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3.juillet.20193.7.2019
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12 Fake News macronistes sur les Gilets jaunes (2/2) – par Laurent Dauré

Billet invité – Merci à Laurent Dauré pour son travail ! Son interview sur ce sujet est là. Article initialement publié le 11 mars 2019. Nous continuons avec cette seconde partie – la première est consultable ici – à examiner une sélection (ordonnée chronologiquement) de fake news émises ou relayées par le camp macroniste à […]
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Billet invité – Merci à Laurent Dauré pour son travail ! Son interview sur ce sujet est là. Article initialement publié le 11 mars 2019.

Nous continuons avec cette seconde partie – la première est consultable ici – à examiner une sélection (ordonnée chronologiquement) de fake news émises ou relayées par le camp macroniste à propos du mouvement des Gilets jaunes. On y trouvera notamment quelques envolées conspirationnistes Label rouge sur lesquelles les médias dominants ont eu la délicatesse de jeter un voile pudique, quand ils n’ont pas eux-mêmes contribué à les diffuser.

Fake news no 7 : Des comptes Twitter liés à la Russie attisent la révolte des Gilets jaunes

– Qui ? : Différentes sources gouvernementales anonymes, Team Macron (comme nous l’avons vu dans la 1re partie, il s’agit d’un important compte Twitter semi-officiel dédié à la défense de la Macronie ; il a changé de nom en février et s’appelle désormais – de façon aussi pompeuse qu’usurpée – « Team Progressistes. »)

– Quand ? : 8 décembre 2018

– Quoi ? : S’appuyant sur une étude de la société de cybersécurité New Knowledge qui a analysé l’activité d’environ 200 comptes Twitter « liés à la Russie », le quotidien britannique The Times affirme que Moscou cherche à amplifier le mouvement des Gilets jaunes sur Internet, notamment en diffusant des photos de manifestants blessés lors d’événements antérieurs. Le même jour, l’agence américaine Bloomberg publie un article similaire, celui-ci basé sur les travaux de l’organisation Alliance for Securing Democracy portant sur 600 comptes Twitter « connus pour leur promotion des positions du Kremlin ». Sans surprise, RT (tout comme son agence de presse vidéo Ruptly) et Sputnik – les Ural Suspects – sont également accusés de manipulation de l’information.

Plusieurs sources gouvernementales font immédiatement savoir à l’AFP que Paris prend ces allégations très au sérieux. Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères, invité du « Grand Jury » sur LCI/RTL/Le Figaro le 9 décembre, déclare qu’une enquête est en cours. Rattaché à Matignon, le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) est chargé de coordonner les vérifications.

Dans une interview au Parisien, Mounir Mahjoubi, secrétaire d’État chargé du Numérique, déclare : « Plusieurs nations dans le monde peuvent avoir la volonté d’influencer les démocraties occidentales pour les déstabiliser. Il y a aussi des dizaines de mouvements idéologiques qui n’ont pas de frontières et qui ont aussi tout intérêt à créer la division. La menace est plus grande que la seule Russie. » Moscou, une menace parmi d’autres, mais une menace tout de même. Bienvenue dans le monde paranoïaque de la gentille Macronie assiégée par les méchants du monde entier.

Les médias ont largement rendu compte de cette énième accusation d’ingérence russe, avec plus ou moins de prudence et un usage souvent très orienté du conditionnel (quand ce mode était utilisé…) : Le Monde, Le Figaro, Le Parisien, L’Obs, Les Échos, Le Point, Le Journal du dimanche, LCI, Europe 1, RFI, RTL, La Croix, Courrier international, etc. Certains, peu nombreux, se sont distingués en apportant un son de cloche plus circonspect – Libération, France 24, BFM-TV –, ils ont fait état d’une autre étude aux conclusions différentes, celle-ci réalisée par le chercheur en cybersécurité Baptiste Robert (Elliot Alderson sur Twitter), qui se fonde sur plus de 250 000 tweets en anglais.

La Team Macron a évidemment relayé avec gourmandise les « révélations » du Times. De même pour les habituels braillards russophobes au service de l’ordre euro-atlantiste, comme Jean Quatremer (grand pourvoyeur de fake news sur les Gilets jaunes – voir Acrimed) et de Caroline Fourest. Cette dernière a montré une fois encore le rapport très nonchalant qu’elle entretient avec les faits puisqu’elle parle de « centaines de faux profiles [sic] russes créés pour tenter d’amplifier la colère en France » ; or, l’article ne dit ni que l’ensemble des 200 profils sont faux, ni qu’ils ont été créés à l’occasion du mouvement jaune fluo. Que ce soit en 280 caractères, en 300 pages ou en 52 minutes, l’honnêteté la plus élémentaire fuit Mme Fourest.

Enfin, précisons que le Kremlin a démenti une quelconque implication par la voix de son porte-parole, Dmitri Peskov : « Toute allégation sur une possible participation de la Russie n’est rien d’autre que de la diffamation ».

– En fait : Après s’être ingéré dans à peu près toutes les élections et tous les référendums qui ont eu lieu ces dernières années dans les pays occidentaux, le machiavélique Poutine a encore frappé… Cette jamesbondisation de la pensée dominante prêterait seulement à rire si elle ne menaçait pas autant la paix dans le monde. C’est pourquoi il faut la combattre inlassablement. Du fait de sa gravité et de son caractère exemplaire, nous allons consacrer à cette fake news conspirationniste plus de place qu’aux onze autres.

Intéressons-nous tout d’abord aux deux organisations à l’origine des études accusant une nouvelle fois Moscou de déstabiliser une innocente démocratie. La plupart des médias n’en ont strictement rien dit, comme si leur neutralité et leur fiabilité étaient indiscutables.

New Knowledge est une société de cybersécurité américaine prétendant lutter contre la désinformation. Elle a été fondée en 2015 par Jonathon Morgan, un ancien conseiller du département d’État, et Ryan Fox, qui a passé 15 ans à la NSA et fut analyste spécialisé dans les opérations militaires de cyberdéfense pour l’armée américaine. Des pedigrees si anecdotiques qu’il était assurément inutile d’en informer le public…

On peut lire sur le site de New Knowledge : « Nous étions la première organisation à l’extérieur [hum…] de la communauté du renseignement des États-Unis à identifier la campagne russe visant à influencer l’élection présidentielle américaine. » Rappelons qu’en dépit des innombrables affirmations du contraire martelées par les soutiens transnationaux de la va-t-en-guerre Hillary Clinton, le dossier du « Russiagate » est toujours dépourvu de preuves probantes : voir cet article d’Aaron Maté publié dans Le Monde diplomatique ou celui-ci de Glenn Greenwald dans The Intercept ; même NBC News commence à se résoudre à admettre l’amère réalité (pour les bouffeurs de Russkoffs).

S’il n’est nullement démontré que Moscou a manœuvré pour faire élire Donald Trump et a fortiori que celui-ci est « la marionnette de Vladimir Poutine » (au passage, chacun peut constater que la politique des États-Unis à l’égard de la Russie reste hostile…), il est par contre bel et bien établi que New Knowledge a participé à une authentique opération de manipulation de l’opinion, ce qui n’a quasiment pas été relaté dans les médias français. La société est en effet activement impliquée dans un plan complexe visant à favoriser le candidat démocrate – Douglas Jones – lors de l’élection sénatoriale en Alabama qui a eu lieu fin 2017. Ce « projet Birmingham » a été financé par un farouche partisan de Mme Clinton, le milliardaire Reid Hoffman, cofondateur de LinkedIn, via le consortium American Engagement Technologies (AET), à son insu déclarera-t-il une fois l’affaire révélée.

Un rapport interne de New Knowledge, que le New York Times s’est procuré, contient un aveu on ne peut plus clair : « Nous avons orchestré une opération sophistiquée sous “faux drapeau” qui a instillé l’idée que la campagne de Moore [le candidat républicain] était intensifiée sur les médias sociaux par un réseau de bots russe. » Comme le rapporte trop discrètement Le Monde sur son site Internet, New Knowledge a procédé à « la création de faux comptes Twitter d’apparence russe [qui] se sont abonnés au candidat républicain Roy Moore, ce qui a pu jeter le doute sur d’éventuels liens entre le candidat et la Russie. » On attend que les médias dominants donnent à ces éléments instructifs la même exposition qu’ils ont accordée à l’étude sur la prétendue ingérence russe dans le mouvement des Gilets jaunes.

Jonathon Morgan a par ailleurs admis que la société qu’il codirige « a bien créé une fausse page Facebook diffusant des publications en faveur du candidat démocrate en Alabama, afin d’étudier la portée réelle d’une telle utilisation de Facebook. » C’était donc une expérience… Voilà une bonne défense à soumettre à tous les bidouilleurs pris la main dans le sac. En tout cas Douglas Jones a remporté l’élection – le 12 décembre 2017 – avec un écart assez modeste : 50 % contre 48,3 % pour Roy Moore, qui était soutenu par Donald Trump. Et, comme le dit Les Échos, « Facebook a annoncé avoir supprimé les comptes de cinq personnes dont Jonathon Morgan pour usage “inauthentique” de la plate-forme. » La Team Macron, Jean Quatremer et Caroline Fourest n’ont pas jugé pertinent de tweeter à ce sujet.

