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12.avril.201812.4.2018 // Les Crises

Barack Obama : « Pourquoi je suis très fier de ne pas avoir bombardé la Syrie en 2013 »

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Cet article est un extrait de la série de 5 billets réalisant la traduction du remarquable article de 2016 du journaliste Jeffrey Goldberg, qui a interviewé à de multiples reprises Obama pour rédiger ce qui a été qualifié « d’interview testament » sur sa politique étrangère.

Je le republie, avec un zoom sur sa décision de ne pas bombarder la Syrie en 2013, tant cette décision courageuse et responsable est actuellement conspuée dans tous les médias par les néoconservateurs français.

À méditer par tous les va-t-en-guerre inconscients…

Source : Jeffrey Goldberg, The Atlantic, le 09/03/2016

La Doctrine Obama

Vendredi 30 août 2013, […] a commencé avec un discours tonitruant donné au nom d’Obama par son secrétaire d’État John Kerry, à Washington D.C. Le sujet de l’intervention anormalement churchillienne de Kerry, prononcée dans la salle du Traité (Treaty Room) du Département d’État, était le gazage des civils par le président syrien, Bachar al-Assad. […]

Mais la vibrante intervention de Kerry en ce jour d’août, écrite en partie par Rhodes, était parsemée d’une colère vertueuse et de promesses téméraires, incluant la menace à peine voilée d’une attaque imminente. Kerry, comme Obama lui-même, était horrifié par les péchés commis par le régime syrien dans sa tentative de mettre fin à une rébellion en cours depuis deux ans. A Ghouta, dans la banlieue de Damas, neuf jours plus tôt l’armée d’Assad avait tué 1 400 civils au gaz sarin. Le sentiment profond au sein de l’administration Obama était qu’Assad méritait un terrible châtiment. Dans la salle de crise de la Maison-Blanche, au cours des réunions qui ont suivi l’attaque de Ghouta, seul le chef de cabinet, Denis McDonough, a averti explicitement des périls de l’intervention. John Kerry plaidait en vociférant pour l’action.

« Au cours de l’histoire, alors que des nuages menaçants s’accumulaient à l’horizon, lorsqu’il était en notre pouvoir de stopper des crimes innommables, nous avons été mis en garde contre la tentation de détourner le regard, » a dit Kerry dans son discours. « L’histoire est remplie de dirigeants qui ont mis en garde contre l’inaction, l’indifférence et spécialement contre le silence lorsque c’est important. »

Kerry comptait Obama parmi ces dirigeants. Une année plus tôt, lorsque l’administration suspectait que le régime d’Assad envisageait le recours aux armes chimiques, Obama avait déclaré : « Nous avons été très clairs avec le régime d’Assad… qu’une ligne rouge pour nous est lorsque nous voyons toutes sortes d’armes chimiques circuler ou être utilisées. Cela changerait mes calculs. Cela changerait mon équation. » […]

Mais alors qu’Assad s’accrochait au pouvoir, la résistance d’Obama à une intervention directe ne faisait qu’aller croissant. Après plusieurs mois de réflexion, il autorisa la CIA à entraîner et financer les rebelles, mais il partageait aussi la vision de son ancien secrétaire à la défense, Robert Gates, qui demandait continuellement lors des réunions : « Ne devrions-nous pas terminer les deux guerres déjà en cours avant d’en chercher une autre ? » […]

Le message qu’Obama faisait passer dans ses discours et interviews était clair : il ne finirait pas comme le second président Bush – un président qui s’est tragiquement laissé embourber au Moyen-Orient, dont les décisions ont rempli les salles de Walter Reed de soldats gravement blessés, qui a été incapable de stopper la destruction de sa réputation, même lorsqu’il réajusta sa politique lors de son second mandat. Obama avait pour habitude de dire en privé que la première tâche d’un président américain dans l’ère post-Bush était : « Ne fais pas de conneries. » […]

Étant donné la réticence d’Obama à propos de l’intervention, la ligne rouge vif qu’il a tracée pour Assad durant l’été 2012 était étonnante. Même ses propres conseillers étaient surpris. « Je ne l’ai pas vu arriver, » m’a dit à l’époque son secrétaire à la Défense Leon Panetta. On m’a dit que le vice-président Joe Biden avait à plusieurs reprises mis en garde Obama contre le fait de tracer une ligne rouge pour les armes chimiques, de peur que cela ne survienne un jour. […]

Vidéo : La « ligne rouge » d’Obama

Lors des réunions à la Maison-Blanche durant cette semaine cruciale d’août, Biden, qui d’ordinaire partage les inquiétudes d’Obama quant à l’excès de zèle américain, défendait avec passion l’idée que « les grandes nations ne bluffent pas ». Les alliés les plus proches des États-Unis en Europe et au Moyen-Orient pensaient qu’Obama menaçait d’une action militaire, et ses propres conseillers pensaient de même. Au cours du mois de mai précédent, lors d’une conférence de presse conjointe à la Maison-Blanche entre Obama et David Cameron, le Premier ministre britannique avait dit « l’histoire de la Syrie est en train de s’écrire dans le sang de son peuple et cela se produit sous nos yeux. » La déclaration de Cameron, m’a dit l’un de ses conseillers, avait pour objectif d’encourager Obama à une action plus décisive. « Le Premier ministre avait certainement l’impression que le président ferait respecter la ligne rouge, » m’a dit le conseiller. L’ambassadeur saoudien à Washington à cette période, Adel al-Jubeir, a dit à des amis, et à ses supérieurs à Riyad, que le président était finalement prêt à frapper. Obama « a compris à quel point c’est important, » a alors affirmé Jubeir, qui est maintenant le ministre des Affaires étrangères d’Arabie saoudite. « Il va sans aucun doute passer à l’attaque. »

Obama avait déjà donné l’ordre au Pentagone de développer une liste de cibles. Cinq destroyers de classe Arleigh Burke étaient stationnés en Méditerranée, prêts à lancer des missiles de croisière sur des cibles du régime. Le président français François Hollande, le plus enthousiaste des pro-interventionnistes parmi les dirigeants d’Europe, se préparait également à frapper. Toute la semaine, les représentants de la Maison-Blanche martelaient que Assad avait commis un crime contre l’humanité. Le discours de Kerry allait marquer le point culminant de cette campagne.

