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11.avril.202011.4.2020
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[RussEurope-en-Exil] Le coût économique de la crise du coronavirus (au 10 avril) par Jacques Sapir

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Les estimations du choc économique provoqué par le coronavirus, et pas les politiques de confinement qui ont été adoptées pour lutter contre l’épidémie, ont été pendant un temps largement sous-estimées. Depuis le début du mois d’avril, une série d’études, certaines publiées et d’autres non, ont apporté des précisions sur l’ampleur potentielle du choc. Il n’est cependant pas clair si le confinement des populations durera 6, 8 ou 12 semaines. Or, ces estimations sont très sensibles à la durée estimée des périodes de confinement. Ce texte vise à faire le point sur ces estimations en tenant compte des dernières données et informations.

I. Un choc généralisé

Il est aujourd’hui clair que les estimations qui avaient été faites par l’OCDE au début du mois de mars étaient bien trop optimistes[1]. Ces estimations supposaient que le choc serait de l’ordre de -1,1% pour l’Allemagne (passant d’une croissance attendue à +0,8% à une croissance révisée à -0,3%), de – 1,2% pour la France et de -0,4% pour l’Italie. Une étude publiée le 2 avril 2020, par le service de recherche de la banque italienne UniCredit donne une autre vision des choses[2].

Tableau 1

UniCredit: taux de croissance du PIB pour 2020 et 2021

2020 2021 2021 in % of 2019
Monde -6,00% 8,60% 102,1%
Etats-Unis -10,80% 11,80% 99,7%
Zone Euro -13,00% 10,00% 95,7%
dont
Allemagne -10,00% 10,00% 99,0%
France -13,80% 11,60% 96,2%
Italie -15,00% 9,00% 92,7%
Espagne -15,50% 9,50% 92,5%
Royaume-Uni -10,50% 9,80% 98,3%
Norvège -5,50% 6,50% 100,6%
Suisse -10,20% 9,70% 98,5%

Donnée de la Table 1, in Silvestre C., (ed), The mother of all recessions has arrived, Milano, The UniCredit Economic Chartbook, Q2-2020, 2 avril, 2020, p. 4.

Ces données, il faut le préciser, sont sans doute calculées pour une durée de 12 semaines du confinement. Or, il n’est pas dit que ce dernier durera aussi longtemps. On notera deux choses importantes dans ces estimations. La première est que, à l’exception de la Norvège, mais aussi des pas d’Asie, pratiquement aucun des pays mentionnés n’aura retrouvé à la fin de 2021 son PIB de 2019. La seconde est que la situation d’un pays exportateur de matières premières, comme la Norvège, semble s’en tirer mieux que d’autres.

On notera que les estimation faites par l’Institut de Prévision de l’Economie Nationale (IPEN-ASR) sur la Russie (2 mois de confinement ?) confirment ce phénomène même s’il est moins marqué[3].

Tableau 2

Impact du confinement sur la Russie – données trimestrielles

2020

T1

2020

T2

2020

T3

2020

T4

2021

T1

2021

T2

2021

T3

2021

T4

PIB 1,9 -15 -5 1,5 1,8 3 3,2 2,5
Revenu réel de la population 1,2 -15 -5 0 0,8 2 1,3 1,5

Il convient de préciser que ces calculs indiquent que le PIB de la Russie serait, à la fin de 2021 à 98,4% de son niveau de 2019, soit à un niveau égal au Royaume-Uni, un peu inférieur à l’Allemagne, et largement supérieur à la France, l’Italie ou l’Espagne. Ces calculs ont été réalisés à partir d’une désagrégation par branches de l’économie russe.

II. Données françaises

Les estimations sur la France ont été faites par l’INSEE, la Banque de France et l’OFCE. L’INSEE et la Banque de France utilisent un modèle basé sur la désagrégation du PIB par secteur d’activité.

Tableau 3

Evaluation de l’INSEE et de la Banque de France

Secteurs

Poids dans le PIB Pertes d’activité

(en %)

INSEE

Pertes d’activité Banque de France Impact sur le PIB annuel

INSEE

Agriculture et industrie agro-alimentaire 4% -4% -6% 0,0%-
Industrie manufacturière 12% -52% -46% -5,0%
Construction 6% -89% -75% -6,0%
Services 56% -36% -37% -20,0%
Services non-marchands 22% -14% -9% -3,0%
Total 100% -35% -32% -35,0%

Source: INSEE https://www.insee.fr/fr/information/4471804 Banque de France, Point sur la Conjoncture Française à fin mars 2020, Paris, Banque de France, April 8th, https://www.banque-france.fr/sites/default/files/media/2020/04/08/200407-point_de_conjoncture_banque_de_france_v2a_modele2.pdf

Ces évaluations, confirmées pour celles de l’INSEE par une nouvelle note du 9 avril[4], aboutissent à des résultats plus pessimistes que les évaluations qui ont été réalisées par l’OFCE. Il faut ici souligner que si les méthodologies de l’INSEE et de la Banque de France sont relativement proches, il n’en va pas de même pour celle de l’OFCE qui, pour sa part, privilégie un choc de demande sur le choc d’offre. Or, le choc d’offre nous semble essentiel dans le confinement. Cependant, aucune de ces études n’incluent les pertes additionnelles qui pourraient résulter d’un dé-confinement relativement lent.

