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20.juillet.201820.7.2018 // Les Crises

Les dangers du culte du chef, par Chris Hedges

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Source : Truthdig, Chris Hedges, 06-05-2018

Mr. Fish / Truthdig

Aucun leader, aussi talentueux et visionnaire soit-il, ne défie efficacement le pouvoir sans une base organisée et disciplinée. Le mouvement des droits civiques n’était pas plus incarné par Martin Luther King Jr. que le mouvement socialiste ne l’était par Eugene V. Debs. Ella Baker, leader du mouvement pour les droits civiques, l’a compris : c’est le mouvement des droits civiques qui a créé Martin Luther King, et non King qui a créé le mouvement des droits civiques. Nous devons tenter de construire de nouveaux mouvements radicaux qui ne dépendent ni de subventions, ni d’une plateforme médiatique, ni du Parti démocrate, et qui ne soient pas centrés sur le culte du chef. Sinon, nous resterons impuissants. Aucun leader, quel que soit son charisme ou son courage, ne nous sauvera. Nous devons nous sauver nous-mêmes.

« Vous ne m’avez pas vue à la télévision, vous n’avez pas vu de reportages sur moi », a dit Baker, qui est décédée en 1986. « Le genre de rôle que j’ai essayé de jouer était de ramasser des morceaux ou d’assembler des morceaux dont j’espérais que l’organisation pourrait émerger. Ma théorie est que les gens forts n’ont pas besoin de leaders forts ».

Toutes nos organisations radicales et populaires, y compris les syndicats et la presse, ont été décimées ou détruites. Si nous voulons réussir à opposer le pouvoir au pouvoir, nous devons rejeter le culte de la personnalité, la conscience mortelle du Moi – qui séduit beaucoup de monde – y compris à gauche, pour construire de petits édifices auto-porteurs. Nous devons comprendre qu’il ne s’agit pas de nous. Il s’agit de notre voisin. Nous ne devons pas être paralysés par le désespoir. Notre travail est de nommer et d’affronter le Mal. Toutes les grandes croisades pour la justice durent plus d’une vie. Nous ne sommes pas évalués à l’aune de ce que nous réalisons, mais à celle de la passion et de l’honnêteté avec laquelle nous nous battons. Quand nous aurons compris tout ça, nous aurons une chance de contrecarrer le pouvoir des entreprises et de protéger un écosystème qui se dégrade rapidement.

Qu’est-ce que cela signifie ?

Cela signifie prendre du recul pour bâtir à l’échelle locale des collectifs et des réseaux relationnels qui, pendant des mois, voire des années, resteront ignorés de la culture majoritaire. Cela signifie qu’il faut commencer là où sont les gens. Cela signifie écouter. Cela signifie s’affirmer en tant que membre d’une communauté, prêt à faire des sacrifices personnels pour le bien-être des autres. Cela signifie abandonner certaines prétentions, être humble et souvent agir dans l’anonymat. Cela signifie, comme l’a dit Cornel West, ne pas devenir « ontologiquement accro à la caméra ». Cela signifie, continue West, rejeter « l’obsession de soi comme une sorte de grand don messianique au monde ».

Pour s’organiser, il est essentiel de conduire des programmes d’éducation populaire qui enseignent aux gens, par le dialogue, les mécanismes de la puissance des entreprises privées et la nature de l’oppression subie. On ne peut pas combattre ce que l’on ne comprend pas. Les changements politiques efficaces, comme le savait Baker, ne sont pas le fruit de démarches essentiellement politiques. Ils sont fondés sur la solidarité humaine, la confiance mutuelle et la prise de conscience d’une situation. Comme Harriet Tubman l’a dit : « J’ai sauvé beaucoup d’esclaves, mais j’aurais pu en sauver mille autres si les esclaves avaient su qu’ils étaient esclaves ». L’attaque du patronat contre l’éducation et le journalisme fait partie d’un effort concerté pour nous empêcher de comprendre le pouvoir des entreprises ainsi que les idéologies, comme la mondialisation et le néolibéralisme, qui en font la promotion. Au lieu de quoi nous sommes envoûtés par le sordide, le salace et les choses sans intérêt.

