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15.septembre.201815.9.2018 // Les Crises

Le mensonge permanent, la plus grave des menaces. Par Chris Hedges

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Source : Truthdig, Chris Hedges, 17-12-2017

Mr. Fish / Truthdig

Le danger le plus préoccupant auquel nous sommes exposés n’est pas la fin de la liberté d’expression suite à la fin de la neutralité de l’Internet ou à cause des algorithmes de Google, qui détournent les internautes des sites contestataires, de gauche, progressistes ou antimilitaristes. Ce n’est pas un projet de loi fiscale qui renoncerait à toute recherche d’équité fiscale afin d’enrichir les entreprises et les oligarques et préparerait le démantèlement de programmes tels que la Sécurité sociale. Ce n’est pas l’accès aux terrains publics accordé aux industries des secteurs minier et des énergies fossiles, ni l’accélération de la dégradation de l’environnement suite à l’attaque contre les protections réglementaires ni la destruction de l’enseignement public. Ce n’est pas le gaspillage de l’argent de l’État au profit d’une armée pléthorique alors que le pays est en train de se délabrer, ni la mobilisation des forces de l’ordre pour criminaliser la contestation.

La menace la plus inquiétante à laquelle nous devons faire face est la paralysie et la déconstruction d’institutions comme les tribunaux, les universités, les instances législatives, les organisations culturelles et la presse qui, par le passé, permettaient que le débat public soit enraciné dans la réalité, basé sur les faits, nous aidaient à distinguer le mensonge de la vérité et, en cela, contribuaient à maintenir une certaine équité.

Donald Trump et le Parti républicain d’aujourd’hui représentent l’avènement de la « corporatocratie ». Le pillage et l’oppression sont justifiés par le mensonge permanent. Le mensonge permanent est différent des faussetés et des demi-vérités prononcés par des politiciens comme Bill Clinton, George W. Bush et Barack Obama. Le mensonge politique habituel que ces politiciens employaient n’a pas été inventé pour faire disparaître la réalité. C’était une forme de manipulation. Clinton, lorsqu’il a signé l’Accord de libre-échange nord-américain, a promis que « l’ALENA signifie des emplois, des emplois aux États-Unis et bien rémunérés ». George W. Bush a justifié l’invasion de l’Irak parce que Saddam Hussein était censé posséder des armes de destruction massive. Mais Clinton n’a pas continué à prétendre que l’ALENA était bénéfique à la classe ouvrière quand la réalité prouvait le contraire. Bush n’a pas prétendu que l’Irak avait des armes de destruction massive bien qu’elles n’aient pas été trouvées.

Le mensonge permanent n’est pas encadré par la réalité. Il se perpétue même quand des faits avérés le contredisent. Il est irrationnel. Ceux qui parlent le langage de la vérité et des faits sont attaqués en tant que menteurs, traîtres et colporteurs de « fausses nouvelles ». Ils sont bannis de la sphère publique une fois que les élites totalitaires acquièrent un pouvoir suffisant, un pouvoir qui leur est maintenant accordé avec la fin de la neutralité du net. Ceux qui s’engagent dans le mensonge permanent, en refusant catégoriquement de regarder la réalité en face, aussi évidente soit-elle, créent une psychose collective.

« Substituer constamment et complètement la réalité par le mensonge n’a pas pour conséquence de faire passer le mensonge pour la vérité, ni de calomnier la vérité en la faisant passer pour du mensonge, mais de détruire les sens auxquels nous faisons appel pour nous repérer dans le monde réel, en particulier le processus cognitif de distinction du vrai et du faux », écrit Hannah Arendt dans The Origins of Totalitarianism » [Les origines du totalitarisme, NdT].

Le mensonge permanent transforme le discours politique en scène théâtrale absurde. Donald Trump, qui ment sur le nombre de participants au bain de foule lors de sa prise de fonction malgré les preuves photographiques, assure qu’en ce qui concerne ses finances personnelles, il va « tout perdre » suite à un projet de loi fiscale qui, en fait, fera économiser plus d’un milliard de dollars à lui et à ses héritiers. Le Secrétaire au Trésor Steven Mnuchin prétend disposer d’un rapport prouvant que les réductions d’impôt se compenseront d’elles-mêmes et n’augmenteront pas le déficit. Le sénateur John Cornyn nous assure, contre toute évidence matérielle, « qu’il ne s’agit pas d’un projet de loi visant principalement à profiter aux riches et aux grandes entreprises ».

Entre-temps, un million d’hectares de terrains publics sont confiés aux industries minières et des combustibles fossiles, et Trump insiste sur le fait que le transfert signifie que « les terrains publics seront de nouveau à usage public ». Lorsque les écologistes dénoncent ce transfert comme étant du vol, le représentant Rob Bishop qualifie leurs critiques « d’arguments fallacieux ».

Ajit Pai, le président de la FCC [Commission Fédérale des Communications, NdT], après avoir mis fin à la neutralité du web, tuant ainsi la liberté d’expression sur Internet, déclare : « Il s’avère que ceux qui ont annoncé la fin de l’Internet tel que nous le connaissons ont eu tort. […] Nous avons un Internet gratuit et qui progresse ». Et aux Centers for Disease Control and Prevention [Centres pour le contrôle et la prévention des maladies, qui dépendent de l’agence de protection de la santé publique aux USA, NdT], des expressions telles que « evidence-based » [basé sur des faits avérés] et « science-based » [basé sur des connaissances scientifiques] sont bannies.

Le mensonge permanent est l’apothéose du totalitarisme. Ce qui est vrai n’a plus d’importance. Ce qui compte, c’est ce qui est « convenable». Les tribunaux fédéraux sont truffés de juges stupides et incompétents qui servent l’idéologie entrepreneuriale « convenable » et les mœurs sociales rigides de la droite chrétienne. Ils méprisent la réalité, y compris la science et la primauté du Droit. Ils cherchent à bannir ceux qui vivent dans un monde réel défini par l’autonomie intellectuelle et éthique. Le régime totalitaire récompense toujours la brutalité et la stupidité. Ces idiots au pouvoir n’ont pas de philosophie ni d’objectifs politiques authentiques. Ils utilisent des clichés et des slogans, dont la plupart sont absurdes et contradictoires, pour justifier leur avidité et leur soif de pouvoir. C’est aussi vrai pour la droite chrétienne, qui comble le vide idéologique de l’administration Trump, que pour l’oligarchie qui prêche le néolibéralisme et la mondialisation. La convergence entre le pouvoir économique et la droite chrétienne est le mariage de Godzilla et de Frankenstein.

