  »  »

            ( article à répandre SANS modération…)

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  • Jean Louis // 13.01.2020 à 17h19

    Une remarque en passant… sur le CICE versé à Auchan je ne vois pas en quoi vos écarts de taux de change ont le moindre rôle et des Auchan qui ne jouent pas avec la concurrence européenne sur le sol national sont ceux qui ont le plus encaissé du CICE, alors non dans la majorité des cas le CICE n’était en rien nécessaire.
    Et je trouve pour le moins réducteur et superficiel d’en rester à « fond des problèmes posés par le système dit « à points », est la question de la pénibilité et celle de la courbe temporelle des rémunérations » en passant sous silence le passage des 25 meilleures années à toute la carrière, etc,etc,… Tout est à rejeter !

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    • JBB // 15.01.2020 à 23h09

      Pareil pour la Poste et la Sncf qui sont les 2 plus gros bénéficiaires du CICE.

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  • David510 // 14.01.2020 à 04h40

    Merci, M.Sapir. Ceci, et bien d’autres elements m’amenent a m’interroger sur la credulite de certains, ou le degre d’aveuglement, sur les partis et les syndicats dits de « progres » quand toutes leurs actions ne vont que dans le sens de la regression…

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  • werrebrouck // 14.01.2020 à 10h56

    Le lien avec l’euro correspond avec la nécessité d’une dévaluation interne donc une baisse du cout du travail, donc une baisse de toutes les composantes du salaire global, dont ce que l’on peut appeler les couts de la vieillesse et donc les retraites. cf: http://www.lacrisedesannees2010.com/2020/01/retraites-le-choix-de-l-autorite-dans-la-baisse-du-cout-du-travail.html
    http://www.lacrisedesannees2010.com/2020/01/demain-un-nouveau-marche-celui-du-trading-des-points-de-retraite.html

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