Les Crises Les Crises
23.mars.202123.3.2021 // Les Crises

Pantouflage : Collusion entre sociétés pétrolières et anciens hauts fonctionnaires britanniques

Merci 95
J'envoie

Source : Consortium News, Mark Curtis

Traduit par les lecteurs du site Les Crises

Le système des porte tambour est en grande partie approuvé par un organisme gouvernemental chargé d’examiner les conflits d’intérêts, rapporte Mark Curtis.

Whitehall, au centre de Londres, février 2012. (Tbmurray, CC BY 3.0, Wikimedia Commons)

Une nouvelle analyse de Declassified UK a identifé jusqu’à quel point les anciens hauts fonctionnaires trouvent souvent des postes lucratifs dans les sociétés pétrolières, gazières et minières après avoir quitté leurs fonctions.

Des dizaines d’anciens secrétaires d’État, ministres, chefs d’agences de renseignement, ambassadeurs et chefs de l’armée britannique profitent du système des portes tournantes qui leur permet de travailler pour des sociétés dans un secteur dont certains ont promu les intérêts pendant leur mandat.

Les anciens secrétaires d’État Sir Michael Fallon et Philip, aujourd’hui Lord, Hammond, sont parmi les bénéficiaires d’un processus qui a été critiqué pour être « au cœur de la façon dont l’establishment britannique survit et prospère à tous les échelons à Whitehall ».

Les échanges de personnel entre le gouvernement et les entreprises du secteur énergétique se font dans les deux sens. D’anciens employés du géant pétrolier anglo-néerlandais Shell, qui sont également des cadres supérieurs de grandes sociétés minières, siègent actuellement dans les instances du ministère de la défense et du Bureau des Affaires étrangères, du Commonwealth et du Développement (FCDO), jouant ainsi un rôle dans l’élaboration des politiques étrangère et militaire britanniques.

La facilité avec laquelle les anciens fonctionnaires peuvent passer de la fonction publique aux sociétés du secteur énergétique est largement approuvée par un organisme gouvernemental chargé d’examiner les conflits d’intérêts lorsque d’anciens fonctionnaires sont recrutés par le secteur privé.

Cet organe, le Comité consultatif sur les nominations dans les entreprises (ACOBA) – qui est présidé par un ancien ministre conservateur, Lord Pickles – permet régulièrement à des ministres et à des fonctionnaires de travailler pour des entreprises du secteur de l’énergie en ne leur imposant que des conditions minimales.

Le gouvernement de Boris Johnson a récemment mis en place une nouvelle politique visant à mettre fin aux subventions gouvernementales directes aux projets concernant les combustibles fossiles à l’étranger. Cette politique prévoit que « le Royaume-Uni mette fin au financement des crédits-export, au financement de l’aide et de la promotion commerciale pour les nouveaux projets de pétrole, de gaz naturel ou de charbon, à de très rares exceptions près ».

13 septembre 2017 : Le Premier ministre Boris Johnson en visite dans les îles Vierges britanniques après le passage de l’ouragan Irma. (gouvernement britannique, Wikimedia Commons)

Cependant, les nouvelles investigations suggèrent que les entreprises du domaine des combustibles fossiles sont profondément introduites dans les couloirs de Whitehall et ancrées dans les parcours professionnels des ministres et des fonctionnaires.

Les résultats suggèrent que le système des portes tambours entre les plus hauts fonctionnaires britanniques et les entreprises du secteur des combustibles fossiles est susceptible d’empêcher le gouvernement d’introduire davantage de réformes pour réduire l’influence et les activités des entreprises énergétiques afin de faire face au changement climatique.

Pompe à essence dans une station BP. (Aaron Lawrence, Wikimedia Commons)

BP et Shell

Il existe depuis longtemps une association étroite entre Whitehall et les deux plus grandes compagnies pétrolières du Royaume-Uni – BP et Shell – qui font partie des quatre entreprises internationales responsables de plus de 10 % des émissions de carbone depuis 1965 (les deux autres étant Chevron et Exxon).

Sir John Sawers, chef des Services secrets britanniques (le SIS, connu sous le nom de MI6) de 2009 à 2014, est directeur indépendant non exécutif chez BP depuis mai 2015, un poste qui a été soumis à l’ACOBA et approuvé par le ministre des affaires étrangères de l’époque, Philip Hammond.

