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4.août.20144.8.2014 // Les Crises

Sauvetage de Banco Espirito Santo : quelques enseignements pour la zone euro, par Jean-Michel Naulot

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Nous avons déjà présenté M. Naulot ici, ancien banquier et ancien de l’AMF.

J’ai peu parlé de l’affaire BES, mais la 1ère banque portugaise qui fait faillite, c’est éloquent.

La « résolution » du problème est venue hier, extrait de Challenges :

Soucieux de freiner la contagion, l’Etat portugais s’est résolu dimanche 3 août à renflouer à hauteur de 4,4 milliards d’euros la banque en difficulté Espirito Santo (BES), tout en mettant fortement à contribution ses actionnaires.

Après avoir longtemps écarté ce scénario, le gouvernement puisera ainsi dans l’enveloppe de 12 milliards d’euros réservée aux banques dans le cadre du plan de sauvetage du Portugal négocié avec la troïka (UE-FMI-BCE), dont il restait 6,4 milliards d’euros. […]

Après avoir publié une perte semestrielle record de 3,57 milliards d’euros, « Banco Espirito Santo présentait un risque de cessation de paiements qui aurait mis en danger le système financier national » […]

Face à l’hécatombe du titre en Bourse, qui a été suspendu vendredi 1er août après avoir chuté de près de 75% en une semaine, les espoirs de voir la banque attirer de nouveaux investisseurs sans recourir à l’aide de l’Etat avaient été anéantis.

Pour arrêter l’hémorragie, les autorités portugaises ont décidé de scinder la banque en deux entités, afin de permettre de séparer les actifs toxiques des produits sans risque.

Les actifs toxiques, dont les titres de dette à haut risque de la famille Espirito Santo et les parts dans la filiale de BES en Angola, seront logés au sein d’une structure de défaisance (bad bank), chargée de les liquider.

L’ensemble des actifs sains seront regroupés au sein d’une nouvelle banque, baptisée Novo Banco, qui sera contrôlée par le Fonds de résolution des banques portugaises, créé en 2012 à la demande de la troïka afin de pouvoir faire face à des crises bancaires.

Quant à la « bad bank », elle restera entre les mains des actuels actionnaires, qui risquent d’être lourdement pénalisés car ils seront amenés à en assumer les pertes, a prévenu le ministère des Finances.

Parmi les actionnaires figure, avec une part de 14,6%, le groupe français Crédit agricole, qui devra dévoiler l’ampleur des dégâts lors de la présentation de ses comptes mardi. […]

« Cela fait un moment que des clients de BES retirent leur argent. Il n’y a aucune raison à cela, mais la panique n’a rien de raisonnable », a commenté Joao Cesar das Neves, professeur d’économie à l’Université catholique de Lisbonne.

Le cas du Portugal est le premier test des nouvelles règles transitoires en vigueur en attendant la mise en place en 2016 de l’union bancaire européenne qui vise à éviter aux contribuables de payer pour les banques.

La solution trouvée pour Banco Espirito Santo « contribuera à rétablir la confiance dans la stabilité du système financier » du Portugal, a estimé la Commission européenne, qui a jugé le dispositif conforme aux nouvelles règles en vigueur.

Sauvetage de Banco Espirito Santo : quelques enseignements pour la zone euro

L’annonce du plan de sauvetage de Banco Espirito Santo (BES) démontre à quel point les discours tenus par les dirigeants de la zone euro sont parfois éloignés des réalités financières. Le projet d’Union bancaire adopté par les gouvernements et les parlementaires européens en mars dernier vient ainsi de confirmer certains de ses dangers, alors même qu’il n’est que très partiellement en place.

