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29.octobre.201929.10.2019
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[RussEurope-en-Exil] Barbarossa, la guerre absolue, de Jean Lopez et Lasha Otkhmezuri, par Jacques Sapir

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Voici donc un livre imposant sur les fondements et les conditions de l’attaque de l’URSS par l’Allemagne nazie[1]. Un livre qu’il faut lire même s’il contient bien des imperfections. Son contenu dépasse en effet les omissions, voire les petites erreurs que l’on peut y trouver. En dépit de sa taille, il n’est certes pas l’ouvrage définitif qu’il aurait peut-être pu être, mais il est certainement une contribution solide et érudite sur cette question.

L’objet du livre

Ce livre écrit par Jean Lopez et Lasha Otkhmezuri n’est donc pas un livre de plus sur l’attaque allemande contre l’URSS de juin 1941, ce que l’on appelle l’opération « Barbarossa ». De très nombreux ouvrages, utilisant les archives allemandes et russes, y ont été consacrés ces vingt dernières années. Les livres publiés en particulier par D.M. Glantz[2], un officier et historien américain qui reçu le pris Samuel Elliot Morrison en 2000 pour ses travaux, sont certainement les plus connus. Ils ne sont pas les seuls. Pourquoi donc un nouveau livre quand on pouvait penser que tout avait été écrit sur le sujet ?

La guerre entre l’Allemagne nazie et l’URSS stalinienne suscite aujourd’hui encore bien des débats, et alimente de nombreux mythes. Cette guerre fut effectivement une « guerre absolue » comme le dit, à très juste titre, le titre de l’ouvrage. L’ampleur des effectifs, le degré de violence, la dimension incontestablement génocidaire de ce conflit en font un cas à part. Quoique Jean Lopez soit connu pour ces livres sur les grandes batailles et les grandes opérations de l’Armée Rouge[3] ce dernier ouvrage n’est pas un simple récit des opérations militaires. Près de 40% de cet énorme livre est consacré à la « marche à la guerre », entre 1933 et 1941. C’est là, certainement, où les deux auteurs apportent leur valeur ajoutée, où ils ont été les plus novateurs.

Le livre est traversé par une comparaison implicite entre l’Allemagne nazie et l’URSS stalinienne. Cette démarche est parfaitement justifiée d’un point de vue méthodologique. Mais, cette comparaison demande à être rigoureusement construite, et c’est là ou le bat blesse. Lopez et Otkhmezuri aurait largement bénéficié à lire le livre codirigé par Ian Kershaw et Moshe Lewin qui s’attaque directement à cette question[4]. Ils auraient aussi pu tirer profit de la lecture des ouvrages d’Edouard Husson sur la violence et la barbarie spécifique de l’armée allemande dans les territoires conquis en 1941-43[5]. Si, donc, les deux auteurs ont eu entièrement raison de chercher à élargir l’objet de leur livre et de vouloir sortir du simple cadre de l’histoire militaire, il leur a sans doute manqué des lectures approfondies, à la hauteur du livre qu’ils ambitionnaient d’écrire, sur des points de problématiques. Cela est d’autant plus surprenant que, sur d’autres questions ils ont fait ces mêmes lectures.

La guerre contre l’URSS : un choix idéologique

Lopez et Otkhmezuri commencent par montrer en quoi le choix d’une guerre contre l’URSS n’était pas « naturel » dans les milieux nationalistes allemands d’après 1919. Ces derniers envisageaient des relations étroites avec une Russie qui se serait, éventuellement, débarrassé du communisme. A l’inverse, Hitler, dès la rédaction de Mein Kampf, établit une hiérarchie des races qui aboutit à rejeter le monde slave comme un ennemi et à en faire la proie désignée d’une « renaissance » allemande. Ils plongent dans les racines de l’hitlérisme pour chercher à comprendre ce qui a poussé à ce paroxysme de violence et montrent le caractère central de la volonté de Hitler, y compris face à ceux des nazis qui – comme Goebbels – souhaitaient initialement un rapprochement avec l’URSS. Ce point est important. Lopez et Otkhmezuri ont cent fois raison d’insister sur l’identité radicale de l’hitlérisme par rapport au « nationalisme » allemand. C’est un point fort de l’ouvrage. L’Allemagne nazi n’est pas une version, plus brutale, de l’Allemagne Wilhelmienne[6].

Si la démonstration est assez claire en ce qui concerne l’hitlérisme, elle est plus confuse sur les dimensions diplomatiques des prémices du conflit. Lopez et Otkhmezuri oublient ainsi le rôle particulier de l’Italie mussolinienne en laquelle les britanniques et les français, mais aussi les soviétiques virent un instant un contrepoids à l’Allemagne après 1933[7]. De même la nature et la qualité des relations entre l’URSS et la Tchécoslovaquie[8], voire la Roumanie ne sont pas évoquées. Les relations militaires entre Prague et Moscou étaient bonnes, les achats de matériels tchécoslovaques importants et l’industrie tchécoslovaque, quant à elle, obtint en échange la licence du bombardier Tupolev SB en 1936. Ils attribuent les « grand tournant » de la collectivisation stalinienne et de l’industrialisation accélérée au sentiment « d’isolement » que l’URSS connaît à la fin des années vingt et à la psychose de guerre qui sévit à Moscou à l’époque. La réalité est différente. La psychose de guerre fut un prétexte pour une décision prise avant tout pour des motifs internes[9].

Du Pacte Germano-Soviétique à la guerre

La partie qui porte sur les années 1938-1941 est, elle aussi, intéressante mais aussi en partie décevante. Lopez et Otkhmezuri montrent bien que le « pacte » d’août 1939 est une pure question d’opportunisme stratégique de la part de Staline, échaudé après la reculade des franco-britanniques à Munich. En passant, ils semblent aussi sous-estimer les conséquences psychologiques de cette reculade sur l’opinion française[10]. Mais, les deux auteurs sous-estiment alors l’ampleur du filtre racial dans les relations entre Hitler et le gouvernement polonais, tout comme ils méconnaissent le caractère véritablement suicidaire du comportement du gouvernement Beck à Varsovie, ce que les attachés militaires à Varsovie et à Moscou eux avaient bien noté[11].

Dans la période qui va du Pacte à l’attaque allemande de juin 1941, ils identifient clairement la « guerre d’hiver » entre l’URSS et la Finlande comme l’un des moteurs d’une prise de conscience tardive par la direction soviétique de l’état réel de l’Armée Rouge. Leur analyse du conflit et des leçons tirées par les soviétiques est particulièrement intéressante et bat en brèche l’idée reçue dans les pays européens que les performances de l’Armée Rouge furent systématiquement catastrophiques. Ils sont cependant moins diserts sur le second moteur : le choc que provoqua l’effondrement de l’armée française en juin 1940. Pourtant, ce choc eut une importance considérable[12]. Le basculement de Staline vers l’idée qu’une guerre avec l’Allemagne Nazie était inévitable s’est vraisemblablement produit entre la fin du mois de juin 1940 et la fin du mois de septembre. Le passage à une mobilisation de l’industrie militaire en témoigne, avec le lancement d’un programme urgent d’investissement dans ce secteur fin juin 1940[13]. Le basculement de l’effort industriel de la construction d’une immense flotte (incluant des cuirassés) au retour à la priorité pour l’armée de terre permet d’en fixer approximativement la date. Les constructions navales sont retardées puis arrêtées par manque d’acier (alloué à l’armement terrestre) dès le début de l’automne.

Staline surpris, Staline coupable ?

Si Staline est donc convaincu qu’une guerre avec l’Allemagne est inévitable, cela n’implique pas nécessairement qu’il la considère comme imminente. Lopez et Otkhmezuri analysent comment et pourquoi les rapports des services de renseignements, qu’il s’agisse du NKVD ou du GRU, dont dépendaient Sorge et Trepper, n’ont pas été crus. L’impact indirect des purges au sein du GRU conduisait Staline à mettre en doute les informations qu’il recevait par ce canal. Mais, les auteurs insistent à raison sur l’importance du prisme idéologique de Staline qui lui fait craindre de manière paranoïaque la « provocation » des britanniques. Pourtant, ces mêmes auteurs – s’ils analysent fort bien la pathologie de l’exercice du pouvoir par le seul Staline – ne montrent pas les limites inhérentes à toute information issue du renseignement. Il est très rare qu’une information de ce type soit absolument dépourvue d’ambiguïtés. La paranoïa personnelle de Staline et les effets délétères de son mode d’administration et de gouvernement n’ont pu jouer qu’en raison de ces ambiguïtés. Une comparaison évidente avec l’attaque japonaise contre Pearl Harbor le 7 décembre 1941 s’impose [14]. La thèse de l’historien américain Samuel Eliot Morison est que les informations sur l’attaque étaient présentes mais qu’elles n’ont pas été utilisées ou même vues tant pour des raisons de doctrine (les Japonais ne peuvent monter des opérations aussi complexes) que du fait d’un impréparation mentale à la guerre. Les formes d’administration et de gouvernance aux Etats-Unis étaient pourtant considérablement moins « pathologiques » que celles existantes dans l’URSS de 1941. Si la paranoïa et les formes de gouvernement de Staline ont lourdement pesées dans cette cécité des dernières semaines, il n’est pas dit que des formes moins pathologiques auraient totalement évité à l’URSS la surprise du 21 juin. Les responsables militaires, Joukov et Vassilevsky en particulier, ne semblent avoir pris conscience de l’imminence d’une attaque qu’à partir du 10-12 juin.

Lopez et Otkhmezuri sont relativement discrets sur les conditions de la montée dans l’appareil hiérarchique de Joukov à partir de 1940. Il est vrai qu’ils ont étudié en détail cela dans un précédent ouvrage[15]. En particulier, ils analysent la conférence militaire que se tint au Kremlin fin décembre 1940 et les Kriegspiels (jeux de guerre) qui eurent lieu au début de janvier 1941, ainsi que leur influence sur la nomination de Joukov comme chef d’Etat Major[16]. Il est ici extrêmement dommage que ces éléments n’aient pas été repris et développés dans Barbarossa. La question des « jeux de guerre » du début de janvier 1941 est particulièrement intéressante. Elle a donné lieu à débat. Dans un ouvrage, controversé, de Fugate et Dvoretsky[17] affirment ainsi qu’ils furent à la base de la stratégie adoptée par les soviétiques. Ce livre décrit avec précision, et sur la base des archives soviétiques, les deux « jeux de guerre » qui se tinrent au Kremlin et où Joukov montra comment l’Armée Rouge serait battue dans le choc initial et pourquoi les dispositions prises par Pavlov ne pouvaient qu’empirer les choses. Cette partie du livre est solidement documentée. Cependant, quand ces deux auteurs estiment qu’un troisième Kriegspiel aurait eu lieu en mars 1941 et qu’il aurait convaincu Staline de sacrifier un partie de son armée, on entre dans un domaine bien plus hypothétique et l’on peut ne pas être convaincu[18]. Mais, les deux premiers Kriegspiel sont des faits historiques, et leurs conséquences sur la direction de l’Armée Rouge bien connues. Ils expliquent largement pourquoi un Staline, désormais convaincu qu’il doit gagner du temps pour que l’armée soit réorganisée, cherche à tout prix à « apaiser » Hitler et à décaler la guerre sur 1942. Cela est bien montré par Lopez et Otkhmezuri dans leur livre sur Joukov de 2013 et ce point est repris dans Barbarossa. On peut ainsi concevoir qu’il se soit « auto-convaincu » au point de refuser les indications montrant l’imminence de l’attaque allemande.