Passons à l’Alliance for Securing Democracy, qui a produit la seconde étude médiatisée par Bloomberg. Il s’agit d’un lobby néoconservateur sauvagement anti-russe qui affirme bien sûr que Moscou s’ingère partout, manipule à l’envi et s’efforce de saper les mirifiques démocraties occidentales. Dépendant du German Marshall Fund, un think tank transatlantique, l’ASD se dit « bipartisane », et elle réunit en effet les interventionnistes les plus virulents des deux principaux partis états-uniens. Comme le montre bien cet autre article de Glenn Greenwald, on a ici affaire à une composante à part entière de l’appareil de sécurité nationale des États-Unis.

La composition du comité consultatif de l’Alliance for Securing Democracy est particulièrement édifiante : Michael Chertoff (secrétaire à la sécurité intérieure dans l’administration de George W. Bush), William Kristol (éditorialiste néoconservateur fanatique et défenseur zélé d’Israël), Michael Morell (ancien directeur par intérim de la CIA ayant prôné publiquement des assassinats punitifs de Russes et d’Iraniens), mais aussi les « démocrates » Michael McFaul (ambassadeur des États-Unis en Russie sous Obama), Jacob Sullivan (conseiller à la sécurité nationale du vice-président Joseph Biden et de la campagne Clinton), etc.

Les médias français auraient-ils dû informer sur la nature de l’ASD ? Poser la question c’est y répondre. Une telle négligence relève d’un aveuglement volontaire ; comme cette organisation dit exactement ce que les journalistes otanisés ont envie d’entendre – en gros et sans beaucoup caricaturer : « les Russes sont méchants » –, il devient inopportun de mentionner qu’il s’agit d’un lobby faucon dont la vocation est littéralement de combattre Vladimir Poutine en lui attribuant les pires desseins. En accordant du crédit à New Knowledge et à l’Alliance for Securing Democracy, les médias dominants alimentent cette paranoïa russophobe qui nous entraîne vers une nouvelle guerre froide encore plus irrationnelle et volatile que la première.

Par ailleurs, la méthodologie – en grande partie opaque – des deux études est risible : nombre de comptes observés, critères pour qu’ils soient considérés comme « liés à la Russie », etc. Lisons l’article de France 24 déjà mentionné : « Quant aux études qui accréditent la thèse de l’ingérence russe, comme celle du New Knowledge – “une jeune société qui n’a pas encore produit d’étude sérieuse sur le sujet”, estime Baptiste Robert – ou Alliance for securing democracy, elles partent avec un biais de départ : elles monitorent des comptes classés comme russophiles, analysent leurs données, et en concluent que les Russes s’engouffrent dans le mouvement des Gilets jaunes. »

Puis la journaliste de France 24 cite Olivier Costa, politologue et directeur de recherche au CNRS : « Compte tenu de l’importance de la mobilisation sur les réseaux sociaux autour des Gilets jaunes, les tentatives d’influence russe sur le mouvement constituent une goutte d’eau dans un océan ». Un autre journalisme est possible au sein des médias dominants, la preuve : il existe déjà.

Même Nicolas Vanderbiest, bien connu des lecteurs de ce site, écrit sur son blog « qu’en l’état des choses, il est impossible de prouver une ingérence russe sur base des indicateurs à notre disposition ». Et, dans un article du Journal du dimanche publié le 16 décembre, on peut lire ceci : « Selon un cadre des services de renseignement, la DGSE et la DGSI n’ont pour le moment pas réussi à documenter une implication directe des services russes dans la diffusion de fausses informations ou de rumeurs complotistes dans le cadre du mouvement des Gilets jaunes. » Il est également profitable de prendre connaissance de l’interview du spécialiste des stratégies de l’information François-Bernard Huyghe sur Atlantico.

Par ailleurs, les articles du Times et de Bloomberg parlent surtout d’une influence sur la perception des Gilets jaunes dans le monde anglophone et non en France, ce que les médias hexagonaux n’ont pas toujours correctement signalé. De plus, il est question de Twitter alors que le mouvement repose bien davantage sur l’utilisation de Facebook. Bref, rien ne tient debout dans ce « scoop » conspirationniste relayé goulûment par la Macronie. Quand on veut porter des accusations sur l’ingérence d’une puissance étrangère, ou bien on présente des preuves solides, ou bien on se tait.

Notons qu’aucun média ou commentateur installé ne s’est interrogé sur la publication simultanée de deux articles concluant à une intoxication russe appuyés sur les travaux de deux entités d’orientation néoconservatrice liées aux services de renseignement et à l’appareil de sécurité nationale des États-Unis. Ils s’interdisent manifestement d’envisager l’hypothèse d’une ingérence américaine dans les affaires françaises. À moins qu’ils ne soient enclins à faire bon accueil à la manipulation de l’opinion publique quand celle-ci sert des objectifs qu’ils approuvent.

Mais, au fait, qu’en est-il des « vérifications » annoncées par les autorités il y a plus de deux mois ? Le Parisien vient d’interroger à ce sujet Nicolas Lerner, patron de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) : « Où en est l’enquête sur la possible ingérence russe dans la crise des Gilets jaunes ? » Voici sa (non-)réponse : « Certains, en France ou depuis l’étranger, ont indéniablement intérêt à tenter de mettre en difficulté le gouvernement et le chef de l’État à l’occasion du mouvement en amplifiant les “fake news” […] et en propageant des contre-vérités. De telles ingérences ne sont pas acceptables. » Autrement dit : bredouille.

Fake news no 8 : Le SMIC va augmenter de 100 euros en 2019

– Qui ? : Emmanuel Macron (président de la République), puis l’ensemble de la macronsphère

– Quand ? : 10 décembre 2018

– Quoi ? : Sous la pression des Gilets jaunes et de l’ample soutien dont ils jouissent dans la population, Emmanuel Macron annonce à la télévision une série de mesures pour tenter d’éteindre la révolte. La plus marquante est formulée ainsi : « Le salaire d’un travailleur au SMIC augmentera de 100 euros par mois dès 2019, sans qu’il en coûte un euro de plus pour l’employeur. »

Dans sa foudroyante munificence, le locataire de l’Élysée octroie d’autres largesses : « Pour [les retraités] qui touchent moins de 2 000 euros par mois, nous annulerons en 2019 la hausse de CSG subie cette année. » Il procède également – comme Nicolas Sarkozy avant lui – à une défiscalisation des heures supplémentaires et fait appel au bon cœur des patrons : « Je demanderai à tous les employeurs qui le peuvent de verser une prime de fin d’année à leurs employés. »

Les troupes jupitériennes au grand complet claironnent ces éléments, notamment sur le SMIC et la CSG, et la plupart des médias en rendent compte en reprenant sans discernement les termes macroniens, du moins dans un premier temps. Le verbe dominant tonitrue son message de démobilisation : « Gilets jaunes, le président a entendu votre colère et vous a donné satisfaction, maintenant dispersez-vous et tenez-vous tranquilles ! »

– En fait : La prétendue « augmentation du SMIC de 100 euros » est en fait un avancement des hausses successives de la prime d’activité qui étaient déjà décidées couplé à la revalorisation automatique obligatoire (et rachitique) du salaire minimum effective le 1er janvier comme chaque année.

L’annonce présidentielle est une manipulation à plusieurs étages, on a ici affaire à un tour de bonimenteur professionnel. Il vaut la peine d’examiner en détail les différents aspects de l’escroquerie :

(1) la prime d’activité et le SMIC sont deux choses différentes, augmenter une prestation sociale (et en élargir l’assiette) ne saurait constituer une revalorisation du salaire minimum ;

(2) sur les 90 euros d’augmentation (dans le meilleur des cas) de la prime d’activité appliquée à partir du 5 février 2019, 80 euros étaient déjà prévus – avec des hausses successives étalées entre 2019 et 2021 –, le président ne fait donc qu’accélérer et compiler la mise en œuvre de mesures prises bien avant le mouvement des Gilets jaunes (et annoncées dans le programme du candidat Macron). En réalité, la prime d’activité augmente donc de… 10 euros ;

(3) tous les « bénéficiaires » du SMIC n’ont pas droit à la prime d’activité, l’éligibilité et le montant dépendent de la situation familiale et des ressources du ménage. Comme on peut le lire ici, « un salarié qui touche le Smic (ou un salaire proche du Smic) peut ne pas avoir droit à la prime d’activité si l’autre membre de son couple touche un salaire plus élevé que le sien » (le plafond est par exemple à 1 787 euros nets par mois pour un célibataire sans enfant et de 3 754 euros pour un couple « biactif » avec deux enfants) ;

