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Les sociopathes (de France Télécom à Macron), par Frédéric Lordon

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Source : Le Monde diplomatique, Frédéric Lordon, 31-05-2019

Umberto Boccioni. — « États d’esprit III : ceux qui restent », 1911.

Concédons d’emblée que la catégorie de « sociopathe » n’est sans doute pas ce qu’on fait de mieux en la matière. Ici, du moins à condition de lui donner ce qu’il faut de prolongements, elle suffira amplement pour ce qu’il s’agira de faire entendre. Le plus grand mérite du procès France Télécom, c’est de nous faire passer des abstractions aux réalités sensibles, avec au surplus un effet de récapitulation qui laisse abasourdi. Les prévenus sont là, et ils « s’expliquent ». À les écouter, on se demande presque si ça n’est pas pire encore que la commission des faits mêmes. « Sociopathe » désigne cette catégorie d’individus étrangers à toute régulation de la moralité élémentaire et parfaitement insensibles à la souffrance d’autrui, on pourrait même dire à l’humanité des hommes. Lombard, Wenès, Barberot (1) : ce sont des sociopathes. D’humanité, ou plutôt de sa disparition, il est question dans le témoignage du médecin du travail qui a eu à connaître de France Télécom, et parle d’« une violence insoutenable, une inhumanité qu’elle n’aurait jamais imaginée dans cette entreprise (2) ».

De la manière dont les dirigeants de France Télécom discouraient à l’époque, nous savons à peu près tout : les départs qui « se feront par la porte ou par la fenêtre », « la fin de la pêche aux moules », la « mode des suicides », la « crise médiatique », et même, a-t-on découvert récemment, « l’effet Werther », sous-daube pour pensée managériale, à base de fausse science (« l’effet Trucmuche ») et de rehaussement culturel en toc (« nous sommes des humanistes tout de même »), qui « élabore » à partir de la vague de suicides mimétiques qu’aurait occasionnée Les souffrances du jeune Werther — entendre : les suicidés se sont beaucoup émulés les uns les autres, qu’y pouvons-nous donc ?

Les hommes comme des choses

« Qu’y pouvons-nous ? », c’est à l’évidence la ligne de défense des prévenus, qui dit tout du type humain auquel nous avons affaire en leurs personnes : précisément, des sociopathes. Sans la « crise médiatique », très regrettable en termes de communication, ou les réactions exagérément sensibles de syndicalistes, d’inspecteurs et de médecins du travail, on ne serait pas loin de leur prêter l’idée qu’après tout, un nombre suffisant de salariés mettant fin à leur jour, c’était une manière comme une autre d’« atteindre les objectifs », puisque dans ce monde qui est le leur, c’est la chose qui compte avant toute autre : que les objectifs soient atteints.

Chez ces prévenus d’époque, les propos, le système de défense, les autojustifications, mis en regard des témoignages de leurs victimes ou des proches de leurs victimes : tout est d’une stupéfiante obscénité. On sait bien qu’il est parfaitement trivial de dire que les capitalistes d’aujourd’hui considèrent les hommes comme des choses, mais c’est une trivialité qui se détrivialise instantanément rapportée à des faits comme ceux de France Télécom. La chosification, l’objectalisation des hommes, c’est cela le propre du sociopathique — et, se trouve-t-il, c’est le propre du capitalisme. Kant pourtant nous avait mis en garde en enjoignant chacun de nous d’agir « de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin, et jamais comme un moyen (3) ». C’est sans doute que ce propre du sociopathique — se servir des autres comme de choses — se trouvait déjà inscrit dans les schèmes fondamentaux de la rationalité instrumentale, celle qui agence des moyens à des fins, et n’a cure de la nature des moyens. À tout le moins le capitalisme néolibéral, armé de rationalité économique, lui a-t-il donné une extension inouïe — ressources humaines, et tout est dit.

Le plus frappant, et le plus caractéristique, dans le procès France Télécom, c’est que les prévenus, à l’évidence, ne comprennent absolument pas ce qui leur est reproché ou, plus exactement, parviennent sans cesse à le ramener à un système de justifications admissibles, au simple respect de la « nécessité économique », sans doute regrettable à certains égards, mais qui, enfin, s’impose, et dont ils ne sont, à la limite, que les desservants quasi-mécaniques. Un système qui broie les individus jusqu’à la mort, opéré par d’autres individus qui se prévalent d’un commandement supérieur (ici la « loi du marché »), déniant toute responsabilité, hermétiques à tout sentiment de culpabilité, c’est une configuration qui nous rappelle des choses — mais Adorno et Horkheimer avaient déjà eu une ou deux idées à ce propos (4).

La panne de compréhension des dirigeants de France Télécom est le symptôme qui dit la vérité du capitalisme : le capitalisme traite communément les hommes comme des choses, or nous sommes des capitalistes, donc nous traitons les hommes comme des choses — et, puisqu’il est admis que nous sommes en capitalisme, qu’est-ce qu’on pourrait bien nous reprocher ? Qu’y a-t-il de mal à cela ? Voilà sur quoi bute l’entendement de Lombard et Wenès, la chose qu’ils ne peuvent pas comprendre. Que des individus meurent, c’est l’équivalent d’objets qu’on déclasse (jette) : où est le problème ? Voilà comment pensent des sociopathes.

Les structures sociales de la sociopathie managériale

Des récits qui nous sont faits des premières journées d’audience, il ressort que la comparution des accusés ne fait pas entendre le moindre regret sérieux, le moindre retour sur soi et ses actes, la moindre empathie pour les parties civiles, ni le moindre effort d’en rabattre d’un mélange d’arrogance, de certitude de soi et de déni qui, en toute autre matière se jouerait aux assises avec peines de sûreté. À ce moment, vient inévitablement la pensée à laquelle, bien sûr, il ne faudrait céder pour rien au monde : des hommes qui dénient à ce point la qualité d’hommes aux autres hommes, sont-ils eux-mêmes des hommes ? Hélas la réponse est oui.

Car l’histoire enseigne assez tout ce en quoi elle est capable de transformer les hommes, tout ce qu’il lui est possible d’en faire, et de leur faire faire. L’histoire, c’est-à-dire, à chaque fois, des structures sociales particulières. C’est qu’on aurait tort de ne voir dans le box France Télécom que des cas psychopathologiques — où s’arrêtera au mieux le commentaire de l’humanisme médiatique : des monstres mais sans conséquence. Or, Lombard, Wenès, Barberot, ce sont des types, entendre : des sociopathes mais d’époque, des sociopathes de la sociopathie néolibérale. Car les structures sociales, néolibérales donc, s’expriment dans les psychés, et produisent leur type, leur type d’homme.

Le propre des structures du néolibéralisme, c’est d’avoir aboli toute restriction aux mouvements stratégiques du capital, d’avoir levé toute limite à ses menées. Comment ce propre des structures sociales du capitalisme néolibéral ne se convertirait-il pas en propre des capitalistes néolibéraux ? Quand la finance est déréglementée et impose le règne des actionnaires internationaux, quand la concurrence, cœur de la construction européenne et promue mondialement par l’OMC, promet de faire jouer le chantage à la compétitivité par les miséreux, quand les délocalisations ne sont plus entravées par rien, quand le droit du travail rapproche tendanciellement le statut du travail de celui de la liquidité financière, c’est-à-dire fait des salariés des choses dont on peut se dégager aussi facilement que d’actifs boursiers, bref quand le capital a pris ce genre d’aises, quand il a pris le pli de pouvoir faire ce qu’il veut parce que plus aucune régulation, plus aucune règle ne le retient dans ses mouvements, comment la psyché des capitalistes n’exprimerait-elle pas à son tour cette nouvelle disposition, cette nouvelle habitude que plus rien ne fasse obstacle ? Refaits par les structures, les hommes sont à l’image des structures : déchaînés si les structures sont déchaînantes, tout-permis si les structures leur permettent tout.

Alors le poison des structures imbibe de plus en plus profondément les strates sociales de l’entreprise, pourrit des têtes de plus en plus nombreuses, sans doute en ajoutant, à mesure qu’on descend dans la hiérarchie, la peur à la jouissance violente. C’est que le merveilleux idéal de la concurrence généralisée charge le travail d’enjeux de vie ou de mort sociale. Toute l’organisation est mise sous tension par l’impératif de la valeur pour l’actionnaire dans un contexte de concurrence externe suraiguë, et toute l’organisation sait, dans ces conditions, que le jeu du profit se jouera à la productivité, donc à la réduction de la masse salariale. Par conséquent que la guerre concurrentielle externe va se réfracter au sein de l’organisation en guerre concurrentielle interne. Quand chacun lutte pour sa propre survie, il n’y a pas à s’étonner que la plus extrême violence se répande partout : réduire les individus à devoir lutter pour leurs intérêts vitaux, c’est organiser leur devenir-sociopathe : plus rien ne les intéresse que leur autoconservation, dont les « autres » deviendront s’il le faut le simple moyen.

Les « objectifs » sont, pour les individus, la manière dont la guerre leur tombe dessus, ce à quoi ils se trouvent mis en demeure d’accrocher leur survie. Pour les « objectifs », ils se feront donc des kapos. Ce qui est frappant dans le cas France Télécom, mais qu’on retrouverait à l’identique dans toutes les entreprises du même type, c’est avec combien peu de perte en ligne les impulsions sociopathiques venues du sommet descendent le long de la hiérarchie, et sont relayées par les couches intermédiaires. À la violence commandée par le haut, cependant, beaucoup ajoutent la peur — peur que le défaut à exercer la violence les expose à devenir à leur tour les prochaines victimes de la violence —, mais aussi, pour ceux chez qui l’entreprise néolibérale n’a pas détruit tous les cadres moraux, une terrible souffrance de se voir faire ce qu’ils sont enjoints de faire.

Du privé au public : extension du domaine de la sociopathie

On peut avoir bien des désaccords philosophiques avec Agamben, mais s’il y a un point où il a vu profondément juste, c’est avec sa théorie du camp et de l’état d’exception. France Télécom, c’était un camp. Tout y était devenu possible. Il suffit d’en lire les récits pour s’en convaincre (5)— de nouveau : « une violence insoutenable, une inhumanité que je n’aurais jamais imaginée dans cette entreprise », dixit Monique Fraysse-Guiglini, médecin du travail.

Mais l’on aurait grand tort de s’abriter derrière l’imparfait des récits et la supposée particularité du cas pour se rassurer. Les structures, dont France Télécom a été une réalisation exemplaire, sont d’une très grande généralité, elles sont toujours en place, toujours actives, plus que jamais même. Elles n’en finissent pas de produire du France Télécom, à intensités et à visibilités variables. On connaît les noms des futurs France Télécom : SNCF, La Poste — comme tout ce qui est au contact des déréglementations européennes, c’est-à-dire de ce qui détruit les enclaves (publiques) où l’on était préservé soit de la tyrannie actionnariale soit de la tyrannie concurrentielle. Et c’est la brutalité de ce désenclavement, de la conversion radicale imposée aux agents, qui produit la violence du traumatisme. Car dans toutes les entreprises du secteur privé (Technip), la violence managériale est devenue ordinaire d’être « entrée dans les mœurs » depuis longtemps — pas nécessairement active en continu mais prête à ressurgir dès qu’il y aura crise et restructuration.