Tableau 4

Synthèse des données sur la France

Durée du confinement INSEE Banque de France OFCE UniCredit
One month -3,0% 3,0% -2,6% 4,6%
Two month -6,0% 6,0% 9,2%

INSEE, https://www.insee.fr/fr/information/4471804, OFCE, « Evaluation au 30 mars 2020 de l’impact économique de la pandémie de COVID-19 et des mesures de confinement en France », Paris, Policy Brief n°65, March 30th 2020, Banque de France, Point sur la Conjoncture Française à fin mars 2020, Paris, Banque de France, April 8th, UniCredit, données adaptées de la table 1.

Nous maintenons, quant à nous, les estimations réalisées au CEMI. Nous avons dans le tableau qui suit intégré la possibilité de pertes substantielles du PIB du fait d’une période allongée de dé-confinement, pertes qui sont estimées à 2% du PIB après un confinement de 8 semaines.

Tableau 5

Comparaison des données avec pertes potentielles pour la période de dé-confinement

INSEE UniCredit CEMI

hypothèse 1

CEMI

Hypothèse 2

Confinement de 6 semaines -6,5% 6,9% -8,2% -7,6%
Confinement de 8 semaines -8,0% -9,2% -10,3% -9,7%

Les hypothèses formulées au CEMI s’appuient sur la désagrégation du PIB par secteur dans les travaux de l’INSEE. Elles incluent les pertes de productivité pour les activités maintenues dans le confinement. L’hypothèse 2 diffère en cela que les pertes de production sont plus importantes avec la durée.

On considère que cet aspect a été intégré dans les hypothèses formulées par les chercheurs de UniCredit.

III. Conséquences financières

Bien évidemment, les pertes en pourcentage du PIB entraîneront une baisse des recettes fiscales et parafiscales, tandis que les mesures conservatoires prises par le gouvernement vont augmenter les dépenses.

Cela va entraîner l’apparition d’un important déficit budgétaire pour l’année 2020, nettement supérieur à ce que prévoit actuellement le gouvernement. On présente ici les chiffres corrigés de ces prévisions, en tenant compte de la déclaration faite par le Ministre de l’économie le 9 avril et montant les dépenses liées au coronavirus à 100 milliards pour un confinement de probablement 6 semaines. Nous avons appliqué une règle linéaire pour les calculer sur 8 semaines.

Tableau 6

Conséquences financières

INSEE1 CEMI

hypothèse 1

CEMI

hypothèse 2

Pertes en recettes sur 6 semaines (milliards d’euros)** -81,6 -102,9 -95,4
Pertes en recettes sur 8 semaines (milliards d’euros)** -100,4 -129,3 -121,7
Dépenses supplémentaires (6 semaines) 100[5] 100 100
Dépenses supplémentaires (8 semaines) 130 130 130
Déficit supplémentaire (6 semaines) en milliards d’euros -181,6 -202,9 -195,4
Déficit supplémentaire (8 semaines) en milliards d’euros -230,4 -259,3 -251,7
Déficit prévu en milliard d’euros -54,5 -54,5 -54,5
Déficit total (6 semaines) en milliards d’uros -236,1 -257,4 -249,9
Déficit total (8 semaines) en milliards d’uros -284,9 -313,8 -306,2
Déficit en % du PIB (6 semaines) * -10,3% -11,4% -11,0%
Déficit en % du PIB (8 semaines) * -12,4% -13,9% -13,5%
  1. Déduit des données de l’INSEE

* Pourcentage calculé sur la base du réajustement du PIB.

** Pertes de l’ensemble des postes de recettes.

UniCredit a aussi réalisé des calculs budgétaires.

Tableau 7

Les conséquences financières de l’épidémie

(UniCredit )

2020 2021 Dette en % du PIB, 2021
Etats-Unis -13,00% -10,00% 133,00%
Eurozone -11,00% -4,00% 102,00%
Dont
Allemagne -12,90% -2,90% 72,60%
France -12,20% -4,50% 112,70%
Italie -12,30% -4,90% 155,50%
Espagne -12,50% -4,50% 119,70%

Table 1, Silvestre C., (ed), The mother of all recessions has arrived, Milano, The UniCredit Economic Chartbook, Q2-2020, April 2nd, 2020, p. 4.

On constate que les besoins de financement, au niveau de la zone Euro (qui n’est pas l’UE), devraient se monter au minimum à 1135 milliards d’euros (sur la base d’un PIB de la zone Euro de 10 316 milliards d’euros après la crise du coronavirus) si l’on en croit les experts d’UniCredit pour 2020. Il n’est pas impossible que le besoin de financement se monte en réalité à 1300 milliards. Pour 2021, et sous réserve que la croissance soit bien de 10%, le besoin de financement se monterait encore à 454 milliards, pour un total de 1590 à 1755 milliards.

Ces chiffres montrent à quel point l’accord de la nuit du 9 au 10 avril de l’ecofin, qui prévoit au travers du MES une somme de 500 milliards, est aujourd’hui dérisoire.

Notes

[1] OECD, Interim Economic Assessment, Coronavirus : The World Economy at Risk, OECD, Paris, March 2nd, 2020.

[2] Silvestre C., (ed), The mother of all recessions has arrived, Milano, The UniCredit Economic Chartbook, Q2-2020, April 2nd, 2020.