« Les personnalités politiques vénales n’ont même pas besoin d’appréhender les conséquences sociales et politiques de leurs actes », a écrit le psychiatre Joost A.M. Meerloo dans The Rape of the Mind : The Psychology of Thought Control, Menticide, and Brainwashing [Le viol de l’esprit : La psychologie du contrôle et de l’anéantissement de la pensée, et du lavage de cerveau, NdT] ». « Ils trouvent des limites non pas dans des convictions idéologiques, bien qu’ils soient prêts à tout pour se convaincre eux-mêmes du contraire, mais parce qu’ils se mentent sur leur propre personnalité. Ils ne sont pas animés par le prétendu désir de servir leur pays ou l’humanité, mais plutôt par un besoin compulsif et irrépressible de satisfaire les exigences de leurs troubles de la personnalité. Les idéologies qu’ils véhiculent ne sont pas vraiment ce qu’ils recherchent ; elles sont les dispositifs cyniques par lesquels ces hommes malades espèrent se réaliser selon des notions personnelles de mérite et de pouvoir. Se mentant subtilement à eux-mêmes, ils succombent à la tentation et vont de mal en pis. Déni défensif, mise en sommeil de la clairvoyance et de l’empathie, l’esprit dispose de nombreux mécanismes de défense pour aveugler la conscience ».

Lorsque la réalité est remplacée par les caprices de l’opinion et de l’opportunisme, ce qui est vrai un jour devient souvent faux le lendemain. On se débarrasse de la cohérence. La complexité, la nuance, la profondeur et le recul sont remplacés par la croyance du naïf dans les menaces et dans la force. C’est pourquoi l’administration Trump dédaigne la diplomatie et dynamite le département d’État [équivalent du Ministère des Affaires étrangères aux USA, NdT]. Le cœur du totalitarisme, a écrit le romancier et critique social Thomas Mann, est son désir d’un conte populaire simple. Une fois que ce récit populaire remplace la réalité, il n’y a plus de place pour la morale ni pour l’éthique.

« Ceux qui peuvent vous faire croire à des absurdités peuvent vous faire commettre des atrocités », a averti Voltaire.

Les élites entrepreneuriales, qui, même dans les meilleurs moments, brouillaient les cartes contre les gens de couleur, les pauvres et la classe ouvrière, ne respectent plus aucune règle. Leurs lobbyistes, politiciens à la botte, universitaires serviables, juges corrompus et célébrités de la télévision dirigent un État « kleptocratique » caractérisé par la corruption légalisée et le profit effréné. Ces élites rédigent des lois, des règlements et des amendements pour étendre le pillage et accroître leur butin, tout en contraignant les gens à s’endetter, comme ces étudiants qui sortent de l’université diplômés mais accablés de prêts exorbitants. Ils prennent des mesures d’austérité qui démantèlent les services publics, poussant à leur privatisation, et sabrent dans les programmes sociaux, dont l’école et la santé. Ils soutiennent, cependant, qu’en cas de problèmes, nous pouvons compter sur les institutions qu’ils ont dénaturées et corrompues. Ils nous demandent d’investir notre énergie et notre temps dans des campagnes politiques périodiques, d’adresser des pétitions à des représentants élus ou de faire appel aux tribunaux. Ils cherchent à nous attirer dans leur monde schizophrène, où leur charabia est opposé aux discours rationnels. Ils exigent que nous recherchions la justice dans un système conçu pour perpétuer l’injustice. C’est un jeu que nous ne pourrons jamais gagner.

« Ainsi, toute notre dignité réside dans la pensée », écrit Pascal. « C’est sur la pensée que nous devons miser pour nous relever, et non sur l’espace et le temps, que nous ne pourrions jamais combler. Efforçons-nous donc de bien penser ; c’est le principe de base de la vertu ».

Nous devons opposer le pouvoir au pouvoir. Nous devons bâtir des institutions et des organisations parallèles qui nous protègent des assauts des entreprises et qui résistent à leur emprise. Nous devons nous soustraire autant que possible à l’État vampire. Plus nous pourrons créer de communautés autonomes, avec nos propres monnaies et infrastructures, plus nous pourrons affamer et paralyser la bête capitaliste. Cela signifie la création de coopératives gérées par des travailleurs, de circuits courts pour l’alimentation, basés sur un régime végétalien, et de structures artistiques, culturelles et politiques indépendantes. Il s’agit d’entraver par tous les moyens possibles les assauts des multinationales, par exemple en bloquant les pipelines et les sites de fracturation [pour l’extraction des gaz et pétrole de schistes, NdT], et en descendant dans la rue pour des actes incessants de désobéissance civile contre la censure et l’atteinte aux droits fondamentaux. Et cela signifie créer des villes refuges. Tout cela devra être fait comme toujours auparavant, en nouant des relations de personnes à personnes. Peut-être qu’en fin de compte nous ne pourrons pas nous sauver nous-mêmes, surtout avec le refus des élites de s’attaquer aux ravages du changement climatique, mais nous pouvons créer des groupes de résistance où la vérité, la beauté, l’empathie et la justice perdurent.

Chris Hedges est un journaliste qui a reçu le prix Pulitzer, également auteur à succès du New York Times, ancien professeur à l’Université de Princeton, activiste et pasteur presbytérien. Il a écrit 11 livres, dont, en 2012, le best-seller du New York Times « Days of Destruction, Days of Revolt » [Jours de destruction, jours de révolte, NdT], qu’il a coécrit avec le dessinateur Joe Sacco. Parmi ses autres livres, mentionnons « Wages of Rebellion : The Moral Imperative of Revolt » [Les salaires de la rébellion : l’impératif moral de la révolte] (2015), « Death of the Liberal Class » [La mort de la classe libérale] (2010), « Empire of Illusion : The End of Literacy and the Triumph of Spectacle » [traduit en français sous le titre L’Empire de l’illusion : la mort de la culture et le triomphe du spectacle](2009) et le best-seller « American Fascists : The Christian Right and the War on America » [Les fascistes américains : la droite chrétienne et la guerre contre l’Amérique] (2008). Son livre « War Is a Force That Gives Us Meaning » [titre français : La guerre est une force qui nous octroie du sens](2003) a été finaliste pour le National Book Critics Circle Award for Nonfiction et s’est vendu à plus de 400 000 exemplaires. Il écrit une chronique hebdomadaire pour le site Truthdig à Los Angeles, dirigé par Robert Scheer, et anime une émission, On Contact, sur RT America.