En cas de défaillance d’un établissement bancaire systémique, ce projet prévoit de mettre à contribution non seulement les actionnaires et les créanciers subordonnés mais aussi les créanciers ordinaires et les déposants. Comme cela a été souligné lors de son adoption, ce projet qui s’inspire du modèle chypriote fait craindre qu’en cas de rumeur sur un établissement tout le monde s’en aille dès le premier jour. C’est exactement ce qui vient de se passer avec la défaillance de BES où l’on a assisté à une vraie panique des créanciers ordinaires et des déposants qui ont anticipé sur les nouvelles règles en ne voulant pas prendre le risque de se faire piéger. Ils ont ainsi bien involontairement accéléré la chute de l’établissement et les risques de contagion, même si en définitive les autorités ont décidé de les protéger.

Lors de la présentation du projet d’Union bancaire, on nous avait également expliqué que le lien serait désormais coupé entre les banques systémiques et les Etats. Or, dans le cas de BES, dont les actifs représentent la moitié du PIB du Portugal, la démonstration vient une nouvelle fois d’être faite que lorsque le temps presse l’intervention de l’Etat est la seule manière de dissiper les doutes sur la solvabilité de l’établissement. L’injection de capitaux publics annoncée dimanche soir est la démonstration que les banques dites systémiques sont indissociablement liées à leurs Etats.

Autre enseignement de cette crise, l’empressement manifesté par les dirigeants européens à déclarer que le Portugal sortait du plan de sauvetage, à la veille des élections européennes, apparaît rétroactivement assez puéril. Pour sauver BES, l’Etat portugais fait appel aux fonds d’aide à disposition de l’Etat portugais. La dette publique portugaise ne sera certes pas affectée puisqu’il reste un solde non utilisé mais les marchés vont prendre à nouveau conscience que la dette publique portugaise est considérable, représentant 133% du PIB au lieu de 93% en 2010. Une fois encore, il est démontré que la politique conduite par la zone euro pour réduire la dette publique a l’effet exactement inverse. Les politiques d’austérité et la menace de déflation font progresser la dette. La dette publique italienne atteint 138% du PIB, venant de 119% en 2010. Quant à la dette française, elle atteint 99% du PIB (Eurostat : 96,6% + 2,4% de prêts aux Etats en difficulté), venant de 81,7% en 2010.

Enfin, on aura une pensée pour les petits actionnaires de la banque qui ont été appelés à souscrire à une augmentation de capital il y a deux mois et qui viennent de perdre l’argent qu’ils avaient apporté. Ils vont en plus hériter de la seule « bad » banque. Ils seront en droit de s’interroger sur les règles de transparence qui s’appliquent à un établissement aussi important, sept ans après le déclenchement de la crise financière.

Jean-Michel Naulot, blog Mediapart, 4 aout 2014

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42 réactions et commentaires

  • Youpla // 04.08.2014 à 12h26

    « Enfin, on aura une pensée pour les petits actionnaires de la banque qui ont été appelés à souscrire à une augmentation de capital il y a deux mois et qui viennent de perdre l’argent qu’ils avaient apporté »

    Pardonnez-moi la vulgarité du propos mais comme on dit dans l’armée: « Les baisés, comptez-vous ! »

    Pour qu’un petit nombre d’individus gagnent énormément, il faut qu’un grand nombre dérouille.

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    • visiteur // 04.08.2014 à 18h21

      Effectivement, les dindons de la farce sont toujours les mêmes.

      En complément aux informations :

      « l’enveloppe de 12 milliards d’euros réservée aux banques dans le cadre du plan de sauvetage du Portugal négocié avec la troïka (UE-FMI-BCE), dont il restait 6,4 milliards d’euros. »

      Où sont passés les 5,6 milliards déjà dépensés ? Bien entendu dans des sauvetages récents d’autres banques, les plus gros étant

      1) La BPN, dont les comptes, plombés par la fraude et les opérations risquées, ont été apurés à grands frais par l’Etat portugais avant d’être revendue… pour rien aux Angolais en 2011.

      2) La BCP, qui à elle seule engloutit 3 milliards pour éviter la faillite en 2012. Cela n’a pas empêché les rumeurs d’une prochaine faillite de resurgir en 2013.

      Si je ne m’abuse, les fameux « stress test » auxquels aussi bien la BES que la BCP s’étaient soumises en 2011 avaient indiqué que tout était nickel.