[3] Communication privée du vice-directeur de l’IPEN-ASR, M. Alexandre Schirov

[4] https://www.insee.fr/fr/statistiques/4478214?sommaire=4473296

[5] Chiffre donné par M. Bruno le Maire, 9 avril, https://www.lesechos.fr/economie-france/budget-fiscalite/exclusif-coronavirus-gerald-darmanin-et-bruno-le-maire-e-plan-durgence-revise-a-100-milliards-deuros-1193765

Commentaire recommandé

wuwei // 11.04.2020 à 08h13

Bon le diagnostic étant établi : nous sommes dans la merde et le niveau du cou est largement dépassé. La question maintenant est de savoir quel sera le moment choisi par les aigrefins au pouvoir pour nous faire les poches au nom de l’Union Sacrée ou du droit indéfectible dans le système capitaliste de piquer l’argent chez les pauvres pour gaver les riches.
Pour ma part je suis en train de lire la vie et l’oeuvre du docteur Guillotin. Passionnant !

47 réactions et commentaires

  • wuwei // 11.04.2020 à 08h13

    Bon le diagnostic étant établi : nous sommes dans la merde et le niveau du cou est largement dépassé. La question maintenant est de savoir quel sera le moment choisi par les aigrefins au pouvoir pour nous faire les poches au nom de l’Union Sacrée ou du droit indéfectible dans le système capitaliste de piquer l’argent chez les pauvres pour gaver les riches.
    Pour ma part je suis en train de lire la vie et l’oeuvre du docteur Guillotin. Passionnant !

      +48

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    • touriste // 11.04.2020 à 11h14
    • Marco // 11.04.2020 à 11h28

      Ah NON alors il ne faut pas cette fois-ci leur laisser faire nos poches, ils ont été dans l’incapacité d’être réactif et maintenant vous parlez de les laisser se servir dans nos poches ? NON le « JOURDAPRES » il faut que cela soit le changement dans la pratique du Capitalisme monopoliste d’état, qu’il reste au pouvoir s’il le veut mais sous certaines conditions, en Europe de l’argent malgré le CoronaVirus il y en a et bien il faudra qu’il mette la main à la poche pour remettre à flot nos pays, sinon la chienlit viendra vite ou même très vite et alors une possible révolution prendra leur place ! L’Europe demain peut prendre feu ….qui sait ?

        +4

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    • Alfred // 11.04.2020 à 21h51

      « nous sommes dans la merde et le niveau du cou est largement dépassé ». Messieurs il est temps de garder la tête haute et de ne pas faire de vagues. (ce n’est pas de moi, ni même d’un ministre ou d’un directeur de la santé ou de la sécurité publique… c’est de Dario Fo)

        +2

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  • Bernardo // 11.04.2020 à 08h20

    Encore une fois, et comme toujours, les prévisions et estimations économiques s’avèrent avoir été fausses. Comme disait Keynes: « les économistes passent leur temps à expliquer pourquoi cela ne s’est pas passé comme ils l’avaient prédit ». Les prévisions ne sont là que pour occuper les économistes et les journalistes, qui en vivent, et les gogos qui y croient.

      +33

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  • pseudo // 11.04.2020 à 08h43

    ça ne devrait même pas être un sujet, la crise économique. je veux dire, il suffit de geler les remboursements de crédits et autres paris spéculatifs, de donner du pognon aux gens pour survivre, de créer une incitation à travailler pour les métiers essentiels. Et à la fin du confinement de faire pleuvoir le crédit, l’activité repartira d’elle même car à la fin du confinement le plus rapide gagnera de superbes longueurs d’avance sur les pays encore confinés…. on se fait des nœuds à la tête pour un système inepte et inique. A condition que faire repartir la machine à mort soit bien notre désir commun.

    Le but du jeu est moins de faire survivre le monde d’avant que de se préparer à investir le monde de demain.

    mais bon vous noterez que le bon gouvernement c’est empressé de nous faire contracter des milliards de dettes.. la dette est une forme esclavagisme.

      +18

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    • fanfan // 11.04.2020 à 13h32

      [Là-bas si j’y suis] Les sous et les morts. Retranscription écrite de l’interview d’Eric Toussaint par Daniel Mermet de Là-bas si j’y suis :
      http://cadtm.org/La-bas-si-j-y-suis-Les-sous-et-les-morts-Entretien-avec-Eric-Toussaint
      Plutôt que de s’endetter allègrement, il faut commencer par suspendre le paiement de la dette… Il faut réorienter le budget en réduisant le service de la dette radicalement et en récupérant des moyens financiers à réinvestir directement dans le combat contre la pandémie. Effectivement, il faudra quand même recourir à de nouvelles dettes, mais alors là il faut déterminer ce que, comme citoyen et citoyenne, on considère comme dépense légitime. Est-ce qu’on est d’accord pour, une fois de plus, donner de l’argent à Natixis, à BNP Paribas, à la Société générale, au Crédit agricole et aux grandes entreprises du CAC 40 qui ont distribué des dividendes à la pelle toutes ces dernières années ? Ou bien est-ce qu’il faut privilégier les dépenses de santé, réquisitionner des entreprises pour leur faire produire des respirateurs, et donc entamer une série de dépenses de cette manière-là, mais dans ce cas-là justifiées et donc légitimes ?