Mais le président était de plus en plus mal à l’aise. Obama me racontait plus tard que, durant les jours qui suivirent le gazage de Ghouta, il répugnait de plus en plus à l’idée de procéder à une attaque non validée par le droit international ou par le Congrès. Le peuple américain ne semblait pas se réjouir d’une éventuelle intervention en Syrie ; tout comme l’un des rares dirigeants étrangers que Obama respecte, Angela Merkel, la chancelière allemande. Elle lui a dit que son pays ne participerait pas à une campagne en Syrie. Et de façon inattendue, le 29 août, le parlement britannique refusa à David Cameron son accord pour une attaque. John Kerry me dit plus tard que lorsqu’il avait entendu cela : « intérieurement, je me suis dit Oups. »

Obama a également été déstabilisé par la visite surprise plus tôt dans la semaine de James Clapper, son directeur des services secrets, qui interrompit le briefing journalier du président – le rapport sur les menaces qu’Obama reçoit chaque matin des analystes de Clapper – pour rendre clair le fait que les informations issues du renseignement sur l’usage du gaz sarin en Syrie, bien que solides, n’étaient pas « exemptes de tout doute ». Il a choisi ce terme avec précaution. Clapper, le chef d’une communauté du renseignement traumatisée par ses échecs durant la préparation de la guerre en Irak, ne souhaitait pas faire de promesses excessives, à la manière de l’ancien directeur de la CIA George Tenet, qui avait garanti à George W. Bush, concernant l’Irak, qu’il n’y avait aucun doute à avoir.

Obama et le vice-président Joe Biden en réunion avec les membres du Conseil pour la sécurité nationale, incluant Susan Rice et John Kerry (deuxième et troisième en partant de la gauche) en décembre 2014.

Alors que le Pentagone et les organes de la sécurité nationale de la Maison-Blanche se dirigeaient vers la guerre (John Kerry m’a dit qu’il s’attendait à une frappe le lendemain de son discours), le président en était arrivé à penser qu’il s’avançait vers un piège – mis en place à la fois par ses alliés et ses adversaires, et par les attentes traditionnelles de ce qu’un président américain est supposé faire.

Beaucoup de ses conseillers n’ont pas saisi l’ampleur de ses réticences ; son cabinet et ses alliés n’en avaient certainement pas conscience. Mais ses doutes grandissaient. Le vendredi en fin d’après-midi, Obama décida qu’il n’était tout simplement pas prêt à autoriser une frappe. Il demanda à McDonough, son chef de cabinet, d’aller faire un tour avec lui dans les jardins de la Maison-Blanche (South Lawn). Obama n’a pas choisi McDonough par hasard : il est l’adjoint d’Obama le plus réticent à une intervention militaire, et quelqu’un qui, selon un de ses collègues, « pense en termes de pièges ». Obama, ordinairement un homme extrêmement confiant, cherchait en l’occurrence l’approbation et essayait de trouver un moyen d’expliquer son changement d’avis, à la fois à ses adjoints et au public. Lui et McDonough restèrent dehors durant une heure. Obama lui dit qu’il craignait qu’Assad utilise des civils comme « boucliers humains » autour des cibles les plus évidentes. Il soulignait aussi un défaut sous-jacent de la frappe proposée : les missiles américains ne seraient pas tirés sur les dépôts d’armes chimiques, par peur de propager du poison dans l’air. La frappe ciblerait les unités militaires qui avaient utilisé ces armes, mais pas les armes elles-mêmes.

Obama partagea également avec McDonough un ressentiment de longue date : il était fatigué de voir Washington dériver de manière irréfléchie vers la guerre dans les pays musulmans. Il estimait que, quatre ans auparavant, le Pentagone l’avait « coincé » concernant l’envoi de troupes supplémentaires en Afghanistan. Maintenant, avec la Syrie, il commençait à se sentir de nouveau coincé.

Lorsque les deux hommes revinrent au bureau ovale, le Président dit à ses adjoints de la sécurité nationale qu’il prévoyait d’attendre. Il n’y aurait pas d’attaque le lendemain ; il voulait soumettre la question au vote du Congrès. Les adjoints dans la pièce étaient sous le choc. Susan Rice, à présent conseillère pour la sécurité nationale d’Obama, rétorquait que les dommages pour la crédibilité américaine seraient sévères et durables. D’autres eurent du mal à saisir comment le président pouvait changer d’avis la veille de l’attaque prévue. Obama, toutefois, était tout à fait calme. « Si vous êtes dans son entourage, vous savez quand il est incertain sur quelque chose, lorsque c’est une décision à 51 contre 49, » me dit Ben Rhodes. « Mais là il était totalement à l’aise. »

Il y a peu de temps, j’ai demandé à Obama de décrire son état d’esprit ce jour-là. Il lista les considérations pratiques qui l’avaient préoccupé. « Nous avions des inspecteurs des Nations Unies sur le terrain qui terminaient leur travail et nous ne pouvions prendre de risques tant qu’ils y étaient. Le deuxième facteur majeur fut l’échec de Cameron à obtenir le consentement de son parlement. »

Le troisième facteur, et le plus important, m’a-t-il dit était « notre analyse que bien que nous puissions infliger des dommages à Assad, nous ne pouvions pas, via une frappe de missiles, éliminer les armes chimiques elles-mêmes, et j’aurais alors été confronté à la possibilité qu’Assad survive à l’attaque et prétende avoir réussi à défier les États-Unis, que les États-Unis avaient agi illégalement en l’absence de mandat des Nations Unies, et cela aurait potentiellement renforcé plutôt qu’affaibli sa position. »

Le quatrième facteur, dit-il, était d’importance plus philosophique. « C’est une de ces idées que je ruminais depuis un certain temps, » dit-il. « J’étais arrivé en fonction avec la forte conviction que l’étendue du pouvoir exécutif concernant les questions de sécurité nationale est très large, mais pas illimitée. »

Obama savait que sa décision de ne pas bombarder la Syrie allait probablement contrarier les alliés de l’Amérique. Ce fut le cas. Le Premier ministre français, Manuel Valls, m’a dit que son gouvernement était déjà inquiet des conséquences de l’inaction en Syrie lorsque l’information de la suspension de la frappe est arrivée. « En n’intervenant pas rapidement, nous avons créé un monstre, » m’a dit Manuel Valls. « Nous étions absolument certains que l’administration américaine dirait oui. Travaillant avec les Américains, nous avions déjà vu ensemble les cibles. Cela fut une grande surprise. Si nous avions bombardé comme nous l’avions prévu, je pense que les choses seraient différentes aujourd’hui. » Le prince couronné d’Abou Dhabi, Mohammed bin Zayed al-Nahyan, qui était déjà contrarié par Obama pour avoir « abandonné » Hosni Moubarak, l’ancien président de l’Égypte, fulminait face aux visiteurs américains que les États-Unis étaient dirigés par un président « non digne de confiance ». Le roi de Jordanie, Abdullah II – déjà consterné parce qu’il voyait comme le désir illogique d’Obama d’éloigner les États-Unis de ses traditionnels alliés arabes sunnites et de créer une nouvelle alliance avec l’Iran, le sponsor chiite d’Assad – se plaignait en privé : « Je pense que j’ai plus foi dans le pouvoir américain que Obama. » Les Saoudiens aussi étaient furieux. Ils n’avaient jamais fait confiance à Obama – il s’était, bien avant qu’il ne devienne président, référé à eux comme de « soi-disant alliés » des États-Unis. « L’Iran est la nouvelle grande puissance du Moyen-Orient et les États-Unis l’ancienne, » avait dit Jubeir, l’ambassadeur saoudien à Washington, à ses supérieurs à Riyad.

