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15.novembre.201115.11.2011
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Le budget de la Grèce – ou pourquoi la rigueur, cela ne marche pas…

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La Grèce étant proche, non pas de la « faillite » (cela ne veut rien dire pour un État) mais du défaut de paiement, je vous propose de poursuivre notre analyse de sa situation.

Cela nous permettra de comprendre le plus simplement possible la spirale infernale qui entraîne cette situation – et qui s’applique désormais à tous les pays occidentaux.

Observons tout d’abord le budget de la Grèce (au sens de Maastricht, donc avec la Sécurité sociale et les collectivités locales) depuis 1995 :

Budget grec Grèce

On observe ainsi :

  • une tendance à l’amélioration entre 1995 et 1999 (comme partout en Europe, dans un contexte de croissance forte) ;
  • puis une tendance au laxisme jusqu’en 2007, caractérisé par une baisse des recettes (les dépenses sont stables) ;
  • puis l’explosion de 2009 en raison de la Crise, en raison d’une forte hausse des dépenses (soutien au système bancaire) ;
  • et une situation de consolidation à des niveaux élevés en 2010-2011.

On constate ainsi bien une situation de laxisme avant la Crise, comme dans la plupart des pays , et ici aussi, elle est finalement plus due à une baisse des recettes qu’à une hausse des dépenses.

Zoomons sur 2010-2011 :

Budget grec Grèce

La Grèce mérite de très loin le titre de championne du monde de la rigueur. Des mesures incroyables ont été prises, allant de baisses dantesques des salaires des fonctionnaires ou des pensions de retraite, à d’importantes hausses de TVA et d’impôts.

On observe clairement ceci : ces mesures n’ont aucun effet perceptible à court ni moyen terme !

Le bilan observé est bien celui auquel la logique élémentaire conduit (et qui est contraire aux imprécations des économistes de cour…) : ces mesures sont bien trop fortes et douloureuses pour l’économie, qui chute très lourdement en récession :

Évolution PIB Grèce

Le budget grec 2012 table même sur encore -2,5 % en 2012…

Rappelons bien une évidence : ce n’est pas parce que vous supprimez 10 Md€ de dépenses publiques que vous aurez 10 Md€ de déficit en moins !!! Ceci est un raisonnement de cours élémentaire, car bien évidemment, ce qu’on n’analyse jamais, c’est l’impact d’une telle suppression de dépenses. Si l’activité en face est reprise par le privé, et bien il faut payer 10 Md€ (ou même 9, allez) de plus au privé, donc c’est autant de moins pour consommer, sans aucun service en plus en échange (vu que le service, le public le donnait déjà « gratuitement »). Donc, vous enfoncez le pays en récession. Si l’activité en question est simplement détruite, et bien c’est autant de PIB en moins (donc de recettes en moins) et de chômeurs en plus à indemniser (donc des dépenses en plus)…

On observe donc cet effet paradoxal qui est que, au moins à court et moyen terme, la rigueur fait souffrir le pays, mais n’arrange en rien la situation :

Budget grec Grèce

J’imagine que les Grecs s’interrogent sur le fait que, malgré tous leurs efforts, le déficit 2011 soit de plus en plus profond, largement supérieur à la situation d’avant la rigueur…

Ainsi, la rigueur, cela ne marche pas… Ou plus précisément, cela ne marche plus, pour la Grèce comme pour la France. Je précise de nouveau ma pensée : il faut mettre en place un plan de rigueur, fondé d’ailleurs surtout sur des hausses d’impôts, accompagné de mesures visant à améliorer la productivité publique, avec un discours courageux visant à faire porter les efforts certes sur les plus aisés, mais aussi en expliquant à tout le monde que le maintien de notre système de retraite, de santé, d’éducation passe avant des achats de téléphones portables ou de voyages, il en va de l’avenir du pays.

Mon souci est que ce discours, et ce plan a une condition nécessaire pour marcher : il doit être tenu et appliqué en 1990/1995 grand maximum. Au delà, c’est trop tard, la dette est trop grosse et n’est plus maîtrisable. Car si la rigueur ne marche pas, notre souci est que la « non rigueur » marche encore moins…

Une fois 1995 passée, la dette devra très probablement être restructurée en grande partie (c’est-à-dire annulée en bonne partie pour employer un gros mot).

