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22.décembre.202322.12.2023
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L’aide économique américaine à la France, 1940-1953. Relecture du plan Marshall, par Jacques Sapir

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La question de « l’aide » américaine à la France et généralement aux puissances européennes dans les années 1940-1950 est un sujet passionnant mais aussi d’une brûlante actualité au regard de la politique américaine vis-à-vis des pays européens depuis maintenant plusieurs années, et en particulier dans le cadre des opérations militaires en Ukraine. Cette question se double d’une autre : l’évaluation du « plan Marshall ».

Ce dernier est en effet devenu le symbole d’une aide supposée désintéressée et efficace au relèvement des pays d’Europe occidentale, au point qu’il est utilisé désormais dans le langage commun : on a évoqué un « plan Marshall pour les banlieues »et aujourd’hui on parle d’un « plan Marshall pour la rénovation des logements ». Il est ainsi devenu le synonyme de ce que l’on doit, ou que l’on devrait, faire dans certaines circonstances. Mais, le plan Marshall originel justifiait-il ces jugements et cet enthousiasme ? Depuis maintenant aux moins deux dizaines d’années, on assiste à une relecture nettement plus critique.

Un livre important, un livre dérangeant, un livre critiquable

C’est donc dans ce contexte qu’Annie Lacroix-Riz a publié en octobre 2023 un livre important et imposant sur les origines du plan Marshall[1]. Important, il l’est par son sujet. Le débat a commencé depuis maintenant plus de vingt ans sur les motivations profondes de l’engagement des États-Unis dans ce que l’on appelle le plan Marshall ou ERP (Emergency Recovery Program). Imposant, il l’est par sa forme (571 pages), mais aussi par des sources très importantes. Avertissons immédiatement le lecteur, c’est un livre à thèse. L’autrice y défend celle d’une aide américaine pensée exclusivement au service des États-Unis et dans le but d’asseoir une domination totale de ces derniers sur les pays européens. Le titre du premier chapitre de l’ouvrage le prouve. Il s’intitule « la quête américaine de l’hégémonie en Europe ».

Mais, ce livre ne se limite pas à cela. Il porte aussi une seconde thèse qui est celle du ralliement des élites françaises au projet américain, dans la continuité pour certaines de leur précédent ralliement au projet nazi. Cette dernière thèse, qui est dans la continuité d’ouvrages précédents d’Annie Lacroix-Riz[2], contribue cependant à brouiller la première. En effet, elle empiète et réduit l’étude du plan Marshall, et en particulier de ses conditions d’application, notamment, mais pas seulement, de l’importance de l’OECE (la future OCDE) qui fut créée spécifiquement pour coopérer avec l’Economic Cooperation Administration qui devait gérer le plan Marshall[3] et de l’Union Européenne des Paiements[4]. Au vu de l’importance de l’ouvrage, cela est regrettable. La question des élites avait été traitée de manière exhaustive dans trois précédents ouvrages, et elle n’aurait du occuper qu’une place mineure dans celui-ci.

Pour écrire ce livre, Annie Lacroix-Riz a effectué un travail très important. Elle a largement dépouillé les archives françaises, que ce soit dans les archives générales (y compris les fonds privés de certains acteurs), dans les archives policières ou dans les archives de la Banque de France, mais aussi des archives américaines publiées par l’organisme officiel US-GPO (Foreign Relations of the United States ou FRUS) ainsi qu’une très abondante bibliographie. La place tenue par ce que l’on appelle l’appareil critique dans l’ouvrage est considérable : pas moins de 127 pages sur un total de 571 pages soit 22%. Cela classe immédiatement le livre dans la catégorie des ouvrages d’érudition, qui ne sont pas d’une lecture aisée. Il est évident que son autrice a voulu produire un ouvrage de référence, et que sur bien des points elle y est arrivée.

On pourrait alors penser que l’on est en présence de l’ouvrage définitif sur la question de l’aide américaine. Ce n’est pourtant pas le cas.

Non que ce livre soit totalement faux ou insignifiant, loin de là. Il est même instructif sur tout une série de sujets. Mais, il présente une approche qui est largement biaisée par les opinions, et même les préjugés, de son autrice. Ce biais se retrouve d’ailleurs dans le choix des sources. Si on ne peut que féliciter Annie Lacroix-Riz d’avoir consacré beaucoup d’attention, et naturellement beaucoup de temps, aux sources d’origine policière (ou de renseignement), on s’étonne alors qu’elle n’est pas pensée à regarder les archives du Général George C. Marshall (pour les États-Unis) ou les archives de Jean Monnet pour ne citer que celles-là, qui sont facilement disponibles car numérisées[5]. Plus généralement, dresser un état des intentions américaines était assurément louable. Mais dresser un bilan de leurs actions, en les resituant dans leur contexte aurait été plus important encore. De plus, présenter les États-Unis comme un acteur unique, sans mentionner les débats importants qui opposèrent des segments de l’administration, soulève aussi un problème. Enfin, présenter les États-Unis comme une sorte de « donneur d’ordres » sans mentionner la « demande » pour une aide, et même une tutelle, américaine chez certains des acteurs européens pose aussi un problème méthodologique important.

S’agit-il d’un problème de perspective ou d’un problème de fond ? Je laisse ici le lecteur seul juge. Mais, il me semble qu’au-delà de différences légitimes de perspectives, la « méthode » Lacroix-Riz soulève un problème.

Perspectives, vous avez dit perspectives ?

La différence de perspective sur un tel sujet était inévitable. Annie Lacroix-Riz est historienne, et l’auteur de ce texte est économiste, même s’il lui est arrivé de commettre des travaux qui sont à la limite de l’histoire[6]. Des champs disciplinaires aussi fortement structurés que le sont respectivement l’histoire et l’économie, même si les fécondations réciproques ont été nombreuses, se caractérisent naturellement par des différences de démarche et d’approche qui sont substantielles. Confronté à la genèse et au développement du plan Marshall, l’économiste commencerait par dresser un tableau de la situation économique. Il envisagerait, ensuite, les effets du plan Marshall au travers de données comparatives, en cherchant d’ailleurs à distinguer, si faire se peut, l’impact du plan des autres facteurs exogènes qui ont pu intervenir sur les économies. Pour tout dire, sans être absolument fermé aux déterminants subjectifs, les opinions ou l’expression des intérêts, l’économiste regarde avant tout les besoins initiaux et les résultats ex-post d’une possible action.

Il est donc normal que l’approche du sujet ne soit pas exactement la même chez l’historienne et chez l’économiste. Néanmoins, l’importance, et on peut même aller jusqu’à parler de fascination apparente, qu’Annie Lacroix-Riz prête aux intentions est troublante, d’autant plus qu’elle s’accompagne d’une absence quasi-totale d’éléments concrets sur l’état des économies considérées. L’absence totale dans l’ouvrage de tableaux, de graphiques, est d’autant plus surprenante que des historiens travaillant sur des sujets économiques y recourent de manière régulière. On a le sentiment qu’Annie Lacroix-Riz se meut uniquement dans le monde des idées, ce qui est surprenant pour une historienne se réclamant du marxisme.

Pour ma part, j’en présenterai un, dont il convient de se souvenir. On mesure à quel point la France est ruinée par la guerre et l’occupation au 1er semestre de 1945, surtout en comparaison avec les deux pays du continent nord-américains, les États-Unis et le Canada.

Tableau 1

Comparaison de la situation du PNB de la France et d’autres pays, 1938 = indice 100

Pays 1929 1938 1945 1946
1er

semestre

2ème

semestre

Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet
États-Unis 131 100 258 250 180 170 189 185 179 196 196
Canada 111 100 271 269 202 196 207 206 197 186 189
Suède 66 100 79 107 110 111 112 113 113 112 110
France 125 100 37 60 65 72 74 80 84 86 (78)

Source : Présidence du Gouvernement, Rapport Général sur le Premier Plan de Modernisation et d’équipement, Paris, novembre 1946, p. 20

Mais, à lire l’ouvrage d’Annie Lacroix-Riz, qui est rempli d’éléments censés montrer que les États-Unis établissent une tutelle économique complète sur notre pays, le mettent quasiment en coupe réglée, on oublie qu’en un an, de juin 1945 à juin 1946, la PNB[7] de la France augmente de +132% alors que la Suède, pays neutre et qui n’a pas connu la dévastation qui fut le lot de notre pauvre pays, même si elle fut très contrainte dans ses relations commerciales avec l’Allemagne nazie, ne voit elle son PNB augmenter que de +41,7%.

Cela interroge. Nous n’avons pas de raison de mettre en doute les sources abondamment citées par Annie Lacroix-Riz. Mais on constate qu’elles dressent un tableau de la réalité qui ne correspond pas toujours aux faits.

Ceci nous amène à un autre problème de perspective. Madame Lacroix-Riz a largement fait sa carrière dans le monde universitaire. Pour ma part, et je n’en tire aucune gloire, j’ai partagé ma carrière entre un cadre universitaire et un cadre non-universitaire, travaillant comme conseiller ou comme consultant pour des administrations d’État. Cela m’a sans doute donné une sensibilité particulière à la manière dont les archives des administrations régaliennes sont constituées. Une note de police ou de la DGSE n’est pas « la » vérité, mais ne fait que traduire la manière dont la culture spécifique d’une certaine administration apprécie les choses et les hommes. J’en donnerai un exemple, où je demande à mes lecteurs de me croire sur parole : en 1996, en Russie, j’eu l’occasion de consulter les fiches me concernant rédigées l’une par l’ex-KGB (et ses successeurs) et l’autre par le GRU (services de renseignement de l’Armée).

