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10.février.202210.2.2022 // Les Crises

Sanctions : Le projet de loi des Démocrates contre la Russie pourrait conduire à un désastre diplomatique

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Punir et humilier Moscou ne fera rien pour réduire les tensions ou encourager les compromis nécessaires afin d’éviter la guerre.

Source : Responsible Statecraft, Marcus Stanley
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Le représentant Gregory Meeks et le sénateur Robert Menendez (Shutterstock/Lev Radin)

Une invasion russe de l’Ukraine risque d’entraîner une escalade militaire désastreuse entre deux puissances nucléaires, et aurait immédiatement des conséquences graves pour la sécurité européenne et le peuple ukrainien.

Il est crucial d’éviter ce scénario catastrophique par la diplomatie si possible, et de gérer ce qui pourrait devenir une escalade galopante si la Russie intensifie son agression. Mais les partisans de la ligne dure à Washington s’efforcent de réduire la marge de manœuvre pour une solution négociée et une gestion efficace de la crise en Ukraine. Une partie de cet effort est rhétorique et se déroule dans la presse, comme dans la tempête de critiques de l’intérieur qui s’est abattue après que le président Biden a fait remarquer, de manière raisonnable, que les réponses américaines devaient être proportionnelles à la provocation russe.

Mais l’effort visant à réduire le champ d’action de la diplomatie se manifeste également dans la légifération du Congrès. Un projet de loi présenté au Sénat par le sénateur démocrate Bob Menendez, président de la commission des Affaires étrangères, et à la Chambre des représentants par le président démocrate Gregory Meeks, président de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, pousserait l’administration Biden dans une direction encore plus belliqueuse. Le projet débute par un préambule indiquant que l’administration « ne devrait pas céder aux demandes de la Fédération russe concernant l’intégration ou l’expansion de l’Otan. » Pris au pied de la lettre, ce texte priverait les négociateurs de la possibilité d’aborder les principales exigences de Moscou, notamment l’interdiction pour l’Ukraine de devenir membre de l’OTAN.

Comme l’a souligné le journaliste Fred Kaplan, et comme peu de commentateurs sérieux le contestent, il existe une multitude de raisons pratiques pour lesquelles l’Ukraine ne rejoindra probablement pas l’OTAN avant longtemps, voire jamais. Tout d’abord, elle est loin de satisfaire aux normes d’adhésion. Deuxièmement, l’adhésion à l’OTAN exige un engagement de tous les membres envers une alliance militaire. Compte tenu du conflit avec la Russie, il est également difficile de voir les membres de l’alliance prendre cet engagement – notamment, les États-Unis eux-mêmes n’ont montré aucune volonté d’engager l’armée américaine pour combattre en Ukraine. Essayer d’éliminer la flexibilité concernant l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN coupe donc les voies d’un compromis qui n’impliquerait aucun sacrifice tangible au-delà du symbolique mais pourrait éviter la guerre.

Cette déclaration initiale est une « conclusion du Congrès » qui n’a pas force de loi et peut techniquement être ignorée par l’administration, bien qu’un vote en faveur de son affirmation puisse réduire considérablement l’espace politique de négociation. Mais d’autres parties du projet de loi sont juridiquement contraignantes. La plus notable est le titre 3, qui énonce les sanctions économiques à imposer à la Russie et les éléments déclencheurs de ces sanctions. Les sanctions visent les banques russes, les entreprises publiques, la dette publique, les entreprises énergétiques et le gazoduc Nordstream, ainsi que de nombreux membres du gouvernement et de l’armée. Compte tenu de la taille et de l’importance économique de la Russie, il s’agit des sanctions économiques les plus importantes que les États-Unis aient tenté de déployer depuis que l’économie mondiale de l’après-Guerre froide a pris forme.

Le problème, c’est que le projet de loi exige que l’ensemble des sanctions soient appliquées selon le principe du « tout ou rien », ce qui est extrêmement difficile à inverser, et ne tient qu’à un fil. Cela réduit considérablement la possibilité de les aligner sur la nature de la provocation russe et d’utiliser la levée des sanctions comme une incitation à améliorer le comportement de la Russie.