Le désastre de l’été 1941

L’attaque allemande surprend ainsi l’Armée Rouge au beau milieu de sa réorganisation. Ce point est largement discuté par les historiens américains[19], mais curieusement minimisé par Lopez et Otkhmezuri. Ces derniers cependant montrent bien le chaos qui en résulte, tout en tordant définitivement le cou à ce vieux bobard qui voulait que Staline soit resté prostré dans son bureau les quinze premiers jours de l’attaque.

Ils sont aussi particulièrement convaincants quand ils analysent le désastre initial tant à la doctrine de l’Armée Rouge qu’à l’inexpérience de ses cadres intermédiaires. Ce qui les conduit à discuter l’impact direct et indirect des purges dans l’armée de 1937 à 1939. On ne peut, ici aussi, que partager leurs conclusions. Ces purges, pour dramatiques qu’elles aient été, ne portent pas une responsabilité directe dans les piètres performances de l’Armée Rouge. Démographiquement, les disparitions et les assassinats pèsent peu vu l’ampleur des effectifs. Par contre, par le climat de terreur qu’elles ont produit, par la disparition de tout esprit critique découlant de la peur de se faire traiter de « saboteur », elles sont été indirectement responsables du très mauvais niveau d’entraînement des troupes et de leurs officiers, de leur incapacité à maîtriser les armes de plus en plus sophistiquées que livrait l’industrie. Le résultat, bien décrit dans le livre, est que l’Armée Rouge est incapable d’utiliser correctement son matériel.

Les trois parties du livre qui sont alors consacrées aux opérations militaires, sont donc d’une grande clarté, mais apportent peu par rapport à la littérature déjà existante. Elles montrent néanmoins que l’Armée Rouge se bat durement, en particulier en Ukraine à la fin du mois de juin, et que les pertes subies par l’Armée Allemande portent en elles les racines de sa destruction finale.

Le caractère génocidaire de la guerre

Ces pages de Barbarossa ont, de plus, le mérite de montrer les racines profondes de la brutalité et du caractère génocidaire de l’armée allemande. Les filtre racial du nazisme y joue un rôle important, mais qui est loin d’être unique. C’est l’un des points forts du livre que de rappeler qu’il y a une culture de la violence particulière à l’armée allemande, qui s’applique dès que cette dernière rencontre des difficultés imprévues ou une résistance particulière, une culture en fait bien antérieure au nazisme, mais que ce dernier a contribué à désinhiber, et dont les racines peuvent se trouver dans l’expérience coloniale en Afrique, et en particulier en Namibie[20].

L’analyse fournie par Lopez et Otkhmezuri est importante, et en particulier les explications qui sont développées au chapitre 7[21]. Elles montrent que ce qu’ils appellent les « ordres criminels » ont été donnés non seulement par les canaux du parti Nazi et de la SS mais aussi par ceux de la Wehrmacht. L’idée particulièrement intéressante ici est de relier cette montée compulsive dans la violence aveugle, montée qui peut prendre des caractères génocidaires, à la structuration de l’armée et de la doctrine. On sait que ce qui fit de l’armée allemande un instrument particulièrement efficace pour gagner des combats (mais aussi pour perdre des guerres) fut la concentration de la réflexion sur la bataille, la recherche de batailles d’anéantissement (les « chaudrons ») et le processus de délégation de l’autorité et de la responsabilité jusqu’au niveau le plus bas (la section, le bataillon). L’officier, voire le sous-officier, est responsable de l’atteinte d’un objectif mais libre d’organiser ses moyens comme il l’entend pour y parvenir. Il ne doit pas s’attendre à de quelconques renforts. Ce processus conférait, et cela fut relevé par des nombreux historiens, une remarquable flexibilité à l’armée, une capacité d’initiatives tactiques hors pair, associée à un relatif mépris pour la logistique[22]. Cette forme de décentralisation, mais qui reste néanmoins toujours contrôlée quant aux objectifs et aux rythmes, assure une bien plus grande efficacité que les structures très rigides de l’armée britannique et bien sûr de l’Armée Rouge de 1941. Mais, la contrepartie de cette forme d’organisation, surtout quand les hommes sont issus d’une société avec un long passé de culture autoritaire et non-démocratique, est qu’aux premiers échecs, aux premières résistances inattendues, cette même forme de décentralisation dégénère en une montée de violence absolument non contrôlée. Comme l’écrivent alors Lopez et Otkhmezuri : « Le schéma suivi est à peu près le suivant : si la guerre ne se déroule pas comme prévue, l’étroitesse des moyens engagés, la misère logistique, l’absence de réflexion politique déclenchent un spirale de violence militaire contre les soldats, les prisonniers et les civils ennemis »[23].

L’échec de Barbarossa

La dernière partie du livre s’achève sur l’échec devant Moscou, et le recul de l’armée allemande. Lopez et Otkhmezuri analysent, comme Glantz l’avait fait avant eux, que cet échec doit peu au trop vanté « Général Hiver » ou aux troupes sibériennes, dont la présence effective fut plus que réduite. Elle s’explique par les erreurs répétées commises par le commandement allemand, qui cherchera à les mettre sur le dos de Hitler, mais aussi par la résilience de l’armée, une armée qui a été pratiquement renouvelée deux fois depuis le début des combats, et du peuple soviétique qui ont su trouver en Joukov mais aussi dans les autres généraux comme Vassilevski et Koniev, les chefs patients, aux nerfs d’acier, qui laisseront l’ennemi s’épuiser pour pouvoir mieux contre-attaquer.

L’armée allemande subit à Moscou sa première défaite stratégique, qui signe donc l’échec de Barbarossa, et qui enterre l’illusion d’une victoire rapide sur l’URSS. La route cependant sera longue pour l’Armée Rouge pour qu’elle puisse se mettre au niveau de son adversaire. Pour reprendre le mot de Churchill, la bataille de Moscou ne fut pas le début de la fin, comme l’aurait espéré Staline, mais la fin du début.

Jean Lopez et Lasha Otkhmezuri ont écrit un livre important. A sa lecture on passe de l’enthousiasme à la frustration, du meilleur – qui est de loin le plus fourni – au moins bon. Un livre donc à lire, même s’il ne constitue pas l’ouvrage définitif sur la question.

[1] Lopez J. et Otkhmezuri L., Barbarossa 1941, La guerre absolue, Paris, Passés Composés, 2019, 957 p..

[2] On citera Glantz D.M. Colossus Reborn: The Red Army at War, 1941-1943, Wichita, University of Kansas, 2005, Idem, Before Stalingrad. Barbarossa. Hitler’s invasion of Russia, 1941, Stroud, Glouc., Tempus, 2003 ; Idem Stumbling Colossus – The Red Army on the eve of World War, Wichita, University of Kansas, 1998.

[3] Lopez J., Opération Bagration – La revanche de Staline (été 1944), Paris, Economica, 2016 et Idem, Berlin – Les offensives génates de l’Armée Rouge – Vistule – Oder – Elbe (12 janvier-9 mai 1945), Paris, Economica, 2010.

[4] Kershaw I. et Lewin M. (edits.), Stalinisme and Nazism – Disctatorships in Comparison, Londre-New York, Cambridge University Press, 1997.

[5] Husson E., Heydrich et la Solution Finale, préfacé par Ian Kershaw, Paris, Perrin, 2008 et Idem Comprendre Hitler et la Shoah. Les historiens de la République Fédérale d’Allemagne et l’identité allemande depuis 1949, préfacé par Ian Kershaw, Paris, PUF 2000.

[6] Kershaw I., Hitler, a Profile in Power, Londres, Longman Pub Group., 1991 ; Idem, Nazi Dictatorship : problems and Perspectives of Interpretation, Londres, Oxford University Press, 1993 ; Idem, « Working towards the Führer », in I. Kershaw et M. Lewin (edits.) Stalinism and Nazism – Dictatorships in Comparison, op.cit., pp. 88-106.

[7] Calvitt Clarke III J., « ITALO-SOVIET MILITARY RELATIONS IN 1933 And 1934 : MANIFESTATIONS OF CORDIALITY », Paper Presented to the Duquesne History Forum, Pittsburgh, PA, 27 octobre, 1988. Calvitt Clarke III J., Russia and Italy Against Hitler: The Bolshevik-Fascist Rapprochement of the 1930s. Westport, CT: Greenwood Press, 1991. Voir aussi Yakubov, V. & Worth, R., « The Soviet Project 7/7U Destroyers », In Jordan, J. & Dent, S. (eds.). Warship 2008, Londres, Conway, 2008, pp. 99–114 ; Yakubov, V. Worth, R., « The Soviet Light Cruisers of the Kirov Class », in Jordan, John (ed.), Warship 2009, Londres, Conway, 2009, pp. 82–95. ; Rohwer, J. et Monakov, M. S., Stalin’s Ocean-Going Fleet. Londres, Frank Cass, 2001.

[8] Pokorná A., “Czechoslovak-Soviet Armaments Cooperation in the Second Half of the 1930s », in Historie a vojenství, no. 5 (1982), pp. 56–77.

[9] Sapir J., Les Fluctuations Economiques en URSS, Paris, Editions de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, 1985.

[10] Winock M., N. Benkorich, La Trahison de Munich : Emmanuel Mounier et la grande débâcle des intellectuels, CNRS éditions, 2008.

[11] Vidal G., Une alliance improbable – L’armée française et la Russie soviétique 1917-1939, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, coll. « Histoire », 307p.

[12] Sapir J., « La défaite française de 1940 vue par les soviétiques » in Cahiers du CEHD, n°23, 2004, « Nouvelle histoire bataille (II) », pp. 273-281.

[13] Harrison M., Soviet Planning in Peace and War : 1938-1945, Cambridge, Cambridge University Press, 1985, p. 31. Voir aussi Samuelson L., Plans for Stalin’s War Machine, Basingstoke, MacMillan, 2000, pp. 191-194.

[14] Morison S.E., History of United States Naval Operations in World War II – The Rising Sun in the Pacific, Vol. III, Boston, Little, Brown and Company, 1988, pp. 128-142.

[15] Lopez J. et Otkhmezuri L., Joukov – L’homme qui a vaincu Hitler, Paris, Perrin, 2013.

[16] Idem, pp. 223-228.

[17] Fugate B. et Dvoretsky L., Thunder on the Dnepr – Zhukov-Stalin and th Defeat of Hitler’s Blitzkrieg, Sand Francisco, Presidio press, 2001.

[18] Kelley L.G., « Review essay : New Perspective on Russian History » in Parameters, vol XXVIII, été 1998, p. 140.

[19] Glantz D.M., Before Stalingrad. Barbarossa. Hitler’s invasion of Russia, 1941, op. cit..

[20] Hull I.V., Absolute Destruction – Military Culture and the Practices of War in Imperial Germany, Ithaca, N.Y., Cornell University Press, 2005.

[21] Lopez J. et Otkhmezuri L., Barbarossa 1941, La guerre absolue, op. cit., pp. 262 et suivantes.

[22] Van Creveld M., Command in War, Cambridge Ma. et Londres, Harvard University Press, 1985.