La décision d’Obama a causé des secousses à Washington également. John McCain et Lindsey Graham, les deux meneurs des faucons républicains au Sénat, avaient rencontré Obama à la Maison-Blanche plus tôt dans la semaine et une attaque leur avait été promise. Ils furent furieux du volte-face. Des dommages furent causés même au sein de l’administration. Ni Chuck Hagel, alors secrétaire à la Défense, ni John Kerry n’étaient dans le bureau ovale lorsque le président a informé son équipe de sa décision. Kerry n’apprit le changement que tard dans la soirée. « J’ai juste été baisé, » a-t-il dit à un ami peu de temps après avoir parlé avec le président cette nuit-là. (Lorsque j’ai interrogé Kerry récemment au sujet de cette nuit tumultueuse, il m’a dit « Je n’ai pas arrêté de l’analyser. J’ai compris que le président avait eu raison de prendre cette décision et, honnêtement, j’ai compris l’idée. »)

Les jours suivants furent chaotiques. Le président demanda au Congrès d’autoriser l’usage de la force – l’irrépressible Kerry servit de lobbyiste en chef – et il devint rapidement évident à la Maison-Blanche que le Congrès s’intéressait peu à la frappe. Lorsque j’ai parlé avec Biden récemment au sujet de la décision de la ligne rouge, il fit une allusion particulière à ce fait : « Il est important d’avoir le Congrès avec soi, en terme de capacité à soutenir ce que vous prévoyez de faire, » dit-il. Obama « n’est pas allé au Congrès pour se décharger de sa responsabilité. Il avait des doutes à ce moment donné, mais il savait que s’il faisait quelque chose, il ferait mieux d’avoir le public avec lui, ou la balade aurait été de courte durée. » L’ambivalence évidente du Congrès a convaincu Biden que Obama avait raison de craindre la pente glissante. « Qu’arrive-t-il lorsque vous avez un avion abattu ? N’allons-nous pas le secourir ? » demanda Biden. « Vous avez besoin du soutien du peuple américain. »

Dans la confusion, un deus ex machina apparut sous la forme du président russe Vladimir Poutine. Au sommet du G20 à Saint-Pétersbourg, qui se tenait la semaine suivant le retournement syrien, Obama prit Poutine à part, me rappela-t-il, et lui dit « que s’il forçait Assad à se débarrasser des armes chimiques, cela éliminerait le besoin pour eux de procéder à une frappe militaire. » Durant des semaines, Kerry, travaillant avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, conçurent l’élimination de la plus grande partie de l’arsenal d’armes chimiques de Syrie – un programme dont Assad avait jusqu’ici refusé de reconnaître ne serait-ce que l’existence.

L’accord valut au président l’éloge de Benyamin Netanyahou, le Premier ministre israélien avec qui il a eu une relation constamment litigieuse. L’élimination des stocks d’armes chimiques syriennes représentait « un rayon de lumière dans une région très sombre, » me dit Netanyahou peu de temps après que l’accord a été annoncé.

John Kerry n’exprime aujourd’hui aucune patience pour ceux qui argumentent, comme il l’a lui-même fait, que Obama aurait dû bombarder les sites du régime d’Assad afin de renforcer la capacité de dissuasion américaine. « Vous auriez toujours les armes présentes, et vous seriez probablement en train de combattre Daech » pour le contrôle des armes, dit-il, se référant à l’État islamique. « Cela n’a juste pas de sens. Mais je ne peux pas nier que cette conception du franchissement d’une ligne rouge et de l’inaction d'[Obama] ait acquis sa propre vie. »

Obama comprend que la décision qu’il a prise de renoncer aux frappes aériennes et de permettre la violation impunie de la ligne rouge qu’il avait lui-même tracée sera impitoyablement mise en question par les historiens. Mais aujourd’hui cette décision est source de grande satisfaction pour lui.

« Je suis très fier de ce moment, » m’a-t-il dit. « L’écrasant poids de la pensée conventionnelle et de la machinerie de notre organe de sécurité nationale était allé assez loin. Le sentiment était que ma crédibilité était en jeu, que la crédibilité de l’Amérique était en jeu. Et donc pour moi presser le bouton à ce moment, je le savais, m’aurait coûté politiquement. Et le fait que j’ai été capable de repousser les pressions immédiates et de penser par moi-même ce qui était dans l’intérêt de l’Amérique, pas seulement eu égard à la Syrie mais aussi eu égard à notre démocratie, a été la décision la plus difficile que j’ai prise – et je pense finalement que c’était la bonne décision à prendre. »

Ce fut le moment où le président pense qu’il a finalement rompu avec ce qu’il appelle, avec dérision, « Le manuel de Washington. »

« Où suis-je contesté ? Lorsqu’il s’agit de l’usage du pouvoir militaire, » dit-il. « C’est la source de la contestation. Il y a un manuel à Washington que les présidents sont supposés suivre. C’est un manuel qui provient de l’establishment de la politique étrangère. Et le manuel prescrit les réponses aux différents évènements, et ces réponses tendent à être des réponses militaires. Lorsque l’Amérique est directement menacée, le manuel fonctionne. Mais le manuel peut aussi être un piège qui peut conduire à de mauvaises décisions. Au milieu d’un défi international comme la Syrie, vous êtes jugé sévèrement si vous ne suivez pas le manuel, même s’il y a de bonnes raisons pour qu’il ne s’applique pas. »

J’en suis arrivé à penser que, dans l’esprit d’Obama, le 30 août 2013 a été le jour de sa libération, le jour où il a défié non seulement l’establishment de la politique étrangère et son manuel missile croisière, mais aussi les demandes des alliés frustrés et exigeants de l’Amérique au Moyen-Orient, se plaint-il en privé à ses amis et conseillers qui cherchent à exploiter le « muscle » américain au service de leurs intérêts étroits et sectaires. Depuis 2013, les ressentiments d’Obama ont été bien développés. Il éprouve du ressentiment envers les dirigeants militaires qui pensaient qu’ils pouvaient résoudre tout problème si le commandant en chef leur donnait simplement ce qu’ils voulaient, et il éprouve du ressentiment pour l’ensemble des think tanks sur la politique étrangère. Un sentiment largement partagé au sein de la Maison-Blanche est que beaucoup des plus importants think tanks à Washington font le jeu de leurs pourvoyeurs de fonds arabes et pro-Israéliens. J’ai entendu un représentant de l’administration se référer à l’avenue Massachusetts, le siège de beaucoup de ces think tanks, comme « Arab occupied territory » (territoire occupé arabe). […]

L’histoire peut enregistrer le 30 août 2013 comme le jour où Obama a empêché les États-Unis d’entrer dans une autre guerre civile musulmane désastreuse, et le jour où il a supprimé la menace d’une attaque chimique sur Israël, la Turquie ou la Jordanie. Ou on pourrait s’en souvenir comme le jour où il laisse le Moyen-Orient s’échapper des griffes de l’Amérique, pour s’en remettre aux mains de la Russie, de l’Iran et de Daech.

