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12.novembre.201512.11.2015 // Les Crises

Les racines du racisme aux États-Unis – par Noam Chomsky

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Source : George Yancy, 20-08-2015

Noam CHOMSKY

J’ai réalisé une série d’interviews sur la thème de la race pour la revue The Stone. Je réalise cette huitième interview avec Noam Chomsky, linguiste, philosophe de la politique, et l’un des plus célèbres intellectuels au monde. Il a écrit de nombreux ouvrages, comme récemment, avec André Vltchek, « L’Occident terroriste – d’Hiroshima à la Guerre des drones ».

George Yancy

George Yancy : Lorsque je vois le titre de votre livre « L’Occident terroriste », me vient à l’esprit le fait que beaucoup de noirs aux États-Unis ont été pendant fort longtemps terrorisés par le racisme blanc. Cela va de la violence arbitraire jusqu’au lynchage de plus 3000 noirs (dont un certain nombre de femmes) dans la période qui va de 1882 à 1968. Du coup en 2003, lorsque des actes inhumains ont été commis dans la prison d’Abou Ghraib, je n’avais pas été surpris. Je me souviens que lorsque les photos sont apparues le président George W. Bush avait dit : « Cela ne représente pas les États-Unis que je connais ». Mais est-ce que ce ne sont pas les États-Unis que les noirs ont toujours connus ?

Noam Chomsky : Les États-Unis que les noirs ont toujours connus ne sont pas très jolis. Les premiers esclaves noirs ont été amenés aux colonies il y a 400 ans. Nous ne pouvons pas nous permettre d’oublier que pendant cette longue période les Afro-Américains, en dehors de quelques exceptions, n’ont eu que quelques décennies pour intégrer pleinement la société états-unienne.

Nous ne pouvons pas non plus nous permettre d’oublier que les abominables camps de travail esclavagistes du nouvel « Empire de la liberté » étaient une source de richesse essentielle pour la société américaine, avec ses privilèges, mais aussi pour l’Angleterre et le continent. La révolution industrielle avait comme ressource principale le coton, lequel était pour une bonne part produit dans les camps de travail esclavagistes des États-Unis.

Comme on le sait maintenant, ces derniers étaient très rentables. La productivité augmentait encore plus vite que dans l’industrie, grâce à la technologie du fouet et pistolet, l’efficace pratique de la torture, comme l’a montré Edward E. Baptist dans sa récente étude « The Half Has Never Been Told ». Le résultat ce n’est pas seulement la grande richesse accumulée par l’aristocratie des planteurs, mais ce sont aussi les manufactures états-uniennes et britanniques, le commerce, et les institutions du capitalisme d’État moderne.

Il est bien connu, il devrait être bien connu, que les États-Unis se sont développés en rejetant radicalement les principes d’ « économie saine » que prônaient les grands économistes à l’époque. Les derniers venus dans la course au développement connaissent bien ces principes aujourd’hui. Par contre les colonies américaines dès leur libération ont suivi le modèle de l’Angleterre : l’État intervint puissamment dans l’économie, notamment avec de hauts tarifs douaniers pour protéger l’industrie naissante, surtout le textile, puis plus tard pour l’acier, puis ensuite pour le reste de la même façon.

Il y avait aussi un « tarif virtuel ». En 1807 le président Jefferson a signé une loi interdisant l’importation d’esclaves. La Virginie, l’État de Jefferson, était le plus riche et le plus puissant des États. Cet État avait suffisamment d’esclaves. En fait, il commençait à produire cette précieuse marchandise pour les territoires esclavagistes en expansion au sud. Interdire l’importation de ces machines à récolter le coton représentait donc un avantage considérable pour l’économie de la Virginie. On le comprenait bien. Parlant au nom des importateurs d’esclaves, Charles Pinckney signalait : « La Virginie tire avantage de l’arrêt de l’importation. Ses esclaves prendront de la valeur, et elle en a plus que de besoin ». C’est comme ça que la Virginie est en effet devenue un grand exportateur d’esclaves vers la société esclavagiste en expansion.