Le projet de loi exige que l’ensemble des sanctions soit déclenché si l’administration constate que « la Russie est engagée dans une escalade significative des hostilités ou des actions hostiles en Ukraine ou contre l’Ukraine » et que « cette escalade a pour but ou pour effet de saper, de renverser ou de démanteler le gouvernement de l’Ukraine… ou d’interférer avec la souveraineté ou l’intégrité territoriale de l’Ukraine. »

L’ensemble des sanctions pourrait donc être déclenché par des actions bien en deçà d’une invasion ou d’une occupation russe, pour autant que ces actions semblent « miner » le gouvernement de l’Ukraine ou porter atteinte de quelque manière que ce soit à sa souveraineté. Une cyber-attaque ou peut-être même une émission de propagande à destination de l’Ukraine pourraient être interprétées comme répondant aux exigences de cette conclusion.

Une fois que ces sanctions sont déclenchées, le projet de loi les rend extrêmement difficiles à lever. Pour mettre fin aux sanctions, la législation exige que la Russie conclue un accord officiel avec le gouvernement ukrainien. L’Ukraine se verrait effectivement accorder un droit de veto total sur la levée des sanctions une fois celles-ci imposées. Mettre l’Ukraine aux commandes réduirait considérablement la capacité des États-Unis à calibrer les sanctions en réponse aux actions de la Russie. Ainsi, une fois les sanctions déclenchées et verrouillées, la Russie pourrait être peu incitée à s’abstenir de toute nouvelle escalade.

Certaines mesures visant des Russes individuellement pourraient également être contre-productives. Les sanctions visent un large éventail de responsables gouvernementaux et de commandants militaires russes, confisquant leur fortune et tentant de les rendre persona non grata dans le système financier mondial. Pourtant, ce sont ces fonctionnaires qui se trouveront à la table des négociations ou sur un champ de bataille potentiel. Le fait de cibler ces personnes ne facilitera pas une solution diplomatique ou la gestion d’une éventuelle escalade.

D’autres aspects du projet de loi suscitent également des inquiétudes. La législation accorderait au moins 500 millions de dollars d’assistance militaire étrangère à l’Ukraine, en plus des 200 millions de dollars de nouvelle assistance envoyés au cours du mois dernier. Cela fait de l’Ukraine le troisième bénéficiaire de l’aide militaire américaine dans le monde, après Israël et l’Égypte. Bien que cette aide soit loin de donner à l’Ukraine la capacité de combattre la Russie par elle-même, elle pourrait être accompagnée de conseillers militaires américains qui augmenteraient le risque que les États-Unis soient entraînés dans un conflit. Le projet de loi prend également des mesures pour impliquer directement les pays limitrophes de la Russie dans les négociations pour mettre fin à la crise, ce qui rendrait beaucoup plus difficile la conclusion d’un accord.

L’objectif de la législation, qui consiste à s’opposer à l’agression russe en Ukraine, est louable. Mais on ne sent dans cette législation aucune volonté de travailler à un accord basé sur un compromis avec les préoccupations russes. Au contraire, il y a une hypothèse omniprésente selon laquelle les États-Unis peuvent simplement imposer leur volonté à la Russie, malgré le fait que la législation ne prévoit pas l’engagement massif de troupes américaines qui serait nécessaire pour y parvenir. Plutôt que de jeter les bases d’une solution diplomatique, le projet de loi semble viser à réduire radicalement l’espace de la diplomatie. Une diplomatie efficace exige de trouver des compromis permettant de sauver la face pour éviter d’humilier l’une ou l’autre des parties. Le projet de loi donne plutôt l’impression que de nombreux membres du Congrès veulent infliger une défaite humiliante et ouverte à la Russie. Sans la volonté de mener la plus grande guerre depuis la Seconde Guerre mondiale, ce n’est pas réaliste.

Cette année marque le 60e anniversaire de la crise des missiles de Cuba, une impasse américano-russe qui menaçait d’une guerre nucléaire mondiale. La principale leçon à tirer de cette crise est l’importance de la flexibilité pour trouver une solution pacifique au conflit entre superpuissances. Nous savons maintenant que la concession faite par le président Kennedy en retirant les missiles américains de Turquie, une concession si controversée qu’elle a été gardée secrète pendant des décennies, a été essentielle pour parvenir à une résolution pacifique de la crise.