La prise de conscience et l’émergence d’organisations de masse prendra du temps. Mais ces mouvements de masse ne peuvent pas devenir publics tant qu’ils ne sont pas assez forts pour mener des actions régulières, comme des actes de désobéissance civile et des campagnes de résistance passive. La réponse de l’État sera vicieuse. Sans une base dévouée et organisée, nous ne réussirons pas.

Bob Moses était directeur du projet Mississippi du SNCC (Student Non-Violent Coordinating Committee [Coordination étudiante non-violente, NdT]) au début des années 1960, lorsque ce groupe s’est organisé pour inscrire les Noirs sur les listes électorales. Dans l’État du Mississippi, la plupart d’entre eux n’avaient pas le droit de vote en raison des taxes électorales, des tests d’alphabétisation, des exigences en matière de résidence et autres obstacles. Moses, comme beaucoup d’organisateurs, a été tabassé et arrêté. Les Noirs qui ont tenté de s’inscrire sur les listes électorales ont été menacés, harcelés, licenciés, agressés physiquement, voire assassinés.

« Au fond, il s’agissait d’une guerre de guérilla de bas niveau », a récemment déclaré Moses à l’occasion d’un événement à l’Université de Princeton, dans le New Jersey. « Dans la guérilla, vous avez une communauté dans laquelle vous pouvez vous fondre, et dont vous pouvez resurgir. C’est ce que l’on avait. Nous avions un groupe d’activistes locaux qui avaient appartenu à des comités locaux de la NAACP [Association Nationale pour la Promotion des Gens de Couleur, organisation de défense des droits civiques, NdT] et qui étaient dans un état d’esprit différent après la Seconde Guerre mondiale. Ils étaient notre base. Je pouvais aller n’importe où, à n’importe quelle heure de la nuit, frapper à une porte. Quelqu’un allait l’ouvrir, me donner un lit pour dormir et de quoi manger. Ils surveilleraient mes arrières. »

« Nous avions une communauté de guérilla dans laquelle nous pouvions disparaître pour ensuite refaire surface et accompagner des gens sur les champs de bataille qu’étaient les tribunaux locaux où les gens essayaient de s’inscrire sur les listes électorales », a-t-il dit. « À ce moment-là, vous étiez exposé au danger, et prêt à l’accepter. Ce danger pouvait venir de la police routière de l’État, des shérifs locaux et des citoyens du Ku Klux Klan. Différents niveaux de danger. Le défi est de comprendre que vous n’êtes pas toujours en danger. Ceux qui ne l’ont pas compris n’ont pas résisté longtemps. Ils n’ont pas adhéré. »

« Une guérilla doit avoir une fin », a-t-il dit. « C’est ce que vous apprennent les guérilleros qui ont réussi à survivre et prospérer dans la lutte. La seule façon d’apprendre cela, c’est de s’immerger. Il n’y a pas de formation. Dans le Mississippi, la plupart des personnes qui ont fait cela étaient jeunes, 17, 18, 19 ans. Et elles y vivaient. »

Pour Moses, l’organisation se structure autour d’un sujet important pour la communauté – augmenter le salaire minimum, protéger les travailleurs sans papiers, rétablir le droit de vote des anciens prisonniers, bloquer un site de fracturation hydraulique, ou bien mettre fin aux expulsions, à la violence policière ou au rejet de déchets toxiques dans les quartiers. Les mouvements émergent spontanément. Les dissidents montent en compétence et se forment les uns après les autres. « Toute insurrection se mérite ».