Source : Truthdig, Chris Hedges, 17-12-2017

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs - et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation. 

Commentaire recommandé

Catherine // 15.09.2018 à 09h21

Ce texte me ravit. J’ai souvent eu l’occasion de dire que le mensonge était LE problème. Ici il est clairement nommé par Hedges.
Le mensonge n’est pas fait pour servir l’intérêt général mais seulement pour le faire croire.
Le mensonge est la base de tous nos maux sociétaux.
S’il ne sert pas intentionnellement l’intérêt général c’est qu’il est destiné à servir des intérêts particuliers, y compris des intérêts psychotiques.
C’est grave et j’apprécie que soit souligné par l’auteur la dimension psychologique de ces travers, comme le fait aussi très bien dedefensa.org.
Le gout du pouvoir et la recherche de la toute-puissance est déjà en soi une maladie.
Le mensonge politique devrait être sanctionné par la loi car il est destiné au peuple et à ses dépens.
Mais ils ne faut pas compter sur ces menteurs pour la voter.

47 réactions et commentaires

  • Tardieu // 15.09.2018 à 07h17

    Vous n’en avez pas marre de ce baratin ?
    « Nous devons opposer… »
    « Nous devons bâtir … »
    « Nous devons nous soustraire… »
    Patati patata, nous « devons »…, sauf en finir avec le capitalisme, il faut juste l' »affamer » et le « paralyser.

    Entre populisme version parti démocrate de Wall Street : « coopératives gérées par des travailleurs, « circuits courts pour l’alimentation », « régime végétalien », « structures artistiques, culturelles et politiques indépendantes », etc.

    … et gauchisme impuissant du petit bourgeois individualiste :

    « bloquant les pipelines et les sites de fracturation », « descendant dans la rue pour des actes incessants de désobéissance civile »

    … pour finalement pratiquer l’entre-soi « en nouant des relations de personnes à personnes » dans des bunkers « des villes refuges »

    cependant il a un doute sur l’efficacité de sa théorie ou il n’y croit pas lui même « peut-être qu’en fin de compte nous ne pourrons pas nous sauver nous-mêmes » assurément, mais il n’en a pas vraiment conscience.
    …et à défaut d’imaginer un moyen collectif pour en finir avec le capitalisme, il ne lui reste plus qu’à vivre de fantasmes, d’illusions, de mensonges, d’hypocrisie qu’incarneront « des groupes de résistance où la vérité, la beauté, l’empathie et la justice perdurent. », et tant pis si le reste de la société et le monde pourrit sur place, c’est-à-dire tout ce qui existe en dehors de ces mégalomanes endurcies, à sa manière il est atteint de schizophrénie aiguë, c’est un psychopathe.

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    • Alfred // 15.09.2018 à 09h44

      La tentation de se couper du monde devient décidément bien à la mode entre les havres pour milliardaires, les refuges de survivalistes, les communautés auto gérés etc… La double ironie ici est que d’une part le mensonge permanent est inhérent à la société capitaliste pseudo représentative (et les « progressistes » anti Trump ne sont pas les moins menteurs) et que d’autre part la notion de refuge même est un mensonge. A ce propos je ne suis pas certain qu’un entre soi soit possible dans les « communauté refuge » au sens anglo-saxon (par essence).

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    • Kesse // 15.09.2018 à 09h50

      C’est effectivement du baratin sans fond. Un pari très fort sur le biais de confirmation qui aménera le lecteur à valider le discours. La mise du cv en fin de texte respire la malhonnêteté intellectuel.

      Et le pompon, c’est que même l’analyse de départ ne repose sur rien ou presque aucun argument concret. Il défend un changement de paradigme sur la place du mensonge dans le discours. Mais n’étudie pas et ne montre pas les conditions de ce changement. Au lieu de cela, il foudroie le lecteur: « nous vivons dans l’ère du mensonge sans fin » et lui chris hedges va nous dire la vérité. C’est un type dangereux, ms pas pour le capitalisme.

      Il valide les analyses de Lordon: le discours sur les fake news est par essence complotiste. Si Chris Hedge aimait la vérité, il éviterait ce genre de blabla informe qui vise à manipuler plutôt qu’à comprendre.

      Kess est un très grand professeur ayant enseigné dans les meilleurs université en Europe et aux états-unis. Il publie dans des revues de renommée internationale et est souvent primé. Ces posts sur les crises récolte une moyenne très satisfaisante de 25,6 pouces levés. [Modération – On sait, on sait. N’en abusez pas.]

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    • Roger // 15.09.2018 à 10h22

      « et à défaut d’imaginer un moyen collectif pour en finir avec le capitalisme »
      C’est bien là le fond du problème…Je ne vois rien qui aille dans ce sens. Proud’hon, Marx, et bien d’autres ont ouvert des imaginaires, des désirs et des projets que nous sommes sans doute nombreux à chérir. Certain d’entre nous se lancent et réussissent parfois, à petite échelle, à construire patiemment des modes de vie alternatifs, dans lesquels les participants se forment en faisant, à une autre forme d’humanité. Deleuze et Guattari ont parlé de « révolutions moléculaires », et, en filant la métaphore, supposé que la réaction chimique finirait par coaguler une nouvelle société. D’autres s’efforcent de recenser de par le monde des « millions de révolutions tranquilles », où considèrent comme le Colibris lucide et sacrément optimiste que chacun peut faire sa part…une goutte d’eau pour éteindre un incendie.
      Comme le disait Gramsci: « il faut avoir le pessimisme de l’intelligence et l’optimisme de la volonté » .
      C’est pourquoi je ne serais pas aussi sévère que vous avec Chris Hedges, qui fait tout de même preuve d’une bonne dose de lucidité …pour un Américain!

