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1.août.20221.8.2022 // Les Crises

Les 37 personnes tuées à Melilla sont les victimes de la politique criminelle de l’Europe

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Le 24 juin dernier, la police marocaine a assassiné au moins 37 migrants à la frontière avec l’Espagne. Ce massacre montre à quel point l’Union européenne s’appuie sur des régimes autoritaires pour surveiller ses frontières — et démontre le caractère superficiel de l’image « progressiste » du gouvernement espagnol.

Source : Jacobin Mag, Eoghan Gilmartin
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Un membre des forces de sécurité marocaines devant la clôture frontalière séparant le Maroc de l’enclave nord-africaine espagnole de Melilla, près de Nador au Maroc, le 26 juin 2022. (Fadel Senna / AFP via Getty Images)

« La police marocaine nous a battus et a tué nos amis », raconte Amir, un des survivants du massacre de vendredi dernier le long de la frontière de l’enclave nord-africaine espagnole de Melilla. Le bilan des victimes reste contesté, mais selon les ONG internationales, au moins trente-sept personnes ont été tuées lorsque les forces de sécurité marocaines ont frappé, lapidé et aspergé de gaz lacrymogène les quelque 1 500 immigrants qui se précipitaient vers la clôture frontalière – une des seules frontières terrestres de l’Union européenne avec une nation africaine. Certains ont été tués lors d’une bousculade dans le périmètre frontalier, la police ayant utilisé une stratégie de tenaille qui a piégé des centaines de personnes dans une tranchée. Des images vidéo montrent des dizaines d’autres personnes tombant de la clôture de six mètres de haut alors que la police marocaine aspergeait de gaz lacrymogène et tirait des balles en caoutchouc sur ceux qui y grimpaient.

Selon l’Association locale des droits humains de Nador, un certain nombre d’autres décès sont survenus parce que des personnes gravement blessées ont été laissées jusqu’à dix heures de temps au soleil et à la chaleur sans soins médicaux. Une vidéo choquante publiée sur les plateformes de médias sociaux de l’organisation montre des centaines de corps entassés les uns contre les autres et entourés par la police anti-émeute, dans laquelle il est difficile de distinguer les personnes blessées et les épuisées de celles qui sont mortes. Certaines sont menottées, d’autres restent immobiles, tandis que dans une autre vidéo, la police frappe à plusieurs reprises celles qui sont allongées sur le sol.

D’autres images publiées par le journal Público montrent la police militaire espagnole et les services de sécurité marocains travaillant ensemble pour coordonner les charges à coups de matraque contre des groupes d’immigrants ayant réussi à escalader la clôture. Ces images ont soulevé de sérieuses questions quant à l’implication exacte de la police et du ministère de l’Intérieur espagnols dans la gestion et la supervision de l’opération. Elle a également ouvert une nouvelle brèche dans la coalition de gauche au pouvoir dans le pays, d’autant plus que le Premier ministre Pedro Sánchez, du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), a défendu la riposte de la police.

Par contre, la Commission espagnole d’aide aux réfugiés (CEAR) a condamné « l’utilisation de la violence aveugle » comme moyen utilisé pour « contrôler une fois de plus les frontières et empêcher les gens susceptibles de bénéficier d’une protection internationale d’arriver sur le territoire espagnol ». La nationalité la plus représentée parmi les gens ayant participé à l’escalade de la clôture est le Sud-Soudan, déchiré par la guerre, dont les citoyens obtiennent très majoritairement le statut de réfugié en Espagne (92 % de tous les demandeurs) mais ils ne peuvent accéder au territoire espagnol pour faire une telle demande qu’en risquant leur vie. Pour les membres de l’Union Mantero de Madrid, un collectif de vendeurs ambulants immigrés, il y a également un élément racial évident en jeu. Dans un échange écrit avec Jacobin, il insiste :

L’Europe accueille à bras ouverts les personnes fuyant la guerre en Ukraine, mais rencontre ceux qui fuient d’autres guerres, ou la famine, sur le continent africain avec des matraques et la mort. Pour le gouvernement espagnol, la vie des Noirs ne compte pas, tout simplement, on les ignore.

