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21.décembre.201821.12.2018
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[RussEurope-en-Exil] Premiers enseignements du mouvement des Gilets Jaunes, par Jacques Sapir

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Le texte de Jacques Cotta, que je conseille à tous de lire[1], est une réflexion sur la nature des Gilets Jaunes et de leur mouvement. Il lance un débat important, débat auquel ce présent texte se veut à son tour une contribution. On n’insistera pas sur les implications du mouvement ni sur les réactions des uns et des autres. On veut ici présenter quelques premières réflexions sur les conséquences de ce mouvement. Car, ce mouvement fait naître de très nombreux fantasmes, tant à droite qu’à gauche. Il est vrai qu’un mouvement où l’on voit essentiellement des drapeaux tricolores, où l’on entend surtout chanter la Marseillaise, a de quoi désarçonner qui se complait dans les rites de la « gôche ». Ce n’est pas le cas de Jacques Cotta. Je ne reviens donc par sur son analyse, dont je partage un certain nombre de points. Je voudrai ici plutôt insister sur d’autres éléments qui ne me semblent pas moins importants.

La prise de conscience de la force collective

Un mouvement social, il faut toujours le rappeler, c’est d’abord et avant tout une expérience collective au sein de laquelle des individus isolés prennent conscience de leur force une fois qu’ils sont rassemblés. On se souvient de cette phrase écrite par Karl Marx dans le 18 Brumaire de Louis-Bonaparte : « Les paysans parcellaires constituent une masse énorme dont les membres vivent tous dans la même situation, mais sans être unis les uns aux autres par des rapports variés. Leur mode de production les isole les uns des autres, au lieu de les amener à des relations réciproques (…)Ainsi, la grande masse de la nation française est constituée par une simple addition de grandeurs de même nom, à peu près de la même façon qu’un sac rempli de pommes de terre forme un sac de pommes de terre »[2].

De nombreux historiens et sociologues ont fait ce constat avec les différents mouvements sociaux, de la Révolution de 1789 au mouvement contre les projets d’Alain Juppé en 1995, en passant bien entendu par 1936 et 1968. Mais, ce mouvement social là, celui des Gilets Jaunes, a ceci de particulier qu’il fait vivre cette expérience collective à des gens qui étaient à priori aux antipodes de celle-ci. La très grande majorité des participants à ce mouvement appartiennent aux professions libérales, sont des petits commerçants ou de petits entrepreneurs, ou sont des travailleurs « ubérisés », soumis justement à cette ubérisation du travail dont on a tant parlé. On doit y ajouter des salariés, mais très rarement de grandes entreprises et des retraités. Le cadre d’existence de ces personnes ajoute aussi à l’isolement qu’ils peuvent connaître dans le cadre de leur travail : c’est la France dite « péri-urbaine », des petites villes mais aussi des lotissements construits à la campagne, qui s’est exprimée dans ce mouvement. On y reconnaît les traits de la France dite « périphérique » analysée par Christophe Guilluy[3]. Ce cadre d’existence est marqué par un retrait, plus ou moins important des services publics laissant ces personnes encore plus isolées, encore plus dépendantes de leur moyen de transport individuel. La combinaison de l’isolement sur le lieu d’activité et de celui sur le lieu d’existence aboutissait à rendre invisibles ces personnes mais aussi à le mettre hors de la vie politique et associative. On a beaucoup glosé sur la prégnance du vote Marine le Pen ou Front National chez les Gilets Jaunes. Mais, la réalité était bien plus une domination des attitudes abstentionnistes.

Or, ce mouvement a mis des personnes en contacts avec d’autres personnes. Les fameux « ronds-points » dont Monsieur Castaner souhaite tant l’évacuation, ont été de fantastiques lieux de rencontres et de construction d’une identité politique collective. Non que les discussions sur ces ronds-points aient toutes été consensuelles. Non qu’il n’existe, et c’est vrai dans tout mouvements, des divergences d’opinion entre « jusqu’au-boutiste » et entre personnes plus modérées. Ces différences et ces divergences sont normales. Mais, l’existence de ces différences et de ces divergences est seconde par rapport à l’expérience collective que ces personnes ont pu faire. Elles ont fait l’expérience aussi de la force d’un mouvement, une force qui a fait plier un gouvernement qui s’était montré jusqu’à maintenant intraitable, que ce soit sur la question des « réformes » du Code du Travail ou sur celle de la SNCF. Les victoires remportées, pour insuffisantes qu’elles soient, sont cependant très substantielles quand on les compare à ce qu’ont obtenu les mouvements contre la loi travail ou celui des cheminots. Ces victoires par ailleurs obèrent la capacité d’Emmanuel Macron et de son gouvernement de s’attaquer aux retraites et à l’assurance chômage. Ce sont les premières, et pour l’instant les seules, qui ont fait dérailler le programme néo-libéral en France depuis 2017, voire même depuis plus longtemps. Les victoires, même partielles, remportées par ce mouvement ont un pouvoir accélérateur sur les autres revendications. Il en est ainsi de la police[4]. Il en sera demain pour d’autres catégories sociales.

Le resurgissement de la question sociale

A cela, il faut ajouter un deuxième point important : le mouvement des Gilets Jaunes a provoqué le resurgissement de la question sociale comme question majeure de la politique en France. Rappelons-nous ce dont on prétendait discuter au mois de septembre dernier : nous allions de la réforme constitutionnelle à la réforme des retraites. Le mouvement a remis la question sociale, et en son sein la question des salaires, au centre des débats.

Bien entendu, la question sociale n’avait jamais complètement été évincée. Les manifestations contre la première « loi travail » (El Khomri), les mobilisations comme celles des cheminots ou contre la seconde « loi travail » montraient bien une permanence de cette question. Mais, la dimension générale du pouvoir d’achat, de la pauvreté dans laquelle se débattent des millions de français, avaient eu tendance à être occultés, voire remplacés par des questions sociétales comme celle du « mariage pour tous ». D’une manière plus générale, et ici encore il faut remonter au premier mandat de Jacques Chirac (1995-2002) et à la mobilisation contre la réforme Juppé, la question sociale avait été largement marginalisée dans le débat français. Ce n’est donc pas un petit exploit qu’aura réalisé le mouvement des Gilets Jaunes en réussissant à remettre au centre de la vie politique française cette question.

La forte présence des femmes dans ce mouvement, qui rappelons-le fut lancé par des vidéos réalisées par des femmes, leur présence massive sur les ronds points, est aussi une indication de la profondeur de cette question sociale et de l’urgence mise à jour par ce mouvement. On dira, et ce n’est pas faux, qu’il ne concerne qu’une partie des français. Les couches sociales qui forment la base des Gilets Jaunes étaient d’ailleurs, jusqu’à maintenant les « français invisibles », ceux qui travaillaient, péniblement et souvent aux limites de la misère, ou les retraités, dont les conditions sont aussi de plus en plus précaires pour une large part d’entre eux. L’irruption sur la scène politique et la scène médiatique de ces « invisibles » à donc fait l’effet d’un choc, tout comme leurs revendications ont bouleversé les ordres du jour établis à l’avance des élites politiques françaises. Ce choc et ce bouleversement doivent aussi beaucoup au soutien très majoritaire dont le mouvement a bénéficié, et continue pour l’heure de bénéficier, dans l’opinion politique française[5].