Mais nous y reviendrons – nous continuerons dans le prochain billet notre analyse de la dette grecque.


dessin cartoon austerite humour dette Budget grec Grèce

© Chappatte

dessin cartoon austerite humour dette Budget grec Grèce

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dessin cartoon humour dette Budget grec Grèce

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dessin cartoon austerite humour dette Budget grec Grèce

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dessin cartoon humour dette Budget grec Grèce

dessin cartoon humour dette Budget grec Grèce

dessin cartoon humour dette Budget grec Grèce

34 réactions et commentaires

  • Marcus // 15.11.2011 à 04h46

    Les politiques grecs ET nos politiques n’auraient, à mon humble avis, jamais dû faire rentrer la Grèce dans la zone euro. tous savaient et ont préféré fermer les yeux…
    On voit avec le temps qu’on n’a pas rendu un service à la Grèce qui s’était débarrassée de la dictature des colonels en 1974.
    Aujourd’hui, en leur faisant avaler des pilules d’austérité à haute dose à toute vitesse ils vont finir par « mourir guéris »…
    Le référendum de Papandréou n’était pas si bête que cela comme je l’ai lu souvent ailleurs (voir le Figaro par exemple), même si le timing n’était pas top…
    Il faut remettre le peuple grec au centre des décisions plutôt que de faire l’union nationale avec 4 ministres et secrétaires d’Etat au gouvernement nouvellement formé.
    Idem pour les autres pays même si chacun a sa spécificité propre.
     
    Amicalement.
     

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    • Wilmotte Karim // 15.11.2011 à 08h45

      La Belgique a pratiqué la rigueur alors que la dette était bien au dessus de 100%.
      Jusqu’à la crise, cela avait permis de solidement diminuer le ratio de dette.
      Il est vrai aussi que ces politiques était menées par quelques pays et non tous en même temps et que la situation internationale n’était pas la même. Et que l’ensemble des acteurs de l’économie n’étaient pas encore autant endetté alors que la Belgique est un petit pays.

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    • Pana // 15.11.2011 à 12h10

      Tout à fait d’accord.
      M. Papandréou a eu au moins le courage de proposer le référendum face à la réaction négative de la population. Mieux valait le faire, que montrer de l’indifférence. C’est tout à son honneur !

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  • Patrick-Louis Vincent // 15.11.2011 à 09h09

    Vous avez raison de souligner que la baisse des dépenses de l’état ne réduit pas le déficit à la hauteur de cette baisse, puisque, pour obtenir un service analogue, les contribuables devront débourser dans le privé. En revanche, où vous avez tord, c’est de croire que le niveau de dépense, dans le privé, serait de même hauteur ou légèrement inférieur. La productivité, dans le privé, n’a rien à voir avec celle du secteur public. L’économie de dépense, pour le contribuable, serait plutôt de l’ordre de 40 à 50%, qui, par le biais de la TVA engendrerait des rentrées fiscales.

    D’autre part, l’erreur actuelle consiste à augmenter les impôts, ce qui a comme conséquence de réduire le pouvoir d’achat, freiner la consommation, augmenter le chômage, et, au bout du compte, réduire les rentrées fiscales. Là, est le paradoxe. Il faut, au contraire, baisser la pression fiscale, aussi bien dans les entreprises que pour les particuliers. Baisser la fiscalité des entreprises, notamment de l’impôt sur les bénéfices, permet de relancer l’embauche et d’attirer les capitaux étrangers. Baisser la charge fiscale des particuliers permet de relancer la consommation, y compris des services que l’état n’assure plus, et de faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’état, par la TVA.

    Je renvoie les lecteurs de ce blog au très édifiant livre de Pascal Salin, Frédéric Sautet et Philippe Lacoude, intitulé « Action ou Taxation, le défi fiscal français ». Tout y est expliqué avec de nombreux exemples.

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    • JC63 // 15.11.2011 à 09h15

      « Pascal Salin »
      Ahahah! Non merci sans façons 😉

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    • Wilmotte Karim // 15.11.2011 à 09h55

      Diminuer l’imposition a rigoureusement l’effet inverse, sous réserve que la diminution affecte principalement les revenus destiné à l’épargne (soit, des diminutions non ciblées sur les revenus de la consommation).
      Quand aux politiques de concurrence fiscale, elles font partie du problème.