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    • Vjan // 15.09.2018 à 13h59

      Et vous imaginez quoi, Tardieu, comme « moyen collectif pour en finir avec le capitalisme » si les groupes de résistance et les liens entre les personnes ne sont pas le moyen ?
      Un soulèvement spontané, irrépressible et mondial ?

      Quand les finances, l’armée, la loi et la communication sont aux mains des capitalistes, dites, quel moyen reste-il ?

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    • RD // 15.09.2018 à 15h44

      Oui c’est toujours la critique petite bourgeoise du monde (avec ses versions de droite et de gauche) et du « problème de gestion » et du parasitisme de la sphère dite de la distribution.
      Cette critique est pire qu’inopérante, elle la voile pour la détourner de ses fondements.

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  • Pierre Kiroul // 15.09.2018 à 08h21

    Si l’affirmation « le mensonge permanent est la plus grave des menaces » est exacte, et mérite que nous portions toute notre attention à cette vérité fondamentale, tout le reste de la démonstration n’est que balivernes et pipeau. C’est-à-dire le son du pipeau ou de la flûte de Hamelin qui enchante, fascine, et mène son monde à sa perte.

    C.f. : Hamelin – https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Joueur_de_fl%C3%BBte_de_Hamelin

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  • dan // 15.09.2018 à 08h30

    cf cette conférence très intéressante qui date de quelques années tout de même
    https://www.upr.fr/conferences/la-tromperie-universelle-comme-mode-de-gouvernement/

      +3

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  • Duracuir // 15.09.2018 à 08h55

    Ha, visiblement Chris Edge aussi souffre de la fameuse pathologie la trumpogite.
    Parler de mensonge permanent en pratiquant d’une manière aussi éhontée et malhonnête l’antique catharsis du bouc émissaire relève effectivement de la pathologie.
    Trump rend fou certes. Et même Chomsky qu’on a lu ici dans un exercice pitoyable de bienpensance anti-trumpienne.
    Mais ne sont-ce pas tous les USA qui sont devenus fous?
    Il faudrait rappeler à Chris que la pratique du mensonge permanent est une caractéristique des anglo-saxons, de la « perfide Albion » au « visage pâle US à langue fourchu ».

      +21

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    • bhhell // 16.09.2018 à 20h12

      Sans vouloir me faire l’avocat inconditionnel de Chris Hedges, tous ses discours sont articulés sur l’idée que Trump est le symptôme, pas la maladie (il le répète dans tous ses discours et ne manque jamais de s’en prendre à ses prédécesseurs). On peut rire du caractère parfois incantatoire de ses analyses, mais elles n’ont rien de conformistes. Ainsi sa critique acerbe et définitive du mouvement Antifa tranche singulièrement avec la soupe médiatique des chaines pseudo contestataires comme « democracy now », relais de la pensée démocrate, version sauce piquante. Il est d’ailleurs boycotté par les deux camps.

        +4

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      • Kilsan Aïtous // 17.09.2018 à 12h52

        Trump plait aux Américains parce que justement il met les pieds dans le plat en disant crument certains faits tabous, entre autres de corruption au sommet et d’État profond.

          +2

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  • Catherine // 15.09.2018 à 09h21

    Ce texte me ravit. J’ai souvent eu l’occasion de dire que le mensonge était LE problème. Ici il est clairement nommé par Hedges.
    Le mensonge n’est pas fait pour servir l’intérêt général mais seulement pour le faire croire.
    Le mensonge est la base de tous nos maux sociétaux.
    S’il ne sert pas intentionnellement l’intérêt général c’est qu’il est destiné à servir des intérêts particuliers, y compris des intérêts psychotiques.
    C’est grave et j’apprécie que soit souligné par l’auteur la dimension psychologique de ces travers, comme le fait aussi très bien dedefensa.org.
    Le gout du pouvoir et la recherche de la toute-puissance est déjà en soi une maladie.
    Le mensonge politique devrait être sanctionné par la loi car il est destiné au peuple et à ses dépens.
    Mais ils ne faut pas compter sur ces menteurs pour la voter.

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    • Kesse // 15.09.2018 à 10h01

      Berk. Nommez, svp, un mensonge dans l’actualité récente que vous souhaiteriez voir sanctionner et décrivez la sanction.

      Cela vous prend du temps de trouver qq chose de cohérent et de sourcer (autre que dire « Mais heu, les lobbyistes ils mentent et faut les bannir »). C’est parce qu’on a pas encore inventé la machine à trier le mensonge de la vérité. Mais, ne vous inquiétez pas, je travaille dessus … Sinon, vous pouvez lire la page wikipédia sur le sophisme pour mieux comprendre le champ du débat.
      [Modéré]

        +2

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      • Catherine // 15.09.2018 à 13h52

        Qaund un candidat, comme argument électoral, dit qu’il n’y aura plus un SDF dans la rue d’ici la fin de l’année, c’est pas un mensonge de la pire espèce ?
        Sanction : inéligibilité.

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        • xc // 15.09.2018 à 18h38

          A ce compte-là, ce sont tous les candidats qu’il faudrait déclarer inéligibles 😉

            +3

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          • Catherine // 15.09.2018 à 20h47

            S’il n’était pas permis d’abuser par le mensonge, il n’y aurait plus de candidat menteur.

              +10

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      • Louis Robert // 15.09.2018 à 16h55

        @Kesse

        Commençons par trois « gros » mensonges criminels.

        1. VIETNAM: mensonge sur l’incident du Tonkin qui n’a jamais eu lieu, prétexte servant de justification pour y mener la guerre. Arrestation, accusation et condamnation de tous les haut responsables de l’Empire à l’origine de ce mensonge. Peines – déportation vers le Vietnam et travaux forcés à perpétuité: décontamination, traitements médicaux aux populations et réhabilitation des victimes, reconstruction du Vietnam en entier.

        2. IRAK: mensonge sur la présence d’armes de destruction massive… inexistantes, prétexte servant à l’Empire de justification pour attaquer l’Irak, y mener la guerre et détruire le pays. Arrestation, accusation et condamnation de tous les haut responsables de l’Empire à l’origine de ce mensonge. Peines – déportation vers l’Irak et travaux forcés à perpétuité: décontamination, traitements médicaux aux populations et réhabilitation des victimes, reconstruction de l’Irak tout entier.