« Si on vous met à terre assez souvent et qu’à chaque fois vous vous relevez, on finit par vous prendre au sérieux », a-t-il dit. « Ce n’est pas que vous qui parlez. On entend tout le monde en parle depuis toujours. Nous avons gagné leur confiance. Nous avons gagné le respect des jeunes d’un bout à l’autre du pays, pour les inciter à descendre dans la rue et à risquer leur vie. Ce pays est le leur. Ils faut qu’ils regardent ce qui s’y passe : que veulent-ils en faire ? Nous avons assis notre crédibilité. »

Moses a mis en garde les mouvements, comme Black Lives Matter [Les vies des Noirs comptent, NdT], contre une énorme présence médiatique sans base solidement organisée. Trop souvent, les contestations sont surtout des mises en scène, qui élèvent les manifestants au rang de radicaux ou de dissidents, tout en évitant la confrontation avec le pouvoir de l’État. En fait, l’État collabore souvent avec les manifestants, procédant à des arrestations symboliques chorégraphiées à l’avance. Cette façade d’activisme est en grande partie inutile. Les manifestations doivent prendre l’État par surprise et, comme dans le cas des protecteurs des eaux de Standing Rock [Dakota], causer d’importantes perturbations. Lorsque cela se produira, l’État abandonnera toute retenue, comme il l’a fait à Standing Rock, et réagira par la violence.

« Vous ne pouvez pas être une personne médiatique et un militant », a dit Moses. « Si vous êtes à la tête d’un mouvement, c’est ce que vous faites et qui vous êtes qui a un impact sur les personnes que vous voulez voir faire le travail d’organisation. S’ils vous voient dans les médias, alors eux aussi veulent y être présents. Être une personnalité médiatique dans ce pays est lourd à porter. Les devoirs et obligations qui naissent de la présence médiatique sont incompatibles avec le travail d’organisation militante. Quand le SNCC a décidé qu’il avait besoin d’un porte-parole, il s’est coupé de sa base militante. Elle s’est désintégrée et a disparu. On ne pas faire les deux à la fois. »

Les mobilisations de masse, comme la Marche des femmes, ont peu d’impact à moins qu’elles ne fassent partie d’une campagne centrée autour d’un objectif précis. L’objectif – dans le cas du SNCC, l’inscription des électeurs – devient l’outil d’une conscientisation politique, voire d’un défi plus global du pouvoir établi. « Les gens doivent s’organiser autour des questions qui les préoccupent », a dit Moses. « Ils doivent formuler leur propre stratégie. Si la stratégie leur est dictée, le mouvement échouera. »

« Les gens ont besoin de se faire leur propre opinion sur tel ou tel sujet », a dit Moses. Ils doivent devenir des acteurs, et non se contenter d’écouter les autres.

« Ils peuvent développer leur capacité d’agir en essayant des choses. Ça marche, ou ça ne marche pas. Ils recommencent. Ils réfléchissent. Ils reformulent. Les membres de l’équipe assurent le suivi de ce qui est fait, et par qui c’est fait. Ils le documentent. C’est la différence entre une tentative de mobilisation des gens pour un événement, et une tentative d’amener les gens à s’engager et à réfléchir à un problème. »

« Quand vous faites de la désobéissance civile, le but n’est pas d’ébranler le pouvoir, mais de toucher des personnes », a-t-il dit. « Comment voient-ils ce que vous faites ? Les faites-vous fuir ? C’est un équilibre entre la direction et les militants. La désobéissance civile peut vous aider, ou non, à élargir votre base militante. »

Moses, qui croit que seule la résistance non-violente sera efficace, a déclaré que le mouvement anti-guerre au Vietnam s’était sabordé en n’acceptant pas, comme l’a fait le mouvement des droits civiques, la prison comme moyen de résistance. Beaucoup de membres du mouvement anti-guerre, a-t-il dit, manquaient de sens du sacrifice. Cette capacité à se sacrifier, a-t-il dit, est fondamentale pour obtenir la victoire.

« Le mouvement anti-guerre aurait eu un impact énorme s’il avait été capable d’accepter d’aller en prison », a-t-il dit. Ils auraient pu affirmer « Nous allons payer un certain prix. Nous allons gagner notre insurrection contre la politique étrangère du pays. On va dire non et aller en prison. De cette façon, ils auraient pu refaire surface à la fin de la guerre comme les insurgés ayant payé, à leur manière, le prix de la guerre. »

Source : Truthdig, Chris Hedges, 06-05-2018

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Commentaire recommandé

RGT // 20.07.2018 à 08h00

Ce texte est très intéressant et correspond bien à ma conception anarchiste de la société : aucun « chef », aucun « leader » (surtout « young ») ne doit s’élever au dessus de la mêlée.