Source : Jeffrey Goldberg, The Atlantic, le 09/03/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr.

obama-doctrine

Commentaire recommandé

WASTERLAIN Serge // 12.04.2018 à 16h46

Je viens de lancer la pétition :
Syrie, pas en mon nom, pas avec mes garçons.
Merci aux Crises d’accepter le lien et aux membres de la signer et de la diffuser.

Voici le lien de la pétition à transmettre : https://www.mesopinions.com/petition/politique/syrie-nom-garcons/42147

56 réactions et commentaires

  • WASTERLAIN Serge // 12.04.2018 à 16h46

    Je viens de lancer la pétition :
    Syrie, pas en mon nom, pas avec mes garçons.
    Merci aux Crises d’accepter le lien et aux membres de la signer et de la diffuser.

    Voici le lien de la pétition à transmettre : https://www.mesopinions.com/petition/politique/syrie-nom-garcons/42147

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    • labelledecadix // 12.04.2018 à 20h50

      bravo pour cette initiative pour la paix et contre les va-t-en guerre habituels, les élus et les média ..
      sûr que si c’était à eux d’aller guerroyer en Syrie ils se cacheraient sous terre plutôt que de partir ! je n’ai pas envie que mon petit fils aille combattre en Syrie pour les beaux yeux des soit disant rebelles de Gouttha cad en réalité, des djihadistes pourris soutenus par mon gouvernement et les usa pour des raisons pétrolières !! merde à Vauban !

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    • Lusituationniste // 13.04.2018 à 08h38

      Je pensais et j’espérais que ce doit Olivier Berruyer qui la porte. Pas non plus d’accord avec tout mais ce genre de « petite » initiative est nécessaire. Signé e et diffusée donc.

        +1

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  • V_Parlier // 12.04.2018 à 16h50

    Il me semble qu’Obama tente de tirer profit de l’impopularité grandissante des va-t-en-guerre alors qu’il avait abandonné le projet d’attaque presque « par chance ». N’oublions pas qu’il avait plus d’interventions à son actif que Bush. Mais bon, si son discours d’aujourd’hui peut être utile…

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    • Learch // 12.04.2018 à 17h10

      Pauvre Trump : s’il bombarde la Syrie il va passer pour un Bush, s’il ne l’a bombarde pas, pour un Obama. Coincé.

        +1

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    • Les-crises // 12.04.2018 à 17h38

      Ca a deux ans….

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      • V_Parlier // 12.04.2018 à 19h25

        Certes, j’aurais du conjuguer au futur, ça aurait été plus clair (mais en 2016 les problèmes de craintes des va-t-en-guerre se posaient déjà). Il est vrai que ce n’est pas un « discours d’aujourd’hui », même si ce n’est pas vieux.

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    • hansolo // 13.04.2018 à 09h04

      C’est un article ancien …
      Je ne suis pas du tout sûr qu Obama tiendrait ce discours aujourd’hui … Malheureusement !

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  • Scytales // 12.04.2018 à 17h09

    Un blog hébergé par Mediapart a publié la traduction en français de l’intervention de l’ambassadeur de Russie devant le conseil de sécurité des Nations-Unis le 9 avril 2018 à propos d’une attaque chimique présumée à Douma :

    https://blogs.mediapart.fr/jean-paul-baquiast/blog/110418/sondage-la-france-doit-elle-faire-avec-trump-une-guerre-contre-la-russie

    L’ambassadeur au représentant des États-Unis : « Vous vous faites des illusions si vous pensez que vous avez des amis. Vos soi-disant amis ne sont que ceux qui ne peuvent pas vous dire non. » (Citation destinée à attirer le chaland).

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    • V_Parlier // 12.04.2018 à 17h10

      Il est vrai que la citation est attirante.
      A part ça, le mediapart « officiel », je n’ai pas encore vu leur position mais j’ai des idées…

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      • Canal // 12.04.2018 à 17h36

        Bien vu. C’est comme d’habitude, atlantiste autant qu’on peut l’être. A ce propos, si quelqu’un sait pourquoi Mediapart adopte cette position qui ne cesse de m’intriguer, je suis preneur.

          +9

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        • V_Parlier // 12.04.2018 à 19h31

          J’en ai une toute personnelle: Trotskysme = allié objectif des impérialistes occidentaux, comme aux temps du premier trotskyste, Trotsky lui-même, détestant son propre peuple et se réjouissant de le voir s’entretuer, et soutenu financièrement par l’Allemagne et les Etats-Unis. On retrouve les fondamentaux de Plénel aujourd’hui: haine de son propre peuple, haine de la Russie, adoration de tout ce qui est révolutionnaire rien que parce-que c’est révolutionnaire. Libre à chacun d’avoir son explication. C’est la mienne.

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          • Marc // 12.04.2018 à 20h36

            « les fondamentaux de Plénel aujourd’hui: haine de son propre peuple »

            Ca semble particulièrement exagéré…

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            • V_Parlier // 13.04.2018 à 13h44

              Exagéré peut-être, mais c’est mon ressenti. Dès qu’il trouve un moyen de prêter aux affreux gaulois tous le vices, tout peut faire l’affaire. Ou peut-être est-ce plus exactement la haine d’une forme de société ordonnée, plus ou moins morale et/ou traditionnelle, que sais-je, un truc comme ça.

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          • Canal // 12.04.2018 à 21h05

            En tant qu’ex Trotskyste, comme d’autres à Mediapart me semble-t’il, pourrait-il s’agir plus simplement d’une haine tenace envers les totalitarismes, aveuglante sur l’impérialisme américain ?

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            • V_Parlier // 13.04.2018 à 13h58

              Le problème est que les critères d’évaluation pour définir un totalitarisme sont très personnels et très idéologiques. Donc la haine tenace peut rester finalement dans de tels cas… de la haine tenace tout court.