La différence entre ces deux fiches était plus que substantielle ; elle était, si l’on peut oser le mot, philosophique. Là où la première relevait du renseignement de basse police, contenait des affirmations erronées sur mes idées et mes liens politiques, des suppositions souvent extrêmement hasardeuses, et se révélait par ailleurs incomplète, la seconde était un constat froid et sans jugement de l’ensemble de mes activités, couvrant d’ailleurs – et ce fut une surprise pour moi – ma scolarité à Sciences Pô avec le nom de mes charges de conférences, mes notes et la liste de mes condisciples. J’aurai pu, avec quelques modifications de langage, utiliser la seconde comme curriculum vitae. La première était clairement inutilisable, voire pouvait provoquer chez ses destinataires des actes ou des réactions clairement faussées. J’avais eu, en 1982, une expérience similaire quand il m’avait été donné l’occasion de consulter ma fiche au Renseignements Généraux (les RG), où la fantaisie le disputait à l’incompétence.

Si je me suis permis de citer cet exemple personnel c’est pour faire comprendre au lecteur qu’il ne faut jamais prendre des archives issues d’administrations régaliennes au pied de la lettre. C’est pourtant ce que fait Annie Lacroix-Riz très, et peut être trop, souvent. Pourtant, en tant qu’historienne, elle aurait dû avoir en tête les réflexions de Nathan Wachtel sur la vision des vainqueurs et celles des vaincus[8]. Bref, ce n’est pas parce que le SDECE, la Police, voire le Quai d’Orsay mettent une chose dans un document écrit qui est ensuite archivé que cette chose est totalement, voire parfois partiellement, vraie. Ici encore, j’ai vu dans des administrations françaises des notes de très bonne qualité être brulée sitôt que lue (ou envoyée au broyeur) et des notes de qualité médiocre être archivées…sans être lues.

Je ne prétends pas que toutes les archives sont constituées de fonds de tiroirs et de papiers de mauvaises qualités. J’affirme néanmoins que la proportion de ces « canards » comme on dit dans la presse est suffisamment substantielle pour nécessiter une aide au dépouillement de ces archives, aide qui peut parfois provenir de l’interview des acteurs (ce qui n’est cependant pas sans risques non plus pour l’interprétation), ou de l’usage d’autres documents indépendants. Trop souvent, hélas, une erreur contenue dans une archive est répétée sans cesse par des gens qui considèrent que les archives sont Dieu et les Prophètes…

Cela pose donc un problème de méthodologie quant au travail d’Annie Lacroix-Riz.

Le prêt-bail et avant

Sur le fond, Annie Lacroix-Riz est parfaitement fondé à voir dans le « Prêt-Bail » ou Lend-Lease l’une des origines du plan Marshall. On peut cependant y ajouter l’expérience de la commission Franco-Britannique d’achats aux Etats-Unis qui dépensa, de fin 1938 à 1940 des sommes considérables en comparaison du budget de la défense de l’époque des États-Unis. Ce budget fut, pour 1940, de 3,6 milliards de dollars. Or le financement global est largement supérieur aux dépenses des États-Unis (qui ne comptent pas les exportations d’armes vers la France et la Grande-Bretagne en 1939 et 1940).

Compte tenu du fait que les franco-britannique ne payèrent pas seulement du matériel mais financèrent des extensions d’usines et payèrent de larges « primes d’accélération », la contribution de la France et de la Grande-Bretagne peut être estimée entre 1% à 2% du PNB des États-Unis[9], soir à l’époque, et avant que les États-Unis ne basculent dans un effort de guerre important (ce qui se fera dès la fin du printemps 1940[10]), peut être considéré comme une contribution très importante au réarmement américain. Ces sommes, dans le cadre de la loi « Cash and Carry » doivent de plus être réglées en or. C’est la raison pour laquelle la Grande-Bretagne demande une nouvelle loi qui lui permettra d’acheter à crédit. En réalité, le « Lend-Lease » est en apparence plus généreux qu’un crédit. Notons d’ailleurs qu’il y a une confusion dans l’ouvrage d’Annie Lacroix-Riz sur la date exacte du prêt-bail et sur l’accord d’aide mutuelle avec la Grande-Bretagne. Le prêt-bail est signé le 11 mars 1941[11] et l’accord de 1942 (elle parle alors de « mise en œuvre ») est en réalité formel. Les premières armes obtenues dans le cadre du prêt-bail arrivèrent en Grande-Bretagne en mai 1941.

Annie Lacroix-Riz présente l’accord comme un accord commercial. Mais la réalité est assez différente. Les armes étant « prêtées » à la Grande-Bretagne (et aux belligérants contre l’Axe), l’insistance qu’elle met sur la clause de non-réexport n’a pas de sens[12]. Un objet faisant l’objet d’un prêt ne peut pas être reprêté voir vendu sans l’accord de son propriétaire. De fait, certaines armes obtenues par la Grande-Bretagne avant l’été et l’automne 1941 furent bien réexportées vers l’URSS à l’automne 1941 car les canaux spécifiques du prêt-bail vers l’URSS (la voie iranienne et la voie par l’Alaska et la Sibérie) n’étaient pas encore en opération. Ainsi, des avions américains (des P-40) « prêtés » aux britanniques furent, avec l’accord de Washington, réexportés vers l’URSS[13]. Il faut d’ailleurs ajouter que le prêt-bail au profit de l’URSS (en provenance des États-Unis et de la Grande-Bretagne) joua un rôle considérable à la fois pour la stabilité sociale de l’URSS (en fournissant une nourriture que l’agriculture soviétique, dévastée, n’était plus, elle, en mesure de fournir) mais aussi en apportant à l’URSS les produits chimiques sans lesquels elle n’aurait pu disposer des munitions nécessaires à ses offensives de 1943 à 1945. La même remarque vaut pour les transports (camions et locomotives)[14].

Présenter ainsi la loi prêt-bail de manière unilatérale comme un instrument de domination des États-Unis est alors fallacieux. Non que ces derniers n’aient voulu obtenir des garanties avant de s’engager dans une opération qui représentera 17% des dépenses militaires de 1941 à 1945, ce qui est somme toute normal. Mais, la première motivation était avant tout militaire, quoi qu’aient pu dire, penser ou écrire, certains diplomates. Le prêt-bail ne fut d’ailleurs pas géré par de Département du Commerce mais bien par l’administration militaire. L’objectif principal n’était pas comme l’écrit Annie Lacroix-Riz « la maîtrise de l’Europe »[15] mais la défaite de l’Allemagne. La question de la « maîtrise » de l’Europe, ou du moins de l’hégémonie américaine ne s’est posée que quand la victoire a été en vue.

Les conditions de liquidation du prêt-bail sont, elles, bien plus discutables et globalement plus conformes avec ce qu’en dit Annie La croix-Riz dans son livre. L’attitude des États-Unis fut, sur ce point, clairement prédatrice. Cependant, ici aussi, il est matériellement faux d’affirmer que quand Dean Acheson propose de vendre aux alliés des États-Unis les bateaux civils construits de 1943 à 1945 (les Liberty Ships) il fait preuve d’une quelconque « insolence »[16]. En réalité, compte tenu des pertes dans la bataille de l’Atlantique, les flottes commerciales des alliés étaient exsangues. Les chantiers navals étaient soit détruits ou à tout le moins très endommagés (France, Pays-Bas, Belgique), soit surchargés de commandes militaires (Grande-Bretagne). Or, sans navires de commerce, il n’y a pas de commerce…

Remarquons aussi que lors de la liquidation des surplus américains en Europe, qui se fit essentiellement avant l’entrée en fonction du plan Marshall (de l’été à la fin 1948), ces surplus n’étaient nullement de la « quincaillerie » ainsi qu’il est suggéré dans le livre. Il s’agissait de dizaines de milliers de camions, mais aussi de wagons, de locomotives, de matériels du génie. Ces « surplus » furent cédés à un prix dérisoire (entre 1 à 5 dollars pièces) aux gouvernements des pays qui allaient recevoir le plan Marshall, ce qui les aida fortement. En France, la revente au secteur privé des camions GMC et des matériels ainsi obtenus représenta une manne financière pour le budget de l’État, qui lui permit de réduire le déficit.

Ici encore Annie Lacroix-Riz fait un mauvais procès d’intention aux États-Unis alors qu’elle pourrait, de manière bien plus justifiée, se poser la question du prix de revente ou insister sur les conditions de l’aide post-prêt bail où les conditions mises par Washington furent effectivement léonines. De ce point de vue, les chapitres 6 et 7 de l’ouvrage sont très instructifs, et il y a peu de chose à redire. C’est dans la période de transition entre la fin du prêt-bail et la mise en place d’un régime « post prêt-bail » que les américains se montrèrent les plus mesquins et firent globalement beaucoup de mal à la France et aux français.

Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage…

C’est au travers des chapitres qui suivent les deux premiers que l’on voit se déployer la méthode Lacroix-Riz, avec ses outrances, mais aussi ses remarques très justes, avec les pépites qu’elle a trouvées dans les archives, mais aussi les gros cailloux qu’elle entend nous faire prendre pour de l’or.

Commençons par un point soulevé dans le premier chapitre. La question des bases américaines au Groenland et en Islande est très mal posée. Pour l’Islande, s’agit en réalité d’une demande britannique, liée à la « Bataille de l’Atlantique », formulée dès 1941, soit avant l’entrée en guerre des États-Unis. L’Amirauté britannique craignait un débarquement allemand en Islande, l’opération Ikarus qui avait bien été planifiée par les forces du Reich, qui aurait été catastrophique[17]. La Grande-Bretagne avait déployé jusqu’à 25 000 hommes dans l’île, forces dont elle avait besoin de manière urgente ailleurs (au Moyen-Orient notamment). Le remplacement des forces britanniques par les forces américaines (à l’époque encore « neutres » bien que les États-Unis s’engageaient de plus en plus dans la « Bataille de l’Atlantique) s’explique très logiquement[18].