Certains des propriétaires d’esclaves, comme Jefferson, mesuraient la grave entorse à la morale sur laquelle l’économie était alors basée. Jefferson redoutait la libération des esclaves, parce qu’ils avaient « 10 000 souvenirs » des crimes subis. La crainte que les victimes puissent se soulever et prendre leur revanche est fortement ancrée dans la culture états-unienne, et ce jusqu’à nos jours.

Le treizième amendement a formellement mis fin à l’esclavagisme, mais une décennie plus tard« l’esclavage sous un autre nom » est apparu. (« L’Esclavage sous un autre nom », « Slavery by Another Name », est le titre d’un livre important aussi, écrit par Douglas A. Blackmon [et dont est tiré un documentaire de 2012, ndt]).

La vie des noirs a été criminalisée par des codes excessivement répressifs qui les visaient particulièrement. Alors une forme d’esclavage encore plus rentable était disponible pour l’agrobusiness, les mines, l’acier – plus précieuses parce que l’État, et non plus les capitalistes, était responsable de maintien de la force de travail réduite en esclavage. Cela signifiait que les noirs étaient arrêtés sans raison valable, les prisonniers étaient mis au travail pour les intérêts du business. Ce système a offert une contribution majeure pour le rapide développement industriel de la fin du XIXème siècle.

Ce système est demeuré sans guère de changement jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale. L’industrie de guerre a alors eu besoin de travailleurs libres. Nous avons eu ensuite quelques décennies de développement rapide, et relativement égalitaire, l’État jouant un rôle encore plus important qu’auparavant. Un homme noir pouvait obtenir un travail décent dans un industrie où il existaient des syndicats, acheter une maison ; il pouvait envoyer ses enfants faire des études supérieures, et quelques autres types d’opportunités nouvelles. Le mouvement des droits civils a apporté encore de nouvelles ouvertures, mais avec des limitations. Dans sa lutte contre le racisme du nord Martin Luther King a échoué, il n’a pas non plus pu développer un mouvement des pauvres.

La réaction néolibérale, commencée à la fin des années 1970, accentuée à partir de Reagan, a frappé les plus pauvres et les plus opprimés dans la société. Les grandes majorités ont aussi été touchées, elles ont subi une stagnation relative, voire un recul, cependant que la richesse se concentrait entre quelques mains. La lutte de Reagan contre la drogue, profondément raciste dans sa conception et dans son exécution, a donné un nouveau phénomène Jim Crow, expression de Michelle Alexander pour dépeindre la criminalisation de la vie sociale afro-américaine. C’est une évidence si on regarde les taux d’incarcération et leur impact dévastateur sur la société noire.

La réalité est bien sûr complexe, on ne peut pas présenter les choses trop simplement. Mais c’est malheureusement une première approche tout à fait juste de l’un des deux crimes fondateurs de la société états-unienne – l’autre étant l’extermination des nations indigènes et la destruction de leurs civilisations riches et sophistiquées.

George Yancy : Même si Jefferson avait saisi les turpitudes morales sur lesquelles l’esclavage était basé, dans ses « Notes sur l’État de Virginie », il dit que les noirs sont limités en terme d’imagination, et inférieurs aux blancs en terme de raisonnement. Il ajoute que les orangs-outans préfèrent les femmes noires que leurs propres femelles. Ces mythes, ainsi que les codes noirs postérieurs à la guerre de sécession, ont eu pour fonction de poursuivre l’oppression et le contrôle des noirs. Quels sont d’après vous les mythes et codes contemporains employés pour maintenir l’oppression et le contrôle des noirs aujourd’hui ?

Noam Chomsky : Hélas Jefferson était loin d’être isolé. Inutile de reparler du répugnant racisme qui existait dans des cercles éclairés jusqu’à tout récemment. Pour ce qu’il en est des « mythes et codes contemporains », je m’en remettrai aux voix, nombreuses et éloquentes, qui observent et font l’expérience de cet amer résidu d’un passé honteux.

Le mythe le plus écœurant c’est peut-être que rien de tout cela n’est arrivé. Le titre du livre d’Edward E. Baptist n’est on ne peut plus pertinent – les conséquences de tout cela sont peu connues, peu comprises.