Ainsi, la caractéristique qui, très au-delà du cas France Télécom, atteste le mieux la généralité des structures néolibérales, c’est qu’elles étendent désormais leur pouvoir d’empoisonnement à l’univers public. C’est que la logique normalisatrice de la finance — le vrai pouvoir hégémonique dans le néolibéralisme — est parvenue à infester tous les recoins de la vie économique. Quand ça n’est pas sous la forme actionnariale, c’est sous la forme de l’orthodoxie budgétaire et de la dette, c’est-à-dire — encore — sous surveillance des marchés, mais cette fois des marchés obligataires. Aussi le secteur public ne s’en retrouve-t-il pas moins sous une férule semblable, d’ailleurs opportunément rebaptisée « néomanagement public », déclinant avec la même ferveur imbécile les motifs d’abord conçus à l’usage du secteur privé sous contrôle actionnarial : objectifs, productivité, benchmarking, rating, monitoring, reporting. En conséquence, c’est dans les hôpitaux qu’on se jette par la fenêtre. Sans doute bientôt dans les collèges.

Mais alors pourquoi ne jugerait-on pas les individus qui auront installé ce règne, ceux qui auront trôné pendant les défenestrations ? — puisqu’on juge bien Lombard et ses séides. Qui massacre l’école en ce moment ? Qui massacre l’AP-HP ? En cherchant bien, on devrait pouvoir trouver des noms. Pas que là d’ailleurs. Ne se sera-t-il pas trouvé des individus suffisamment détraqués pour adapter à la purge d’entreprise la fameuse « courbe de deuil » — avec ce tour vicieux supplémentaire qu’il s’agit ici de manipuler les individus pour leur faire admettre non pas la mort d’un proche mais la leur propre ! (si elle est sociale). Voilà les trésors cachés de la psychologie managériale, telle qu’elle s’élabore dans les labos fous des consultants en DRH, voire qu’elle s’enseigne dans les business schools, ultime dévoiement des expérimentations sur l’homme. À France Télécom, de nouveau, on a expérimenté sur l’homme.

On pense à ça, on lit les récits, et forcément on a honte : d’avoir eu un forfait France Télécom, d’avoir un forfait Orange. Mais c’est une honte vieille comme Le Quai de Wigan d’Orwell, qui déjà avait honte d’être éclairé et chauffé chez lui, parce qu’il avait vu le travail dans les mines, et qu’il savait donc quelle était la contrepartie de souffrance, la contrepartie de vies détruites, à son confort domestique. Rendu à ce point, il n’y a qu’une alternative : soit, par impossible cohérence, renoncer à tout — impossible, puisque le capitalisme nous prend en otage pour le tout de notre vie matérielle et que nous n’en finirons pas de nous dépouiller ; soit porter la lutte là où il faut : non pas dans la réorganisation sans espoir des vies individuelles séparées, mais dans la destruction générale des structures qui imposent ce système de contreparties. Ce que réalise, ou devrait réaliser, le procès France Télécom, ça n’est pas tant l’incrimination de quelques individus, il est vrai spécialement dégénérés, mais l’incrimination du monde qui les produit, et les laisse faire.

Post-scriptum : de Lombard à Macron

Que le sociopathe soit le type néolibéral accompli, la preuve ultime en est donnée — comme toujours — par le sommet de l’édifice. Ce qu’aura été la réaction de Macron aux victimes de la répression inouïe des « gilets jaunes » parle pour lui, et dit tout — formidable éloquence du silence. Car la réaction, c’est qu’il n’y a eu aucune réaction. Littéralement : ça ne lui a rien fait — l’indice sociopathique par excellence. Une morte, 5 mains arrachés, 25 éborgnés, 289 blessures à la tête, mais rien. La même considération que pour du bois mort. Avec, comme à France Télécom, le même déni : « Après des semaines et des semaines, je constate qu’il n’y a eu aucun mort à déplorer du fait des forces de l’ordre » –- c’est vrai, c’était une femme arabe, ça ne compte pas ; « Je n’aime pas le terme répression parce qu’il ne correspond pas à la réalité » ; « Ne parlez pas de répression ou de violences policières, ces mots sont inacceptables dans un Etat de droit ». Face à des annulations aussi massives de la réalité, n’importe quel psychiatre ferait interner le sujet responsable de ces faits réellement commis et mentalement effacés. Mais dans la sociopathie néolibérale devenue norme, rien de tout ça n’est vraiment sérieux. Le sociopathe peut faire tuer, faire mutiler, et continuer d’arborer le même sourire entre stupide et effrayant, la même éclatante et terrifiante satisfaction de soi. Dans la version pour abruti, Castaner, lui, va en boîte pour « se relaxer ». Dans la version pour violent à sang froid, le préfet Lallement jouit du travail bien fait dans le silence de son bureau (6).

Voici les types auxquels les pouvoirs suprêmes ont été remis. Quand ils ont à commenter en public leur action, on les reconnaît à cette phrase caractéristique entre toutes, devenue comme leur motto : « j’assume ». Le propre des sociopathes, c’est d’« assumer » à la face du monde. Je détruis des lieux, je détruis le travail, je détruis des existences, mais j’assume. Il fut un temps où, si le pouvoir était violent, les hommes de pouvoir « assumaient » un peu moins facilement. Pasqua, dit-on, était resté quelque peu chamboulé de la mort de Malik Oussekine — Pasqua ! Trente ans plus tard, Pasqua deviendrait presque une borne-témoin de la décence, c’est dire le chemin parcouru entre temps, un chemin dont le sourire de Macron est le terminus. Quand on parle de gens comme de « riens », il est assez logique qu’on finisse par les traiter comme des « riens », et par compter leur démolition physique pour rien.

De Lombard à Macron, la ligne est droite. Tout ceci suggère de revoir La question humaine, un film de Nicolas Klotz, qui, déjà (2007), posait quelques question aiguës, et invitait à penser notre situation dans l’histoire, les réminiscences de l’histoire, jusqu’à la possibilité de ses répétitions, et par-dessus tout le risque de ne pas reconnaître certaines constantes profondes au motif que les figures ne sont pas exactement les mêmes, c’est-à-dire de méconnaître jusqu’où peuvent emmener des commencements d’abord trouvés sans importance.

Frédéric Lordon

Source : Le Monde diplomatique, Frédéric Lordon, 31-05-2019

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Commentaire recommandé

RGT // 02.07.2019 à 08h19

Quand aurons-nous ENFIN un tribunal de Nüremberg chargé de condamner ces criminels pour tous les crimes ignobles qu’ils ont commis dans la guerre économique qu’ils mènent à l’encontre de « ceux qui ne comptent pas » ?

À mon avis ce tribunal aura beaucoup de travail pour nettoyer les écures d’Augias.
En partant du sommet de la pyramide et en redescendant jusqu’aux petits cheffaillons retors qui prennent un plaisir sadique à martyriser tous leurs esclaves collaborateurs.

Toute personne un tant soit peu censée (même sans être « gilet jaune ») a bien compris que depuis longtemps nous atteignons systématiquement le point Godwyn lorsque nous évoquons le système politico-économique qui nous gouverne « à l’insu de notre plein gré ».

90 réactions et commentaires

  • RGT // 02.07.2019 à 08h19

    Quand aurons-nous ENFIN un tribunal de Nüremberg chargé de condamner ces criminels pour tous les crimes ignobles qu’ils ont commis dans la guerre économique qu’ils mènent à l’encontre de « ceux qui ne comptent pas » ?

    À mon avis ce tribunal aura beaucoup de travail pour nettoyer les écures d’Augias.
    En partant du sommet de la pyramide et en redescendant jusqu’aux petits cheffaillons retors qui prennent un plaisir sadique à martyriser tous leurs esclaves collaborateurs.

    Toute personne un tant soit peu censée (même sans être « gilet jaune ») a bien compris que depuis longtemps nous atteignons systématiquement le point Godwyn lorsque nous évoquons le système politico-économique qui nous gouverne « à l’insu de notre plein gré ».

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    • Fritz // 02.07.2019 à 08h49

      Votre proposition est logique : le capitalisme étant la guerre de tous contre tous, comme le suggère ici Lordon, il faudra penser à juger certains patrons, certains politiciens, certains policiers, certains cadres pour « crimes contre la paix », « crimes de guerre », et même « crimes contre l’humanité », y compris l’éborgneur en chef. Mais pour ce faire, il faudra gagner la guerre sociale.

      Car il s’agit d’une guerre : « il y a une guerre des classes, c’est un fait, mais c’est ma classe, la classe des riches qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la gagner » (Warren Buffett).

      Donnons tort à Warren Buffett, qui a pour seul mérite d’être plus lucide que Marie-George Buffet.

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    • Logique // 02.07.2019 à 10h33

      « En partant du sommet de la pyramide et en redescendant jusqu’aux petits cheffaillons retors qui prennent un plaisir sadique à martyriser tous leurs esclaves collaborateurs. »

      Il convient de laisser le mot esclaves:

      http://www.unz.com/video/stefanmolyneux_the-story-of-your-enslavement/

      Seulement 13 minutes et de quoi donner à réfléchir.

        +4

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    • vert-de-taire // 05.07.2019 à 17h13

      Pour faire de tribunal il faut ici comme autrefois créer du droit.
      Car vous avez bien noté qu’il s’agit d’un Système légal de mettre les fins en priorité des moyens. Tout est permis pour satisfaire la rente.
      Il faudra pour refaire un tel tribunal, refaire le droit.
      A l’époque, ce droit de refaire le droit est venu des co-vainqueurs d’une guerre mondiale, excusez du peu.
      Aujourd’hui, la guerre du capitalisme mondialisée contre tout est assez bien entamée.
      Le peu qu’a représenté Mélenchon/FI a très bien montré les limites des possibilités de résistance à cette situation : un déchaînement médiatique pour abattre le vandale qui aurait pu légèrement écorner le pouvoir totalitaire. Le point Godwyn correspond à celui de la situation. La fin de la démocratie : un rien.
      La lutte s’est poursuivie jusqu’à la mise à mort symbolique. C’est fait merci.

      Arrive les GJ, on recommence avec les armes appropriées : répandre la terreur.

      Dans tous les cas le Droit triomphe car tout ce que font nos dirigeants ÉLUS est légal, ils SONT le pouvoir (et la corruption).
      « Ils » nous contraignent donc à faire la guerre –
      la guerre pour toute population c’est la Révolution.
      C’est, je crois, le vrai sujet de l’article de Lordon.

        +9

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  • euphorbe // 02.07.2019 à 08h30

    On est en plein Orwell : la ferme des animaux et 1984.

