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24.août.201924.8.2019
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[RussEurope-en-Exil] Biarritz : qui se soucie encore du G-7 ? par Jacques Sapir

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Biarritz sera donc, à en croire les médias français, le centre du monde, à l’occasion du G7 de ce week-end (24 – 26 août). Un sommet qui est placé, officiellement, sous le signe des inégalités, mais qui évoquera aussi les sujets qui fâchent : de la taxe GAFA sur laquelle les Français et les Britanniques – pour une fois unis – s’opposent aux Américains, à l’environnement, en passant par le conflit commercial qui oppose les Etats-Unis à la Chine. Mais ce G-7 sera-t-il à la hauteur des enjeux ? On peut en douter. De plus, est-il vraiment le « club » des pays les plus riches et les plus puissants qu’il prétend être depuis le début en 1975, ou n’est-il pas déjà dépassé par d’autres institutions ?

Le G-7, ordre du jour officiel et officieux

La réunion du G-7 qui se tiendra donc à Biarritz, en état de siège, attire tant les journalistes que les « altermondialistes ». Officiellement, les décisions attendues concernent la réduction des inégalités, un sujet sur lequel on peut attendre beaucoup de belles paroles et très peu d’actes concrets. La question de l’environnement tout comme celle des négociations commerciales et du rôle du multilatéralisme, seront nécessairement évoquées. On sait que, sur ce point les opinions des Etats-Unis et des autres pays divergent de manières importantes. On peut aussi penser que certaines questions, qui ne sont pas explicitement à l’ordre du jour seront abordées : l’instrumentalisation des échanges en dollars à des fins politiques par les Etats-Unis est un problème majeur de même que les risques grandissants de récession et de crise mondiale.

Cette réunion du G-7 sera donc certainement l’occasion d’étaler certaines divergences. On peut penser à l’Iran, sujet sur lequel la France, l’Allemagne, mais aussi le Japon, sont en désaccord avec les Etats-Unis, mais aussi à la question des négociations commerciales. Les Etats-Unis ont clairement exprimé leur insatisfaction avec des négociations multilatérales. Les pays de l’Union européenne y sont, à tort ou à raison, plus attachés. La question de la présence des Etats-Unis au sein de l’OMC est donc posée ; il s’agit effectivement d’une question centrale. Donald Trump a clairement dit qu’il ne considérait plus les organisations multilatérales comme efficaces, du moins du point de vue des Etats-Unis. Cette question va figurer naturellement dans les discussions du G-7, et donc celle d’une possible réforme de l’OMC. Mais, la capacité de cette institution à se faire entendre de l’OMC est aujourd’hui bien plus réduite qu’elle ne l’était il y a dix ou quinze ans.

Enfin, la question des relations avec la Chine et du conflit commercial qui oppose les Etats-Unis à ce pays devrait être évoqué. Mais, là, une unanimité de façade pourrait être maintenue car, pour des raisons différentes, tout le monde s’accordera pour condamner par avance une intervention directe de Beijing dans la crise politique de Hong-Kong, même si ce sera avec beaucoup d’hypocrisie.

La « danse du ventre » d’Emmanuel Macron

Emmanuel Macron, qui se trouve être cette année le Président du G-7, est conscient que l’influence de ce dernier s’est beaucoup réduite depuis les dix dernières années. Rappelons que le G-7 est l’héritier lointain du G-5, qui avait été constitué pour tenter de coordonner les politiques monétaires des principales puissances occidentales à la suite de la dissolution en 1973 des accords de Bretton Woods. A l’origine, Il s’agit d’une idée du président Giscard d’Estaing (1974-1981). Le G7 a été chargé de coordonner les mouvements monétaires alors que les taux de change sont devenus flexibles. Appelé d’abord de façon informelle le G-5, puis provisoirement G6 lors de sa création officielle en 1975, et devenu ensuite le G-7 avec l’intégration du Canada en 1976, son influence s’est bientôt étendue à d’autres aspects de l’économie que les simples problèmes monétaires. Le G-7 a eu, à la fin du XXème siècle un rôle dominant dans l’économie mondiale. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Il est clairement distancé par les BRICS qui sont un forum rassemblant les pays émergents. L’expulsion de la Russie du G-8 en 2014, une expulsion qui est aujourd’hui regrettée tant par les dirigeants japonais et italiens que par Donald Trump a certainement aggravé son déclin. D’ailleurs, si on calcule en PPA, la part du G-7 dans le PIB mondial est aujourd’hui inférieure à celle des BRICS.