(4) l’obtention de la prime d’activité n’est pas automatique puisqu’il faut en faire la demande, environ 30 % des travailleurs éligibles ne le faisaient pas en 2018 ;

(5) la prime d’activité, contrairement au SMIC brut, n’est pas soumise aux cotisations sociales, elle n’a donc aucun impact sur le montant des retraites et de l’assurance-chômage ;

(6) la prime d’activité est payée avec l’argent public, c’est-à-dire par l’ensemble des Français, et non par les entreprises comme c’est le cas du SMIC ;

(7) la prime d’activité n’est pas un acquis ferme, à l’avenir elle pourrait être supprimée, amendée ou remplacée par une autre disposition moins « avantageuse » ;

(8) la revalorisation annuelle du SMIC est obligatoire légalement (pour prendre en compte l’inflation). L’augmentation au 1er janvier 2019 de 1,5 % du SMIC brut – qui passe à 1521,22 euros, soit une hausse de 22,75 euros – n’est donc en rien une concession aux Gilets jaunes (de plus, Édouard Philippe avait annoncé dans un premier temps qu’elle serait de 1,8 %) ;

(9) le Premier ministre avait annoncé antérieurement que le gouvernement n’accorderait pas de « coup de pouce » au SMIC en 2019. Compte tenu de l’ampleur du mouvement social, il aurait pu au moins être décidé de revenir sur cette décision. Cela n’a pas été le cas ;

(10) le coût des mesurettes reposera sur le peuple et non sur les grandes fortunes, il se traduira notamment par davantage d’austérité et moins de services publics.

On le voit, parler d’une « augmentation du SMIC de 100 euros » est bien plus qu’un artifice de présentation, c’est une colossale fake news, aggravée par une volonté manifeste de duper les Français, notamment les Gilets jaunes et leurs soutiens. Emmanuel Macron et ses séides ont essayé de faire passer pour une mesure importante et généreuse une hausse de 10 euros (dix euros) de la prime d’activité. Ce genre de méthode révèle le degré de mépris que le pouvoir nourrit à l’égard des classes populaires, qui ne méritent aux yeux des « premiers de cordée » que d’être roulées dans la farine à l’infini.

Si une entreprise faisait une opération commerciale avec un niveau analogue de tromperie quant au produit vanté, elle serait poursuivie en justice.

En ce qui concerne l’annulation en 2019 de la hausse de CSG subie en 2018 pour les retraités qui touchent moins de 2 000 euros par mois, il est là aussi particulièrement malhonnête de la ripoliner en faveur puisqu’il ne s’agit que de suspendre temporairement une mesure (injuste) entrée en application le 1er janvier 2018. Si on vous rend ce qu’on vous avait pris la veille, ce n’est pas une gracieuseté. De plus, avec le gel des pensions qui avait été voté moins d’un mois avant le début du mouvement des Gilets jaunes, les retraités concernés ne voient nullement leur situation s’améliorer. Quant à ceux qui touchent plus de 2 000 euros par mois, ils n’ont strictement rien obtenu.

Emmanuel Macron a une fois encore appliqué son principe cardinal : choyer les riches et pressurer les pauvres (en essayant au passage de les endormir à la façon d’un charlatan de foire).

Fake news no 9 : Le mouvement des Gilets jaunes n’aurait pas existé sans BFM

Emmanuel Macron, Richard Ferrand (député LREM, président de l’Assemblée nationale), Team Macron

– Quand ? : 26 décembre 2018

– Quoi ? : L’édition du Canard enchaîné du 26 décembre rapporte des propos tenus par Emmanuel Macron à une date et dans un contexte non précisés (mais leur teneur n’a pas fait l’objet d’un démenti) : « Dès le départ, BFM a été le principal organisateur des manifestations. À certains moments, des gilets jaunes y réclamaient ma destitution ou appelaient à l’insurrection, sans jamais être repris par les présentateurs. Il y avait une sorte de connivence malsaine. »

Le palmipède reproduit ensuite des appréciations similaires formulées par Richard Ferrand : « Lorsqu’il y a 50, 100 ou 200 types qui se regroupent à Montmartre avec un gilet jaune, vous avez l’impression que toute la France est en ébullition parce que cela passe en continu sur BFM ! » La Team Macron se met bien sûr au diapason dans un tweet (le 29 décembre) : « Sans la couverture disproportionnée des chaînes d’infos, on aurait pas eu les #giletsjaunes. Mais pour eux BFM est l’ennemi… Allez comprendre. »

L’assertion est de poids : le mouvement des Gilets jaunes n’aurait pas pu exister sans BFM-TV, ou du moins il n’aurait pas pu décoller. Et les manifestants sont si bêtes qu’au lien d’exprimer de la gratitude, ils se montrent mécontents du traitement que leur réserve la chaîne d’info en continu.

– En fait : Où sont les études permettant d’affirmer que BFM a permis le phénomène des Gilets jaunes ? Inutile de les chercher, elles n’existent pas. C’est du gros doigt mouillé macroniste, de l’auto-intoxication carabinée. Il s’agit surtout d’une inversion de la cause (le mouvement social) et de la conséquence (son traitement médiatique) qu’aucun élément rationnel n’accrédite. Emmanuel Macron et sa cour produisent ainsi une énième explication acrobatique pour tenter d’occulter l’amère réalité (pour eux) : la personne et la politique du président font l’objet d’un rejet authentique et profond dans le peuple français.

Il est particulièrement raide de la part du pouvoir d’accuser BFM-TV alors que ce média a promu massivement Monsieur Pensez printemps avant (et après) son élection et a grandement contribué à la construction de sa présidentialité. Et dans ce cas il s’agissait bien de propagande médiatique éhontée car le « phénomène Macron » n’a pas précédé sa médiatisation, ce n’était pas un mouvement parti de la base comme celui des Gilets jaunes.

D’après Le Canard enchaîné, le président voudrait même punir BFM en avançant FranceinfoTV et LCI dans l’ordre des chaînes de la TNT… Ô ingratitude ! Céline Pigalle, directrice de la rédaction de BFM-TV, n’a manifestement pas l’habitude de se retrouver dans le collimateur du pouvoir (cf. Le Parisien) : « On nous critique comme si nous étions la cause de la colère. On n’a pas créé les Gilets jaunes. On ne peut pas reprocher à un messager la teneur de son message ». À vrai dire, si, on le peut, quand le message ou la façon de le présenter n’est pas conforme à la réalité, mais on ne peut reprocher au messager de rendre amplement compte du plus grand mouvement social depuis un demi-siècle en France.

Certains avaient incriminé les nouveaux algorithmes de Facebook d’avoir permis le développement des Gilets jaunes, Emmanuel Macron a trouvé la véritable cause première (qui ne saurait être la légitime colère du peuple français) : « Dès le départ, BFM a été le principal organisateur des manifestations. » On se demande pourquoi CNews, LCI et FranceinfoTV, qui elles aussi ont multiplié les records d’audience avec la couverture du mouvement, ne semblent pas concernées par la fureur jupitérienne. Mais peut-être ne faut-il plus chercher une quelconque logique dans les élucubrations du forcené de l’Élysée.

Un peu plus d’un mois après, la fine analyse d’Emmanuel Macron avait évolué, voici les propos que Le Point a rapportés le 1er février (attention, cet entretien est un festival de conspirationnisme et de déclarations à l’emporte-pièce) : « Les gens qui sont surinvestis sur les réseaux sont les deux extrêmes. Et après, ce sont des gens qui achètent des comptes, qui trollent. C’est Russia Today [qui s’appelle RT depuis dix ans], Spoutnik [sic], etc. Regardez, à partir de décembre, les mouvements sur Internet, ce n’est plus BFM qui est en tête, c’est Russia Today. » Ah, donc maintenant le penseur complexe en chef déplore le fait que l’impact de BFM diminue… Et cette confusion mentale provient du cerveau d’un fat qui réclame « une hiérarchie des paroles » et une forte verticalité de la « légitimité ». Prière de rire.

Fake news no 10 : Des Gilets jaunes ont mis le feu à des voitures devant les locaux du Parisien et des Échos

– Qui ? : Richard Ferrand, Hugues Renson (député LREM, vice-président de l’Assemblée nationale), Olivia Grégoire (députée LREM), Cédric Villani (député LREM), Jean François Mbaye (député LREM), Anne-Christine Lang (députée LREM)

– Quand ? : 29 décembre 2018

– Quoi ? : Dans la soirée, alors que se déroulait l’acte VII du mouvement des Gilets jaunes, huit voitures ont brûlé dans le 15e arrondissement de Paris devant le siège du groupe Les Échos-Le Parisien, propriété de LVMH, c’est-à-dire de Bernard Arnault (1re fortune française). Le bâtiment n’a pas été atteint mais comme des Gilets jaunes s’étaient rassemblés dans la journée devant les sièges de BFM-TV, Europe 1, France Télévisions et Radio France – situés dans le même quartier – pour protester contre le traitement médiatique de la mobilisation, très rapidement des personnalités politiques et médiatiques les accusent de façon plus ou moins explicite d’être à l’origine de l’incendie.