[23] Lopez J. et Otkhmezuri L., Barbarossa 1941, La guerre absolue, op. cit., p. 266

Commentaire recommandé

Kokoba // 29.10.2019 à 09h13

Un grand merci à Sapir pour cet article très très intéressant.

Il faut dire que les historiens ont du boulot sur ce sujet.

J’ai eu le malheur ce mois-ci d’acheter Science&Vie Histoire.
Un magazine qui en général est plutot de bonne qualité.

Mais ce mois-ci, j’ai eu la désagréable surprise de trouver un éditorial 100% propagande occidentale.
Cet éditorial revient sur la triste histoire de la résolution du parlement européen sur la mémoire européenne qui explique que la 2ème guerre mondiale est due au pacte germano-soviétique.
Et l’éditorialiste explique que les Russes sont vraiment très méchants, qu’ils se plaignent d’être mis au même niveau que le nazisme, qu’ils essayent de ré-ecrire l’histoire et qu’ils sont vraiment très méchants…

Et pour bien enfoncer le clou, il y a un 2ème article à l’intérieur du même auteur qui répète la même chose.

C’est vraiment extrèmement désagréable de voir qu’en France, l’idéologie neo-con s’est infiltrée à tous les niveaux.

84 réactions et commentaires

  • Bernard Trannoy // 29.10.2019 à 08h00

    Un ami décédé historien militaire général de son état m’a signalé l’existence dans les archives de Vincennes d’une note de l’attaché militaire de l’ambassade de France à Moscou datée (à vérifier) de 1937 qui a été invité à une rencontre dans un parc à Moscou. en 1937 Allant à ce rendez-vous, il se trouve face à Vorochilov qui lui déclare en substance « La guerre est inévitable préparez-vous »

      +8

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    • Sapir // 29.10.2019 à 09h06

      Je confirme.
      Mais, c’était la position « officielle »…

        +8

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  • LBSSO // 29.10.2019 à 08h16

    « Guerre absolue » …des idées.

    Pour faire le pendant à cette analyse enrichissante de J Sapir ,autres angles :

    France Info :
    https://www.francetvinfo.fr/culture/patrimoine/histoire/barbarossa-1941-la-guerre-absolue-de-jean-lopez-et-lasha-otkhmezuri-l-incroyable-recit-d-une-barbarie-inedite_3610853.html
     » Le mécanisme de la barbarie est décortiqué depuis l’origine du communisme bolchevik et du national-socialisme, les deux grands totalitarismes du XXème siècle. »
    « Deux croisades ont lieu. Selon les camps, l’une contre le « judéo-bolchévisme », l’autre contre le « capitalisme » traqué dans ses moindres expressions. Au service de ces deux projets, cinq millions d’hommes de part et d’autre, épaulés par 30 000 avions et 25 000 chars, alignés sur une mouvante ligne de front. La population civile, prise dans un étau, se trouve coincée entre les deux plus grosses machines militaires de l’époque : la Wehrmacht et l’Armée rouge. »

    lelittéraire.com :
    http://www.lelitteraire.com/?p=52781
     » (…)les récits des mas­sacres des han­di­ca­pés montrent le degré de sau­va­ge­rie idéo­lo­gique atteint par le pou­voir alle­mand qui mène en Rus­sie une guerre fon­da­men­ta­le­ment dif­fé­rente de celle connue à l’Ouest.
    Tout aussi paroxys­tique est le niveau de répres­sion de l’Etat sta­li­nien qui, comme avant la guerre, se jette sur ses propres conci­toyens pour les sou­mettre à la main de fer d’un dic­ta­teur qui, sur chaque ques­tion, réagit d’abord en bolchevique. »

    Le vieux monde ? Le présent au passé.

      +1

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    • Anouchka // 29.10.2019 à 09h33

      Dans votre deuxième lien, je note cette phrase :
      « Hitler est prêt à s’entendre avec la Pologne au début de 1939 pour pouvoir attaquer dès cette date l’URSS ; la politique d’appeasement de Staline dépasse de loin celle des Britanniques et de Chamberlain » , ce que J. Sapir n’évoque pas dans sa recension, si ce n’est en soulignant que :« Staline [craint] de manière paranoïaque la « provocation » des britanniques ».
      Je note la manière euphémique (prudente ?) dont J. Sapir évoque cette question, qui pourtant agite un certain nombre historiens, notamment russes actuellement : l’idée selon laquelle les Britanniques auraient délibérément incité les Allemands à attaquer l’Union soviétique, et cela dès le pacte germano-soviétique.

        +5

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      • Je me marre // 29.10.2019 à 10h55

        Opération Pike, opération Unthinkable, sans compter toutes les opérations militaires à la fin de la première guerre mondiale contre le nouveau pouvoir soviétique par les futurs « alliés ». Ce pouvoir soviétique où les Juifs étaient pratiquement majoritaires dans les instances dirigeantes: Kamenev, Zinoviev, Trotski, Dzerjinsky, etc.

        Les Anglais ont envahi le Tibet par crainte de l’URSS, idem l’Afghanistan. L’impérialisme anglo-saxon a toujours été profondément raciste et génocidaire, ce que n’a jamais été le pouvoir soviétique, ni maintenant russe.

          +32

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      • Jean-Pierre Georges-Pichot // 01.11.2019 à 12h18

        Je l’indique dans une autre remarque, la guerre germano-soviétique commence en novembre 1936 dans la défense de Madrid. C’est parce qu’ils ont bien identifié la nature réelle du conflit que les Franco-Anglais se tiennent en retrait, en faisant des voeux pour Franco. Munich ne fait que confirmer leur option stratégique : les mains libres à l’est pour Hitler. Pour Staline, le pacte d’août 1939 est une trève qu’Hitler lui consent après ses succès. Staline a perdu partout, militairement et diplomatiquement, et il fait, en effet, de l’Apaisement. La rapidité de la défaite française est pour lui une nouvelle catastrophe. Mais il n’est jamais « surpris » et il n’y a jamais de « retournement ». Il y a juste une course contre la montre, qu’il gagne de justesse.

          +3

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    • Thmos // 31.10.2019 à 17h27

      Merci à Sapir de remplacer très avantageusement les revues pseudo historiques qui diffusent leurs opinions libérales par d’anciens marxistes reconvertis au buzinaisse de l’émotion et des chocs par Photoshop Tellement ridicule et obscène de comparer les « barbaries » pour vouloir absolument inculquer aux consommateurs européens que Staline = Hitler fastoche à se souvenir et d’en déduire que Poutine = Méchant …

        +2

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  • Kokoba // 29.10.2019 à 09h13

    Un grand merci à Sapir pour cet article très très intéressant.

    Il faut dire que les historiens ont du boulot sur ce sujet.

    J’ai eu le malheur ce mois-ci d’acheter Science&Vie Histoire.
    Un magazine qui en général est plutot de bonne qualité.

    Mais ce mois-ci, j’ai eu la désagréable surprise de trouver un éditorial 100% propagande occidentale.
    Cet éditorial revient sur la triste histoire de la résolution du parlement européen sur la mémoire européenne qui explique que la 2ème guerre mondiale est due au pacte germano-soviétique.
    Et l’éditorialiste explique que les Russes sont vraiment très méchants, qu’ils se plaignent d’être mis au même niveau que le nazisme, qu’ils essayent de ré-ecrire l’histoire et qu’ils sont vraiment très méchants…

    Et pour bien enfoncer le clou, il y a un 2ème article à l’intérieur du même auteur qui répète la même chose.

    C’est vraiment extrèmement désagréable de voir qu’en France, l’idéologie neo-con s’est infiltrée à tous les niveaux.

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    • Dominique65 // 29.10.2019 à 18h03

      Science et Vie est passé en juillet sous le contrôle de l’hydre Reworld media, appartenant à Pascal chevalier, riche homme d’affaire à la tête de 16 sociétés.
      Depuis, de nombreux journalistes ont préféré quitter le navire. Ceci explique peut-être cela ?

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  • Anouchka // 29.10.2019 à 09h51

    Je n’ai pas (encore) lu cet ouvrage, mais je suis un peu étonnée par la thèse soutenue par rapport à la « russophilie » supposée du nationalisme allemand. « A l’inverse, écrit J. Sapir, Hitler, dès la rédaction de Mein Kampf, établit une hiérarchie des races qui aboutit à rejeter le monde slave comme un ennemi et à en faire la proie désignée d’une « renaissance » allemande ».
    Quid du pangermanisme, très actif des la la fin du XIXe siècle et qui a assurément des sources idéologiques plus profonde?

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    • Kafka // 29.10.2019 à 11h35

      Bonjour,

      Plutot le fait que entre parias on s’entend, et que sous la république de Weimar, l’armé allemande profite je crois d’une certaine forme de coopération avec l’armée rouge. Peut etre aussi que l’Allemagne n’a pas perdu de territories face à la Russie (qui en a perdu également).

      On peut se demander aussi si une partie des allemands ne faisaient pas leurs le mot de Clémenceau comme quoi la Russie allait se normaliser d’une certaine mesure « de temps en temps ils en fusilleront pour l’exemple, mais vous verrez meme les popes finiront par revenir ».

      ON peut ajouter que à la différence d’un Trotsky par exemple, Staline, dont le pouvoir n’est pas encore totalemetn affermi, n’est pas une figure de la révolution, donc peut donner l’impression d’une « modération ».

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  • Anouchka // 29.10.2019 à 10h00

    Je suis aussi étonnée par ce qui est dit des supposées traditions « décentralisées » de l’armée allemande.
    J. Sapir écrit « L’officier, voire le sous-officier, est responsable de l’atteinte d’un objectif mais libre d’organiser ses moyens comme il l’entend pour y parvenir ».
    Il me semblait au contraire que l’armée allemande se caractérisait (à la différence d’autres armées) par le souci scrupuleux de la hiérarchie et de la discipline.
    Le mode d’organisation décentralisée, était une caractéristique non pas des traditions militaires allemandes mais bien plutôt une innovation nazie, le mode spécifiquement nazi de l’exercice du pouvoir ( une forme d’anarchie autoritaire où la seule règle était de « travailler en direction du Führer »)

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    • Rémi // 29.10.2019 à 11h45

      Non, c’est une tradition qui remonte à Frédéric II.
      L’armée prussienne n’avait pas les moyens de payer un état major pléthorique alors par la force des choses ils otn délégué plus que des armées plus riches. Comme ca marchait bien, c’est devennu une tradition.
      Les effets négatifs n’ont jamais été réellement percu par l’armée prussienne qui était une armée doté d’un état uniquement vu comme un moyen d’assurer le flux de ressources necessaires à l’agrandissement de l’armée.

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    • Sébastien // 29.10.2019 à 12h08

      Vous devriez lire les articles que Guerres & Histoire a consacré au modèle militaire prusso-allemand. Cette décentralisation n’a rien a voir avec le fonctionnement du régime nazi. Elle est précisément rendue possible et efficace parce que la discipline est inflexible et que le professionnalisme des cadres du général au sous-officiers est sans équivalent. Un peu comme l’armée romaine où ce sont souvent des cadres subalternes (centurions, tribuns militaires) qui font la différence au cours d’une bataille.