      +17

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    • Pierre // 03.07.2019 à 02h28

      A propos, Michel Onfray revisite la ferme des animaux dans son dernier ouvrage, Théorie de la dictature.J’en suggère vivement la lecture.

        +5

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  • Dominique Gagnot // 02.07.2019 à 09h11

    « Du point de vue capitaliste, les travailleurs et la planète ne sont que force de travail et ressources physiques, qu’il convient d’exploiter au moindre coût.

    Toute autre considération (destruction de l’écosystème, paupérisation…) est sans objet car ignorée du capitalisme.  »

    Extrait de « COMPRENDRE L’ARNAQUE CAPITALISTE, IMAGINER LE SYSTÈME D’APRÈS ».
    PDF gratuit : http://bit.ly/capitalisme

      +23

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    • euphorbe // 02.07.2019 à 10h25

      à Dominique Gagnot : je commence à lire votre PDF, grand merci !
      j’espère que ce site Les Crises aura une longue vie, c’est une mine autant par les excellents articles que par les commentaires. Bravo Olivier !

        +27

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  • Dune // 02.07.2019 à 09h22

    Pas spécialement sociopathes, l’humain moyen pris dans les « structures », des structures qui sélectionnent simplement les plus « aptes/obéissants » (à la répercussion des violences) là où elles en ont besoin.
    Cf. l’expérience de Milgram.
    L’humain est en train de crever de ce que la sélection naturelle en a fait un être trop obéissant (trait probablement favorable à la survie à l’époque des sociétés vernaculaires) pour les sociétés de dizaines de millions d’individus (voire l’immense majorité des gens qui n’ont pas participé au mouvement des GJ alors même qu’ils auraient dû se sentir directement concernés et qui sont la cause de l’échec du mouvement).

      +27

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    • vert-de-taire // 05.07.2019 à 17h26

      C’est bien le sujet ; on a inventé la démocratie : le sujet homme prend son destin en main et donc comprend que la seule obéissance n’est plus acceptable – guerres à répétitions par exemple.
      Il imagine qqs manières de faire. C’est pas au point. Le Système est traversé de forces de soumission non plus à la communauté mais à la rentabilité. ILS sont malins et nous sommes facilement manipulables ..
      L’esprit critique n’est pas le fort de l’enseignement. Tellement pas fort que les critiques sont virés…
      On a mis 200 ans à trouver qqs compromis en France pour élaborer un truc qu’on appelle République et déjà il faudrait retourner à l’état d’esclave ou encore moins, l’esclave a une valeur marchande ce que nous n’avons plus.
      Encore un effort camarades !

        +3

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  • charles // 02.07.2019 à 09h40

    c’est la lutte éternelle, la lutte contre les idiots, la lutte de la science et du progrès au service de tous contre la cupidité et l’idiotie personnifiée. de tous temps ces conflits ont existés, depuis récemment seulement, à force d’avoir les pieds qui gonfle les situations sont devenues véritablement dangereuse. La mondialisation de la connerie humaine personnifiée, voilà de quoi on parle. De gens tellement stupide que devant l’évidence de leurs malfaisance ils échafaudent des plans de communication au bénéfice de leurs économies pour infecter les esprits de la société de leurs idées perverse tout en accusant le reste du monde de leurs infliger leurs propres déluge de connerie. Lorsque vous tentez de leur parler de l’inconséquence existentiel de leur conduite, non content de vous y emmener avec le sourire, il tente de vous en faire porter le chapeau, vous appauvrit et vous vole votre pouvoir démocratique, en tentant de vous faire croire que vous l’avez élu et que donc c’est bien ce que vous vouliez non ?

    Si on devait retourner leurs outils contre eux ça donnerait quoi ? Un Baromètre Indicatif de la Connerie ? le BIC ?

      +15

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    • Lo // 02.07.2019 à 15h02

      C’est bien beau de parler de « conneries » à tout-va mais il faudrait définir un peu mieux ce terme.
      Le « progrès » et la science portent en eux cette réification du salarié et de l’Homme en général.
      De par sa nature, j’ai l’impression que l’humanité moderne n’a le choix qu’entre se mettre sur la gueule ou appliquer une foi en le « progrès scientifique » illimité avec une rationalisation extrême des relations sociales. C’est peut-être ça la « connerie » humaine mais pour l’instant elle est indépassable.

        +6

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      • gracques // 03.07.2019 à 06h16

        La guerre n’est pas née me semble t il avec ‘le progres’ ….. comme pour le reste le ‘progres’ la simplement rendue plus efficace.

          +9

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    • vert-de-taire // 05.07.2019 à 17h38

      PAS DU TOUT des IDIOTS.
      La science n’a rien à voir ici RIEN.
      Le progrès non plus.
      Je ne vois qu’une lutte de capacité à convaincre.
      Donc le beau parleur qui parvient à obtenir les suffrages, ne serait-ce qu’un instant.
      Déjà nos ‘ancêtres’ les athéniens « démocrates » craignaient comme la peste les beaux parleurs.
      L’intelligence de l’argumentation, de la tromperie avec les mots et notre indulgence aux accents de la sincérité. Nos dirigeants savent parfaitement ce qu’ils font.
      L’art du discours est devenu la science des éléments de langage – déjà les jésuites étaient experts.
      Tu sais parler, tu sais dominer, voilà la méthode triviale.
      Ce sont de géniaux experts ..
      … en tromperie.

        +2

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  • Guadet // 02.07.2019 à 09h51

    Quand « personnel » a été remplacé par « ressources humaines » dans les entreprises, et jusque dans les services publics, je n’ai pas compris pourquoi personne ne se révoltait. Sans doute parce qu’on pensait que prendre un homme pour une personne et non pour une ressource organique, comme les vaches à hublot, relevait de la superstition judéo-chrétienne, et qu’on avait heureusement dépassé ça. On n’arrête d’ailleurs pas le progrès : une femme est un utérus disponible, un homme un distributeur de sperme. Je suis content d’être un vieux réactionnaire chrétien.

      +30

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    • Fritz // 02.07.2019 à 09h55

      « personne » ne s’est révolté, parce qu’on avait oublié la notion judéo-chrétienne de « personne », comme le déplorait Marc Boegner dès les années 1950. Plus de personnes, mais des pions mobiles, amovibles et jetables. Ça c’est moderne !

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  • Kokoba // 02.07.2019 à 09h59

    Article implacable et malheureusement tellement vrai.

    Quand on cotoie ce genre de type (le management « moderne »), on se rend vite compte qu’ils n’ont pas une once d’humanité.
    Ils se considèrent comme des êtres exceptionnels (l’élite) et tous ceux qui ne font pas parti de ce groupe ne sont même pas considérés comme humain.
    On en revient au concept de race supérieure cher aux Nazis, tout le reste étant des sous-races.
    Rien de nouveau sous le soleil.

    Macron est l’aboutissement parfait de cette logique.
    Non seulement il ne s’en cache pas (« j’assume ») mais il l’affiche avec beaucoup de plaisir (séances d’humiliation publique du général DeVilliers)

    Et il faut reconnaitre que bon nombre de Français aiment çà puisqu’il a un socle solide de bien 20%

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    • Bats0 // 02.07.2019 à 14h29

      « Et il faut reconnaitre que bon nombre de Français aiment çà puisqu’il a un socle solide de bien 20% » ; ils trafiquent suffisamment les chiffres des statistiques : 22,41% de 50,12% des électeurs inscrits ne fait que 10,23% de ces électeurs, qui représentent 5,08 millions d’électeurs (quand même) ayant voté pour le parti du « demi-dieu jupiterrien »…, mais beaucoup de brume existe le long de cette république soit disant en marche, surtout en ce qui concerne le droit de ses citoyens, à priori pas égale pour tous.

        +18

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  • Brigitte // 02.07.2019 à 10h04

    Renoncer à tout ou lutter jusqu’au bout. L’alternative impossible d’après Lordon. Sortir du système ou lui rentrer dedans à la moindre occasion? Individuellement, les deux ont leur limite, la misère ou la prison. Mais en groupe, tout devient possible, enfin presque…d’autres ont essayé avant nous et on reproduit bien malgré eux les travers de la société humaine. Le néolibéralisme est-il pire que la féodalité ou l’ancien régime? Avant, les gens crevaient de manque d’hygiène, de famine ou d’une balle dans la tête. Les patrons/maîtres n’avaient pas beaucoup d’égard vis à vis de leurs employés/servants et droit de vie ou de mort sur eux. Aujourd’hui c’est autre chose mais il est important de lever le voile sur les dérives à l’oeuvre. La société managériale flirte avec l’ancien régime et la féodalité. Retour vers le futur. La différence c’est qu’aujourd’hui, la planète est saturée, fatiguée et que la prochaine révolution technologique (humain augmenté?) sera sans doute la dernière. Je crois que nous vivons les dernières décennies de vie encore supportable. Alors à chacun son anti-système D. Ne pas se reproduire, vivre dans un coin perdu, être nomade, lire ou écrire des livres….se réfugier dans la religion, que sais-je?

      +12

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    • RGT // 02.07.2019 à 19h40

      « Le néolibéralisme est-il pire que la féodalité ou l’ancien régime? »

      OUI, et c’est certain.

      Sous l’ancien régime (plus trop à partir de Louis XIV, et c’est parti en vrille à cette époque) et surtout à l’époque féodale, les « seigneurs » et la « noblesse » se gardaient bien de maltraiter la population car ils se seraient fait éjecter rapidement.
      N’oublions pas qu’à l’origine les seigneurs étaient des militaires qui avaient pour mission de protéger la population LOCALE qui, s’ils remplissaient correctement leur mission, leur versait une indemnité pour ce service.
      D’ailleurs le terme de « duc » provient du celte pour désigner un homme à qui cette mission était confiée.

      Et tout le système était basé sur la protection de la population qui pouvait aller se plaindre à un seigneur voisin bienveillant si le leur s’avérait peu scrupuleux. Et l’indélicat se faisait immédiatement virer par l’autre seigneur avec le concours de la population.

      De même, au début de la monarchie (en fait jusqu’à Louis XIV) le roi avait un « contrat social » avec la population qu’il devait protéger contre les invasions, les détrousseurs et… les nobles pas très « catholiques ».

      Puis il y a eu Louis XIV, la Cour, les frasques « C’est moi qui ai la plus grosse (perruque) » et le peuple à dû financer ces excès.

      Aujourd’hui, les ultra-riches font la même chose, mais avec des besoins financiers largement plus excessifs en « recyclant » l’argent ponctionné à la population pour la placer dans des « investissements » qui leur permettent de pouvoir ponctionner encore plus afin de se « tailler la bourre »…

        +8

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      • Sandrine // 03.07.2019 à 09h00

        RGT… Décidément vous persistez… mais vous ne signez pas… de quelles travaux historiques sérieux tirez-vous toutes ces informations abracadabrantes? Je ne relève cette fois ci que vos allégations concernant le mot « Duc » : https://fr.wikipedia.org/wiki/Duc. Les lecteurs jugeront par eux-même.