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      • Saintbris // 07.12.2011 à 20h07

        Bonjour, je ne maîtrise pas du tout le blog … Et je vous réponds à une toute autre question. Vous m’aviez répondu ceci concernant un propos que j’avais osé avancer …

        Il y a potentiellement des différences importantes de qualité et de quantité entre les dominations. Par contre, dire que toute domination en vaut une autre (l’esclavagisme vaut donc le salariat), c’est surtout utile pour conserver l’état actuel de la domination.

        Le désir n’a rien à voir là dedans. Je parle pas de domination mais d’oppression… Je vous accorde qu’il y a des contextes politiques plus ou moins hard. Pour autant Raymond Aaron ne disait-il pas que le choix en politique n’était pas entre le bien et le mal, mais entre le détestable et le préférable… N’empêche que l’oppression, par sa constance anthropologique, n’entre pas dans le cadre chaotique  de la politique. C’est peut-être plus biologique … Allez savoir! C’est dans les gènes. Pensez aux premières images de « 2001 l’odyssée de l’espace » de Kubrick. L’oppression est déjà là ! Si je vous suis bien, vous ne trouveriez pas indécent qu’un « prétendant » politique puisse suggérer sans vergogne :  » Avec mon programme, vous subirez nettement moins l’oppression ! » Bien sûr, je vous charrie amicalement, et vous avez raison d’affirmer qu’il y a bel et bien une gradation dans l’oppression. Gradation qualitative autant que quantitative. Bien sûr! Mais le problème, voyez-vous, c’est qu’en matière de politique, cette fameuse gradation qui existe bel et bien, se fait précisément par la force des choses. Ou, pour dire les choses autrement : la résultante et non la cause. Bien sûr on pourrait dire que c’est là, une belle cause. Que dis-je? La seule cause qui vaille! Mais elle est condamnée à une résultante aussi complexe qu’aléatoire. La naiveté militante s’illusionne sur le côté créatif de la politique_ oublieuse qu’elle est d’omettre ce qui est le plus lourd : le côté réactif. Vous pouvez rien contre ça! Ni contre le fait indéniable que, comme le dit le dicton, l’enfer est pavé de bonnes intentions … Vous voyez, je reste cantonné dans une sorte de neutralité métaphysique. Je ne participe pas au débat politique. Les choses évoluent tellement vite! Je ne suis pas du tout, mais alors pas du tout relativiste. Et je ne vise aucune espèce d »utilité » dans mon propos. Je suis à des années lumières de la politique. Et je vois que les choses évoluent à une vitesse qui n’a rien de politique. Une vitesse inédite, qui cloue l’ensemble du monde politique et les cafés du commerce sur place. Techniquement les mouches du coche ne peuvent rien.  Bonne soirée, et excusez-moi d’avoir manqué de concision …  par2sue@yahoo.fr 

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        • Wilmotte Karim // 01.01.2012 à 11h57

          Et pourtant, nos sociétés en la matière ont nettement évolué.
          Et le travail militant a été nécessaire pour construire nos sociétés tel quelles sont actuellement.
          Si vous cherchez un absolu, ne le cherchez pas dans l’homme. Et là, vous trouverez peut-être l’absence absolue d’oppression.

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    • Tassin // 15.11.2011 à 13h55

      Augmenter les impôts (des plus riches cela va de soi) ne toucherait pas la consommation puisque c’est l’épargne qui sera touchée. Cela entrainera une hausse des recettes et une diminution des inégalités rien de plus.
      Votre discours sonne très libéral des années 80, ça fait 30ans que ces idées sont appliquées peu à peu et qu’elles démontrent de leur inefficacité, alors il faut savoir évoluer.
       
      Au passage, un très bel exemple récent : la baisse de la TVA sur la restauration a permis de créer 30 000 emplois pour un coût de 3 Milliards d’Euros. Soit 100 000€ de subventions pour un emploi créé. A ce prix là autant embaucher des fonctionnaires non?