Dans le même ordre d’idées, la question des bases météo n’est ni un « détail » ni un prétexte. La capacité d’obtenir des prévisions météorologiques dans l’Atlantique nord était vitale pour l’organisation des convois. Ainsi, Les Allemands, en raison de l’importance vitale pour l’attaque des convois de ces données, ont tenté d’installer des stations météorologiques terrestres dans des endroits contestés tels que le Spitzberg et même sur les côtes alliées, comme la station météorologique automatisée Kurt qui fonctionna au Labrador. Les Allemands étaient obligés, en raison de leur situation continentale, de s’appuyer en grande partie sur des avions à long rayon d’action (le FW-200 Condor) et des navires météorologiques, vulnérables aux attaques pour les navires de surface ou à une détection précoce pour les cas des U-Boot[19]. C’est pourquoi ils se reposèrent aussi sur des stations clandestines situées dans des endroits exposés. Les Alliés avaient un net avantage dans la compétition, contrôlant toutes les principales îles (Terre-Neuve, Groenland, Islande, Grande-Bretagne) de l’Atlantique Nord.

Étant donné que les conditions météorologiques à cette latitude se déplacent généralement d’ouest en est, les Alliés pourraient suivre la progression d’un front lors de sa traversée de l’Atlantique. Les Allemands, avec leur petit nombre de stations d’observation (éphémères), ne pouvaient compter que sur la chance pour détecter un front météorologique avant qu’il n’atteigne l’Europe. En août 1941, lors de la préparation de l’opération Gauntlet (occupation du Spitzberg), la Royal Navy détruisit la station météorologique de l’île aux Ours et plus tard, celle du Spitzberg (après avoir transmis de fausses informations pour décourager l’observation aérienne). Le Spitzberg était un lieu important : il permettait aux Allemands de surveiller les conditions météorologiques sur la route des convois alliés vers le nord de la Russie.

Les Allemands ont tenté à plusieurs reprises d’établir et de maintenir des stations météorologiques dans l’archipel du Svalbard, notamment au Spitzberg et à Hopen (stations Svartisen et Helhus), et celles-ci n’ont jamais été supprimées. Les autres emplacements utilisés comprenaient ceux de l’île Jan Mayen, de l’Île aux Ours et de l’est du Groenland avec des équipes et des stations automatisées. La Kriegsmarine a fait fonctionner la station habitée Schatzgräber sur l’Alexandra Land dans l’archipel soviétique de la Terre François-Joseph de novembre 1943 à juillet 1944[20]. Une simple recherche aurait ainsi évité à Mme Lacroix-Riz d’écrire à ce sujet des bêtises.

Un second point sur lequel on peut largement contester le traitement de l’information fait par Mme Lacroix-Riz concerne les relations industrielles et bancaires entre les Etats-Unis et l’Allemagne avant et pendant la guerre. Non que ces relations n’aient pas existé. Mais il est mensonger de laisser entendre que les États-Unis les ont maintenus après leur entrée en guerre. Un exemple peut être donné par le cas des relations entre le groupe suédo-allemands SKF-VKF et les américains, qui est largement détaillé à la page 78 de l’ouvrage. L’usine allemande fut en réalité massivement attaquée par la 8ème Air Force le 14 novembre 1943.

Cette attaque se solda par ailleurs par des lourdes pertes pour les aviateurs américains, qui sur les 291 B-17 participant à cette mission en perdirent 60, virent 17 autres appareils endommagés au point d’être inutilisables et 121 autres endommagés à des degrés divers soit une proportion de 68% d’appareils détruits ou endommagés au cours d’un seul raid alors que la proportion acceptable était inférieure à 10%[21]. Sur les 2900 membre d’équipage participant à ce raid, 650 furent tués, sans compter les prisonniers et les blessés. Mais, ces pertes (conséquences de la tactique employée par l’USAAF) et l’effet médiocre du bombardement (dû à la fois à l’emploi de bombes trop légères et d’une analyse de la place de l’usine dans l’effort de guerre allemand défectueuse[22]) ne remettent nullement en question l’effort considérable consacré par l’aviation américaine à la destruction de l’usine de Schweinfurt.

On ne peut ici échapper à l’impression, en lisant le livre d’Annie Lacroix-Riz, que cette dernière s’est laissée emporter par son anti-américanisme au point de faire de mauvais voire de faux procès, aux États-Unis. Encore plus surprenant, pour une historienne se réclamant de la tradition marxiste, voire de la politique du PCF dans cette période, elle en vient de fait à défendre les empires coloniaux, l’empire français mais aussi la colonisation belge, pour mieux dénoncer la politique américaine.

Dans un autre cas, la méthode d’Annie Lacroix-Riz confine au burlesque. Les discussions entre le plan britannique et le plan américain concernant le système monétaire et commercial de l’après-guerre, qui donnera la conférence de Bretton Woods en 1944, n’est traité que par des notes archivées des services de renseignement français dont on peut raisonnablement douter qu’ils aient eu accès à l’ensemble de la documentation existante. Signalons à notre collègue que les archives de J.M. Keynes (le négociateur britannique) se trouvent à l’université de Cambridge[23], et que ses contributions, mémorandums et autres papiers ont été publiés dans le volume 27 des The Collected Writings of John Maynard Keynes publiés aussi aux Cambridge University Press par Elizabeth Johnson et Donald Moggridge[24].

Les apports de l’ouvrage

Cet ouvrage contient cependant des apports que l’on aurait tort de négliger. Il détruit, même si c’est malheureusement parfois à l’aide d’arguments fort discutables, l’image d’une aide désintéressée, d’une Amérique altruiste qui n’a jamais existé. C’est un point important, mais qui ne surprendra que les tenants d’une approche « morale » ou « idéaliste » des relations internationales. Pour les partisans d’un point de vue « réaliste »[25], et d’une certaine manière le marxisme est bien plus proche d’une approche réaliste que d’une approche morale ou idéaliste, chaque pays défend ses intérêts. De ce point de vue, l’attitude des États-Unis est parfaitement explicable. Ce que montre Annie Lacroix-Riz c’est la persistance de cette défense des intérêts américains, et des grandes entreprises qui en sont la base.

Il est indiscutable que la sortie de l’isolationnisme qui prévalait dans les années 1920, où cette défense était avant tout celle des intérêts des entreprises, sortie que l’on peut dater de la période de 1937 à 1941, et le passage à un interventionnisme où ce qui prévaut sont les intérêts de l’État, s’est largement matérialisée dans la question de l’aide économique et militaire qui bien souvent unit l’État et les grandes entreprises. Cette persistance s’appuie sur des réseaux d’individus qui ont des intérêts communs, mais peut être encore plus une formation commune. Les origines universitaires des acteurs comptent ainsi beaucoup, non seulement parce qu’elle permet d’expliquer une forme d’unité idéologique, mais aussi parce qu’elle est bien souvent la base même des réseaux d’influence et de connivence. Cette persistance n’implique cependant pas que les méthodes soient toujours les mêmes.

Annie Lacroix-Riz marque encore un point, même si ce dernier est en réalité plus marginal quand elle décrit et analyse le glissement des élites françaises vers une forme de soumission à l’influence américaine. C’est sans doute sur ce point, dans les chapitres 3 et 4, que l’apport des archives policières est le plus pertinent. Une partie de ces matériaux n’est pas nouvelle. Elle avait déjà été exploitée par Annie Lacroix-Riz[26]. Mais, ce qui est nouveau est ici l’étude de l’évolution (en particulier pour la frange pro-allemande) et la nature de ses liens avec les élites américaines. On y apprend de nombreuses choses ; d’autres, qui étaient jusqu’à présente supposées, sont confirmées. Ce qui est discutable est la place de cette étude dans l’ouvrage.

Nous ne sommes plus dans « les origines du plan Marshall » mais dans une étude, extrêmement détaillée et précieuse, de l’idéologie et des comportements politiques de l’élite française. Elle revient d’ailleurs sur ce terrain dans le chapitre 5, mais aussi dans les chapitres 7 et 8 de l’ouvrage. Ces derniers sont d’ailleurs moins « décalés » par rapport à l’axe de l’ouvrage que ne le sont les chapitres 3 et 4, car ils traitent des tentatives de négociations des divers gouvernements français avec une administration américaine qui ne semble avoir de cesse que d’humilier et de ridiculiser les plénipotentiaires français. Il convient aussi de noter l’amateurisme de certaines délégations françaises qui semblent avoir quitté Paris imprégnées de politique étrangère morale ou idéologique et durent se confronter au froid réalisme, parfois teinté de cynisme, de la partie américaine. L’odyssée du voyage de Léon Blum à Washington est, sur ce point, très instructive[27].

Pour autant, la méthode adoptée par Annie Lacroix-Riz n’est pas sans défaut.

Eut-elle consulté les archives Jean Monnet de Lausanne, elle eut pu voir un personnage assez différent du féal des États-Unis que Monnet fut certainement de 1941 à 1944 et après 1949. Dans sa bataille pour l’autonomie du Commissariat Général au Plan, bataille que Monnet mena avec détermination et acharnement de février à octobre 1946[28], on peut y découvrir un homme différent, presque souverainiste, qui cherche avant tout à protéger les intérêts de la France, qui envisage de prendre Jean Perroux comme économiste avant qu’une levée de boucliers politique ne lui impose Marjolin[29].

Si elle avait étendu son étude à la Grande-Bretagne, qui traverse – et elle le montre bien – des affres similaires à ceux de la France[30], elle aurait pu étudier la résistance d’Attlee face aux États-Unis en 1946 (on pense à l’éphémère mais important accord commercial de 1946 avec l’URSS[31]) et comprendre aussi pourquoi, et dans quelles conditions, se dernier se rallia-t-il aux exigences américaines.