Graphique 1

Source: FMI

Il est évident que la proposition d’Emmanuel Macron d’inviter d’autres pays, comme l’Australie, l’Inde, l’Afrique du Sud et le Chili, correspond à la reconnaissance de cet état de fait. Mais, il faut ici noter que la Chine et de la Russie, dont le rôle est pourtant majeur, ne sont pas invitées. Cette invitation a donc a pour but de masquer la perte d’influence et de prestige du G-7 par rapport au G-20. C’est une proposition de pure forme, qui n’a pas d’autre but que de tenter de briser le front des pays émergents. Comme de nombreuses initiatives d’Emmanuel Macron, cette proposition sera certainement un échec politique.

G-7 ou G-20 ?

Il est clair aujourd’hui que tout club fermé des pays riches n’a plus aucune légitimité pour prendre voire simplement pour proposer des décisions à l’ensemble des pays émergents. Les Etats-Unis, eux, l’ont d’ailleurs compris qui veulent inviter à nouveau la Russie à participer au G-7. Mais il est peu probable que la Russie accepte. Elle sait très bien que le G-7 est une institution en fin de vie. Le G-7 est ainsi dépassé par les BRICS non seulement en pourcentage du PIB mondial, mais aussi en pourcentage des investissements fait dans le monde.

Graphique 2

Source: FMI

Cela traduit non seulement la montée en puissance des investissements chinois, indiens et russes, mais aussi le ralentissement importants des investissements faits dans les pays du G-7, qu’il s’agisse des investissements allemands ou américains. Là encore, on peut voir que, jusqu’en 2000, les pays du G-7 réalisaient environ 60% de l’investissement mondial. Le tournant date donc du XXIème siècle. Les pays émergents ont augmenté de manière importante leur part dans les investissements. Ils ont rattrapé les pays du G-7 en 2009, et ils les ont dépassé.

De fait, une comparaison du G-20 avec le G-7 montre bien que le premier a pris le pas sur le second. C’est donc le G-20 qui est devenu la véritable instance mondiale qui compte. Et cela se vérifie quand on compare le poids du G-7 à celui du G-20.

Graphique 3

Le G-20 pèse actuellement 73,6% du PIB mondial. Il associe le G-7, l’Union Européenne, les BRICS et d’autres grands pays émergents. C’est cet ensemble qui est le plus pertinent sur le plan économique.

Nous vivons donc la fin de l’occidentalisation du monde, une situation qui a correspondu de la fin du XVIIIème siècle à la fin du XXème siècle. Ceci doit être actée. C’est pourquoi, comme on l’a dit, la Russie ne tient pas particulièrement à revenir au G-7. Le centre de gravité de l’économie mondiale n’est plus l’océan atlantique. Il s’est déplacé en Asie avec la Chine, 2ème économie mondiale voire même ma 1ère si l’on calcule en Parité de Pouvoir d’Achat, et interlocutrice directe des Etats-Unis. Sans parler de l’Inde, qui elle aussi monte en puissance et pointe désormais à la 5ème place. C’est pourquoi la réunion du G-7 de Biarritz n’est plus en mesure de décider pour le monde, quoi que disent ou quoi que pensent les journalistes des grands médias français.

L’insignifiance du G-7

Les pays du G-7, depuis l’exemple du sommet qui s’était tenu au Canada en 2018, ont mesuré ce qu’il couterait d’étaler au grand jour leurs divergences. Dans le même temps, jamais ces dernières n’ont été aussi importantes, et surtout semblent aussi irrémédiables et irréconciliables. Alors, on ne peut exclure un échec ouvert. Mais, il est plus probable que les diplomates trouveront quelques belles formules creuses et ronflantes qui proclameront que le «club » fonctionne toujours quand bien même il est patent et reconnu que ce club est paralysé et, surtout, qu’il n’a plus l’importance qu’il pouvait avoir il y a 20 ans.

Commentaire recommandé

Duracuir // 24.08.2019 à 12h18

Au commencement, le G7 était le groupe des pays les plus riches du monde, époque bénie, pas si lointaine où l’Occident dirigeait la planète et où ces sept pays à eux seuls étaient là « Communauté internationale ». Puis, le Chine s’impose. Donc on parle des 7 démocraties les plus riches du monde. Montée de l’Inde, de la Russie et du Brésil. Le G7 ne répond alors à aucune définition. Ou plutôt si, les 7 pays les plus riches de l’Empire Américain.