        +5

      Alerter
      • fanfan // 11.04.2020 à 13h38

        « Apprendre de l’histoire et agir dans le présent » : https://www.cadtm.org/Gilets-jaunes-apprendre-de-l-histoire-et-agir-dans-le-present
        Socialisation des banques – Selon nous, il faut exproprier les grands actionnaires des grandes banques actuelles et transférer ces banques dans le domaine public et en faire un service public. Ça implique de définir entre citoyens et citoyennes quelles sont les missions d’un nouveau service public de l’épargne, du crédit et de l’investissement. Ça impliquerait de fonctionner avec des petites unités du service public qui serait présentes à tous les niveaux, y compris dans les petites communes, et de pouvoir y déposer l’épargne des habitants et financer des projets locaux. Le tout avec un contrôle citoyen sur les comptes par des élus locaux, des gens des quartiers ou des communes.

          +2

        Alerter
    • Bissecan // 11.04.2020 à 19h44

      Ce n’est pas une une crise financière, c’est une crise de la production (dont se félicitent implicitement les cli.ma.to-decli-nistes-es, dont je soupçonne O.B. de faire partie). On peut injecter autant d’argent qu’on veut dans l’économie, cela ne permettra pas aux gens d’acheter des fraises qui n’ont pas été produites.

        +1

      Alerter
  • catherine // 11.04.2020 à 08h57

    Je vois autour de moi des situations qui commencent à être dramatiques.
    Elles touchent les personnes en situation précaire.
    Sans être une spécialiste, je vois bien des réactions en chaîne qui se produisent, des insolvabilités, qui vont générer d’autres insolvabilités qui en produisent d’autres.
    Le chômage partiel chez des gens qui bouclaient tout juste leur fin de moi, des artisans qui ne peuvent plus travailler faute de fournisseurs et qui débauchent, toutes sortes de petits boulots qui permettaient à des foyers de tenir la tête hors de l’eau ( femmes de ménage, emplois familiaux, assistantes maternelles etc.).
    J’ai du mal à imaginer comment tout cela va pouvoir se reconstruire.
    De plus j’observe qu’il va y avoir une émergence de nouveaux comportements à l’avenir avec un nouveau rapport à la consommation, ce qui ne va pas arranger les choses.
    Nous sommes à deux pas d’un effondrement me semble-t-il et je ne sais pas comme le dit Bernardo si quelqu’un est capable de modéliser l’avenir.
    En tout cas beaucoup de personnes qui rejetaient jusque là, d’un revers de la main, tout idée d’un effondrement, commencent à intégrer cette possibilité dans leur réflexion. Mis ce qui me semble remarquable c’est qu’ils n’en conçoivent pas encore la profondeur possible tout accaparés qu’ils sont par la peur du « virus ».

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    Alerter
    • jean-pierre Georges-pichot // 11.04.2020 à 10h27

      C’est bien senti, à mon avis. La crise dans laquelle nous venons d’entrer ne se décrira pas davantage dans les livres d’histoire écrits par les Martiens comme ‘crise du coronavirus’ que la seconde guerre mondiale comme l’  »affaire des Sudètes ».

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      Alerter
    • Pump // 11.04.2020 à 12h06

      Si vous cherchez un peu d’espoir et de motivation, cette vidéo de Naomi Klein traduite par la bas si j’y suis m’a un peu remontée hier, je vous la partage.
      https://youtu.be/2k-5pCClt0o
      Ca et le hashtag que je vois fleurir aux U.S et qui j’espère deviendra populaire « #guillotine2020 ». C’est idiot mais ça me fait sourire, même symboliquement ça témoigne d’une prise de conscience collective.

        +4

      Alerter
      • Pump // 11.04.2020 à 12h16

        (N-B en parlant de lien, celui-ci aussi vaut le coup d’oeil, https://www.mediapart.fr/journal/economie/090420/la-banque-d-angleterre-brise-le-tabou-du-non-financement-des-etats?onglet=full
        Mediapart est d’ailleurs accessible tout le week-end gratuitement.
        Cette obsession autour du virus ne doit pas rendre aveugle à tout le reste,

          +5

        Alerter
        • Christian // 11.04.2020 à 13h45

          Je reprends ici le commentaire de Sycophante sur le blog de médiapart qui a bien compris ce que signifie cette nouvelle :

          « C’est assez étrange de lire que dorénavant toutes les émissions du Trésor britannique seront souscrites par la Banque d’Angleterre et de lire un peu plus loin qu’au mois d’avril le Trésor britannique empruntera 45 Md£ sur les marchés contre 15 Md£ habituellement…
          En réalité, le Trésor et la banque centrale du Royaume Uni sont simplement convenus d’élargir la facilité de caisse, une autorisation de découvert pour le dire autrement, dont dispose le Trésor auprès de la Banque. Celle-ci est en temps normal de 400 M£ et le Trésor pourra tirer sur cette facilité comme bon lui semble.
          Mais il ne s’agit pas d’un financement monétaire du déficit public britannique, du moins à ce stade, car il est expressément affirmé de part et d’autre que le financement sur les marchés financiers demeurera le mode de financement habituel du Trésor et surtout que le découvert auprès de la banque centrale serait remboursé dès que possible et en tout état de cause avant la fin de l’année. »

            +2

          Alerter
        • Christian // 11.04.2020 à 13h47

          suite du même commentaire (qui est trop long) pour passer d’un coup sur ce blog:

          « On est donc loin d’une rupture à ce stade mais plutôt dans une facilité de gestion de la trésorerie de l’Etat, comme cela avait été le cas en 2008.