        3. IRAN: mensonge sur le non-respect par l’Iran de l’Accord nucléaire iranien, prétexte servant de justification à l’Empire pour accroître les sanctions contre l’Iran… et tout ce qui suivra. Arrestation, accusation et condamnation de tous les haut responsables de l’Empire à l’origine de ce mensonge. Peines – déportation vers l’Iran et travaux forcés à perpétuité: réparations pour dommages matériels et moraux suite aux sanctions impériales injustifiées.

        Sur demande, je puis allonger pour vous cette liste ad infinitum, concernant le Kosovo (Yougoslavie, Rajmonda et la journaliste canadienne Nancy Durham), le Koweït, l’Ukraine, la Libye, la Syrie, le Yémen, la Russie, la Chine, la Corée, le Japon, à peu près tous les principaux pays d’Afrique et d’Amérique latine… et pas seulement.

        Vérité et sanctions, pour la trouver et les obtenir, il faut les vouloir.

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    • Duracuir // 15.09.2018 à 13h36

      Y-a-t-il à votre connaissance un seul lieu, un seul moment où un pouvoir n’ai pas menti?

        +3

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    • Emmanuel // 15.09.2018 à 15h29

      Merci Catherine, merci pour cet article. On aura tout de suite pensé à « 1984 » d’Orwell. Attention à ne pas tomber dans la critique caricaturale ! Le mensonge et la corruption (légalisée ou pas) méritent en effet une très grande attention en cette période trouble. Quant à la deuxième partie de l’article suggérant des pistes, c’est louable, et la solution est en effet loin d’être évidente….ça se saurait !

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    • Tardieu // 18.09.2018 à 05h35

      « Le mensonge est la base de tous nos maux sociétaux. »
      Non, ce sont les inégalités sociales, et au-delà les inégalités qui sont à l’origine du système économique en vigueur faut-il rappeler.
      Faire du mensonge « la base de tous nos maux sociétaux. » sert uniquement à nous détourner de l’essentiel, de la réalité… pour que rien ne change.
      C’est ainsi que se camouflent ceux qui en fait supportent l’existence du capitalisme.

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  • nulnestpropheteensonpays // 15.09.2018 à 09h49

    vous inquiétez pas , un jour ou l’autre il faudra qu’il y ait la guerre , on le sait bien , on aime pas ça , mais on ne sait pas quoi faire .Le tout sur une mélodie douce , c’est pas grave

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  • DVA // 15.09.2018 à 09h53

    Et pour cette info …? Fake news ? https://www.wsws.org/fr/articles/2018/09/15/neer-s15.html
    Votre avis ? Je n’ai rien trouvé comme site la reprenant..

      +0

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    • Chris // 15.09.2018 à 17h59

      J’ai l’impression que la scandaleuse enquête du MH-17, 193 hollandais sur 298 passagers, a aigri plus d’un journaliste digne de ce nom, en dépt du suivisme otanien du Gvt…

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    • vert-de-taire // 16.09.2018 à 08h51

      Cette information est à rapprocher de celle-ci :
      https://www.youtube.com/watch?v=5siyELxCMNU

      Pierre Juillet nous invite à faire le rapprochement entre la décision de la Syrie de choisir la solution iranienne pour transporter le gaz qataro-iranien.

      Qqs semaines après cette décision, les amis des États-Unis/Israël sont allés en Syrie faire la guerre afin d’annihiler ce projet qui aurait permis à l’Iran (et Qatar) de vendre beaucoup de gaz compétitif à l’UE.

      Au moins coup double : maintenir le prix du gaz (versus gaz de schiste) et susciter des prétextes pour affaiblir l’Iran (comme pour la guerre Iran-Irak, le nucléaire iranien, etc .. Israël pas loin donc).

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    • Blabla // 18.09.2018 à 16h27

      Fake news, voyons!
      Il vient du World Socialist WebSite, dont les nouveaux algorithmes de Google détournent les internautes pour éviter d’en faire des contestataires.
      Consultez plutôt le Décodex, ou au pire la télévision, pour retenir ce que vous devez retenir de l’actualité.

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  • Kiwixar // 15.09.2018 à 09h54

    Oui le mensonge permanent permet la maladie générale de nos sociétés occidentales où le meilleur aurait été possible (immortalité, chacun vivant avec le nécessaire et sans superflu, dans une nature preservée) et où on se retrouve avec le pire, pour la jouissance temporaire d’une poignée de psychopathes.

    Le mensonge et la propagande permanente des me.r.dias, souvent dénoncés sur ce blog de salubrité publique, sont en train de nous tuer, avec la planète… et les journalistes. C’est ballot.

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  • Libvert.fr // 15.09.2018 à 10h25

    Les tribunaux pourraient mieux fonctionner, oui.
    Les Universités publiques c’est certain (ma préférence pour les privées)
    Les instances législatives protégées, oui.
    Les organisation culturelles par contre, je trouve, sont déjà trop subventionnées (car subvention n’est pas forcément gage d’ouverture d’esprit, de diversité ou de qualité.
    Que le débat public soit basé sur des faits vérifiés, et respectant les résultats scientifiques indépendants si nécessaires oui aussi.

    Il y a d’ailleurs un bon indicateur, celui de l’index Démocratique : https://www.eiu.com/public/topical_report.aspx?campaignid=DemocracyIndex2017
    (et aussi le classement de la liberté de la Presse de RSF : https://rsf.org/fr/classement)
    => Importance de promouvoir les libertés, dans la limite de la plus petite des minorités, l’inidividu
    => Et importance de promouvoir l’éducation à la prévention des conflits (gestion des émotions, etc..) pour réduire les appels à la violence, qui eux, doivent être condamnés.

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    • lvzor // 17.09.2018 à 11h05

      « Les organisation culturelles par contre, je trouve, sont déjà trop subventionnées »
      Ce n’est pas le cas aux US, d’où parle Hedges. De plus, le champ recouvert n’est pas le même. Ainsi les organisations représentatives des Amérindiens, par exemple, quel qu’en soit le domaine d’activité peuvent aussi être considérées comme organisations culturelles.