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      • Anouchka // 29.10.2019 à 12h51

        Merci pour ces précisions.
        Mais du coup, est-ce qu’on ne pourrait pas voir quand même un lien entre le fonctionnement du régime nazi et les traditions militaires allemandes sur cette question de l’autonomie ?

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        • UnKnown // 29.10.2019 à 16h17

          Non, le régime nazi se caractérise plutôt par son aspect chaotique et bordélique, ou les prérogatives des administrations « classiques » et nazies et/ou hybrides, se percutent sans arrêt. C’est une foire de ploutocrates, petites frappes ayant grimpé les échelons du pouvoir à la catapulte, vétérans des corps francs et mercenaires de 1920, d’anciens fonctionnaires convertis ou silencieux, qui se déchirent les faveurs du « nouvel ordre ».
          Hitler et son premier cercle (voir les nazis d’une manière générale) détestait la caste des généraux « prussiens ». Il n’a aucune confiance dans ses généraux, raison pour laquelle il limoge à tour de bras pour des raisons futiles.
          Pour les Russes, on pourrait presque dire que c’est un miracle que la Wehrmacht ait été entravée par les lubies d’Hitler (vouloir absolument mettre la main sur l’Ukraine, Leningrad et Moscou sur une seule et même offensive, avec un front aussi large, et un pays disposant d’une telle profondeur stratégique, c’était juste du délire). Presque, parce que c’est lui qui est à l’origine de la boucherie.

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          • Anouchka // 29.10.2019 à 17h50

            Il y avait aussi des gens tout à fait instruits et disposant d’une position sociale “respectable” parmi les cadres nazis, des juristes notamment, c’est à dire des gens qui, a-priori, auraient du apporter une certaine stabilité organisationnelle au régime nazi. Des gens qui ont d’ailleurs fait carrière dans le management après guerre comme en témoigne le cas de
            R Hohn dont il est question pour ceux que ca intéresse à la fin de cette émission- Et d’une façon qui va précisément dans le sens de “l’anarchie autoritaire”
            https://www.franceculture.fr/emissions/esprit-de-justice/etudier-le-nazisme-pour-comprendre-le-droit

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    • Pierre Bacara // 01.11.2019 à 01h21

      « […] traditions « décentralisées » de l’armée allemande. J. Sapir écrit « L’officier, voire le sous-officier, est […] libre d’organiser ses moyens comme il l’entend pour y parvenir ». Il me semblait au contraire que l’armée allemande se caractérisait (à la différence d’autres armées) par le souci scrupuleux de la hiérarchie et de la discipline ».

      La décentralisation des unités terrestres de la Wehrmacht (et des unités de première ligne de la Waffen-SS) est un fait avéré. Les cadres subalternes y disposent d’une large marge de décision et sont même formés pour en tirer parti. Il s’agit là de l’une des clés de compréhension des victoires nazies et, plus tard, des nombreux succès défensifs des forces allemandes.

      Ce « style » de commandement n’exclut pas une discipline de fer : « Befehl ist Befehl », répètent les militaires allemands : « un ordre est un ordre ». On exécute les ordres sans réfléchir (sinon on y perd à la fois son honneur de soldat allemand et la vie tout court – dans la Wehrmacht, on fusille facilement), mais on est largement libre des choix pour les exécuter.

      Il est à noter que cette liberté s’étiole à mesure que l’on monte dans la hiérarchie : à partir de l’hiver 1941-1942, un général allemand dispose d’une marge de manoeuvre plus étroite par rapport à Hitler que les subordonnés du général n’en disposent par rapport au général.

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    • Jean-Pierre Georges-Pichot // 01.11.2019 à 12h05

      Sur le caractère délibérément confus des systèmes totalitaires, j’ai trouvé ça développé chez Hannah Arendt, et je crains que cela ne soit rien de plus qu’une de ses suppositions hasardeuses. L’ensemble de la thèse sur la ressemblance fascisme-nazisme-stalinisme est d’ailleurs tirée par les cheveux. Je pourrais détailler. Il semble qu’en fait les administrations allemandes diverses, dont l’armée et la police, avaient dans la période nazie les qualités allemandes habituelles de rigueur. Etant vastes, elles souffraient cependant des défauts habituels des vastes organisations bureaucratiques: failles de communication, contradictions des directives, et rivalités personnelles. Rien que de très banal. Dans les parallèles Arendtiens, il y a essentiellement des traits communs entre nazisme et stalinisme : mais ils leurs sont alors souvent communs avec le capitalisme occidental, et il s’agit d’une retombée de la technique propre à l’époque en général. Par ailleurs il y a des traits qui sont originaux, et propres à l’un seulement des trois systèmes : et ce sont alors plutôt des caractéristiques nationales historiquement héritées. Au total, la thèse de la convergence de deux systèmes, et deux seulement, sur des caractéristiques communes ne tient pas. Mais il s’agissait de démontrer la dignité du modèle capitaliste identifié à la démocratie : ce qui est une énorme supercherie.

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  • Babar // 29.10.2019 à 10h23

    La bibliographie en particulier celle concernant les protagonistes essentiels Hitler et Staline ( ref 4 et 6) est en anglais, ce qui peut rebuter. Je suggère un excellent ouvrage par Alan Bullock traduit en Français « Hitler et Staline vies parallèles ». Ce livre a connu de nombreuses rééditions en 1 ou 2 tomes souvent elles mêmes épuisées ce qui explique des coûts parfois très élevés,de 30€ jusqu’à 160€! Mais je viens d’en trouver une chez Recyclivre via AbeBooks à moins de 6€ expédition comprise…

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  • Je me marre // 29.10.2019 à 10h41

    Hitler a mis en oeuvre le programme politique proposé par Nietzsche: une unification de l’Europe en un empire.

    Programme repris par l’ue et en particulier par l’autre qui parle de souveraineté européenne.

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    • M.Smith // 29.10.2019 à 11h53

      «Je suis un noble Polonais pur-sang ; dans mes veines, pas une goutte de sang mauvais, et surtout pas de sang allemand.» Ecce Homo, 1888 (dernier texte de Nietzsche).

      Pas de projet politique chez Nietzsche dont la pensée a été déformée et instrumentalisée par les nazis. Rien de commun entre Hitler et le surhomme des écrits du philosophe.

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      • Anouchka // 29.10.2019 à 12h32

        Je crois que c’est justement parce qu’il était horripilé par le nationalisme allemand que Nietzsche était pro-européen.
        Pro-européen ne veut évidemment pas dire pro-EU:))

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      • Je me marre // 31.10.2019 à 14h22

        « Pas de projet politique chez Nietzsche dont la pensée a été déformée et instrumentalisée par les nazis. Rien de commun entre Hitler et le surhomme des écrits du philosophe. »

        Tellement pas de projet politique chez Nietzsche qu’il parle de « grande politique », et qu’il ne tarit pas d’éloges pour les bâtisseurs d’empire d’Alexandre à Napoléon en passant par Jules César et Mahomet. Il a juste oublié Gengis Khan. Je présume par ignorance. Il fait l’éloge de la société indienne et de ses castes. Il donne un exemple de « surhomme »: Lucrèce Borgia. Qui va oser prétendre que Lucrèce Borgia n’était pas un homme politique? Y a-t-il besoin de rappeler les exploits de ce personnage?

        Quant à Hitler, il a lu les œuvres de Nietzsche dans le texte et il l’a parfaitement compris, notamment sur le fait d’euthanasier les faibles et les mal venus ainsi que le fait de liquider les malades. Hitler a aussi uni l’Europe, exactement ce que Nietzsche voulait que l’Allemagne fasse, alors qu’il a agoni d’injures les dirigeants allemands de son époque dont Bismarck, justement parce qu’ils ne menaient pas cette grande politique.

        Nietzsche n’a jamais été polonais et quand il a écrit Ecce Home, il était déjà à moitié dément comme le démontrent ses délires mégalomaniaques.

        http://santedoc.com/maladies/psychopathologie-et/megalomanie.html

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        • Je me marre // 01.11.2019 à 06h43

          Mea culpa: César Borgia et non Lucrèce.

          « Vor Allem gab man mir die „unleugbare Überlegenheit“ unsrer Zeit im sittlichen Urtheil zu überdenken, unsern wirklich hier gemachten Fortschritt: ein Cesare Borgia sei, im Vergleich mit uns, durchaus nicht als ein „höherer Mensch“, als eine Art Übermensch, wie ich es thue, aufzustellen…  »

          Götzen-Dämmerung, Streifzüge eines Unzeitgemässen, 37.

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        • Jean-Pierre Georges-Pichot // 01.11.2019 à 11h35

          Certains ont dit : « tout est politique ». Alors vous avez la partie facile s’il s’agit de démontrer que la philosophie de Nietzsche a des retombées politiques possibles. Mais même celle de Saint-François à ce compte là, peut en justifier une ou plusieurs. Ce que veut dire l’intervenant, qui est juste, est que le philosophe Nietzsche ne cautionne aucune politique existante de son temps ou imaginable dans le futur. Il ne projette pas une politique en déduction de sa pensée, comme le font Rousseau, Spinoza, Hobbes, Machiavel, Platon et tant d’autres… Ce qui, à la réflexion, est plutôt une exception. et justifie que l’on s’insurge lorsque certains veulent lui faire porter la croix gammée. De mes lectures nietzschéennes, je l’avoue limitées, je retiens qu’il admirait les Grecs anciens et les Français, et critiquait pas mal le germanisme. Déception amoureuse ? Peut-être. Nationalisme ? Sûrement même pas.

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  • moshedayan // 29.10.2019 à 10h51

    Attention à votre « Ecole historiographique » développée depuis 25 ans environ.
    Peut-être en réaction contre deux ouvrages de Jean-Baptiste Duroselle la Décadence et l’Abîme ?
    Ecole Qui consiste à analyser la « spécificité » de la Guerre à l’Est par la conviction qu’il s’agissait d’une Guerre entre Deux totalitarismes !
    La violence des Nazis était une réponse à la violence des Bolchéviks staliniens.
    Dans quelques ouvrages prochainement peut-être verrez-vous de telles phrases « violence nécessaire des/pour les Nazis  » face à la « dimension barbare du stalinisme »… « la Guerre juste des Démocraties a mené à la victoire, grâce à l’épuisement de 2 Totalitarismes »… etc…
    L’historiographie française est dominée et inféodée par le projet de l’UE…allemande.
    Il s’agit donc de préparer les esprits pour amender la « faute allemande », liée qu’on le veuille ou non à l’ambition de cette nation sur le « Centrum Europa » .

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    • Anouchka // 29.10.2019 à 11h37

      Bien vu Moshedayan.
      J’ai trouvé aussi un peu étrange cette façon de faire remonter la « culture » génocidaire de l’armée allemande à son expérience coloniale en Namibie sans souffler mot de la « culture » des armées des principales puissances coloniales de l’époque, la France et la GB. Les Héréros de Namibie, certes… Mais n’est-ce pas un peu biaiser la question d’évoquer ces abominables massacres sans rappeler, en parallèle, les effets de la politique britannique dans l’Afrique du Sud toute proche à la même époque… La guerre des Boers ne fut elle pas elle aussi un terrain d’innovation d’une technique qui allait faire flores lors des deux guerres mondiales suivantes : le camp de concentration (à moins que ce soit les US qui aient eu la primauté de l’invention lors de la guerre des Philippines, je ne sais plus)

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      • Logique // 29.10.2019 à 19h47

         » la « culture » des armées des principales puissances coloniales de l’époque, la France et la GB. »

        Voyons… les Amérindiens…, et les Aborigènes…, et les Tasmaniens, ces derniers éradiqués jusqu’au dernier. Génocide complet, total. Comment dit-on déjà? Messieurs les Anglais, tirez les premiers. Effectivement.