          Ce n’est pas inutile mais ce n’est pas la révolution.

          Cependant, s’il advenait que la facilité de trésorerie utilisée ne soit pas remboursée mais reconduite, ce que l’on ne peut pas exclure à ce stade, il y aurait bien eu, à hauteur du découvert consenti, une création monétaire non compensée par une destruction de monnaie lors du remboursement et donc un financement monétaire du déficit public. Mais nous n’en sommes pas là.

          Reste que l’attitude britannique, pragmatique, contraste heureusement avec le dogmatisme de la BCE dont les statuts, comme ceux de toutes les banques centrales de l’€urosysteme, lui interdisent d’accorder tout crédit ou facilité au Trésor public d’un État membre. »

            +4

          Alerter
        • tepavac // 11.04.2020 à 14h40

          Il n’y a rien de nouveau ici, la fed fait cela depuis belle lurette, pour financer tout le secteur économique de la world compagnie.

          L’empereur à tous les privilèges, seuls les vassaux obéissent à la loi sous peine de sanction.

            +2

          Alerter
          • Christian // 11.04.2020 à 20h49

            Non, la Fed, comme la BCE, achète les bons du trésor sur les marchés.

            Le Federal Reserve Act lui interdit expressément de le faire directement (comme l’article 123 du traité de Lisbonne pour la BCE).

            « Why doesn’t the Federal Reserve just buy Treasury securities directly from the U.S. Treasury? »
            https://www.federalreserve.gov/faqs/money_12851.htm

            Bon, il lui arrive de les acheter le jour même qu’ils sont émis, mais elle passe toujours par les marchés pour cela, les banques auxquelles elle les achète empochant leur com au passage.

              +4

            Alerter
      • Myrkur34 // 11.04.2020 à 13h01

        Pas de chance pour Naomi avec Biden en novembre, si par miracle il gagne, rien de fondamental ne changera aux USA. Au lieu de piquer quelques propositions de Sanders pour « rassembler », il ferait mieux d’en faire son vice-président. Là cela voudrait dire quelque chose.
        https://bracingviews.com/

        Je mets ce lien pour l’article du début et tous les autres qui suivent jusqu’à « il faut changer l’Amérique » où l’auteur rappelle les sommes astronomiques englouties dans la défense.

          +1

        Alerter
  • florian lebaroudeur // 11.04.2020 à 09h29

    Donc on annonce une hausse spectaculaire de + 8,6% en 2021 après une chute de – 6% en 2020. ça c’est bien les économistes…
    Ils n’ont toujours pas pris en compte le facteur énergétique.
    Maintenant que le prix du baril est à 20 dollars et que les capacités de découvertes et de mise en exploitation vont devenir quasiment nul ( Elles étaient déjà historiquement basse sur la période 2015-2019 avec un baril à 60 dollars ), et que les énergies dites « alternatives » ne pourront pleinement se développer avec un prix aussi bas des énergies conventionnels, on voit mal comment les choses pourraient rapidement revenir en état.
    C’est plutôt une reprise poussive sur au moins 5 années qui se profile, si d’autres facteurs désagréables ne se produisent pas dans ce laps de temps.

      +14

    Alerter
    • Christian // 11.04.2020 à 14h10

      « C’est plutôt une reprise poussive sur au moins 5 années qui se profile »

      Bien d’accord avec vous, Le modèle d’Unicrédit , repris par Jacques Sapir, suppose une courbe en V pour la croissance après la fin du confinement. Mais qui peut croire que cela soit le cas. Comme le dit Gaël Giraud, la fin du confinement ne sera pas du tout la fin de la crise.

      Ceci dit, cela ne change rien à la conclusion de l’article, les 500 milliards promis par l’Eurogroupe sont bien en deca de ce que cela va coûter.

      J’ai fait un calcul à la louche en prenant une courbe en U pour la reprise sur 5 ans et on est plus proche des 3000 milliards.

        +4

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  • MDacier // 11.04.2020 à 10h05

    Il y a de fortes chances que la crise économique induite fasse plus de morts que le Coronavirus !

      +11

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  • Ardéchoix // 11.04.2020 à 10h18

    Moi j’ai mon thermomètre perso, il s’appelle le « Bruno Lemaire « , il faut aussi se munir d’une calculette.
    Le 21 février il dit  » le coronavirus devrait coûter 0,1 point de pib à la France » avec ma calculette on obtient 15 point de pib en moins.
    Bon la mauvaise nouvelle on est dans la me.de , la bonne nouvelle il y en aura pour tout le monde.

      +14

    Alerter
  • hyac // 11.04.2020 à 11h23

    Comme prévu » la crise du virus » masque la réalité des faits: le système financier mondial allait imploser tout seul, la pandémie est un révélateur. Nous allons vivre la grande crise des banques centrales inféodées aux politiques jusqu’à l’imbécilité. TOUTES les aides sont des promesses en papier, du John Law mondial.

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  • Balthazar // 11.04.2020 à 14h19

    L’inconnu pour les economistes, c’est que toutes les banques centrales font la même chose : imprimer du papier. Attendez-vous donc à voir une inflation élevée dans les prochaines années. Cela rendra les dettes souscrites soutenables. Par contre l’épargnant gavé d’obligations ou de cash va être rincé.