La crise ukrainienne n’est, heureusement, pas encore aussi grave que celle-là. Mais le même type de flexibilité et de souplesse diplomatique sera nécessaire pour la gérer. En adoptant une législation qui restreindrait considérablement cette flexibilité, le Congrès irait dans la mauvaise direction et augmenterait le risque que la crise actuelle tourne à la catastrophe.

Source : Responsible Statecraft, Marcus Stanley, 26-01-2022
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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pucciarelli alain // 10.02.2022 à 08h37

L' »agression russe » contre l’Ukraine fait partie de l’argumentaire des diplomaties occidentales et notamment US, mais n’est en rien prouvée sur le terrain. Du reste, la Russie peut déplacer ses troupes à sa guise sur son territoire, cela ne regarde qu’elle. Il est extraordinaire de constater à quel point l’OTAN ne cesse de provoquer tout en prétendant être sur la défensive. Faudra-t-il donc des morts et des destructions pour stopper la folie guerrière des États Unis et de leurs vassaux, dont la France?

31 réactions et commentaires

  • Fabrice // 10.02.2022 à 07h12

    Il serait intéressant de voir si un média diffusait les informations sur la main mise des neonazis en Ukraine comment reagiraient les politiques face à l’empressement à vouloir soutenir à tout prix surtout si les américains commençaient à demander des comptes.

    Mais ne rêvons pas Olivier ici à tenté maintes fois et peu ont relevés si ce n’est les defakeurs autoproclamés de service qui ont joués aux pompiers pyromanes mais bon un petit exemple du travail fourni par Olivier :

    https://www.les-crises.fr/u37-du-snpu-a-svoboda/

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    • vl̩tava // 10.02.2022 à 10h36

      UKRAINE : GUERRE IMMINENTE ? – MICHEL COLLON ANALYSE LE DESSOUS DES CARTES – MICHEL MIDI
      38 339 vues1 févr. 2022
      https://youtu.be/ljW-uUFQgE0

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      • Fabrice // 10.02.2022 à 17h27

        merci oui effectivement on voit aussi que des youtubeurs suivent les informations diffusés par Olivier mais cela ne suffira pas contre le « storytelling » en place https://youtu.be/nQcuVuRj6Tw vers 12mn35

          +4

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  • pucciarelli alain // 10.02.2022 à 08h37

    L' »agression russe » contre l’Ukraine fait partie de l’argumentaire des diplomaties occidentales et notamment US, mais n’est en rien prouvée sur le terrain. Du reste, la Russie peut déplacer ses troupes à sa guise sur son territoire, cela ne regarde qu’elle. Il est extraordinaire de constater à quel point l’OTAN ne cesse de provoquer tout en prétendant être sur la défensive. Faudra-t-il donc des morts et des destructions pour stopper la folie guerrière des États Unis et de leurs vassaux, dont la France?

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    • egdltp // 10.02.2022 à 14h28

      Le soutien documenté aux séparatistes du Dombass et la reprise de la Crimée ne sont pas pour vous des « agressions » ?
      Que les politiques ukrainiens n’aient pas su gérer correctement la tension entre penchant occidental ou oriental qui tiraillent le pays depuis toujours est aussi un fait mais cela mérite t il une guerre mondiale ?
      Que les politiques occidentaux aient perdus l’habitude de négocier et de chercher à comprendre l’adversaire est aussi un fait depuis la « victoire » de 1989 et la fin de l’Union Soviétique comme système. La Russie a toujours existé.
      Sachons reconnaitre quand les participants sont de bonne fois ou avancent avec des pensées cachées.

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      • Moussars // 10.02.2022 à 17h19

        Très cher, comment appelez-vous alors les interventions des amerloques, au hasard, à La Grenade, à Cuba (tentative d’envahissement + blocus depuis 60 ans + les 60 ou 80 tentatives d’assassinat sur Castro), en Iraq, au Kosovo… le plus souvent à des milliers de km, et jamais à ses frontières, et toujours sans l’aval de l’ONU…
        [modéré]
        Je serai russe, je placerai les dernières armes hypersoniques à Ouelen, au Venezuela et ailleurs encore… En attendant le Mexique.
        Ils ne comprennent que ça ceux qui sont les plus grands criminels d’étrangers de l’histoire !