Cela pose la question de la nature du ralliement aux positions des États-Unis des uns et des autres. On propose alors une typologie dont on pense qu’elle aurait pu être utile pour classer, par périodes, un certain nombre d’acteurs. Le tableau que l’on présente exclut les positions communistes orthodoxes car ces dernières sont orthogonales par principe, et du fait de leur alignement sur les positions soviétiques, à un quelconque pro-américanisme, du moins en France.

Tableau 2

Raisons d’un ralliement ou d’une opposition aux États-Unis

Nature de la proximité avec les thèses américaines Raisons d’un ralliement

A

Raisons d’une possible opposition aux États-Unis

B

1 –

Pro-américanisme doctrinal

Idée d’une communauté de « civilisation » entre les États-Unis et la France.

Admiration pour les performances économiques des États-Unis, et adhésion aux thèses libre-échangiste et entrepreneuriales

Intérêts économiques personnels

Opposition au « matérialisme » de la civilisation américaine (cas du personnalisme catholique)

Opposition au modèle social américain.

Volonté de maintenir un modèle culturel spécifique

2 –

Pro-américanisme stratégique

Perception d’une faiblesse française face au Nazisme puis à l’URSS.

Volonté de trouver un point d’équilibre face à la Grande-Bretagne et à l’Allemagne.

Forme particulière « d’internationalisme » aboutissant à une dévalorisation des États-Nations.

Opposition par volonté de défendre la souveraineté de la France.

Opposition par critique idéologique de la politique étrangère américaine sans présence d’une défense de la souveraineté française.

Opposition par volonté de défendre l’Empire ou des intérêts matériels en France.

3 –

Pro-américanisme tactique

Conscience de l’état de dévastation de la France et du fait que les États-Unis sont la seule source possible de biens économiques nécessaires.

Conscience d’une nécessité transitoire de liens économiques étroits pour moderniser et reconstruire l’appareil économique français.

Nécessité d’acquérir une technologie dont les États-Unis ont le monopole

Valorisation du patrimoine scientifique, technologique et technique, français.

 

Défense des intérêts de l’industrie ou de tout autre secteur menacé par l’économie américaine.

Ce tableau permet de classer, suivant les périodes, des acteurs cités dans l’ouvrage d’Annie Lacroix-Riz. Pour le Général de Gaulle, par exemple, il ne cocha jamais que les cases A3, A2 puis, lors de son retour au pouvoir que la case A2 (comme lors de la crise des missiles à Cuba en 1962), et il s’en détacha progressivement au fur et à mesure que l’appareil de dissuasion français monta en puissance. La position de Mendès-France est probablement similaire.

Par contre, pour certains des hauts-fonctionnaires dont le cas est étudié dans l’ouvrage, il est certain qu’ils cochent les trois cases de la colonne A. Cependant, même le cas de Jean Monnet est en réalité plus complexe que ce que l’on pourrait penser. Ainsi, de 1946 à 1948, il coche indiscutablement les cases A1 et A3 mais pas la case A2 (en particulier sur la question des « réparations » à exiger de l’Allemagne et de l’Autriche). Globalement, l’usage de cette matrice permettrait de mieux comprendre non seulement les prises de position politiques des uns et des autres, mais aussi leurs évolutions. Car, et ce point est largement absent de l’analyse d’Annie Lacroix-Riz, la situation de délabrement de l’économie française en 1945/46 est indiscutable et ne laisse pas beaucoup de choix aux décideurs français.

La preuve du pudding c’est qu’on le mange…

Cela nous conduit à une autre ligne de réflexion, que l’on a déjà esquissée au début de cet article. Quels ont été les effets de l’aide américaine avant et pendant le plan Marshall ? La thèse principale d’Annie Lacroix-Riz est que cette « aide » est un mythe. Elle soutient même l’idée que les États-Unis ont tout mis en œuvre pour exploiter l’économie française. Or, que nous disent les statistiques ?

Graphique 1

Source : systèmes de comptabilité nationale des divers pays

Admettons qu’Annie Lacroix-Riz ait entièrement raison. La croissance de la France devrait être inférieure à la croissance des États-Unis, que ce soit en niveau ou en pente (accélération). Or, on constate, sur un graphique ramené à l’indice 100 pour éviter l’épineuse question du taux de change et dont l’année de base est 1954 pour prendre un minimum de recul avec le plan Marshall, que l’économie française fait au moins aussi bien que l’économie américaine sur la période 1950-1954, et nettement mieux au moins de 1955 jusqu’en 1975. En comparaison, la Grande-Bretagne fait nettement moins bien, mais l’Allemagne (au sens de République Fédérale Allemande) fait mieux que la France jusqu’en 1960 puis la dynamique française, observable par la pente de la courbe, devient équivalente voire supérieure.

Précisons que dans les années 1950-1954, la France est engagée dans la guerre d’Indochine, tandis que les États-Unis le sont dans la guerre de Corée. L’Allemagne, elle, échappe à ces fardeaux, mais bénéficie au contraire d’une position très particulière dans le cadre du plan Marshall[32] ainsi que d’un afflux de dollars provenant des dépenses de l’armée américaine (troupes d’occupation) en Allemagne[33]. Dans une période marquée par la pénurie de dollars, cela fut certainement un apport important pour l’économie de la RFA. Rappelons aussi que la RFA abrite la majorité de l’industrie allemande et que celle-ci a moins souffert des bombardements alliés qu’on ne l’a cru initialement. Les études du Strategic Bombing Survey menées par l’armée américaine montrent que les bombes utilisées n’étaient pas assez puissantes et que la précision des bombardiers était faible[34], remarque qui s’applique encore plus aux bombardements effectués de nuit par la RAF. Si les usines sont à l’arrêt dès le début de 1945 c’est par manque de matières premières, manque de moyens de transports, mais aussi manque de personnel. Le redémarrage de l’industrie, une fois la situation stabilisée dans les zones d’occupation américaines et britanniques fut relativement facile. Tout ceci explique probablement la dynamique économique de la RFA dans les années de l’immédiat après-guerre.

Nous obtenons ainsi une déviation entre la réalité et le récit construit par Annie Lacroix-Riz. Ceci peut être confirmé par l’analyse de la croissance du PIB, mesurée par trimestre, depuis le 1er trimestre de 1949, qui servira de base 100 (graphique 2). On voit que la croissance accélère brutalement à partir du 1er trimestre 1950, un an après l’entrée en vigueur du plan Marshall qui, signé en 1947, pour diverses raisons techniques, n’entra réellement en opération qu’à partir de la fin de 1948 (période qui fut couverte par l’aide dite « intérimaire »). Le ralentissement des années 1951-1953 est cependant à noter. Il correspond au plus haut des dépenses pour la guerre d’Indochine, dépenses qui ont dû exercer un effet nocif sur l’économie française. Celle-ci retrouve sa dynamique de forte croissance dans les années qui suivent. Non que tous les effets du plan Marshall aient été positif. On peut ainsi montrer que ce dernier conduisit à une augmentation de la dépendance française au pétrole[35], mais qui, en tout état de cause et compte tenu de la vigueur de la croissance française à cette époque était probablement de l’ordre de l’inévitable. L’aide Marshall joua aussi un rôle important dans le financement des grands barrages construits à cette époque.

Graphique 2

Sources : INSEE

Un point important est naturellement l’investissement, mesuré à partir du taux de la Formation Brute de Capital Fixe dans le PIB. C’est lui qui détermine, en réalité, la dynamique de la croissance.

Graphique 3

Source : INSEE

Ici aussi, les années 1952 et 1953 montrent une stagnation relative de l’investissement (relative seulement, car le PIB continue de croître). Mais, par la suite, la part de l’investissement dans le PIB va continuer à croître pour atteindre en 1969 plus de 25%, alors que l’on n’était qu’au-dessus de 17% en 1950. Le plan Marshall semble bien avoir donné une impulsion initiale non négligeable à l’économie française.

Si l’on regarde maintenant l’évolution de la productivité des secteurs d’activité en France, en se souvenant qu’il existe un décalage temporel entre les nouveaux investissements et l’évolution de la productivité, décalage qui est en moyenne compris entre 18 et 24 mois, on aboutit à la conclusion que c’est l’agriculture qui, via les engrais et les tracteurs américains, a le plus profité du plan Marshall. Cela n’est pas surprenant, si l’on prend en compte les priorités du 1er plan français (1946-1953). Sa durée, initialement prévue de 1946 à 1950 fut étendu jusqu’en 1953 justement pour coïncider avec le déploiement du plan Marshall en France[36]. Le successeur de Jean Monnet à la tête du CGP, Étienne Hirsch, atteste d’ailleurs de la réussite du premier plan[37]. Monnet, et ses collaborateurs, identifient très vite le manque de main d’œuvre disponible comme l’une des principales limites au relèvement de l’économie française[38].

Graphique 4

Évolution de la productivité du travail par secteurs

Source : INSEE

C’est pourquoi, l’accent fut mis, dès le premier plan, sur la modernisation de l’agriculture, afin de libérer le plus de main d’œuvre possible. Le parc de tracteurs passa de 50 000 unités en 1948 à 230 000 en 1953, et la production d’engrais azotés de 127 000 t à 273 000 tonnes de 1948 à 1953, grâce aux importations d’azote des Etats-Unis[39].