38 réactions et commentaires

  • Duracuir // 24.08.2019 à 12h18

    Au commencement, le G7 était le groupe des pays les plus riches du monde, époque bénie, pas si lointaine où l’Occident dirigeait la planète et où ces sept pays à eux seuls étaient là « Communauté internationale ». Puis, le Chine s’impose. Donc on parle des 7 démocraties les plus riches du monde. Montée de l’Inde, de la Russie et du Brésil. Le G7 ne répond alors à aucune définition. Ou plutôt si, les 7 pays les plus riches de l’Empire Américain.

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    • Patrick // 24.08.2019 à 13h18

      7 démocraties les plus riches ? ou les plus endettées ?

      Les dirigeants du G7 ne sont plus d’accord sur rien , certains ( Conte, Merkel ) sont en fin de mandat , Boris Johnson a d’rautres chats à fouetter , Trump joue perso … on ne voit pas trop ce qui peut sortir de cette vaste fumisterie.
      Macron annonce qu’il veut lutter contre les feux de forêt en Amazonie … preuve qu’aucun sujet « réaliste » ne va être abordé

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      • Lustig // 25.08.2019 à 01h06

        la cavalerie financière a été inventée à partir des années 1970, afin d’éviter à l’Occident de subir la même stagnation (« brejnévienne ») que le Bloc Est… on en paye aujourd’hui le prix… en fait la dette occidentale est le prix décalé de la « victoire » de la Guerre Froide… (A part cela, il est clair que le G7 n’a plus de sens)

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      • jmdest62 // 25.08.2019 à 07h51

        En fait , avec Conte dégagé , Angela en partance , le G5 est de retour..
        @+

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    • Macarel // 24.08.2019 à 23h18

      C’est d’avoir réussi au delà de ses espérances que l’Occident est malade. En cinq siècle nous avons exporté notre modèle de développement au quatre coins du monde. Aujourd’hui ce modèle est presque unanimement adopté : pour le meilleur et pour le pire. Le pire si l’on pense à l’avenir de la planète comme il est coutume de dire, mais il s’agit en fait de celui de l’humanité.
      Et il est normal que les élèves finissent toujours par dépasser le maître. Aujourd’hui la Chine, par ailleurs ancienne puissance dominant l’économie mondiale, ne fait que retrouver sa place. L’Inde est dans le sillage, et d’autres qui constituent ensemble ce que l’on nomme les BRICS. Le grande faiblesse de l’Occident c’est d’avoir sous-estimé tous ces pays qu’il a au cours des siècles derniers plus ou moins colonisé. Et oui ! Aujourd’hui Trump enrage parce que les « niakoués » le tiennent « by the balls », mais ce sont bien nos « condottieres » affairistes qui ont délocalisé en Chine et ailleurs, ce ne sont pas les chinois qui sont venus démonter nos usines. Car il était de bon ton de penser que ces « niakoués » se cantonneraient à des fonction d’exécution, mais c’était mal les connaître, et aujourd’hui ils nous dament le pion dans bien des domaines, et tout d’un coup l’on ne supporte plus la concurrence. Concurrence pourtant au coeur de notre monde néo-libéral, il est vrai que Trump a été élu par les perdants de ce jeu de dupes. Le G7 ce n’est plus que l’occasion de faire de bon gueuletons entre représentants de population perdantes d’une mondialisation pas si heureuse que cela de leur point de vue.

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      • Lustig // 25.08.2019 à 01h13

        les chinois avaient l’habitude de dire ceci il y a 20 ans à leurs visiteurs occidentaux : « nous sommes aussi intelligents que vous, mais nous travaillons plus »… Trump a certes du « talent » pour jouer les matamores, mais depuis 3 ans sa politique ne donne pas grand chose… et puis si les USA sont repartis en guerre (commerciale) contre la Chine, ce n’est pas de leur initiative, mais contraints et forcés…

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      • lon // 25.08.2019 à 14h45

        Pfff , l’arrogance et la suffisance occidentale … je me rappelle de mes années d’école primaire et les discours définitifs des instituteurs sur les japonais,  » tout juste capables d’imiter ce qu’on fait  » , les chinois cruels et barbares, les noirs sympathiques mais pas foutus de produire des mathématiciens , sans compter des russes dont on se demande comment ils arrivent à conduire des chars ( propos tenus lors de l’invasion de la Tchécoslovquie en 68 ….)
        Cette suffisance occidentalo-anthropocentrée s’étend au cosmos entier, où la possibilité de civilisations équivalentes à la nôtre sont le pur fantasme d’esprits enfiévrés abuseurs de substances diverses .

