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29.avril.202029.4.2020 // Les Crises

Quels sont les points d’entrée du SRAS-CoV-2 lors d’une infection COVID-19 ?

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Coronavirus : des cellules seraient plus sensibles à l’infection

Source : Futura Sciences

Assez rapidement après l’identification du SARS-CoV-2, les données scientifiques ont permis d’établir que le virus entrait dans les cellules via le récepteur ACE2. Une recherche, qui a rassemblé des laboratoires du monde entier, vient de mettre en lumière les trois populations cellulaires les plus susceptibles d’être infectées.

Grâce à l’étude de la spike protéine qui hérisse le SARS-CoV-2, nous savons que le coronavirus se fixe sur le récepteur ACE2. Une deuxième enzyme cellulaire, TMPRSS2, participe à l’activation de la spike protéine et autorise alors le virus à entrer dans la cellule-cible.

Une étude, publiée dans la revue Cell et menée par des chercheurs d’Harvard, du MIT mais aussi de l’Inserm et du CNRS en France, a identifié précisément les populations cellulaires susceptibles d’être infectées dans le nez, les poumons et l’intestin.

Les trois populations cellulaires les plus vulnérables

L’étude est basée sur un jeu de données regroupant les ARN exprimés par différentes populations cellulaires construites dans différents organes avant l’épidémie de Covid-19. En identifiant les cellules exprimant les ARN issus de la transcription des gènes du récepteur ACE2 et de l’enzyme TMPRSS2, les chercheurs ont mis en lumière les cellules potentiellement infectables par le coronavirus.

Trois populations cellulaires expriment le plus les ARN des protéines ACE2 et TMPRSS2 :

L’effet inattendu des interférons sur le récepteur du virus

De plus, au fil de leurs expériences, les chercheurs ont mis le doigt sur un lien inattendu entre ACE2 et l’inflammation. En effet, l’expression du gène ACE2 est corrélée avec celle de gènes activés par les interférons. Pour en avoir le cœur net, les scientifiques ont stimulé des cellules tapissant les voies respiratoires avec de l’interféron. Ce traitement a activé l’expression du gène ACE2.

Les interférons sont des molécules de défense produites par les cellules lors d’une infection. Mais le coronavirus semblerait être capable de tourner ce mécanisme de défense à son avantage en entrant via un récepteur surexprimé en présence d’interférons.

« Ce n’est pas le seul exemple connu. Il y a d’autres coronavirus qui ciblent spécifiquement des gènes stimulés par les interférons comme porte d’entrée dans les cellules », explique Jose Ordovas-Montanes, le superviseur de cette étude affilié à Harvard, dans un communiqué de presse.

Les interférons sont aussi utilisés comme médicaments anti-infectieux. Par exemple, les hépatites C chroniques sont traitées par interférons alpha-2b. Mais, dans le cas du SARS-CoV-2 cela semble plus complexe : les interférons sont efficaces pour lutter contre les infections virales mais ils risqueraient aussi de multiplier les cellules-cibles pour le coronavirus. Comme pour toutes les pistes de traitement aujourd’hui explorées, celle-ci aussi nécessite des recherches poussées et rigoureuses.

Source : Futura Sciences


Quels sont les points d’entrée pour le SRAS-CoV-2 lors d’une infection COVID-19 ?

Source : Univ Côte-d’Azur

Deux types de cellules nasales ont été identifiés comme des points d’infection initiaux probables pour le nouveau coronavirus qui cause le COVID-19. À l’aide des données de l’atlas des cellules humaines, les scientifiques ont découvert que les cellules caliciformes et multiciliées du nez exprimaient des niveaux élevés des protéines d’entrée que le SRAS-CoV-2 utilise pour pénétrer dans nos cellules. L’identification de ces cellules par des chercheurs de l’Institut Sanger, du Centre médical universitaire de Groningue, de l’Institut de Pharmacologie Moléculaire et Cellulaire et du Centre Hospitalier Universitaire de Nice et de leurs collaborateurs, dans le cadre du Réseau Poumon du consortium HCA (Human Cell Atlas), pourrait aider à expliquer le taux de transmission élevé de SRAS-CoV-2.