Le resurgissement de la question sociale a pris aussi la forme d’une insurrection. On pense aux violences qui ont accompagné certaines des manifestations. Dans ces dernières, ce ne sont pas seulement ceux que l’on appelle les « casseurs » que l’on a vu, ce ne sont pas non plus seulement les petits groupes extrémistes, de droite ou de gauche, dont l’importance a été énormément fantasmée, qui ont été en cause. Ces violences, et il faut en avoir conscience, ont aussi été l’expression de l’immense colère accumulée par ces français invisibles. C’est cette colère qui a pris le gouvernement et le Président de la République au dépourvu, les contraignant à reculer en rase campagne, quitte à se prendre les pieds aussi dans les diverses procédures qui encombrent aujourd’hui la vie politique française, quitte aussi à devoir céder à leur propre majorité[6]. Encore une fois nous avons eu la démonstration qu’un mouvement social fort peut obtenir satisfaction et que la violence, quand elle est légitime, ne dénature nullement ce mouvement.

 

Quel avenir pour les syndicats ?

Ce retour au premier plan de la question sociale s’est fait, il faut le souligner, sans les syndicats. Ce point interroge. On peur, bien sûr, évoquer ici les « trahisons », qu’elles soient réelles ou supposées, des directions syndicales. Cela n’épuise pourtant pas la question. Les syndicats, affaiblis par le mépris dans lequel ce gouvernement les tient, sont aussi affaiblis et en un sens discrédités par les défaites qu’ils ont subis dans les précédentes mobilisations. Tout ceci est exact, mais insuffisant. Alors, on dira aussi que parmi les Gilets Jaunes il y avait relativement peu de salariés, et donc peu de personnes potentiellement syndiquées. Ici encore, rien de plus exact. Cela explique certainement le peu de prise que les syndicats pouvaient avoir sur ce mouvement. Mais, cela n’explique pas la surprise dans laquelle ce dit mouvement les a plongée.

Avançons ici une hypothèse. Les syndicats sont des organisations dont le rôle institutionnel se déploie dans des circonstances « normales », soit correspondant aux normes de l’action syndicale, que cette dernière soit revendicative ou qu’elle se situe dans l’espace des négociations collectives. Or, ce mouvement a correspondu justement à une situation a-normale et exceptionnelle. Les syndicats ont donc été logiquement dépassés, comme ils l’avaient été en 1968 lors du déclenchement de la grève générale, comme ils l’avaient été en 1936. Allons même plus loin : la révolution russe commence, en février, par une manifestation spontanée des femmes, une manifestation à laquelle s’opposent les syndicats et les partis (illégaux) d’opposition. La disparition, du moins momentanée, des corps intermédiaires était donc en un sens normale.

Ce qui est plus exceptionnel dans ce mouvement est sa grande méfiance, voire son opposition de principe à ces corps intermédiaires. Elle reflète naturellement tant les échecs passés des syndicats, que le fait que de nombreuses personnes de ce mouvement n’ont jamais été syndiquées de leur vie. Au-delà, cependant, il y a un immense désir d’auto-organisation dans ce mouvement mais aussi de démocratie directe. L’une des issues possibles des Gilets Jaunes serait donc la naissance d’une nouvelle organisation, mi-syndicale (quand il s’agira de traiter les questions qui en réalité relèvent traditionnellement de la culture syndicale), mi-politique, par réactions aux partis existant. La forme de structuration spontanée, autour des ronds-points, indique un fort sentiment basiste et confère d’ailleurs à ce mouvement une bonne part de sa résilience et de sa capacité à faire durer dans le temps la mobilisation. Ce n’est certes pas par hasard si le Ministre de l’intérieur a ciblé spécifiquement l’organisation autour des ronds-points. Au-delà des questions de sécurité, qui existent mais qui sont là surtout utilisées comme un prétexte, c’est bien la peur de voir cette forme de structuration s’enraciner dans le temps qui motive le Ministre de l’intérieur.

 

Les raisons d’un impact durable

Il est donc aujourd’hui évident que ce mouvement va durablement peser sur la société française. Cette évidence est d’ailleurs admise par la plupart des éditorialistes de la presse française. Mais, au-delà du lieu commun, il convient de s’interroger sur les raisons profondes de cet impact ou plus précisément des diverses formes que cet impact revêtira.

La première raison tient, comme on l’a dit, en ce que des individus jadis isolés, ont découvert qu’en commun ils possédaient une force capable de faire plier un gouvernement. La comparaison d’ailleurs entre ce résultat et les échecs des précédents mouvements sociaux est spectaculaire. Même si ce mouvement se divise, ce qui est en un sens inévitable, ce souvenir et cette leçon resteront dans les consciences. Nous connaîtrons dans les années qui viennent le même niveau d’activité politique et sociale que l’on avait pu connaître après mai 1968. Mais, ce niveau prendra des formes nouvelles car, à la différence de l’après mai 1968, il n’y a pas aujourd’hui d’organisations (parti ou syndicat) capables d’encadre cette activité.

La seconde renvoie au plus profond de l’histoire sociale du XIX et des débuts du XXème siècle. Le mouvement des Gilets Jaunes, à travers l’expérience des ronds points, remet au gout du jour des formes d’organisations horizontales, locales. Au début du mouvement syndical, le conflit avait été grand entre les tenants d’une organisation horizontale (les bourses du travail) et les tenants d’une organisation plus verticale, autour des branches d’activités. Cette deuxième tendance l’avait progressivement emporté, et aujourd’hui tous les syndicats fonctionnent principalement au travers de fédérations de branches. Cette forme, pour nécessaire qu’elle ait été à un moment où l’économie s’organisait autour de quelques branches qui en formaient le cœur (les constructions mécaniques, l’automobile, les mines), est aujourd’hui si ce n’est périmée du moins insatisfaisante. L’un des enjeux pour la suite du mouvement est de redonner vie à ces structures locales, réunissant TOUS les travailleurs, quelle que soit leur activité ou quel que soit leur statut. Les fédérations syndicales actuelles devraient prendre acte de ce changement et comprendre qu’elles doivent faire la place à ces formes d’organisations, qui ne se réclameront d’aucune organisation car des militants de toutes ces organisations, tout comme des militants inorganisés, pourront y participer. L’impact de ce mouvement se fera sentir dans le défi auquel les centrales syndicales seront confrontées. Elles devront y répondre ou disparaître.

La troisième raison réside dans le surgissement d’une volonté de démocratie directe. Tout le monde a remarqué l’importance prise par le Referendum d’Initiative Citoyenne, le RIC, dans les revendications des Gilets Jaunes. Cela en dit long sur la situation de la société. Le discrédit qui frappe aujourd’hui les formes de la démocratie représentative est profond. On peut se demander s’il n’est pas irrémédiable. Son origine se trouve dans la très grande similitude des programmes, et surtout des actions, des partis de « droite » et de « gauche » dans le cadre contraignant de l’Union européenne et de l’Euro. C’est ce que des collègues appellent le « parti unique de l’Euro ». L’expression de cette similitude a été flagrante quand les députés et sénateurs de « droite » comme de « gauche » ont voté en Congrès la ratification du Traité de Lisbonne qui reprenait le texte rejeté qui avait été soumis au référendum de 2005. Il y a là un péché que la classe politique française n’a pas fini d’expier. Le RIC suscite bien des oppositions d’ailleurs au sein de cette « classe » qui se comporte de plus en plus comme une caste. Mais, chaque nouvelle attaque contre le RIC ne peut que renforcer la volonté au sein du peuple de voir aboutir justement le RIC, dans une formule où il soit mobilisable et où les thèmes traités ne puissent être contraints au préalable. Car, toute volonté de contraindre indûment l’ordre du jour politique reflète en réalité un sentiment profondément anti-démocratique[7]. Le champ ouvert au RIC ne doit donc pas être limité au préalable. Mais, le RIC doit donner lieu à un véritable débat et la campagne ne devrait donc pas être inférieure à 3 mois. Cette question du RIC va concentrer les oppositions politiques au mouvement des Gilets Jaunes. Mais, compte tenu du soutien dont il continue de bénéficier dans l’opinion, ces oppositions semblent plus devoir être des combats d’arrière-garde.