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  • Patrick // 24.08.2019 à 13h19

    la prochaine purge va prendre la forme d’une crise financière et économique dévastatrice , ça risque même de purger bien au-delà du G7

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  • Le Minotaure // 24.08.2019 à 13h26

    Ce serait pas mal de calculer la part du G7 en PIB nominal (non PPA), ça relativiserait les propos de JS.

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    • Shock // 24.08.2019 à 13h52

      Et le calcul du nombre d’habitants en nombre nominal, ça donne quoi? Là aussi, ça relativiserait?

      Et une démocratie mondiale avec un habitant = une voix, ça donnerait quoi?

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    • Sapir // 24.08.2019 à 15h27

      Et comment faites vous pour les comparaisons?
      Je suis d’accord que le PIB réel (et non nominal) est le bon instrument pour 1 pays.
      Mais, dès que l’on est en comparaison internationale, avec des pays aux structures éco et soc. très différentes, et avec les problèmes de Tx de change, la comparaison NE PEUT plus être faite en PIB nominal ou réel, sans passer par un instrument comme la PPP

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      • Le Minotaure // 24.08.2019 à 18h11

        La PPA est clairement un outil supérieur quand on compare les PIB/hab des différents pays. C’est beaucoup plus problématique quand on cherche à comparer les puissances des différents pays. Les différences de pouvoir d’achat expriment aussi en partie un rapport de puissance.

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        • Lustig // 25.08.2019 à 01h17

          en tous cas, comme dit Raffarin : « à l’époque où j’étais premier ministre, la France avait un PIB 2x supéreur à celui de la Chine… et aujourd’hui il est 4x inférieur »… donc en 15 ans, il s’est quand même passé quelque chose

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          • Le Minotaure // 25.08.2019 à 15h31

            Qui a dit qu’il ne s’est rien passé ? 😉

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    • yann // 24.08.2019 à 18h18

      Un PIB qui est statistiquement gonflé par les importations et les déficits commerciaux qui vont avec? Sans parler du régime des changes flottants où certains pays comme la Chine sous-évalue largement leurs monnaies pour favoriser leur production, le PIB n’est pas comparable à l’international. Depuis l’effondrement du système de Bretton-Woods comparer les PIB n’a plus vraiment de sens, mais ça fait cool sur le papier. Les USA et l’UE pèsent en réalité beaucoup moins qu’ils ne le prétendent et ce depuis longtemps.

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    • Fritz // 24.08.2019 à 18h48

      Le PIB : quelle idole de papier… Il y a vingt ans, on parlait de PNB (produit national brut), mais maintenant, on ne jure plus que par le PIB, même au niveau planétaire (« le PIB mondial » ou produit intérieur brut mondial), ce qui laisse entre qu’il existe un PEB (produit extra-terrestre brut).ou même un PBAD (produit brut de l’au-delà).

      Dan l’Illusion économique (1997), Emmanuel Todd ironisait sur le mirage du PNB, qui comprenait des chiffres fort peu productifs comme les honoraires des avocats américains, et sur les manipulations du PNB/PPA, uniquement destinées à remettre les States en tête devant the rest of the World.

      Quant au gé… géquoi, quel intérêt ? Le groupe autoproclamé des pays les plus riches ? Les 7 provinces friquées de l’Empire américain ? Le gros boss et les petites frappes ?

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    • James Whitney // 24.08.2019 à 19h53

      Michael Hudson dans « Killling the Host » donne un exemple de comment marche un PIB.

      Si tu es PDG d’une entreprise qui vaut 20 milliards sur le marché, et si ton entreprise achète sur le marché un nombre important de ses propres actions, et ça fait monter le prix de l’action disons 20%, la « valeur » de ta boîte devient désormais 24 milliards.

      Et le PIB monte 4 milliards. Mais l’économie réelle ne change pas du tout, à moins que tu considères en tant que PDG que tu vas ensuite toucher une grosse somme. Peut être cela te permettra d’acheter un petit pays ou un bon nombre de filles en bas âge.