Sawers a gagné 699 000 livres sterling au sein de BP depuis 2015

Mark Allen, le chef de l’unité antiterroriste du MI6 qui avait des liens étroits avec les services de renseignement libyens au début des années 2000, a quitté les Services en 2004 et en octobre de cette année-là, il a rejoint BP en tant que conseiller spécial, travaillant sur les contrats pétroliers libyens, toujours avec l’approbation du gouvernement britannique.

En 2005, Allen a accompagné le directeur général de BP, Lord Browne, pour rencontrer le dirigeant libyen, le colonel Kadhafi. Fait Chevalier la même année, Allen était proche de la CIA et du régime Kadhafi, qui menaient une politique antiterroriste comprenant des « techniques d’interrogation améliorées » et des transferts secrets de dissidents et de terroristes présumés, y compris des personnes ayant trouvé refuge en Grande-Bretagne.

Le général Nick Houghton, qui a été le chef d’état-major de la défense – le plus haut officier militaire britannique – en 2013-16 est une figure militaire de haut rang devenue conseiller de BP, dans l’année qui a suivi son départ de l’armée. Houghton est également devenu en 2020 conseiller de la société d’intelligence artificielle en matière pétrolière White Space, une société qui travaille en étroite collaboration avec Shell.

Un conseiller actuel de BP, et également actionnaire de la société, est Lord George Robertson, un ministre de la défense travailliste de la fin des années 1990, devenu ensuite secrétaire général de l’OTAN. Robertson a également été président non exécutif de BP Russian Investments Ltd, une filiale de BP plc, jusqu’en mars 2020.

Les gouvernements conservateurs et travaillistes ont longtemps courtisé cette société. Sir John Browne, l’ancien directeur général de BP, a été anobli pour devenir Lord Browne lors de la première vague de nomination des « pairs du peuple » sous Tony Blair. « Il appréciait les soirées à l’opéra et les petits-déjeuners des puissants avec le premier ministre », a-t-on rapporté en 2002.

Le mois dernier, Boris Johnson a créé un nouveau Comité des Entreprises afin que celui-ci puisse conseiller le gouvernement qunat à la reprise économique post-covid, parmi ses membres on compte Bernard Looney, actuel directeur général de BP. L’ancien directeur général de la société, Bob Dudley, a siégé au Groupe consultatif des entreprises de David Cameron, alors premier ministre.

Bernard Looney, PDG de BP. (Graham Trott, Wikimedia Commons)

La scientifique en chef de BP, Dame Angel Strank, qui y a travaillé pendant plus de 35 ans, siège actuellement au Conseil des Entreprises de Boris Johnson pour l’Industrie, les Infrastructures et la Production, dont la création a été annoncée en 2019. Elle a été honorée lors de la remise des prix de l’anniversaire de la Reine pour ses « services rendus à l’industrie du pétrole et du gaz ».

Shell a également des liens particuliers avec le gouvernement britannique. Sir Nigel Sheinwald, qui a servi dans le corps diplomatique de 1976 à 2012, notamment en tant qu’ambassadeur aux États-Unis, siège à son conseil d’administration. Directeur non-exécutif de Shell depuis juillet 2012, Sheinwald est également directeur non-exécutif de la société d’armement Raytheon UK.

Joanna Kuenssberg, l’actuelle vice-présidente des relations gouvernementales de Shell avec la Russie, est une autre ancienne fonctionnaire du ministère des affaires étrangères qui a rejoint la société à un poste de haut niveau. Elle a rejoint la société directement après avoir passé quatre ans comme haut commissaire britannique au Mozambique.

En 2015, Sir Iain Lobban, l’ancien chef de la plus grande agence de renseignement britannique, le GCHQ [Le Government Communications Headquarters est le service gouvernemental du Royaume-Uni responsable du renseignement d’origine électromagnétique et de la sécurité des systèmes d’information. Il est placé sous la responsabilité du Secrétaire d’État britannique aux Affaires étrangères et du Commonwealth,NdT], est devenu conseiller de Shell. La société a été accusée d’avoir employé deux anciens membres du MI6 dans le cadre d’un présumé accord pétrolier frauduleux au Nigeria, accord qui a d’ailleurs fait l’objet d’une enquête par des procureurs italiens.

Début 2017, en Italie, des cadres supérieurs de Shell ont été inculpés pour leur rôle dans ce projet qui a privé le peuple nigérian de plus d’un milliard de dollars.