        Je m’interroge cependant sur les raisons qui vous font tant insister sur cette question. Le genre de discours que vous nous servez ressemble furieusement à celui que diffusait naguère l’Action française ( Mauras en particulier). Or, vous vous prétendez anarchiste. Je sais bien qu’il y a des anarchistes de droite, mais vous semblez plutôt vous réclamer de l’anarchisme de gauche. La frontière entre les deux est-elle à ce point poreuse?

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      • Karim Wilmotte // 04.07.2019 à 23h02

        « Sous l’ancien régime (plus trop à partir de Louis XIV, et c’est parti en vrille à cette époque) et surtout à l’époque féodale, les “seigneurs” et la “noblesse” se gardaient bien de maltraiter la population car ils se seraient fait éjecter rapidement. »

        C’est juste archi-faux.

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    • vert-de-taire // 05.07.2019 à 17h58

      Vous passez à mon avis un peu rapidement du féodalisme au capitalisme (vous dites néolibéralisme, l’avatar du moment).
      Entre ces 2 dictatures il y a peut-être un peu de place pour autre-chose ?

      Très pragmatiquement on peut dater le basculement .

      De même qu’au début de l’Europe des Traités se créait une entité économique souveraine, c’est à dire en se protégeant des agressions internes et externes : frontières pour les capitaux = le pouvoir de l’argent ne dominait pas les populations : la richesse ne pouvait pas fuir et faire du chantage.
      Mais cet arrangement limitait le pouvoir des capitalistes : alors eut lieu l’escroquerie de l’UE : casser la solidarité de fait des pays européens (de l’union) en organisant à la fois une concurrence interne ET externe.
      Alors l’UE est devenue un vide politique et un tremplin capitaliste.
      Giscard Chirac Sarko Hollande Macron sont les champions de cette décadence démocratique avérée (inclus le Mitterrand et copains de 83) .
      Ce n’est PAS un problème de la démocratie mais de la force corruptrice de l’argent associée à la capacité de tromper par les beaux discours dans un paysage médiatique de capitalistes.

        +5

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  • Sandrine // 02.07.2019 à 10h07

    « ressources humaines, et tout est dit. (…) Un système qui broie les individus jusqu’à la mort, opéré par d’autres individus qui se prévalent d’un commandement supérieur (ici la « loi du marché »), déniant toute responsabilité, hermétiques à tout sentiment de culpabilité, c’est une configuration qui nous rappelle des choses »

    Fabrice d’Almeida dans son livre « Ressources inhumaines » montre de manière saisissante que Himmler avait savamment réfléchi à la manière de gérer son personnel des camps de concentration pour éviter que ce dernier ne s’ennuie – et qu’il ne commence à se poser des questions sur la nature des taches qu’on lui demandait d’effectuer. https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-livre-du-jour/ressources-inhumaines-de-fabrice-d-almeida_1724291.html

    F d’Almeida montre que Himmler avait lu les travaux d’Elton Mayo fondateur de l’école des relations humaines dont les travaux sont l’une des bases de l’enseignement du management aujourd’hui
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Elton_Mayo

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  • Fritz // 02.07.2019 à 12h09

    Certes, mais trop d’enseignants sont complices de cette dégradation.
    En voici un exemple personnel et récent (hier soir).

    En vertu d’une convention signée entre mon chef d’établissement, le conseil général et le ministère des finances, le personnel de la perception de ma petite ville viendra manger avec les enseignants dans le réfectoire de mon collège, en 2019-2020. Car le ministère des finances est incapable d’assurer à ses employés une cantine, ou même une pièce où ils peuvent manger décemment (?).

    En conseil d’administration, je me suis opposé fortement à cette convention qui va dégrader les conditions du repas entre collègues. Comment discuter librement en présence d’agents du fisc, qui vont faire intrusion quotidiennement dans notre collège ? Certes, nous ne sommes pas nombreux à manger dans cette petite salle (une petite dizaine), mais c’est un moment de détente avant de reprendre les cours de l’après-midi.

    Résultat du vote au CA : une forte majorité pour accepter cette convention, seulement deux voix contre (dont la mienne), et deux abstentions, deux parents d’élèves que nous avons à moitié convaincus.

    Je pense que l’année prochaine, j’irai manger dans la grande salle avec les élèves, malgré le bruit.
    Et j’interromps dès maintenant toute relation avec ces faux collègues et vrais collabos.

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  • pipo // 02.07.2019 à 12h52

    Et allez, c’est la faute du système, une habitude capitaliste, des hommes à l’image des structures.
    Ok mais qui à créer ces structures, ce système?
    Pourquoi E.Macron et d’autres fabriquent ce système alors que certains en voudraient un autre? Lordon ne fait pas partie de ce système?
    La quasi totalité des sociopathes en prison ont été des enfants en souffrance.
    Les entreprises savent très bien qui mettre aux postes des relations humaines, qui va faire le sale boulot: des personnalités sans empathie qui ont une vengeance (inconsciente) a prendre sur la société.
    Qui plus est, ces personnalités sont obsédées par le pouvoir sur les autres et sont prêtes à tout pour y parvenir et le garder. Quelqu’un d’empathique et donc honnête ce fera forcement éjecter, une vérité, face à 10 mensonges, à perdu d’avance.
    Ils ont une vision paranoïaque du monde, garde un sentiment de persécution toute leur vie (qui est visible et qui augmentent dès que ça ne se passe pas comme ils veulent), l’homme est un loup pour l’homme est leur propre création, le reste, la vision grandiose qu’ils ont d’eux même, la vision qu’ils ont des sans dents etc…fait partie de leur logique.
    Ils fabriquent le capitalisme ou le fascisme si ça devient nécessaire.
    Réveillez vous, on met au pouvoir des personnes qui ont des comptes à régler avec eux même mais qui préfèrent les régler (inconsciemment) sur le dos des autres, c’est moins douloureux, pour eux.
    Vous pouvez changer le système, ils reviendront au pouvoir refaire le capitalisme.

      +12

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    • Yannis // 02.07.2019 à 17h28

      Vous pouvez aussi réflechir dans l’autre sens : La structure actuelle de la société, imbibée jusqu’à l’intime de la chosification des êtres et de notre univers, favorise la montée en puissance de ce type d’individu, les sociopathes. Ce que Lordon démontre, c’est que cela se passe maintenant car toutes les conditions ont été rendues possibles, le terrain préparé depuis 40 ans de « révolution » nèolibèrale, le lavage des esprits a entrainé une acceptation passive, soumise, mais aussi une attitude profondemment collaborative – par vice, par intérêt, par lâcheté, tant de causes personnelles sont possibles – de la part de la majorité de la population française, pour se limiter au cas France Telecom.

      Une histore de conditionnement de chacun, oui. Pour autant, il ne s’agit pas juste d’une addition d’individus hétéroclites, bizarres ou pervers, mais de projet de société global et de devenir (et le danger de continuer dans cette voie).

      Dans une autre époque, un autre type de structure sociale, d’autres travers (ou d’autres qualités) ont été ou seraient mises en avant sur la place publique, identifiées et développées. Par exemple le patriotisme sous la IIIe République, ou l’assurance de la supériorité en général de l’Europe-USA sur le reste du monde dans la logique colonialiste moderne (sous-catégorie occidentale du capitalisme).

        +10

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      • pipo // 02.07.2019 à 17h56

        Tout a fait d’accord pour dire que la société à un rôle à jouer, mais ça ne suffit pas pour fabriquer des sociopathes, tout au plus vous fabriquez des individus prompt à accepter ce type de société « une acceptation passive, soumise, de la part de la majorité de la population ».
        Après il vous faut des individus motivés pour mettre en place ce type de société, quelque soit la structure, capitaliste, socialiste, ou communiste, vous trouverez toujours des passionnés du pouvoir pour en faire un totalitarisme, de droite (Hitler) ou de gauche (Staline). Leur motivation réelle, c’est le pouvoir, ils sont de gauche ou de droite, c’est sans importance. S’ils pouvaient rétablir l’esclavage, ils seraient comblés. Je ne dis pas que chacun veut rétablir l’esclavage, mais que chacun en prends le chemin inconsciemment, un jour l’un d’eux le fera si l’on n’y prend garde, c’est là ou mènent leur idéologie.

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    • Pierre // 03.07.2019 à 02h58

      @ Cette thèse est connue mais on n’en parle pas beaucoup. Les souffrances que subissent un enfant sont considérée, à la limite, comme normales dans la société car transmises depuis des générations dans une quasi indifférence. Or il suffit parfois d’une humiliation faite à un enfant, pour que celui-ci, inconscient du processus dont il a été la victime,se venge à son tour sur un plus faible des années plus tard.
      Et c’est ce type de process qui amènent au repli sur soi, à la haine de soi mais aussi de l’autre, à la recherche du pouvoir absolument pour continuer à vivre dans le déni de ce qui a eu lieu un jour, refoulé depuis ce temps pour simplement survivre et fait de vous un monstre. Les psychologues refusent de travailler avec ces thèses car rentrer eux-mêmes en contact avec leur souffrance d’antan serait trop douloureux et ainsi ne guérissent jamais vraiment leurs patients. Après on s’étonne que le monde va mal et que plus personne au fond n’est vraiment heureux sauf en se payant des dérivatifs qui ne seront jamais que des subterfuges pour occulter un drame remontant souvent à des décennies et qui reste là enfui, destructeur de soi et des autres (ou du monde).

        +7

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      • pipo // 03.07.2019 à 11h27

        Je suis d’accord avec vous, les psy, en générale, sont responsables du fait que l’on en parle pas, à l’image de Freud, qui, plutôt que de dénoncer son pervers de père a préférer tromper tout le monde.
        Mais on ne mesure pas les conséquences du phénomène, quand un psychopathe, tueur en série, fait quelques morts, on est horrifié, certains rétabliraient bien la peine de mort, quand on fait des dizaines de milliers de morts en Libye, en Irak ou ailleurs, sans parler des nombreux suicides dû à leur politique mortifère, rien ne se passe, plus c’est gros, mieux ça passe.
        Dans quel monde vivrait on si ces personnalités étaient écartées d’un quelconque pouvoir?

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  • ocine // 02.07.2019 à 13h06

    https://lentreprise.lexpress.fr/rh-management/un-patron-sur-cinq-serait-un-psychopathe-assure-une-etude-americaine_1832872.html

    J’avais aussi lu une étude qui expliquait que les chercheurs détectaient un pourcentage de sociopathes plus important chez les managers que dans les prison s mais je ne la retrouve pas.

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  • calahan // 02.07.2019 à 13h09

    Il y en partout de ces foutus sociopathes, ils sont le produit du système de dégénéré dans lequel on vit.
    Du privé au public en passant par l’associatif, ils sont partout, et plus ils saut hauts dans la hiérarchie, plus ils sont nuisibles mais ce sont des esprits faibles car un esprit fort n’utilise pas de telles bassesses pour se faire une place au soleil.