La honte de Sánchez

Cela n’a été nulle part plus évident que dans la réponse du Premier ministre Sánchez face aux morts violentes, pas un seul mot de sympathie pour les familles des victimes. Au lieu de cela, il a accusé les « mafias » d’être responsables de ce qu’il a qualifié être une « agression violente et bien organisée » qui constituait « une attaque contre l’intégrité du territoire espagnol » – une terminologie bien éloignée de celle utilisée par l’extrême droite Vox lorsqu’elle invoque la crainte d’une invasion d’immigrants. Dans des propos qualifiés de « honteux » par la maire de gauche de Barcelone, Ada Colau, Sánchez a affirmé que « l’agression » avait été « bien gérée par les deux forces de sécurité, tant l’espagnole que la marocaine.» Ajoutant : « Je tiens également à remercier le gouvernement marocain pour son travail. »

Dans des propos qualifiés de « honteux » par la maire de gauche de Barcelone, Ada Colau, le Premier ministre Sánchez a affirmé que l’ « agression » avait été « bien gérée par les deux forces de sécurité, tant l’espagnole que la marocaine ».

Pourtant, la directrice de l’ONG Walking Borders, Helena Maleno, qui travaille avec les immigrants sur le terrain au Maroc, a rejeté toute idée laissant entendre que la responsabilité en incombe à des trafiquants organisés :

Qu’est-ce que les mafias ont à voir avec des gens complètement démunis qui courent désespérément [vers la frontière]. La tentative pour prendre d’assaut le site était le fruit d’un pur désespoir. Ces gens sont épuisés, ils ont subi des attaques et des intimidations quotidiennes depuis la signature du [nouvel accord bilatéral hispano-marocain sur l’immigration en avril].

« Depuis le nouvel accord, les descentes dans les camps d’immigrés, les arrestations arbitraires, le profilage racial et d’autres mesures répressives à l’encontre de la population migrante se sont multipliés, » a-t-elle expliqué dans un récent article d’El Diario.

« Le fait que le gouvernement félicite la police marocaine est horrible », a tweeté le député progressiste Íñigo Errejón. « Est-ce cela que l’abandon du peuple sahraoui nous a rapporté ? » Il faisait ici référence au changement historique de politique étrangère de Sánchez en février dernier concernant l’ancienne colonie espagnole du Sahara occidental, qui l’a vu soutenir un plan visant à officialiser le régime d’occupation brutal du Maroc en échange de la normalisation des liens diplomatiques avec la monarchie autocratique. Cette décision rompt avec des décennies de politique étrangère espagnole et va à l’encontre des décisions des tribunaux internationaux et de la position de l’Assemblée générale des Nations Unies qui reconnaît le droit du Sahara occidental à l’autodétermination.

À cet égard, l’externalisation de la sécurité de ses frontières au Maroc a laissé l’Espagne ouverte à des chantages répétés, le gouvernement de Mohammed VI cherchant à tirer parti de la question de l’immigration irrégulière contre son voisin européen. En mai 2021, le Maroc a ouvert la frontière de l’enclave espagnole de Ceuta, permettant à huit mille personnes de la franchir en seulement quarante-huit heures. Il s’agissait, en partie, de mesures de rétorsion pour la condamnation par l’Espagne de la reconnaissance unilatérale par Donald Trump de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Puis, en mars de cette année, Sánchez a choisi de plaider pour la paix après qu’un millier de migrants ait tenté sans succès d’escalader les clôtures à Melilla. Les services de renseignement espagnols pensaient que cela pouvait être le début de nouvelles incursions massives – et dans le contexte de la guerre en Ukraine, une frontière instable n’était pas une chose que Sánchez voulait cautionner.