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        • Melson Moinfort // 12.04.2018 à 21h22

          La position de Plenel (et de bien d’autres, notamment Denis Sieffert, directeur de Politis) est difficile à expliquer. On a parfois le sentiment que certains journalistes s’auto-intoxiquent et ne peuvent pas se débarrasser de leurs préjugés. Les Américains sont le Bien, les Russes le Mal. Quiconque s’oppose aux Etats-Unis, symbole de la liberté et de la démocratie (quels que soient les crimes que les Américains puissent commettre) est malhonnête. Cet aveuglement est effarant.
          Quoi qu’il en soit, j’ai résilié mes abonnements à Politis et à Médiapart, médias que j’avais soutenus dès leur création.

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        • Ben // 13.04.2018 à 12h18

          L’alignement de Mediapart sur les thèses atlantistes pourraient s’expliquer à première vue par de prétendues oppositions idéologiques à tout pouvoir autoritaire, dont ferait partie la Russie de Poutine, et par extension les accusations d »autocratie qui atteignent les nations où l’anti-americanisme se confond avec anti-impérialisme. Un personnage comme Mélenchon par exemple est exécré par la rédaction de Mediapart pour ses prises de position à l’international, ainsi que pour son tempérament jugé suspect.
          En résumé, l’internationalisme idiot de style NPA comme principe directeur serait la raison pour laquelle Plenel et ses associés se rangeraient par défaut dans le camp du « Monde Libre » par opposition au monde anti-liberal.
          Ce qui les amènent par la même occasion à faire élire Macron plutôt que Mélenchon.
          Il y a de sérieuses raisons de penser que l’atlantisme de Mediapart et son parti-pris fortement pro-liberal ne tiennent pas tant aux vieux idéaux de jeunesse de Plenel qu’à sa duplicité en matière politique au service de sa qualité d’homme d’affaires avisé.
          Cette tromperie qui affecte et surprend nombre de ses lecteurs devrait faire l’objet d’une enquête détaillée.

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          • Ben // 13.04.2018 à 12h49

            Je suis souvent surpris d’entendre à la télévision des perroquets diplômés associer Mediapart à la France Insoumise de Mélenchon. Cette confusion volontairement entretenue est très bizarre tant la méfiance (euphémisme) à l’égard de cette formation politique est évidente dans ce journal.
            Quand on observe également que Jeremy Corbyn est méprisé ou vertement critiqué par les journalistes et autres politologue associé de ce journal, alors même que Corbyn a fait du Labour le plus grand parti de gauche en Europe (600 000 membres) et que son tempérament, posé et policé, est à l’opposé de celui de « l’affreux Mélenchon », on se dit que c’est bien une ligne politique qui est dans le colimateur de Plenel et ses amis. Corbyn est, en effet favorable à des relations normales avec la Russie, favorable au respect du vote « Brexit » après avoir été un eurosceptique de toujours, et autres tares rédhibitoires qui le mettent « de facto » au ban des hommes politiques crédibles par les faiseurs d’opinion.
            Mediapart est un chien de garde du Système, qui laisse parfois un os à ronger à ses lecteurs avec des affaires de corruption ou Notre-Dame des Landes et autres babioles sans grande importance.

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            • Jean Francois // 13.04.2018 à 13h56

              C’est évident et ceux qui pensent que Médiapart soutient Mélenchon soit ne connaissent rien à l’histoire et à la politique (Plenel ex LCR et Mélenchon ex OCI) soit sont de mauvaise foi avérée
              l’article publié dans Médiapart en 2016 avant les élections « Mélenchon joue à saute-cadavres »est sur ce point entre autres révélateur.

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    • basile // 12.04.2018 à 17h24

      « Aujourd’hui Emmanuel Macron est obligé de payer sa dette. Il va imposer de façon scandaleuse aux forces armées françaises de s’engager comme des toutous de Donald Trump ».

      C’est presque dommage que ça n’ait pas lieu, ce serait l’occasion de savoir si nos soldats, qu’il est de bon ton de glorifier, sont au service « de leur pays » (le nôtre, notre défense), ou si ce sont des mercenaires prêts à obéir à des ordres iniques

      .

        +21

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      • Scytales // 12.04.2018 à 17h32

        Un ordre inepte n’est un ordre inique.

        Les militaires, et c’est heureux pour nos institutions, obéiraient évidemment.

        Malheureusement, l’exécution de l’ordre aurait des conséquences négatives pour les intérêts de la France et de fâcheux effets sur le prestige diplomatique de notre pays à moyen terme dans beaucoup de ces pays qui se trouvent au-delà des frontières étroites de la fameuse « communauté internationale ».

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        • Alfred // 12.04.2018 à 20h32

          Merci de remettre les pendules à l’heure.
          Un nombre croissant d’intervenants se mettent qui à souhaiter le pire, qui à souhaiter qu’on finisse, qui encore à souhaiter le monde d’après. Cela montre bien l’état de tension qui est finalement bien partage quoi qu’on en dise. Pour autant rappelez vous de 2008 et de sa fin du monde inneluctable (qui finalement n’en fini pas de durer). Dans la perception du monde à travers le prisme de la guerre, celui des déconstruction sociales comme dans celui de l’économie cassée l’agonie peut visiblement être interminable. Cela ne devrait pas nous autoriser à souhaiter le meurtre et le suicide quand l’imagination et la résolution devraient suffire.

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        • vinel // 13.04.2018 à 00h10

          La constitution de 1958 de la 5° république donne au chef de l’État,le président le pouvoir de déclarer la guerre et en informant dans les 3 mois suivants le parlement.
          Aucun État d’Europe et très peu dans le monde(hormis les dictatures) ne donnent autant de pouvoir à leur chef.
          Nous sommes dans une situation plus proche de la dictature que de la Démocratie vraie.
          De plus,nous avons élu un président qui n’a jamais connu la guerre et le système militaire.
          La constitution doit évoluer,elle a été adoptée dans une situation politique très particulière(guerre d’Algérie et putsch militaire) dans la perspective d’un général président,général qui avait combattu lors des deux guerres mondiales.
          Il y a des habits trop grands et des risques tels que tout peut être redouté.
          Un coup d’état est possible compte tenu de la concentration maximale des pouvoirs.
          La seule garantie est l’esprit républicain de armées et forces de sécurité…et du peuple!