Les tweets fusent, particulièrement en provenance de la Macronie. Richard Ferrand, président de l’Assemblée nationale et twitto indigné : « S’attaquer à la presse procède de la haine des libertés. À quand des autodafés ? Condamnation totale de ces actes criminels. » Hugues Renson, vice-président du Palais-Bourbon : « Aujourd’hui, ce qui reste de radicalisés se sont mobilisés, non pas pour des convictions, mais pour s’en prendre à la presse de notre pays […] Pitoyable, médiocre et tellement significatif d’une dérive visant à saper notre démocratie ».

Au moins quatre députés LREM abondent dans le même sens. Olivia Grégoire : « Soutien total aux rédactions @LesEchos @le_Parisien attaqués [sic] aujourd’hui […] Quelle triste journée encore à Paris. Le drapeau européen du siège de Radio France retiré par qq gilets jaunes enragés. A quoi ça nous mène tous ? » Cédric Villani : « Le Parisien libéré, journal fondé par trois résistants, est victime ce soir d’un incendie après une journée émaillée de slogans “journalistes collabos”. » Jean François Mbaye (tweet effacé) : « S’en prendre aux médias et à la presse de notre pays, c’est bâillonner notre propre liberté d’expression. » Anne-Christine Lang (tweet effacé) : « Je ne sais pas si ces gens se rendent compte de ce qu’ils font. Tout mon soutien au @le_Parisien et condamnation totale de ces actes inadmissibles. Il est grand temps que cesse toute complaisance envers les #Giletsjaunes ».

Bien sûr, le subtil Jean Quatremer devait intervenir : « Un mouvement de beaufs poujadistes et factieux, comme je le répète depuis un mois. On est au cœur maintenant ». Tout comme Raphaël Glucksmann, le « sauveur de la gauche » gonflé à l’hélium médiatique : « Après le blocage de la diffusion de Ouest France, les voitures incendiées devant les locaux du Parisien : qui s’attaque à la liberté de la presse s’en prend à la démocratie. Prendre les journalistes pour cible est devenu une (sale) habitude. Soutien total aux rédactions visées. »

Bref, les Gilets jaunes sont des criminels, des terroristes, ils veulent faire taire, voire brûler vive notre presse héroïque. Les autodafés ne sont pas loin. Revoilà le registre des séditieux d’ultradroite, de la peste brune, etc. On s’interroge : Bernard-Henri Lévy serait-il le community manager de tous ces comptes Twitter ?…

– En fait : La réalité n’est pas à la hauteur du récit concocté par les importants qui gazouillent plus vite que leur cyber-ombre. Une voiture en stationnement devant le bâtiment qui héberge le groupe Les Échos-Le Parisien s’est enflammée vers 19 h à cause d’une défaillance technique, son propriétaire a essayé en vain d’éteindre l’incendie lui-même avant de se mettre à l’abri. Le feu s’est propagé à sept véhicules à proximité. Il a été maîtrisé par les pompiers vers 20 h. Les Gilets jaunes n’ont donc strictement rien à voir avec cet accident. Déception dans les rangs macronistes et chez les éditocrates fluophobes…

Les dominants se sont octroyés un permis de calomnier et de salir à volonté les Gilets jaunes, une façon commode de vomir par métonymie sur les « basses classes » – qu’ils craignent – sans avoir à l’assumer. Ils ne présentent jamais d’excuses et publient même rarement des correctifs après avoir propagé une fausse information sur le mouvement. Richard Ferrand, qui a la fake news dans la peau, devrait être banni de Twitter pendant quelques mois le temps de traiter son addiction à l’erreur et à l’outrance. Il pourrait même faire lui-même la démarche auprès du réseau social tel le joueur compulsif demandant au casino de ne plus l’accepter.

Fake news no 11 : L’Italie finance les casseurs qui agissent lors des manifestations des Gilets jaunes

– Qui ? : Marlène Schiappa (secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes)

– Quand ? : 10 janvier 2019

– Quoi ? : Après avoir dit sur BFM-TV le 8 janvier que la cagnotte de soutien à Christophe Dettinger était « honteuse » et exprimé le souhait de savoir « qui finance, qui soutient, qui est complice de ces violences graves » (cf. cet autre extrait), Marlène Schiappa est interrogée à ce sujet par Nicolas Demorand et Léa Salamé dans le « Grand entretien » sur France Inter.

Alors que la plateforme Leetchi a fermé sur pression politique la cagnotte moins de 48 heures après son lancement – la récolte atteignait 130 000 euros –, la secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes renouvelle sa demande que l’identité des donateurs soit révélée aux autorités : « Qui a donné ? Et, par exemple, le fait de savoir si oui ou non, il y a des puissances étrangères qui financent les casseurs et les violences urbaines dans Paris, c’est intéressant, notamment eu égard aux positions de certains responsables italiens. »

Elle fait ici allusion au soutien public que les deux vice-Premiers ministres italiens, Luigi Di Maio, dirigeant du Mouvement 5 Étoiles, et Matteo Salvini, leader de la Ligue, ont exprimé à l’égard des Gilets jaunes.

– En fait : Marlène Schiappa n’a pas le début du commencement de la moindre preuve concernant une participation de Rome à la cagnotte mais se permet néanmoins de faire de lourdes insinuations. C’est une attitude typiquement conspirationniste. Moins on a d’éléments factuels à avancer, plus il faut que les sous-entendus soient fracassants. On remarque que cela ne semble pas déranger Nicolas Demorand et Léa Salamé, qui n’ont demandé à Mme Schiappa aucun éclaircissement. Le complotisme autorisé n’a pas de comptes à rendre et il est dispensé de rationalité.

Suggérer que l’Italie pourrait financer « les casseurs et les violences urbaines dans Paris » en contribuant à une cagnotte en ligne destinée à payer les frais de justice de Christophe Dettinger est à la fois outrecuidant et inconséquent au moment où le pouvoir français appuie ouvertement une tentative de coup d’État au Venezuela. Le deux poids, deux mesures et l’hypocrisie sont plus que des pratiques occasionnelles pour la Macronie, il s’agit d’un credo.

À propos de Christophe Dettinger, rappelons ces paroles mémorables de l’ancien disciple de Paul Ricœur (source) : « Le boxeur, la vidéo qu’il fait avant de se rendre, il a été briefé par un avocat d’extrême gauche. Ça se voit ! Le type, il n’a pas les mots d’un Gitan. Il n’a pas les mots d’un boxeur gitan. » Les bonnes âmes médiatiques n’y ont vu aucune trace de conspirationnisme ou de racisme.

Fake news no 12 : Les forces de l’ordre ne sont responsables d’aucun mort pendant le mouvement des Gilets jaunes

– Qui ? : Emmanuel Macron

– Quand ? : 28 janvier 2019

– Quoi ? : Lors d’une conférence de presse au Caire avec son homologue Abdel Fattah Al-Sissi, Emmanuel Macron est interrogé par un journaliste égyptien sur le respect des droits humains en France par temps de Gilets jaunes. Dans sa réponse, le président déclare : « je déplore que onze de nos concitoyens français aient perdu la vie durant cette crise. Je note qu’ils ont tous perdu la vie, bien souvent en raison de la bêtise humaine [on note ici un gros effort d’empathie], mais que aucun d’entre eux, aucun, n’a été la victime des forces de l’ordre. Aucun [notons les trois occurrences d’« aucun »]. Je le dis bien parce que compte tenu de la nature de cette crise, de ce que la France vit depuis plusieurs semaines, c’est inédit. Et je veux ici rendre hommage au professionnalisme des forces de l’ordre dans ce contexte. »

Pour prendre la juste mesure de ce « professionnalisme », consulter par exemple le site du collectif contre les violences d’État Désarmons-les ! et le compte Twitter du journaliste David Dufresne. On note d’ailleurs qu’Emmanuel Macron, à cette occasion comme à toutes les autres, n’a pas eu un mot pour les centaines de blessés graves, les mutilés à vie (vingt yeux et cinq mains en moins…).

– En fait : Le travail détaillé de CheckNews sur le site de Libération expose les circonstances des différents accidents mortels qui ont eu lieu au cours du mouvement des Gilets jaunes. Le journaliste de cette utile rubrique de fact-checking corrige le président en montrant qu’il n’y a pas que des citoyens français parmi les victimes ; il mentionne un Belge mort dans un accident de voiture mais se trompe en attribuant la nationalité française à une autre personne décédée, celle-là même qui fait que la déclaration du locataire de l’Élysée contient une fausse nouvelle particulièrement révoltante.