Il est exact, que les effets du plan Marshall peuvent être considérés comme mineur et n’ayant, en moyenne sur l’ensemble des pays récipiendaires apporté que 0,3% de croissance par an selon une étude de 1992[40]. Cependant, il faut tenir compte de plusieurs facteurs, non pris en compte dans cette étude qui de plus mesure ces effets à partir d’une méthodologie (l’équilibre général calculable) qui est elle-même très discutable. Tout d’abord, il faut penser la chronologie des effets pour un certain nombre de pays[41]. Pour la France, il est évident que les effets immédiats, se combinant avec ceux de l’aide dite « intérimaire », furent importants. Ensuite, le plan Marshall favorisa la signature de l’Union Européenne des Paiements[42], qui constituait une réponse à la pénurie de moyens de paiements[43], qui a permis aux pays signataires de ne pas être dans le cadre des règles du FMI et de pratiquer une compensation annuelle de leur commerce, les soldes annuels étant seuls à devoir être réglés en dollars. Ceci joua un rôle décisif dans la reconstitution d’un commerce intra-européen. Dans ce cadre, il convient de signaler que la France garda, de 1950 à 1955 une balance commerciale positive, tout en restant une économie faiblement ouverte.

Tableau 3

Évolution de l’économie française dans les 2 premiers Plans

Croissance du PIB Investissement (FBCF) en % du PIB Dépenses des ménages en % du PIB Dépenses des administrations en % du PIB Solde de la balance commerciale (% du PIB) Indice de Balassa
1949 106,6%
1950 107,9% 17,3% 54,2% 24,4% 0,89% 11,5%
1951 104,8% 17,9% 54,9% 24,5% 0,60% 12,5%
1952 101,5% 17,6% 55,6% 25,3% 0,21% 12,1%
1953 105,1% 17,8% 56,3% 25,3% 0,12% 11,6%
1954 105,4% 18,3% 55,5% 24,0% 0,35% 11,7%
1955 104,9% 19,2% 55,5% 23,5% 0,24% 11,7%
1956 104,7% 19,7% 56,5% 24,0% -0,89% 12,1%
1957 104,1% 20,5% 56,1% 23,3% -0,92% 12,4%

Source : INSEE

Une conclusion s’impose donc. Le plan Marshall a bien constitué, directement et indirectement une aide, même si certains pays (Allemagne[44], France et Italie) en ont plus profité que d’autres (Espagne et Portugal notamment). La Grande-Bretagne tenta, quant à elle, de jouer une carte plus autonome mais sans guère de réussite[45]. Sans lui et l’aide intérimaire, et surtout pour les années de 1948 à 1950, la situation économique aurait été bien plus complexe et le redémarrage de l’économie nationale comme de l’économie européenne, bien plus lent. Il est patent qu’à la suite du plan Marshall, des économies comme la France, l’Allemagne, mais aussi l’Italie, se développent plus vite que l’économie américaine, ce qui met à mal l’idée que les effets de ce plan aient été conçus uniquement du point de vue des États-Unis et dans une perspective de domination de l’Europe occidentale.

Cela ne veut pas dire, et j’insiste fortement sur ce point, que l’aide américaine ait été pensée d’un point de vue « altruiste », que les États-Unis n’aient pas usé, et largement abusé, de leur position dominante envers les pays d’Europe occidentale, voire qu’ils n’aient essayé de réduire les marges de manœuvre politique et économique de ces pays à néant, niant au travers de leur souveraineté économique la souveraineté même des pays « alliés ». De ce point de vue, la thèse d’Annie Lacroix-Riz peut être entendue, et nombre d’éléments qui se trouvent dans son livre sont pertinents.

Une histoire qui reste à écrire

Comme je l’ai écrit plus haut, Annie Lacroix-Riz a consacré un énorme travail de recherche et de documentation à écrire Les origines du plan Marshall. Elle a cherché non seulement à apporter une contradiction, bienvenue, à une doxa envahissante mais à produire un ouvrage qui fera date dans l’historiographie de l’aide américaine à la France et du plan Marshall.

Si elle apporte des éléments importants, son livre souffre cependant de plusieurs défauts pour être absolument et totalement convaincant.

La présentation des États-Unis comme un « acteur unifié » passe sous silence les conflits qui ont pu exister sur la question de l’aide au sein de l’administration Roosevelt, puis au sein de l’administration Truman. En particulier, elle ne voit pas comment ces conflits évoluent avec le temps, comment les États-Unis passent de leur « victoire » à Bretton Woods à l’admission, au travers de leur soutien à l’UEP, que les accords de Bretton Woods ne peuvent être appliqués dans la situation de l’après-guerre.

Sa vision, par trop « policière », du comportement des acteurs, vision qui trouve sans doute son origine à la fois dans des préjugés idéologiques de l’autrice et dans une utilisation a-critique des archives de la police et du renseignement français, fausse une partie du raisonnement. Elle l’empêche notamment d’utiliser pleinement la documentation dépouillée et la conduit sur un certain nombre de points, à faire de faux procès, tout en passant à côté de procès plus justifiés.

Enfin, se refusant à confronter son analyse aux dynamiques économiques, elle ne peut remarquer les déviations qui apparaissent entre son récit et les dynamiques économiques et sociales.

Cependant, même avec les limites évoquées, son ouvrage reste important dans la mesure où il décrit de manière très précise les limites de la souveraineté des pays européens face aux États-Unis, et la manière dont ces derniers ont systématiquement abusé de leur position de puissance. En cela, il est une contribution à ne pas négliger dans le débat actuel sur l’influence des États-Unis sur la « construction européenne » et les pays européens.

Mais, l’histoire de l’aide américaine à l’Europe occidentale reste néanmoins à écrire.

Notes

[1] Lacroix-Riz A., Les Origines du plan Marshall-Le mythe de « l’aide » américaine, Paris, Armand Colin, 2013, 571p.

[2] Lacroix-Riz A., Industriels et banquiers français sous l’occupation, Paris, Armand Colin, 1999, 2013 ; Idem, Les élites françaises entre 1940 et 1944. De la collaboration avec l’Allemagne à l’alliance américaine, Paris, Armand Colin, 2016 et, Idem, La non-épuration en France. De 1943 aux années 1950, Paris, Armand Colin, 2019 (réédité chez Dunod-Poche en 2023).

[3] Voir Convention de coopération économique européenne (Paris, 16 avril 1948) (https://www.cvce.eu/education/unit-content/-/unit/026961fe-0d57-4314-a40a-a4ac066a1801/22243aaf- 3f7c-429e-b98c-283989b2b5e9/Resources#769de8b7-fe5a-452c-b418-09b068bd748d_fr&overlay), sur Cvce.eu, 2020.

[4] European Payments Union https://en.wikipedia.org/wiki/European_Payments_Union?oldid=920798218

[5] J’ai d’ailleurs personnellement largement utilisé ces archives Jean Monnet sur 1946-47 dans mon livre Le Grand Retour de la Planification ? Paris, Jean-Cyrille Godefroy éditeur, 2022.

[6] Je pense ici à mes deux contributions à la revue Les Annales ESC, à la fin des années 1980 : Sapir J., « Conflits sociaux et fluctuations économiques en URSS : l’exemple de la période 1950-1965 », Les Annales ESC , N° 4, 1985, pp. 737-779 ; Idem, « Le système économique stalinien face à la guerre », Les Annales ESC N° 2, 1989, pp. 273-297.

[7] Rappelons que le PNB mesure la production d’entreprises françaises, tandis que le PIB mesure la production d’entreprises sur le territoire français. Jusqu’au début des années 1960 les deux concepts statistiques donnent des résultats très proches.

[8] Wachtel N., La vision des vaincus. Les Indiens du Pérou devant la conquête espagnole (1530-1570), Gallimard, 1971.

[9] Harrison M., « Resource Mobilization for World War II: The U.S.A., U.K., U.S.S.R., and Germany, 1938-1945 » in The Economic History Review, Vol. 41, No. 2, May, 1988, pp. 171-192.

[10] Smith R.E., The Army and Economic Mobilization, Center of Military History, United States Army, Washington DC, 1985, p. 85.

[11] Ce qui est bien indiqué à la page 13.

[12] Voir p.14.

[13] Van Tuyll H.P., Feeding the Bear – American Aid to the Soviet Union, 1941-1945, Westport (Conn.), Greenwood Press, 1989.

[14] Harrison M., Soviet Planning in Peace and War, 1938-1945, Cambridge, Cambridge University Press, 1985.

[15] Comme dit p. 76.

[16] Comme présenté p. 48.

[17] Schuster, C. O., « Operation Ikarus ». In Command Magazine. No. 22. XTR Publishing, mai-juin 1993 pp. 62–63 et Ziemke, Earl F., German Northern Theater of Operations, 1940-1945. Washington (DC), Department of the Army, US-GPO, 1959, p. 108.

[18] Bittner, D. F. « A Final Appraisal of the British Occupation of Iceland, 1940–42 ». The RUSI Journal. Vol. 120 (4), décembre 1975, pp. 45–53. Voir aussi Miller, J. The North Atlantic Front: Orkney, Shetland, Faroe, and Iceland at War, Édinbourg, Birlinn, 2003.

[19] Kahn, D., Seizing the Enigma: The Race to Break the German U-boat Codes, 1939–1943, Londres, Barnes & Noble, 2001.

[20] MacDonald F., “Russian Scientists Say They’ve Discovered a Secret Nazi Base in The Arctic”, novembre 2016, https://www.sciencealert.com/russian-scientists-say-they-ve-discovered-a-secret-nazi-base-in-the-arctic

[21] Caidin M., Black Thursday. New York: Bantam Books, 1981.

[22] Hall, C., Case Studies In Strategic Bombardment. Washington, D.C.: Air Force History and Museums Program, US-GPO, 1998.

[23] L’accès par Internet se fait via le site : https://archivesearch.lib.cam.ac.uk/repositories/7/resources/1239

[24] Keynes JM. The Collected Writings of John Maynard Keynes. Vol 27, (Johnson E, Moggridge D, eds.), Cambridge, the Royal Economic Society et Cambridge University Press, 1978.