      L’on attend avec intérêt les résultats du « stress test » cuvée 2014…

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    • Jose alberto // 22.05.2015 à 21h12

      Beaucoup d’immigré portugais voient leurs économies bloquées actuellement au banco novo ex espirito santo et mes parents qui sont en maison de retraite au Portugal dépriment d’avoir travailler toute leur vie et pas pouvoir récupérée leur argent que peut ont faire pour les aider à recuperer leurs économies ??

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  • lesui // 04.08.2014 à 12h54

    Ne pas oublier que chypriote et l’anagramme de hypocrite… ca permet de mieux comprendre ce qui nous attend tous.

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  • FREDO // 04.08.2014 à 12h59

    J’ai un compte au portugal mais ce n’est pas chez eux ouffffff. Par contre j’en ai un chez crédit patate.
    http://leblogalupus.com/2014/08/02/cela-se-passe-pres-de-chez-vous-du-samedi-2-aout-2014-le-credit-agricole-le-bon-sens-pres-de-chez-vous-par-bruno-bertez/
    Je partage mon avis sur le fait d’éviter toutes détentions d’actions de banques. On sait que l’ensemble des actifs boursiers sont gonflés avec des QE.
    La sagesse serait d’appliquer cette méthode à toutes les banques, c’est a dire, scinder les activités les plus exposées à un risque systémique des activités de dépot. A quant le retour à la glass steagall act?

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    • fdigano // 04.08.2014 à 14h33

      La loi a bien été votée, mais on attend sa promulgation 🙂

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  • perceval78 // 04.08.2014 à 13h20
  • perceval78 // 04.08.2014 à 13h23

    Les sénateurs Italiens sont quand même plus véloces que les sénateurs Francais
    =
    http://www.rts.ch/info/monde/6039965-une-senatrice-blessee-lors-d-affrontements-au-senat-italien.html
    =

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  • Casquette // 04.08.2014 à 13h38

    Dexia avait déjà été scindée en 2 avec une bad bank pour preserver le reste de ses actifs , comment vont-ils gérer leurs 14% d’actifs toxiques , ils vont redirigerça vers la bad bank ?

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    • perceval78 // 04.08.2014 à 13h58

      entendu sur BFM ce matin: la séparation en 2 Bad Bank et .. est un modèle qui semble porter ses fruits

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  • Fabrice // 04.08.2014 à 13h40

    Ce matin entendu sur BFM j’entendais un commentateur dire BNP la banque téflon (bref sur laquelle tout glisse) je me demande jusqu’à quel point c’est vrai pour elle et dautres ainsi qu’à quel moment cette personne va s’étouffer en avalant de travers son téflon !

    Le pire c’est pour en revenir au Crédit Agricole dans l’esprit de ses client ils ont réussi à faire croire qu’ils avaient cloisonné les caisses régionales d’avec le Crédit Agricole SA, n’est ce pas une tromperie ? et comment l’expliquer à nos proches qui n’arrivent pas à en démordre (et pourtant dans mon cas c’est pas faute d’avoir essayé).

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    • Fabrice // 04.08.2014 à 13h51

      petit point amusant cela me fait penser à cette petite histoire qui parlait d’une mamie chypriote qui retirait le vendredi ses économie et les remettait le lundi qui avait du coup sauvé son argent, je suis en train de me demander si cette contine moderne s’applique dans le cas de la banque portugaise ?

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      • Kiwixar // 04.08.2014 à 23h00

        Elle retirait pas « ses » économies. L’argent sur son compte appartenait à la banque, sur laquelle elle avait une créance.

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  • Ardéchoix // 04.08.2014 à 13h59

    Pas grave , suivez le guide :
    « Je crois qu’on a déjà traversé un long chemin et on est vers la fin mais on n’a pas encore passé le cap », a dit Jean-Claude Juncker.
    Au secours !

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  • Jean-Luce Morlie // 04.08.2014 à 13h59

    … et la Commission européenne n’a rien vu venir ?