Marseille, rue des Feuillants, près de la Canebière. Samedi 1er décembre, vers 17 h 30. Zineb Redouane, une Algérienne de 80 ans (avec le statut de résidente), est chez elle, son appartement se situant au quatrième étage. En bas de son immeuble, les « forces de l’ordre » répriment violemment une manifestation qui rassemble Gilets jaunes, CGT et Collectif du 5 novembre. Comme d’habitude, le gaz lacrymogène est répandu en abondance, à tel point que Mme Redouane décide de fermer les volets pour se protéger de la fumée. À peine apparaît-elle à la fenêtre qu’elle reçoit une grenade lacrymogène en plein visage.

Le procureur de la République de Marseille, Xavier Tarabeux, confirmera plus tard (voir l’article de La Provence – classé dans la rubrique « Faits divers-Justice »…) : « On a retrouvé chez elle des plots de grenades ». Contactée par CheckNews, la préfecture déclarera que « la grenade en cause est une lacrymogène MP7, qui libère après explosion sept capsules actives de 10 grammes de gaz ».

Voici ce que dit Nadja, une voisine qui a été la première à entrer dans l’appartement de Mme Redouane (témoignage recueilli par Libération) : « Quand je suis arrivée, elle sortait de la salle de bains une serviette en sang sur la mâchoire. Elle criait : “Ils m’ont visée, ils m’ont visée !” L’appartement était rempli d’une fumée noire. Elle m’a raconté que deux policiers en tenue se trouvaient sur le trottoir d’en face de la Canebière et lui ont tiré dessus. » Adla, une autre voisine venue voir ce qui se passait, déclare pour sa part : « Le sang coulait beaucoup, elle était blessée au visage ».

Mme Redouane a pu parler à deux de ses enfants au téléphone, Milfet et Sami. Selon la première, sa mère lui a dit : « il m’a visée, un policier m’a visée ». Et le second confirme : « ma mère en refermant les volets de sa fenêtre pour éviter les fumées, a croisé le regard d’un CRS positionné en face de son immeuble. Celui-ci l’a immédiatement mise en joue et a tiré une grenade avec son fusil, il l’a atteinte en plein visage. »

Mme Redouane sera ensuite emmenée consciente à l’hôpital par les pompiers. Le lendemain, il est décidé qu’elle doit subir une intervention chirurgicale à la mâchoire. Elle décède après trois heures d’opération. D’après le procureur de la République de Marseille (cf. Franceinfo), elle est morte « d’un choc opératoire », c’est-à-dire d’« un arrêt cardiaque sur la table d’opération ».

Le pouvoir peut bien invoqué son âge, une « santé fragile », mais un facteur ne saurait être relativisé ou écarté : l’opération fatale a eu lieu uniquement parce que Zineb Redouane a reçu une grenade lacrymogène en plein visage. Et donc, contrairement à ce qu’affirme avec assurance Emmanuel Macron, les forces de l’ordre sont bien responsables de la mort d’une personne dans le cadre du mouvement des Gilets jaunes. Les différents maillons de la chaîne hiérarchique en répondront-ils un jour ? On pense notamment au ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, qui ment comme un arracheur d’yeux.

Il y a quelque chose de pourri au royaume de l’anti-conspirationisme officiel

Synthétisons les délires macronistes à propos des Gilets jaunes : il s’agit d’un mouvement de factieux néonazis incendiaires dont le mouvement est orchestré en sous-main par Stephen (dit Steve) Bannon, Vladimir Poutine et le gouvernement italien. La pensée complexe, ça décoiffe. Précisons de nouveau que notre examen n’est pas exhaustif, nous n’avons pas traité par exemple des immondes accusations d’antisémitisme répandues sur l’ensemble des Gilets jaunes à l’occasion de « l’affaire Finkielkraut ».

Entendons-nous bien. Il est indéniable que des infox et des théories du complot ont circulé dans certains cercles jaune fluo, mais encore faudrait-il en établir clairement l’ampleur et la gravité, et expliquer en quoi cela devrait affecter tant soit peu la légitimité des revendications politiques, sociales et économiques du mouvement. En effet, même si absolument tous les Gilets jaunes étaient conspirationnistes, on ne voit pas quelle serait l’implication quant à la contestation de la répartition très inégalitaire des richesses, de l’austérité à perte de vue ou de la destruction des services publics.

Les médias dominants ont maintes fois condamné les Gilets jaunes pour les fausses informations diffusées sur les réseaux sociaux, ils en ont proposé des compilations (quelques exemples : BFM-TV, France Inter, Le Parisien, TF1, CNews, RTL), en occultant presque systématiquement leurs pendants macronistes. Pourtant, si on prétend s’intéresser avec honnêteté et rigueur aux phénomènes des fake news et du conspirationnisme – qui ne sont pas récents –, il convient de se pencher aussi et peut-être même en priorité à l’abondante production du pouvoir.

Certes il n’est pas raisonnable d’affirmer que la tuerie de Strasbourg du 11 décembre est l’œuvre des services de renseignement français, mais est-il moins grave et irrationnel d’asséner ad nauseam que Moscou s’ingère partout, multiplie les manipulations sournoises et représente une terrible menace pour l’Occident ? De même, les théories alternatives sur le 11 Septembre n’ont fait aucune victime, on ne peut pas en dire autant de l’assertion selon laquelle Saddam Hussein possédait des armes de destruction massive… On souhaiterait que les chasseurs de « conspis » et autres fact-checkeurs patentés fassent preuve d’un plus grand discernement et surtout s’abstiennent de pratiquer un deux poids, deux mesures favorable aux puissants.

Conspiracy Watch, le vaisseau amiral de l’anti-conspirationnisme officiel en France, a abondamment publié sur les fake news et théories du complot circulant parmi les Gilets jaunes (voir l’analyse publiée ici de l’étude menée avec la bien mal nommée Fondation Jean-Jaurès), participant activement à l’entreprise de dénigrement du mouvement. Mais « L’Observatoire du conspirationnisme » – le seul, le bon, donc… – n’a consacré aucun article aux douze cas d’origine macroniste que nous avons examinés. Aucun. Il suffit de voir ce que donne une requête « gilets jaunes » dans le moteur de recherche interne du site. Manifestement les infox et le complotisme indiffèrent Rudy Reichstadt (le fondateur et principal auteur de Conspiracy Watch) lorsqu’ils viennent du pouvoir.

Les « oublis » de ce soi-disant observatoire en disent long sur l’état d’esprit de l’initiative, dont l’arrière-pensée politique prend de beaucoup le pas sur les prétentions scientifiques. M. Reichstadt bénéficie d’une promotion institutionnelle et médiatique considérable (cf. l’article du Monde diplomatique qui lui est consacré). Son combat étant fort utile à l’establishment, une telle officialisation n’est pas surprenante.

Il est par contre regrettable qu’une partie du milieu rationaliste français (défenseurs de la méthode scientifique, zététiciens et autres débunkers) ait adoubé Rudy Reichstadt, par exemple en lui permettant de figurer parmi les auteurs d’un ouvrage collectif – coordonné notamment par l’excellent Nicolas Gauvrit – intitulé Des têtes bien faites : défense de l’esprit critique (PUF, 2019). Le sociologue Gérald Bronner, qui a assuré la direction scientifique de ce livre et se trouve également parmi les contributeurs, considère que Conspiracy Watch est « indispensable » (sur sa page Facebook, le 10 décembre 2018). Indispensable à qui exactement ? est-on tenté de demander.

On attend avec impatience des études sur la perméabilité de la petite et grande bourgeoisies à certaines théories du complot (en particulier sur la Russie), la spécificité de leurs biais intellectuels et la faible dilection des « classes éduquées » à l’égard de la démocratie. À ce sujet, on a pu constater que les médias dominants se sont abstenus de rendre compte d’une étude importante exposée dans le New York Times le 23 mai 2018 : « Les centristes sont les plus hostiles à la démocratie, pas les extrémistes » (voir la traduction proposée par Les Crises). Difficile de ne pas reconnaître le macronisme sous les traits de ce « centrisme totalitaire ».

La haine du peuple et de la démocratie qui s’exprime dans la réaction des élites au mouvement des Gilets jaunes est symptomatique. Celui-ci est aussi un utile révélateur, il fait sortir du bois les principaux adversaires des « basses classes » – ou du moins leurs porte-parole –, c’est-à-dire de la souveraineté populaire. On perçoit mieux où se situent les diverses troupes qui luttent contre le progrès social et politique. Le discours sur les fake news et le conspirationnisme témoigne rarement d’un réel souci de la vérité, c’est avant tout une façon de discréditer et salir les dominés pour neutraliser leur colère, leurs aspirations. Nous pensons l’avoir montré en mettant en évidence, à travers l’examen de douze exemples, l’occultation quasi totale des turpitudes intellectuelles et morales du pouvoir.

Pour sortir de la « post-vérité », il faut commencer par en finir avec le verbe trompeur des possédants.

Laurent Dauré, pour le site Les-Crises.fr

Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs - et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation. 