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  • Patrick-Louis Vincent // 15.09.2018 à 10h35

    « les mœurs sociales rigides de la droite chrétienne »
    Est-ce une vérité ou un mensonge de la part de l’auteur. Comment réagirait-il si l’on parlait de mœurs dépravées et perverses de la gauche libertaire ?

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    • Bahut // 16.09.2018 à 08h44

      Pardon mais « moeurs **sociales** rigides » est une description non polémique qui emprunte à la sociologie tandis que « moeurs dépravées et perverses » est un jugement de valeurs. Ça n’est absolument pas le contraire de la première proposition.
      Vous avez bien le droit de préférer les comportements conservateurs à des pratiques sociales plus libérales (moins conformes aux usages de classe) mais ne prêtez pas à l’auteur des propos ou une intention qu’il n’a pas.

        +4

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  • Sam // 15.09.2018 à 11h41

    Je suis pareillement scandalisé par l’insincérité totale de nos élites. Des exemples ? Toute la macronie suinte le mensonge à chaque déclaration sans aucune contradiction réelle grâce à l’entre soi et des journalistes serpillières. Petites phrases, éléments de langage, calomnies, sans qu’il n’y ait jamais un seul argument cohérent, juste une « détermination inébranlable à poursuivre les réformes » et autres conneries. Ils sont nuls, ils mentent en permanence, et pourtant, chaque jour, je me réveille dans un monde devenu fou qui trouve tout ca normal.
    Mais qu’est ce que je fous là ?

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    • Alfred // 15.09.2018 à 15h32

      Vous avez très bien résumé la situation. La fable racontée par une minorité n’est pas acceptée par une majorité et pourtant elle continue d’être dite et présentee comme la réalité. C’est l’illustration même du rapport de force. La terre est plate c’est la vérité des puissants. Personne n’y croit et pourtant il faudrait faire semblant de vivre avec. Tout ceux qui vendent la fable ou ne la remettent pas en question se designent comme corrompus et s’offrent peut être à terme à la vindicte populaire.

        +10

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  • Olivier MONTULET // 15.09.2018 à 13h00

    On ne peut être que d’accord avec Hannah Arendt . Mais pas avec Chris Hedges. Le mensonge permanent est aussi celui qui est le plus évident puisqu’il est le plus contredit par la réalité du temps. Le problème sont les croyances dominantes (c’est à dire donc celle des dominants). Ainsi les croyances de l’économie (néo)libérale pourtant infondées et in-vérifiées, ou encore celle concernant le réchauffement anthropique apocalyptique sont très dangereuses car elle font perdre tout sens critique y compris à ceux qui les portent et mêmes à nombre de scientifiques. C’est contre les idéologies qu’il, faut lutter pas contre des mensonges, des fakes news ou même la propagande. Mais une telle lutte ne plait jamais aux premiers producteurs de croyances, de mensonges, de fake news, de propagande que sont les dominants. Pour eux ces dérives sont celles de leurs opposants et ce n’est que contre leurs opposants qu’ils s’opposent, jamais naturellement contre eux-mêmes leurs croyances, leur idéologie, leurs mensonges, leurs fake news et propagande.
    Prétendre lutter contre les mensonges, les fake news, la propagande c’est vouloir faire taire les opposants, tuer le débat, mettre fin à la démocratie.

      +1

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    • Catherine // 15.09.2018 à 20h52

      N’inversons pas la problématique.
      Nous parlons du mensonge de ceux qui ont le pouvoir ou le sollicitent. C’est eux qui se chargent de museler la parole et le désir de débat de ceux qui ne l’ont pas.

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  • Duracuir // 15.09.2018 à 13h37

    Le mensonge est consubstantiel du pouvoir. Et la politique est l’art du possible, pas du vrai.

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    • Sam // 15.09.2018 à 14h05

      En Espagne, une ministre a du démissionner pour avoir bidouillé un diplôme. Comme quoi, l’exigence de sincérité existe, et est parfois même respectée. Et à coté de ce qu’il se passe chez nous, c’est une broutille.
      Mais chez nous, c’est normal. Gouverner, c’est mentir et c’est la sincérité qui est suspecte.
      Tout le monde ment ?
      D’abord cela ne justifie rien. Et puis il y a mentir et mentir. De Gaulle mentait probablement de temps en temps. Mais comment pourrait on le comparer aux mythomanes actuels ? Aujourd’hui, il n’y a plus que du mensonge, le mensonge permanent dont parle Chris Hedges.
      Enfin, la politique, c’est aussi fixer un cap vers un progrès, une évolution. L’humain est stupide et borné ? Soit, améliorons le, éduquons le. C’était l’idée rappelez vous.
      Aujourd’hui, la seule chose qui progresse, c’est la misère et les dividendes. Le cocktail explosif qui nous garanti la catastrophe. C’est normal ?

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    • xc // 15.09.2018 à 18h41

      « Rendre possible ce qui est souhaitable » (Richelieu)

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  • Louis Robert // 15.09.2018 à 13h49

    Orwell, « 1984 »:

    « De telles pratiques ne semblaient pas l’horrifier. Elle ne sentait pas l’abîme s’ouvrir sous ses pieds à la pensée que des mensonges devenaient des vérités. »

      +8

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  • bluetonga // 15.09.2018 à 13h52

    Chris Hedge met à juste titre le doigt sur le problème essentiel de nos démocraties. Le mensonge éhonté, généralisé, délibéré est effectivement le cancer qui mine notre société actuelle. On nous ment en permanence, et on fait de moins en moins d’effort pour nous mentir de manière convaincante. Dans un univers régi par la publicité, la communication et la propagande, mentir est devenu la norme. En conséquence, nous nous sommes progressivement immunisés; tout est considéré comme spectacle où la vraisemblance est devenue secondaire voire superflue. Par exemple, on nous annonce la prochaine attaque chimique en Syrie, ordonnée par Bachar El Assad, laquelle va inéluctablement déclencher les représailles du camp du bien et faire échouer ses projets de reconquête de la Syrie. Ça ne tient pas debout, personne n’y croit vraiment, mais surtout presque tout le monde s’en fout éperdument. C’est de la même texture que les séries et les films hollywoodiens dont nous sommes quotidiennement abreuvés. Pour paraphraser Shakespeare, « des histoires pleines de bruit et de fureur, racontées par des idiots, qui ne veulent rien dire ». Mais qui défilent en permanence sous nos yeux et nos oreilles.