Le système des portes tambours entre BP, Shell et le gouvernement fonctionne également dans l’autre sens. Quelques jours après la victoire électorale des travaillistes sous Blair en 1997, l’ancien président de BP, Sir David Simon, a été anobli et nommé ministre du commerce européen et de la compétitivité .

John Manzoni, qui a passé 24 ans chez BP, y compris au sein de son conseil d’administration, est devenu secrétaire permanent du Cabinet Office – l’un des plus hauts fonctionnaires du Royaume-Uni – et directeur général de la fonction publique de 2014 à 2020.

L’ancien conseiller spécial de Shell chargé des « relations gouvernementales internationales et des affaires réglementaires », Thomas Reilly, est devenu ambassadeur britannique au Maroc de 2017 à 2020.

L’actuelle haut-commissaire britannique en Ouganda, Kate Airey, a travaillé six ans pour Shell avant de devenir « conseillère en énergie pour l’Afrique » au ministère des affaires étrangères où son travail comprenait « l’analyse politique et le lobbying pour le pétrole et le gaz au Nigeria ». L’actuelle haut-commissaire britannique au Mozambique, NneNne Iwuji-Eme, a travaillé auparavant comme économiste pour Shell.

Les détachements sont un autre moyen de forger des liens étroits.

Par exemple, Simon Collis, qui est devenu ambassadeur britannique en Arabie saoudite, en Irak, en Syrie et au Qatar, a été détaché auprès de BP entre ses précédentes affectations diplomatiques en Jordanie et aux Émirats arabes unis. À ce poste, il a agi en tant que responsable des relations politiques et gouvernementales de BP pour le Moyen-Orient.

De même, Kate Smith, l’actuelle ambassadrice du Royaume-Uni en Grèce, a été détachée auprès de Shell entre deux postes de haut niveau au sein du ministère des affaires étrangères. Elle a servi pour la société comme conseillère en relations gouvernementales internationales avant de retourner au ministère des affaires étrangères en tant que directrice pour les Amériques.

Diriger des ministères

Des dirigeants exécutifs de compagnies pétrolières siègent dans les instances de plusieurs ministères. Simon Henry, qui a travaillé chez Shell pendant 30 ans, notamment comme directeur financier et directeur exécutif de 2009 à 2017, est membre du Conseil de la défense britannique, le plus haut comité du ministère de la Défense.

Le Conseil de Défense est « en charge de tout le spectre des activités de défense, en dehors de la conduite des opérations », y compris la définition de « l’orientation stratégique » du ministère de la Défense, selon le gouvernement.

Henry, qui est également directeur non exécutif du géant minier britannique Rio Tinto, est président du comité d’audit du Conseil de Défense qui « contrôle la façon dont les revenus du ministère de la Défense sont dépensés ».

Ann Cormack, qui a été nommée directrice non exécutive en octobre 2020, siège au Conseil du FCDO [Le bureau des Affaires étrangères et du Commonwealth est le département exécutif du gouvernement britannique chargé des affaires étrangères, de la construction européenne et des relations avec les pays membres du Commonwealth, NdT]. Cormack a passé 20 ans « dans des rôles de direction commerciale de première ligne chez Shell International » et dirige maintenant les ressources humaines internationales du groupe De Beers, une société d’expoitation de mines de diamants.

Tout comme le Conseil de Défense, le Conseil du FCDO fournit au ministère « des orientations stratégiques, de la surveillance, du soutien et un examen critique », selon le gouvernement.

Les entreprises énergétiques sont traditionnellement bien représentées dans les autres nstances du gouvernement. Sir Stephen O’Brien, qui a été sous-secrétaire d’État parlementaire au développement international de 2010 à 2012 siège au Conseil du ministère du commerce international. O’Brien est actuellement vice-président de Savannah Energy plc, une compagnie pétrolière britannique présente au Nigeria et au Niger.

En 2014, O’Brien aurait « contribué » à la signature d’un accord de partage de production entre le gouvernement du Niger et Savannah Petroleum. En tant que ministre, O’Brien a répondu à des questions parlementaires au gouvernement à propos du Nigeria.

Dame Ann Dowling, membre du conseil d’administration de BP, a été membre non exécutif du Conseil du ministère des affaires, de l’énergie et de la stratégie industrielle de 2016 à 2018. La précédente directrice indépendante principale du ministère du développement international était Vivienne Cox, qui a passé 28 ans chez BP, et a également été directrice de la multinationale britannique du pétrole et du gaz BG Group et de Rio Tinto.