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      • JEAN DUCHENE // 10.02.2022 à 19h32

        pas plus que l’encouragement au séparatisme du Kosovo par les américains.

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  • Mugronhaurietnerbis // 10.02.2022 à 08h41

    Je trouve dommage que « Les crises » sur cette question des menaces de guerre, ne donnent que des points de vue venus des Etats unis d’Amériques, même critiques.
    Rien en provenance de Russie, pourtant les points de vue officiels russes, mais aussi les textes fondamentaux et les positions du parti communiste de la fédération de Russie KPRF (qui est, n’en déplaise à la vision habituelle de l’Occident, la plus grande force d’opposition au pouvoir de Russie unie), les textes des habitants du Donbass, les articles divers de la presse russe, donneraient un autre point de vue, ouvriraient une analyse autrement plus éclairante que bien des articles certes intéressants mais qui reposent tous sur les mêmes prémisses.
    Car des prémisses suivent la possibilité de la valeur d’un raisonnement « ex falso sequitur quod libet » (du faux on peut déduire aussi bien le vrai que le faux,c’est-à-dire n’importe quoi).
    Une crise c’est l’absence de critères permettant de conclure, il faudrait poser tous les points de vue pour « éclairer » la crise.

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    • Gaspard des Montagnes // 10.02.2022 à 09h26

      Ben non… Le point de vue de la Russie est bien présent comme ici dans la revue de presse (Point Géopolitique) de la semaine passée :
      https://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-06-02-2022/
      Sous le titre  » pas d’avancée après l’appel entre Lavrov et Blinken, mais une volonté de poursuivre le dialogue  »
      Il s’agit d’un article de Russia Today … la chaine du même nom vient d’être interdite en Allemagne ce week-end, ce qui est pour le coup un vrai label d’authenticité russophile !

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      • Dorian // 10.02.2022 à 09h57

        Oui, revue de presse, pas article publié. Et un de RT, pas forcément Russe pour 10 vrais anglo-saxons.

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        • Gaspard des montagnes // 10.02.2022 à 11h03

          Pas fait le décompte précis, mais on note qu’il s’agit le plus souvent de sites alternatifs, notamment Consortium News qui ne représentent pas le courant Mainstream aux US.
          Mais avez-vous repéré d’autres sites russes que RT en anglais présentant des articles susceptibles d’être traduit ?

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      • Mugronhaurietnerbis // 10.02.2022 à 11h33

        Je ne parlais pas d’articles « Russophiles » de RT., mais d’articles divers où l’on peut voir les (au pluriel) opinions des Russes, des Ukrainiens aussi et en particulier des russophones.
        La Russie n’est pas monolithique, les luttes idéologiques, les troubles sociaux existent,le soutien aussi aux dirigeants, les opinions sont diverses et elles sont disponibles pour qui les cherche.
        On a l’impression qu’il y a ici un pays dictatorial soumis à un dirigeant et au mieux un peuple de soumis qui ne réfléchissent pas à la guerre et à la paix et un peuple de l’autre côté des mers qui lui est capable d’interroger son gouvernement dans la plus parfaite vision démocratique.
        Mais les textes théoriques ou récit des expériences, des interrogations, manifestation des peurs et des réflexions existent et sont disponibles tant en Russie qu’en Ukraine pour qui cherche à comprendre afin d’éviter la guerre.

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  • Louis // 10.02.2022 à 09h00

    Hier, au fil de mes balades dans une ville chargée d’histoire je suis tombé sur une stèle commémorative représentant un joli canon en bronze ouvragé et une plaque à la mémoire de ces quelque 20000 Russe avec leurs officiers qui débarquèrent à Brest et Toulon en 1916 pour lutter au coté des Français contre l’ennemi commun, 8000 furent tués ou blessés. Je trouve que notre culture est proche du peuple Russe et que nous devrions trouver un terrain d’entente. A titre de réflexion Talleyrand un expert du genre, disait que les guerres ont toujours de causes cachées..