 

Le mouvement des Gilets Jaunes n’est aujourd’hui pas terminé. Ses formes vont évoluer. Il va poser de manière de plus en plus claire la question du rapport à l’Union européenne et à l’Euro. Mais son impact est d’ores et déjà considérable sur la société française, sur les institutions comme sur la vie politique. La seule incertitude aujourd’hui réside dans le temps qu’il faudra pour que les changements issus de ce mouvement se cristallisent et s’institutionnalisent.

 

Notes

[1] http://la-sociale.viabloga.com/news/gilets-jaunes-lutte-des-classes-elections-et-speculation

[2] Marx K., Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte, Paris, Editions Sociales, 1969.

[3] Guilluy C., La France périphérique : Comment on a sacrifié les classes populaires, Paris, Flammarion, coll. Champs, 2015.

[4] https://www.20minutes.fr/societe/2400463-20181220-interieur-syndicats-trouvent-accord-revalorisation-salariale-policiers

[5] Ifop-Fiducial pour CNews et Sud Radio, « Balises d’opinion », Le regard des Français sur le mouvement des « Gilets jaunes » et sur les alternatives à Emmanuel Macron, Novembre 2018 et sondage BVA, https://gallery.mailchimp.com/9159d767cdbf427eb1c520474/files/b1249d2d-71f7-40b8-98a7 c1a976a9eb4b/Rapport_de_résultats_BVA_Orange_La_Tribune_RTL_Baromètre_politique_Vague_117_Novembre_2018.pdf

[6] https://www.francetvinfo.fr/economie/transports/gilets-jaunes/gilets-jaunes-apres-discussion-avec-les-parlementaires-le-gouvernement-maintient-finalement-toutes-les-mesures-annoncees-en-novembre_3106829.html

[7] Holmes S., « Gag-Rules or the politics of omission », in J. Elster & R. Slagstad, Constitutionalism and Democracy, Cambridge University Press, Cambridge, 1993 (1988), pp. 19-58

Commentaire recommandé

Eric83 // 21.12.2018 à 09h11

Le RIC provoque une panique profonde chez les politiciens et leurs chiens de garde, les médias.

Etienne CHOUARD est devenu « l’homme à abattre » et de nombreux « articles » à vomir ont été écrits sur sa personne et ses travaux. Il demande légitimement un droit de réponse. J’invite à lire toute la publication, à partir du lien ci-dessous, d’où est extraite ce « droit de réponse ».

DROIT DE RÉPONSE
JE DEMANDE À TOUS MES ACCUSATEURS (ET À LEUR MÉDIA), MESSIEURS APATHIE, JOFFRIN, BADDOU, SCHNEIDERMANN ET LES AUTRES, DE ME PERMETTRE DE DÉFENDRE LOYALEMENT, EN DIRECT ET EN FACE-À-FACE, À LA FOIS LE RIC POUR LES GILETS JAUNES ET MON TRAVAIL POUR LE BIEN COMMUN.
Si on est bien en « démocratie » et s’ils sont honnêtes, comme ils le prétendent tous, ça devrait pouvoir se faire.
Étienne Chouard, 20 décembre 2018.

https://www.facebook.com/etienne.chouard/posts/10156797039947317

59 réactions et commentaires

  • Fritz // 21.12.2018 à 07h00

    Extraits du texte publié dimanche dernier par Jacques Cotta, cité par M. Sapir :
    « Jean Luc Mélenchon qui de façon totalement incompréhensible, à front renversé, condamne toute possibilité de Frexit […]. Que valent dés lors les approbations concernant les revendications sociales portées par les gilets jaunes, si les conditions politiques de leur satisfaction – l’affrontement avec l’UE allant à la rupture – sont a priori balayées.

    Marine Le Pen jusque là voulait occuper la posture souverainiste opposée à la mondialisation. Depuis les dernières élections présidentielles et sa prestation de l’entre deux tours face à Macron elle a indiqué qu’elle était opposée à la rupture avec l’UE et avec l’euro. Bref, opposée aux conditions de la souveraineté retrouvée. Sur l’essentiel elle n’approuve pas le contenu social mis en avant par les gilets jaunes. »

    Comment prolonger ce mouvement social, y compris sur le plan politique ? Certes il ne faudra pas rater l’échéance électorale du 26 mai (dans cinq mois), mais cela ne suffit pas.
    Le combat continue : ce n’est qu’un début.

      +43

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  • Alfred // 21.12.2018 à 07h54

    Comme d’habitude très bonne livraison de Jacques Sapir. Il lui manque peut être par contre cette fois de parler de « l’intérieur ». Par exemple, la méfiance voire la défiance envers les corps intermédiaires est nourrie il faut bien le dire par le souvenir cuisant non pas de défaites mais de trahisons pures est simples. La question de l’Alliance avec certains syndicats (la c… pour ne pas la nommer) traverse le mouvement par chez moi. La main tendue (bien tard mais finalement..) par le syndicat aurait pour avantage de permettre les préavis de grèves et donc de gonfler les rangs en semaine (les rotations cela fait jamais le nombre face aux « castagnades »). Beaucoup de monde pour cela. (La grève générale revient en boucle). Par contre le syndicat veut drapeau et bannières. Hors de question pour les gj. Zéro marque syndicale tolérée par l’ensemble des gj. Pour ce qui est de « l’Alliance » localement c’est la division. Le souvenir du passé est indélébile et l’hostilité reste de mise. Mais des réunions ont lieu et des ponts se font par pragmatisme. Et l’idée d’un parti est rejetée.
    « Les gens » sont collectivement intelligents, concrets, malins et merveilleux. C’est incroyable tant de fragilité et de force à la fois.
    De mon point de vue accepter les syndicats (que je vomis par mémoire) sur un programme permetrait aux gj ne pas rester les dernier cocus d’accords clientélistes conclus grâce à eux (flics, routiers, etc..).

      +29

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  • gracques // 21.12.2018 à 08h09

    Les soviets en France ?en 2018 ?
    Plaisanterie……
    Ja partage cette analyse …. mais elle se base aussi sur une analyse de la sociologie du mouvement dont il manquenla’source.