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    • Sophia // 02.07.2019 à 13h59

      Les psychopathes (diagnostic clinique), le sont de naissance. Ce ne sont pas des esprits faibles, mais ils possèdent un allèle particulier de ce qu’on appelle le « warrior gene ». Ils n’ont ni empathie, ni sens moral (une personne normale qui fait quelque chose d’interdit, va avoir une augmentation de son rythme cardiaque. Un psychopathe, non. Ce qui permet d’ailleurs de tromper les détecteurs de mensonge…). Les moins malins finissent souvent en prison, les autres « réussissent », car dans une société qui récompense les résultats sans s’attarder sur la façon dont ceux-si sont atteints, ils ont un avantage.
      Voir par exemple cette vidéo de James Fallon (ou autres de la même personne), un psychopathe qui explique de façon scientifique comment il fonctionne:
      https://www.youtube.com/watch?v=_4MEQRgJbfU

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      • pipo // 02.07.2019 à 14h22

        Le gène du guerrier se retrouve chez des personnalités non psychopathiques et certains psychopathes ne comportent pas ce gène, c’est juste un trait de comportement que l’on retrouve plus souvent chez les psychopathes. De plus l’épigénétique nous dit que c’est l’environnement qui est à l’origine de nos gènes.
        On ne nait pas psychopathe on le devient.

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        • Sophia // 02.07.2019 à 14h32

          Toutafé. On ne parle pas ici de petits pois jaunes ou verts. Mais accuser la société, ou accuser la génétique…les deux jouent. Mon propos était que la société seule ne fait pas un psychopathe: il faut un « terrain ». Et c’est là qu’on diverge de l’interprétation « tout environnement » de Zimbardo (auteur de l’expérience célèbre de la prison de Stanford), par exemple…

          PS: votre phrase sur l’épigénétique: vous m’étonnez carrément. Vous avez une référence à me proposer? Ou alors, vous avez un peu trop simplifié: aucun phénomène de nature épigénétique ne pourrait se résumer dans une phrase d’une vingtaine de mots… ?

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          • pipo // 02.07.2019 à 14h43

            Le terrain, c’est l’enfance, James Fallon le dit lui même:
            « J’étais aimé, et ça m’a protégé », explique-t-il simplement. Sans oublier d’y ajouter une dose de libre arbitre: « Depuis que j’ai trouvé tout cela, j’ai fait un effort pour essayer de changer mon comportement. J’ai fait plus consciemment des choses qui sont considérées comme la bonne chose à faire, et pensé plus aux sentiments des autres. »
            James Fallon aurait pu se retrouver dans ce que l’on appelle en France « la perversion narcissique » ou au USA « le narcissique malveillant ». Ce qu’il dit de lui un peu plus haut dans l’article le confirme. Lordon parle de ces sociopathes qui ont réussis ou « successful psychopath » ou « pervers narcissique »

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            • Sophia // 02.07.2019 à 14h55

              Précisons qu’il s’est choisi un job gratifiant et prestigieux, mais où il a peu d’emprise sur les autres, ce qui évite de mettre son libre-arbitre à trop rude épreuve. S’il était manager ou ministre, ça serait autre chose…

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          • pipo // 02.07.2019 à 14h50

            Oui c’est difficile en une vingtaine de mot mais en 1h30 peut-être .
            https://www.youtube.com/watch?v=fBJDCOxxvkY

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      • Sandrine // 02.07.2019 à 15h46

        Qui sont ces sociopathes qui nous inondent de vidéos en amerloque non sous-titrées…

        Lordon ne fait pas un exposé de psychologie ; il faut comprendre « sociopathe » au sens métaphorique du terme, le symbole des classes sociales dirigeantes en régime néolibéral.

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        • Sophia // 02.07.2019 à 16h29

          Ah bravo, je me fais traiter de sociopathe, maintenant. Parce que j’ai posté un lien en anglais (ah, les forums, je vous jure…). C’est une vidéo que j’ai appréciée, alors je fais suivre. Vous êtes libre de ne pas regarder, évidemment. Ce monsieur a aussi fait 1 ou 2 présentations avec support écrit, c’est plus confortable si vous ne maîtrisez pas l’anglais (vous avez son nom, à vous de trouver la vidéo la plus prometteuse). Après, il reste américain, c’est pas sa faute, hein. 🙂

          Lordon a parfaitement le droit de traiter métaphoriquement les gens de sociopathes, mais alors il peut être intéressant de se demander ce qui caractérise un psychopathe au sens clinique (sociopathe, c’est plus flou). Et comme il se trouve que les psychopathes sont réellement plus nombreux aux postes de pouvoir, on est aussi en droit de se demander si ces sociopathes dont il parle sont si métaphoriques que cela…

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          • RGT // 02.07.2019 à 20h00

            Sur le fond, hormis le qualificatif que je trouve exagéré, je pense que Sandrine à tout à fait raison.

            Frédéric Lordon ne qualifie pas ces personnes selon un critère psychiatrique mais selon un critère de simple empathie.

            Certes, les sociopathes sont AUSSI dénués d’empathie mais il n’est pas nécessaire d’être une personne souffrant de troubles mentaux pour se comporter dans ses actes COMME une personne en étant atteinte.

            Le problème à mon avis vient plutôt de la structure strictement pyramidale de la société qui permet (voire même force) certaines personnes à se comporter de la sorte.

            Et ceux qui profitent des retombées des actes de ces sinistres individus savent parfaitement qu’ils favorisent des comportements totalement déviants.

            Mais comme ils sont AUSSI dénués d’empathie et surtout dotés d’un égocentrisme à toute épreuve ils balayent ce problème d’un revers de main, quitte à concocter une inversion d’accusation à l’encontre de ceux qui viendraient se plaindre.

            Prenez ce « cher » (très cher) Bernard Arnault (par exemple). Si tous ses esclaves employés décident d’un coup de claquer la porte et que plus personne ne veut ruiner sa santé pour le satisfaire il crèvera de faim sous un pont car il totalement incapable de subvenir par lui-même à ses besoins.

            Et il en va de même pour tous les « grands hommes » encensés par notre ripoux-blique.

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          • Sandrine // 02.07.2019 à 22h48

            @sophia, le message ne vous était pas uniquement destiné. Plus haut dans le fil des commentaires, quelqu’un a aussi mis une vidéo en anglais non sous-titré (sur un sujet philosophique qui plus est). La votre m’a, il faut dire, d’emblée « hérissée » à cause de la voix nasillarde de la présentatrice (typique de la télé US). Mais ne le prenez pas mal, la remarque se voulait humoristique :))

            Sur le fond maintenant : je ne suis pas partisane de la psychologisation des problèmes sociaux. Expliquer les dysfonctionnements de la vie en entreprise par la présence d’individus sociopathes , c’est un peu comme traiter de « phobiques » ceux qui ne sont pas d’accord avec votre conception du monde (homophobe, islamophobe, etc.) C’est une manière de répudier la dimension politique des problèmes.

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  • Denis Monod-Broca // 02.07.2019 à 14h31

    Lordon ici se trompe.
    L’analyse par la psychologie des personnages est fausse. Elle est manière de se défausser.
    Il y a système, mécanisme. Voici comment j’exprime les choses :
    « Faut lui mettre la pression ! » : qui n’a pas entendu, qui n’a pas prononcé cette injonction impérative ? Qui, à l’occasion, ne la met en application ? Qui, à l’occasion, ne la subit ?
    Le système fonctionne, avec quelques variations, comme cela : n est sous la pression de n+1, n+1 est sous la pression de n+2, et ainsi de suite. Le système, c’est nous. Ceux qui le font fonctionner et ceux qui le subissent, c’est nous. Qui d’autre ? Y a-t-il, au sommet, un n+x qui en serait le grand ordonnateur ? Bien sûr que non ! Qui pourrait sérieusement le croire ? Tout en haut, il n’y a personne, il y a une idéologie, une croyance, celle du toujours plus et du toujours mieux, et il y a ses grands-prêtres, prêtres, autres clercs et simples fidèles. Un tel système est si absurde, si violent, si contraire aux principes que par ailleurs nous défendons, notre faute individuelle et collective est si lourde, qu’il nous faut de temps à autre des coupables à accuser.
    Didier Lombard et ses acolytes font parfaitement l’affaire, ils sont d’excellents accusés,

      +4

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    • RGT // 02.07.2019 à 20h15

      Dans ma jeunesse il y avait le PCF qui se chargeait de remettre tous les ploutocrates et leurs chiens de garde en place.

      Ce parti n’avait aucune chance de prendre le pouvoir en France, mais avec près de 25% de suffrages à chaque élection ça sentait la poudre pour les « marcheurs » de l’époque.

      Mais pour le plus grand bonheur des oligarques, ce cher Mitterrand à réussi (avant la chute de l’URSS) à faire passer ce garde fous aux oubliettes (et à favoriser l’étron national pour « équilibrer »).
      Il s’agit réellement d’un crime contre la démocratie car même si je ne partage pas du tout la vision marxiste cette opposition était nécessaire pour maintenir un certain équilibre.

      Georges Marchais… Comme je le regrette !!!

      Au moins avec lui les débats politiques étaient vraiment « sportifs » et il n’aurait fait qu’une bouchée de Micron, comme il l’avait fait avec Chirac et n’importe lequel de ses contradicteurs.
      Imaginez « Zupiter » dans cette situation : https://www.youtube.com/watch?v=zfl3pHVGQYU
      Un vrai bonheur…

      C’est aussi pour ça que ce cher « Tonton » avait créé « l’union de la gôôôche » : Ne pas l’avoir comme contradicteur et pouvoir le poignarder dans le dos en lui faisant de grands sourires.

        +14

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  • lois-economiques // 02.07.2019 à 15h45

    Albert Jacquard : “On est en train de sélectionner les gens les plus dangereux”
    https://www.les-crises.fr/albert-jacquard-on-est-en-train-de-selectionner-les-gens-les-plus-dangereux/

      +8

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  • BOURDEAUX // 02.07.2019 à 15h47

    Beau papier de Lordon, mais je ne partage pas du tout son point de vue quand il écrit : »Ce que réalise, ou devrait réaliser, le procès France Télécom, ça n’est pas tant l’incrimination de quelques individus, il est vrai spécialement dégénérés, mais l’incrimination du monde qui les produit ». Lordon est décidément ennemi de la responsabilité individuel ! Les méthodes managériales crapuleuses, menaçantes et destructrices sont exercées par des individus. Tous les grands groupes aujourd’hui les utilisent, plus ou moins intensément. Si Lordon avait à cœur de plaider pour l’amélioration des conditions de travail de ses semblables, il réclamerait des peines exemplaires pour ces dirigeants de FT. Parce que les pratiques immondes des DRH ne sont généralement pas assumées par les dirigeants en personne, mais distillées par perfusion dans les organigrammes. J’ai écouté une amie cadre sup chez SANOFI récemment, qui ne supportait plus de devoir appliquer (et de devoir assumer, car son chef lui interdisait de dire qu’elle exécutait ses ordres !) des directives injustes et destructrices contre ses subordonnés. Entrée en conflit avec son supérieur, elle a été atomisée en 15 jours, et est en dépression depuis 6 mois, incapable de comprendre ce qui lui est arrivé.