Le plus gros problème, c’est que l’on inculque dès notre plus jeune âge la soumission à une « autorité » et que sans cette « autorité » aucun mouvement, même le plus parfait, ne peut obtenir de crédibilité car à tous les niveaux son absence de « chef charismatique » sera perçue comme un véritable repoussoir.

Ensuite, s’il y a un « chef », il est alors facile de le corrompre ou de le « suicider » facilement, les exemples ne manquent pas.

C’est bien le propre des sociétés aristocratiques que de tenter de reproduire leur structure sociale même chez ses opposants.
Une fois le que ver est dans le fruit, il peut alors le dévorer tout doucement de l’intérieur.

Pourquoi croyez-vous que les anarchistes aient été victimes des attaques sanglantes de TOUS leur opposants, qu’ils soient de « droite » ou de « gauche ».
Simplement parce qu’ils croyaient à des principes horizontaux SANS aucun chef à leur tête.
Donc totalement incontrôlables par les aristocrates.

15 réactions et commentaires

  • Fabrice // 20.07.2018 à 07h31

    Si on quantifie la minorité qui se bat dans l’ombre, pour faire exister concrètement le pouvoir du peuple, force est de constater qu’il faudrait qu’elle decapite frères sœur oncles grands pères et grands’ meres et aussi pas mal de cousins et autres beauf’ pour obtenir la majorité qualifiée! Emoicone paradoxal!
    Sincèrement une société érigée sur la prédation, la domination, l’ordre et la structure ne laissera naturellement pas de place à l’ideal Démocratique. L’empire s’effondrera, comme à chaque fois, voilà tout.

      +5

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  • Pierre D // 20.07.2018 à 07h52

    « Homme fabricateur de dieux » disait Nietzsche…

    Appliquer la logique d’une raison individuelle à une multitude est voué à l’échec. Ce n’est pas qu’une raison soit supérieure à l’autre, c’est qu’elles ne répondent pas aux mêmes besoins.

    C’est peut-être réconfortant pour celui qui l’énonce, à titre individuel, mais de mémoire d’homme ça n’a jamais fonctionné. Les foules ont leur propre logique, leur intelligence et c’est grâce aux « leaders » qu’elles ont créés qu’elles avancent pour le meilleur comme pour le pire.

      +10

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    • Jac // 21.07.2018 à 12h47

      “Homme fabricateur de dieux” disait Nietzsche…

      Oui, c’est à mon sens ce qui a donné tant de force et pouvoir à la religion et aux sociétés humaines. En inventant Dieu (et d’abord des dieux) alors que le culte du chef existe depuis la préhistoire, les hommes ont permis que les sociétés humaines se regroupent et se battent au nom d’un « idéal » par le culte d’un Dieu ‘fictif » (qui par définition n’existe pas matériellement comme existe un chef). Ce qui a fait chuter multiples chefs. Ce pourquoi à mon avis les civilisations puissantes de l’Antiquité ont inventé les « chefs suprêmes » ( en Egypte les pharaons) hommes et dieux à la fois. Ce pourquoi le Christ, d’abord humain prédicateur comme il y en avait plusieurs, a été « transformé » idéologiquement en fils de Dieu donc humain et Dieu à la fois. Ce qui a donné tant de force à la religion catholique. …etc… L’histoire ne manque pas d’exemples.

      Nietzsche a écrit aussi dans »Aurore », avec la même lucidité et devant le constat du pouvoir totalitaire capitaliste s’amplifiant :  » (…) et c’est la sécurité que l’on adore maintenant comme divinité suprême ».

      Comment Moses, Hedges et tant d’autres envisagent que l’on se batte contre toute oppression, dût-elle nous soumettre et opprimer tous, avec cette nouvelle « divinité » si puissante que les pouvoirs totalitaires du fric Roi qui dirigent le monde ont si bien compris ?