Bien qu’elle s’en soit retirée en 1975, l’Espagne reste, en vertu du droit international, la puissance administrative au Sahara occidental, légalement responsable de l’achèvement de la décolonisation de ce territoire riche en ressources, d’une superficie équivalente à celle de la Grande-Bretagne. En échange de l’abandon du peuple sahraoui et du fait qu’il a tourné le dos au mandat historique de son pays, Sánchez a obtenu du Maroc une plus grande répression de l’immigration irrégulière, empêchant les gens d’atteindre l’Espagne, la coopération du Maroc étant officiellement assurée par un accord bilatéral sur l’immigration conclu en avril. Le contexte immédiat des tueries de vendredi a été le démantèlement violent d’un camp d’immigrants près de Melilla dans la nuit de jeudi à vendredi par la police marocaine, tandis que les polices espagnole et marocaine ont opéré ensemble sur le sol espagnol pour évacuer immédiatement la grande majorité des cinq cents personnes qui avaient escaladé la clôture. Le programme électoral du PSOE promet pourtant de mettre fin à ce type de refoulement des migrants, qui prive les arrivants de toute procédure de droit en matière de droit d’asile.

Tensions au sein du gouvernement

Unidas Podemos, branche junior dans le partenariat de la coalition du PSOE, a eu bien du mal à réagir aux meurtres. Pourtant, l’ancien chef du parti, Pablo Iglesias, qui n’est plus un homme politique de premier plan, n’a pas retenu ses mots, insistant : « Il est difficile de comprendre pourquoi trente-sept personnes sont mortes, sauf à considérer l’ensemble d’actions [entreprises] par les forces de sécurité marocaines dans le but de tuer ». [Ces personnes] ne sont pas mortes à cause de la mafia mais plutôt parce que des unités de la police marocaine qui étaient soutenues par des unités de la police et de la garde civile espagnoles les ont tuées. »

Iglesias a également critiqué la couverture médiatique espagnole, notant que les expressions « masse » et « incursion de masse » sont utilisées constamment quand on parle d’immigrants noirs. Mais ils étaient 1 500 (à essayer d’atteindre Melilla) et seuls 120 ont réussi à rester [sur le territoire espagnol]. En revanche, il y a 130 000 Ukrainiens en Espagne qui ont été traités comme il se doit en tant que réfugiés de guerre.

De même, le porte-parole du groupe parlementaire de Unidas Podemos, Pablo Echenique, a tweeté :

37 morts. S’ils étaient blonds et européens, il y aurait des réunions d’urgence au plus haut niveau, des journaux télévisés spéciaux sur leurs vies et leurs familles, et une rupture totale des relations avec le pays dont l’action policière a provoqué cette tragédie.

Pourtant, les cinq ministres d’Unidas Podemos ont évité de condamner les actions de la police marocaine, se limitant à demander une enquête publique et le respect des droits humains. La timide réponse de la vice-première ministre Yolanda Díaz a particulièrement irrité de nombreux partisans de la gauche – et complique encore sa stratégie visant à obtenir des avantages matériels plutôt que de se concentrer sur des sujets plus larges ne relevant pas des compétences ministérielles d’Unidas Podemos. Démissionner du gouvernement n’aurait pas d’impact réel, mais jusqu’à présent, elle n’a pas réussi à pousser Sánchez à ne serait-ce que s’excuser pour ses déclarations ou à obtenir du PSOE qu’il accepte une enquête, sans parler de réformes plus larges concernant la politique d’immigration.

Le nombre de décès le long des frontières sud de l’Espagne a en effet fortement augmenté ces dernières années. Walking Borders estime que pour 2021, le nombre total atteint un peu plus de 4 400 – la grande majorité se produisant le long de la périlleuse route de l’Atlantique, allant du nord-ouest de l’Afrique jusqu’aux îles Canaries espagnoles.