Rapportée le 23 avril dans Nature Medicine, cette première publication issue du « Lung Biological Network » s’intègre dans un effort international exploitant les données de l’Atlas des cellules humaines pour mieux comprendre les infections et les maladies humaines. Il montre en outre que les cellules de l’œil et de certains autres organes tels que le système digestif ou le cœur contiennent également les protéines d’entrée virale. L’étude révèle également comment une protéine d’entrée clé est régulée avec d’autres gènes du système immunitaire, fournissant des cibles potentielles pour le développement de traitements susceptibles de réduire la transmission.

La nouvelle maladie liée aux coronavirus – COVID-19 – affecte principalement les poumons et les voies respiratoires. Les symptômes du patient peuvent être pseudo-grippaux, avec de la fièvre, de la toux et des maux de gorge. Certaines personnes peuvent ne ressentir aucun symptôme tout en ayant la capacité de transmettre le virus. Dans les plus mauvaises situations, le virus provoque une pneumonie qui peut finalement entraîner la mort. On pense que le virus se propage par le biais de gouttelettes respiratoires produites lorsqu’une personne infectée tousse ou éternue, et semble se transmettre facilement dans les zones touchées. A ce jour (18 avril 2020), on estime que le virus s’est propagé dans plus de 185 pays et a fait plus de 182 000 morts *.

Identifier les types de cellules impliqués dans l’infection

Les scientifiques du monde entier tentent de comprendre exactement comment fonctionne le virus, pour aider à prévenir la transmission et développer un vaccin. Bien qu’il soit connu que le virus qui cause la maladie COVID-19, connu sous le nom de SRAS-CoV-2, utilise un mécanisme similaire ** d’infection qu’un coronavirus apparenté qui provoqua l’épidémie de SRAS de 2003, les types cellulaires exacts qui étaient impliqués lors de l’infection nasale n’avaient pas été localisés précisément.

Pour découvrir quelles cellules pourraient être impliquées dans COVID-19, les chercheurs ont analysé plusieurs ensembles de données du consortium Human Cell Atlas (HCA), provenant de plus de 20 tissus différents de personnes non infectées, sur lesquelles ont été appliquées des méthodes expérimentales sophistiquées permettant la mesure en parallèle de tous les gènes exprimés dans des milliers de cellules. Il s’agissait notamment de cellules du poumon, de la cavité nasale, des yeux, des intestins, du cœur, des reins et du foie. Les chercheurs ont recherché quelles cellules individuelles exprimaient les deux protéines d’entrée clés utilisées par le virus COVID-19 pour infecter nos cellules.

Le Dr Waradon Sungnak, du Wellcome Sanger Institute et premier auteur de l’article, a déclaré: «Nous avons constaté que la protéine réceptrice – ACE2 – et la protéase TMPRSS2 qui peuvent activer l’entrée du SRAS-CoV-2 sont exprimées dans les cellules de différents organes, y compris certaines cellules sur la paroi interne du nez. Nous avons ensuite révélé que les cellules caliciformes productrices de mucus et les cellules multiciliées du nez exprimaient les niveaux les plus élevés de ces deux molécules, impliquées dans l’entrée du virus COVID-19, par rapport à toutes les cellules des voies respiratoires. Cela fait de ces cellules la voie d’infection initiale la plus probable pour le virus. »