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    • Jean-Pierre Georges-Pichot // 01.11.2019 à 11h23

      Si je comprends bien, Hitler pour certains était juste un maître un peu sévère pour remettre en ordre un monde troublé par le bolchévisme ? Mais alors, tout ce que l’on peut écrire a déjà été écrit. Le travail de justification du nazisme et de la collaboration a été fait à fond par les écrivains et journalistes des années trente et quarante ! Que ce soit au niveau du style ou des idées il n’y a pas d’amélioration possible par rapport à Philippe Henriot, Louis-Ferdinand Céline, Marcel Déat, Lucien Rebattet etc… Je souhaite bon courage tout de même à nos révisionnistes s’ils veulent se confronter à ces maîtres.

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  • lon // 29.10.2019 à 13h58

    La « culture génocidaire » de l’armée allemande ? La violence en réponse à des difficultés opérationnelles ? Barbarossa comme conflit entre  » deux totalitarismes » ? La russophilie d’une partie du haut commandement allemand , jusque dans le parti nazi , n’est pas un mythe . Des hommes comme l’amiral Raeder n’a eu de cesse de plaider auprès d’Hitler que le véritable ennemi était l’Angleterre . C’est bien Hitler et ses fantasmes fumeux d’espace vital à l’Est, justifiés d’une part par un racisme anti-russe crasse et d’autre part par un anti bolchevisme bien pratique aux yeux de l’opinion mondiale , qui a ordonné le caractère génocidaire de la guerre à l’Est , liquider la Russie d’Europe et faire place nette pour les colons allemands . Que la Russie soit dirigée par les communistes ou une démocratie libérale ne changeait rien à l’affaire .

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    • lon // 29.10.2019 à 13h58

      Staline ne s’y est pas trompé qui appelait fin 1941 à la résistance face à la  » guerre d’extermination  » . Staline a organisé l’union sacrée des russes contre l’invasion allemande , la bien nommée « grande guerre patriotique » . Quant aux crimes commis par la Wehrmacht en Russie ils sont bien l’illustration qu’une certaine tradition militaire et son f(u)ameux code d’honneur ne pèsent pas lourd face aux ordres reçus ; je pense qu’il y a eu aussi volonté délibérée d’Hitler et des nazis de mouiller l’armée allemande jusqu’au cou dans le crime pour dépasser un point de non retour , une des conséquences fut la résistance acharnée des allemands devant l’avance de l’Armée Rouge en 1944-45 , quand on a rasé un certain nombre de villages russes et génocidé leurs habitants on peut logiquement s’attendre à des représailles de la même nature .

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      • Logique // 29.10.2019 à 19h48

        « l’union sacrée des russes »

        Correction: l’union sacrée des Soviétiques.

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    • Anouchka // 29.10.2019 à 16h28

      Encore et toujours cette fixette sur la singularité de Hitler. Comme si c’était un extra-terrestre !
      Certes au sein du mouvement de la révolution conservatrice, dans les années 20, il y avait tout un courant favorable à la Russie, voire à l’Union Soviétique (Ernst Niekisch par ex). Arthur Moeller van den Bruck aurait été inspiré par les idées sur la troisième Rome de Dostoïevski (qui était quant à lui d’ailleurs viscéralement antisémite) pour son « troisième Reich ».
      Pour autant, les idées d’espace vital ne sont pas l’invention de Hitler. On peut citer par exemple Karl Haushofer, dont les thèses sont antérieures à Mein Kampf.
      Concernant le racisme anti-slave, il était également loin d’etre l’apanage des seuls nazis : on rappellera cette phrase écrite dans une lettre à sa femme par l’acteur principal du complot contre Hitler C Von Stauffenberg lors de l’invasion de la Pologne :
      « La population est une incroyable populace, très nombreux Juifs et très nombreuses personnes qui ne sont pas de race pure. Un peuple qui ne se sent bien que sous le knout. Les milliers de prisonniers vont faire vraiment du bien à notre économie agricole. En Allemagne, ils pourront sûrement être bien utilisés, vaillants, obéissants et se contentant de peu «

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      • lon // 29.10.2019 à 18h41

        La fixette sur Hitler se justifie car Hitler a concentré tous les pouvoirs en ses mains , y compris celui de chef suprême des armées, l’histoire du 3ème Reich et de la 2ème guerre mondiale est l’histoire d’un pays assujetti à la volonté d’un seul homme . il suffit de voir le nombre d’attentats manqués contre lui, dont celui de 1944, pour comprendre comment certains hauts gradés de l’armée en étaient venus à le considérer comme l’incarnation du destin allemand , au sens quasi mystique du terme. L’étude du 3ème Reich est l’étude d’un phénomène politique hallucinant , de par la rapidité des événements , le jeu des circonstances , et il faut bien le dire le génie politique de Hitler , du moins jusque fin 1941 . Aucune des idées d’Hitler n’étaient de lui, il était le produit d’une idéologie pan germanique , mais c’est bien lui qui a mis toutes ces idées en musique . Maintenant entre le mépris traditionnel et séculaire des prussiens pour les polonais , et l’organisation du génocide des cadres polonais il y a quand même une sacrée nuance , et ça ce fut le travail d’Hitler .

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        • Anouchka // 29.10.2019 à 22h28

          Comme vous le savez, l’organisation du genocide des cadres polonais ne fut pas l’apanage des seuls Allemands…

          Il faut aussi voir que la différence de “degré de violence” que l’on observe entre les massacres liés aux guerres coloniales ultra-marines (de l’ensemble des puissances coloniales de l’époque) et ceux perpétrés pendant la tentative de colonisation de l’est par les nazis, est principalement du au caractère “décomplexé” et “assumé” des exterminations perpétrés par ces derniers.
          Et il est important de lier ce caractère “décomplexé” au phénomène de brutalisation de la société allemande du à la première guerre mondiale. Camps de concentration, Affamement des populations civiles intentionnel (blocus) diabolisation et/ou animalisation de l’adversaire, mort de masse sur le champ de bataille… tout cela avait déjà commencé pendant la première guerre mondiale (et les guerres civiles d’après-guerre à l’est)

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        • Anouchka // 29.10.2019 à 22h48

          Pour mettre en perspective la tentative de colonisation a l’est par l’Allemagne nazie avec la colonisation ultra-marine par les autres puissances coloniales de l’époque, en comparant par exemple l’intensité des combats et le nombre de morts qui s’en est suivi, il ne faut pas oublier de mentionner la variable niveau de développement (notamment l’armement) des populations attaquées. L’Union soviétique, Etat organisé et industrialisé (même depuis peu) était par principe plus difficile à “avoir” que le Congo – et pourtant on a aussi beaucoup exterminé au Congo

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  • degorde // 29.10.2019 à 15h11

    « L’Allemagne nazi n’est pas une version, plus brutale, de l’Allemagne Wilhelmienne ». Cette affirmation inexacte est battue en brèche par des travaux comme celui de Fritz Fisher « les buts de guerre de l’Allemagne impériale » qui montrent au contraire la continuité de la politique étrangère allemande entre l’Allemagne impériale et Hitler y compris la période de Weimar où le relèvement allemand envisage déjà de reprendre la marche vers l’Est. Dès 1920 la question de l’annexion de l’Autriche est soulevée. La différence tient aux méthodes de l’armée allemande et de la stratégie entre 1914-1918 et 1941-1945. Dans la première guerre mondiale la sauvagerie n’a pas été moindre. Elle n’avait pas il est vrai de dimension purement raciale en dépit des discours allemands anti-slaves dès avant 1914 comme Fisher et d’autres historiens l’ont montré.

    Contrairement à ce qu’affirme Sapir, Le basculement de Staline vers l’idée qu’une guerre avec l’Allemagne Nazie était inévitable ne s’est pas produit entre la fin du mois de juin 1940 et la fin du mois de septembre. Cette idée était présente bien avant, comme le montre par exemple l’ouvrage décisif « Les Guerres de Staline » de Geoffrey Roberts heureusement traduit en Français. Staline n’a pas attendu la chute de la France pour doubler les effectifs de l’armée rouge à la frontière occidentale de l’URSS qui passent de 1,5 millions à plus de 3 millions à la veille de l’attaque allemande. Cette idée d’une surprise, d’une sidération de Staline est reprise directement de la propagande Trotskyste et des reconstitutions après coup dès 1945.

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    • lon // 29.10.2019 à 18h51

      Peut-être , mais je me demande bien dans ce cas pourquoi les troupes en Russie d’Europe n’ont pas été mises en alerte , et que l’aviation russe s’est fait massacrer au sol le premier jour . C’est pourtant pas les avertissements qui manquaient . Staline est directement responsable de la déroute des premiers mois . Quant à la continuité de la politique de l’Allemagne et  » la marche vers l’Est « , je pense qu’il y a une grosse différence entre une main-mise sur l’Ukraine et ses ressources en tant que pays vassal et le nettoyage ethnique de la Russie d’Europe au profit de colonisateurs teutons .

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      • degorde // 30.10.2019 à 15h20

        Détrompez vous, il y a eu en Allemagne dans les années précédent 1914 une campagne insensée anti-slaves dans la presse allemande et il s’agissait d’annexer non seulement l’Ukraine mais bien plus pour élargir le territoire allemand. Maintenant les combats sur le front russe n’ont pas produit le même carnage qu’à partir de 1941 mais n’oubliez pas que le scénario des opérations sur le front est l’exact inverse de celui de 1941-1945.

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    • Jean-Pierre Georges-Pichot // 01.11.2019 à 10h49

      La similitude et la parenté ne vont jamais sans différences. On peut trouver déterminantes les similitudes ou les différences. Fritz Fischer est convainquant sur la continuité de l’impérialisme allemand, mais Hitler lui apporte un style nouveau. S’il faut continuer à jouer aux poupées russe (tout est dans tout et réciproquement) il faut noter qu’il est aujourd’hui malpoli et rarement tenté de souligner que le nazisme n’est qu’une radicalisation de l’impérialisme occidental général, qu est le mode d’existence dans la culture humaine du capitalisme industriel. Ultimement, Hitler est un produit du projet techniciste cartésien, presque impossible à distinguer des tout premiers Conquistadores. Un film à revoir : « Aguirre, la colère de Dieu », de Werner Herzog.

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  • degorde // 29.10.2019 à 15h11

    On regrettera de voir repris sous la plume de J. Sapir, d’ordinaire mieux inspiré, le vieux cliché d’un Staline paranoïaque. D’autant que l’URSS avait subi des assauts du Japon dans la période 1937-1940 qui devant ses échecs sera amenée à signer en avril 1941 un pacte de non agression avec Staline, pacte peu connu il est vrai peu utile à la démonstration d’une équation stricte communisme=nazisme.
    Autre cliché repris par Sapir, « les purges » dans l’armée. Il fait sans doute allusion à l’affaire Toukatchevski. Il ne s’agit pas d’une purge au sens où l’entend, le procès de l’état major n’était pas public. Pourtant la purge ne doit rien à la paranoïa de Staline. Les correspondance diplomatique de l’ambassade de Londres et de France attestent de la réalité du complot mené par Toukatchevski pour renverser Staline.