L’hypocrisie européenne

Pourtant, au-delà du cynisme grotesque de Sánchez et de l’impuissance de la gauche espagnole, on trouve ce concept frontalier plus large de la « Forteresse Europe » autour duquel les États de l’UE ont convergé. Dans une lettre ouverte, une coalition d’organisations internationales et marocaines de défense des droits humains a insisté sur le fait que « les morts et les blessés sont l’illustration tragique des politiques européennes d’externalisation des frontières de l’UE ». Le type de violence observé à Melilla n’est qu’un exemple du modèle plus large de l’Union européenne : externaliser la sécurité des frontières vers des États autoritaires brutaux (que ce soit au Maroc, en Libye ou en Turquie) et convertir ainsi les frontières sud du continent en espaces extra judiciaires dans lesquels les protections fondamentales des droits humains sont largement suspendues. Selon l’activiste et universitaire Marcos Suka, ce régime frontalier est conçu autour d’une « politique de dissuasion. Plus on tue de Noirs, moins il y en aura qui tenteront de venir. »

En réalité cependant, « les flux migratoires sont impossibles à arrêter, comme le note la militante Ana Rosado Caro. Si vous bloquez un des itinéraires, un autre plus dangereux s’ouvrira tout simplement ». La plupart des immigrants qui ont cherché à atteindre Melilla vendredi dernier étaient originaires du Soudan du Sud et du Tchad, des pays à partir desquels les immigrants cherchent habituellement à passer en Europe via la Libye. Mais selon Helena Maleno, « le niveau de répression en Libye a fait qu’ils traversaient l’Algérie et continuaient vers le Maroc. » La Commission des droits humains des Nations unies a critiqué à plusieurs reprises le financement des garde-côtes libyens par l’UE et l’Italie, ainsi que la coopération dont ils font preuve concernant le retour forcé des migrants dans ce pays, où ils sont confrontés à des conditions « inhumaines» dans les centres de rétention pour migrants.

Entre-temps, au Maroc, des tombes ont été creusées à la hâte dans le cimetière local de Nador, les autorités semblant prêtes à enterrer les morts sans chercher à identifier les victimes ou à pratiquer des autopsies. Parallèlement, la plupart des mille immigrés qui étaient détenus à la frontière de Melilla ont été déplacés de force à plus de six cents kilomètres de l’enclave espagnole vers le sud du Maroc, certains souffrant de fractures et de blessures graves. Il est clair que, tant pour les autorités marocaines que pour Sánchez, le plan consiste à aller de l’avant sans reconnaître la gravité des événements – ce qui est particulièrement écœurant de la part d’un dirigeant social-démocrate réputé « progressiste ». Pourtant, avec le blocus des exportations de céréales de l’Ukraine qui va exacerber les pénuries alimentaires dans de nombreux pays africains, rien ne garantit que le massacre de vendredi dernier restera un cas isolé.

Contributeurs

Eoghan Gilmartin est écrivain, il est aussi traducteur et collabore à Jacobin depuis Madrid.

Source : Jacobin Mag, Eoghan Gilmartin, 28-06-2022

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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34 réactions et commentaires

  • RGT // 01.08.2022 à 08h55

    La plus grosse hypocrisie vient surtout du fait que ces migrants fuient la misère engendrée dans leurs pays par les nations occidentales dont les entreprises pillent sans restrictions les moindres parcelles de ressources disponibles au détriment de la population…

    Et, cerise sur le gâteau, les occidentaux (du moins ceux qui ont intérêt à trouver des esclaves à des prix très compétitifs) vantent les mérites de « l’eldorado » à ces populations qui crèvent de faim et leur promettent une vie paradisiaque dans les « pays développés »..

    Les causes de ces drames se trouvent dans le cynisme de « nos » élites qui favorisent le pillage total de ces pays au profit de leurs « amis » (coucou Bolloré, Nestlé et les autres) en permettant à ces « amis » de ne pas indemniser les populations locales pour les désastres commis sur leurs sols.