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  • Zuludawn // 15.11.2011 à 10h04

    @Patrick-Louis Vincent

    Il me semble que cela fait quelques années que les entreprises subissent une pression fiscale réduite ainsi que les hauts revenus et il me semble aussi que cela n’a pas arrangé la résolution du problème de la dette. Baisser la pression fiscale sur les entreprises ne les a JAMAIS incité à embaucher ou à faire quoi que ce soit d’autre que de prendre plus de dividendes. Je me trompe ?
    Enfin quand j’entends dire que si on augmente les impôts pour ceux qui n’en payent pas assez (de mon point de vue), c’est à dire les riches, ils vont partir à l’étranger, je ne peux m’empêcher de répondre : Et bien qu’ils partent.
    Idem pour nos merveilleux patrons du CAC40 que le monde entier nous envie mais se retient de nous prendre. 

    Merci enfin à M. Berruyer pour ses articles éclairants. 

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  • Un_passant // 15.11.2011 à 10h45

    En fait, ce n’est pas la rigueur qui ne fonctionne pas, c’est l’austérité. Je sais, je joue sur les mots, mais l’un, c’est gérer de manière aussi responsable et efficiente que possible, l’autre, c’est la pratique des coupes sombres.  L’un peut être efficace et transparent (certes plus lent aussi), l’autre produit généralement les effets opposés à ceux attendus.

    En fait, plutôt que de faire des coupes dans les budgets, peut-être aurait-il été mieux accepté par la population de faire un réel travail contre le travail au noir et les différentes formes de triche fiscale, au nom de l’intérêt général.

    En France, une application pratique : cesser toutes les dépenses de prestige ou mégalomaniaques tout en maintenant les aides sociales, quitte à en assortir certaines de conditions de ressources.
    Quel intérêt pour une région par exemple de dépenser plus de 200 000 euros par an pour une maison de la région, à New York? Ou ces palais de région avec un Hall de  2 300m² (soit rapporté au nombre d’étages, une perte de surface de près de  20 000m², voir Le Point)

    Ce qui est édifiant, c’est que depuis plusieurs années, on sait ce qui serait le plus efficace : réformer la fiscalité pour la simplifier et la rendre plus transparente, plus « générale » mais aucun politicien n’en a le courage car chacun imagine s’appuyer sur les niches et les électeurs qu’elles représentent… finalement au déni de la démocratie, qui est de soumettre tout le monde aux mêmes règles (dans les limites du réaliste, ce que les niches ne sont pas).

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  • JPS1827 // 15.11.2011 à 12h38

    @Patrick-Louis Vincent : je suis désolé, mais cette doxa là nous a été servie jusqu’à la nausée. Ca ne marche pas pas, la dette à contracter nécessaire (résultant des baisses d’impôts) pour créer un seul emploi (hypothétique d’ailleurs, les entreprises pouvant préférer l’augmentation de leurs bénéfices à la création d’emplois) de cette manière est prohibitive ; elle l’est un peu moins pour la consommation (les cadeaux aux particuliers sont consommés au moins en partie) mais trop élevée aussi.

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  • hugo // 15.11.2011 à 14h07

    La productivité, dans le privé, n’a rien à voir avec celle du secteur public. L’économie de dépense, pour le contribuable, serait plutôt de l’ordre de 40 à 50%,

    Grosse erreur à mon avis. Les grandes entreprises quelque soit leur statut ont des problèmes de productivité. Pour travailler dans le privé justement, je peux garantir que les secteurs banques assurances et santé sont très loin d’avoir une bonne productivité. Il y a de fort gaspillages dans ces secteurs parce que ca brasse beaucoup d’argent.
    De plus, si l’on ajoute que le privé doit faire de la publicité pour se faire connaitre et verse  en général des salaires plus élevés,  on arrive sans doute à des taux de rendement assez proche. 
     
     

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    • Wilmotte Karim // 15.11.2011 à 17h09

      Si on prend un ratio espérance de vie/coût de la santé aux USA, c’est même un rendement largement inférieur à des systèmes plus socialisés.