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    • Dominique65 // 29.10.2019 à 18h13

      Réduire les purges de Staline au cas Toukatchevski est franchement osé.

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      • Logique // 29.10.2019 à 20h01

        Je commence à me méfier de la propagande occidentale omniprésente. Nous comprenons tellement bien l’actuelle propagande que toute nouvelle information n’est plus prise pour argent comptant grâce à des sites critiques et de réinformation comme celui d’OB (Ukraine, Skripal, Allemagne nazie = URSS, USA vainqueurs de la guerre en Europe, etc.) ou grâce à des aveux comme ceux d’Udo Ulfkotte. Certains sites vont aussi dépoussiérer l’histoire du 20e siècle en démontrant un certain nombre de calomnies. Puisqu’on parle de l’Allemagne, on sait à qui a été attribuée la sentence: un mensonge répété des milliers de fois devient une vérité.

        https://duckduckgo.com/?q=un+mensonge+r%C3%A9p%C3%A9t%C3%A9+des+milliers+de+fois+devient+une+v%C3%A9rit%C3%A9.&t=ffcm&ia=web

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      • degorde // 30.10.2019 à 15h22

        Ca n’était pas mon propos si vous me lisez bien; je faisais justement une différence entre les purges (dont il y aurait beaucoup à dire et il suffit de lire Grover Furr) et le cas Toukatchevski qui a été traité différemment. Ce procès de l’état major n’était pas public contrairement aux autres procès. L’affaire était d’une nature différente.

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  • Patrice // 29.10.2019 à 15h29

    La responsabilité de l’Angleterre est évidente aussi bien dans le « non-accord » polono-allemand de 1939
    https://reseauinternational.net/pourquoi-lallemagne-a-envahi-la-pologne-en-1939/
    que dans l »invitation » de l’Allemagne à attaquer l’URSS si elle voulait être reconnue lancée depuis l’arrivée d’Hitler au pouvoir. Les plans franco-anglais de bombardement de Bakou étaient prêts en 1940.
    La responsabilité des Etats-Unis est totale dans le financement du parti nazi et de l’économie allemande dès 1929, coincidant avec le départ de Trotsky d’URSS.Ils interviennent en décembre 41 au moment où Barbarossa stoppé, le monde militaire sait que l’Allemagne a perdu.
    Deux ou trois choses ne se sont passés comme prévues…
    merci à Jacques Sapir…. et à Joukov

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    • UnKnown // 29.10.2019 à 16h27

      Les cadres de l’Armée rouge exécutés par les purges de 1941:
      -3 maréchaux sur 5 ;
      -14 généraux d’armée sur 16 ;
      -Tous les amiraux (8 sur 8)
      -60 généraux de corps d’armée sur 67 ;
      -136 généraux de division sur 199 ;
      -Tous les commissaires politiques d’armée (11 sur 117) ;
      -20 000 à 30 000 officiers intermédiaires.

      Si ça c’est pas de la paranoïa, je ne vois pas ce que c’est…

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      • degorde // 30.10.2019 à 15h24

        Je ne me prononce pas sur vos chiffres, mais si en France on avait purgé le haut état major cagoulard et conspirateur la campagne de France de 1939-1940 aurait sans doute pris un tour différent.

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      • Jean-Pierre Georges-Pichot // 01.11.2019 à 10h13

        Je ne suis pas du tout au clair sur ce qu’il faut penser des purges de 1935 (vous parlez de 1941 ?) Je crois que rien n’est établi en la matière. Sur la réalité de la conspiration contre-révolutionnaire militaire. Mais si la conspiration a existé, les chiffres n’ont plus rien d’étonnant, car rien n’est plus homogène qu’un corps d’officiers. Après le Pronunciamento de Franco en Espagne, il n’est pratiquement plus resté un seul officier au service de la République. Si un Staline avait été au pouvoir en juin 1936 à Madrid, il aurait sans doute fait exécuter 95 pour cent des officiers espagnols, et il aurait évité le renversement de la république. C’était le prix à payer.

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    • Jean-Pierre Georges-Pichot // 01.11.2019 à 10h27

      Vous dites vrai, mais de façon un peu confuse. Cela s’appelait tout simplement dans les ambassades et la bonne société franco-anglaise la « politique des mains libres à l’est », en entendant : pour l’Allemagne. Mais il n’y a pas de raisons d’accabler la seule Angleterre, bien qu’elle ait eu des négociation secrètes permanentes avec Hitler alors même qu’elle négociait en commun avec la France des accords de défense avec Staline…. qui négociait en même temps avec Ribbentrop. Personne n’a les cuisses propres dans cette histoire. Pour nos élites démissionnaires, cette politique avait aussi pour nom : « vocation méditerranéenne de la France ». On doit tout de même distinguer entre l’Angleterre, qui défendait mordicus ses positions, l’Allemagne impérialiste et agressive, et la France irréaliste, pusillanime et consentant à la domination et à la pénétration fasciste.

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  • BEYER Michel // 29.10.2019 à 15h29

    Je suis admiratif devant les capacités de Jacques Sapir. Comment peut-il à la fois, nous faire une analyse excellente d’un livre de près de 1000 pages, et dans le même temps, nous donner son avis toujours très pointu sur la quasi-totalité des évènements nationaux et internationaux. J’ajoute les analyses économiques diverses.
    Quel cerveau!!!

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  • openmind // 29.10.2019 à 16h01

    Cher Jacques, avez vous eu connaissance du livre de Boris Laurent qu date de 2014: »La guerre totale à l’Est » aux éditions nouveau monde?
    Je pense que tout y est déjà d’un point de vue purement factuel sans aucun jugement de valeur.
    Il est pour moi la référence absolue de la grande guerre patriotique de 1941 à 1945.
    Si oui, votre avis m’intéresse grandement.

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  • Duracuir // 29.10.2019 à 16h44

    De toute manière, les Allemands visaient l’Oural pour l’automne 41 donc ils avaient, de toute manière perdu.
    Hiver ou pas, je ne vois pas pourquoi Moscou aurait pu être prise par une armée Allemande exsangue, qui n’avait pas réussi à prendre Leningrad(et qui ne réussira pas) et qui avait perdu plus de 600 000 hommes mis hors de combat (tuées, blessés, disparus, prisonniers) avant même les premiers flocons.
    Les Russes ont survécu au fait d’avoir perdu la somme énorme de 5000 000 d’hommes en 6 mois. Ceci a caché l’énormité des pertes allemandes. plus de 600 000 hommes en 4 mois, c’est du délire et c’était totalement inattendu à l’état-major de la Wehrmacht.
    Je ne me rappelle plus le nom du général Allemand, Guderian je crois qui résuma ça parfaitement:  » voir une armée mal équipée, mal commandée, ayant subit des pertes colossales et réculé de 1000 km continuer à se battre mètre après mètre au prix de sacrifices inouïs était quelque chose à laquelle l’école de guerre ne nous avait pas préparé.  »
    150 ans avant lui, Murat admiratif de la combativité du soldat Russe disait de lui « qu’il faut le tuer deux fois ».
    Quant à la barbarie, je suis toujours étonné qu’on traite les Soviétiques(Russes) de barbares. Les Allemands ont assassiné 10 000 000 de civils soviétiques. Le nombre de viols est titanesque et les Russes ne leur avaient rien fait. Les Russes ont eu 500 000 prisonners Allemands, ils en ont rendu 350 000 vivants. Les Allemands ont fait 6000 000 de prisonniers, moins de 500 000 ont survécu. Qui sont les barbares?

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    • lon // 29.10.2019 à 18h54

      Faudrait rappeler ceci au Parlement Européen , mais il n’y a en fait qu’un seul génocide qui retient l’attention de ces esprits éclairés .

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      • Anouchka // 29.10.2019 à 19h34

        Les chiffres à ce sujet font débat. Duracuir grossit et “arrondit” volontairement, probablement, pour frapper les esprits et pousser à faire la comparaison que vous évoquez.
        Sur la tendance de fond, cependant, il n’a pas tort.

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        • Logique // 29.10.2019 à 20h05

          L’URSS a perdu plus de 25 millions de citoyens lors de l’agression allemande. Plus personne ne conteste ce chiffre.

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        • Duracuir // 29.10.2019 à 20h20

          Je grossis? J’arrondis?
          Wikipédia annonce entre 13 000 000 et 15 700 000 de morts civils. Qui les a tué? les Martiens?
          Et moi je grossis et j’arrondis avec mes 10 000 000?
          Toujours Wikipedia annonce 5.7 millions de prisonniers soviétiques dont 4 ont été assassinés par leurs geôliers et souvent de la manière la plus effroyable. Donc excusez moi, je me suis trompé d’un petit million. Mais vous avez raison, ça fait une différence considérable, seulement 4 millions de prisonniers assassinés, dans l’évaluation de la barbarie allemande.

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    • Ando // 29.10.2019 à 23h36

      Hum… on comptait près de 3 millions de prisonniers de guerre de nationalité allemande en Union soviétique en mai 1945.

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  • Jérôme // 29.10.2019 à 20h31

    Toujours un plaisir de lire un article de Jacques Sapir.

    Comme plusieurs commentateurs, je ne partage pas l’appréciation selon laquelle le nazisme se distinguait beaucoup du nationalisme pangermaniste de l’Allemagne Wilhelmienne.

    Le lebensraum n’est qu’une resucée raciale/raciste du september program de 1914.

    Les racines du de la violence coloniale allemande sont bien antérieurs à la colonisation de la Namibie : l’Allemagne a été à peu près le seul État à pratiquer le colonialisme de remplacement en Europe depuis grosso modo le début du 2ème millénaire au détriment des slaves. A la différence des russes qui étaient dans une logique d’assimilation/russification des peuples allogènes conquis, les allemands ont beaucoup plus « chassé » les slaves, comme les anglo-saxons ont ensuite « chassé » les amérindiens.

    Il suffit de lire « mein kampf » pour comprendre. Hitler y admire le résultat obtenu en Amérique par les anglo-saxons qu’il considérait comme l’autre branche de la race germanique et il veut que l’Allemagne fasse de même à l’est. La seule différence, c’est la vitesse. Il veut que le résultat soit bouclé en un siècle au lieu de trois. De là découle le choix de procédés d’extermination industrielle plutôt que le choix anglo-saxon d’un lent nettoyage ethnique sensiblement moins cataclysmique sur le moment (mais aux résultats in fine identiques).

    Enfin, que tous les nationalistes allemands avaient en tête le traité de Brest-Litovsk par lequel en mars 1918, l’Allemagne avaient satellisé toute l’Europe de l’Est et dont ils avaient perdu les fruits 8 mois plus tard.