Commentaire recommandé

Toff de Aix // 11.03.2019 à 08h37

Finalement le champion du mensonge, toutes catégories confondues, il est bien au sommet de l’état. Le loup déguisé en agneau est entré dans la bergerie France, et il est bien décidé à y rester jusqu’à la fin.
La fin ? La fin de sa sale besogne, celle qui consiste à détruire les Services Publics français, à les vendre au privé, à libéraliser intégralement tout dans ce pays, en brisant au passage l’esprit de Résistance légendaire de ces gaulois réfractaires..

Et si pour ça il doit continuer à affirmer aux gentils français qu’il est de leur côté, il le fera, soyez en sûrs. Le mensonge n’est que l’aspect « soft » de ce dictateur en puissance. Le site « là bas si j’y suis » avait également dressé un inventaire à la prevert des mensonges répétés de macron à propos de l’économie, des services publics, des riches, etc.
https://la-bas.org/la-bas-magazine/chroniques/Macron-Super-menteur

Chiffres à l’appui : ce type ment tout le temps, et avec aplomb en plus.

Le pire qu’il soit arrivé à ce pays depuis 75 ans…

37 réactions et commentaires

  • Valmeysien de Bouvines // 11.03.2019 à 07h24

    Des fèkeniouzes ?

    Aaaaah mais aucun problème.

    Que personne ne s’inquiète car très bientôt nous verrons le haut clergé de l’Eglise du Saint Débunkage mobiliser toute son énergie, son temps, et l’argent public pour ceux concernés, pour publier, dans les médias traditionnels et sur internet, quantité de « fact-checkings » permettant de rétablir la Vérité Céleste !

    Si on le fait pour laver l’honneur des nazis, des collabos et de leurs alliés durant les années 30 et 40, on le fera bien évidemment pour ça aussi.
    N’est ce pas ?

    N’EST CE PAS ?

      +11

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  • Le Belge // 11.03.2019 à 07h35

    Pour en finir avec le verbe trompeur des possédants il faut destituer ces mêmes possédants et construire un réel programme politique, social et économique, digne de ce nom, en tenant compte de la liberté, de l’égalité et de la nécessaire solidarité entre les gens. Bref, instituer une réelle démocratie.

      +24

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    • Kess // 11.03.2019 à 08h06

      Oui, à bas les traités, vive l’Europe des peuples et des projets politiques et industriels transfrontaliers.

      Le Français

        +8

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  • yack2 // 11.03.2019 à 07h35

    La grande bataille de l’information fait rage!…..Le complotisme comme artillerie!…..Il semble cependant que cette artillerie soit digne des pistolets à eau de Benalla et n’arrose que ceux qui ont besoin d’une douche….Si tous autant qu’ils sont pouvaient arrêter de nous prendre pour des billes….Il semble qu’internet forme une autre forme d’informés…Ceux qui par la diversité des sources , les croisent et s’interrogent…..ET!!!!!….refuse de gober quoique ce soit sans le minimum de suspicion ou d’inquiétude.

      +17

    Alerter
  • rafades // 11.03.2019 à 07h37

    Merci pour le décodage.

    Concernant la prime d’activité, c’est encore plus tordu que cela. Notamment pour les salariés titulaires d’une pension d’invalidité (PI) ou d’une rente accident du travail-maladie professionnelle (AT/MP) et exerçant un emploi (souvent à temps partiel donc avec des très petits revenus).

    Seuls ceux qui percevaient déjà la prime d’activité en 2018 vont profiter de sa revalorisation.
    Pour tous les autres – qui viennent de retrouver un travail, par exemple ou qui n’avaient jamais songé à demander la prime d’activité –, ce sera NIET.

    La réglementation interdit en effet à ceux qui n’ont jamais touché la prime d’activité d’entrer dans le dispositif (nouvelle loi de la LREM passée en lousdé à l’été 2018 au motif que peu de personnes avaient réclamé cette prime !!!!)

    Donc oui, vous avez bien compris. Tous les salariés sont égaux en droit, vis-à-vis de la prime d’activité, soit ceux qui sont invalides. Ce qui est juste carrément inconstitutionnel et avouons-le, carrément dégueu****sse.

    Mais bon, c’est la LREM, faible avec les forts. Dure – et même très très dure – avec les faibles.

      +45

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    • Fred79 // 11.03.2019 à 09h59

      Et concernant les retraites, il n’y aura pas de restitution de la hausse de la CSG de 2018 et l’annulation de cette hausse pour les retraites de moins de 2000 € ne sera appliquée qu’à partir de mai 2019, si elle est appliquée…

        +9

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      • bdb30 // 11.03.2019 à 10h28

        et en plus les 2000€ sont le niveau pour UN COUPLE! Macron se fout de la gueule des Français et il aime ça. Observez le bien, il adore se moquer des gens, élite auto-proclamée de sciences po et ENA, ils sont formés au mépris de caste. Jupiter chantant la Marseillaise les yeux fermés et la main sur le cœur, à vomir….

          +32

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  • Catalina // 11.03.2019 à 08h20

    J’ai une question idiote en France : madame Fourest prise la main dans le sac en divaguant complètement sur des « yeux crevés » a encore une carte de presse ?
    Je laisse les lecteurs juger de l’impartialité du CSA ; du desinfolab, etc, etc, etc, etc

      +39

    Alerter
    • Dominique65 // 11.03.2019 à 18h00

      Pire que ça. Elle continue à pondre des éditos au journal Marianne. Je ne dois pas être le seul à refuser à m’abonner à ce journal par ailleurs roboratif, rien qu’à cause d’elle. Et pour apprécier l’étendue de sa science, je vous invite à lire le début (faut être abonné pour lire la suite, mais les quelques paragraphes publics sont édifiants sur sa paranoïa) de son dernier billet :
      https://www.marianne.net/debattons/editos/bannon-et-poutine-l-assaut-de-l-europe

        +8

      Alerter
      • Fritz // 11.03.2019 à 19h21

        L’hebdo Marianne m’a fait beaucoup de bien vers 1999-2003, mais j’étais agacé par ses biais islamophobes. J’ai cessé de le lire en 2011, quand la ligne Szafran/Domenach l’a emporté sur la ligne Jean-François Kahn / Philippe Cohen.
        Avec Fourest (que Marianne admire de longue date), je ne suis pas prêt de relire ce torchon en perdition.

        Quant aux zététiciens, ça ne m’étonne pas qu’ils soutiennent le sinistre Reichstadt.

          +8

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        • basile // 04.07.2019 à 06h10

          Hein, quoi ? Fourest à Marianne ?!?! J’ignorais

          Je ne connais que les éditorialistes qui débattent sur les chaînes d’info : la mignonne Soazig Quéméner, et le assez puant Maurice Szafran, mais pas hystérique, et heureusement contrebalancé efficacement

            +0

          Alerter
  • Caliban // 11.03.2019 à 08h24

    Un travail plein d’intelligence, d’une précision chirurgicale.
    Merci pour sa diffusion.

      +24

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  • Toff de Aix // 11.03.2019 à 08h37

    Finalement le champion du mensonge, toutes catégories confondues, il est bien au sommet de l’état. Le loup déguisé en agneau est entré dans la bergerie France, et il est bien décidé à y rester jusqu’à la fin.
    La fin ? La fin de sa sale besogne, celle qui consiste à détruire les Services Publics français, à les vendre au privé, à libéraliser intégralement tout dans ce pays, en brisant au passage l’esprit de Résistance légendaire de ces gaulois réfractaires..

    Et si pour ça il doit continuer à affirmer aux gentils français qu’il est de leur côté, il le fera, soyez en sûrs. Le mensonge n’est que l’aspect « soft » de ce dictateur en puissance. Le site « là bas si j’y suis » avait également dressé un inventaire à la prevert des mensonges répétés de macron à propos de l’économie, des services publics, des riches, etc.
    https://la-bas.org/la-bas-magazine/chroniques/Macron-Super-menteur

    Chiffres à l’appui : ce type ment tout le temps, et avec aplomb en plus.

    Le pire qu’il soit arrivé à ce pays depuis 75 ans…

      +81

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    • 1Direct // 11.03.2019 à 18h52

      IL NE FAUT ET NE FAUDRA PAS OUBLIER !!!
      Oui, il ne faudra pas oublier de remercier les faiseurs de rois que sont LES MINC ET CONSORS, ces milliardaires et autres hommes de l’ombre qui ont créé Macron et d’autres avant lui avec un seul but: Façonner la France a leurs intérêts, leurs dogmes.
      Ce sont eux qui ont poussé Macron comme conseiller particulier de Hollande puis poussé pour qu’il soit (S)Ministre.

      Grâce au campagne médiatique de « L’homme neuf », lors de la campagne et au moment de voter (1er tour) beaucoup ont oublié. Ils ont oublié qu’il (Macron) n’avait rien de « neuf » mais qu’il était coresponsable, entre autre, des lois travail mais aussi de la vente d’Alstom (Energie) à la CGE (Il a très fortement conseillé -contre l’avis de Montebour- à Hollande de vendre. Voir le reportage diffusé sur la 5. Révélateur de connivences de tous bords … et des lucratives « chaises musicales » qui ont suivies)

      N’oublions pas car lorsque Macron ne leurs sera plus utile, ils en fabriqueront un autre. Un qu’il nous ferons avaler et que certains goberons avec gourmandise … ou bêtises.
      C’est sûr et certain.