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    • Christian // 11.04.2020 à 15h51

      Sur l’inflation, voir le texte de Jean Tirole:

      « Les rachats de dette par la Banque Centrale sont présumés inflationnistes. Mais il y a débat quant à la reprise de l’inflation. Il n’y​ eut pratiquement pas d’inflation suite à l’ « assouplissement quantitatif » par les banques centrales en réponse à la crise des subprimes. Les banques centrales procédèrent à des rachats massifs de dette publique et bancaire après 2008. Cet accroissement considérable de liquidité aurait dû augmenter la demande, poussant les prix à la hausse. C’était cependant oublier les anticipations déflationnistes et la thésaurisation par les ménages, entreprises et institutions financières (les banques en particulier accumulant des réserves auprès de la Banque Centrale).

      L’inflation pourrait-elle redémarrer demain après une forte création de monnaie par la banque centrale ? Nul ne le sait.

      Si cela devait arriver, les « payeurs » seraient les détenteurs de fonds en euros et de comptes courants, qui, à l’exception de rares emprunts indexés à l’inflation, sont libellés en valeur nominale. »

      Un prix Nobel d’économie qui avoue humblement que nul ne sait si l’inflation pourrait redémarrer un jour, ça laisse songeur.
      https://academiesciencesmoralesetpolitiques.fr/2020/04/02/jean-tirole-quatre-scenarios-pour-payer-la-facture-de-la-crise/

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      • Séraphim // 12.04.2020 à 13h55

        J’avoue ne pas y connaitre grand-chose, mais l’inflation est-elle seulement déterminée par un surplus de cash disponible? N’y faut-il pas aussi une demande soutenue? Si à la sortie du confinement, certain(e)s se jetteront sur les soldes ou pas soldes par compensation, je ne pense pas que ce sera le cas des autres biens, hors consommation courante. Les biens immobiliers, les voitures etc. Tout ça ne reprendra pas si vite. Pour les investissements il y en aura peut-être effectivement dans la santé, mais faut pas rêver, les investissements productifs en Europe ne réaugmenteront pas. Tout le monde crie « relocalisation! » mais en fait c’est encore, j’en donne mon billet, la Chine qui en tirera le plus de profit

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  • tepavac // 11.04.2020 à 14h34

    C’est curieux, j’ai lu hier le contraire de toute ces spéculation.
    La Fed aurait décrété cette semaine, zéro risque, ce à quoi les marchés boursiers ont répondu à la hausse !!!

    Peut-être, serait-il bon, pour tout ceux qui n’en comprennent pas les conséquences de tout ces chiffres et tableaux, de vulgariser ces données, par exemple dans la vie concrète de tous les jours…
    Il est bon que nos voisins sachent à quoi s’attendre et de s’y préparer pour éventuellement mieux s’en sortir.

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    • Marie Pan-Pan // 11.04.2020 à 15h17

      Oui c’est exactement ça Tepavac,
      depuis un moment je cherche à savoir ce que concrêtement au quotidien, à hauteur d’homme, pour nous simples mort(tels) en sursis ce qui en résultera.
      Même si c’est désagréable à entendre ou à dire, je voudrais qu’on m’explique pour que j’explique à mes voisins que non comme ils me disent, ce n’est pas juste que la saison ou l’année est fichue. Que oui les pensions,les salaires,le train-train quotidien connaitra quelques mémorables déraillements.
      C’est quoi le  » jour d’aprés » suivi d’une crise 2008 au carré ou un revival de 1929 dans la vie de tous les jours? (question faussement naïve).
      Moi la planche à billets et les milliards du sauve-qui-peut plein la bouche de nos dirigeants ça ne me parle plus.
      Ce n’est pas pour ajouter de la peur à la peur, c’est juste pour comprendre, envisager et peut-être, comme vous dîtes Tepavac, « s’y préparer »…pour s’en sortir ou pas.

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    • Patrick // 11.04.2020 à 21h35

      Quand la. FED annonce zéro risque, c’est juste pour les marchés financiers … il y aura autant de pognon que nécessaire.
      Pour l’économie réelle … risque total

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      • tepavac // 11.04.2020 à 22h45

        Merci Patrick,
        « il y aura autant de pognon que nécessaire. », j’imagine que c’est uniquement pour le circuit des investisseurs Américains, mais n’y a t-il pas un risque face à cette émission sauvage de billet, que les autres pays soit agissent par parité, soit refusent ce genre de procédé ?
        A vrais dire, j’ai toujours entendu dire que lorsqu’un pays émet plus de monnaie qu’il ne possède de bien, alors sa monnaie dévalue par rapport aux autres devises.
        Les états unis peuvent-ils produire autant de monnaie sans que cela affecte le change sur la scène internationale ? sans inflation dans leur pays?
        Les états sans dette acceptent-ils sans rechigner cet état de fait ?

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  • Vincent P. // 11.04.2020 à 15h36

    Les prévisions d’une banque relèvent plus de la prière que du réalisme.
    Aucun économiste ne peut inclure dans ses courbes les résultats des mouvements sociaux qui (j’espère) ne manqueront pas d’éclater.
    Les conséquences géopolitiques font-elles partie du cerveau d’un féru de courbes ?
    Ainsi ces modèles voient la macro-économie endurer le choc puis repartir de plus belle ? mais sur quelles bases ?
    C’est absurde.
    Encore une fois : les conséquences de cette crise n’auront rien à voir avec les points de PIB; je veux dire : on se fout des points de PIB, bon sang ! pourquoi prétendre que la Croissance aura encore la moindre signification ?!
    Il est temps d’inventer un autre modèle : on pourrait s’inspirer du Bhoutan, qui mesure l’Indice de Bonheur National Brut. Un truc complètement étranger à la façon dont Amazon fait du management un instrument de torture favorable à sa seule croissance, par exemple. Stop.