    Sans compter bien sûr le dérèglement climatique qui vient mettre une couche supplémentaire avec l’assèchement de terres (non exploitables pour les occidentaux) qui permettaient de nourrir la population.

    Pendant ce temps les profits des entreprises occidentales atteignent des sommets et ce sont les « gueux » africains ET occidentaux qui se retrouvent encore plus paupérisés.

    Le Maroc n’a fait que suivre les ORDRES des occidentaux.

    Après tout, ces migrants ne font que transiter sur le territoire marocain et les marocains ne seraient pas intervenus s’ils n’en avaient pas reçu l’ordre impératif sous peine de sanctions féroces.

    « Ne jetez pas la pierre à la femme adultère, je suis derrière » chantait Brassens.

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    • Urko // 01.08.2022 à 11h29

      L’expression « pillage total » ne convient pas à décrire la situation. Il ne s’agit pas de pillage en soi, ces matières premières étant achetées, ce à de tarifs qui ont d’ailleurs joliment gonflé : quand le baril se facturait à vingt dollars, certains parlaient de pillage de l’Afrique, et maintenant qu’il atteint régulièrement les cent dollars, ils parlent toujours de pillage. Drôle de pillage… Le cacao, le bois, le cobalt, tungstène etc, ont suivi des trajectoires peu ou prou similaires. A quel prix faut il considérer qu’il n’y a plus de pillage ? Quand un Italien achete une voiture allemande, dit on que l’Italie pille l’Allemagne ? Quand un Allemand achète du gaz russe, dit on que l’Allemagne pille la Russie ? Je pose souvent la question ci dessus, dès que j’entends une belle âme me dire que l’occident pille l’Afrique (j’admets que la formule semble jolie et trahit en douceur la merveilleuse générosité de celui qui l’a prononcée et à qui ça n’a rien coûté de la prononcer) : à partir de quel niveau de prix peut on considérer que l’occident ne pille pas l’Afrique ? Je n’ai jamais eu la moindre réponse… Et pour cause : l’occident ne pille pas l’Afrique. En revanche, les dirigeants africains, qui trouvent charmant d’accepter les invitations des Chinois à offrir des études à leurs rejetons dans les universités chinoises comme ils trouvaient charmant d’acquérir un immeuble à Paris ou de se faire soigner à New York, semblent avoir une idée plus précise d’où va l’argent de l’occident mauvais pilleur, bon payeur.

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      • utopiste // 01.08.2022 à 16h28

        Le prix que vous payez les matières premières, et autres denrées, n’a rien à voir avec ce que l’Afrique reçoit. Prenez l’exemple des agriculteurs français : ils vivent dans le même pays que vous. Ils sont aller aux mêmes écoles et sont soumis aux mêmes lois que le reste de la population. Et pourtant ils sont payés juste assez pour survivre. Alors que pensez-vous qui arrive quand cela concerne les africains ?
        Les dirigeants africains sont corrompu ? C’est évident, de même qu’ils ont obligation d’être « libéraux » pour survivre. Est-ce que ça a jamais dérangé les dirigeants « occidentaux » (politiques comme économiques) ? La réponse est tout aussi évidente.
        Quand aux futurs dirigeant africains : Dans les années 1960-1980, ils venaient étudier en France. Dans les années 1990-2000, ils allaient étudier aux USA. Aujourd’hui ils vont en Chine. L’équilibre du monde change, voila tout.

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        • K // 01.08.2022 à 23h08

          Justement, lorsque l’Île-de-France achete des denrées alimentaires à des agriculteurs corréziens, on ne dit pas que l’Île-de-France pille la Corrèze.