        +19

      Alerter
    • Ou pas // 11.03.2019 à 21h02

      Une nouvelle perle (6 mars), après avoir redressé la France avec son projet le voici en Phoenix de l’Europe. Macron dans ses œuvres avec son clip de campagne pour les élections européenne, une réalisation, et une performance d’acteur, digne des plus grands.
      « Pour une renaissance européenne » :
      https://www.youtube.com/watch?v=R0FSDrTjSuw
      « Ce que nous espérons est entre nos mains, désirons-le ensemble, pour nous et pour nos enfants. Alors je vous le promets. Nous réussirons ».
      Macron a promis, l’Europe est sauvée.

      C’est beau comme du BHL, traduit en 23 langues, et, semble-t-il, aussi apprécié (si on en croit les nombres de vues) :
      https://www.youtube.com/channel/UCQXcSIxlNdxFZ3vNnIMoFGA/videos

        +8

      Alerter
      • Catalina // 11.03.2019 à 21h55

        Et oui, il ose !! « nos enfants »,
        venant d’un président qui n’a pas d’enfants, Merkel non plus d’ailleurs, il fallait oser, mais c’est à ça qu’on le reconnait…
        Donc son ue, qui aujourd’hui n’est pas capable de donner aux gens même avec un travail à temps plein la possibilité de donner à manger correctement tout le mois à leurs gosses, va par un simple discours tout changer et tous les enfants auront ce dont il ont besoin tout le mois ?
        C’est là qu’on voit le mépris, sa surdité sur le mouvement des GJ qui lui hurle que déjà certains frigos sont vides dès le 15 du mois…
        Notre fake-président décidément doit carburer à de la bonne….d’ailleurs, ses gestes continuels sur son nez parlent d’eux-mêmes.

          +16

        Alerter
  • AgatheNRV // 11.03.2019 à 08h46

    Brouiller et embrouiller les informations, les nouvelles armes du pouvoir qui peine avec le flux d’information dispensé via internet. Excellente démonstration dans ton article, comment continuer à endormir le peuple ? La volonté de légiférer autour des identités sur les réseaux permettrait une répression et un fichage déjà en activité lors des manifestations. La peur et la justice au service des mensonges d’état.

      +6

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  • Magritte // 11.03.2019 à 09h15

    On reconnaît l’arbre à ses fruits, Macron est bien un fake président.

    Reste plus qu’à le faire savoir et inscrire sous ses portraits : Ceci n’est pas un président (pas même sa représentation).

      +17

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    • pauvre d’eux // 11.03.2019 à 21h21

      Vous voulez dire que c’est du pipeau ou une pipe ? Gaffe, la justice est expéditive en ce moment. Diffamation et hop au ballon.

      Au ballon, même si c’est une pomme, une lune ou un nuage !

        +1

      Alerter
  • Julien // 11.03.2019 à 09h17

    La macronie tout comme le PS sous Hollande, un peu moins la droite mais c’est une autre histoire, sont des menteurs et sont des professionnels de l’inversion accusatoire. Ils accusent sans cesse les autres de ce qu’ils font eux même. C’est assez incroyable de voir comme ils ont permission de dire ce qu’ils veulent sans preuves, sans que personne n’ose les contredire sur l’instant. De plus la twitterisation de la politique et le jeune âge de ces gens, oui les Schiappa, griveaux, Darmanin …sont des incompétents notoires sans expérience, haineux de surcroît avec ceux qui ne sont pas de leur avis, qui passent leur temps à se victimiser, à dire n’importe quoi, à mentir et manipuler les masses grâce aux réseaux sociaux. Car désormais l’info en politique c’est 130 caractères. Circulez y’a rien à voir. Ils ont tous mentit depuis des années tout en accusant les chercheurs de vérité de complotisme ou conspirationniste voir de racisme ou d’antisemitisme… Probléme, aujourd’hui, cela ne marche plus, cela ne prend plus, les gens ont compris à quel point on se fout d’eux quotidiennement et ouvertement. Un esprit éveillé ne fait jamais machine arrière, ce qui se prépare en France est de bonne augure pour la nation à terme, j’en suis convaincu.

      +18

    Alerter
    • Larousse // 11.03.2019 à 11h03

      Effectivement, le mensonge et le maquillage de la réalité sont devenus des pratiques courantes voire systématiques du pouvoir et de plus en plus des grands médias, au point que j’ai du mal à les écouter, tant cela devient insupportable.
      L’histoire des 100 euros… je l’avais compris dès le début… et le bilan sera éloquent mais jamais il sera affiché avant les Elections européennes, soyez- en sûrs !
      Pareil je crains fort que ce « Grand Débat » aura pour but pour ce Président Macron de mettre en place une réforme institutionnelle renforçant son pouvoir personnel et accentuer le libéralisme…
      Seul espoir, comme cela contredira la réalité « les fait sont têtus »…. Le CLASH sera violent un jour ou l’autre. Il vaut mieux donc que les Français en prennent tout de suite conscience, car le pays est en pleine déconfiture (intérieure et extérieure…)

        +17

      Alerter
    • Lo // 05.07.2019 à 05h22

      Je ne suis pas d’accord avec vous quant à votre conclusion.
      Le problème c’est précisément que ce mensonge et cette immoralité en politique continuent de fonctionner alors même que chaque citoyen a les moyens de démêler le vrai du faux avec internet.
      C’est à désespérer du genre humain.

        +0

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  • Owen // 11.03.2019 à 09h40

    De toute façon, l’exécutif a le droit de dire n’importe quoi, puisqu’il concentre tous les pouvoirs de la république. Si parfois ça coince, c’est le SAV, c’est-à-dire le groupes des médias mainstream, qui est chargé de noyer la déclaration mensongère.

    Et dire n’importe quoi, l’exécutif le déclare lui-même, sans aucun gène, comme ici:
    https://www.youtube.com/watch?v=HA71Lvk8vVo
    A 0:18, Hanouna a l’air ahuri, d’être tombé dans une faille spatio-temporelle. Alors que normalement, la faille spatio-temporelle, c’est lui. La bêtise étalée est telle que même chasse aux « fèques niouzes » est vaine. Le but, évidemment, est de rendre impossible un échange rationnel d’informations entre le gouvernement et les citoyens.

    Ou bien BFM qui relaie, sans relever, le concentré d’insultes de BHL depuis son spectacle à Milan.
    https://twitter.com/LaMatinaleLCI/status/1103192096062799872
    Ledit BHL est président du Conseil de Surveillance d’Arte depuis 24 ans. Encore une fois, la France est un pays où le pouvoir autorise à dire ce qu’on veut, sans frein.

      +13

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  • Fritz // 11.03.2019 à 10h38

    « Certes il n’est pas raisonnable d’affirmer que la tuerie de Strasbourg du 11 décembre est l’œuvre des services de renseignement français, mais est-il moins grave et irrationnel d’asséner ad nauseam que Moscou s’ingère partout, multiplie les manipulations sournoises et représente une terrible menace pour l’Occident ? De même, les théories alternatives sur le 11 Septembre n’ont fait aucune victime, on ne peut pas en dire autant de l’assertion selon laquelle Saddam Hussein possédait des armes de destruction massive… »

    Excellent. Les « théories du complot » qui circulent dans le peuple sont inoffensives, alors que celles qui émanent des médias et gouvernements occidentaux ont déjà fait des centaines de milliers de morts, sans oublier la menace de guerre nucléaire avec la Russie que préparent ces théories du complot ignorées par le soi-disant observatoire de M. Rudy Reichstadt.

      +23

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  • Pinouille // 11.03.2019 à 10h47

    Il serait intéressant d’échanger avec R Reichstadt sur ces éléments probants.
    Car de deux choses l’une:
    – Ce monsieur est réellement soucieux de faire la part entre le vrai et le faux indépendamment de toute idéologie. Auquel cas, il reconnaîtra certaines vérités dans ce qui est dit plus haut. Et s’en fera l’écho malgré les conséquences sur les faveurs du dessus dont il jouit actuellement. C’est le prix à payer.
    – Ce monsieur balayera d’un revers de main ce travail et révèlera une fois pour toute son parti pris vis à vis de la « vérité ».

    Il n’est pas nouveau de voir deux (pour simplifier) camps s’affronter sur deux représentations complètement antagonistes d’une même réalité. Les idéologies et les sensibilités de tous ordres les forgent et donnent à chacune d’entre elles une certaine pertinence et cohérence.
    La nouveauté c’est que chaque camp (ou tout du moins l’un d’entre eux) relève maintenant le défi de prouver par le fact checking que c’est la réalité, les faits qui triomphent sur son idéologie et non pas l’inverse. C’est perdu d’avance.
    C’est comme si 2 borgnes, l’un de l’oeil droit et l’autre de l’oeil gauche, se disputaient sur le fait que l’autre voit mal. Car ces deux visions ne peuvent coexister dans une représentation cohérente. En France tout du moins. L’actualité, les débats le prouvent chaque jour.