Il existe aussi une variante assez courante de ce qui a été parfois appelé « l’ignorance volontaire » de ce qu’il n’est pas convenable de savoir : « Oui dans le passé de mauvaises choses sont arrivées, mais laissons tout cela derrière nous, et marchons vers un glorieux futur, partageant l’égalité des droits et des opportunités pour tous les citoyens ». Les choquantes statistiques quant à la vie des Afro-américains peuvent être comparées à d’autres résidus amers d’un passé honteux, des lamentations à propos de l’infériorité culturelle des noirs, ou pire, en oubliant comment nos richesses et nos privilèges sont dus dans une bonne mesure à des siècles de torture et de dégradation. Nous en sommes les bénéficiaires, alors qu’ils restent victimes. Ainsi de la compensation qui conviendrait, très partielle et désespérément inadéquate, elle reste entre le trou de la mémoire et l’anathème.

Jefferson, c’est à son crédit, au moins reconnaissait que l’esclavage, dans lequel il était impliqué, constituait « d’une part le despotisme le plus implacable, et d’autre part la soumission la plus dégradante ». Au Memorial Jefferson à Washington on peut lire ses mots : « Je frémis pour mon pays quand je pense que Dieu est juste et que sa justice ne peut pas dormir pour toujours ». Ces mots, nous devrions les garder à l’esprit, tout comme les réflexions de John Quincy Adams concernant le crime fondateur, et qui a duré des siècles, le sort de « cette malheureuse race des indigènes américains, exterminés de façon si impitoyable et avec une cruauté si perfide… parmi d’autres pêchés de ce pays, pour lesquels je crois que Dieu nous appliquera son jugement un jour ». Ce qui compte c’est notre jugement.

Tout cela a été effacé depuis si longtemps. On préfère en général éviter d’y penser.

George Yancy : Cette « ignorance volontaire » des vérités qui dérangent concernant la souffrance des Afro-américains peut également être employée pour parler du génocide des indigènes américains. C’est le taxonomiste suédois Carl von Linné au 18ème siècle qui a considéré que les indigènes américains étaient porteurs de certains traits, ils étaient ainsi « enclins à la colère », un mythe bien utile qui justifie le besoin pour les indigènes américains d’être « civilisés » par les blancs. Dans ce cas ce sont aussi des mythes. Comment l’ « amnésie » des États-Unis a contribué à des formes de racisme orientées seulement contre les indigènes américains à l’époque actuelle, et pour la poursuite de leur génocide ?

Noam Chomsky : Ce mythe si commode existait bien avant, et il est encore présent de nos jours. L’un des premiers mythes a été formellement créé juste après la Charte donnée à la colonie de la baie du Massachusetts par le roi d’Angleterre en 1629. Cette Charte stipulait que la conversion des Indiens au christianisme « est la fin principale de cette plantation ». Les colons ont aussitôt élaboré le Seau de la colonie, sur lequel on voit un Indien avec une lance pointée vers le bas en signe de paix, avec une parole qui émane de sa bouche sollicitant les colons : « Venez et aidez-nous ». C’est peut-être le premier cas d’ « intervention humanitaire » – et, curieusement, elle s’est achevée comme beaucoup d’autres.

Des années plus tard, Joseph Story, juge à la cour suprême méditait sur « la sagesse de la Providence » qui a fait disparaître les indigènes comme « des feuilles fanées à l’automne » alors que les colons les avaient « constamment respectés ». Inutile de dire, les colons qui n’avaient pas choisi de pratiquer l’ « ignorance volontaire » étaient beaucoup mieux renseignés. Et les plus informés, comme le général Henry Knox, le premier secrétaire à la Guerre des États-Unis, décrivait « l’extirpation totale de tous les Indiens dans les parties les plus peuplées de l’Union [par des moyens] plus destructifs pour les indigènes que les actes des conquistadors au Mexique et au Pérou ».