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    • Madake // 25.08.2019 à 01h11

      Wikipedia donne 45% en 2017, et ça a dû baisser depuis, avec le poids croissant de la Chine et de l’inde

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    • francois brigouleix // 26.08.2019 à 16h28

      Vous avez raison, et c’est un peu là l’erreur des propos de J.S. par ailleurs homme sympathique. Un pib ppa permet de relativiser ce qu’un français peut s’offrir avec 100 euros comparé a ce que cela représente pour un indien. En revanche vous ne paierez pas votre pétrole, vos rafales, votre téléphone, votre électricité, ou votre nourriture lorsque celle-ci provient d’un pays étranger en « monnaie PPA » ….. bref ce n’a en aucun cas une valeur de comparaison de puissance internationale.

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  • Shock // 24.08.2019 à 13h41

    Comme le montrent les chiffres proposés par JS (source FMI!), le monde est en train de changer de base, ce qui est inacceptable pour ceux qui visent l’hégémonie (et leurs larbins) et qui ont cru que c’était arrivé avec la dislocation de l’URSS.

    Mais voilà, comme Zorro, un empêcheur d’exploiter et de dominer en rond est arrivé.. héhé, Poutine est arrivé et a refusé que les ressources de la Russie engraissent les multinationales US… et a réarmé efficacement. Nous sommes de retour dans les années cinquante.

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    • Duracuir // 24.08.2019 à 14h15

      Sauf que dans les années 50, c’est un système qui animait la politique extérieure de l’URSS. La politique Russe ne dépend là que d’un seul homme.
      Les stratèges impériaux ont donc décidé de maintenir la pression sur la Russie en attendant qu’il passe la main d’une manière ou d’une autre. Alors ils espèrent que la division jouera à plein et qu’ils pourront mettre à nouveau leurs marionnettes aux manœuvres du grand dépeçage. Et n’en doutez pas, cette fois ci, ils ne commettrons pas l’imprudence de laisser la Russie dans son intégralité territoriale. Il la feront exploser en plusieurs entités, si possible antagonistes.
      Ainsi ils pourront aussi mettre des bases militaires au plus près des frontières chinoises nord et est.
      Regardez la France, de Gaulle à peine parti on transfert la dette de l’état au privé. A peine mort, on fait entrer le RU dans la communauté européenne. 20 ans à peine après sa mort, on suit les USA comme des caniches en Irak et on leur donne tous les codes de désactivation des armes qu’on a vendu à Saddam. 35 ans et on réintégre le commandement unifié de l’OTAN. 40 ans et on pilote carrément une agression de la Libye pour le compte d’une partie seulement de l’état profond US en désaccord avec le président US en exercice. 43 ans et on se couche en refusant de vendre aux Russes des vaisseaux payés pour des raisons fictives.
      Mais avec la Russie, ça ira beaucoup plus vite.

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      • Lustig // 25.08.2019 à 01h28

        je ne sais pas jusqu’à quel point Poutine est vraiment « seul »… il représente à mon avis le/un réseau de l’état profond russe, issu du KGB… il ne tiendrait pas « tout seul » depuis 20 ans… mais effectivement, on se demande comment ça se passera après… d’autant que si Poutine a enrayé la catastrophe, les fondamentaux de la Russie restent quand même pessimistes.

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    • Louis Robert // 24.08.2019 à 14h32

      « Nous sommes de retour dans les années cinquante. »?

      Plutôt en route, à marches forcées, vers les années 50 du XXIème siècle asiatique… Aventure passionnante, sans précédent dans l’histoire de l’humanité.

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      • Lustig // 25.08.2019 à 01h31

        ce qui est déprimant surtout, c’est l’absence totale d’identité de la France… aussi bien dans les classes dirigeantes que dans les classes contestataires… parce-que la décadence pourrait avoir au moins du charme si on avait de la culture et du raffinement… mais là, on est juste un ramassis d’américanisés sans saveur, qui n’ont même plus les moyens de se payer leur plastique…. vraiment pathétique…

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        • Louis Robert // 25.08.2019 à 13h30

          La décadence de la France ne fait que confirmer la justesse de l’affirmation d’un de Gaulle: « la vieillesse est un naufrage ».

          Le charme de la vieillesse tient le plus souvent au sens de la grandeur et à une vision d’avenir, qui peut être et fut, jadis, exemple impérissable, «une certaine idée de la France ».