      Même Daech, dont les dirigeants (qui ont aussi si bien compris) ont essayé de renverser le pouvoir du fric et de la sécurité (et donc l’individualité) au nom de Dieu par un retour au moyen-âge où l’Islam avait tant de puissance, se fait écraser….
      On ne peut se battre efficacement qu’avec les mêmes armes que nos adversaires. Et les adversaires mondialement totalitaires aujourd’hui sont anonymes….
      Mais certainement pas par un retour en arrière, ni XXième siècle, ni moyen âge, ni antiquité, ni nomadisme du paléolithique…

        +0

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  • RGT // 20.07.2018 à 08h00

    Ce texte est très intéressant et correspond bien à ma conception anarchiste de la société : aucun « chef », aucun « leader » (surtout « young ») ne doit s’élever au dessus de la mêlée.

    Le plus gros problème, c’est que l’on inculque dès notre plus jeune âge la soumission à une « autorité » et que sans cette « autorité » aucun mouvement, même le plus parfait, ne peut obtenir de crédibilité car à tous les niveaux son absence de « chef charismatique » sera perçue comme un véritable repoussoir.

    Ensuite, s’il y a un « chef », il est alors facile de le corrompre ou de le « suicider » facilement, les exemples ne manquent pas.

    C’est bien le propre des sociétés aristocratiques que de tenter de reproduire leur structure sociale même chez ses opposants.
    Une fois le que ver est dans le fruit, il peut alors le dévorer tout doucement de l’intérieur.

    Pourquoi croyez-vous que les anarchistes aient été victimes des attaques sanglantes de TOUS leur opposants, qu’ils soient de « droite » ou de « gauche ».
    Simplement parce qu’ils croyaient à des principes horizontaux SANS aucun chef à leur tête.
    Donc totalement incontrôlables par les aristocrates.

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    • Wissenmeyer // 20.07.2018 à 11h36

      Foutaises , vous oubliez la nature humaine . Les valeurs comme l’ambition , le gout du luxe , celui du pouvoir , la cruauté , j’en passe et des pires . Comme me disait mon responsable technique  » Si je n’ai jamais accepté de pot de vin , c’est qu’il n’était probablement pas assez gros « 

        +6

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    • Iskander Zakhar // 20.07.2018 à 11h43

      Juste pour préciser votre remarque, que je partage entièrement : l’Anarchie est systématiquement associée au chaos (les deux termes étant la plupart du temps confondus et ayant pris un sens identique chez de trop nombreuses personnes).
      C’est un bon moyen de dénigrer d’avantage ce mouvement aux yeux des citoyens.

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      • RGT // 20.07.2018 à 20h09

        L’anarchie est le chaos…
        Pour les aristocrates (que j’emploie au sens étymologique du terme avec bien sûr un « petit clin d’œil » à tous ceux qui s’autoproclament les « meilleurs » – aristos en grec antique).

        C’est le chaos parce qu’ils ne peuvent plus contrôler quoi que ce soit et qu’ils se retrouvent d’un coup éjectés de leur trône en devant se mélanger aux « gueux » qui n’ont « aucune intelligence ni aucune culture »…

        Personnellement j’ai infiniment plus de respect pour un éboueur que pour un énarque.
        D’un côté nous avons un homme qui a un travail peu valorisant, qui est très mal rémunéré, très peu considéré mais qui rend un service immense à la collectivité.
        Il suffit de voir ce qui se passe quand, lassés de voir leurs demandes de reconnaissance rejetées ils se mettent en grève. Ça devient très vite le bordel et nos grandes agglomérations deviennent très vite insalubres, à la limite de l’épidémie de choléra.

        De l’autre nous avons un parasite qui, grâce aux « études supérieures » qu’il a pu suivre parce que ses parents en avaient les moyens, se retrouve au sommet de l’état à dicter ses lubies seulement justifiées par des arguments d’autorité…
        Et dont le seul objectif est de briller parmi ses semblables sur des « concepts » qui ne sont liés à aucune réalité pratique.
        Bref, de l’autopromotion qui permet au plus retors de grimper les échelons de la hiérarchie en « écrasant » ses concurrents pour obtenir une carrière « avantageuse » sans rendre quelque service que ce soit à la population. et surtout sas prendre le moindre risque, ses subordonnés étant justement là pour porter le chapeau en cas de désastre incommensurable.