Les cellules du nez sont très accessibles au virus

Le Dr Martijn Nawijn, du University Medical Center Groningen aux Pays-Bas a déclaré au nom du HCA Lung Biological Network: « C’est la première fois que ces cellules particulières du nez sont associées à COVID-19. Bien que de nombreux facteurs contribuent à la transmissibilité du virus, nos résultats concordent avec les taux d’infection rapide du virus observés jusqu’à présent. L’emplacement de ces cellules à l’intérieur de la cavité nasale les rend très accessibles au virus et peut rendre compte de la transmission importante à d’autres personnes. »

ACE2 et TMPRSS2 ont également été trouvées dans les cellules de la cornée de l’œil, suggérant une autre voie d’infection possible via les yeux et les glandes lacrymales. De même, leur présence dans la muqueuse de l’intestin peut également révéler une potentiel transmission fécale-orale.

Lorsque des cellules sont endommagées ou luttent contre une infection, divers gènes de la réponse immunitaire sont activés. L’étude a montré que la production d’ACE2 dans les cellules du nez est probablement activée en même temps que ces autres gènes immunitaires.

Des résultats auxquels ont contribué une équipe de chercheurs et de cliniciens niçois à travers la constitution d’un atlas des voies aériennes

La pandémie actuelle liée au COVID-19 n’est pas la seule pathologie à menacer nos voies respiratoires. Les incidences de pathologies comme les bronchopneumopathies obstructives, les maladies allergiques, l’asthme ou la fibrose pulmonaire augmentent régulièrement et sont des causes majeures de mortalité à l’échelle mondiale. C’est avec ces problématiques en tête que les équipes niçoises de Pascal Barbry (UCA CNRS) et Sylvie Leroy (CHU Nice) ont mis en place une cartographie systématique des gènes exprimés dans toutes les cellules présentes aux différents niveaux des voies aériennes, qu’ils ont prélevé chez des volontaires sains lors d’un geste médical courant : la bronchoscopie. « Nous avons ainsi pu analyser près de 100 000 cellules individuelles à partir des prélèvements recueillis. Cela nous a permis de constituer une gigantesque base de données à partir de laquelle il devenait possible de rechercher un ou plusieurs gènes particuliers », explique le Dr Pascal Barbry, de l’Institut de Pharmacologie Moléculaire et Cellulaire de Sophia Antipolis, qui est également un des 4 coordinateurs du HCA Lung Biological Network. « A partir de cette étude initiale, il devenait possible d’identifier les cellules cibles du virus dans les voies aériennes, pour fournir ainsi une base rationnelle pour comprendre les mécanismes de dommages et orienter les choix de traitement. »

« Nos études ont été croisées avec celles d’une vingtaine de groupes collaborateurs au sein du consortium Human Cell Atlas, ce qui nous a permis de rechercher un contexte cellulaire exact à la maladie. Dans le cas de COVID-19, le fait de connaître les cellules qui servent de portes d’entrée aux virus nous aide à réfléchir aux raisons pour lesquelles un virus peut être facilement transmis entre les personnes. Ce premier travail permet d’orienter les chercheurs vers les bonnes cellules et les tissus importants à étudier», a déclaré le Docteur Sylvie Leroy (CHU Nice).

Utiliser l’Atlas des cellules humaines pour comprendre COVID-19

Le travail a donc été réalisé dans le cadre du consortium mondial Human Cell Atlas qui vise à créer des cartes de référence de toutes les cellules humaines pour mieux comprendre la santé humaine et le développement des maladies. Plus de 1 600 personnes dans 70 pays sont impliquées dans la communauté HCA, et les données sont rendues librement accessibles aux scientifiques du monde entier.

Le Dr Sarah Teichmann, auteur principal du Wellcome Sanger Institute et co-directrice du comité d’organisation du HCA, a déclaré: « Alors que nous construisons l’Atlas des cellules humaines, il est déjà utilisé pour comprendre COVID-19 et identifier lesquelles de nos cellules sont essentielles pour l’infection et la transmission initiales. Ces informations peuvent être utilisées pour mieux comprendre comment se propage le coronavirus. Savoir quels types de cellules exacts est important pour la transmission du virus fournit également une base pour développer des traitements potentiels pour réduire la propagation du virus. »

Le réseau « HCA Lung Biological Network » continue d’analyser les données afin de fournir des informations supplémentaires sur les cellules et les cibles susceptibles d’être impliquées dans COVID-19, et de les relier aux caractéristiques des patients.