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    • Karine // 15.02.2022 à 22h26

      l’histoire est réécrite contre les russes de façon scandaleuse, comme lorsqu’on « oublie » d’inviter les russes sur les commémorations de la 2nde guerre mondiale, mais pas que… Mon grand-père, prisonnier en Pologne, a été libéré par les soviétiques et ma grand-mère se souvenait très bien du débarquement en Provence, de la gentillesse des britanniques, etc… maintenant, on a l’impression que l’Europe était bloquée jusqu’à l’arrivée des américains.
      On voit qui écrit la nouvelle histoire, et pas seulement au détriment des russes, cela devrait nous inquiéter d’avantage.

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  • vl̩tava // 10.02.2022 à 10h53

    https://russiepolitics.blogspot.com/2022/02/le-reportage-choc-de-tf1-sur-le-donbass.html?
    Jeudi 10 février 2022
    Le reportage choc de TF1 sur le Donbass fait sortir l’Ukraine de ses gons
    TF1 a réalisé un reportage sur le Donbass, étonnant pour le paysage audiovisuel français, totalement à contre-courant de la ligne politico-médiatique officielle. L’Ukraine n’a pas particulièrement apprécié la chose et, selon des sources russophones, l’ambassade d’Ukraine aurait téléphoné à TF1 pour le faire savoir. Nous vivons une époque merveilleuse …

    Au JT du 7 février, les téléspectateurs français ont dû avoir un choc : cela fait des années qu’on leur explique que l’agression vient du Donbass, que là-bas vivent des militaires russes, etc. Or, le reportage montre des gens, civils, de tout âge, fatigués par les bombardements de l’armée ukrainienne, montre des maisons détruites par les bombardements de l’armée ukrainienne, montre une population plus victime que bourreau.
    Si vous ne l’avez pas vu, regardez ici ce reportage . Il va en sens inverse de l’opération de démonisation des habitants du Donbass, dits « occupés » par la Russie quand ils ne sont pas soi-disant des militaires russes. Or, l’on y voit des civils interrogés par la journaliste et lui répondant naturellement en russe
    https://www.tf1.fr/tf1/jt-20h/videos/au-coeur-du-donbass-rencontre-avec-les-separatistes-pro-russes-87730161.html

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    • Mugronhaurietnerbis // 10.02.2022 à 12h04

      Le site de Karine Béchet Golovko, professeur de Droit est une mine d’informations en Français sur la Russie.Site donné en lien par « Vltava » au dessus.
      Les opinions personnelles de Mme Golovko ne doivent pas être les mêmes ,si j’ai bien compris, que celle de Danielle Bleitrach sur son site Histoire et Société, qui transmet plein de textes de journaux (d’opinions diverses) et de textes de dirigeants communistes traduits par Marianne Dunlop, ce sont des textes qui parlent de la vie des gens, de ce qu’ils voient, mais aussi des textes politiques. Ce sont des tests souvent fondamentaux et importants.
      Si on lit le russe ,lire les commentaires des lecteurs de journaux donne aussi pas mal d’informations sur le ressenti et les analyses des Russes et des Ukrainiens.
      Pour un grand nombre de Russe et d’Ukrainiens il s’agirait d’une guerre entre frères, la plupart recherche la paix et dans cette crise, c’est la recherche de la paix des conditions durables de la paix que nous devrions tous avoir en tête.
      Il y a urgence, Loin des fanfaronnades des campagnes électorales, pour nous tous citoyens.

        +13

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    • Moussars // 10.02.2022 à 17h38

      Il suffit de compter la réparation des 14000 morts, tant militaires que civils. Y’a pas photo.
      Comment l’expliquer, le justifier ?
      Pas besoin : personne n’a publié les nombres de morts de chaque côté. Pire, certains laissent entendre que ce serait du côté kievien qu’il y aurait le plus de morts alors que le rapport est plus près de 1 à 20 au désavantage des russophones, surtout depuis la fin « officielle » des combats.