      +2

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  • Merlin // 21.12.2018 à 08h13

    Monsieur Sapir, chers bloggeurs,

    je vous remercie pour ce billet.
    Une part de celui-ci me surprend un peu, non que j’aimerai qu’elle soit inexacte mais plutôt qu’elle soit trop optimiste à mes yeux.
    « La première raison tient, comme on l’a dit, en ce que des individus jadis isolés, ont découvert qu’en commun ils possédaient une force capable de faire plier un gouvernement. (…) Nous connaîtrons dans les années qui viennent le même niveau d’activité politique et sociale que l’on avait pu connaître après mai 1968.  »

    -Le nombre de personnes échangeant sur les ronds point ou en manifestation, malgré un soutien idéologique d’une immense partie de la population ne daignant pas se déplacer, n’est pas si important que cela.
    -Les gilets jaunes n’ont retiré aucun avantage tangible sur leur pouvoir d’achat(si ce n’est une non baisse marginale), c’est à dire que contrairement aux boomers ils restent dans une société en régression et ont des problèmes de fin de mois qui les distraient de la pensée politique.
    -L’attention du pouvoir est toute entière focalisée sur le mouvements et ses participants, nous ne savons pas encore jusqu’où il est capable d’aller pour y mettre fin, même si nous en avons eus l’avant goût.

    Alors certes il y a une prise de conscience, mais j’ai bien peur qu’il s’agisse plutôt du sursaut d’un moribond déjà condamné, celui d’une classe moyenne et populaire spoliée ou bien celui d’un système en fin de règne, l’avenir nous le dira.

    Prenez soin de vous, nous vivons des temps intéressants.
    La croissance infinie n’est pas possible dans un monde fini.
    Voir les travaux de JM Jancovici, Pablo Servigne et Emmanuel Prados.

      +24

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    • Actum est de republica ! // 21.12.2018 à 08h58

      Certes, mais creusons un peu plus profond que Jancovici :

      Philippe Bihouix : le mensonge de la croissance verte.
      https://m.youtube.com/watch?v=Bx9S8gvNKkA

      Jean-Baptiste Fressoz : transition, piège à con ?
      https://m.youtube.com/watch?v=lO0r5O4-2wU

      L’autre versant, essentiel à comprendre est la dictature algorithmique qui vient… ou pas !

      Éric Sadin : l’asservissement par l’Intelligence Artificielle (sic) ?
      https://m.youtube.com/watch?v=VzeOnBRzDik

        +11

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    • Robert // 21.12.2018 à 09h27

      Oui, le mouvement des GJ manifeste une prise de conscience… mais est-il encore possible de remettre en cause les fondamentaux du Système néo-libéral ? La Finance n’a t elle pas déjà gagné la guerre contre les peuples ?

        +4

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      • Larousse // 21.12.2018 à 21h38

        Cessez de croire que les choses sont éternelles et restez les pieds sur terre. L’Int. Artificielle est peut-être une tentative de tout régenter, d’encadrer mais ce n’est pas elle qui fera ma purée, ni même chargera un camion ou un navire jusqu’à bon port (d’ici au moins 50 ans), l’humain interviendra encore dans nombre d’opérations parce qu’il a une souplesse d’esprit pour l’instant plus rentable. Pareil, la Finance actuelle n’est absolument pas éternelle et les projets de démonétisation des Banques sont selon moi une démarche d’apprenti-sorcier qui précipitera leur chute (tel Icare) .

          +7

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      • RD // 22.12.2018 à 22h10

        Il n’y a aucun système néo libéral… c’était une nécessité du point de vue du capital.

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    • Babar // 21.12.2018 à 09h53

      Aux références ci dessus, je voudrais ajouter un ouvrage d’historiens de l’économie Christophe Bonneuil et Jean Baptiste Fressoz: « L’évènemant Anthropocène. La terre, l’histoire et nous » Edition points. poche 2016 9€50.
      Les 60 premières pages concernent l’état actuel de la planète avec des références scientifiques. Les 200 suivantes détaillent les aspects historique , économique et politique de « comment en est on arrivé là ».

        +3

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    • Macarel // 21.12.2018 à 10h00

      L’année 2018 fut chaude socialement, mais pas que :

      « Suivi Climatique : vers une année 2018 record. L’année 2018 est l’année la plus chaude jamais observée en France. Avec une anomalie annuelle moyenne de 1.4 °C, elle arrive largement en tête devant 2014 (+1.2 °C), 2011 (+1.1 °C) et 2015 (+1 °C). Le mois de janvier a
      été particulièrement chaud (anomalie record pour un mois de janvier de +3.4 °C), les autres
      mois ayant presque tous été au-dessus de la normale. Les 10 années les plus chaudes
      observées en France se trouvent toutes après 2000. » (Météo-France)

      La croissance de la température (au sens physique) en France se poursuit, elle aussi !

      Nous avons un « big problem ». Pour « sauver la planète », plus exactement pour que l’environnement terrestre reste dans une fourchette de température moyenne supportable pour la plupart des espèces vivantes, dont la notre, il faudrait multiplier le prix des carburants par 3 ou plus.

      http://www.ecolopop.info/2006/03/jancovici-il-faut-tripler-le-prix-de-lessence/87

      Or, une augmentation bien moindre a mis la France au bord de la crise de nerf. Problème d’autant plus insoluble qu’il faudrait que ce prix soit simultanément augmenté dans tous les pays de la planète.

      Autant dire que ce n’est pas envisageable. Les « ricains » en tête qui payent en moyenne 0,63€ en moyenne à la pompe le litre, et les chinois qui veulent rattraper les « ricains » ne sont pas en reste non plus.

      Autre problème : la logique économique qui régit nos sociétés : basée sur une croissance sans limite du fameux PIB, croissance par ailleurs basée sur de la dette publique certes, mais surtout privée de plus en plus insoutenable. La crise de 2008 dont nos sociétés ne se sont pas vraiment remises, ayant consisté à transformer de la dette privée en dette publique (en mauvaise dette publique, mais « too big to fail » oblige…)

      L’endettement public est justifié si il permet des investissements pour réorganiser nos sociétés afin qu’elles fonctionnent en consommant le moins d’énergie fossile possible. Problème la doctrine ordo-libérale, celle de l’UE et de l’euro en particulier, ne fait pas de différence entre « bonne dette » et « mauvaise dette ». Les « règles maastrichtiennes » corsètent, en effet, aveuglément tous les budgets des pays membres.

      Les « COPs » ne sont que des « messes sans effets », où l’on ne peut que déplorer que rien n’est fait de significatif pour que le seuil fatidique d’augmentation de 2°C de la température moyenne du globe ne soit franchi.