          La France ne croit plus en elle-même, n’est même plus l’ombre de ce qu’elle fut, ignorant même, clone risible de l’Empire, ce qu’elle est devenue. Si seulement elle renonçait un instant au franglais, ce reste de charme fugitif nous rendrait, à tout le moins, un brin nostalgiques.

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          • Chris // 25.08.2019 à 14h34

            En un mot : la France est devenue européenne, grâce à l’aréopage de ses hauts fonctionnaires et industriels apatrides !

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  • Louis Robert // 24.08.2019 à 14h14

    « Nous vivons donc la fin de l’occidentalisation du monde, une situation qui a correspondu de la fin du XVIIIème siècle à la fin du XXème siècle. Ceci doit être acté. C’est pourquoi, comme on l’a dit, la Russie ne tient pas particulièrement à revenir au G-7. Le centre de gravité de l’économie mondiale n’est plus l’océan atlantique. Il s’est déplacé en Asie avec la Chine… 1ère économie mondiale si l’on calcule en Parité de Pouvoir d’Achat… Sans parler de l’Inde, qui elle aussi monte en puissance et pointe désormais à la 5ème place. »

    *

    Voilà pourquoi l’hostilité hargneuse de l’Empire en déclin (US, UE, OTAN, etc.) envers ses concurrents n’est plus de mise. Il lui faudra vivre avec plus grand que lui. Les jeux sont faits, les tendances lourdes. La partie n’est pas, ne sera jamais le tout. Inéluctablement, l’humanité tout entière s’est levée, massivement s’affirme et, montante, a pris son essor. L’avenir sera asiatique. Dans notre propre intérêt, il est plus que temps de nous en rendre compte, de cesser de bouder et de geindre, d’en prendre notre parti et d’agir en conséquence.

    Exceptionnellement pertinents, fascinants même de créativité ainsi que de renouvellement intellectuel et géopolitique, de Parag Khanna:

    1. « The Future Is Asian » — Simon & Schuster, February 5, 2019.

    2. « Connectography: Mapping the Future of Global Civilization », New York: Random House, 2016.

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    • Kiwixar // 24.08.2019 à 17h05

      « ’l’avenir sera asiatique »

      La roue de l’histoire tourne tout le temps. La 1ere puissance mondiale a failli être le Japon, et puis non, maintenant ça va être la Chine mais pour combien de temps? Gros problème énergétique (passé le pic charbon), gros gros problème démographique, modèle « export » qui va pâtir de la fin de la mondialisation, gros problèmes alimentaires avec des terres et des cours d’eau hyper hyper pollués, des zones « chaudes » avec la Corée du Nord et Taïwan.

      1ers en pib, ou en ppa, ou en ppm de produits toxiques dans le sol… vanité, tout n’est que vanité, et les riches Chinois ont tous un 2eme passeport et leurs mômes à l’étranger. Des millions d’années d’évolution, des merveilles techniques, scientifiques et artistiques, et on en est à faire les cakes à qui pissera le plus loin.

      La preuve que les ET intelligents existent, c’est qu’ils ne viennent pas nous voir.

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      • Louis Robert // 24.08.2019 à 23h08

        Bonsoir, Kiwixar.

        1. Dire que l’avenir est Asiatique ce N’EST PAS dire qu’il est chinois. C’est autrement complexe et englobant!… Mais c’est dire qu’il est et sera AUSSI, par le fait même d’être asiatique, chinois. Nuance. C’est cependant laisser entendre qu’il ne sera pas occidental, surtout pas occidental über alles…

        2. Je ne crois pas que l’empire nippon ait failli être la première puissance mondiale, non plus que le Japon d’après guerre. Je doute fort que l’on puisse, en faculté, soutenir une thèse de qualité, et recevable, à cet effet.

        3. Le scepticisme de l’Occident à leur égard amuse beaucoup les Chinois. Depuis 1949, c’est quotidiennement que l’Occident a prédit, démonstrations « savantes » répétées à l’appui, l’effondrement de la Chine. Moqueurs, tout comme Éric X. Li à Oxford (1), ils s’amusent donc énormément devant le désarroi de l’Occident suite à la montée fulgurante de la Chine, sans précédent du reste dans l’histoire de l’humanité, voire déterminante, selon l’ONU, dans l’atteinte par celle-ci de ses « Objectifs du Millénaire».