        +4

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    • Erick // 10.02.2022 à 17h43

      A un moment, la France et l’Allemagne vont sans doute mettre le deal sur la table: on vous verse nos euros (sans ça, vous allez vous effondrer économiquement) mais vous vous calmez avec les Russes, y compris les populations russophones en Ukraine.
      Il faut bien préparer le bon peuple à ce revirement, et donc TF1 (les « séparatistes » sont de bons bougres finalement)

      Au rythme actuel, je me demande si l’Allemagne ne va pas finir par rejoindre le camps Russie + Chine dans quelques années, et laisser les autres pays euro-nouilles bouche bée !

        +5

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  • RGT // 10.02.2022 à 10h54

    À mon humble avis (ce n’est que mon avis qui ne vaut pas mieux que celui de quiconque), les russes n’ont SURTOUT PAS envie d’envahir l’Ukraine et de s’enfoncer dans un bourbier similaire à celui de l’Afghanistan dans les années 70.
    Ils ne souhaitent qu’une seule chose : Que leur territoire soit à l’abri de toute agression extérieure (agressions qui n’ont pas manqué depuis que ce pays existe ne l’oublions pas).

    Désormais, avec le conflit larvé dans le Donbass ils ont l’assurance que l’Ukraine ne rejoindra pas « volontairement » l’OTAN (comme la Géorgie d’ailleurs) car les statuts de l’OTAN interdisent strictement à un pays en guerre de rejoindre cette « organisation salvatrice de la liberté ».

    Les russes attendent patiemment que le fruit tombe tout seul, que ce pays (artificiel ne l’oublions pas) implose sous l’effet de ses nombreuses dissensions internes et des luttes entre oligarques qui finiront (à plus ou moins longue échéance) par entraîner la partition de ce pays entre les zones russophones et les autres.
    Et à ce moment là, un état russophone « associé » à la Russie naîtra et les russes auront un tampon pour sanctuariser leur territoire.

    Et si ça ne se produit pas, la situation actuelle leur conviendra tout à fait, il leur suffira d’apporter juste le soutien suffisant pour que les zones russophones se défendent sans pour autant obtenir un avantage leur permettant d’aller envahir le reste du pays…

    Les russes ne veulent surtout pas annexer l’Ukraine… Avec tous les excités néo-nazis qui habitent d’ouest de ce pays ce serait une énorme bêtise.

    De toutes façons, si la situation perdure les occidentaux finiront par abandonner la partie car ça leur coûtera très cher sans qu’ils n’en retirent le moindre avantage et les russes auront atteint leur objectif :

    Qu’on leur foute la paix

      +19

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    • Fernet Branca // 10.02.2022 à 22h07

      Une incursion russe en Ukraine n’aurait rien à voir avec un enlisement comme en Afghanistan. L’Afghanistan a été un problème pour l’armée russe et pour l’armée occidentale car un bonne partie du pays est très montagneux , après en Afghanistan les soutiens des occidentaux étaient des seigneurs de la guerre , autrement dit des mafieux détournant toutes les sommes versées.
      Le gouvernement et l’armée russes connaissent beaucoup mieux le terrain en Ukraine et ce ne sont BHL et Marek Halter qui iront arrêter les Russian Bataillon Tactical Groups.

        +3

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  • Alain // 10.02.2022 à 12h14

    Analyse par le petit bout de la lorgnette. Les USA n’ont qu’un seul objectif: rester la nation exceptionnelle ayant reçu la mission divine de diriger la planète. Elle ne peut plus rester au sommet de la pyramide économique en progressant (paradoxalement à cause de son complexe militaro-industriel qui gaspille les ressources qui seraient nécessaires pour y arriver), il faut donc rabattre les autres. Avec de telles sanctions ils espèrent ruiner la Russie mais aussi l’Europe, et dans un deuxième temps réduire l’économie chinoise qui perdrait ses clients ruinés. le pire est que cela est possible grâce à la coopération des victimes européennes!

    L’Europe se gave « d’Europe puissance » mais tant que l’OTAN existera, elle n’aura même pas la puissance du Zimbabwe

      +20

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    • Louis // 11.02.2022 à 09h30

      Désormais, le centre du monde c’est déplacé en Asie et il serait temps que nous pays occidentaux, les civilisés, le comprenne.