    La mécanique qui mène à de la cessation de paiement n’est-elle que financière? Je rassemble quelques éléments ici :

    http://jlmminiblog.blogspot.fr/2014/08/espirito-santo-et-la-commission.html

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  • fdigano // 04.08.2014 à 14h31

    Ils nous refont le coup de la DEXIA 🙂

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  • FREDO // 04.08.2014 à 15h19

    Mouahahah

    Il s’avère que les CDS ne vont pas pouvoir agir (encore une fois) 🙁
    C’est fou, au lieu de rendre le marché financier efficient, le CDS ne devient qu’un outil de spéculation et de vol.

    http://www.zerohedge.com/news/2014-08-04/another-glitch-espirito-santo-junior-debt-plummets-cds-trigger-may-be-avoided

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  • milou // 04.08.2014 à 15h32

    j’ai lu qquepart que les fonds vautours qui détiennent la dette Argentine détiennent, aussi celle de BES. Ils ont du souci à se faire !
    « La banque, qui a du bon sens près de chez vous », aussi

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  • vincent // 04.08.2014 à 15h37

    Les plans de sauvetage successifs ont déjà montré leur limites depuis 2008. Voir le cas de la Grèce pour s’en convaincre. Ces 4,4 milliards d’euros débloqués représentent un premier cadeau offert par la Troïka (UE dont le gouvernement portugais, FMI, BCE) aux actionnaires inconscients (banques) en attendant les prochains cadeaux des seconds et troisièmes plans de sauvetage.

    Pourquoi la question d’une nationalisation pure et simple de la première banque portugaise n’est-elle pas abordée?
    M.Barosso, citoyen portugais avant d’être président de la commission européenne a sans doute un avis sur la question. Le Portugal est n’est-il pas, lui aussi, un « malade imaginaire »?

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    • ty89 // 04.08.2014 à 19h15

      « Pourquoi la question d’une nationalisation pure et simple de la première banque portugaise n’est-elle pas abordée? »

      Comment nos élites peuvent’ils poser cette question alors que pour eux les nations n’existe plus ?

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  • archanonyme // 04.08.2014 à 16h29

    La Théorie du Pillage « Too Big To Fail » dans un système capitaliste ce n’est en aucun cas le rôle des fonctionnaire de l’Etat de sauvez des entreprises privées (détenue par du capital privé). L’entreprise dont être mise en faillite et revendue, sur le marcher. après quoi les fonctionnaires de l’état peuvent envisager de la racheter avec du capital de l’état mais en aucun cas d’injecter des somme dans le capital privé de cette banque sans passer par une phase de capitalisation de ce même capital. Ou alors nous ne somme plus dans un système purement capitaliste (le capitaliste et le capitalisme, « système de capitalisation » se reflet à une personne qui détient un capital privé capitalisé qui génère du profit et en aucun cas à un capital que détiendrait un état et que l’ensemble de la population garantirait et qui servirait a ne générer aucune capitalisation (les plan de sauvetage/puis revente ne génère pas de capitalisation mais alourdisse le bilan courant des État)(Un plan de sauvetage sans revente, oui cela peux générer une capitalisation pour l’état mais ça implique que l’état deviennent actionnaires => plus de droit dans le conseil d’administration de l’entreprise )

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  • Ardéchoix // 04.08.2014 à 16h34

    « l’esprit saint » à financée des travaux d’infrastructures surfacturés au gouvernement ,moitié de marge supplémentaire pour les politiques , moitié pour la boite de travaux public .
    La crise et pan, le château de cartes se casse la gueule , impossible de manger du topinambour quand on est habitué au caviar . Pas grave le gouvernement dans sa bienfaisance sauve la banque avec l’argent des contribuables et change de nom , ce sera « la nouvelle banque  »
    Comme dit Gaspard Proust « Elle est pas belle la vie ? »