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    • Anouchka // 29.10.2019 à 23h35

      Le début du deuxième millénaire… bigre, vous allez loin.
      Je ne pense pas pour ma part que l’on puisse comparer les malheureux colons allemands du moyen-âge, poussés par la famine ou par des maîtres brutaux avec des SS bouffis d’orgueil racial et technologique.
      N’oublions pas non plus que les dits « anglo-saxons » sont une invention de l’imaginaire racialiste du XIXe siècle, que les nobles anglo-saxons (les vrais) ont été largement décimés par les normands (a l’aube du deuxième millénaire justement) et que la conquête des Amériques a surtout eu à voir avec une supériorité technique et militaire ainsi qu’avec les débuts du capitalisme.
      Plutôt que de scruter une hypothétique prédisposition séculaire a la barbarie chez les Allemands, nous ferions mieux de regarder ce que nous avons de commun avec eux qui aurait pu nous faire succomber au même mal qu’eux (et nous y avons succombé d’ailleurs dans une large mesure)

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      • Jérôme // 30.10.2019 à 10h01

        « Je ne pense pas pour ma part que l’on puisse comparer les malheureux colons allemands du moyen-âge, poussés par la famine ou par des maîtres brutaux avec des SS bouffis d’orgueil racial et technologique. »

        En effet, moi non plus. Et ce n’est absolument pas ce que j’ai écrit. Pas plus que je ne l’ai fait pour les colons anglo-saxons en Amérique du Nord. En revanche, la tradition multi séculaire pour les uns et les autres, spécifiquement, est établie. Et ceci explique en partie cela.

        Enfin, évitons le sempiternel misérabilisme social qui voudrait que les pauvres soient toujours des victimes dédouanées de toute responsabilité contraints par de riches maîtres de commettre des erreurs. C’est faux. A ce train-là, on ferait des allemands de 1939-1945 des victimes, des malgré-nous, au motif qu’ils avaient aussi été traumatisés par le chômage de masse et la misère pendant la grande dépression (le traumatisme est vrai mais n’excuse pas les actes commis ni n’efface le caractère singulièrement allemand des actes commis).

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        • Anouchka // 30.10.2019 à 11h46

          En effet, la misère n’excuse pas les actes repréhensibles. Pas plus que la folie d’ailleurs. Mais dans le même ordre d’idée, on pourrait aussi dire que le fait d’etre une victime (avoir été tué en l’occurrence) ne garantit pas que la personne tuée n’ait pas été par ailleurs une « pourriture » et sa mort un « bon débarras » pour le reste de la communauté….
          Ce que je voulais dire à propos des colons allemands, c’est que certains (des enfants par exemple) ont été envoyés contre leur gré pour travailler dans des mines (des mines d’argent pour le compte du roi de Bohème par exemple). On retrouve la mémoire de ces tristes événements dans le conte du Joueur de flute de Hamelin. Mais il y a eu aussi bien sur d’autre phénomènes de colonisation de type militaire. Contre les Wendes, par exemple. Il faut cependant notes que ces Wendes (Slaves) n’étaient eux-mêmes pas autochtones et venaient probablement à l’origine de zones situées au dela de la mer noire. Eternelle question de l’œuf et de la poule…
          Par rapport aux anglo-saxons, c’est sur l’aspect essentialisant de votre commentaire que je réagissais. Quand vous parlez de « tradition multi-séculaire qui (serait) établie pour les uns et pour les autres » vous abondez (involontairement , je m’en doute) dans le sens de la pensée volkisch qui voyait la propension à coloniser de nouvelles contrées comme une caractéristique raciale des allemands – que ceux-ci auraient d’ailleurs partagé selon cette même pensée volkisch avec les Grecs anciens, leurs illustres prédécesseurs

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  • Le Minotaure // 30.10.2019 à 03h18

    Bonjour,

    Non les accords d’après guerre entre Weimar et la jeune république soviétique sont opportunistes. Par contre il existe un courant nationaliste allemand qui entretient une fascination profonde pour le « l’âme slave », le romantisme nationaliste russe etc. après guerre ce courant est nourri par l’arrivée des exilés russes blancs qui partagent, pour certains, des idéologies très proches des courants Volkisch allemands. C’est pas mal détaillé dans le livre. Ca ne représente pas tous les nationalistes Allemand, ceux-ci sont divisés. Mais même dans le parti nazi il y a un courant (minoritaire), représenté notamment par Ribbentrop, qui espère rétablir une Russie blanche et nationale-socialiste, alors qu’Hitler veut plutôt transformer la Russie en champ de patates (et de pétrole).

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  • Le Minotaure // 30.10.2019 à 04h43

    Merci à Jacques Sapir pour cette longue recension qui n’esquive pas les points d’achoppement d’un ouvrage présenté partout comme un chef d’oeuvre incontournable.

    Je trouve néanmoins la conclusion un peu sévère (« le moins bon ») au regard des critiques concrètes énoncées tout au long du texte.

    J’en suis aux 2/3 du livre et j’y vois quand même une masse phénoménale de travail et de dépouillement des archives, quelles que soient ses imperfections. De plus, et il faut le souligner à propos d’un ouvrage aussi massif sur un sujet pas simple, le style est limpide et le livre se lit souvent comme un roman.

    Les ouvrages de Lopez (écrits par lui seul ou corédigés) ont le mérite d’avoir largement donné accès au public francophone dans les années 2010 une vision réactualisée de la guerre germano-soviétique. Et la revue Guerres & Histoire est un bijou de vulgarisation que je dévore tous les deux mois.

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    • Emmanuel Florac // 30.10.2019 à 22h40

      J’ai lu plusieurs livre de Jean Lopez, et c’est magnifiquement documenté et intelligent. Je me souviens que dans « Opération Grabation », il y a de passionnantes notes de bas de pages (télégrammes militaires) qui expliquent comment le haut commandement allemand a aggravé la crise d’approvisionnement sur le front de l’Est en donnant la priorité aux trains de déportations en direction des camps de la mort…

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  • François Delpla // 31.10.2019 à 08h22

    Tout d’abord, le mot « définitif » ne fait pas partie du vocabulaire de l’historien sauf, à la rigueur, sur des questions très ponctuelles.

    Surtout, la caractérisation du Troisième Reich par rapport au Deuxième me semble insuffisante. Il ne s’agit pas seulement d’un surcroît de racisme et de mépris de la vie humaine, mais aussi et surtout d’un projet géopolitique précis où le délire côtoie le réalisme, pensé et mené par un fou intelligent.

    Hitler ne retourne pas ses armes contre l’URSS A CE MOMENT-LÀ en vertu du tropisme oriental de son appétit de conquêtes ni de son racisme antislave, mais de l’échec, in extremis, de son attaque de 1940 en raison de la continuation de la guerre par la Grande-Bretagne.

    C’est ici qu’il faut considérer tout ensemble le réalisme et le délire. Attribuant fort justement cet échec à la personnalité de Churchill, Hitler fantasme ce dernier comme le « pantin de la Juiverie qui tire les ficelles » et comme un catalyseur qui est en train de fédérer les Juifs de Wall Street et ceux du Kremlin. (à suivre)

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    • Anouchka // 31.10.2019 à 16h29

      « A ce moment là ». Hitler aurait il pu selon vous renoncer à la guerre à l’Est s’il avait pu conclure une paix avec la GB?

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      • François Delpla // 03.11.2019 à 10h38

        Bonne question ! Ma réponse est positive.

        Il faut se souvenir que, dans son effort au long cours pour faire oublier certains passages de Mein Kampf, il se présente comme un homme de paix, y compris au plus fort de son estocade contre la France. On l’avait bêtement défié et on avait besoin d’une leçon, voilà tout ! Maintenir Barbarossa AVEC LE MÊME CALENDRIER ET LA MÊME ENVERGURE aurait ruiné ce patient effort. Il aurait vraisemblablement attendu quelques années, en s’arrangeant pour mettre Staline le plus possible dans son tort (ce qui n’était pas d’une difficulté insurmontable aux yeux des bourgeoisies de partout !) et peut-être en y allant progressivement (Est polonais puis Biélorussie puis Ukraine par exemple), en usant, comme cheval de Troie, de la colonisation économique baptisée « coopération » pour stimuler l’industrie soviétique avec des ingénieurs allemands, etc. etc.

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  • François Delpla // 31.10.2019 à 08h23

    Jusque là, il excellait à prendre des risques mesurés, en ayant mis toutes les chances de son côté. A partir de la mi-mai 1940, comme Churchill ne tire pas les conséquences de la percée de Sedan en retirant prestement ses troupes du continent comme l’eût fait très probablement un Chamberlain gouvernant dix jours de plus, Hitler commet les toutes premières « erreurs » de sa carrière de chancelier, à commencer, dit-on, par l’arrêt devant Dunkerque.

    Barbarossa est de la même veine. Loin d’appliquer un plan mûri, ce joueur d’échecs devient un soudain adepte du poker. S’il délire sur une Juiverie en train de s’organiser à l’échelle mondiale pour étrangler l’Allemagne, en revanche il voit très bien que la résistance churchillienne oblige les Etats-Unis à sortir de leur passivité, et mieux encore que la guerre-éclair qu’il avait programmée et presque réussie en 1940 ne peut déboucher, si la guerre s’éternise, que sur un désastre pour une Allemagne très inférieure économiquement à une coalition anglo-américaine. D’où un besoin vital d’attaquer l’URSS et de la vaincre en trois mois au plus, à la fois pour provoquer le renversement de Churchill par des banquiers en colère, pour éliminer le facteur militaire soviétique et pour rendre inexpugnable une Europe germanisée jusqu’à l’Oural et au Caucase.

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    • Jérôme // 31.10.2019 à 11h43

      Je crains que votre propos sur la différence supposée entre Churchill et Chamberlain soit factuellement faux.

      Dès le 20 mai 1940, les britanniques ont monté l’opération Dynamo, et ce bien sur sans en prévenir les français et les belges, séchant par la même occasion la conférence d’Ypres qui devait permettre aux alliés de coordonner précisément leurs manœuvres dans le cadre de la contre-offensive de la dernière chance préparée par Weygand. Dès le 25 mai, alors que les belges se battaient avec une combativité admirable sur la Lys, Gort exécute la manœuvre, ce qui signifie qu’il a reçu l’ordre d’exécuter la manœuvre de retraite au plus tard la veille.

      Autrement dit, Churchill a tenu 2 semaines maximum à partir du début de l’offensive allemande du 10 mai. Le plus évident est que Chamberlain n’aurait même pas fait plus vite, le temps d’évaluer la situation militaire.

      Au passage, on signalera que la retraite du corps expéditionnaire britannique a anéanti les minces chances de succès de la contre-offensive alliée qui devait prendre en tenaille la lance très étirée et fragile de l’offensive allemande, ce qui était la grande crainte de Hitler et de l’état-major allemand. En effet, si le fer de lance était mécanisé, blindé, et jouissait d’une supériorité opérative incontestable, le reste était fragile.

      Et on rappellera enfin la trop méconnue (car occultée par l’essentiel de l’historiographie anglo-saxonne) phrase de Lord Gort et rapportée par Lord Keyes : « Les belges nous considèrent-ils comme de vrais salauds ? ». Ce qui explique aussi l’hostilité de beaucoup de français aux britanniques avant même Mers-el-Kébir.

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      • François Delpla // 31.10.2019 à 12h56

        vos renseignements datent !
        Dès 1993, j’ai, dans un livre, commencé à exploiter les minutes du cabinet (ouvertes depuis 1971) beaucoup plus en détail que mes devanciers. La résistance de Churchill… à ses collègues, sur la question de l’évacuation, s’y fait jour toute nue. Il ne s’incline que dans la nuit du 25 au 26 mai.

        https://www.delpla.org/article.php3?id_article=377

        Vous avez cependant raison sur le thème d’un abandon des Français par les Anglais : un thème de propagande propagé par Weygand et Pétain sans que Reynaud fasse grand-chose pour y mettre le holà.