    Chris Hedge propose de résister à ce tsunami de désinformation et de manipulation en regroupant les forces vives de citoyens concernés, en réorganisant des communautés actives et résilientes. C’est la stratégie du cercle de wagons, propre à la tradition américaine. Nous Européens n’avons pas encore totalement renoncé à l’idéal d’une communauté nationale responsable, cohérente. Nous ne voulons pas nous scinder en groupes, nous voulons rester unis, à l’ombre de la raison qui doit prévaloir pour tous. Nous croyons toujours avoir droit au respect de nos dirigeants, non pas parce que nous les avons élus, mais parce qu’ils sont des membres de notre nation, de notre culture, et qu’il existe entre nous une affinité indéfectible. C’est très différent de la mentalité américaine où un homme politique n’est finalement qu’un cadre désigné à un poste de management, sans loyauté particulière à la communauté, et où les solutions découlent de l’initiative individuelle plutôt que de la responsabilité étatique.

    Quoi qu’il en soit, Chris Hedge a raison de pointer du doigt le mensonge comme symptôme et cause principale de la démocratie malade. Dans un de ses articles récents, Caitlin Johnstone le fait également, avec à mon sens plus de punch, plus de verve, plus d’humour :

    https://medium.com/@caityjohnstone/how-to-get-rid-of-paranoid-conspiracy-theorists-ef6c5793ce43

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    • John V. Doe // 15.09.2018 à 19h31

      Mille merci @bluetonga pour le lien vers l’article satirique de Caity Johnstone. Il bien meilleur et bien plus clair que l’article de Chris Hedge qui n’est pourtant pas à dédaigner.

        +2

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    • Tatave // 16.09.2018 à 15h28

      Voici une traduction :

      Comment se débarrasser des théoriciens du complot paranoïaques

      Par Caitlin Johnstone.
      Journaliste malhonnête. Clodo socialiste. Anarcho-psychopathe. Poète guérillero. Préposé aux utopies.

      Es-tu aussi écoeuré et fatigué que moi de tous ces cinglés de la conspiration qui expriment leur scepticisme chaque fois que les agences de renseignements américaines nous bassinent sur un nouveau pays qui a un besoin urgent de changer de régime ? Veux-tu te débarrasser de cette frange farfelue de 74% des Américains qui croient en un « Etat profond » qui contrôle le gouvernement élu ?

      T’as de la chance, l’ami ! J’ai dressé ici une liste de six mesures simples que notre gouvernement compatissant et nos médias intrépides peuvent prendre pour débarrasser l’Amérique de ces cinglés de théoriciens du complot paranoïaques une bonne fois pour toutes :

      1. Arrêter de mentir tout le temps

      C’est simple, non ? Arrêtez de mentir et les gens cesseront de se demander en quoi le récit qu’ils reçoivent de leurs politiciens et des médias diffère de la réalité !
      Mettre fin à la pratique des agences de défense et de renseignement qui collaborent avec des groupes de réflexion et des initiés non élus pour fabriquer de faux récits qui sont ensuite promulgués par des experts et des politiciens des deux principaux partis pour faire avancer les programmes impérialistes. De quoi Alex Jones et Sputnik vont-ils parler si les voix du pouvoir commencent subitement à dire la vérité au lieu de mentir sur les justifications des guerres impérialistes, excluant et censurant les sceptiques des orthodoxies établies du discours dominant et étant francs sur les problèmes énormes et omniprésents du système démocratique américain ?
      Ça va leur montrer, à ces cinglés !

      2. Essayer de faire preuve d’une putain de transparence gouvernementale

      Tout à fait d’accord ! Ajoutez à cela la transparence du gouvernement et que devront publier des agents de renseignement hostiles non étatiques comme Julian Assange ? Je dis que nous devrions éliminer le complexe de fausses nouvelles de WikiLeaks en éliminant le grand secret qui entoure tant de niveaux du gouvernement américain. De cette façon, lorsque ces fous de conspiration ennuyeux essaient de nous dire qu’on ne nous raconte pas toute l’histoire du comportement des États-Unis et de leurs alliés, nos dirigeants peuvent simplement leur dire « Oui, nous ne le sommes pas » et montrer une documentation non censurée de tous les comportements qu’on a eus.
      Qu’est-ce que tu dis de ça, Russian WikiLeaks ? Nous sommes les WikiLeaks maintenant !

      3. Arrêter de tuer des gens

      Bien sûr, il est difficile d’être transparent lorsque vous menez continuellement d’innombrables opérations militaires partout sur la planète, alors nous devons sans doute y mettre fin aussi. Nous ne voulons pas dévoiler les plans et les lieux secrets des braves soldats américains, après tout. Dédier l’armée américaine à la défense des côtes américaines et fermer les centaines de bases militaires américaines qui parsèment le monde comme des taches de rousseur sur un Écossais, et la prochaine fois que ces fous de conspiration paranoïaques commenceront à se demander ce qu’on leur raconte, on les mettra face à la réalité.
      Certes ce n’est pas aussi amusant que de bombarder des enfants avec des drones, je l’admets, mais si nous voulons nous attaquer sérieusement à cette épidémie de théories du complot, il faut bien commencer quelque part.

      4. Arrêter de promouvoir ces putains de théories du complot.

      Je ne veux pas jouer les Cassandre, mais quand nous avons des articles qui sortent tous les deux ou trois jours et qui promeuvent des théories sur le complot du président américain avec le gouvernement russe, il est un peu difficile de dire aux gens de ne pas se livrer à des théories complotistes. Les affirmations non prouvées au sujet de puissants conspirant ensemble sont exactement des théories du complot, et même si je comprends que ce sont des théories autorisées, nous ne pouvons pas nous fier à ces fous pour comprendre la distinction.
      Mieux vaut donner l’exemple et éviter le recours à ces théories, à mon avis.