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  • Tonton Jack // 15.11.2011 à 14h13

    Bonjour,
    Merci pour vos analyses et vos graphiques.
    Je me permets une remarques : si vous augmentez les impôts de 10 Mds €, ce sont aussi 10 Mds € qui n’iront pas en dépenses dans le secteur privé, donc vous aurez aussi un effet récessif.
    Par ailleurs, l’étude historique mené par le M. Alesina tend à montrer que ce qui marche le mieux pour assurer la croissance est bien la réduction des dépenses, plus que l’augmentation des impôts.
    Le sujet semble plus de savoir quel est le périmètre de dépense publique, i.e. qu’est ce qui est socialisé, et quel est le niveau de productivité comparée de cette dépense socialisée si elle ne l’était pas (sachant qu’il n’est pas toujours vrai que le privé serait plus productif, il y a des contre exemples liés par exemple à des effets de réseau).
    Ce dernier point étant essentiel.
    Le problème de la rigueur est que d’un coup, il faut faire les ajustements qui auraient du être faits depuis longtemps, au sens d’ajuster sa consommation à sa production.
    Cela n’a pas été le cas en Grèce – ni en France -.
    La chute est d’autant plus dure que le levier du taux de change extérieur – utilisé par exemple par la Canada dans les années 1990 – ne fonctionne pas.
    Si augmenter les impôts est un moyen d’arroser le tas de sable, rien ne sera arrangé !
    Autant essayer de remplir le tonneau des Dannaïdes.
    Cordialement
     
     

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    • Wilmotte Karim // 15.11.2011 à 17h14

      Si vous augmentez les impôts sur les revenus non destinés à la consommation, vous ne touchez pas la consommation (sauf à la marge).
      Apres, soit ces 10 milliards servent à diminuer un déficit, soit il peuvent servir à augmenter la consommation via les dépenses de l’état ou la redistribution.
       
      Est-ce que vous avez un lien vers l’étude de monsieur Alsina, qu’on regarde si nous sommes dans les critères étudiés?

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      • Tonton Jack // 15.11.2011 à 18h22

        Si je ne touche pas à des revenus destinés à la consommation, c’est donc que je touche les revenus de l’épargne ou des fruits de l’épargne.
        Donc, j’augmente les impôts sur ce qui me permet de financer les investissements productifs futurs – sauf si cette épargne est divertie dans de l’immobilier qui augmente pour cause de vision malthusienne du foncier ou dans le financement des déficits de la protection sociale, par exemple -, la productivité de mon économie, donc ma capacité de production et ma richesse futures.
        La question de la dette est toujours : à quoi sert-elle ? Existe-t-il derrière un actif capable de générer un flux de cash à même de la rembourser ?
        Dans le cadre de la dette étatique des 30-40 dernières années, j’en doute fort – surtout quand il s’agit de la dette de la protection sociale -.
        On en revient donc au propos initial : quelle productivité ?
        Pour l’étude de M. Alsina, vous trouverez le lien ci-dessous
        http://www.economics.harvard.edu/faculty/alesina/files/Large%2Bchanges%2Bin%2Bfiscal%2Bpolicy_October_2009.pdf
        Bonne lecture
        Cordialement
        PS : je rappelle que fiscal est un faux ami : fiscal adjustment signifie ajustement budgétaire, et non seulement fiscal, ergo augmentation des recettes.

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        • Wilmotte Karim // 15.11.2011 à 22h45

          Sauf qu’actuellement, votre épargne ne sert pas beaucoup à l’investissement (pourquoi investir s’il n’y a pas de consommation derrière et si on peut avoir plus de rendement en sous-investissant et utilisant cette épargne pour spéculer et faire grossir des bulles).

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        • Wilmotte Karim // 01.01.2012 à 12h09

          La seule chose qu’a à proposer monsieur Alesina et son courant de pensée, c’est de diminuer les salaires.

          Non seulement cela devient obsessionnel.
          Mais en plus, cela ne peut pas (sur l’ensemble d’un continent dont les marchés intérieur sont l’essentiel des marchés extérieurs du même continent -cfr les exportations allemandes en Europe) fonctionner.
          Page 4 de votre lien (Alesina)
          « On the one hand, a decrease in government employment reduces the probability of finding a job if not employed in the private sector, and a decrease in government wages
          decreases the worker’s income if employed in the public sector. In both cases, the
          reservation utility of the union members goes down and the wage demanded by
          the union for private sector workers decreases, increasing profits, investment and
          competitiveness. »
          Tout ce travail est actuellement utilisé dans une généralisation volontairement abusive : le gain concurrentiel qu’obtient un pays est détruit si tous font le même choix mais l’impact (diminution) sur la demande intérieur reste. Et ces réductions des marchés intérieures vont entrer en résonance pour transformer l’austérité en récession voir en dépression (cfr entrée en récession de l’Europe tel qu’annoncée largement à l’avance).