          Les commentateurs hostiles à l’Occident ne se rendent pas compte qu’ils revendiquent une chose et son contraire.
          Que voulez-vous que les Occidentaux fassent vis-à-vis dirigeants africains qui détournent le produit de la vente de leur sous-sol? Vous voudriez que les Occidentaux vérifient que leurs paiements financent les services publics des peuples africains au lieu d’etre detournes? On peut mais ca s’appele du colonialisme.
          A l’inverse, on peut respecter la souverainete de ces etats et ne pas chercher a connaitre la destination des paiements realises a nos fournisseurs de matieres premieres, mais dans ce cas les Occidentaux seront accuses de fermer les yeux sur les agissements de presidents corrompus.
          Donc quoi qu’on fasse, l’Occidental sera le coupable.

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          • RGT // 02.08.2022 à 09h58

            Il y a pillage quand un producteur de ressources vend pour une misère (parfois à perte) sa production à une entreprise en situation de quasi-monopole ou en situation de domination suite à des accords de « non concurrence » pour maximiser ses profits puis ensuite revendre lesdites ressources (parfois même pas modifiées) à prix d’or auprès des con-sommateurs.

            Regardez simplement la situation des agriculteurs et des éleveurs en France.
            Pas celle des ENTREPRISES INDUSTRIELLES qui pratiquent l’élevage intensif ou qui possèdent des centaines d’hectares dans les plaines fertiles, les « péquenots de base » englués dans les dettes liées à l’achat de matériel censé leur permettre de mieux vivre mais qui les fait plonger encore plus car ce matériel ne sera JAMAIS rentabilisé…

            Si les taux de suicides chez les agriculteurs atteint des sommets (talonnés par les personnels soignants) il ne faut pas s’étonner…

            Quand vous achetez un kilo de patates en supermarché au prix du quintal vendu par le producteur posez vous une seule question : Les frais de transport et de stockage sont-ils 100 fois supérieurs à ceux de la production ?

            Et les ressources africaines proviennent d’exploitations gigantesques qui appartiennent à des multinationales qui emploient des saisonniers affamés prêts à tout pour survivre et ne payent même pas d’impôts, le gouvernement qui aurait l’idée saugrenue de les taxer subissant le sort de Laurent Gbagbo…

            Souvenez-vous d’American Fruit qui faisait la pluie et le beau temps à Cuba.
            Les cubains plus de 60 ans après continuent de payer le prix fort.

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            • jp // 02.08.2022 à 18h05

              C’est United Fruit pas American Fruit mais c’est bien une société étasunienne connue pour ses coups d états en Amérique latine.

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      • jp // 02.08.2022 à 18h12

        lisez ce qu’on appelle « Dégradation des termes de l’échange » et ça concerne justement café, cacao etc.

        https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9gradation_des_termes_de_l%27%C3%A9change

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    • Bruno // 09.08.2022 à 09h04

      Arrêtons avec ’les occidentaux ‘. Cela fait 50 ans que l’on s’est barré de chez eux et qu’ils élisent oi soutiennent des castes dirigentes pourries jusqu’à la moelle, corrompues et dictatoriales.
      l’Europe avec 60% d’africains, ce n’est pas l’Europe, avec des citoyens originaires d’Afrique. l’Europe avec 60% d’africains, c’est l’Afrique.

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  • petitjean // 01.08.2022 à 09h32

    Trop facile d’accabler les pays européens

    Quelle est donc la responsabilité des pays africains incapables de sortir leur pays de la pauvreté ? Pourquoi les pays africains sont-ils incapables d’exploiter et de valoriser les trésors de leur sous-sol ? Combien d’ingénieurs, de médecins, de scientifiques, l’Afrique forme-t-elle chaque année ?

    Depuis l’accès à l’indépendance des pays africains, ce sont des centaines de milliards que l’occident a déversé sur ces pays. Où sont les résultats ? Pourquoi ?

    Par exemple, Le non contrôle de sa démographie, est-ce la faute de l’Occident ? L’Europe est un coupable trop commode !