      Il le sera, et même au delà. L’humanité est « en marche » vers un monde où la température moyenne du globe sera, d’ici la fin du siècle, plutôt de 4°C voire 5°C ou 6°C au dessus de ce qu’elle était avant l’ère des énergies fossiles : « hot house earth ».

      https://www.bbc.com/news/science-environment-45084144

      https://www.nouvelobs.com/monde/20070202.OBS0276/les-six-scenarios-du-giec.html

        +7

      Alerter
    • Glbert Gracile // 23.12.2018 à 18h58

      @ Merlin

      je partage votre sentiment de doute… Les gilets-jaunes n’ont en fait pas obtenu grand chose… leur place dans la société et dans la dynamique économique des années à venir ne va pas s’améliorer… Le gilets-jaunes, c’est un peu comme la « France périphérique », un concept qui fait fureur chez les intellos parisiens « dissidents »… Mais la réalité est un peu plus complexe…
      Il ne suffit pas de cracher sur les syndicats et les partis politiques… les Gilets-jaunes se recrutent -selon l’article- dans des secteur ubérisés et d’autoentrepreneurs… bref, de petits-bourgeois qui n’ont rien compris à la lutte des classes, qui ont conspué les syndicats et les partis, et qui maintenant se retrouvent sans le sous !!! C’est juste des gens qui ont tenté leur chance en individualistes et qui se sont plantés… Donc, ils ont encore du chemin à faire pour retrouver un peu de conscience politique…

        +0

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  • Larousse // 21.12.2018 à 09h02

    Oui, très bonne analyse.
    Jacques Sapir est très gentil avec les Syndicats . Entre un dirigeant de la CFDT hyper-réformiste, consensuel avec le président (très « jaune » dans un jargon du XIXe) et un dirigeant de la CGT opposé au départ idéologiquement à ce mouvement des GJ (qui logiquement ne devrait pas être reconduit à son poste – sauf si sa crainte que les GJ renversent le régime pour mettre à la place d’un « autoritaire », s’avérait juste).
    Les événements montrent l’incapacité de la co-gestion en système libéral, comme d’ailleurs la grande hypocrisie du système des mutuelles, système batard qui a bien instauré une sécurité sociale à 2 vitesses. (prochain RIC – dissolution des mutuelles et Sécurité sociale totale)

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  • Eric83 // 21.12.2018 à 09h11

    Le RIC provoque une panique profonde chez les politiciens et leurs chiens de garde, les médias.

    Etienne CHOUARD est devenu « l’homme à abattre » et de nombreux « articles » à vomir ont été écrits sur sa personne et ses travaux. Il demande légitimement un droit de réponse. J’invite à lire toute la publication, à partir du lien ci-dessous, d’où est extraite ce « droit de réponse ».

    DROIT DE RÉPONSE
    JE DEMANDE À TOUS MES ACCUSATEURS (ET À LEUR MÉDIA), MESSIEURS APATHIE, JOFFRIN, BADDOU, SCHNEIDERMANN ET LES AUTRES, DE ME PERMETTRE DE DÉFENDRE LOYALEMENT, EN DIRECT ET EN FACE-À-FACE, À LA FOIS LE RIC POUR LES GILETS JAUNES ET MON TRAVAIL POUR LE BIEN COMMUN.
    Si on est bien en « démocratie » et s’ils sont honnêtes, comme ils le prétendent tous, ça devrait pouvoir se faire.
    Étienne Chouard, 20 décembre 2018.

    https://www.facebook.com/etienne.chouard/posts/10156797039947317

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  • artaxerxes // 21.12.2018 à 09h18

    les trop pauvres, les chômeurs, ceux qui ont le loisir de pester, pleurer, saccager, détruire, dressés contre les travailleurs bien payés, et surtout contre les trop riches, que peuvent-ils faire d’autre s’ils n’en ont pas les capacités?

      +3

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  • Loki // 21.12.2018 à 09h28

    Grâce aux GJ les policiers ont eu une augmentation de salaire de 140 € alors que le SMIC a été vaguement bricole a la hausse. Les seuls syndicats qui ont pu négocier sont ceux de la police. A la prochaine manif chers CRS remerciez les GJ avant de les gazer ! Moralité quand tu manifestes tu gagnes pas grand chose mais quand tu matraques tu améliorés ton quotidien !

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    • Weston // 21.12.2018 à 14h41

      Est-ce que la violence physique à leur encontre ne serait pas des fois la seule chose que les politiques craignent ?
      Apparemment chez les grands patrons français cette peur de finir la tête au bout d’une pique a été évoquée. C’est dire qu’ils savent très bien que leur violence, celle qu’ils appliquent contre leurs salariés et contre des anonymes est terrible.

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      • Leterrible // 22.12.2018 à 16h36

        Un précédent glaçant, quand on se rappelle de la fin de l’histoire QUATRE jours plus tard…!! De quoi bien réfléchir sur l’utilité des victoires « à la Pyrrhus ».. :
        https://www.youtube.com/watch?v=wWIbCtz_Xwk&t=157s

        Quand bien même au début du discours « il » était contraint de proposer « ça » : (s/stitres.franç.)
        https://www.youtube.com/watch?v=7qpwTzJuD50&app=desktop
        avec le succès que l’on sait..

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      • Glbert Gracile // 23.12.2018 à 19h08

        @ Weston

        oui, mais la réflexion de « Loki », pour provocatrice qu’elle soit, a sa part de vérité et devrait nous faire réfléchir…
        Les français consuméristes ont craché à la figure des syndicats pendant des années… ils se croyaient au-dessus de tout ça… ils ont fait auto-entrepreneur… et « quand la bise fut venue », ben ils ont fait la même chose que les syndicats… et au total, ils n’ont pas gagné grand chose (alors que les flics ont négocié des primes)… Moralité, faudrait peut-être arrêter de prendre les syndicats pour des idiots, et commencer à se repolitiser avec un peu plus de constance et d’humilité… Pareil pour les partis, qu’ils ont conspué pendant des années, et maintenant, les GJ nous disent qu’ils « luttent pour le peuple »… ben c’était peut-être la peine de faire un petit examen de conscience.

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  • Le Belge // 21.12.2018 à 09h37

    Bonjour à toutes et à tous,
    Comme le disait, justement, Monsieur Emmanuel Todd dans l’émission de Monsieur Frédéric Taddéï sur RT, « Interdit d’Interdire », nous allons vivre des temps d’intense activité politique et l’année 2019 s’annonce comme particulièrement passionnante sur ce plan. Je ne sais pas de quoi l’an nouveau sera fait mais il apparaît, quand même, clairement, que le Peuple est de retour dans le champ politique comme l’a, déjà, démontré le Peuple Britannique avec le Brexit et le Peuple Américain en élisant Monsieur Donald Trump (même si le personnage a des travers). Il faut que le Peuple Français réinvestisse sa politique, puisse réévaluer son appartenance à l’Organisation de Bruxelles et à cette « monnaie » de singe qu »est l’euro. Nous aussi, nous devrons le faire en tant que Peuple Belge. Il s’avère aussi que le régime politique actuellement en vigueur en France depuis 1958 n’est plus tenable et qu’une nouvelle forme de gouvernement doit naître qui sera respectueuse de la dignité humaine et de la volonté populaire.
    Monsieur Berruyer, je ne sais comment vous remercier pour la création et la pérennisation de ce blog mais vous avez ma gratitude infinie pour ce que vous faite. Votre blog est mon journal du matin et me réjouie tous les jours.
    Peuples d’Europe, debout !
    Je vous souhaite, à toutes et tous, un très Joyeux Noël et une très Bonne Année 2019.

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    • Weston // 21.12.2018 à 14h45

      L’élection de Trump c’est la réaction des états-uniens aux mêmes problèmes que nous avons en France et dans le monde avec une caste prédatrice et destructrice. Mais comme le pays est largement plus violent que la France, les armes seraient sorties dès les premiers blessés graves, ce qui aurait sûrement tourné à la guerre civile.

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      • Glbert Gracile // 23.12.2018 à 19h11

        les américains sont encore plus rectifiés mentalement et culturellement que les français… Il suffit pas de gueuler et de tout casser pour faire une révolution, il faut aussi savoir s’organiser (et donc se hierarchiser) et proposer une alternative… Les Gilets-jaunes ont une excellente cote de sympathie, mais au fond peu de participation : ça devrait faire réfléchir.