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      • Moi // 15.11.2011 à 20h19

        « Donc, j’augmente les impôts sur ce qui me permet de financer les investissements productifs futurs »
         
        Mais non, tonton, t’augmentes les impôts sur ce qui te permet de spéculer. Où tu crois qu’elle va l’épargne? A la bourse. Est-ce que la bourse sert à financer les investissements productifs futurs? Allez, me fais pas rire.

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    • Hole Street // 15.11.2011 à 17h29

      Bonsoir,
      Serais-je le seul : en ces temps noirs que l’on connaît, si l’on diminue mes impôts, faisant ainsi augmenter (un peu) mon pouvoir d’achat, c’est d’abord à épargner et/ou à rembourser mes dettes que je penserai, plutôt que faire un mini trip ou des achats relativement inutiles. Pas sûr que beaucoup d’argent revient rapidement dans les circuits économiques dans le contexte actuel.

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      • Tonton Jack // 15.11.2011 à 18h27

        C’est justement ce que disait JM Keynes.
        Le problème, à mon sens, est que nous avons tiré sur toutes les ficelles pour maintenir justement ce que celui ci appelle la demande globale.
        Nous nous sommes individuellement et collectivement endettés pour ce faire pendant des décennies, appliquant ce qui pourrait marcher pour une courte période, une trou d’air comme aurait dit un ancien ministre de l’économie, en remède permanent.
        Vient en ce moment le jour des comptes.
        Effectivement, il y a un risque de reconstitution d’une épargne de précaution.
        Dans le même temps, les exemples suédois ou canadiens, voire français si on remonte en 1959, tendent à montrer qu’une volonté politique de consolidation budgétaire qui fonctionne peut rassurer la population et donc limiter le risque d’accroissement de l’épargne de précaution.
        Cordialement,

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  • Guillaume // 15.11.2011 à 17h09

     
    Olivier,
    Vous partez du postulat (au moins dans ce message) que le niveau de dette française de 1990/1995 était un niveau soutenable et qu’il pouvait s’accompagner d’une politique économique vertueuse.
    Sur quoi appuyez-vous ce raisonnement? Comment placez-vous le curseur? Pourquoi la dette n’est-elle plus maîtrisable après 1995 ?
    Autre postulat qui découle du premier : nous allons faire défaut sur la partie de la dette postérieure à 1995.
    Ce postulat repose sur l’inflexibilité allemande (pas de monétisation des dettes souveraines car souvenir des années 20 trop cuisant). Or, comment réagiront les allemands quand 80 % de leurs clients tomberont (tombent ?) en récession ? Les allemands sont compétitifs en Europe mais le sont-ils avec les émergents ? Le risque de devoir jouer en solo dans la compétition mondiale est-il si faible pour eux ?
    L’économie allemande est plus pro cyclique que la nôtre donc cela devrait arriver brutalement courant 2012 donc il n’y aura pas très longtemps à attendre.
    Merci à vous et aux autres blogueurs pour ce débat vivifiant.

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  • cinsi // 15.11.2011 à 18h04

    Très reconnaissant pour vos graphes, mais auriez-vous l’évolution de la dette Grec en pourcentage par-rapport à son PIB depuis la fin des années 80. Car je me souviens que dès cette  époque que cela soit un gouvernement de droite ou de gauche, c’était la formule des dépenses, des dépenses pour être élus ( après mon mandat, les mouches). Les grecques n’avaient déjà plus les moyens de faire les jeux olympiques de 2004, mais qu’est ce que le politique ne ferait pas pour amuser le peuple et être élu! Merci pour vos recherches.

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  • Benjamin Franklin // 16.11.2011 à 13h47

    J’apprécie votre blog pour la qualité des informations présentées, mais là… c’est un peu n’importe quoi !