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      • fanfan // 13.04.2018 à 08h07

        L’article 16 de la “déclaration des droits de l’homme et du citoyen” dispose que : « Toute Société dans laquelle la garantie des Droits n’est pas assurée, ni la séparation des Pouvoirs déterminée, n’a point de Constitution… La séparation des pouvoirs est le corollaire indispensable de la protection des droits naturels des hommes.”
        Le décret portant création de l’inspection générale de la justice signé par l’ancien Premier ministre Manuel Valls et Jean-Philippe Urvoas, le ministre de la Justice, le 5 décembre 2016 – jour du départ de Manuel Valls de Matignon, a mis la Cour de Cassation sous l’autorité quasi directe du Gouvernement… ce qui constitue une violation FONDAMENTALE du principe de séparation des pouvoirs établi depuis des siècles en France.
        Questions :
        Le gouvernement est-il légitime au regard de notre Déclaration des Droits de l’Homme ?
        Quel est le statut de la gendarmerie et de la police française depuis ce jour ?

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    • Micmac // 12.04.2018 à 17h35

      D’après ce sondage, il y a quand même 35% de fous furieux prêt à une guerre contre la Russie. Ça fait quand même peur…

      La traduction de l’intervention de l’ambassadeur de la Fédération de Russie se trouve aussi sur le site du Grand Soir :

      https://www.legrandsoir.info/ambassadeur-russe-a-l-onu-washington-londres-et-paris-vont-vers-la-3e-guerre-mondiale.html

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      • V_Parlier // 13.04.2018 à 13h48

        Et je parie que ce sont les premiers à estimer qu’un autre tiers de la population est « digne des heures sombres de l’histoire ». Eux, ils sont tous propres, tolérants, ou encore cools, « libéraux »…

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  • Learch // 12.04.2018 à 17h11

    Macron n’a pas envie de bombarder la Syrie, mais il veut faire plaisir à l’ami américain qui, tout comme Harry, nous veut du bien… Il est possible qu’il pense aussi que cela ferait oublier ses réformes… ou pas… En tous cas ses propos de midi me font penser à la danse d’une anguille : du très grand « mais en même temps » qui peut noyer les plus intégristes.

    Trump n’a pas envie de bombarder la Syrie, mais les néo-cons ont fait démissionner tous ceux qui, autour de lui, avaient le même avis… Il est possible qu’il relise ce papier d’Obama et qu’il fasse un sacré bras d’honneur… ou pas. Ses dernier propos me font penser que notre Président Emmanuel 1er lui a donné récemment quelques leçons de rhétorique…

    A mon humble avis, il n’y aura aucune frappe en Syrie de la part des occidentaux. Au grand soulagement de Poutine, qui n’a pas envie de bombarder ceux qui risquent de le bombarder là-bas.

    La paix repose sur la rhétorique … ou comment manier la chèvre et le chou devient une question de survie. Un diplomate dirait que tout cela n’est que routine banale…

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  • Fritz // 12.04.2018 à 17h12

    Finalement, c’est en 2013 qu’il fallait décerner le prix Nobel de la Paix à Barack Hussein Obama… A lui et à Sergueï Lavrov.
    Indice intéressant, les (néo)cons se sont mis à déplorer le « manque de résolution » de BHO depuis sa marche arrière en 2013.

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    • V_Parlier // 13.04.2018 à 13h51

      En 2013? Juste avant le « regime change » en Ukraine? Je rappelle qu’il marchait à fond dedans, lui aussi.

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  • Politicoboy // 12.04.2018 à 17h15

    Obama a commis beaucoup d’erreur pendant ses deux mandats, dont le fait d’avoir mentionné une ligne rouge, mais cette décision démontre une véritable intelligence.

    Maintenant, qu’un homme aussi « fin » qu’Obama soit passé aussi près d’une telle erreur en dit long sur la facilité avec laquelle les faucons de Washington se jouent de Trump en ce moment (et de Macron, probablemnent).

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    • Elodie // 13.04.2018 à 09h52

      Trump fait comme s’il allait fraper tout de suite, et puis, pas encore et bientot pas de tout. Il est sous une enorme pression, mais il n’est pas idiot et il n’est pas un ideologue. Il est a business man: ce qu’il dit, ce qu’il pense et ce qu’il fait n’a pas forcement de correlation.

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  • Macarel // 12.04.2018 à 17h25

    2018 ou 1984 ?

    L’empire maritime l’ « Oceania » voit son hégémonie de plus en plus contestée par l’empire continental l’ « Eurasia ».

    L’ « Oceania » connaît une décadence accélérée car les oligarchies cupides qui sont à sa tête, ont fait sécession des peuples dont elles sont issues. L’ « Eurasia » maintes fois humiliée par l’ « Oceania » veut prendre sa revanche et est en train de la prendre. .

    Le projet de « route de la soie » de Pékin à Berlin, permettrait des échanges continentaux entre Europe et monde asiatique qui échapperaient au contrôle des puissances maritimes qui composent l’ « Oceania ».

    Ceci suffit à expliquer l’hystérie anti-russe et anti-chinoise des maîtres de l’empire océanique.
    Il faut à n’importe quel coût empêcher le recentrage du monde sur l’ empire continental, empire dont l’Allemagne pourrait être tentée de faire partie. Elle est déjà fortement cliente du gaz russe et commerce avec la Chine. La politique de l’oncle Sam et de ses vassaux maritimes (dont la France de Macron) est donc cohérente, tout faire pour éviter une Eurasie unifiée qui marginaliserait l’empire océanique, et lui ferait perdre les avantages acquis après les deux guerres mondiales du XXième siècle : en particulier tout faire pour garder au dollar son statut de monnaie dominant les échanges mondiaux, permettant ainsi à l’empire océanique de vivre à crédit sur le dos du reste du monde.

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  • Crapaud Rouge // 12.04.2018 à 18h02

    Hier soir, sur les 28′ d’Arte, unanimisme radical pour « faire quelque chose » en Syrie. La représentante d’En marche dégoulinait de droits de l’homme, personne ne citait le contre-exemple du Yemen, et l’Occident était accusé d’avoir laissé faire depuis le début. C’est malheureux que des enfants périssent sous les bombes, mais l’on voit bien que ce ne sont pas les leurs, sinon ils réfléchiraient à deux fois avant de nous balancer leurs fumeux raisonnements.

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    • Macarel // 12.04.2018 à 18h22

      Il y a des victimes qui méritent toute notre compassion, et d’autres non !

      Il est vrai qu’au Yémen les saoudiens utilisent des armes dont nos gouvernants font commerce lucratif avec eux.

      Les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts. Si encore c’était de l’intérêt de leurs peuples dont il était question, mais non c’est de l’intérêt des fabricants et marchands d’armes.

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    • Zevengeur // 12.04.2018 à 22h27

      Cela prouve d’ailleurs que le truc LREM a récupéré les pires apparatchiks du PS et de l UMP !

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      • V_Parlier // 13.04.2018 à 13h55

        Ils ont quand même évité Fabius et Valls, trop voyants peut-être. Mais je suis néanmoins d’accord.