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    • lois-economiques // 02.07.2019 à 16h22

      Lordon est un structuraliste.
      Autrement dit, ce sont les structures qui déterminent les comportements.
      Si vous souhaitez changer les comportements, changez les structures qui les déterminent.
      C’est le sens de ces propos.
      Il ne nie pas la responsabilité individuel, mais pour Lordon, les principaux responsables ce sont ceux qui élaborent les structures (politiques et grand patronna), puis viennent ceux qui les célèbrent (journalistes) et enfin ceux qui les font tourner, l’ encadrement.

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      • BOURDEAUX // 02.07.2019 à 18h15

        Exact. Il existe un terme pour désigner le contraire d’un structuraliste ? C’est ce que je suis.

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        • lois-economiques // 02.07.2019 à 19h55

          Non, cela n’existe pas, car personne de sérieux nie le structuralisme.
          Un seul exemple pour que compreniez.
          Prenez un bébé né dans la famille la plus radicalement jihadiste qui soit.
          1. Quel est la probabilité que l’enfant éduqué dans ce climat soit lui même jihadiste ?
          2. Ce même enfant est adopté par un couple japonnais d’obédience bouddhiste.
          Quel est la probabilité que l’enfant éduqué dans ce climat soit lui même jihadiste ?
          Cas 1 –> Important
          Cas 2 –> Quasi nulle
          Les structures ont été déterminantes dans les choix futures de l’enfant et par de là de sa vie d’adulte.
          Aucune personne ne peut nier l’importance déterminantes des structures dans lesquelles il évolue, la marge de manœuvre individuelle, le fameux « libre arbitre » est une invention pour permettre aux classes dominantes de condamner les contestataires de l’ordre établit.

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          • Sophia // 02.07.2019 à 23h15

            Croire au libre arbitre nous est nécessaire à titre individuel et collectif. Même si depuis Spinoza on n’est pas sûr qu’il existe, ce libre arbitre, on fait quand même comme si, sinon, à ce compte-là, plus personne n’est responsable de rien, et trouver une bonne raison de se lever le matin, ou « faire société » deviennent un tantinet délicat…

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            • Wakizashi // 03.07.2019 à 07h51

              @Sophia

              Croire au libre-arbitre est surtout un fait global, nos sociétés sont et ont toujours été basées dessus puisque sinon des notions comme le bien et le mal, la liberté, la responsabilité ou la justice n’auraient plus lieu d’être et l’on pourrait fermer tous les tribunaux. Mais ce n’est pas seulement une croyance, c’est aussi et surtout une expérience empirique que nous faisons tous chaque jour.

              Il y a évidemment une infinité de déterminismes qui s’appliquent en permanence, mais c’est bien prétendre que ceux-ci représentent 100% de nos pensées et de nos actes qui revient à se faire l’avocat du diable, puisque c’est contraire à l’expérience ordinaire de tout un chacun.

              Ceux qui nient l’existence du libre-arbitre sont de toute façon piégés dans une contradiction emmerdante : si le libre-arbitre n’existe pas, alors eux-mêmes n’en ont pas, donc leur croyance que le libre-arbitre n’existe pas est elle-même entièrement déterministe, donc elle n’a aucune valeur logique.

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            • lois-economiques // 03.07.2019 à 09h22

              Le libre arbitre est une création de Saint Augustin : « Dieu a conféré à sa créature, avec le libre arbitre, la capacité de mal agir, et par-là même, la responsabilité du péché ».
              En responsabilisant l’individu en dehors du cadre des structures qui le déterminent à agir, on peut individuellement le condamner sans se poser la question des autres déterminants.
              C’est la base de la pensée libérale : » tu es riche tu l’a mérité, tu es pauvre c’est de ta faute… »

              Maintenant quel est le degré de liberté du Pape François dans sa volonté de venir le chef de la Chrétienté si il avait été enlevé dans prime jeunesse par une tribu animiste d’Amazonie ?
              Donc la notion « C’est mon choix » sans tenir compte de tous les déterminants qui ont conduit à faire ce choix est simplement un non sens.

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            • Wakizashi // 03.07.2019 à 11h48

              Les bouddhistes croient au libre-arbitre, et Saint-Augustin n’a fatalement rien à voir là-dedans. Et de toute façon le fait que le libre-arbitre existe ou non est indépendant de ce que Saint-Augustin, Friedman, Jules César, la belle-sœur du concierge de mon voisin ou qui que ce soit en pense par ailleurs.

              Sinon, vous ne répondez pas sur le fond : les tenants de l’inexistence du libre-arbitre sont coincés dans une contradiction logique qui réduit à néant la cohérence interne de leur croyance.

              Enfin, sur l’irresponsabilité des gens, même Lordon n’y croit pas. S’il croyait réellement que les humains sont irresponsables et que seules les structures le sont, alors de quoi se plaint-il ? Pourquoi passe-t-il son temps à dénoncer ceci ou cela ? Si personne n’est responsable, alors personne n’y est pour quelque chose et personne n’y peut rien ; et même un changement de structure ne pourrait qu’être déterministe dans ce cas.

              D’ailleurs puisque Lordon n’a pas de libre-arbitre, alors ce qu’il dénonce n’est ni plus ni moins que l’expression de ses propres déterminismes, donc ça n’a aucune valeur, et moi je vais me faire une pétanque (déterministe la pétanque).

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            • lois-economiques // 03.07.2019 à 16h02

              @Wakizashi
              Vous avez écrit :
              « Les bouddhistes croient au libre-arbitre. »
              Source ?
              Je donne la source suivante :
              « La question du libre arbitre (libre volonté) a occupé une place importante dans la pensée et la philosophie occidentales. Mais du fait de la Production conditionnée cette question ne se pose pas, et ne peut pas se poser dans la philosophie bouddhiste. »
              Source : http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com/archive/2015/04/23/le-bouddhisme-la-question-du-libre-arbitre-5609264.html
              Vous avez écrit :
              « Saint-Augustin n’a fatalement rien à voir là-dedans »
              Source ?
              Je donne la source suivante :
              « De ce concept forgé par la théologie patristique latine, il n’est pas exagéré d’écrire qu’il fut développé pour préciser la responsabilité du mal, en l’imputant à la créature de Dieu. Ceci apparaît dans le traité De libero arbitrio de saint Augustin (Augustin d’Hippone). Ce traité est une œuvre de jeunesse, commencée à Rome vers 388 (Livre I) alors qu’Augustin avait 34 ans (c’est-à-dire deux ans seulement après sa conversion), et achevée à Hippone entre 391 et 395 (livres II et III)1. Il décrit le dialogue d’Evodius et d’Augustin. Evodius pose le problème en des termes abrupts : « Dieu n’est-il pas l’auteur du mal ? ». Si le péché est l’œuvre des âmes et que celles-ci sont créées par Dieu, comment Dieu n’en serait-il pas, in fine, l’auteur ? Augustin répond sans équivoque que « Dieu a conféré à sa créature, avec le libre arbitre, la capacité de mal agir, et par-là même, la responsabilité du péché ». »
              Source Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Libre_arbitre

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          • lois-economiques // 03.07.2019 à 16h03

            @Wakizashi (suite)
            1. Faut arrêter d’écrire sans source, cela n’a aucune valeur.

            2. Lordon a dit :
            « Si vous voulez changer les comportements, changez les structures qui déterminent ces comportements.  »

            C’est on ne peut plus clair !

            Exemple :
            Loi constitutionnelle n° 1 :
            « L’argent ne peut en aucun cas rapporter de l’argent. »

            Conséquences : Vous pouvez avoir tout le libre arbitre du monde si vous faites respecter cette loi structurante : la bourse est fermée, les fond de pensions avec, le système bancaire est réduite de 99%, de même pour les assureurs, le marché immobilier s’écroule etc., etc
            C’est quoi le déterminant de premier ordre ?
            Votre libre arbitre ou une loi qui s’exprime en 9 mots ?

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            • Wakizashi // 03.07.2019 à 18h11

              Je me demande qui va changer lesdites structures… Certainement pas des humains dénués de libre-arbitre puisqu’ils sont impuissants de faits, totalement dépendants des déterminismes qui les pilotent en mode automatique.

              C’est ça le problème quand on dit une connerie, si on va au bout de la logique on aboutit à quelque chose d’absurde. C’est même à ça que l’on peut reconnaître un énoncé faux (ce qu’a fait Galilée avec l’énoncé d’Aristote sur la chute des corps).

              Bref, il y a une autre possibilité : considérer que les structures ne sont jamais que des créations humaines et qu’à ce titre, l’être humain en est totalement responsable. Et que donc, c’est avant tout l’être humain qui doit changer, faute de quoi les mêmes causes entraîneront à nouveau les mêmes conséquences.

              « Sois le changement que tu veux voir dans le monde. » Gandhi soulignait que la mesquinerie ordinaire se retrouve partout chez les humains, ainsi que les abus de pouvoir, la jalousie, le mensonge, le besoin de se sentir supérieur (besoin patent chez Lordon), etc. etc. Pas besoin d’aller jusqu’aux patrons de France Télécom pour trouver ces caractéristiques, elles sont partout. Sauf que leurs effets sont décuplés chez les gens dotés d’un pouvoir démesuré.

              Comment voulez-vous engendrer un monde harmonieux si vous êtes plein de négativité et de ressentiment à l’intérieur ?

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            • lois-economiques // 03.07.2019 à 21h47

              @Wakizashi
              Vous avez écrit :
              « Je me demande qui va changer lesdites structures… Certainement pas des humains dénués de libre-arbitre puisqu’ils sont impuissants de faits, totalement dépendants des déterminismes qui les pilotent en mode automatique. »
              Ils sont certes dénuées de libre arbitre mais pas de raisonnement.
              La clé, c’est la science !
              La science, les lois scientifiques se foutent du libre arbitre et/ou du déterminisme.
              Tout forme de progrès ne peut passer que par la science.
              C’est la non compréhension scientifique qui amène les désastres !
              Un seul exemple, j’ai écris un ouvrage scientifique sur l’économie, personne n’y à rien compris.
              Le déterminisme, c’est à dire les structures mentales et sociales de tout un chacun, ont fait que personne n’a rien compris.
              S’il y avait vraiment du libre arbitre pour quelles raisons un ouvrage scientifique serait rejeté ?
              Méditez la dessus…

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            • Wakizashi // 04.07.2019 à 07h48

              La science nécessite le libre exercice de la raison. Si l’être humain n’est pas doté de libre-arbitre, par définition il ne lui est pas possible de faire librement usage de la raison.