    -L’Etat prélève 10 milliards d’€ d’impôts et les dépense en services sociaux : ça fait 10 milliards de PIB
    -L’Etat ne prélève pas ces impôts, et les contribuables les dépensent eux-mêmes pour avoir les services en question : ça fait toujours 10 milliards de PIB ! Et les contribuables n’ont ni plus ni moins d’argent pour consommer autre chose !

    Il y a peut-être des subtilités sur le fait que les contribuables ne dépenseront pas tout à fait de la même façon que l’Etat, mais ce n’est pas l’explication que vous invoquez en tous cas.

    Si le PIB grec baisse suite à l' »austérité » (qui d’après vos propres données n’a commencé qu’en 2010, donc APRES le début de l’effondrement du PIB), c’est parce que :
    -le déficit primaire se réduit. Comme il est intégralement financé par l’extérieur, ça signifie simplement moins de transferts de richesse du reste du monde vers la Grèce. Rien de plus normal.
    -des actifs surévalués depuis des années retrouvent leur prix réel
    -les ménages et les entreprises préfèrent épargner pour se désendetter et investir plutôt que consommer. Et comme chacun devrait savoir, l’achat de biens intermédiaires (qui constitue l’essentiel de l’investissement productif) n’apparaît PAS dans les chiffres du PIB.
    Ce sont toutes de bonnes raisons.

    Concernant les détracteurs de Tonton Jack :
    Un euro qui n’est pas utilisé pour acheter directement des richesses est un euro épargné. Un euro épargné peut être prêté pour acheter des biens intermédiaires (investissement), prêté pour acheter des biens de consommation (crédit)… ou thésaurisé.
    Et bien grosse surprise, la thésaurisation est une BONNE chose : ça ne détruit pas de richesses, ça retire de la monnaie de la circulation, donc ça augmente mécaniquement le pouvoir d’achat de tous les autres euros encore en circulation !
    Quand un euro est utilisé pour faire mumuse avec des bouts de papier en bourse, c’est strictement équivalent à de la thésaurisation. Ce n’est pas quand la monnaie part dans la Bourse que les spéculateurs captent des richesses réelles, c’est quand elle en sort !

    Olivier, vous tombez dans les travers que vous dénoncez vous-même : quand les gens disposent eux-mêmes de leur revenu, au lieu d’acheter des iPhones, et bien ils épargnent (c’est même ce que leur reprochait Keynes). La relance par la dépense publique, c’est une incitation à acheter des écrans plasma au lieu d’épargner.

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  • Benjamin Franklin // 16.11.2011 à 16h03

    Concernant la relance par les dépenses, vous même n’en parlez pas, (désolé si j’ai pu vous attaquer là-dessus) mais c’est assez largement ce qui apparaît à la fois dans les commentaires ici et dans le discours d’économistes dans l’air du temps, comme Stiglitz ou Krugman. De bons gros « investissements d’avenir » financés à coups d’eurobonds… on n’insistera jamais assez sur la nuisance que représente ce genre de bêtises.

    Concernant la thésaurisation, il s’agit d’une réponse à ceux qui disent que si l’Etat ne dépense pas l’argent à la place des gens, ceux-ci ne vont pas consommer, ce qui nuira à l’économie. Cela s’adressait essentiellement aux détracteurs de Tonton Jack. L’épargne (en terme de richesses REELLES, pas de monnaie) circule TOUJOURS, nous sommes d’accord !

    Concernant la dette, vous avez raison quand le déficit public n’est pas entièrement couvert par des investisseurs nationaux mais par le reste du monde. Ce détail lourd de conséquence n’apparaissait pas forcément de manière flagrante dans votre propos. Il me paraissait nécessaire de faire ce genre de précision pour éviter des raccourcis navrants dans le grand public, du style le « multiplicateur keynésien », ou la relance par les dépenses publiques justement.
    Vous pourriez tout aussi bien préciser que la réduction du déficit par une augmentation des impôts réduirait AUSSI le PIB, puisque chaque euro prélevé pour couvrir des dépenses jusqu’ici couvertes par un transfert de richesses depuis le reste du monde ne serait plus disponible pour dépenser autre chose.
    Quoi qu’il arrive, le PIB grec diminuera. La nature publique ou privée des dépenses n’y changera pas grand-chose fondamentalement.

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