      +3

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  • Denis // 11.03.2019 à 13h50

    Merci pour quart d’heure de déconnade ( décodage).
    La formule « les éditocrates fluophobes » retient particulièrement
    mon attention. L’humour permet souvent de supporter
    les tyrans. Quoiqu’il ne faut pas trop se focaliser
    sur leurs dires, tout a une fin: même le machin truc qui
    est sensé nous gouverner! 🙂

      +5

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  • Louis Robert // 11.03.2019 à 14h48

    Je récidive.

    1. Il est temps pour les GJ de se réorienter stratégiquement et opérationnellement, ce qu’ils semblent sur le point de faire, enfin.

    2. Cela n’a plus de sens d’accepter d’être des dizaines de milliers encerclés, attaqués et massacrés, chaque samedi, par ces forces du désordre militarisées, tandis que les médias du Pouvoir racontent n’importe quoi sur vous.

    3. Les modes d’action doivent se diversifier, se généraliser, devenir omniprésents et incessants.

    4. Aux grands rassemblements doivent succéder des apparitions surprises, seul ou par petits groupes, partout et constamment, occupation mobile, présence perpétuelle qui hante les consciences.

    5. La désobéissance civile doit croître et mener au plus tôt à la mise à l’arrêt complet de cette société.

    6. Doit cesser l’action à fonds perdus.

    7. Tout acte doit compter et produire des résultats socio-politiques tangibles que tous peuvent constater.

    8. L’action stéréotypée qui ne fait qu’augmenter le nombre de victimes GJ doit cesser, remplacée par des formes d’action inusitées, créatrices et généralisées.

    9. « Robe noire et GJ » doit enfin agir farouchement et poursuivre le Pouvoir en justice, mobilisant toute la force qui peut encore rester au système judiciaire. Elle doit établir hors de tout doute qu’il y a encore une justice dans ce pays… ou qu’il n’y en a plus.

      +14

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  • Dominique65 // 11.03.2019 à 18h08

    À propos de Christophe Dettinger, une autre bonne fake new, initiée par France Inter a été reprise par la macronie : celle des gants plombés qu’il aurait porté lors de son combat contre les forces de l’ordre. En réalité, seule la vérité a été plombée dans cette affaire.

      +13

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  • moshedayan // 11.03.2019 à 18h21

    A propos de l’ingérence russe, j’ose vous dire qu’elle existe vraiment, oui vraiment !!! Mais uniquement dans ce domaine et à l’égard des « Macronistes » et de la Macronie, à savoir que les Russes n’aiment pas du tout être pris pour des c…
    Aussi, ont-ils décidé de ne plus accorder aucun accommodement à l’égard des hommes d’affaires proches de ces deux « milieux » cités, au cas où ils voudraient faire des affaires en Russie. Ils ont même tendance à élargir cette méfiance à l’égard de tout homme d’affaires Français pour peu qu’il se montre pas clair sur ses intentions en Russie et surtout s’il a tenu des propos anti-russes dans les médias (« menace russe… » nécessité d’une armée européenne contre la Russie… »).
    Cette méfiance est telle que l’on peut dire que les relations entre la France ‘de Macron) et la Russie (de Poutine, Medvedev et autres proches au sens même large…) sont détestables voire exécrables en ce moment. A tel point, que d’autres Français bien implantés en Russie sont agacés, parfois furieux de ce qui se passe et en arrivent à éviter l’Ambassade de France pour se débrouiller seuls. Mais évidemment vous ne verrez jamais un grand média français les interroger sur ce qu’ils pensent vraiment de la posture et de la politique du président Macron. (ce ne sont évidemment pas les « copains patrons » qui ont déjeuné avec votre président après son élection…)

      +15

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  • Louis Robert // 11.03.2019 à 18h31

    Cela consiste à manipuler les élections, comme les dernières fois, comme d’habitude, pour mieux simuler une fausse victoire. Preuve ici que l’abstention massive qui délégitimise le faux vainqueur terrorise, à raison, le Pouvoir.

    Contre-feu rappelle, je dirais, la contre-violence envers les GJ. Même stratégie du Pouvoir, même « combat »…

      +1

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  • clauzip 12 // 12.03.2019 à 02h02

    L’ptit gars Macron a fait ,avec l’aide de sa maitresse (madame)du théâtre!
    S’il n’a pas réussi dans cette matière il en tire profit aujourd’hui!(je pense à sa vie publique,loin de moi…)
    Sa performance pendant la campagne pour l »élection était de qualité malgré un manque manifeste de coffre »nous gagnerons parce que c’est notre projet »lançait il tel le Christ, où?je ne sais pas mais il est cours de réécriture de l’évangile qu’il a moultes fois compulsée dans son école de jésuites.
    Quand à notre évangile la constitution ne l’aurait il pas utilisée afin de lustrer ce sur quoi ,même César en personne ne pouvait que s’assoir?
    Quand on se croit,petit exécutant,l’élu du peuple élu?tout est possible, même le pire!

      +4

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  • Arcousan09 // 12.03.2019 à 16h28

    Cela fait belle lurette que j’ai conscience que nos politiques manipulent l’opinion afin de la faire réagir dans un sens bien précis. Intoxication par tous les médias aux ordres financés par le capital qui relaient soigneusement la « pensée » officielle. Récupération de mouvements spontanés comme pour Charlie Hebdo une manifestation spontanée qui elle est une réponse sensée à ce massacre suivi d’une belle manifestation de récupération politiques avec le ban, l’arrière ban … un Sarko qui joue des coudes pour être bien visible sur la photo
    J’ai lu un ouvrage il y a une vingtaine d’années un ouvrage collectif : « Communication/Manipulation » (j’ai oublié l’éditeur)
    Un autre livre: les manipulateurs sont parmi nous (Editions de l’homme) Isabelle Nazare_Aga en présentation: « curieusement la société actuelle confie à ce genre de personne des postes clés, sans se préoccuper des dégâts psychologiques importants que celles-ci peuvent causer à leurs concitoyens »
    Cela ne vous rappelle pas les actuels Gilets Jaunes ????

      +1

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  • Trollman, le héros des temps modernes // 13.03.2019 à 08h59

    Il me semble tout à fait normal de diffuser ce genre d’informations car, peu importe les moyens, seul le résultat compte. Notre jeune de dynamique président et ses collaborateurs souhaitent juste faire tourner la France et ces feignants de gilets jaunes n’arrêtent pas de se plaindre tout le temps alors qu’ils feraient mieux de retourner travailler, comme les bons français !
    La pensée de nos brillants dirigeants est bien trop complexe pour que la France d’en bas puisse la comprendre, il est donc plus efficace de diffuser des informations simplifiées pour que même les gilets jaunes puissent les comprendre et rentrer dans le rang.

      +4

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  • PaGa // 18.03.2019 à 12h16

    Il y a aussi la stèle de l’ancienne synagogue de Strasbourg renversée « en marge des GJ », en fait par des jeunes sortant de boite de nuit.
    Et les tags antisémites dans le métro d’autres sur la vitrine d’un fast-food.

      +2

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  • LBSSO // 04.07.2019 à 06h56

    Dédicaces spéciales à JM Apathie

    J’espère que l’éditorialiste va lire le site les-crises.fr ce jeudi 4 juillet.
    Je me demande même si OB n’a pas volontairement fait reparaître ces billets suite au débat (contradictoire cher JM Apathie) très intéressant entre lui et le journaliste diffusé hier je crois sur RT:
    https://francais.rt.com/magazines/interdit-d-interdire/63604-olivier-berruyer-jean-michel-aphatie-information-propagande

    « La page 27 » vous salue bien 🙂

      +1

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  • Koui // 04.07.2019 à 14h29

    Les macronisants sont non seulement des propagateurs de fausses nouvelles, mais également des adeptes de théories du complot russo-italo-fasciste. Ce délire a commencé dés la campagne électorale des présidentielles durant laquelle ils ont imputé une cyberattaque aux russes sans aucun élément de preuve. Leur folie s’est ensuite portée sur les gilets jaunes sur lesquels ils ont projeté tous leurs fantasmes (1793, 1917, 1934…) de classes bourgeoises qui se croient menacées par une foule de manants révoltés. Cette vague de panique est à l’origine de la répression violente des GJ. La révolte des banlieues de 2005 avait été maté avec bien plus de délicatesse par Sarkozy. Ce ne sont pas des bourgeois conservateurs et madrés à la Fillon. Ces gens sont des nouveaux venus arrogants et avides, mais naviguant à vue et rongés par la peur de tout perdre. En cas de tempête, ils feront n’importe quoi avec des justifications insensées car ils sont mentalement instables et totalement affabulateurs.

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