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  • Brigitte // 11.04.2020 à 16h19

    Non, en effet, la fin du confinement ne sera pas la fin de la crise.
    Comment se fera le déconfinement et sur quelle durée? Vue la gestion calamiteuse de l’avant confinement, il y a de quoi être inquiet sur l’après.
    Le gouvernement sera t-il touché par la grâce divine pour garantir masques, gel hydro-alcoolique et tests de dépistage? Cela va demander une organisation qui n’est pas compatible avec nos moyens logistiques ni culturels. ça risque de cafouiller.
    ça dépendra aussi de la date du pic de l’épidémie.
    Le confinement total devrait durer jusqu’à fin avril et ensuite il faudrait un déconfinement progressif sur un mois et demi. A mon avis, il vaut mieux faire ça avant l’été car il va être difficile de contenir les ardeurs estivales des gens qui vont vouloir se griser de liberté.

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    • Patrick // 11.04.2020 à 21h41

      En France, le deconfinement risque de se faire dans le b..l le plus complet , peut-être.. mais comment allons-nous nous coordonner avec les autres pays ?
      Allons pouvoir exporter et importer ? Ça risque de coincer , comment produire si nous ne recevons pas les matières premières ou les pièces ?

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  • Patapon // 11.04.2020 à 16h24

    Admettons, mettons-nous dans le crâne, que les règles du « monde d’avant » sont inapplicables. Les règles à la sortie ne seront donc qu’une improvisation soit opportuniste, soit intelligente. Si c’est l’opportunisme qui l’emporte, les riches rafleront encore la mise et l’économie de base crèvera. Si c’est l’intelligence qui l’emporte, le tissu économique de base sera le seul critère de décision, et la finance ira se faire foutre.
    Il y a des gens qui produisent, et d’autres qui ne produisent pas. Ça c’est un bon début. Il y a ceux qui produisent localement, et ceux qui importent. Ça compte. Il y a ceux qui partagent et ceux qui monopolisent. Il y a ceux qui aveuglent et ceux qui enseignent. À voir.
    C’est vraiment le moment de parler de tout ça. C’est une opportunité de parler de tout ça, puisqu’on a été capable de congeler le monde.

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  • Patapon // 11.04.2020 à 16h42

    La crise du Covid19 est également une miniature de la crise climatique en ce que le mot-clé est la visibilité. Il y a 3 semaines de décalage entre une décision et ses effets vitaux, on ne peut pas naviguer à vue, si on refuse l’anticipation scientifiquement étayée on se prive du seul outil de pilotage. J’espère que cela influera suffisamment la manière de ressentir la crise climatique, où ce n’est pas 3 semaines mais 3 décennies de décalage. Oui, je dis bien ressentir. Voir ne suffit pas.

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  • douarn // 11.04.2020 à 17h37

    Excusez ma question de béotien mais je trouve étrange que personne ne se pose la question de la pertinence de la désagrégation du PIB de ce modèle économique. En effet, comment se fait il que le PIB soit saucissonné de la sorte alors que les différents secteurs définis dans ce modèle se nourrissent les uns des autres par leurs productions et échanges?

    Par exemple, comment le secteur agriculture et IAA ne peut il perdre que 4% alors que le secteur manufacturier, qui produit les intrants, pièces de rechange du machinisme agricole, carburant, …, lui perd 50% environ?

    Cela m’interroge, mais c’est surement parce que je ne suis pas économiste.

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    • Christian // 11.04.2020 à 18h31

      C’est parce que le PIB est la somme des valeurs ajoutées et non pas des chiffres d’affaires. Quand un agriculteur achète du carburant cela réduit d’autant sa valeur ajoutée.

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      • Patrick // 11.04.2020 à 21h52

        Et par les temps qui courent , l’agriculteur achètera du gasoil mais pas de nouveaux équipements.

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    • Patrick // 11.04.2020 à 21h50

      C’est sur une période courte, une usine AA a suffisamment de pièces détachées pour un mois ou deux, et pas forcément de grosse panne sur un an. Par contre , pas d.installation de nouvelles machines, pas de nouveaux investissements.
      Les gens continuent à manger donc même si ils changent leurs habitude il y aura toujours du volume de vente.

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  • Ernesto // 11.04.2020 à 19h13

    Ramanujan 11.04.20 à 11H 52 : « un redémarrage avec quel argent et avec qui ? »
    Vous avez déjà entendu parler de création monétaire ex nihilo ? L’affreuse pratique de la planche à billets ? La BCE n’a pas attendu la crise sanitaire pour inonder les marchés financiers d’océans de liquidités pour abaisser les tensions sur ces mêmes marchés (2500 milliards en quelques années) ; c’est ce qu’on appelle le quantitative easing (QE), ou politique monétaire accommodante d’assouplissement monétaire. Le malheur c’est que cet argent dont on espère qu’il finira bien par ruisseler vers l’économie réelle, ne fait qu’aller tout droit gonfler la bulle spéculative qui finit toujours par éclater, entraînant le Krach boursier. Nous en sommes là aujourd’hui.
    Il est donc impérarif d’instaurer une sélectivité draconnienne des fonds ainsi généreusement dispensés. Ils doivent nourrir exclusivement des investissements potentiellement créateurs de nouvelles richesses au service du bien commun. La banque centrale remplit alors son rôle de « prêteur en dernier ressort ». (A SUIVRE)

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  • Alligator427 // 11.04.2020 à 19h28

    Jacques Sapir est certainement un grand chercheur et une personne pleine de bonne volonté mais … comment se fait-il qu’il utilise encore le PIB pour parler d’économie ?