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  • Gérard Couvert // 21.12.2018 à 10h57

    Bonjour, pour ceux qui n’auraient pas lu ces deux papiers ils apportent un éclairage dans la même ligne que celle évoquée par J. Sapir mais avec des sensibilités différentes :
    https://lesouverainiste.wordpress.com/2018/12/12/les-gilets-jaunes-une-quintessence-de-france/
    http://descartes-blog.fr/2018/12/16/les-gilets-jaunes-veulent-etre-representes/

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  • jean SEGUR // 21.12.2018 à 11h26

    Bonjour,

    Le bien commun enfoui dans les cœurs est le désespoir d’un peuple à l’égard de leurs espérances
    d’une vie bafoué.

    Proche d’un vide qu’ils côtoient qui voudrait les aspirer .

    Ils luttent le dos au mur de ce gouffre.

    C’est terrifiant de voir pour un homme de 76 ans , l’effondrement d’une nation en 40 ans ,
    après 2000 ans d’histoire.

    La lâcheté de ces classes politiques n’a d’égal que la monnaie qu’ils ont reçu des sacrifices d’un peuple.

      +19

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    • JBB // 21.12.2018 à 19h53

      En fait le déclin a commencé avec François Mitterrand.

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      • jean SEGUR // 21.12.2018 à 20h08

        Bonsoir,

        Bien avant, avec la sortie de l’OTAN sous de Gaulle.
        Dès cet instant les américains avec la complicité de l’Allemagne, ont décidé de faire
        payer à la France ce choix de liberté.
        Dès ces années les politiques n’ont rien compris à la partie à laquelle ils étaient invité.

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        • Glbert Gracile // 23.12.2018 à 19h13

          la défaite militaire de 1940 a signé la sortie de la France du club des nations souveraines… le reste n’est que littérature… On a vécu a crédit en cédant l’Empire colonial puis nos industries et notre économie aux américains… Et maintenant, il ne nous reste plus rien… C’est la fin de la fable.

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  • W // 21.12.2018 à 12h01

    Encore une fois Jacques Sapir est éblouissant dans ses analyses ! (j’adore).

    Et, je tiens aussi ici à remercier du fond du Coeur Olivier Berruyer pour le maintien de son blog que j’apprécie vraiment.

    Un grand bravo à vous deux, et bon Noël à tous !

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  • sam // 21.12.2018 à 12h40

    Monsieur Sapir, j’ai lu avec beaucoup d’intérêt… Je ne veux commenter qu’une petite partie de votre analyse, qui me concerne directement : « L’un des enjeux pour la suite du mouvement est de redonner vie à ces structures locales, réunissant TOUS les travailleurs, quelle que soit leur activité ou quel que soit leur statut. Les fédérations syndicales actuelles devraient prendre acte de ce changement et comprendre qu’elles doivent faire la place à ces formes d’organisations, qui ne se réclameront d’aucune organisation car des militants de toutes ces organisations, tout comme des militants inorganisés, pourront y participer. L’impact de ce mouvement se fera sentir dans le défi auquel les centrales syndicales seront confrontées. Elles devront y répondre ou disparaître. »
    Je fais partie d’une organisation syndicale (la CGT) qui maintient un fonctionnement à la fois « vertical » (fédérations + confédération) ET horizontal (900 unions locales sur le territoire. Unions locales où se croisent et militent ensemble des salariés de tous horizons, privé comme public, précaires ou pas, privés d’emploi, retraités, étudiants, lycéens…
    A ce titre je pense que notre expérience locale, assez inédite, dans un coin du département du Nord, pourrait vous intéresser. Bien avant le 17 novembre, collectivement, notre Union Locale votait son soutien et sa participation au mouvement. Depuis, nous avons participé à chaque action et contribué à organiser les « jaunes ». Et ceux-ci voient désormais dans notre organisation syndicale LOCALE un appui et un repère… Au point que plusieurs adhésions s’en sont suivies…
    Il me semble que cette expérience pourrait préfigurer certain avenir que votre texte envisage

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    • Glbert Gracile // 23.12.2018 à 19h20

      @ SAM

      malheureusement, votre témoignage ne colle pas avec le nouveau storytelling des intellos parisiens… il n’est plus question que de gilets-jaunes et de france-périphérique… Les intellos courent après l’actualité et la mode… Je trouve pour ma part que l’article (même si j’apprécie Monsieur Sapir par ailleurs) manque de pondération…
      Demain quand les gilets-jaunes rentreront chez eux en ayant obtenu on ne sait pas bien quoi, qui restera-t-il sur le terrain ?? Les syndicats et les partis…

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  • Bernadette // 21.12.2018 à 15h17

    Les giratoires où se regroupent les gilets jaunes sont des carrefours de communication tant pour les véhicules que pour les gilets jaunes. Ils arrêtent les véhicules et offrent des chocolats, diffusent des tracts rédigés par eux mêmes.C’est sympa….
    Les syndicats sont en perte de vitesse du certainement à un ordre moral interne dur que les salariés ne comprennent pas et de ce fait ne veulent pas s’investir.
    Les grandes grèves de 1995 ont duré 1 mois et les cheminots ont monopolise leur outil de travail. Ils ont surtout privé de transport la population rurale ou semi rurale.

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  • Bernadette // 21.12.2018 à 15h38

    Comme suite à mon message précédent j’oubliais de parler des cahiers de doléances qui doivent s’ouvrir dans toutes les municipalités du pays. Ces cahiers de doléances peuvent et doivent être très différents de ceux qui 1789 et doivent permettre une réponse à chaque citoyen.
    Le Maire et son conseil municipal représentent qu’eux mêmes dans la gestion de la commune. Le grand oublié c’est le peuple. Internet est un outil qui n’est pas à la portée du peuple.

      +3

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  • Marc Michel Bouchard // 21.12.2018 à 22h09

    Les Gilets jaunes dans le cadre des gens des périphéries poursuivent à leurs façons le renouveau d’un combat en Europe pour la démocratie et la prise en compte des peuples. J.Sapir est peut être par périodes trop optimiste? Ce qui apparait c’est que tout comme pendant les bouleversements révolutionnaires entre 1789 et 1870, il y a des décennies de rupture révolutionnaire et de changements radicaux et des périodes de restauration conservatrice ou réactionnaire qui difficilement s’avèrent durables. Sur une échelle d’actualité plus courte, plus modérée, il en va de même sur les hauts et les bas à chaque jour ou semaines sur les grands moments ou les défaites qui devraient être temporaires du mouvement de contestation contre le néolibéralisme et de l’U.E qui en est son expérience de laboratoire à visée totalitaire.