    Les dirigeants africains sont responsables, pourquoi ne pas le dire ? C’est trop facile de faire en permanence un procès sans vouloir aller aux CAUSES !…………..

      +19

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    • Koui // 01.08.2022 à 11h28

      Les africains sont responsables de leur développement et l ‘afrique progresse. Les européens devraient financer massivement les écoles pour les filles. C’est encore le meilleur moyen d’aider au développement et au contrôle de la natalité.

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      • petitjean // 01.08.2022 à 13h19

        n’est-ce pas aux états africains de « financer massivement les écoles pour les filles » ?

        mettre un terme à la corruption, mettre un terme aux conflits ethniques, cesser les achats d’armes, mettre en place un contrôle des naissances, scolariser tous les enfants, permettre à tous l’accès aux soins médicaux, développer les réseaux d’eau potable, etc, etc n’est-ce pas la responsabilité première des dirigeants africains ?

        Et j’en reviens à ma première remarque : Former des ingénieurs, des enseignants, des médecins, des scientifiques, des techniciens, etc, etc

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        • Lt Briggs // 01.08.2022 à 16h13

          « mettre un terme à la corruption, mettre un terme aux conflits ethniques, cesser les achats d’armes, mettre en place un contrôle des naissances, scolariser tous les enfants, permettre à tous l’accès aux soins médicaux, développer les réseaux d’eau potable, etc, etc n’est-ce pas la responsabilité première des dirigeants africains ? »

          C’est certain. Mais les dirigeants qui s’en sont réellement donné les moyens ont eu des soucis. On va peut-être savoir qui a commandité l’assassinat de Thomas Sankara. Evo Moralès en Bolivie s’en est sorti de justesse… Vous êtes vraiment sûr que les élites occidentales cherchent à rendre les pays africains moins pauvres, moins corrompus, avec un vrai état de droit ? Ces pays passeraient alors de simples pays-clients à celui de véritables partenaires…

          « n’est-ce pas aux états africains de « financer massivement les écoles pour les filles » ? »
          Dans l’absolu, vous avez raison. Après, les coups de pouce, ça existe. Les États-Unis ont financé la reconstruction de l’Europe… et s’y sont d’ailleurs largement retrouvés une fois que l’Europe est redevenu un marché solvable.

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          • petitjean // 01.08.2022 à 16h48

            -les pays africains doivent se donner les moyens d’exploiter et de valoriser leurs propres richesses. Ils doivent donc former et recruter des Compétences

            -l’Occident aide l’Afrique depuis que les pays de ce continent sont indépendants. Ce sont des centaines de milliards qui ont été déversés sur l’Afrique depuis 60 ans.

            L’instauration d’états de droit exige que les peuples soient éduqués et instruits, ils choisiront ainsi les bons gouvernements.. C’est l’affaire des africains

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            • Lt Briggs // 01.08.2022 à 18h17

              « L’instauration d’états de droit exige que les peuples soient éduqués et instruits, ils choisiront ainsi les bons gouvernements.. C’est l’affaire des africains »
              Oui, encore que l’instruction ne suffise pas pour parler d’État de droit. Le nazisme est apparu et a prospéré dans un des pays les plus éduqués au monde.

              « l’Occident aide l’Afrique depuis que les pays de ce continent sont indépendants. Ce sont des centaines de milliards qui ont été déversés sur l’Afrique depuis 60 ans. »
              Ça me fait penser aux présidents français qui effacent périodiquement la dette de pays d’Afrique. C’est beau, ça permet aux dirigeants des dits pays de continuer à placer l’argent volé à leur peuple dans les banques françaises et de racheter le XVIe arrondissement. C’est d’ailleurs le deal : on efface la dette de ton pays, mais tu places l’argent chez nos banquiers… et accessoirement tu finances nos campagnes électorales (Bongo avec VGE, etc). La boucle est bouclée. Avec ce type d’ « aide », dix siècles passeront sans que l’Afrique ne se développe véritablement.