        Soyons patients comme la Chine sait l’être. L’avenir aura soin de nous instruire.

        __________

        (1) « Democracy is Failing | Eric X Li | Oxford Union »

        https://m.youtube.com/watch?v=9kqwMKyBvLc

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        • Lustig // 25.08.2019 à 01h37

          « Le scepticisme de l’Occident à leur égard amuse beaucoup les Chinois. Depuis 1949, c’est quotidiennement que l’Occident a prédit, démonstrations « savantes » répétées à l’appui, l’effondrement de la Chine. »… entièrement d’accord !!!

          l’avenir est en Asie… les USA conserveront une/leur place… le vrai effondrement concerne l’Europe… nous, quoi… et là c’est vraiment pas jojo… la France de 2050 elle aura une drôle d’allure… ça donne presqu’envie de partir en voyage, tellement ça sert à rien de voir ça… Si encore on pouvait avoir une décadence raffinée et culturelle… mais en plus on est devenu un agglomérat d’américanisés… américanisés ET appauvris, les deux ensemble ça fait vraiment pas sexy

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          • Louis Robert // 25.08.2019 à 13h41

            Il faut oser « partir en voyage »… Nombreux sont les Français qui l’ont fait, notamment vers l’Asie, et même la Chine… qui ne sont pas revenus.

            Il suffit d’oser.

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            • Yannis // 26.08.2019 à 13h04

              Il suffit d’oser voyager pour se rendre compte que l’avenir du monde ne se trouve pas uniquement en Chine ou en Ouzbékistan. Cet argument « le plus gros/le plus puissant économiquement, financièrement et militairement/le meilleur » et assez lassant sur les fils de commentaire de ce site. Comme quoi la fascination du chef ou du pouvoir, la focalisation sur les combats de titans ne donnent que peu d’écumes et vagues nouvelles, à défaut de nouvelles vagues…

              L’Afrique, l’Amérique latine : ces deux continents peuvent paraitre un peu chaotiques pour les froids comptables, mais tellement vivifiants également d’un poit de vue culturel, philosophique (qui parle encore des grands philosophes chinois par ici?) et même économique, mais il faut dépasser la meta-macro(Macron)-économie et revenir à des réalités plus locales.

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    • Philippe, le belge // 24.08.2019 à 23h24

      à moins que…
      A moins que l’occident ne pratique la fuite en avant! Les USA restent la principale puissance militaire et avec un Trump au pouvoir…
      A côté de la lutte pour l’équité et contre le réchauffement climatique, celle pour la Paix reste plus que jamais d’actualité

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      • Lustig // 25.08.2019 à 01h50

        oui, la fuite en avant… l’occident pratique déjà la cavalerie financière depuis les années 1970, pour éviter de connaitre la fatale stagnation (comme l’URSS de Brejnev, qui n’a pas su inventer les outils financiers pour pallier).

        Certes (je pense comme vous) les USA restent la puissance militaire… mais ce n’est plus une guerre « jeune » d’accaparement des richesses de l’autre, mais une guerre « vieillissante » contre les successeurs… Derrière l’allant certes charismatique de Trump, il y a quelque chose de désespéré… les USA n’avaient pas prévu que la Chine les détrône, comme ça, en 15 ans, et que en plus ils restent souverains… On finit par oublier cela !

        Par ailleurs, les vassaux de l’empire se disloquent… la débandade de l’Europe n’est pas une bonne nouvelle pour la puissance américaine… on était des vassaux, mais des vassaux puissants et fidèles… ça donnait un poids énorme au bloc américain. La France est dépressive, l’Allemagne vieillissante et infidèle, l’Italie, l’Espagne, le Portugal et la Grèce ont signé pour les Routes de la Soie, et l’Angleterre se noie dans un verre d’eau. Dans les pays de l’ancien tiers-monde, partout la Chine s’implante au détriment des occidentaux… Enfin, en Asie de l’Est, les USA peinent à maintenir le Japon, la Corée du Sud et Taïwan en « ordre de bataille », car la tutelle américaine commence à lasser… surtout depuis qu’ils commercent avec la Chine nouvelle…

        Donc, dans ce contexte, une guerre (commerciale) a des objectifs flous, lointains et peu rentables… ce n’est pas très bon signe à la base…

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      • Grd-mère Michelle // 25.08.2019 à 14h44