Know signalait ensuite qu’ « un historien, dans le futur, pourrait dépeindre sombrement cette destruction de la race humaine ». Peu d’historiens l’ont fait, très peu. C’est le cas de l’héroïque Helen Jackson, qui en 1880 a raconté de façon détaillée cette « triste expérience de confiance trahie, de traités violés et d’actes violents et inhumains qui fera rougir de honte ceux qui aiment ce pays ». Le livre de Jackson, si important, ne s’est guère vendu. On ne l’a guère prise en compte, ou bien on la contredisais. On préférait la version de Theodore Roosevelt, expliquant que « l’expansion des personnes de sang blanc, ou européen, durant les quatre derniers siècles… a apporté des bénéfices durables pour la plupart des gens qui habitaient là où l’expansion s’est produite », particulièrement pour ceux qui ont été extirpés ou expulsés, déclassés, miséreux.

Le poète national, Walt Whitman, illustre bien la perception générale lorsqu’il écrit : « Le nègre [« nigger »] comme l’Indien [« injun »] sera éliminé ; c’est la loi des races, de l’histoire… Des rats supérieurs arrivent, alors les rats inférieurs sont éliminés ». Ce n’est qu’en 1960 que l’ampleur de ces atrocités et leur description commencent à pénétrer l’université et, dans une certaine mesure, la conscience populaire, mais il reste encore fort à faire.

Ce n’est qu’un petit exemple de l’horrible histoire de l’anglosphère et de son impérialisme type colonie de peuplement, un type d’impérialisme qui mène assez naturellement à l’ « extirpation totale » de la population indigène – et à l’ « ignorance volontaire » de la part des bénéficiaires de ces crimes.

George Yancy : Votre réponse soulève la question de la colonisation comme forme d’occupation. James Baldwin dans son essai de 1966 « Reportage en territoire occupé » écrit : « Harlem est quadrillé par la police comme un territoire occupé ». Cette phrase me fait penser à Ferguson (Missouri). Certains des protestataires à Ferguson ont même fait la comparaison avec la bande de Gaza. Que pensez-vous de cette comparaison des occupations ?

Noam Chomsky : Toutes les comparaisons sont possibles. Lorsque je suis allé à Gaza il y a quelques années, ce qui m’est très vite revenu à l’esprit c’est mon expérience de la prison (pour désobéissance civile souvent) : la sensation, très étrange pour des gens ayant eu des vies privilégiées, d’être totalement sous le contrôle d’une autorité externe, arbitraire et, si tel est son souhait, cruelle. Mais les différences entre les deux cas sont, bien entendu, énormes.

D’une façon plus générale je suis assez sceptique quant à la valeur des comparaisons du genre que vous mentionnez. Il y aura bien sûr des points communs à beaucoup de cas d’autorité illégitime, de répression, de violence. Parfois elles éclairent, comme lorsque Michelle Alexander fait une analogie avec Jim Crow, dont je parlais plus haut. Parfois elles peuvent faire disparaître des différences importantes. Je ne vois franchement rien de plus à dire d’intéressant. Chaque comparaison doit être évaluée au cas par cas.

George Yancy : Ces différences sont grandes, je ne veux certainement pas toutes les citer. Dans l’après-11 septembre se crée une ambiance propice aux comparaisons. Certains pensent que les musulmans d’origine arabe ont pris aux Afro-américains leur place de paria aux États-Unis. Qu’en pensez-vous ?

Noam Chomsky : Le racisme anti-arabe et anti-musulman a une longue histoire, et il existe pas mal d’écrits à ce propos. Les études de Jack Shaheen sur les stéréotypes dans les médias télévisuels, par exemple. Et il ne fait aucun doute que c’est en augmentation ces dernières années. Rien que pour donner une exemple saisissant : l’un des films qui bat actuellement des records de spectateurs est décrit dans la section Art du New York Times de cette façon : « un film patriotique, familial ». Il s’agit d’un sniper qui affirme être lors de l’invasion états-unienne le champion des assassinats d’Irakiens. Il décrit fièrement ses cibles comme des « sauvages, méprisables, malfaisants… vraiment la seule façon de décrire ce que nous affrontions là-bas ». Il faisait précisément référence à son premier meurtre, une femme portant une grenade alors qu’elle se trouvait face à une attaque des forces états-uniennes.