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  • Fabrice // 04.08.2014 à 16h53

    oui en gros on revient à ce qu’il me semble disait Olivier les socialisme pour les banques et le libéralisme pour les citoyens ou plus simple les banques disent « pile je gagne face vous perdez. »

    allez on se le remets, on s’en lasse pas et on pourrait refaire le même reportage 2014 avec une ou deux corrections pour parfaire le tout mais cela n’a toujours pas évolué :

    http://www.youtube.com/watch?v=_eoyMMg1mJY a

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  • Marvelal // 04.08.2014 à 16h56

    Encore une illustration de l’Europe fasciste, constituée contre les peuples et à leur insu par des valets sans scrupules! Je prends le bon, je remets un peu de fric pour qu’il soit profitable et je laisse le mauvais aux créanciers et actionnaires… Rien d’autre qu’une faillite frauduleuse au profit du repreneur. Dans un état de droit, on liquide les actifs, on ne se les approprie pas, on paie qui on peut, on ne court pas avec l’argent qui reste dans les caisses…

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  • Crapaud Rouge // 04.08.2014 à 17h37

    D’après l’article :
    Dette publique portugaise = 133% du PIB
    Dette publique italienne = 138% du PIB
    Dette publique française = 99% du PIB
    Et alors ? Ils n’ont pas encore compris que ces dettes pourraient bien monter à 1000% du PIB. Tant qu’il y a collusion/complicité entre les zélites politiques et financières, ce système peut perdurer. Le système financier étant devenu hyper-complexe, il est probable que personne n’est en mesure de dire qui serait perdant en cas de méga-crack mondial. Il est donc assez raisonnable de penser que les zélites préfèrent qu’on ne touche à rien, car personne n’a envie de se retrouver dans les perdants.

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  • Nanker // 04.08.2014 à 19h12

    Sans vouloir passer le billet de M. Naulot par pertes et profits j’aimerais plutôt avoir l’avis d’Olivier sur la question de l’ES.

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  • KOMETA // 04.08.2014 à 23h17

    Glass-Steagall revu et corrigé :

    Séparation = ‘Bad’ – ‘Good’

    C’est un début. Patience.

    L’utilisation de l’astrolab devrait ‘définitivement’ être interdite.

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  • Kiwixar // 04.08.2014 à 23h24

    Un rendement financier doit être correlé au risque.

    Je suis absolument fasciné par tous ces épargnants qui laissent leur épargne sur un compte bancaire à rendement négatif (i.e. moins que l’inflation, exemple Livret A) alors qu’ils ont un risque réel d’en perdre une grosse partie (voir Chypre).

    Personnellement je ne laisserais pas un kopek sur un compte bancaire UE/US même si ça me rapportait 10% au-dessus de l’inflation. Pour ceux qui n’ont pas compris :
    – on est passé en 2008 à UN doigt de l’explosion du système financier mondial (occidental au moins)
    – rien n’a été résolu, on n’a plus de cartouches, c’est tout
    – on est toujours a UN doigt de l’explosion du système financier (voir les 55,000 milliards de produits dérivés de la Deutsche Bank)… ils se passent la patate chaude, c’est tout

    Soyons optimistes, on a 50% de chances qu’un gros « reset » financier survienne avant 5 ans.
    Est-ce que ça vaut le coup de garder ses économies sur un compte à rendement négatif si on a 50% de chances d’en perdre une (grosse) partie?

    Je garde un minimum sur un compte « savings » ici (NZ), et pourtant il me rapporte 4.4%. Malgré la distance, je ne le considère pas comme un compte 100% sûr.

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    • ty89 // 04.08.2014 à 23h37

      « Soyons optimistes, on a 50% de chances qu’un gros “reset” financier survienne avant 5 ans. »

      En cas de « reset », les emprunts immobilier seraient également reset ?