        A CÔTÉ DE LA LUTTE POUR L’ÉQUITÉ ET CONTRE LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE, CELLE POUR LA PAIX RESTE PLUS QUE JAMAIS D’ACTUALITÉ.
        Enfin une parole sensée dans ce débat!
        Je suis consternée de lire l’acceptation générale de la notion de « dirigeants » (et, devrait-on dire aussi, de « dirigeantes » car, depuis les avancées de la reconnaissance de l’égalité des genres, les femmes ne sont plus exonérées de la folle volonté de puissance).
        En effet, alors que nous élisons et que nous payons des gens pour nous représenter dans des gouvernements chargés de gérer au mieux notre vie commune, présente et à venir, non seulement nous leur confions le gouvernail, mais nous les laissons décider de la direction à prendre pour éviter, première nécessité, de foncer dans un iceberg… ou dans le mur, comme le chantent nos jeunes dans les rues de nos cités congestionnées.
        Alors que nous existons et fonctionnons dans un système politique de démocratie parlementaire, il est courant de critiquer le « système capitaliste », économique par essence: ce qui explique la confusion extrême qui règne dans toutes les analyses, et prouve la soumission du monde politique(ainsi que des intellectuel-le-s formé-e-s dans des « universités », si peu universelles, en compétition permanente, et qui en vivent) au monde économique dominant.

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  • Amourdésamour // 24.08.2019 à 15h00

     » l’instrumentalisation des échanges en dollars à des fins politiques par les Etats-Unis est un problème majeur de même que les risques grandissants de récession et de crise mondiale » Vous pourriez peut-être retracer pourquoi c’est faite dans les années 197, la dérégulation financière – sous Nixon – qui a fait du dollars la monnaie dominante et des accords de la Jamaïque signés en 1976. Accords qui mettaient fin au rôle de l’or comme monnaie internationale de réserve et qui fut signé – avec enthousiasme – par Valérie Giscard d’Estaing. Par naïveté ? (pro-européen atlantiste). Par incompétence? (intérêt égoïste) … Bref, il permis en signant l’accord Jamaïque de permettre à un Etat (devinez lequel ?) de dominé d’autres Etats et de soumettre leurs économies à une puissante dominante (devinez laquelle ?). Les années 1970 c’était… Hier. Dans quel bourbier sommes nous aujourd’hui ? Merci pour votre éclairage !

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  • charles // 25.08.2019 à 09h26

    > Emmanuel Macron, qui se trouve être cette année le Président du G-7, est conscient que l’influence de ce dernier s’est beaucoup réduite depuis les dix dernières années.

    je ne peux que m’interroger à savoir ce qu’il passe dans son cerveau, car de tout le temps qu’il a passé au pouvoir, il n’a fait que scié la branche sur laquelle il est assise et qui lui confère le pouvoir dont il se croit investit.

    Si ce mr était empreint d’un désir mégalo, il ferait fleurir plutôt que de détruire le pays. Si il était seulement concerné par l’état du monde il en ferait de même pour pouvoir peser dans ces réunions et imposer sa volonté.

    Pour l’heure, la question étant peu pertinente au fond, je me contente de penser qu’il n’est que perroquet du dogme, un écho des mantras, le dernier maillon d’un téléphone arabe.

    certains anciens dirigeants du monde avec un palmarès de méfaits des plus odieux, ont, malgré tout, eu plus de vision et d’intelligence que celui ci.

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  • charles // 25.08.2019 à 09h49

    J’entendais l’autre jour que le G-machin existait depuis 44 ans. Pour en arriver où nous en sommes, une situation qui ne cesse de désespérer.

    Alors tant bien même ses pays membres seraient sur le papier les plus-capable, maintenant que le monde a quitté son maximum éco-sociétal, que pourrions nous espérer de ceci dans un monde qui se contracte à vu d’œil.

    Le bon sens voudrait que l’on dépense son énergie et ses capacités à d’autres activités plus fructueuses que cette débauche d’apparat et de gras du bide au service de la propagande d’un état en voie de dictatorialisation flagrante.

    Le plus révélateur est que tout cela ce passe durant les commémorations de libérations et autres rappels à de grandes idées. La communication tourne à fond pour tenter d’insuffler la bonne-pensée. Le pouvoir à droite, les valeurs à gauche. Dans les deux cas le bonhomme est flétrit à en mourir.

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