Ce qui est important ce n’est pas seulement la mentalité du sniper, mais la réaction chez nous devant de tels exploits, lorsque nous envahissons et détruisons un pays étranger, distinguant difficilement un « raghead » d’un autre [« raghead », terme péjoratif pour parler d’une personne portant turban]. Cette perception remonte aux « Indiens sauvages et cruels » dont parle notre Déclaration d’Indépendance et à la sauvagerie diabolique de tous ceux qui se sont trouvés sur notre chemin depuis lors, particulièrement lorsqu’un élément « racial » peut être évoqué. Par exemple, Lyndon Johnson avertissait que si nous baissions notre garde nous nous trouverions à la merci de « n’importe quel nain jaune portant un petit couteau ». Cependant à l’intérieur des États-Unis bien qu’il y ait des incidents déplorables, le racisme anti-arabe et anti-musulman dans la société a été assez limité, je crois.

George Yancy : Dernièrement la réalité du racisme (anti-noir, anti-arabe, anti-juif, etc.) est très prégnante. Bien qu’il n’y ait pas de solution unique au racisme, dans ses différentes manifestations, que croyez-vous nécessaire pour en finir avec la haine raciale ?

Noam Chomsky : Il est facile de recourir aux réponses habituelles : éduquer, rechercher et régler ce qui se trouve aux origines de la maladie, s’assembler dans des entreprises communes – les luttes au travail ont été un exemple important –, etc. Les réponses sont justes et elles ont apporté beaucoup. Le racisme est loin d’être éradiqué, mais il n’est plus ce qu’il était il n’y a pas si longtemps, grâce à de tels efforts. C’est un long chemin, difficile. Pas de baguette magique, autant que je sache.

Noam Chomsky
George Yancy

27 mai 2015

Traduction (août 2015) : Numancia Martinez Poggi

Source : George Yancy, 20-08-2015

6 réactions et commentaires

  • Lysbethe Lévy // 12.11.2015 à 12h30

    Une Une spéciale racisme ou colonialisme l’un n’allant pas sans l’autre, est une excellente idée, tant souvent les gens ne se croient pas « racistes » ou « colonialistes » au sens de l’époque dite « coloniale » ou du XIX ième siècle celui des Lumières et post-Lumières. Et oui c’est sous les auspices des dites Lumières que c’est développé ce racisme scientifique qui a permit de baptiser les guerres coloniales en grandes aventures des hommes a l’assaut des richesses dans les lointains continents : Afrique, Asie du sud-est, Amérique, Australie, moyen-orient, iles du pacifique..

    .Avoir fait passer Sarvorgnan de Braza pour un grand découvreur en oubliant ces crimes et ceux qui vont suivre suite à la conquête, quelle ignorance. J’ai découvert le livre de Mr Louis Salas-mollins ou Mme Rosa Amelia Plumelle-Uribe : http://www.dailymotion.com/video/xnhpex_rosa-amelia-plumelle-la-ferocite-blanche-des-non-blancs-aux-non-aryens-part-1-2_webcam

    Dans son livre Mme PLumelle Uribe explique que les actes de barbaries qui ont eu lieu en Europe sous l’Allemagne nazie ont été possibles que parce qu’elles avaient déjà eu lieu sur les peuples non blancs, noirs, asiatiques, indiens, bien avant.

    L’Empire britannique ou Belge, Allemand, Français avaient déjà expérimenté toutes les barbaries, créer des camps de concentration, et l’élite blanche pratiquait l’eugénisme, et son corollaire l’extermination de masse bien avant qu’Hitler ne le fasse en Europe ou nous croyions encore que nous étions des gens bien éduqués, démocrates, modernes et humains.

    Après la guerre quand les camps seront dévoilés au monde, les élites feindront de voir la barbarie nazie, alors que dans les colonies les mêmes « élites » continuaient à pratiquer la même chose dans les colonies africaines ou de l’Indochine, pour la France.

    les Herreros sous l’Empire allemands ont tous été exterminés, bien avant et combien de peuples arabophones, africains, asiatiques ont péris, les indiens sous la coupe des Anglais sont morts par millions pour nourrir l’Angleterre pendant et après la seconde guerre mondiale.