        Le chaos, pour moi, ce n’est mas du tout le même que celui qui effraye nous « élites » : Le chaos, c’est quand ces « grand hommes » parviennent à forcer toute la population à se conformer au grand rêve de Voltaire : Que les gueux s’éreintent sans protester sous les ordres de « l’élite » pour la nourrir.

        Nous vivons dans le chaos, il suffit d’ouvrir les yeux pour s’en rendre compte : Boulots de merde dont la rémunération est strictement inverse à son utilité, ponction fiscale qui sert surtout à faire « ruisseler » les taxes et les impôts sur une caste inamovible.
        Toute tentative de refus d’accepter les « réformes justes » (pour qui ?) se retrouve matée par les « archers du roy » et stipendiée par tous les « chiens de garde » des médias de masse (grassement payés pour garantir la servilité des la majorité) etc…

        L’harmonie consisterait tout simplement à ce que les peuples décident en se concertant directement et sans intermédiaires déformant leurs souhaits à leur avantage.

        Et surtout que le peuple soit INSTRUIT, ce qui était aussi le pire cauchemar de Voltaire.

        Voltaire ne s’est JAMAIS battu pour émanciper le peuple, il s’est battu pour que SA caste soit « calife à la place du calife ».

        Et toutes nos « z’élites » sont de grandes adoratrices de ce sinistre individu car il a bien modélisé la « société parfaite »…
        Pour ces élites.
        Les « gueux » n’étant qu’une simple variable d’ajustement corvéable à merci tant qu’elle leur est utile.

        Leur rêve : Quand le peuple les emmerde en ne coopérant pas de manière bien servile, il faudrait qu’ils puissent changer de peuple pour un autre plus « coopératif »…

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  • calal // 20.07.2018 à 08h43

    cet article rejoint mes pensees actuelles paradoxalement a propos du FN ou du RN. beaucoup reprochent a marine le pen de ne pas etre a la hauteur. Je pense comme l’auteur du texte que c’est aux peuples,aux citoyens d’etre a la hauteur des enjeux de leur epoque.
    on aurait pu avoir une femme presidente,montrer la voie du refus de la globalisation aux us aux anglais si le peuple avait eu le discernement et le sens de l’histoire et de son interet bien compris. je me souviens d’une adaptation du tableau de « la liberte guidant le peuple » avec la tete de trump farage et marine le pen. on a loupe le coche et on risque meme d’etre a contre pied avec une victoire macroniste aux elections europeennes prochaines due a une division bien conduite (redecoupage des circonscriptions,dose de proportionnelle bien calibree pour assurer a chaque petit courant l’election et la gamelle du chef de courant) de l’opposition.
    bah,la france ne brille que quand un homme ou une femme exceptionnelle emerge.c’est la rancon de vivre dans un pays de lait et de miel…

      +8

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  • jules vallés // 20.07.2018 à 10h34

    « Les dangers du culte du chef »….
    Voilà qui implique, l’air de rien, qu’il y aurait des avantages au culte des chefs, voire à vivre dans une société hiérarchisée et pyramidale couronnée par un ou des chefs!
    Tout à fait le type d’organisation de certains primates anthropoïdes et de mammifères vivant en horde ou en harde, marqueur indéniable de notre ambivalence, entre nature et culture.
    Les exemples historiques abondent des dérives du pouvoir personnel, et comme l’a si bien dit Lord Acton:
    « Le pouvoir tend à corrompre, le pouvoir absolu corrompt absolument. Les grands hommes sont presque toujours des hommes mauvais. »
    Une solution raisonnable, c’est la dissolution du pouvoir entre tous, donc ipso facto la disparition des chefs, au profit éventuel des responsables!

      +2

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  • Renard // 20.07.2018 à 11h27

    Chris Hedges m’est sympathique mais sa stratégie de guerilla sociale ne peut marcher que sur questions bien précises comme celle de la ségrégation noire américaine. Pour combattre le Capital qui est un ennemi global il faut plus que ça, il faut organiser une véritable contre-société organisé autour d’un média de masse et il faut viser la conquête de l’hégémonie culturelle.