        +2

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  • giova. // 10.02.2022 à 13h20

    Le phantasme du nouvel ordre mondial est et restera toujours un phantasme .
    La Russie ne courbera l’échine face à cette organisation internationale criminelle .
    Tout stratagème gravitant autour du mensonges et de la propagande occidentale seduira toujours les faibles d’esprits.

      +8

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  • Saïd Herta // 10.02.2022 à 14h00

    Je me suis un poil intéressé à la situation économique de l’Ukraine. En deux mots : c’est moche. Plus d’une personne sur deux sous le seuil de pauvreté local, des salaires qui stagnent depuis 2000, un taux du 10ans entre 15 et 18% avec relativement peu de dettes mais qui montent. Leur PIB brut est complètement illisible ; le truc fait du yoyo.
    Par contre , suite à la plandémie , il y a un fait nouveau : de l’insécurité alimentaire. Surtout à cause de la hausse mondiale des prix des matières premières agricoles mais aussi avec la libéralisation des ventes des terres agricoles du gouvernement actuel qui étaient très contrôlés jusqu’alors.
    On se souvient tous des causes des « printemps arabes », donc il se pourrait que la stabilité politique du pays rencontre « des circonstances favorable à un arrêt prématuré »… dont la cause ne serait pas une des fondations de la CIA ou du FSB ce coup-ci. Enfin on est bien placés pour savoir que les révolutions n’empêchent pas toujours les guerres… mais si ça peut permettre aux peuples locaux de disposer d’eux mêmes sans s’en manger plein la tronche, on aura au moins un peu respecté les chartes de l’ONU … à l’insu de notre plein grès bien sur.

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    • Candievans // 12.02.2022 à 00h08

      Je suis allé à Kiev en 2004, pour un reportage « cadré », consumériste. Mais j’ai réussi à échapper à mes chaperons (les PR), et ai pu tourner quelques plans en me balladant dans la rue, non loin de l’immeuble abritant deux ou trois start-up. Eh bien, je me serai cru à New-York ; les « sans-dents » pelletant eux-mêmes les trottoirs pour virer les 50 cm d’épaisseur de neige, plus loin, un peu planqué derrière un immeuble : un clochard vivant dans une immense boite en carton retourné, par -10 ou -20 degrés, j’ai pas les données météo en tête. A un moment – incroyable – je croise un noir, bien costaud, la trentaine, sans doute le seul africain ayant cru qu’il ferait fortune dans le coin… L’aubaine pour moi de trouver quelqu’un à qui parler vu que les autochtones me souriaient – malgré leurs difficultés quotidiennes – mais que nous ne pouvions pas communiquer. Je lui ai demandé mon chemin pour retourner à l’hôtel (qui était à au moins 10 kms de là !). Sur le chemin du retour, je me suis dit que j’avais eu de la chance de ne pas m’être fait dépouiller (bien habillé, téléphone, caméra, appareil photo, dictaphone, etc) ; mais quelle tristesse j’ai ressenti. En y repensant, je comprends mieux la légende des ukrainiennes qui veulent se marier à un occidental et la raison c’est pas « le fameux prétexte démographique ou l’alcoolisme des hommes », non, juste qu’elle veulent une meilleure situation. Parce qu’elles vivent dans un pays pauvre devenu ultra-capitaliste, peut-être encore plus royaliste que le Roi américain qui sert hélas de modèle… Hollywood a fait des ravages dans les esprits.

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  • JP // 10.02.2022 à 18h34

    Le plus évident dans l’affaire ukrainienne c’est l’empressement US à vouloir appliquer des sanctions majeures aux Russes en visant d’abord et surtout l’arrêt complet de la fourniture de gaz à prix raisonnable aux Allemands, pour le remplacer par du gaz US beaucoup plus cher importé par bateaux. L’affaire syrienne c’était ausi au départ une histoire de gazoduc. La Grande Politique et les affaires sont toujours liées tant l’homme est cupide.et assoiffé de Pouvoir.