[25] Cette école de pensée peut être suivie dans Morgenthau, H., Scientific Man versus Power Politics, Chicago, (IL) University of Chicago Press, 1946. Voir aussi, Gilpin, R. G, « The richness of the tradition of political realism », in International Organization, n°38, pp. 287–304, 1984 et Rosenthal, J.H, Righteous Realists: Political Realism, Responsible Power, and American Culture in the Nuclear Age, Baton Rouge, (Lo), Louisiana State University Press, 1991.

[26] Lacroix-Riz, Les élites françaises entre 1940 et 1944. De la collaboration avec l’Allemagne à l’alliance américaine, op. cit.

[27] Voir les pages 352 à 375 de l’ouvrage.

[28] Voir AMF 001/003/004, Fonds Jean Monnet, Fondation Jean Monnet, Lausanne.

[29] Arrêté du 8 mars 1946, AMF 001/002/014 Fonds Jean Monnet, Fondation Jean Monnet, Lausanne

[30] Voir l’ouvrage aux pages 279 à 287.

[31] Accord qui permit à l’URSS d’acquérir du matériel aéronautique de première qualité, comme les réacteurs Derwent et Nene de Rolls-Royce, ces derniers, produits alors en URSS, propulsant le MIG-15 et d’autres appareil de combats.

[32] Grünbacher A., “Cold-War Economics: The Use of Marshall Plan Counterpart Funds in Germany, 1948–1960” in Central European History. 2012, vol. 45(n°4), pp. 697-716.

[33] L’impact économique des troupes d’occupation explique aussi en partie le rétablissement du Japon. Voir Sapir J., Le grand retour de la planification ? Paris, Éditions Jeans-Cyrille Godefroy, 2022.

[34] L’un entrainant l’autre. La faible précision impose la tactique du bombardement « en tapis » qui exige d’emporter, pour faire masse, des bombes de 250kg ou de 500kg au plus. Ces bombes sont très destructrices pour les bâtiments mais pas pour les machines-outils. Facon P., Le bombardement stratégique, Monaco, Éditions du Rocher, 1996.

[35] Groß R., J. Streeck, N.Magalhães, F. Krausmann, H. Haberl, et D. Wiedenhofer, “How the European recovery program (ERP) drove France’s petroleum dependency, 1948–1975”, in Environmental Innovation and Societal Transitions, Volume 42, mars 2022, Pages 268-284.

[36] https://www.strategie.gouv.fr/actualites/premier-plan-de-modernisation-dequipement

[37] Hirsch É., Rapport sur la réalisation de Plan de modernisation et d’équipement de l’Union française, Paris, Commissariat général du Plan, 1953.

[38] Présidence du Gouvernement, Rapport Général sur le Premier Plan de Modernisation et d’équipement, op. cit., p. 19, #29

[39] JORF n° 79, 1er avril 1956, p. 3186

[40] Eichengreen B, M. Uzan, N. Crafts et M. Hellwig, « The Marshall Plan: Economic Effects and Implications for Eastern Europe and the Former USSR », in Economic Policy, vol. 7, no 14, 1992, p. 14–75.

[41] Bianchi N, Giorcelli M., “Reconstruction Aid, Public Infrastructure, and Economic Development: The Case of the Marshall Plan in Italy” in The Journal of Economic History; vol.83 (2/2023) pp.501-537.

[42] Steehouder J., “In the Name of Social Stability: The European Payments Union”, In: Segers M, Van Hecke S, eds. The Cambridge History of the European Union. Vol 2. The Cambridge History of the European Union. Cambridge: Cambridge University Press; 2023, pp. 209-233.

[43] Cardwell C., “The Dollar Gap and Its Discontents”, In: NSC 68 and the Political Economy of the Early Cold War, Cambridge, Cambridge University Press, 2011 pp. 92-127.

[44] Hardach G, Gassert P, Mausbach W, et Morris DB., “The Marshall Plan”, in: Junker D, ed. The United States and Germany in the Era of the Cold War, 1945–1990: A Handbook. Vol 1. Publications of the German Historical Institute. Cambridge: Cambridge University Press; 2004, pp. 301-309.

[45] Cardwell C., “The British Sterling-Dollar Crisis of 1949–1950”, In: NSC 68 and the Political Economy of the Early Cold War. Cambridge, Cambridge University Press, 2011, pp. 128-159.

Commentaire recommandé

Spartacus // 22.12.2023 à 10h36

On se demande vraiment pourquoi De Gaulle a tenu bon sur la monnaie quand l’Oncle Sam a voulu imposer la sienne tant il était désintéressé…. Et pourquoi on épongeait la dette de guerre de la si florissante RFA pendant que l’ex-SS Reinhardt Höhn montait la première école patronale allemande…
Nul doute également que depuis l’opération de 2014 à Maïdan, qu’il a reconnu avoir fomentée, Tonton Sam est totalement désintéressé en Ukraine… John Kerry était en visite touristique et la nouvelle ministre de l’économie disposait d’une carte de séjour.

39 réactions et commentaires

  • yoddle // 22.12.2023 à 08h33

    « Si on ne peut que féliciter Annie Lacroix-Riz d’avoir consacré beaucoup d’attention, et naturellement beaucoup de temps, aux sources d’origine policière (ou de renseignement), on s’étonne alors qu’elle n’est pas pensée à regarder les archives du Général George C. Marshall (pour les États-Unis) ou les archives de Jean Monnet pour ne citer que celles-là, qui sont facilement disponibles car numérisées[5] »
    c’est évident que les instigateurs de ce plan ne vont pas donner les vraies raisons de cette « aide », mais le temps permet de laisser transparaître le dessein profond de ces hommes, je ne sais plus qui disait récemment que le France était devenu un 52ème état des us (monnaie, monet, money…)

      +31

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    • Tanguy // 24.12.2023 à 01h17

      Concernant les sources, il est à noter que l’auteur salue la qualité et la diversité des sources :

       » Elle a largement dépouillé les archives françaises, que ce soit dans les archives générales (y compris les fonds privés de certains acteurs), dans les archives policières ou dans les archives de la Banque de France, mais aussi des archives américaines publiées par l’organisme officiel US-GPO (Foreign Relations of the United States ou FRUS) ainsi qu’une très abondante bibliographie. »

      Pour dire quelques lignes plus tard :

      « il présente une approche qui est largement biaisée par les opinions, et même les préjugés, de son autrice. Ce biais se retrouve d’ailleurs dans le choix des sources. »

      Comprenne qui pourra !

        +9

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      • Gracques // 24.12.2023 à 09h06

        Ben c est assez simple me semble t il, un bon boulot d historien est de bien explorer toutes les sources disponibles et d en délivrer une synthèse ou interprétation apeu près cohérente….ce n est pas écrire un roman

          +1

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      • Cévéyanh // 24.12.2023 à 11h07

        Il me semble que c’est aussi une interprétation « objective » pour Jacques Sapir, sans les biais (« opinions, préjugés »). Il y a aussi le biais de confirmation.
        Est-ce que c’est totalement possible ; l’objectivité ? Je pense que nous pouvons essayer de se rapprocher le plus possible. Pour autant, il me semble, arriver à l’atteindre qu’en rapprochant (discutant) avec les interprétations des autres personnes.

          +1

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  • Ecofil // 22.12.2023 à 10h32

    Et si on veut résumer la situation et ce qui s’est réellement passé sans rentrer dans tout ces détails techniques, économiques et politiques du texte ci-présent , il est à conclure que la guerre 14-18 et la guerre 40-45 ont été des sources d’enrichissements très importants pour les États-Unis et cela avant et après leurs déroulements. Tout cela à l’inverse du continent européen qui évidemment a été extraordinairement affecté et appauvri par ces deux guerres. Il est d’autre part assez curieux de constater que nous nous retrouvons exactement dans le même cas de figure avec la guerre en Ukraine où les effets positifs pour les States sont indéniables et les effets négatifs pour l’Europe tout aussi indéniables. On peut en tirer comme conclusion que le hasard bizarrement(?) n’a jamais beaucoup sourit à l’Europe et on comprend peut-être un peu mieux pourquoi quand l’on voit et si l’on suit la politique courante et les prises de position menées par nos gestionnaires européens…

      +34

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  • Spartacus // 22.12.2023 à 10h36

    On se demande vraiment pourquoi De Gaulle a tenu bon sur la monnaie quand l’Oncle Sam a voulu imposer la sienne tant il était désintéressé…. Et pourquoi on épongeait la dette de guerre de la si florissante RFA pendant que l’ex-SS Reinhardt Höhn montait la première école patronale allemande…
    Nul doute également que depuis l’opération de 2014 à Maïdan, qu’il a reconnu avoir fomentée, Tonton Sam est totalement désintéressé en Ukraine… John Kerry était en visite touristique et la nouvelle ministre de l’économie disposait d’une carte de séjour.

      +35

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    • patoche // 22.12.2023 à 11h34

      Le ministère des finances fut attribué à Natalia Iaresko, ressortissante américaine d’origine ukrainienne, qui a fait une partie de sa carrière au département d’Etat et au ministère des affaires étrangères américain…
      Elle a obtenu la nationalité ukrainienne 24 heures avant sa nomination.

        +31

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      • Ke20 // 22.12.2023 à 16h00

        Était-ce la seule naturalisée de ce gvt??
        Ds mes souvenirs y en avait 2 ou 3..

          +12

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  • Abert Barbeverte // 22.12.2023 à 11h26

    Comme à son habitude Jaques Sapir est un grand équilibriste. Il est de bon ton de critiquer l’historienne de conviction marxiste Annie Lacroix-Riz mais pas trop ouvertement…

    C’est amusant de croire que les archives des stipendiés Monet et Schuman pourraient dévoiler les véritables objectifs des étasuniens avec leur fameux « plan Marshall ».