Le professeur Sir Jeremy Farrar, directeur du Wellcome Trust, a déclaré: « En identifiant les caractéristiques exactes de chaque type de cellule, Human Cell Atlas aide les scientifiques à diagnostiquer, surveiller et traiter les maladies, y compris le COVID-19, d’une toute nouvelle manière. Les chercheurs du monde entier travaillent à un rythme sans précédent pour approfondir notre compréhension de COVID-19, et cette nouvelle recherche en est la preuve. Collaborer au-delà des frontières et partager ouvertement la recherche est essentiel pour développer rapidement des diagnostics, des traitements et des vaccins efficaces, garantissant qu’aucun pays n’est laissé pour compte. »

Le travail de l’équipe niçoise, composée de Christophe Bécavin, Laure-Emmaunuelle Zaragosi, Sylvie Leroy et Pascal Barbry, a notamment été soutenu par le Fondation Chan Zuckerberg, la Commission de l’Union européenne, la Fondation pour la Recherche Médicale, l’Agence Nationale de la Recherche et le Conseil Départemental CD06. La liste complète des bailleurs de fonds est fournie dans l’article.

Notes

Incidence du COVID-19: https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/infection-a-coronavirus/articles/infection-au-nouveau-coronavirus-sars-cov-2-covid-19-france-et-monde#block-242818

*https://gisanddata.maps.arcgis.com/apps/opsdashboard/index.html#/bda7594740fd40299423467b48e9ecf6

** Le mécanisme moléculaire d’entrée de COVID-19 se fait par la combinaison d’une serrure (le récepteur ACE2, à la surface de la cellule humaine infectée) et d’une clé, correspondant à une protéine exprimée à la surface du virus. Zhou et al 2020 Nature ont démontré que le COVID-19 utilise le même récepteur d’entrée cellulaire – l’enzyme de conversion de l’angiotensine II (ACE2) – que le CoV-SAR. Le virus utilise également une seconde protéine à l’intérieur de la cellule – la protéase TMPRSS2 – pour terminer son entrée et permettre au virus de se multiplier et de se propager.

Source : Univ Côte-d’Azur

 

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3 réactions et commentaires

  • Narm // 29.04.2020 à 09h30

    quid des yeux ?
    donc en fait il vaudrait mieux respirer par la bouche ?
    et ne pas se grater le nez avec les main.

    l’ingestion par la bouche du virus apporte une contamination ?
    je croyais que les poumons étaient directement infectés

      +0

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  • pseudo // 29.04.2020 à 10h14

    je vous invite à suivre le travail du dr chris martenson de la chaine peak prosperity, épidémiologiste (il me semble) de formation.

    Ils expliquaient tout cela il y a un moment déjà, et hier, ils nous parlaient des différentes réponses immunitaires possible, à savoir la réponse humoral et cellulaire, en signalant que l’un était plus prévalent chez les vieux que chez les jeunes.

    Il est pour moi une source d’information irremplaçable car non content de pouvoir traiter les aspects médicaux et épidémique de cette crise, il sait aussi traiter les aspects économique. Hors tout est lié et ses capacités sont un atout puissant pour prévoir (car en bon enfant, malgré lui, du néolibéralisme, JE me gouverne ?).

      +3

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  • Arnaca // 30.04.2020 à 19h00

    D’où l’idée en cours, de vérifier l’influence sur le COVID-19 des sartans, effectifs contre l’hypertension par blocage des récepteurs AtR2, mais dont on ne sait pas si, en retour, ils pourraient en augmenter l’expression cellulaire.

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