Ian Davis, qui était auparavant membre du conseil d’administration de BP, a également été un membre non exécutif du Conseil du Cabinet Office.

Liens avec le renseignement

Suite à une marée noire dans le delta du Niger, 2012. (Sosialistisk Ungdom, Flickr)

Declassified UK a précédemment révélé que les trois derniers chefs du MI6 ont tous rejoint des sociétés pétrolières ou gazières après avoir quitté les services.

Le prédécesseur de Sir John Sawers à la tête du MI6, Sir Richard Dearlove, qui a servi dans l’organisation pendant 38 ans, est membre du conseil d’administration de Kosmos Energy, une compagnie pétrolière américaine opérant en Afrique et au Mexique, depuis décembre 2012. Dearlove a gagné plus de 2 millions de livres sterling grâce à cette société.

Un autre ancien dirigeant du MI6, Sir John Scarlett, est devenu conseiller du géant pétrolier norvégien Statoil (aujourd’hui appelé Equinor) en 2011. Il a reçu une « approbation inconditionnelle » de l’ACOBA, ce qui signifie qu’il a été immédiatement libre de faire pression sur ses anciens collègues des services de renseignement et du Parlement au nom de sa société.

Une autre responsable du renseignement, Dame Stella Rimington, qui a été directrice générale du MI5 de 1992 à 1996, a rejoint le conseil d’administration de British Gaz en 1997, l’année même où elle a quitté les Services. Rimington s’est retirée du conseil en 2005 lorsque la société a été rachetée par Shell pour 47 milliards de livres sterling.

Ancien président de la commission mixte du renseignement jusqu’en 2007, Sir Richard Mottram, qui était le conseiller en chef du Premier ministre Gordon Brown pour la sécurité et le renseignement, a rejoint en 2008 le « conseil consultatif international » de GardaWorld. L’entreprise travaille avec des clients sur « les marchés à haut risque dans le monde entier, en particulier les industries pétrolières et gazières et les industries minières ».

Le Complexe Militaire de combustibles fossiles

7 juillet 2017 : Sir Michael Fallon, à droite, avec le secrétaire américain à la Défense Jim Mattis. (DOD, Amber I. Smith, Wikimedia Commons)

Les secrétaires d’État à la défense britanniques trouvent depuis longtemps un emploi dans les sociétés énergétiques après avoir exercé leur mandat.

Au début de l’année dernière, Sir Michael Fallon, qui a été secrétaire à la défense en 2014-17, a été nommé directeur non exécutif indépendant et vice-président de Genel Energy, une société pétrolière et gazière constituée à Jersey qui opère dans la région du Kurdistan au nord de l’Irak.

La biographie de Fallon à Genel indique que « Sir Michael a été ministre de l’énergie au sein du gouvernement britannique de 2013-2014 : responsable du pétrole, du gaz, de l’électricité, du nucléaire et des énergies renouvelables.»

Dans son rôle à la défense au sein du gouvernement, Fallon a rencontré les premiers ministres du Kurdistan et de l’Irak et a approuvé et assisté à l’entraînement militaire britannique des forces kurdes dans le nord du pays.

L’année suivant la fin de son mandat, Fallon a occupé un poste de conseiller auprès de Klesch & Company Limited, que l’ACOBA a décrit comme « une société industrielle internationale spécialisée dans la production et le commerce de pétrole, de produits chimiques et de métaux ». En 2018, Fallon a fourni à la société des « conseils en stratégie sur le développement des affaires ».

Au moins deux des récents prédécesseurs de Fallon ont également travaillé pour des entreprises du secteur de l’énergie. Sir Malcolm Rifkind, qui a été ministre de la défense puis ministre des affaires étrangères de 1992 à 1997, a été de 1997 à 2005 directeur de Sea Energy, une société de services énergétiques offshore basée à Aberdeen qui détenait un certain nombre d’investissements dans les secteurs pétroliers et gaziers en Europe.

Rifkind a également commencé à travailler comme consultant pour le géant pétrolier et minier BHP Billiton en 1997 et a passé plusieurs années à les conseiller, a-t-il déclaré en 2015.« Je les conseillais principalement sur les débouchés envisageables au Moyen-Orient », a noté Rifkind. Il aurait également fait pression pour que la société obtienne des contrats pétroliers en Irak.

Le successeur immédiat de Rifkind au poste de secrétaire à la défense, Michael Portillo, qui a occupé ce poste de 1995 à 1997, a, après avoir quitté ses fonctions, travaillé au sein du géant pétrolier américain Kerr-McGee de 1997 à 2013 au moins. Il était censé conseiller la société sur les affaires internationales et a travaillé pendant une partie de cette période en tant que directeur à la société.