      5. Arrêter d’être de tels connards.

      Si les services de renseignements américains ne torturaient pas les gens, ils n’auraient pas à mentir sur la torture. Si les services de renseignements américains ne surveillaient pas les citoyens américains, ils n’auraient pas à mentir sur leurs programmes de surveillance. Si les agences de renseignement américaines ne commettaient pas constamment d’horribles atrocités pour protéger les intérêts des puissants contre les impuissants, tout le monde leur ferait confiance et vous arrêteriez de voir toutes ces théories ridicules du complot sur ce que ces agences ont fait.
      Traitez-moi de fou, mais j’ai cette idée démente que si les agences de défense et de renseignement hautement secrètes n’infligeaient pas à l’humanité des actes inqualifiables de dépravation et de dégradation en permanence sous le voile de l’opacité gouvernementale, l’humanité serait peut-être moins paranoïaque à leur sujet.

      6. Peut-être essayer la putain de démocratie pour une fois.

      Les gens commencent à remarquer que quelque soit leur vote, ils obtiennent les mêmes politiques néolibérales d’exploitation chez eux, et les mêmes politiques néoconservatrices meurtrières à l’étranger, ce qui ne contribue pas beaucoup à dissiper ces idées farfelues selon lesquelles un gouvernement permanent non élu tire les ficelles pendant que le gouvernement officiel élu nous fait continuellement un faux show démocratique. Ce serait peut-être une bonne idée de montrer que l’Amérique a le pire système électoral du monde occidental ; comment les Américains ordinaires n’ont pratiquement aucune influence sur la politique ou le comportement des États-Unis par rapport aux riches Américains ; sur la façon dont le système bipartite appliqué de façon rigide crée nécessairement un système d’extorsion où les deux partis servent les mêmes intérêts ploutocratiques ; et qui obligent les Américains à soutenir l’un ou l’autre au risque de perdre leurs libertés civiles.
      Et encore une fois, je déteste être un rabat-joie, mais ces agences de défense et de renseignement ne sont techniquement pas élues et exercent techniquement un immense pouvoir, et ont techniquement une immense influence sur Washington, Wall Street, la Silicon Valley, Hollywood, les médias grand public, les grands groupes pétroliers, les intérêts ploutocratiques, les alliés américains, le commerce mondial et de nombreux événements mondiaux importants. En redonnant le pouvoir au peuple au lieu de le laisser entre les mains d’une classe privilégiée d’agences secrètes et de leurs alliés ploutocrates, les gens auraient l’impression d’avoir un peu plus de contrôle sur ce qui se passe dans leur pays et n’auraient pas à inventer des histoires insensées « d’état profond ».
      Si nous pouvions franchir ces étapes, qu’est-ce que ces escrocs conspirationistes pourront vendre à la population naïve ? Si tout le monde faisait confiance à son gouvernement et se sentait en confiance dans le processus démocratique, qui croirait les histoires de puissantes forces non élues qui nous gouvernent ?
      Vous n’auriez certainement pas 74 pour cent d’entre nous souscrivant à cette théorie absurde du complot de « l’état profond », c’est sûr.

        +5

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  • Christian gedeon // 15.09.2018 à 19h16

    Sacré Hedges…alors comme ça Clinton et Bush n’etaient que des manipulateurs pas menteurs! Et pas un mot sur Obama évidemment « the saint »…le seul menteur est donc Trump. Je ne sais pas ce que prend Hedges,mais j’en veux,now. Tant de mauvaise foi en quelques lignes est un exploit digne de rester dans les mémoires.

      +3

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    • Louis Robert // 16.09.2018 à 01h59

      Vous ignorez qui est Hedges et ce qu’il a accompli. Il a notamment poursuivi en «justice » votre Obama « the saint »… à propos de rien de moins que le NDAA….

      En outre, de votre propre aveu, vous ignorez l’essentiel de ce qu’a écrit cet auteur prolifique, notamment sur Clinton et le fiston Bush.

      Videz votre mémoire. Faites sans un instant d’hésitation… Encombrement, ce que vous affirmez ici s’y trouver ne mérite pas d’y « rester”.

        +10

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  • calahan // 17.09.2018 à 03h40

    Dommage qu’il n’y ait pas plusieurs Chris Hedges parmi la caste de journalistes qui trainent en boucle de plateau télé en émission de radio.
    On aurait des visions divergentes de la doxa ambiante, du sens critique, de l’esprit de synthèse sans langue de bois, bref tout ce qui fait du journalisme de qualité avec en prime les questions qui fâchent au prétexte qu’il ne faut pas les poser.

    Mais cette époque est révolue, on a maintenant des opportunistes qui naviguent à vue et vont là « où souffle le vent », dans le grand spectacle de l’info et de son traitement à l’emporte pièce filtrée par les rédactions afin de ne pas réveiller les cerveaux à disposition.

      +2

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  • keg // 17.09.2018 à 09h39

    Quand la parole se trompe, ce n’est plus la vérité qu’elle défigure, mais le pays tout entier. Avant, on nous apprenait à toujours dire la Vérité… Mais c’était chez les pauvres pour leur vendre le paradis au-delà. Et pendant ce temps on apprenait aux zélites à toujours mentir, pour atteindre leur paradis sur terre… Voyez que la lutte de classe n’a jamais cessée et qu’elle ne cessera jamais tant que nous laisserons faire…

    https://wp.me/p4Im0Q-2xE

      +2

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    • Kilsan Aïtous // 17.09.2018 à 13h06

      Les gens trop riches vivent de toute façon dans le mensonge. Ils ont perdu le sens des choses et des vraies lois de la vie.

        +1

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  • clauzip12 // 20.09.2018 à 02h07

    La solution est premièrement de parler,d’en parler d’en reparler pour être nombreux,très nombreux à penser la même chose pour…un jour agir tous ensemble.
    Le système néolibéral est généralisé sur le terrain,dans l’espace mais aussi et surtout dans les têtes.
    Il faudrait beaucoup de temps mais nous ne l’avons pas.
    La catastrophe mondiale approche et les maladescapitalistes n’en ont aucune conscience.
    Il nous faut parler,reparler…pour un jour déclencher un comportement individuel généralisé en phase avec l’urgence climatique.
    Nous sommes le troupeau exploité jusqu’à la corde qui tient ce système en développement!

      +0

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