              Vous le dites vous-mêmes d’ailleurs : « Ils sont certes dénuées de libre arbitre mais pas de raisonnement. » Ah mais ce raisonnement n’est pas déterministe alors, sinon il perdrait tout caractère logique, donc toute valeur scientifique. Donc il est libre, au moins en partie.

              Quand le Pape François a voulu devenir Pape, il n’a fait qu’obéir à ses déterminismes me dites-vous. Mais quand un scientifique raisonne, il a du libre-arbitre. Toujours cette même contradiction…

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            • lois-economiques // 04.07.2019 à 16h25

              @Wakizashi
              Le scientifique qui raisonne a eu les structures matériels et sociétales de raisonner.
              Je doute fort que Einstein élevé dans une tribu d’Amazonie à l’écart de tout laboratoire ait trouvé la relativité….
              Donc je répété le déterminant de premier ordre ce sont les structures, dans un second temps quant les structures sont en tout point favorables l’homme de science peut raisonner et seuls quelques élus trouvent.
              Le déterminisme n’est pas absolu, personne ne dit cela, mais les contraintes sont tels pour la grande majorité des personnes que leur degré de liberté est quasi nulle.
              Saviez-vous que la majorité des employées/ouvrières de la fin du XIX s’adonnaient à la prostitution ?
              C’est sure, c’était leur libre arbitre, le fait de pas pouvoir vivre avec leur salaire n’est que contingence…

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            • Wakizashi // 04.07.2019 à 18h52

              « Le déterminisme n’est pas absolu, personne ne dit cela »

              Dans ce cas le libre-arbitre n’est pas nul, il existe.

              Elle est bien bonne au passage celle-là : « quant les structures sont en tout point favorables l’homme de science peut raisonner ». Ben tiens. Traduction : « Le libre-arbitre n’existe pas sauf pour quelques élus, dont bien-sûr je fais partie », CQFD. C’est récurrent ça aussi chez ceux qui nient l’existence du libre-arbitre : ils le nient toujours pour les autres, mais rarement pour eux-mêmes.

              Et au fait, à part les fameuses structures dont vous parlez sans cesse, qui sont uniquement externes en l’occurrence, que faites-vous des déterminismes internes, genre patrimoine génétique etc ? Le raisonnement de l’Elu n’est-il pas entièrement déterminé par les réactions électrochimiques qui ont lieu dans son cerveau ? Les réactions en question ne sont-elles pas entièrement déterminées par les lois de la physique ? En quoi l’Elu y est-il pour quelque chose s’il pond un théorème dans ce cas, ce sont les lois de la physique qui l’ont pondu par hasard. Lui-même n’y est absolument pour rien. Il a été élu par hasard en fait…

              Au passage, un des plus grands mathématiciens de l’histoire, Srinivasa Ramanujan, était né dans une famille indienne extrêmement modeste, et il était totalement autodidacte. Ce qui met à mal votre idée d’Einstein en version amazonienne qui n’aurait jamais rien trouvé : visiblement les déterminismes internes jouent au moins autant que vos sacro-saints déterminismes externes…

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        • Wakizashi // 03.07.2019 à 07h42

          @ BOURDEAUX

          Encore faudrait-il que ce soit du structuralisme, ce qui reste à voir. Ca dépend du domaine dans lequel ce mot est utilisé, parce que sa définition varie en fonction.

          Mais en l’occurrence, sous couvert d’un mot pseudo-savant, on est plus dans le vaste mais banal débat inné/acquis. Là dessus on a entendu tout et son contraire mais une chose est sûre : les deux sont bien présents, et ceux qui nient l’existence de l’un pour affirmer la totale prégnance de l’autre (en l’occurrence ici : « seul l’acquis compte ») racontent n’importe quoi.

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    • lois-economiques // 02.07.2019 à 16h29

      « Que celui de vous qui est sans péché jette le premier la pierre contre elle.  »
      Jean, Chapitre 8 Verset 7.
      Etes vous ce dernier, pour condamner ?

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      • BOURDEAUX // 02.07.2019 à 17h57

        Je ne voudrais pas être discourtois, mais le niveau de ce que vous écrivez ici est assez atterrant, et inquiétant quand on sait que vous êtes chargé d’instruire des enfants…

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    • Sandrine // 02.07.2019 à 17h04

      Ah ! Bourdeau… La responsabilité individuelle… Oui certes en théorie nous sommes libres ou non d’adhérer au système en place, de nous « conformer » ou de « resister » … Sauf que lorsque toute la société est assignée à s’adapter aux modes de pensée et aux techniques du management, il est très difficile de trouver un secteur d’activité (et de vie) ou vous n’y serez pas soumis et où vous pourrez être autre chose qu’un passager clandestin.

      Les travaux de Baptiste Rappin (et avant lui ceux de Pierre Legendre) sont très intéressants pour comprendre l’emprise du management sur nos vies et le danger qu’il représente( Pour découvrir, on peut commencer par cette video https://www.youtube.com/watch?v=r33OPqeEruo)

      La conclusion de Rappin est sans appel : ne croyez pas que vous pourrez travailler en tant que manager et échapper aux conséquences que les techniques du management impliquent sur les actes et les représentations.. Vous vous trouverez forcement à un moment ou à un autre confronté à des injonctions contradictoires, obligé de faire des choses que votre conscience réprouve sous peine, sinon d’être déloyal vis-à-vis de votre employeur (ce que votre conscience réprouvera aussi)… Le plus sage, quand c’est encore possible, c’est de fuir et de ne jamais s’y frotter.

        +3

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      • BOURDEAUX // 02.07.2019 à 18h10

        « Ah ! Bourdeau… » s’il vous plait Sandrine, quitte à me railler, laissez-moi mon x, j’y tiens !
        Je réclame ici la responsabilité individuelle, dans la mesure où j’estime que certaines méthodes de management me semblent relever clairement de la menace ou de l’intimidation, et que ces pratiques devraient être clairement définies dans les textes de loi pour que la justice puisse condamner ceux qui décident de les utiliser. Car vous me parlez de système, c’est bien beau, mais à force de gémir contre un « système », on ne désigne jamais de responsables. Alors, plutôt que de discuter une loi pour interdire la fessée dans les foyers ( nos députés en sont là, eh oui…), il me semblerait plus utile de réfléchir à la manière de responsabiliser les dirigeants face à des pratiques indéfendables.

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        • Sandrine // 02.07.2019 à 18h21

          De quelles pratiques exactement parlez-vous qui vous semblent relever d’un type de menace susceptible d’être punissable actuellement par la loi? Pourriez-vous nous décrire un cas concret ?

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          • Sandrine // 02.07.2019 à 18h36

            Les pratiques individuelles considérées comme abusives sont déjà punissables par la loi dans le cadre des lois contre le harcèlement.
            Vous voyez bien que manifestement ça ne suffit pas à régler les problèmes.
            Que precaunisez-vous, un durcissement des lois contre le harcèlement moral ?

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          • BOURDEAUX // 02.07.2019 à 18h39

            Le cas concret ( authentique) d’un dirigeant qui impose à ses cadres d’appliquer une méthode prédéfinie de notation de leurs équipes, consistant à fixer par avance un pourcentage de gens ( 25%) devant être mal notés, me parait absolument indéfendable. Je ne suis pas juriste, mais ça me semble être une méthode de sanction parfaitement arbitraire vis à vis de ceux que le sort va désigner comme faisant parti des « mal notés », parce que le dirigeant a décidé qu’il lui fallait son quota de « mal-notés ».

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            • Sandrine // 02.07.2019 à 19h30

              Pas de difficulté à vous croire… je peux même vous garantir que c’est la même chose dans toutes les entreprises… Business as usual…

              Le problème c’est que c’est totalement illusoire de penser qu’on peut survivre dans ce genre de système sans participer plus ou moins à ces pratiques. Penser « moi je ne suis pas comme ça, je ne m’abaisserai jamais à ça, je saurai me maintenir à distance de ce genre d’excès » est juste une preuve de manque d’exprurience.
              Et d’une certaine façon, c’est assez comparable à l’attitude de O. Groning, qui horrifié par les pratiques auxquelles il assista à son arrivée a Auschwitz (en tant que gardien) mais n’osant pas déserter s’est contenté de la place de comptable qu’on lui proposait pour ménager ses nerfs sensibles…
              https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Oskar_Gröning

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            • RGT // 02.07.2019 à 20h35

              Ces pratiques sont hélas très courantes, les « entretiens d’évaluation » ayant été conçus dans ce but.
              Lors de ces entretiens on fixe des objectifs inatteignables (mais bien cachés), puis l’année suivante l’employé se prend un retour de bâton monumental car il aura approuvé les objectifs qui lui étaient fixés…
              Ensuite, ça devient la spirale infinie car les objectifs seront ensuite toujours hors de portée et le larbin « collaborateur » sera culpabilisé et n’aura jamais le temps de contrôler la faisabilité desdits objectifs lors de l’entretien (objectifs fixés à la fin, à la dernière minute de l’entretien pour qu’il ne puisse pas prendre réellement connaissance de leur portée).

              C’est la principale raison qui m’a poussé à « rater ma vie » : Quand j’étais « manager » je fixais des objectifs réels et atteignables et je refusais de plomber les autres car je savais que leurs carrières seraient pénalisées par ces pratiques écœurantes. Surtout quand les personnes étaient compétentes et motivées. Quel gâchis !!!

              Comme je ne voulais pas « jouer le jeu » on m’a mis sur une « voie de garage » et depuis je suis heureux car je fais du développement électronique (HW et SW) dans un bureau d’études (Quelle horreur, pour un cadre c’est sale)…

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            • Karim Wilmotte // 04.07.2019 à 23h06

              « Le cas concret ( authentique) d’un dirigeant qui impose à ses cadres d’appliquer une méthode prédéfinie de notation de leurs équipes, consistant à fixer par avance un pourcentage de gens ( 25%) devant être mal notés, me parait absolument indéfendable. »

              C’est effectivement condamné.

              Mais il faut apporter la preuve des faits.

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    • Fritz // 02.07.2019 à 20h41

      « incapable de comprendre ce qui lui est arrivé » ?
      Ce qu’elle a fait subir à ses subordonnés. Comme quoi il y a une justice.
      Je ne plaindrai pas votre amie, @Bourdeaux.

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    • Neil // 02.07.2019 à 23h56

      Le problème, ce ne sont pas les personnes, mais la manière dont elles sont conditionnées à agir par une idéologie.

      L’être humain est conformiste, grégaire, pas parce qu’il est méchant, mais parce qu’il a besoin de la collectivité pour exister. La « banalité du mal » a été décrite par Arendt et son concept réutilisé par C. Dejours pour expliquer comment le conformisme permet à de nombreuses personnes de dénier leur responsabilité dans tel ou tel forfait.

      Aujourd’hui, le conformisme, c’est de croire en l’absolue responsabilité individuelle, en la rentabilité, en l’efficacité économique, en l’égoïsme radical des humains. Hégémonie culturelle néo-libérale.