    A la Libération les français ont semés la mort dans de nombreux villages algériens alors que ceux ci étaient revenus du conflit : ils étaient que des indigènes aux yeux des Français conquérants.http://1libertaire.free.fr/LSalaMolins18.html

    Hitler n’avait rien inventé, les modèles des camps ou du travail forcés existaient depuis longtemps. Et le racisme biologique était le substrat idéologique de ces odieuses exploitations pour la première fois appliqué a des européens, en Europe. Aimé Césaire en avait bien parlé dans un célèbre pamphlet : Discours sur le colonialisme :

    http://www.larevuedesressources.org/IMG/pdf/CESAIRE.pdf
    http://www.legrandsoir.info/discours-sur-le-colonialisme-extrait.html

    « Et je dis que de la colonisation à la civilisation, la distance est infinie ; que de toutes les expéditions coloniales accumulées, de tous les statuts coloniaux élaborés, de toutes les circulaires ministérielles expédiées, on ne saurait réussir une seule valeur humaine.

    Il faudrait d’abord étudier comment la colonisation travaille à déciviliser le colonisateur, à l’abrutir au sens propre du mot, à le dégrader, à le réveiller aux instincts enfouis, à la convoitise, à la violence, à la haine raciale, au relativisme moral, et montrer que, chaque fois qu’il y a au VietNam une tête coupée et un oeil crevé et qu’en France on accepte, une fillette violée et qu’en France on accepte, un Malgache supplicié et qu’en France on accepte, il y a un acquis de la civilisation qui pèse de son poids mort, une régression universelle qui s’opère, une gangrène qui s’installe, un foyer d’infection qui s’étend et qu’au bout de tous ces traités violés, de tous ces mensonges propagés, de toutes ces expéditions punitives tolérées. de tous ces prisonniers ficelés et interrogés, de tous ces patriotes torturés, au bout de cet orgueil racial encouragé, de cette jactance étalée, il y a le poison instillé dans les veines de l’Europe, et le progrès lent, mais sûr, de l’ensauvagement du continent.

    « Et alors un beau jour, la bourgeoisie est réveillée par un formidable choc en retour : les gestapos s’affairent, les prisons s’emplissent, les tortionnaires inventent, raffinent, discutent autour des chevalets.

    On s’étonne, on s’indigne. On dit : « Comme c’est curieux ! Mais, Bah ! C’est le nazisme, ça passera ! » Et on attend, et on espère ; et on se tait à soi-même la vérité, que c’est une barbarie, mais la barbarie suprême, celle qui couronne, celle qui résume la quotidienneté des barbaries ; que c’est du nazisme, oui, mais qu’avant d’en être la victime, on en a été le complice ; que ce nazisme-là, on l’a supporté avant de le subir, on l’a absous, on a fermé l’oeil là-dessus, on l’a légitimé, parce que, jusque-là, il ne s’était appliqué qu’à des peuples non européens ; que ce nazisme là, on l’a cultivé, on en est responsable, et qu’il est sourd, qu’il perce, qu’il goutte, avant de l’engloutir dans ses eaux rougies de toutes les fissures de la civilisation occidentale et chrétienne.

    Oui, il vaudrait la peine d’étudier, cliniquement, dans le détail, les démarches d’Hitler et de l’hitlérisme et de révéler au très distingué, très humaniste, très chrétien bourgeois du XXème siècle qu’il porte en lui un Hitler qui s’ignore, qu’Hitler l’habite, qu’Hitler est son démon, que s’il le vitupère, c’est par manque de logique, et qu’au fond, ce qu’il ne pardonne pas à Hitler, ce n’est pas le crime en soi, le crime contre l’homme, ce n’est que l’humiliation de l’homme en soi, c’est le crime contre l’homme blanc, et d’avoir appliqué à l’Europe des procédés colonialistes dont ne relevaient jusqu’ici que les Arabes d’Algérie, les coolies de l’Inde et les nègres d’Afrique ».