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            • Patrick // 04.08.2022 à 13h42

              « on efface la dette de ton pays, mais tu places l’argent chez nos banquiers »
              c’est le seul aspect positif , au moins l’argent revient en Europe plutôt que d’être gaspillé sur place. Le plus simple serait évidemment de ne rien verser au départ.

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            • Lt Briggs // 04.08.2022 à 18h33

              « on efface la dette de ton pays, mais tu places l’argent chez nos banquiers »

              c’est le seul aspect positif »

              Curieuse réaction, Patrick. Vous semblez condamner ce système pourri, tout en trouvant « positif » le circuit de l’argent de la corruption qui est justement à la base du système.

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        • Patrick // 05.08.2022 à 11h24

          Je considère ce système comme complètement pourri , c’est clair.
          La corruption se faisant souvent dans les deux sens , les valises de billets revenant en France pour financer des hommes politiques en échange de leur protection plus tard.

          En ce qui concerne l’argent qui est mieux dans les banques européennes sur le terrain , c’est à moitié de l’humour. Toute cette aide est décidée par des dirigeants sans que les citoyens aient leur mot à dire , les citoyens préféreraient que cet argent soit utilisé chez nous.

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      • Bruno // 09.08.2022 à 09h06

        Surtout ne RIEN faire là bas! Les laisser gérer tranquillement leurs affaires, liquider leurs dirigeants corrompus, prendre en main leur destin.

        Aucune envie de financer quoi que ce soit en Afrique !

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    • utopiste // 01.08.2022 à 17h10

      Avez-vous jamais entendu parlé de « libéralisme » ou de FMI et de leurs effets sur l’économie d’un pays ?
      Du temps des colonies, il était plus important d’exploiter que d’éduquer. Et rien n’a changer.
      Pourquoi est-il nécessaire de « déverser des milliards » dans des pays qui ont du pétrole, des métaux précieux, des matières rares, etc.?
      On peut aussi s’interroger sur les « pays » eux-mêmes. Les nôtres ont été créés aux cours des siècles, par leurs populations, avec de la souffrance, des armes et du sang. Nombre de « pays » d’Afrique ont été « récemment » dessinés à la règle, sur une carte, par des gens venu d’ailleurs en exploiter les ressources.
      Et maintenant, parlons de l’Europe ou de l’Occident. Savez-vous ce que c’est, comment ça marche réellement ? Pouvez-vous l’expliquer avec autre chose que des généralisations, des mots ronflants et des idées reçues qui vous mettent à l’aise ?

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  • Urko // 01.08.2022 à 10h37

    Drame affreux : les forces chargées de surveiller les frontières ont une responsabilité écrasante dans la mort de ces candidats à l’immigration en Europe ; repousser 1 500 personnes ne réclame en théorie pas de les tuer. Mais ceux qui en Europe justement, encouragent ces candidats à tenter le coup, au nom de principes très en vogue dans la bourgeoisie urbaine issue de mai 68, portent aussi une lourde responsabilité, non ? L’Afrique, en 1900, comptait 100 millions d’habitants, puis 250 millions à la fin de la colonisation, 650 millions dans les années 1990 et 1,3 milliard aujourd’hui : en bref, nos principes moraux quant aux populations voulant immigrer en Europe n’ont pas évolué depuis cinquante ans alors que les données du problème ont totalement changé. D’après l’ONU, la population africaine s’établira à 2,5 milliards en 2050. Pour éviter ces drames, pour éviter que de jeunes hommes se jettent sur des barbelés en espérant les franchir, il faudra inéluctablement cesser de leur faire croire qu’ils ont la moindre chance de parvenir à cet Eldorado où ils serviront d’employés à bas coût à la bourgeoisie s’arrangeant pour les payer si mal qu’il faut les loger dans le parc social aux frais de classes moyennes en voie de paupérisation. L’hypocrisie se trouve aussi là.

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