    Ne serait-il pas grand temps de mettre au point un autre indicateur ? Pourquoi ne pas partir de l’IDH par exemple, c’est déjà « moins pire ».

    Car ce faisant, ne remettant pas en cause les instruments de mesure de « l’ancien monde », M. Sapir comme tous ses confrères incapables de « changer de logiciel » accrédite l’idée que ce qui serait souhaitable serait un retour à la normal. Un retour à la croissance.

    Mais ce rendent-ils compte que la situation d’avant était « anormale », et que le retour dont il est question est en fait un retour à « l’anormal » ?

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    • Patrick // 11.04.2020 à 21h58

      Problème : soit nous revenons à la normale ( ça risque d’être compliqué ), soit se sera le chaos.
      On ne change pas toute l’organisation du monde en deux mois.

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    • Alligator427 // 12.04.2020 à 00h11

      « On ne change pas toute l’organisation du monde en deux mois. »

      Pourquoi ce laps de temps de 2 mois ? Cela fait déjà 2 mois que les économies sont à l’arrêt ou quasiment. Et la situation ne reviendra jamais à celle d’avant, ce n’est pas une crise mais l’amorce d’un effondrement.

      Il faudrait procéder par étapes, j’ignore lesquelles exactement, ce serait le boulot des économistes de penser « hors des clous » (d’où mon reproche à Sapir et ses mesures du PIB) et d’échafauder un scénario de sortie par le haut.

      Pour commencer quelques pistes :
      • on sait que les bourses et les banques vont encore faire les poches des Etats. Ceux-ci doivent anticiper et légiférer.
      • il ne faut plus laisser les entreprises produire n’importe quoi pourvu que cela se vende, il faut absolument partir des besoins vitaux des populations pour organiser la production et la partager équitablement. L’Etat encore doit jouer son rôle de planificateur sur le long terme
      • il est urgent de tordre le cou aux prétendues « lois du marché » (main invisible, destruction créatrice, homo economicus …)) : il faut criminaliser cette mythologie mortifère
      • …

      Mais avant tout il faut faire le bon diagnostique si on veut être efficace. La pandémie actuelle n’est qu’un coup de semonce par rapport à la vague qui arrive. Vouloir rebâtir sur des fondations aussi pourries que celles qui avaient déjà été rafistolées en 2008 et qui n’étaient déjà pas viables… serait suicidaire.

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  • Ernesto // 11.04.2020 à 20h03

    (SUITE)
    Mais la mission de la banque centrale pourrait être aussi d’être «  prêteur EN PREMIER ressort » si ses statuts le permettaient, par exemple pour financer de grands projets européens en matière de transition énergétique, de lutte réelle contre le réchauffement climatique, de mesures sociales pour résorber pauvreté et précarité… Tous projets qui nécessitent des investissements colossaux, mais justement, la banque centrale est une identité hors du commun qui bénéficie du privilège de créer de la monnaie en quantité illimitée, face à elle , les marchés financiers sont impuissants et doivent jouer petits bras.
    Une condition, cependant, pour éviter l’hyper inflation (une brouette de billets pour acheter un timbre poste), qui pourrait résulter de la mise en œuvre de ce mécanisme (encore que l’inflation est un des moyens d’annuler une dette, elle n’affecte que les rentiers qui voient leur magot dévaluer, quand les salaires sont indexés sur les prix ça avantage les emprunteurs à taux fixes) . Cette condition c’est que l’avance monétaire doit anticiper l’engendrement d’une nouvelle création de richesses qui viendra éteindre la dette contractée. Pas d’inquiétude de ce côté là, les travailleurs de la sphère marchande comme ceux de la sphère non marchande sont tous productifs, l’essentiel est que la valeur ne soit pas captée par la propriété lucrative.
    .

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  • Ernesto // 11.04.2020 à 20h18

    Enfin, de mon point de vue, l’idée de « monnaie hélicoptère » ( une même somme d’argent versée à chaque citoyen, ce que veut faire Trump), sans sélectivité d’affectation au sein du système productif en vue de création d’une nouvelle valeur, ne me semble pas de nature à résoudre la crise. Il faut certes des mesures sociales urgentes ciblées prioritairement sur les plus démunis, mais l’issue positive sera collective ou ne sera pas.

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  • Ernesto // 11.04.2020 à 22h23

    Jean Tirole est peut-être prix Nobel d’économie mais c’est surtout un économiste orthodoxe libéral. Quand, à l’épreuve des faits, un certain nombre de dogmes (l’auto régulation, l’efficience, l’équilibre offre/ demande, le juste prix, la main invisible, l’exubérance irrationnelle des marchés) s’effondrent, et avec eux les certitudes, il ne reste plus que l’humilité pour tenter dans la tourmente,d’essayer de garder un minimum de crédibilité et assumer son statut.

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