      +14

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    • Sapir // 22.12.2023 à 14h57

      Je ne « crois pas ». J’au eu accès à ces archives pour le rédaction de mon ouvrage dur la planification (c’est dit dans la note d’ailleurs….). Donc, je parle ici en connaissance de cause

        +13

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      • Michel Rey // 28.12.2023 à 02h14

        Admirateur de l’ oeuvre et du courage d’ Annie Lacroix-Riz, j’ ai cependant eu l’ impression que le long article de Sapir posait des questions à creuser et, comme tel, devait être lu et relu « la plume à la main » (comme disaient nos bons vieux professeurs d’ autrefois, en costume gris, sans téléphone portable et mariés à une personne de l’ autre sexe !). Par contre, ce petit commentaire me semble lamentable . Argument d’ autorité (  » donc (*), je parle..en connaissance de cause ») et orthographe plus défectueuse que dans le corps de l’ article.
        (*) J’ ai lu il y a longtemps la proposition du néologisme « doncquer » pour caractériser cette démarche : une affirmation à croire sur parole (en l’ occurrence, je suis sûr que J.S. a eu accès aux archives qu’ il mentionne. Je n’ oserais pas jurer , cependant, qu’ il les ait dépouillées de façon exhaustive {ni avec suffisamment d’ esprit critique à l’ égard des Pères majestueux de l’ Europe}) suivie d’ une conclusion sans réplique, introduite par « donc ».

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    • Pierre // 28.12.2023 à 19h06

      Sapir critique très ouvertement les travaux de Lacroix-Riz et c’est tout à fait normal entre chercheurs. Tout le monde est critiquable et cela profite à la recherche scientifique. J’attends avec impatience la critique de la critique.

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      • Robess 73 // 29.12.2023 à 09h01

        Pierre . jacques Sapir est économiste ..non historien .un travail scientifique ne peut être critiquer scientifiquement que par un pair

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        • PIerre // 31.12.2023 à 23h20

          Cette règle n’existe que dans votre tête. L’important est la méthode et les arguments avancés. En l’occurrence Sapir critique Lacroix-Riz surtout sur les aspects économiques de son ouvrage.

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  • nulnestpropheteensonpays // 22.12.2023 à 13h04

    Comment avez vous eu accès a votre fiche des RG ?

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    • Sapir // 22.12.2023 à 14h58

      J’ai pu la consulter au début de 1982 grâce à un ami de mon père, ancien dirigeant communiste devenu conseiller très proche de F. Mitterrand.
      Il est mort en 1984, hélas.

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  • Ke20 // 22.12.2023 à 13h53

    Ils s’aiment d’amour ces deux là!?
    Allez Annie (alr) , j’attends la sanglante et cinglante réponse

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  • Ke20 // 22.12.2023 à 16h10

     » Le ralentissement des années 1951-1953 est cependant à noter. Il correspond au plus haut des dépenses pour la guerre d’Indochine, dépenses qui ont dû exercer un effet nocif sur l’économie française. »

    Les armes n’étaient pas offertes par les usa ??

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  • Myrkur34 // 22.12.2023 à 16h12

    Le retour en totalité des troupes US au bercail à l’automne 45 n’est elle pas aussi une des causes de ce plan Marshall ? Offrir du travail aux ouvriers américains coûte que coûte(et éviter les troubles) tout en transformant l’énorme complexe militaro-industriel de la WW2 vers des fabrications plus civiles.

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  • Brigitte // 22.12.2023 à 19h19

    Peut-on éclairer le passé à la lumière du présent? Comme chacun sait, les USA ont un rôle altruiste dans l’aide militaire et financière à l’Ukraine. Idem à Israël. Soyons sérieux, qui pourrait croire qu’un pays agit de façon désintéressée en aidant un autre? La géopolitique n’est pas affaire de morale ou d’honneur mais d’influence.
    Dans cette affaire il y a eu un avant et un après. L’avant, ce sont les français exilés aux USA pour continuer leur travaux de recherche scientifique, sur l’atome par exemple, et qui en fait ont travaillé pour les américains. Ils ont été accueillis par la fondation Rockfeller.
    L’après, ce sont les contreparties du plan Marshall dont on est jamais sorti. Parce qu’on avait besoin d’aide, il faudrait fermer les yeux sur l’utilisation quasi coloniale de la France par les USA?

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  • JPTFOU // 22.12.2023 à 21h34

    Merci Monsieur Sapir pour cette brillante publication qui contredit ma vision historique et mon vécu.

    Une des mes golden rules est de m’intéresser aux avis contraire aux miens.

    Demandons aux améridiens survivants ce qu’ils pensent de la colonisation américaine -elle n’est pas la seule coupable. Mon plus grand ennemi reste les USA que je hais autant que les fonctionnaires européens.

    La crise civilisationnelle n’est pas loin, perso je me suis installé en Afrique après avoir travaillé avec des russes que j’adore.

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    • Brigitte // 23.12.2023 à 07h53

      Pourquoi employer « golden rules » au lieu de « règle d’or » quand on hait les USA et l’UE? C’est contradictoire. La moindre des chose est de faire attention à son langage et d’essayer de ne pas trahir la francophonie!
      Je partage votre haine par amour de la liberté mais aussi par choix de civilisation. Je considère que le consumérisme vient des USA, la crise écologique et maintenant le pouvoir du numérique avec l’IA et le contrôle des masses. Et ils continuent à vouloir nous donner des leçons?
      Les chinois leur tire la bourre mais c’est normal, c’est eux qui les ont formés. Seul l’esprit belliqueux les sépare, pour l’instant mais plus pour longtemps..

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      • JPTFOU // 23.12.2023 à 20h09

        Désolé Madame Brigitte pour mon français appauvri par des années de travail au Moyen-Orient, et en Asie.

        Même à Luxembourg où j’ai vécu, il est plus courant de parler anglais professionnellement. Pourtant l’image de marque de la France dans le monde que j’ai fréquenté demeurait haute, grâce en partie à Napoléon à mon avis, malgré l’aversion actuelle, surtout en Afrique. les-Crises.fr demeure cependant un de mes sites où le français y est le mieux écrit. Certains arguent que le déclin économique français est lié à son langage difficile. Exemple : « Je vous prie d’agréer, chère Madame Brigitte, de l’expression de… » se traduit simplement par « Kind regards » ou par « KR », ce qui speed up the business euh non …accélère les relations commerciales.

        Puisse la paix revenir dans les civilisations du monde.

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        • Cévéyanh // 24.12.2023 à 11h18

          La langue anglaise est plus compacte que le français. « Les textes anglais et chinois en particulier posent problème, car ils sont très compacts. D’une manière générale, des textes traduits à partir de ces langues seront plus longs que les originaux, et ce de manière parfois considérable. » https://www.w3.org/International/articles/article-text-size.fr
          De plus, le cerveau aurait tendance à économiser de l’énergie et donc de raccourcir les mots : préférence de « ciné » au lieu de « cinéma » (venant de cinématographie). Il y a aussi le mimétisme (reprendre certains mots de nos contacts). Nous sommes aussi à l’air de la rapidité/vitesse (trajet, information, travail etc), ce qui peut freiner la langue française ; plus développée.

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          • Grd-mère Michelle // 25.12.2023 à 15h39

            Oui, oui, oui, la langue française plus développée en est devenue plus subtile, plus soucieuse des différences et des précisions…, plus propice, donc, à aborder l’immense variété des choses et des impressions qu’elles produisent sur nous.
            Mais l’abréviation des termes (comme « ciné ») a toujours été, me semble-t-il, une « manie » de l’adolescence rebelle et qui veut s’affirmer par rapport aux adultes.
            Par contre, l’utilisation abondante des acronymes est apparue plus récemment et témoigne d’un « entre-soi » prétentieux, qui oublie(?) ce que parler veut dire: tenter de se faire entendre/comprendre, et finalement crée de la confusion et de la soumission à une parole « d’experts » « autorisés ».

            A ajouter à votre liste de détérioration du langage (écrit) par des sacrifices dédiés à la rapidité: la négligence, quand ce n’est pas la suppression, parfois totale, de la ponctuation! Ahurissant!

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            • Cévéyanh // 30.12.2023 à 09h03

              Vous : « Mais l’abréviation des termes […] a toujours été, […] une « manie » de l’adolescence rebelle et qui veut s’affirmer par rapport aux adultes. »
              C’est possible, ou aussi leurs cerveaux veulent, peut-être, économiser, encore plus d’énergie que les adultes ? 🙂
              Puis, aussi, à chaque génération, la vitesse s’accélère : la génération de la télé/radio, où la communication est plus orale que celle précédente, de la radio/livres ; puis celle d’internet/téléphone portable ; ensuite les réseaux sociaux/ordiphone (smartphone) avec les vidéos, les directs. Ce qui est étonnant, c’est qu’avec internet et ordiphone, les personnes s’écrivent beaucoup plus. Par contre, maintenant, il y a des messages oraux. Alors l’écrit restera-t-il ?