    Les GJ ont leurs hauts et auront leurs bas, devant la résistance du pouvoir face aux demandes. Les conditions des GJ sont ainsi toujours actives pour un vrai changement tout comme l’actualité européenne n’indique pas par un Brexit galvaudé par T.May que la majorité des Britanniques resteront plus ou moins mobilisés devant les turpitudes de leur classe politique. Tout comme le gouvernement italien ne devrait pas jouer le jeu en vrai de Bruxelles en 2019.
    Ici, un article vraiment intéressant sur une entrevue d’E.Todd sur la dernière actualité du 20 et 21 décembre. D’un site pourtant que je cible rarement.

    https://www.atlantico.fr/decryptage/3561820/emmanuel-todd–l-etat-ne-peut-pas-etre-incarne-par-un-enfant–or-emmanuel-macron-est-desormais-percu-comme-un-gamin-par-les-francais-emmanuel-todd

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    • Suzanne // 21.12.2018 à 23h10

      Oui, ces opinions de Todd sont discutées et entourées d’autres très intéressantes, en particulier d’une historienne de la Révolution, et de témoignages de Gilets Jaunes, dans l’émission du Média :
      https://www.youtube.com/watch?v=xzvP2lA1hBY
      Contrairement à nombre d’émissions que j’ai regardées sur le sujet, l’ambiance est extrêmement chaleureuse et sympathique, ça fait du bien!

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  • un sans dent // 21.12.2018 à 22h59

    faisons simple , a chaque reforme libérale du gouvernement
    appuyez sur le bouton jaune

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  • Charles-de // 22.12.2018 à 01h57

    « Tant va la cruche à l’eau qu’elle finit par casser ! »
    Nos « gouvernants n’ont cessé, depuis des décennies, de tirer sur la ficelle. Voilà qu’elle commence à craquer, et ils font les étonnés !
    Mais le plus étonnant n’est-il pas que le peuple maltraité, pillé et vilipendé ait mis si longtemps à commencer à se révolter ?

      +2

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  • Seraphim // 22.12.2018 à 04h07

    Je ne comprends pas tout ce pataquès autour du référendum consécutif à des pétitions (« initiative citoyenne » me semble du gloubi boulga à la socialiste, encore de ces formules bidon); ça se passe sans difficulté non pas seulement dans les cantons suisses pour savoir s’il faut faire passer les camions-poubelles après 8h, mais par exemple à Taïwan, pays de 20 millions d’habitants; sur une pétition de ~300000 signatures (=1,5% des électeurs), on peut lancer un référendum dont le résultat ne peut être bafoué. Le 24 novembre dernier, les Taiwanais, en une seule consultation ont répondu oui ou non à…10 référendums simultanés portant sur des questions très diverses dont:
    – le mariage homosexuel (rejeté)
    – la réduction de 1%/an de la production thermique d’électricité (accepté)
    – l’enseignement du genre à l’école…(rejeté)
    – le maintien de l’électricité nucléaire (approuvé): en fait plus précisément le rejet de l’arrêt du nucléaire imposé par le gouvernement, question qui pourrait être très française!
    – la participation aux compétitions internationales sous la bannière ‘Taïwan’;
    etc.
    On a fait converger en un jour des questions débattues sur des durées différentes, ça n’a presque rien coûté, et mis tout le monde d’accord.
    Taïwan serait-elle plus démocratique que la France?

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    • Glbert Gracile // 23.12.2018 à 19h35

      disons que Taïwan est une « démocratie dans le cadre de l’Empire américain »… mais c’est déjà pas mal…

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  • Bernadette // 22.12.2018 à 08h15

    Pourquoi les médias donnent ils les intentions de vote ? C’est anti démocratique. Melenchon avait déjà proposé de mettre les médias sous tutelle où en est cette proposition ?

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    • Antoine // 22.12.2018 à 17h33

      Ça changerait quoi selon vous, qu’on ne publie pas de résultats de sondages dans les médias ?
      Et mettre les médias « sous tutelle » (de qui ? de son illustre éminence Mélenchon lui-même ?), ce serait démocratique ?
      [modéré]

        +0

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      • PERO // 22.12.2018 à 20h37

        vous n’avez pas lu ou vous faites semblant. Le programme de la FI parle de mise sous tutelle des médias par la société civile,

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        • Antoine // 22.12.2018 à 20h50

          Et en quoi est-ce démocratique ? Qui décide quels sont les membres de la « société civile » qui exercent concrètement la tutelle ? Comment garantir le pluralisme avec un tel dispositif ?

          En fait, ce genre de proposition à la fois vague, extrêmiste et délirante illustre bien la médiocrité conceptuelle de la « gauche » contemporaine. À chaque nouvelle élection, il faut inventer de nouveaux gadgets pour se donner l’air inspiré et novateur : une fois c’est l’écosocialisme ou la règle verte, une autre c’est la tutelle des médias ou « l’insoumission ». C’est un fonctionnement qui tient plus de l’agence de com’ que du parti politique au sens traditionnel.

            +1

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  • Bernadette // 22.12.2018 à 16h26

    Il serait très bien et juste d’approfondir un peu mieux le calcul des indices publiés par l’INSEE.

    Joyeuses fêtes de fin d’année

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  • Antoine // 22.12.2018 à 17h42

    Le problème des prédictions de Jacques Sapir, c’est qu’il a tendance à prendre ses désirs pour des réalités. Ainsi, selon lui, la politique menée par le gouvernement allait inévitablement mener à un clash avec la Commission Européenne et à une sortie de l’Italie de la zone euro. Au lieu de cela, on voit que le gouvernement Lega – M5S a décidé de se coucher face aux exigences européennes, en reprenant à son compte la vulgate ordo-libérale sur les déficits (et, évidemment, un report de mesures importantes politiquement, au nom des déficits, équivaut à un abandon qui ne dit pas son nom, puisque le problème des déficits ne sera pas moins grand dans un an qu’aujourd’hui).

    De même, on se souvient que Jacques Sapir s’enthousiasmait pour le gouvernement Tsipras – Varoufakis et prédisait là aussi une conflagration dans l’issue serait forcément une décision grecque de sortir de la zone euro. On a vu ce qu’il en était.

    Plus près de nous, Jacques Sapir voyait la FI comme une sorte de mouvement souverainiste qui allait poser tôt ou tard la question cruciale de la sortie de l’euro. Encore une désillusion.

    Aujourd’hui, Jacques Sapir prédit que les Gilets Jaunes « vont poser de manière de plus en plus claire la question du rapport à l’Union européenne et à l’Euro ». J’imagine que ça fait du bien d’être optimiste, mais ça n’aide pas à observer lucidement la réalité.

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    • Glbert Gracile // 23.12.2018 à 19h38

      oui… il y a hélas du vrai dans ce que vous dites… même si je reste toujours ouvert aux bonnes nouvelles, force est de constater qu’il n’y a pas de vrai changement.

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  • Citoyen de base // 22.12.2018 à 19h31

    Le combat ne fait que commencer mais il faut bien en prendre la mesure: ce combat sera un combat à mort; à mort car il devra se conclure soit par la défaite de l’oligarchie qui a mis ses marionnettes aux commandes, soit par l’écrasement du peuple. Ils savent très bien en haut ce qu’ils risquent s’ils perdent leurs privilèges mafieux conférés par la confiscation de la démocratie. Et ils sont prêts à tout pour ne pas en arriver là.
    Il est donc à craindre que le sang coule et c’est probablement le but de ces psychopathes dégénérés qui jouent au billard à trois bandes. La violence légitime du peuple en colère leur est nécessaire pour promouvoir la loi martiale et mettre aux commandes un homme à poigne ayant éventuellement la confiance des militaires (Villiers?)
    Et pourtant aucune dictature ne peut tenir sur le long terme contre un peuple uni. Même l’URSS est tombée. Mais la route va être dure et longue. Courage!