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        • François Delpla // 31.10.2019 à 13h01

          Cela dit, il ne faut pas confondre Chamberlain sous Chamberlain et Chamberlain sous Churchill.
          Il est loyal, beaucoup plus que son ex-compère en appeasement Halifax.

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        • Jérôme // 31.10.2019 à 13h16

          Il a peut-être « résisté » en intention et en paroles jusqu’au 25/26 mai à certains membres de son cabinet. Mais la date du 25 mai matin pour le commencement effectif de l’exécution de l’ordre d’évacuation du BEF est lui, un fait incontestable et, je l’espère, incontesté.

          Et Gort n’a pas désobéi : il a exécuté un ordre de Churchill himself.

          Les intentions/discours parlent moins que les actes. Surtout en cas de contradiction entre les uns et les autres.

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          • François Delpla // 31.10.2019 à 15h12

            « la date du 25 mai matin pour le commencement effectif de l’exécution de l’ordre d’évacuation du BEF est lui, un fait incontestable et, je l’espère, incontesté.  »

            avez-vous lu ma démonstration ?

            Quant à Gort, il réclame l’évacuation (moyennant quelques précautions oratoires) depuis son rapport du 19. Pire, il intrigue probablement avec certains ministres conservateurs, via le général en chef Ironside… limogé, comme c’est curieux, par Churchill en cette même nuit du 25 au 26.

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            • Jérôme // 31.10.2019 à 16h58

              Le fait que Gort réclame dès le 19 ne veut pas dire que Churchill a résisté. Comme je vous l’indiquais plus haut, l’opération Dynamo est organisée dès le 20 mai, c’est-à-dire le lendemain du 19 comme aurait dit La Palice. Il se trouve que l’organisation logistique de telles opérations prend un certain temps et que le BEF, lui, n’a commencé sa retraite que le 25 mai, ayant déjà commencé à « sécher » les réunions interalliées pour coordonner les opérations.

              Bref, rien dans cela ne vient démontrer que Churchill a retardé dans les faits le rembarquement du BEF lâchant ses alliés belges et français en rase campagne. Quand un subordonné demande tout de suite à son chef de lui donner un ordre qui n’est matériellement exécutable que 5 jours plus tard et que son chef lui répond qu’il ne lui donnera cet ordre que lorsque ledit ordre sera devenu matériellement devenu exécutable, ce n’est pas retarder la retraite.

              Que Churchill ait été admirable et héroïque pendant la guerre, oui. Mais cela ne signifie pas qu’il l’ait été à tout instant, qu’il n’ait pas erré (les bonnes bios sur Churchill montrent bien comment ses coups de génie survenaient au milieu de nombreuses erreurs et à quel point il était bon pour galvaniser les énergies britanniques, pas pour prendre des décisions adéquates pendant la 2ème GM).

              Et en l’espèce pour les français en mai-juin 1940, Churchill ou Chamberlain, aucune différence. Les britanniques ont lâché leurs alliés pour sauver le BEF et pouvoir politiquement continuer le combat, mais précipitant aussi l’effondrement franco-belge.

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            • Jean-Pierre Georges-Pichot // 01.11.2019 à 09h52

              Mais quelle est l’importance de tout cela alors que Reynaud a téléphoné dès le 15 mai que « tout était perdu », et envoyé Suhard à Madrid pour négocier un armistice. Expliqué le 16 à Bullitt que l’insurrection communiste rendait toute résistance imposssible. Reçu Churchill à Paris qui a pu voir que l’on préparait l’évacuation du gouvernement. Convoqué Pétain et Weygand le 17 pour la transition des pouvoirs, Weygand disparaissant aussitôt nommé pour aller parler avec des émissaires allemands ? La question intéressante serait : à quel moment Churchill a-t-il été définitivement convaincu que la France ne se battrait pas ? On peut dire en même temps que Gort, rencontrant Billotte le 18 mai.

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            • Jérôme // 01.11.2019 à 16h00

              Reynaud n’y comprenait rien et n’y connaissait rien faute d’information et de formation. Quant aux manœuvres politiques des 16 et 17 auxquelles vous faites référence ont lieu les 16 et 17 juin, 3 à 4 semaines plus tard.

              La France s’est battue jusqu’au bout de ses possibilités en métropole. Elle s’est résignée à cesser le combat quand elle était seule et submergée sans plus aucune chance d’inverser la tendance. Ce qui ne préjuge bien sûr pas de la question du projet d’embarquement de forces dans l’empire colonial pour y poursuivre la lutte.

              La question fondamentale est plutôt : quand Churchill a-t-il considéré que la France allait être battue ? La réponse est au plus tard le 23 mai, probablement dès le 17 mai, après la conférence avec Reynaud, quand de retour à Londres il commande des planifications sur la poursuite du combat en cas de capitulation française.

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      • Jean-Pierre Georges-Pichot // 02.11.2019 à 10h43

        Non. On ne peut pas accabler les Anglais dans cette affaire au niveau où vous le faites. La haute société politique britannique porte une responsabilité accablante dans l’emprise nazie sur l’Europe entre 1933 et mai 1940, et si l’on parle de gestion strictement militaire on peut certes accuser la maigreur de leur présence sur le terrain au printemps 40. « Où sont vos quarante divisions ? », c’est l’apostrophe de Pétain à Churchill le 12 juin à Briare. Mais lorsque Reynaud met le couple Weygand-Pétain en selle le 17 mai (mai : j’insiste, pas juin), toute personne politiquement instruite sait que c’est pour cesser le combat. Parce que les options de ces deux là sont connues. De Gaulle le comprend tout de suite et demande la tête de Weygand à Reynaud. En vain bien sûr. Reynaud ment sur ses intentions. Il a négocié ou va négocier sa transition avec Pétain en échange d’une ambassade. La poursuite des combats n’a pour fonction que de sauver la face. Gort se sauve en courant après avoir rencontré Billotte le 18 mai, et il a raison ! Churchill parlera à ce moment de la ’pourriture’ des milieux dirigeants français, et dans son bilan devant les Communes il distinguera entre les petites nations qui ont été ‘vaincues’ par l’Allemagne, et la France qui a été ‘subvertie’. Le ‘choix de la défaite’, qui est devenu le non-dit de nos historiens révisionnistes contemporains était une réalité tangible pour les Anglais dès la mi-mai 1940.

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  • François Delpla // 31.10.2019 à 15h24

    Chamberlain loyal à Churchill beaucoup plus que Halifax : c’est l’une des faiblesses du précieux film Darkest Hour, que j’ai recensé ici même https://www.les-crises.fr/churchill-les-heures-sombres-la-fin-du-roman-national-britannique-par-francois-delpla/, que de gommer ce point.

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  • Thmos // 31.10.2019 à 17h13

    « La guerre germano soviétique «  par Nicolas Bernard chez Texto ˆ présentation en 2 tomes par cet avocat et historien qui signe aussi « la guerre du Pacifique » préfacé par Kersaudy. pour tordre le cou à ces vieilles et largement fausses versions inculquées à l’ école aggravées par Hollywood et achevées par les TNT et leurs émissions pseudo historiques pour Amériacins incultes et traduites par gogole translation … Des historiens exploitent les immenses archives accessibles depuis 1991 seulement. Comme les livres de Christian Ingrao si loin de cette histoire manichéenne et simpliste des mass médias. Lecture éprouvante mais indispensable. L’ UE elle a fait le choix de la propagande et de la russophobie alors que cette guerre constitue le plus ample drame de l’humanité; merci à sapir pour corriger les errances des revues de pseudo historia

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  • Jean-Pierre Georges-Pichot // 01.11.2019 à 09h11

    Le sujet et l’analyse sont intéressants et les points établis le sont de façon juste et utile. Cependant, on manque toujours quelque chose si l’on ne fait pas remonter une analyse des rapports URSS-Allemagne nazie aux débuts de l’URSS, dont il faut rappeler qu’elle fut en guerre, plus souvent chaude que froide, avec le monde capitaliste, dont l’Allemagne nazie n’est qu’un avatar parmi d’autres, depuis sa naissance jusqu’à sa mort. La guerre continuant d’ailleurs depuis pour l’URSS réduite à la Russie et ses quelques pays associés. Si l’on tient à limiter son examen aux rapports dans la période Hitler-Staline, il faut impérativement partir au plus tard de la guerre d’Espagne, qui n’est, comme Franz Borkenau le note instantanément, plus une guerre civile espagnole après novembre 1936, mais un affrontement « Komintern-fascintern ». Cela remet en perspective le Pacte d’août 1939 pour ce qu’il est : ni une alliance, ni un traité de paix, mais une trève.

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  • hong xiu quiang // 02.11.2019 à 13h32

    J’avais lu, gamin, « Opération Barbarossa » de Paul Carrel.
    J’apprend dans ce livre d’un tout autre niveau de Lopez et Okthmezuri qu’il était adjoint de Ribbentrop. Ce qui explique certaines « pudeurs » et beaucoup d’omissions…
    Peut être mieux documenté ailleurs, l’un des aspects essentiel de ce livre est bien de confronter le peuple allemand a son invraisemblable brutalité. L’histoire du siège de Leningrad est à ce titre éclairante sur la volonté génocidaire, de l’armée, des nazis et d’une grande partie des allemands. Le sort fait aux juifs est plus connu et n’a bien entendu pas plus d’excuses, sauf (peut-être) d’avoir été le fait de bien des acteurs de cette barbarie totale (Polonais, Ukrainiens, Roumains, Baltes etc…).
    Le livre n’épargne pas non plus le bolchevisme Stalinien mais ne se contente pas de renvoyer tout simplement ce « beau » monde dos à dos sous prétexte de « totalitarisme ». Pas si simple…
    Dire les faits, traquer les mythes (la boue, le froid, les erreurs d’Hitler, l’apathie de Staline, l’aide US, l’impossibilité logistique a traiter « dignement » les prisonniers de guerre, l’ignorance de la brutalité…). Un bon et vrai travail d’historiens.

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  • Aliocha // 04.11.2019 à 19h11

    Merci de l’analyse de ce livre. Je l’ai acheté car j’ai déjà lu quasiment tous les livres de J.Lopez sur cette guerre et ils sont remarquablement documentés.
    Je vais tacher de le lire au plus vite.
    Il est assez bien de lire que nazisme et stalinisme ne sont quand meme pas pareils.
    La volonté d’annihilation totale (et sa mise en oeuvre) d’une population en raison de sa religion (juifs) de son « ethnie » (slaves, tziganes…) de sa santé (malades psychiatriques) ou de ses orientations sexuelles (homosexuels) et bien sur de ses opposants politiques (là seulement on peut comparer éventuellement avec Staline) a une échelle industrielle sont à ma connaissance jamais égalées dans l’histoire humaine.
    Quant aux russes et aux occidentaux il est clairement établi aujourd’hui que Staline a cherché des alliés, n’en trouvant pas il les a échangés contre du temps.
    Nous nous n’avions pas cette excuse pour Munich et l’attaque rapide à l’ouest pendant la campagne contre la Pologne. On savait depuis longtemps qui était Hitler.

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