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      • Kiwixar // 05.08.2014 à 00h01

        Ah non.
        Les dettes envers la banque restent, en théorie.
        En pratique, le chaos financier permettrait de se mettre en faillite personnelle.
        Mais bon, ce sera une lutte entre les banques (qui dirigent actuellement) et la population, si elle se réveille. En cas de révolte/insurrection, ça dépendra aussi du comportement des forces de l’ordre nationales… et européennes.
        Je pense qu’il faut avoir, par précaution, 1 mois de cash en cas de fermeture des banques, et aussi un PEBC (plan d’épargne boîtes de conserve, http://www.contrarien.com).

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        • C Balogh // 05.08.2014 à 11h31

          Bonjour Kiwixar,
          Impossible de retirer tout son cash en une fois et prévenir 48h à l’avance pour un retrait supérieur à 500 euros, Crédit Mutuel.
          CA SENT PAS BON!

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          • Kiwixar // 05.08.2014 à 12h46

            Ne pas exclure non plus que l’emballement guerrier contre la Russie (alors que la situation aurait dû de calmer suite au rattachement de facto de la Crimée) soit fait pour faire porter le chapeau d’un effondrement bancaire global à la Russie. Il faut des rustines de plus en plus grandes, et ça peut couler à tout moment.
            Il est exclu pour les dirigeants occidentaux de prendre la responsabilité de leur incompétence et trahison, par exemple en refusant de remettre le glass-steagall act.
            Donc ce sera la faute à Poutine si les rideaux de fer des banques européennes restent fermés….

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        • lulu // 06.08.2014 à 10h52

          « Les dettes envers la banque restent, en théorie. »
          Je connais mal le droit des faillites, mais si une société est liquidée, plus de personnalité morale, il n’y a pas un délai au delà duquel on considère que les actifs et passifs sont abandonnés, plus recouvrables?
          La théorie libérale ne vaut que si c’est le cas, pour assainir le marché, si une banque fait faillite, les actionnaires, les salariés, les fournisseurs, les créances de l’état sont perdus ou ils se partagent le reste de la liquidation, et les dettes detenues sont abandonnées (celles qui n’ont pas été recouvrés dans un certain délai pour la liquidation).
          On nous fait peur avec un risque systémique, On parle des pauvres petits épargnants, mais vu que la banque prête bien plus qu’elle n’a en dépôt, la société en globale est plutôt gagnante en cas de faillite.
          Parce que là à renflouer les banques, notamment en espagne, où la population doit donc continuer à payer des traites immobilières insoutenables, c’est totalement impossible que la croissance revienne à moins de récupérer les bénéfices des banques en impôt et le reverser à la population, -> ce n’est pas fait mais en plus même si ça l’était ça parait bien lourd plutôt qu’une bonne faillite qui assainie le marché.
          Ou alors on oblige les banques à se mettre autour de la table, à changer tous les contrats en taux fixe faible pour que les ménages puissent dégager de l’argent pour consommer autre chose (cela avait été minisculement évoqué aux usa, et il avait été répondu par l’état qu’il ne fallait surout pas toucher au droit des contrats, par contre on pouvait toucher tout le reste à côté…)
          (j’avais vu un reportage où un couple français avait refusé un prêt à taux varaible pour acheter un appartement en espagne, la banque est complètement débile de continuer dans cette voie, elle a préféré tout perdre plutôt que faire moins de bénéfices…)
          Ou alors on détruit une partie du parc immobilier purement et simplement (dans 15 ans abandonné et non entretenu, cela devrait être fait de toute façon)
          Parce que la croissance était portée par le btp, il n’y a pas à parler d’austérité ou non, la croissance ne peut pas repartir en espagne si les traites immobilières mangent tout et que les bénéfices des banques se sont pas redonnés à la population « de façon diffuse » (c’est à dire ne pas servir à la baisse de la dette de l’état qui baisserait la masse monétaire dispo si les préteurs sont étrangers ou seulement à la main des détenteurs de la dette nationaux qui vont pas aider à faire repartir une croissance basé sur la consommation locale de toute une population)

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      • Papagateau // 05.08.2014 à 00h24

        La règle de l’appel aux dépôts/ déposants , c’est précisément pour que la « dévaluation » du particulier ne soit pas la même pour ses avoirs et ses dettes.