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  • Marie // 10.02.2022 à 19h50

    une analyse intéressante de Christophe le Boucher qui est spécialiste des Etats-Unis:https://www.youtube.com/watch?v=l62JtTyRHdw

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  • koui // 11.02.2022 à 10h13

    Cette article démontre une fois de plus que l’invasion de l’Ukraine n’est qu’un événement de politique intérieure américaine, même s’il a des échos à l’international. Sarkozy devait faire quelque chose chaque jour pour faire parler de lui, et cela se traduisait notamment par une nouvelle loi contre l’insécurité chaque mois. De même, les politiciens américains ont besoin de montrer leur patriotisme en votant régulièrement de nouvelles sanctions contre la Russie, la Chine, l’Iran, Cuba, le Vénézuela, la Corée du Nord et quelques autres pays.

    Comme lever des sanctions est une preuve de faiblesse et même de servilité envers les tyrans, cela ne se produit jamais où alors la mesure est tellement contestée que les sanctions sont vite rétablies. Tant que le dollar est la monnaie internationale, que les USA sont le plus grand marché du monde, que les européens suivent ou supportent les sanctions US, les sanctionnés ont peu de moyens de riposte.

    Mais les sanctions, comme les oiseaux, ne peuvent pas monter jusqu’au Ciel. Les USA ont sorti l’Iran et le Vénézuela du marché pétrolier au moment où eux mêmes produisaient massivement du pétrole de schiste, mais il sera difficile de sortir la Russie quand le prix du baril s’approche des 100 dollars. Un jour, les USA auront besoin de lever des sanctions mais ne le pourront pas pour des raisons de politique intérieure. C’est une machine infernale qui doit toujours accélérer jusqu’au désastre final, quel qu’il soit.

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  • Yann // 11.02.2022 à 11h07

    Bonjour ,

    Dialogue surréaliste entre la Cheffe de la diplomatie Britannique et Lavrov

    «Le ministre Lavrov m’a dit aujourd’hui que la Russie n’envisageait pas d’envahir l’Ukraine», a de son côté indiqué Liz Truss avant d’ajouter: «Mais ces mots doivent être suivis d’actions et nous avons besoin de voir les troupes et les équipements stationnés à la frontière ukrainienne être déplacés ailleurs».
    => donc la Russie n’a pas le droit d’avoir de troupes en Russie par contre les USA ont le droit d’en avoir à la frontière Russe (pays baltes!)

    Lavrov lui a alors demandé si elle «reconnaissait la souveraineté de la Russie sur Rostov et Voronej», contestant que les troupes russes se situent à la frontière ukrainienne. «La Grande Bretagne ne reconnaîtra jamais la souveraineté sur ces territoires», a alors répondu Liz Truss, à la surprise de l’ambassadeur britannique en Russie qui a dû signifier à sa compatriote que ces territoires se trouvaient déjà en Russie.
    => donc voila en action l’effondrement du niveau intellectuel en occident dont nous parle souvent E. Todd! il est quand même inquiétant de mettre des personnes aussi incultes et idéologisées à de tels postes de responsabilités!

    (Source https://www.lefigaro.fr/international/une-conversation-entre-un-sourd-et-un-muet-echange-tendu-entre-les-chefs-de-la-diplomatie-russe-et-britannique-20220210)

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    • Candievans // 12.02.2022 à 00h26

      A méditer :

      « La tolérance atteindra un tel niveau que les personnes intelligentes seront interdites de toute réflexion pour ne pas offenser les imbéciles » (Dostoïevski)

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    • Garibaldi22 // 12.02.2022 à 00h58

      Oui, c’est totalement surréaliste ! Vous me direz qu’avant de la rencontrer, Lavrov aurait bien fait de lire l’article Wikipedia la concernant car il commence par :  »Mary Elizabeth Truss, dite Liz Truss, née le 26 juillet 1975 à Oxford, est une femme politique britannique n’ayant aucune connaissance de la géographie mondiale. ».

      Les US roulent de mécaniques , mais personne n’est dupe. Le coup de l’imminence d’une attaque russe me fait penser au quart d’heure suffisant à Saddam pour lancer ses armes de destruction massive !

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