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  • Michel B. // 12.04.2018 à 18h26

    Cet article a quelque chose de fascinant : jamais l’avenir de la Syrie n’est réellement le cœur du sujet d’Obama, ni d’ailleurs des va-t-en guerre auxquels il raconte avoir résisté. Comme s’il s’agissait d’une question abstraite indépendante de la décision de frapper ou pas.

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  • Duracuir // 12.04.2018 à 18h27

    Obama a aussi permis d’éviter la catastrophe dans l’affaire ukrainienne. Je me rappelle très bien de son rôle modérateur au pire moment après le MH17. Je me rappelle aussi qu’il est allé en Libye le couteau dans les reins, là encore avec le dirigeant Français allié des pires néocons US, , tout comme en Syrie avec Hollande.
    Il faudrait créer un crime de « fauteur de guerre » concernant les hommes politiques, les journalistes, les conseillers, les dirigeants « d’ONG » et les intellectuels boute-feu.

      +16

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    • V_Parlier // 12.04.2018 à 19h33

      Je n’ai pas un si bon souvenir d’Obama pendant l’affaire du MH17. Peut-être qu’il était obligé de jouer le cinéma, mais c’était le même cinéma que les autres.

        +9

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      • Duracuir // 12.04.2018 à 21h20

        Je me rappelle très bien qu’au moment culminant de crise, là où tout devenait possible et surtout le pire, comme par hasard, Hollande a fait un aller-retour à Washington et deux jours plus tard un autre à Moscou. Je reste persuadé qu’il a servi de telegraphiste pour la décroissance de tension qui a immédiatement suivi.

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  • Macarel // 12.04.2018 à 18h48
  • Owen // 12.04.2018 à 19h25

     » (…) les missiles américains ne seraient pas tirés sur les dépôts d’armes chimiques, par peur de propager du poison dans l’air. »

    Ça tombe bien, c’est juste ce que Macron annonce vouloir bombarder.
    Il avertit sans doute Bachar el Assad pour qu’il se dépêche de rassembler des grosses bonbonnes chimiques dans quelques entrepôts et peindre de grandes croix rouges sur les toits.

    Dans la même phrase, il rassure qu’il ne veut surtout pas « toucher des alliés du régime » : il a bien excité les russes et les iraniens en leur mettant des bâtons dans les roues, faut voir ce que ça donne.

    … « ou s’attaquer à qui que ce soit ». Si c’est pour des manœuvres, il vaut mieux envoyer les militaires au camp de Canjuers, dans le Var.

    Dans ce même discours à côté de MBS, il ne souhaite « aucune escalade », raison pour laquelle il s’est choisi son seul et unique copain, le sage et raisonné Trump, pour y aller.

    https://lc.cx/Wp46

    Au moins, je l’avais cru intelligent…
    Si on survit, je pense que ce sera plus difficile pour moi de voyager, avec mon accent français.

      +1

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  • Steven // 12.04.2018 à 22h19

    « A Ghouta, dans la banlieue de Damas, neuf jours plus tôt l’armée d’Assad avait tué 1 400 civils au gaz sarin. » Je croyais que ça avait été remis en question !?

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  • Gavrilo // 12.04.2018 à 22h52

    Présenter Obama – le premier soutien de Daech et des barbus syriens ainsi que l’auteur du putsch néo-nazi en Ukraine – comme un parangon de paix est à pisser de rire…

    Sur les tout derniers développements syriens mis à jour quotidiennement, et notamment le léger recul américain : http://www.chroniquesdugrandjeu.com/2018/04/false-flag-iii-le-retour.html

    Par contre, les pitres européens May et Macron s’en donnent à coeur joie. La dite May vient d’ailleurs d’autoriser le recours à la force : https://www.almasdarnews.com/article/breaking-uk-approves-use-of-force-against-syrian-government/

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    • Michel B. // 12.04.2018 à 23h27

      Et si l’essentiel se passait hors champ médiatique ?

      Les ministres des affaires étrangères de la Ligue Arabe se rencontraient aujourd’hui, avec un prise de position officielle pour reconnaitre que l’Iran met le bazar dans la région : https://twitter.com/HeshmatAlavi/status/984431322021138432

      Peut-être que si frappes il y a, elles viendront des pays Arabes eux-mêmes, le décorum occidental et russe étant là pour rappeler qu’il faut que quelque chose se passe, entre eux.

      Le sujet du moment n’est-il pas plus l’Iran que la Syrie ?

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      • JustVNR // 13.04.2018 à 03h36

        2009 : Juin :

        « […] En fait, si les États-Unis devaient décider d’obtenir un plus grand soutien international, de galvaniser le soutien interne des États-Unis et / ou de fournir une justification légale pour une invasion, il serait préférable d’attendre une provocation iranienne, mais l’invasion pourrait ainsi se faire indéfiniment attendre. A une exception près, depuis la révolution de 1978, la République islamique n’a jamais volontairement provoqué de réaction militaire américaine, bien que tel aurait pu être le cas si Washington avait été à la recherche d’un combat.
        Il n’est donc pas impossible que Téhéran prenne des mesures qui justifient une invasion américaine. Et il est certain que si Washington était en recherche d’une telle provocation, des mesures pourraient être prises pour augmenter la probabilité que Téhéran s’y livre. (bien que de telles mesures, si trop évidentes, pourraient annuler l’effet de la provocation).
        Cependant, étant donné que ce serait à l’Iran de faire le geste provocateur, et que l’Iran a la plupart du temps hésité à en faire dans le passé, les États-Unis ne sauraient jamais à coup sûr quand ils obtiendraient la provocation iranienne requise. En fait, ça pourrait ne jamais arriver. […] » Which pass to Persia – 2009 – The Saban Center for Middle East Policy at the Brookings Institutions

        https://www.brookings.edu/wp-content/uploads/2016/06/06_iran_strategy.pdf

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      • JustVNR // 13.04.2018 à 03h40

        Dans un article publié en 2007 dans « The New Yorker », le journaliste d’investigation américain Seymour Hersh expliquait que la chute du régime de Saddam Hussein (sunnite laïc) dans un Irak majoritairement chiite avait eu pour conséquence de renforcer l’Iran ; ce dernier étant, tout comme la Syrie, sous domination chiite. Or l’Irak étant désormais lui-même gouverné par des chiites, et étant de surcroit enclavé entre l’Iran et la Syrie, les 3 pays forment désormais une continuité territoriale : « le croissant chiite ».