        Au départ:
        je te dois 100 et tu me dois 100.
        Après:
        Tu me dois toujours 100, mais je ne te dois plus que 80.
        Pourquoi ? Pour sauver le système financier mondial. Bien sur au début c’est douloureux mais à la fin tu gagneras plein d’argent : il suffit que tu sois patient

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    • douarn // 05.08.2014 à 02h37

      (un petit bonjour en tant que voisin à Kiwixar)

      Pour ma part, à cause de l’enchevêtrement mondial des relations et intérêts bancaires, je n’imagine pas un seul instant qu’un quelconque placement/dépot dans une banque de notre côté ci du monde soit plus sûr qu’un dépot dans la zone € ou $.

      Je crois qu’il est impossible de préjuger du niveau de résistance du système dans sa configuration actuelle. En l’absence d’une reprise en main des pouvoirs, seules les lois physiques (énergies, matières premières, obsolescence des réseaux (routier, électrique, eau potable et usée), surfaces agricoles disponibles, sécheresse,…) contraignent le système actuel. Les tensions, que l’on peut percevoir (indice de gini, dettes, masse monétaire, chomage, tensions internationnales, …), mènent le système éco à un seuil critique qui sera probablement le prélude à un phénomène d’emballement, à une boucle de rétroaction positive si un changement de paradigme ne s’opère pas. Quand ? bien malin est celui qui peut le dire….

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      • Kiwixar // 05.08.2014 à 03h04

        Oui, je ne considère pas non plus un compte bancaire en NZ comme 100% sûr, en partie en raison de la loi OBR de 2012 qui permet de sauver une banque en difficulté avec une partie des dépôts :
        « Under OBR however, a portion of depositors’ and other unsecured creditors’ funds are frozen to meet any remaining losses, »
        http://www.rbnz.govt.nz/news/2012/5014519.html

        On a bien un risque important et réel d’avoir un haircut sur n’importe quel compte bancaire dans le monde. De manière générale, il y a eu un glissement culturel au 20eme siècle : auparavant, les banques n’existaient que parce qu’elles permettaient de se déplacer sans or sur soi (caravaniers, commerçants), puis comme lieu de dépôt plus sûr que la maison.

        Aujourd’hui ce n’est plus le cas :
        – un trou creusé dans le jardin est plus sûr que n’importe quelle banque mondiale
        – les métaux précieux auront la même valeur dans 100 ans, par contre vos biftons auront perdu 99% de leur valeur (si ils n’ont pas été rongés par les thermites)
        – en cas de problème, vous aurez plus de chance d’acheter un poulet au fermier du coin avec une pièce en argent ou une bouteille de gnôle qu’avec du papier

        Le seul intérêt des comptes bancaires c’est pour les paiements courants.

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  • theuric // 05.08.2014 à 01h24

    @ Kiwixar (pseudo très pratique au scrable),
    Même pour un maximum temporel, 5 ans me paraissent trop large, cinq mois me semblent même le bout du monde.
    Justement, il est à noter que les crashs précédents étaient précédés de banque en banqueroute.
    En fait, ce crash des banques, bourses et fonds d’investissement ne seront que la suite du double crash en cours: monétaire et industriel:
    -Les monnaies perdent leurs valeurs au même rythme que de leur création puisque ces monnaies, $, $, €, ¥ plus de nombreuses autres, sinon toutes, ne représentent plus une quelconque réalité économique parce que..;
    -…les industries et usines ne trouvent plus preneur de ce qu’ils produisent, l’Occident s’est appauvri à l’excès, celui des quatre monnaies sus-citées, et productions faites dans des pays où les salaires ne permettent aucun achat, de plus, les nations comme la Chine voient leurs fabriques s’expatrier également.
    Donc, nous vivons, pas demain, aujourd’hui la plus magistrale déconfiture économique de tous les temps.
    Ce qui rend imperceptible cet effondrement c’est que personne ne s’attend à ce processus, et pourtant il est là.