    C’est ce que faisait le PCF jadis avec son journal l’Humanité, les cours du soir donnés aux ouvriers, et la conquête des milieux artistiques. Les artistes cherchaient alors à s’intéresser à la vie du peuple, des beaufs, et n’était pas centré sur leurs petits nombrils comme actuellement. Les beaufs avaient l’hégémonie culturelle.

    Le malheur était que ce même PCF était soumis et l’agent d’une puissance étrangère, l’URSS, et qu’il fermait les yeux sur les crimes de ce pays, cela a repoussé, à raison, de nombreux français.

      +6

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  • Le Rouméliote // 20.07.2018 à 12h08

    Tout ceci est bien sympathique et permet de verser une larme sur ses idéaux de jeunesse. Mais l’histoire, c’est autre chose ! Un système s’effondre parce qu’il doit s’effondrer, pas parce que de gentils révolutionnaires ont réussi à armer le peuple pour une action révolutionnaire. Le Mur de Berlin est tombé parce que le système était pourri de l’intérieur, d’abord en URSS car il était avéré que Gorbatchev ne pouvait plus envoyer ses chars qui s’étaient cassé les dents en Lituanie l’année d’avant. Le peuple inorganisé a pris sa Trabant ou sa Moskvitch pour aller faire un tour de l’autre côté et pis c’est tout ! En 1917, en 1789, etc. ce sont des systèmes qui se sont effondrés et qui ont laissé le champs libre à des forces diverses et variées plus ou moins organisées.
    Dans notre cas, parce que les États-Unis, je m’en fiche, c’est leur problème, il faudrait anticiper la chute de l’UE et sortir vite de manière ordonnée, mais comme on ne le fera pas, on prendra tout sur le coin de la tronche et on verra ce qui émergera avant que ça ne se stabilise dans n années.

      +5

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  • J // 20.07.2018 à 13h03

    « Dès qu’il est reconnu qu’une croyance, et peu importe laquelle, est importante pour toute autre raison que d’être vraie, alors on s’expose aux pires abus. Le contrôle de l’appareil judiciaire en est le premier, mais d’autres sont sûrs de suivre. Les emplois de direction seront réservés aux personnes qui présentent toutes les garanties d’orthodoxie. Les documents historiques seront falsifiés s’ils remettent en cause les opinions reçues. Tôt ou tard, toute déviance sera considérée comme un crime et sera sanctionnée par le bucher, les purges ou les camps de concentration… » (Bertrand Russell, « Pourquoi je ne suis pas chrétien », repris par Ibn Warraq, « Pourquoi je ne suis pas musulman »).
    « Le chef a toujours raison » est bien une telle croyance.

      +4

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    • lvzor // 21.07.2018 à 08h45
      • Kita // 21.07.2018 à 11h36

        À propos de Shlomo Sand, et de son livre « Comment f’ai cesse d’être juif « je le cite « on pourrait conciderer avec bienveillance le fait que pour préserver leur identité juive des parents choisissent de faire circoncire leur nourrisson bien que l’ablation de « l’impureté « soit irrationnelle et surtout qu’elle porte atteinte à son intégrité corporelle Cependant si au nom du maintien d’une identité juive fantasmee , des parents juifs laïcs empêchent leurs enfants d’aimer un partenaire non juif, dans la crainte qu’il l’epouse, il s’agit là de racisme ordinaire « 

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  • Christian Gedeon // 20.07.2018 à 13h11

    Mais qu’est ce que c’est que ce baratin? La vieille illusion anarchiste qui refait surface décidément. Ceci étant dit,Hedges se contredit lui même,puisque tous les mouvements qui ont marché et auquel il se réfère étaient structurés avaient,nolens volens un leader ou un chef. Pas de chef pas décisions…c’est comme pas bras ,pas chocolat. Faut il rappeler que les debuts de la soi disant révolution française,qui étaient en quelque sorte autogérés ont fait couler de fleuves de sang et que l’imagination de la cruaute y était sans limites? Vive le chef raisonnable et éclairé…

      +2

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