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    • Glbert Gracile // 23.12.2018 à 19h44

      ben justement, vous devriez revisiter un peu votre opinion sur la « chute de l’URSS »… car concrètement, la plupart des républiques ex-soviétiques ont basculé dans le néant, après un véritable désastre humain (3 millions de morts et 10 millions de disparus dans les années 1990 -chiffre ONU). Prendez l’exemple de l’Ukraine, un des plus emblématiques : imaginez l’enthousiasme des « gilets-jaunes » ukrainiens en 1991, et leur sentiement 27 ans plus tard… Si ça peut vous aider à revisiter un peu l’histoire du 20ème siècle, de la démocratie bourgeoise, et de la signification réelle du « moment social-démocrate » à l’ouest après 1945…

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  • Citoyen de base // 22.12.2018 à 20h42

    Je rajouterai « Gloire à Etienne Chouard ». Il est au cœur du malaise exprimé par le mouvement (spontané!?) des gilets jaunes: j’ai nommé la perte du caractère démocratique de notre régime politique.
    Et même si d’autres intellectuels honnêtes, il y en a, ont bien cerné la sociologie de ce mouvement, le travail et les propositions d’Etienne Chouard sur la façon dont devrait fonctionner une démocratie représentative (oxymore!) sont fondamentaux. Le RIC notamment, doit rester au centre des revendications, sans possibilité pour les politiques d’en contrôler le contenu. Car sur le fond il s’agit bien pour nous, le peuple, de pouvoir les censurer quand ils vont trop loin.
    Ici un lien sur les différend systèmes de vote possibles: https://www.youtube.com/watch?v=ZoGH7d51bvc

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    • Glbert Gracile // 23.12.2018 à 19h48

      je ne comprends pas ce que vous appelez « la perte du caractère démocratique de notre régime »… à quel moment avons-nous été une démocratie ? La bourgeoisie n’a respecté le vote populaire qu’autant qu’il l’arrangeait elle-même… c’était cela la démocratie ? …la situation actuelle n’est pas une « trahison de la démocratie libérale », mais au contraire, la matérialisation naturelle de cette démocratie bourgeoise… Le « moment social-démocrate » à l’ouest après 1945 est simplement terminé…

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  • Louis Robert // 27.12.2018 à 19h42

    La force de ce mouvement citoyen de fond, éminemment démocratique, tient à son refus catégorique d’être attaché au pilori, encarcané, « encadré » par les institutions sociales et politiques traditionnelles qui, toutes, ont trahi, à commencer par celles dont la responsabilité première fut de défendre et de préserver la démocratie.

    À cet égard, le point de non-retour a été franchi. Le peuple a appris et continue d’apprendre. Voilà ce qui terrorise le Pouvoir, qui est tout pouvoir maintenant méprisé et requis de dégager dans les meilleurs délais afin de se mieux faire oublier. Un nouveau monde naît.

    À battre jour après jour les lames « bien nées », on en fait les meilleurs sabres, légendairement durs et flexibles…

    ________

    « La fabrication de la lame du katana »

    https://www.katanas-samurai.com/La-fabrication-d-un-katana-ccvaaaaaa.asp

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  • Orwelle // 28.12.2018 à 02h00

    L’homme à abattre ne serait-il pas plutôt Jean-Luc Mélenchon ? Jacques Sapir (à l’image de tant d’autres) fait comme si la France insoumise, son fonctionnement « horizontal » et son programme, ‘L’Avenir en commun’, n’existaient pas. Jacques Cotta, comme Etienne Chouard, mentent à propos de l’UE. JL Mélenchon n’a jamais écrit qu’il était opposé au Frexit mais que la sortie de l’UE se ferait en appliquant d’abord le plan A puis le plan B. Voir ces liens :
    https://melenchon.fr/2016/06/24/lunion-europeenne-on-change-on-quitte-lheure-plan-b-sonne-2017/
    https://melenchon.fr/2016/07/06/plan-b-cest-sortie-de-camisole-de-force-europeenne/

    Cette opposition forcenée et malhonnête, qui va des chiens de garde des médias au Parti communiste en passant par Politis, et qui dure depuis des années, me semble proprement scandaleuse, en particulier quand elle provient de personnalités qui se disent de gauche. Seraient-ils si malheureux, si la France n’était pas dirigée par des sociaux-libéraux ?

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    • Antoine // 29.12.2018 à 12h14

      L’avantage avec Jean-Luc Mélenchon, c’est que sur l’UE il change un peu de discours au gré du vent. Donc, on peut toujours trouver un texte où il semble flirter avec l’idée d’un Frexit (par exemple ce texte que vous mentionnez : « ma candidature pour l’élection présidentielle est celle de la sortie des traités européens »). Cependant, le discours dominant a toujours été celui du « poing sur la table », avec cette idée que si la France s’opposait aux dispositions européennes, elle serait assez forte à elle seule pour impulser un nouvel ordre européen totalement différent.

      Votre laïus sur les « chiens de garde » etc. est assez révélateur : chez la FI, on ne sait rien faire de mieux qu’incriminer quelques coupables désignés à l’avance (le PCF et les médias). Toute critique à l’adresse de la FI est forcément « forcenée et malhonnête ». C’était déjà le cas au PG, où on ne se privait pas de vitupérer contre le PCF au moindre désaccord, au lieu de chercher à régler ceux-ci calmement…

      Enfin, on notera le discours de la miss Manon Aubry, tête de liste de la FI aux Européennes :
      https://twitter.com/M_Aubry_/status/1074928615006068736

      Voilà : Manon Aubry pense que « L’Union Européenne telle qu’elle existe n’a pas tenu ses promesses de progrès social, de l »Europe sociale » de Delors, on nous a volé l’idée de l’Europe. Le plan A c’est renégocier tous ensemble pour tenir les promesses de l’Europe. Si ça ne marche pas, le plan B c’est d’avancer à pls avec les pays qui le souhaitent et désobéir aux dispositions qui posent pb. ».

      Aubry ne comprend pas que :
      1) il n’y a *jamais* eu, de la part de l’UE, de promesse d’Europe sociale, alors que l’architecture de l’UE est plutôt pensée pour le contraire (à savoir la mise en concurrence dans le moins-disant social). Ce n’est pas quelques « dispositions » qui posent problème mais les fondamentaux de l’UE.
      2) « désobéir » ce n’est pas comme dans une cour de récréation où on peut se permettre de fumer un joint en cachette. Si la France décide de « désobéir », pourquoi les autres pays continueraient-ils à obéir docilement, y compris aux dispositions que la France aimerait peut-être voir respectées ? Un traité, on peut le respecter ou bien le dénoncer clairement et proprement. Mais « désobéir » sélectivement à ce qui nous déplaît tout en continuant à exiger loyauté et bonne volonté de ses partenaires, c’est un fantasme de toute-puissance totalement infantile (d’autant que la France ne sera pas en position de force face à l’Allemagne et à ses alliés).

      En fait, on en est toujours au même point. « On nous a volé l’idée de l’Europe ». Le rapport à l’Europe reste, à gauche, désespérément irrationnel et sentimental. Les beaux discours maastrichtiens sur l’Europe sociale, la gauche n’en a toujours pas fait le deuil, pire : elle veut continuer à y croire et reprendre son bien qu’on lui a « volé ».

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