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    • Kiwixar // 05.08.2014 à 02h44

      Difficile de donner une date, il est déjà surprenant que le système financier ait tenu jusqu’ici.
      Les raisons principales sont, à mon avis :
      – tout est dématérialisé, ce qui rend facile la fraude comptable
      – différence de traitement entre les petites banques (qui font faillite), et celles qui appartiennent aux 0.1%, qui profitent de la faillite des plus petites (concentration), et sont sauvées par la création monétaire entre leurs mains (FED)

      Le Japon est à plus de 200% de dette par rapport au PIB, et continue son petit bonhomme de chemin tranquille. Donc pour les pays occidentaux à 100% de dette/PIB, on peut continuer encore 5-10 ans en empruntant… aux cartels privés (FED, BOE, BCE,etc)… jusqu’au point où la pression fiscale sera trop forte, les services de l’Etat (dont l’armée et la police) minimes, et les armées privées de ces cartels seront plus fortes que les forces de l’ordre des Etats.
      Pas payer ? Attaque par drone. Boum le Musée d’Orsay.

      « Les monnaies perdent de leur valeur » : oui car il y a de l’inflation (5%?) mais il n’y a pas de l’hyper-inflation. Car la majorité de la création monétaire massive ne circule pas dans l’économie réelle. Si on prend l’exemple des QE de la FED : la moitié a servi à acheter les Bons du Trésor US donc à financer le déficit budgétaire. Mais ce déficit budgétaire est dû en bonne partie au paiement des intérêts de la mega-dette, donc l’argent revient in fine directement aux banques (en particulier aux 18 banques « Primary Dealers ») et à la FED, il n’est pas injecté dans l’économie (à part peut-être dans l’industrie militaire, pour les US).

      Concernant la déconfiture économique de l’Occident, oui c’est certain, et c’est dû (1) aux délocalisations massives depuis 10-15 ans de la production et du savoir-faire occidental vers l’Asie (2) au vieillissement de la population (3) à la dette et au paiement des intérêts qui engloutissent l’intégralité de l’impôt sur le revenu en France.

      C’est assez ironique que les 0.1% se soient enrichis en vendant l’Occident à l’Asie, et que les 99% risquent de payer par la guerre la volonté de ces 0.1% d’aller voler à l’ Asie ce qui a été bradé. Mais bon, c’est ce vieil esprit colonial occidental d’aller piller, et l’avantage de l’industrie de guerre, c’est que c’est du consommable, donc la machine économique tourne. Un peu comme de creuser un trou puis de le reboucher : ça fait du PIB, donc de la croissance.

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  • theuric // 05.08.2014 à 23h26

    Quelque chose ne colle pas dans les logiques économiques, il y a une incohérence quelque par, où, je n’en sais rien, mais cette intuition ne m’a jamais trompé.
    En fait, si, le facteur important de toute économie c’est le dynamisme, que je définirais comme quelque chose de parallèle à la vitesse d’un véhicule.
    En fait, l’économie n’est pas seulement marchand, mais est lié aux échanges, à l’énergie et aux matières premières et aux nécessité des acteurs d’une époque donnée.
    D’après Monsieur Pierre Grou elle est inextricablement liée aux avancées technologiques, ce serait cela qui produirait ces cycles périodes efficientes, périodes de crises.

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  • Dédé // 06.08.2014 à 00h29

    Le blog de M. Béruyer ainsi que les intervenants m’instruisent à souhait. De la qualité !

    Merci à tous,

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  • fab // 14.08.2014 à 18h15

    J’ai une question de novice concernant la « bad bank » issue de banco espirito santo :
    Le capital totalise une valeur de 675 Millions en action et 1,5 Mds au total en prenant en compte les dettes juniors. Il va servir à éponger les pertes enregistrées sur les 4,4 Mds d’actifs douteux.
    Ces 1,5 Mds peuvent suffire …

    Mais qui paye si cela ne suffit pas ?
    Le fonds de régulation (les autres banques) ?
    L’état Portugais ?

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