        Les régimes sunnites, dont l’Arabie Saoudite, et Israël auraient donc encouragé les Etats Unis à adopter une « nouvelle stratégie » au Moyen-Orient, stratégie qu’un membre de l’administration Bush, et donc de son vice président Dick Cheney, aurait expliqué en ses termes :

        « L’Administration [américaine] essaie de faire la démonstration que l’Iran est plus dangereux et provocateur que les insurgés sunnites [Etat Islamique en Irak] pour les intérêts américains en Irak, et ce alors qu’en regard du nombre réel de victimes – la punition infligée à l’Amérique par les sunnites [11 septembre, ndrl] est plus grande d’un ordre de grandeur […]
        Tout cela fait partie d’une campagne de mesures provocatrices visant à augmenter la pression sur l’Iran. L’idée étant qu’à un moment donné, les Iraniens répondront [à nos provocations, ndrl] et que l’Administration aura une porte ouverte pour les attaquer.  » Flynt Leverett

        https://www.newyorker.com/magazine/2007/03/05/the-redirection

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      • fanfan // 13.04.2018 à 08h19

        Israël continuera à frapper des cibles iraniennes sur le territoire syrien pour empêcher un renforcement des positions iraniennes dans le pays, a déclaré l’ambassadeur israélien à Moscou Harry Koren :
        https://fr.sputniknews.com/international/201804121035924801-syrie-israel-iran-frappes/

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        • Lusituationniste // 13.04.2018 à 10h59

          Ils sont bien gentils les Israéliens mais imaginons que cela soit la Syrie qui bombarde des postes dans le Golan par ex. que n’entendrions-nous comme cris d’orfraie ! Mais c’est que d’un côté il y a les gentils qui peuvent faire des choses méchantes mais peu importe ils sont gentils et de l’autre les méchants qui quoi qu’ils fassent resteront à jamais des méchants ! Manichéisme imbécile, porté pourtant par nos exécutifs corrompus.

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    • bluerider // 13.04.2018 à 00h12

      oui. lire infra : si il n’y est pas allé, c’est parce que le Congrès s’apprêtait à voter NON. Pas parce qu’il a eu le prix nobel. POUTINE, toujours lui, lui a évité la honte du siècle.

        +3

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  • bluerider // 13.04.2018 à 00h09

    la vraie raison du changement de décision d’Obama était qu’il demandait le soutien du Congrès, et que dans la foulée du refus de la chambre des communes britannique qui coupa l’herbe sous le pied de Cameron, le Congrès US s’apprêtait à voter NON. Or déclencher une guerre est un acte régalien. Donc il s’apprêtait à se faire désavouer sur une décision avant tout présidentielle. Autrement dit il mettait en péril sa légitimité même de Président. Entre Président, Poutine a tout de suite compris le péril, et a SAUVE Obama dans sa fonction présidentielle. Le Flamby de l’Elysée n’a plus eu qu’à téléphoner à la BA113 à Saint-Dizier pour leur dire de retourner se coucher. Il le regrette encore, sans doute aurait-il voulu déclencher une guerre mondiale, encore aujourd’hui à l’écouter mardi dernier devant Lapix sur FRANCE2. Quand on est Flamby, on le reste.
    https://www.francetvinfo.fr/monde/revolte-en-syrie/attaque-chimique-en-syrie/video-frappes-en-syrie-hollande-lache-par-cameron-et-obama_2224945.html

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  • JustVNR // 13.04.2018 à 03h47

    2013 : Aout : 21 : Une (seconde) attaque chimique est perpétrée en Syrie.

    « En mars 2013, la première attaque chimique a été commise par Al Nosra. L’enquête de l’O.N.U. conduite à Damas par Mokhtar Lamani l’a montré. » Georges Malbrunot – Journaliste

    2013 : Aout : 25 : Le ministre des affaires étrangères françaises Laurent Fabius, alors en visite à Jérusalem, déclare :

    « Le massacre chimique qui est intervenu en Syrie, et dont à l’évidence la responsabilité est celle du régime, ne peut pas être accepté. »

    2013 : Aout : 27 : Le président de la République française François Hollande déclare que « La France est prête à punir ceux qui ont pris la décision infâme de gazer des innocents » et que « tout porte à croire que c’est le régime syrien qui a commis cet acte abject qui le condamne définitivement aux yeux du monde ».

    La Turquie, l’Arabie saoudite, le Qatar, les Émirats arabes unis et le Koweït se déclarent favorables à une intervention militaire en Syrie.

    2013 : Aout : 31 : Barack Obama recule et annonce qu’il va finalement consulter le congrès américain concernant l’opportunité de mener une action militaire contre le régime syrien.

    2013 : Septembre : 06 : Alors qu’il était sur le point d’envoyer ses troupes en Syrie, François Hollande, lâché par Obama, se ravise et déclare qu’il attendra le rapport des inspecteurs de l’O.N.U. avant de déclencher une éventuelle opération militaire.

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    • JustVNR // 13.04.2018 à 03h48

      2013 : Septembre 09 : La Russie propose (sur les conseils d’Obama ?) de placer l’arsenal chimique syrien sous contrôle international (arsenal dont la France l’avait aidé à se doter quelques décennies plus tôt) puis d’opérer à sa destruction. Elle appelle aussi la Syrie à rejoindre l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (O.I.A.C.).

      2014 : Janvier 14 : Un rapport du Massachusetts Institute of Technology (M.I.T.) dément formellement les conclusions des rapports des services de renseignement américains et français concernant l’attaque chimique perpétrée le 21 aout 2013 en Syrie. Ce rapport indique, sans pour autant être en mesure de conclure quant à l’identité des auteurs de l’attaque, que contrairement à ce qu’affirmaient les rapports des services américains et français, ladite attaque n’a pu être perpétrée que depuis une zone contrôlée par les opposants au régime syrien..

      Le rapport d’expertise de l’O.N.U. ne s’était lui non plus pas prononcé quant aux auteurs présumés de l’attaque.

      http://www.lepoint.fr/monde/attaque-chimique-en-syrie-le-rapport-qui-derange-page-4-19-02-2014-1793755_24.php#xtatc=INT-500

      Le livre « Les chemins de Damas » révèlerait quelques mois plus tard que la présidence française avait forcé le corps diplomatique et les services secrets français à manipuler les rapports sur les armes chimiques et la réelle puissance du régime syrien.

        +4

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  • Guasilas // 15.04.2018 à 18h08

    Obama n’avait pas de mandat du congres. Il n’avait aucun mandat de l’ONU. Son espion en chef ne pouvait pas garantir que les gazages soient le fait du régime syrien. Ses allies quasi automatiques, les anglais avaient voté contre au parlement.
    En somme, la plus grande fierté d’Obama est d’avoir, malgré lui, respecté le droit.
    Ca en dit long sur l’état de pourriture de l’administration et de la politique américaine.

      +0

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