              Ce qui est regrettable, c’est de laisser l’écriture manuscrite peu à peu. Certes, nous écrivons encore « pour soi » (listes de courses, mémo etc). Nous nous envoyons de moins en moins de cartes postales, cartes de voeux (lettres ?) etc. L’écriture manuelle reflète l’originalité propre de la personne. Nous avons, toustes, appris à écrire de la même façon ; et pourtant, que d’écritures différentes, de variations pour écrire le même mot. C’est étonnant et formidable ! 🙂 (1/2)

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            • Cévéyanh // 30.12.2023 à 09h16

              Concernant les acronymes, il me semble que cela fait partie de cette accélération aussi. De plus, si les personnes l’utilisent et sont dans un effet bulle, elles peuvent penser que toutes personnes les connaissent ou c’est ancré dans leur langage qu’elles ne se rendent plus compte que pour certaines personnes, cela n’a pas de sens/compréhension.
              En effet, aussi je suis d’accord que cela donne l’impression de vouloir rester dans « un entre-soi » alors que peut-être ce n’est pas voulu. Il n’y a pas les acronymes qui donnent cette impression, c’est aussi le fait que certains de nos emplois sont spécialisées et différents que certains mots, nous ne les partageons plus avec d’autres qui ne sont pas dans le même secteur contrairement à autrefois. Par exemple, certains mots dans la finance, banque ou dans l’agriculture, dans l’usine. A part avoir des contacts dans tous les secteurs, cela peut-être moins facile de se rendre compte. Il y a des conférences gesticulés sur intenet qui permettent de percevoir le monde d’autres personnes ou sinon des reportages. Faire cela déjà, c’est d’une part prendre conscience que nous sommes dans un effet bulle et vouloir en sortir un peu plus. Pour cela, il me semble que c’est la curiosité qui permet le plus.

              Vous : « a négligence, quand ce n’est pas la suppression, parfois totale, de la ponctuation! »
              Oui, je vous comprend. La ponctuation est problématique dans le sens que la personne se fera probablement moins facilement comprendre et encore moins l’émotion de son message. C’est dommage de perdre cette émotion. Si elle préfère la rapidité à la possible incompréhension de son message, c’est son choix. En oral, il y a les pauses et accentuations de la voix qui véhiculent mieux le message. La ponctuation permet de retranscrire au mieux ces effets. Sinon, le message peut-être perçu comme « robotique » et pas très compréhensif pour l’autre qui le lit. Puis, peut-être certaines personnes ne savent pas très bien utiliser la ponctuation. C’est déjà un pas qu’elle écrive et veut partager son message. A elle, de vouloir ou non essayer de mieux se faire comprendre dans le cas où elle sait ou perçoit que l’autre ne le comprend pas autant qu’elle le voudrait. (2/2)

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        • Grd-mère Michelle // 25.12.2023 à 15h00

          « …le déclin économique français (de la France?) », comme celui de la langue française, est probablement le résultat de la « puissance » et de l’influence grandissantes de l’esprit de lucre anglo-saxon(soutenues par les religions protestantes « traditionnelles » et émergentes- voir la propagation des églises « évangélistes » construites un peu partout depuis le début du XXIème siècle, vues par mezigue dans l’est de l’Europe-sans doute un des « facteurs » qui terrorise le plus Vl.Poutine!)
          « L’ esprit » français s’est aussi répandu par la langue, nommée par les colonnisé-e-s « langue de l’occupant » (je le sais mieux que personne puisque je suis née et j’ai grandi en Wallonie- en Belgique, région où on « civilisait » les enfants en leur donnant des claques « bien-intentionnées » lorsqu’ils/elles parlaient en wallon…).

          Dommage que « l’image de marque » d’un pays soit réduite, comme la plupart des « valeurs », à la « facilité » (en réalité la vitesse) de s’exprimer, deux arguments-massues de la propagande de la « loi du marché »…
          Et que le fait de savoir parler comme de transcrire la parole (cette capacité exceptionnelle qui permet aux humains de s’entendre plutôt que de se battre pour régler des conflits) ne sert quasiment plus qu’à s’affronter dans de vaines polémiques, ou dans l’art et la manière de convaincre…

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          • ouvrierpcf // 28.12.2023 à 21h26

            ah vous êtes donc de Belgique ! Moi du Nord Pas de Calais Sil vous plait pas vous les belges surtout les wallons vous n’allez pas utiliser ,surtout écrire la langue inclusive ? Pour les guillemets moi je ne le mettrait pas sur esprit mais sur français Enfant est masculin donc ils parlaient wallon Quand je visite Les crises je m’arrête quand je vois commentaire Grd mère Michelle PS je comprends mieux vos positions pacifistes je les admet mais en ce moment quand on me dit que 20 000 coeurs d’enfants de mamans de papas de frères de sœurs se sont arrêtés de battre par les bombes en deux mois je ne le suis plus Et la cause du conflit ici n’est pas uniquement la langue parlée ou échangée

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            • Lt Briggs // 29.12.2023 à 09h31

              « Pour les guillemets moi je ne le mettrait pas sur esprit mais sur français  »

              Puisqu’on en est à parler ponctuation, et si vous vous équipiez d’un clavier moderne avec la touche « point » ? Cela ne nuirait a priori à personne et vous permettrait de ponctuer vos phrases, rendant ainsi leur lecture plus aisée.

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            • Cévéyanh // 30.12.2023 à 09h27

              A Ouvrierpcf,
              Vous : « quand on me dit que 20 000 coeurs d’enfants de mamans de papas de frères de sœurs se sont arrêtés de battre par les bombes en deux mois je ne le suis plus »
              Si vous n’êtes plus pacifiste, alors cela veut-il dire que vous voulez faire arrêter d’autres coeurs ? Car attraper et emprisonner (sans torture) avec un jugement equitable, c’est, me semble t-il, pacifiste.

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      • Grd-mère Michelle // 25.12.2023 à 13h25

        « Les chinois leur tire(nt?) la bourre… »
        Ha ha ha! Keske ça veut dire, ça, dans quelle langue?

        En dehors du fait que la haine ne mène à rien d’autre qu’au(x) malheur(x) (ma conviction personnelle basée sur l’observation), notamment celui de l’aveuglement, il est un peu étrange, et certainement inefficace, de la diriger vers un conglomérat tellement immense, divers et mouvant, comme sont « les USA »… ou « la Russie », par exemple…
        Plutôt chercher, aux USA et ailleurs, les responsables des mécanismes qui réduisent les possibilités humaines d’évolution positive…et de satisfaction des conditions d’existence de tou-te-s et de chacun-e.
        (Pour ma part, je considère que ce sont les fabriquants/commerçants d’armes/de munitions/de matériel militaire et tout qui en tire des bénéfices en tout genre, principaux acteurs du statu-quo imbécile et délirant, mortifère, qui fait de la terre un enfer!)

        « Seul l’esprit belliqueux les sépare… » Oui, pour l’instant, mais en tout cas, ce qui les rassemble pour le moment, c’est l’esprit de compétition (économique, en l’occurrence) avec, en ligne de mire, le « plus grand marché » européen.
        Donc, commençons par moins consommer (pas seulement « consommer à bon marché ») en osant porter au réveillon de Nouvel-An la même tenue vestimentaire que celle de l’an dernier…

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  • Robess 73 // 23.12.2023 à 06h47

    Hélas Jacques Sapir si il est un économiste respectable,n est pas historien..cela se voit très vite .les travaux scientifiques d un historien ne peuvent être contredits que par ses pairs qui doivent amener d autres sources invalidant ceux de l auteure .il n en est rien ici Sapir évoquant toujours le i biais idéologique,s appuie sur des livres écrits par d autres et même pire ose utiliser des archives perso du sinistre Monnet agent américain et petiniste convaincu.on attend la réponse de la grande dame ..

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    • Gracques // 24.12.2023 à 09h14

      Oui bon enfin vous reprochez à m Sapir le fait de sourcer ses assertions , le b à ba du travail universitaire….vous confondez cette recension avec une critique littéraire…..

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  • MaFédéPourUneGuerreJuste // 23.12.2023 à 10h21

    Georges-Herni Soutou prévient aussi de distinguer les effets des bombardements alliés sur des villes, résidences , bâtiments et leurs habitants de ceux qui certes soufflèrent la couverture des usines de l’industrie lourde sans abîmer les machines outils universelles ( d’un coût supérieur aux outils spécifiques pour « seulement » un « article » ) Ces mêmes machines dégagées des débris et de la sinistre poussière des environnements dévastés ( « dust of war » ? ) furent convertis pour produire par exemple des VW ou BMW civiles après avoir pondu des Tigre ( Papa du Léopard ) Le fameux « miracle allemand » tiendrait partiellement à l’inefficacité des bombardements ( 2% de bombes au but ) ? Intéressant de lire les déclas du chancelier actuel et de ses ministres écolo aux affaires étrangères …Harch touchours la kerre !

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  • ALR // 23.12.2023 à 12h32

    Si le site a l’obligeance de m’accueillir pour une mise au point, je livrerai à ses lecteurs le double commentaire que j’ai fait dès le 21 décembre de la version longue de cette critique : 1° de brefs remerciements pour la recension, dont certains lecteurs présumés du livre se sont défilés (au moins trois, à ma connaissance, et avec des motifs tout à fait contradictoires, plutôt amusants), et je sais gré à Jacques Sapir d’avoir « recensé » l’ouvrage, fût-ce « à charge » ; 2° la critique historique, plus longue, du réquisitoire du recenseur.

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    • José // 31.12.2023 à 09h57

      Merci ALR pour vos travaux, livres et interventions en général à rebrousse poil qui défrisent souvent même les chauves.
      « je livrerai à ses lecteurs le double commentaire que j’ai fait dès le 21 décembre de la version longue de cette critique » j’ai cherché mais n’ai pas trouvé votre commentaire. Sauriez vous me dire où je peux le trouver. Merci

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  • gracques // 23.12.2023 à 12h43

    Merci monsieur SAPIR de cette recension extrêmement fouillée, nuancée sans être tiede (euphémisme).
    J’ai toujours été frappé de la conception « policière » de l’histoire de cette historienne au demeurant fort utile pour soulever le tapis. Néanmoins pour une communiste ,l’absence d’un point de vue matérialiste interroge , c’est le moins que l’on puisse dire.

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