      +7

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  • Fabrice // 12.11.2015 à 13h37

    J’ai pu avoir un aperçu l’année dernière en visitant la Californie, une de nos guide canadienne (oui étrange mais bon francophone) nous expliquait sans tiquer que :

    « les indiens étaient des gens aigris qui refusaient de s’intégrer à la civilisation américaine, et cherchaient à exploiter les failles (contrebande, jeu, trafic,…) que leur permettait leur statut à part. »

    après c’est sûr que si à notre époque on explique cela sans se poser de question on peut imaginer ce que c’était quand les américains étaient moins tolérant. (sigh)

    J’ai visité le territoire Navajo pour voir les merveilles de l’ouest américain et vu leur territoire aride ainsi que le comportement des natifs (ils n’aiment pas l’appellation indien) c’est le seul point qui m’a laissé une impression de malaise (de culpabilité ?), mais surtout la façon dont on leur parle (personnellement je me serais jamais permis).

      +6

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  • Henrietta // 12.11.2015 à 16h13

    Bonjour,

    Certes, c’est très bien de reconnaître et d’admettre les crimes du passé.
    En revanche, il ne faut pas non plus tomber dans l’excès inverse, celui de la repentance et de l’auto flagellation (état d’esprit qui ne nous tue que trop bien en Europe…). Que des gens d’autres races aient été victimes d’exactions atroces de la part de membres des anciennes élites blanches, c’est une chose, mais que je demande pardon et/ou fournisse compensation financière, à des gens de couleur, qui de toute façon, n’ont pas eux mêmes soufferts de ces atrocités, pas plus que moi et mes ancêtres (chair à canons et à usines) n’en ont profité, c’en est une autre.

    Qui plus est, attention aux excès d’angélisme aussi.
    Que des membres des anciennes élites blanches aient été des monstres, ne signifie pas qu’en face ce sont tous des saints. Que je sache, la cruauté et les envies d’extermination ne sont pas l’apanage exclusif des blancs (ISIS et l’Afrique nous le montrent tous les jours en ce moment). L’amour immodéré des autres n’a pas plus de sens que la haine. Si nous ne voulons pas être les futures victimes d’exactions atroces de la part d’autres, il serait bon d’en prendre conscience, et de commencer à réfléchir à qui ont aide, et surtout comment.

      +6

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  • peyo // 12.11.2015 à 19h36

    Je suis allé en Floride avec des amis dont une Américaine. En nous promenant (en voiture, évidemment) nous avons vu au bord de la route, sur le terre plain énorme, une dame noire qui vendait des épis de maïs bouillis dans une grande marmite.
    Je me suis donc arrêté, légèrement freiné par la copine Américaine, pour acheter des épis, délicieux, consommés sur place. Les voitures passaient en klaxonnant. J’ai demandé la cause de ces coups d’avertisseur et l’ Américaine nous a dit qu’il s’agissait de réprobation parce que nous étions là, à manger du maïs, avec une noire. Le racisme Américain se manifeste de bien des façons, la preuve, vraiment triste.

      +3

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  • Cyri // 12.11.2015 à 20h42

    La partie sur les mythes m’a rappelé que j’ai déjà entendu des gens prétendre que les Indiens d’Amérique avaient disparus essentiellement à cause des maladies et autres virus importés par les immigrants. Idem pour les camps pendant la seconde guerre mondiale. Comme quoi, on peut trouver très fort pour se donner bonne conscience ….

      +2

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    • Furax // 12.11.2015 à 23h57

      Non, cela c’est un fait admis par la grande majorité des historiens. La très grande majorité de la baisse de la population amérindienne est due au choc microbien. C’est encore plus vrai dans la sphère conquise par les espagnols et les portugais, qui était plus peuplée. Ce qui n’empeche par ailleurs pas que, même si c’était en proportions une petite minorité du nombre total de victimes, les colons espagnols, portugais et britanniques ont massacré, affamé à mort, exploité à mort, et poussé à la mort par désespoir un nombre d’amérindiens terriblement élevé en valeur absolue.

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