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  • Cyd // 02.07.2019 à 15h51

    comment la psyché des capitalistes n’exprimerait-elle pas à son tour cette nouvelle disposition, cette nouvelle habitude que plus rien ne fasse obstacle ?

    => remplacer le mot capitaliste par progressistes et néolibéral par défenseurs d’une minorité, on a exactement le pendant sociétal de la chose

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  • BA // 02.07.2019 à 18h30

    Raymond Barre a passé sa vie à donner des leçons de morale aux Français. Raymond Barre était un européiste, vice-président de la Commission Européenne de 1967 à 1973, puis premier ministre de la France. Raymond Barre a toujours fait campagne en disant qu’il était sérieux, intègre, honnête. Aujourd’hui, le Canard Enchaîné révèle que ce professeur de morale avait caché 6,78 millions d’euros en Suisse. Les hommes politiques français sont les plus pourris d’Europe. Mais ça, on le savait déjà.

    https://www.estrepublicain.fr/france-monde/2019/07/02/raymond-barre-aurait-cache-de-l-argent-en-suisse

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  • serge // 02.07.2019 à 18h46

    Bien. Et lorsqu’un sociopathe en rencontre un autre? Et lorsqu’une pauvre victime au lieu de se suicider pète un câble et devient elle-même non pas sociopathe mais psychopathe tendance paranoïaque? Et lorsqu’en face, au lieu d’un éduqué peut-être même avec une couche de judéo-chrétien dessus, se trouve un peu formé sans vernis social, peut-être même pas d’ici, cela finit-il en suicide?
    Etant donné la violence croissante actuelle dans notre société explosée en chapelles et confrontée à toutes les difficultés économiques possibles, que pensez vous qu’il va se produire, très bientôt, en face des ces sociopathes format « gestion de projet » ou « tenue des objectifs »? Ben un grand massacre qui va remonter toutes les couches sociétales, n vers n+1, n+1 vers n+2, etc… On n’aura même pas à dépenser du temps et de l’argent pour monter un Nuremberg.

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    • Neil // 02.07.2019 à 23h46

      Rien ne prouve ce que vous affirmez, ce vœu pieu.
      Au contraire, l’acceptation de la « norme sociopathique » est très grande. Celui qui deviendrait fou et s’en prendrait à un sociopathe tel que décrit par Lordon serait décrit comme… fou. C’est à dire quelqu’un qui a -individuellement- perdu la raison et qui n’est pas victime de normes sociales démentes mais d’une maladie mentale qu’il aurait attrapé, comme on attrape un rhume. Pas de chance, quoi.
      La révolte irrationnelle que vous appelez de vos vœux ne sera jamais que ponctuelle, solitaire, évidée de son sens.

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  • BOURDEAUX // 02.07.2019 à 18h52

    le lien nous envoie vers une video non lisible

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  • Denis Griesmar // 02.07.2019 à 19h07

    On « oublie » toujours, parmi les exploits dudit Didier Lombard, le « Rapport Lombard », qui recommandait l’élimination de la langue française dans les brevets d’invention, et, en fait, l’abolition de l’Ordonnance de Villers-Cotterêts. Ce forfait, accompli avec la ratification du « Protocole de Londres », a provoqué des « dommages collatéraux » : élimination de traducteurs et d’ingénieurs francophones, … mais ces gens n’étaient … « rien ».

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    • RGT // 02.07.2019 à 20h51

      Dire que maintenant nous sommes obligés de rédiger TOUS les documents dans la langue de Shakespeare Donald Trump…

      Même quand nous avons un client qui est français, qui travaille sur le marché français,etc… Débile !!!

      Pour e**** ces blancs-becs j’écris TOUT en français (je maîtrise parfaitement l’anglais mais je n’en vois pas la nécessité).

      Et quand j’ai droit à des remarques désobligeantes, je sors :
      – La Loi n° 94-665 du 4 août 1994 relative à l’emploi de la langue française. https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=LEGITEXT000005616341

      – Mon contrat de travail qui ne stipule en rien que je dois parler et/ou écrire en anglais.

      Comme mon employeur ne veut pas me payer une formation d’anglais (il faut dire que je n’en ai pas besoin, mais je n’en parle pas), les roquets repartent la queue basse…

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  • Neil // 02.07.2019 à 23h16

    Oui. A ceci près, peut-être, que plus qu’une chosification de l’humain, c’est d’abord le dogme de l’individu-roi (je suis absolument responsable de mes actes, donc de mon suicide) qui conditionnent ces gens à penser que le milieu, les conditions d’existence n’existent pour ainsi dire pas. Tout acte, tout échec, tout suicide relève pour ces gens-là d’un choix rationnel ou d’une faiblesse personnelle. Le collectif n’existe pas. Ils pensent un homme abstrait, idéal. Bref, ils délirent, et leur délire justifie leurs actes inhumains.

    Desjours a eu recours au concept de « banalité du mal » d’Arendt pour penser le management moderne et la souffrance qui en découle.

    Bret Easton Ellis a fort bien campé en 1991 ce type d’individu néo-libéral: le psychopathe Patrick Bateman d’American Psycho:

    « Je possédais tous les attributs d’un être humain – la chair, le sang, la peau, les cheveux – , mais ma dépersonnalisation était si profonde, avait été menée si loin, que ma capacité normale à ressentir de la compassion avait été annihilée, lentement, consciencieusement effacée. Je n’étais qu’une imitation, la grossière contrefaçon d’un être humain. »

    On a été prévenu.

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  • Marc Michel Bouchard // 03.07.2019 à 01h59

    Le retour à l’ensauvagement des sociétés c’est ce qu’indique particulièrement les années 2010-2020. Les États au service du néolibéralisme capitalisent sur le monopole de la force physique, l’individualisme qui sépare les personnes, une sorte de retour voulue de la religion qui divise, l’image idéologique de stabilité sociale des personnes qui circulent dans les rues pour le boulot, la fixation sur un univers de plus en plus virtuel.

    Le populisme est une réaction encore partielle quoi qu’on en dise contre cette domination d’une oligarchie plus digne de mention qui enterre la démocratie et un capitalisme national qui était davantage supportable. Les Gilets jaunes montrent ce que l’Europe est avec l’U.E, un continent en voie de soviétisation ultralibérale pour des élites narcissiques et comment la police en France s’est rapprochée grandement des forces de l’ordre sous les dictatures d’extrême droite latino-américaines des années 70 et 80. Frapper aussi des handicapés G.J est licite pour les policiers, le monde entier voit tout sur le web sur l’état de l’Hexagone. Aucune sympathie n’est possible pour l’injonction fascisante concurrentielle d’En Marche de Macron qui a tout de l’autocratie comportementale et réelle.

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  • Jerrick // 03.07.2019 à 04h00

    Bonjour
    Juste « pour rire »… enfin façon de parler…
    En voyage en Corée, le simple fait de rallumer mon tph à l’aéroport pour changer de carte SIM et prendre une locale m’a été facturé 51€ par Orange… 3,75Mo de débit (soit l’équivalent de 3’45 » de musique en MP3)
    Un mail d’insultes + menace de changer d’opérateur et pouf!, effacés les 51€.
    Orange reste un boîte d’enc**** mais envers ses clients…
    Bien à vous et merci à Frédéric Lordon pour ce texte

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  • Serge F. // 03.07.2019 à 09h39

    « Selon Babiak, les psychopathes en costume-cravate « manquent d’empathie, mais dans le monde des affaires, ce n’est pas nécessairement vu comme une mauvaise chose, en particulier quand il y a des décisions difficiles à prendre, comme celles de licencier des employés ou de fermer une usine ». […]
    Deux chercheurs britanniques de l’université du Surrey, en Angleterre, Belina Board et Katarina Fritzon, se sont servies de la liste d’évaluation de Robert Hare pour étudier les traits de personnalité de 39 PDG de grandes entreprises britanniques et pour les comparer aux patients de l’hôpital psychiatrique de Broadmoor : « Notre échantillon était limité, mais les résultats sans appel. […] Les troubles de personnalité des gens d’affaire se confondaient avec ceux des criminels et des patients psychiatriques », rapportait Belina Board dans le New York Times, concluant que les PDG en question étaient devenus « des psychopathes à succès » qui, comme les patients souffrant de troubles psychotiques de la personnalité, manquaient d’empathie, avaient tendance à exploiter les autres, étaient narcissiques, dictatoriaux, et empreints de démesure [1]. Ils supassaient même les patients psychiatriques et les psychopathes dans certains domaines comme l’égocentricité, le charme superficiel, le manque de sincérité et la tendance à la manipulation. Ils étaient toutefois moins enclins à l’agression physique, à l’impulsivité et au manque de remords. » Matthieu Ricard, Plaidoyer pour l’altruisme

    [1] https://www.nytimes.com/2005/05/11/opinion/the-tipping-point.html

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    • Serge F. // 03.07.2019 à 09h56

      « Beaux parleurs, charmants et charismatiques mais sans scrupules, convainquants à l’embauche, virtuoses de la gestion de leur image et manipulateurs hors pair, ils considèrent leurs collègues de manière strictement utilitaires, et s’en servent pour gravir les échelons de l’entreprise. Dans un monde où l’environnement économique est de plus en plus compétitif, de nombreux psychopathes se sont ainsi insérés dans les hautes sphères de l’entreprise et de la finance. Le tristement fameux Bernard Madoff, ainsi que Jeff Skilling, ancien président de la firme texane Enron condamné à vingt-quatre ans de prison pour fraude en 2006, en sont des exemples notoires. » Matthieu Ricard, Plaidoyer pour l’altruisme

      Ca ne vous rappelle pas quelqu’un ?

      https://www.youtube.com/watch?v=SlciL62fMrY

      La chose la plus folle dans l’histoire est de savoir que non seulement les psychopathes sont au pouvoir, mais qu’ils sont même parfois élus et confortés, même après avoir constaté leurs actions néfastes. Nous vivons dans un monde de fous !

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      • Dominique Gagnot // 05.07.2019 à 23h40

        Il suffit d’ignorer leurs cotés néfastes, pour ne conserver que l’image de héros invincible qu’ils se donnent, comme le font les enfants amateurs de bande dessinée, beaucoup « d’adultes » n’ont pas dépassés ce stade. A leur décharge, tout est fait pour : éducation nationale et gros médias. (sans parler de religion)

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  • jojolafrite // 03.07.2019 à 21h09

    Je vous propose d’écouter Didier Bille un DRH qui a viré un millier de personnes , pour la simple raison d’entreprise, avant d’être la proie d’un mec comme lui .

    https://www.youtube.com/watch?v=okP6imgD7yY

    https://www.youtube.com/watch?v=d44RkdaXGE0

    J’ai eu affaire à des gens comme ça, j’ai pas tout de suite tout compris , mais maintenant que je sais ce dont ils sont capables, je reste hors de leur portée .

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