Les sociétés opérant dans le secteur de l’énergie ont également attiré quelques anciens chefs de l’armée britannique.

Le général Sir David Richards, chef d’état-major de la défense de 2010 à 2013, a été de 2014 à 2016 directeur d’Arturius International, qui a été décrit par l’ACOBA comme une société de logistique et d’ingénierie fournissant des services aux industries du secteur pétrolier et gazier, de la mine, de la défense et de la construction.

Un ancien chef d’état-major de la défense (1997-2001), le maréchal Charles Guthrie, est devenu en 2011 directeur de Gulf Keystone Petroleum, une compagnie pétrolière qui opère dans la région du Kurdistan d’Irak. Il est également devenu directeur non exécutif de la société aurifère russe, Petropavlovsk plc.

Guthrie est actuellement « conseiller principal » de Ron Wahid, président de la société de renseignement internationale Arcanum et de Magellan Investment Holdings, un investisseur dans les secteurs de l’énergie et des ressources naturelles, entre autres marchés.

Le ministère des Affaires étrangères et les compagnies pétrolières

Un train routier de BP dans l’outback australien. (Sibylle Dreyer, Wikimedia Commons)

La politique du FCDO, tout comme celle du ministère de la Défense, a longtemps été centrée sur la sécurisation des intérêts pétroliers, en particulier au Moyen-Orient, ce qui a conduit les gouvernements à entretenir des relations étroites et de soutien avec des Etats répressifs, notamment l’Arabie saoudite, premier producteur mondial de pétrole.

De hauts fonctionnaires du gouvernement agissent régulièrement comme des lobbyistes de haut niveau de facto pour le compte de sociétés énergétiques, comme lorsque le ministre des affaires étrangères de l’époque, Philip Hammond, a dirigé une délégation de chefs d’entreprise en Égypte en 2015, un pays sous l’emprise autoritaire du président Sisi, accompagné des directeurs généraux de BP et du groupe BG, entre autres sociétés.

Plus récemment, au début de l’année 2020, Lord Hammond, qui était également auparavant ministre de la défense et chancelier, a accepté un emploi rémunéré à temps partiel au sein du gouvernement d’Arabie saoudite.

Le Spectator a écrit l’année dernière : « Hammond a entretenu une relation étroite avec l’Arabie saoudite pendant plusieurs années. En 2015, alors qu’il était ministre des affaires étrangères, il a été critiqué pour avoir accepté une montre d’une valeur de près de 2 000 livres sterling d’un homme d’affaires saoudien, malgré l’interdiction faite aux ministres d’accepter des cadeaux coûteux. Et en juillet de l’année dernière, Hammond s’est rendu dans le pays en tant que Chancelier, afin de promouvoir les réformes économiques et sociales. Lors de ce voyage, payé par le contribuable, il a rencontré le ministre des finances qui lui a ensuite offert un poste. »

Hammond était ministre des affaires étrangères lorsque l’Arabie saoudite a lancé des frappes aériennes au Yémen au commencement de la guerre, début 2015, il a dirigé l’important soutien britannique à Riyad. Il a déclaré au parlement en juin 2015 que « l’Arabie saoudite est un allié important du Royaume-Uni. Notre relation est vitale pour notre sécurité nationale et nous donne accès à un haut niveau de dirigeants saoudiens ».

L’ACOBA a approuvé la nomination de Hammond en tant que conseiller saoudien, la soumettant cependant à certaines conditions telles que le fait qu’il ne devait pas s’appuyer sur des informations privilégiées provenant de son passage au ministère ou faire personnellement pression sur le gouvernement britannique au nom de son nouvel employeur pendant deux ans après avoir quitté son poste.

L’ACOBA a également approuvé le recrutement de Hammond en mars 2020 en tant qu’associé de Buckthorn Partners LLP, une société qui investit dans des entreprises de services liés à l’énergie, notamment dans le secteur du pétrole et du gaz.

Il a été démontré que les ministres, pendant leur mandat, ont personnellement fait du lobbying pour le compte des sociétés pétrolières. En 2011, il a été révélé que le ministre des affaires étrangères de l’époque, William Hague, avait fait pression sur des fonctionnaires en Ouganda pour aider la société britannique Tullow Oil à éviter de payer une facture fiscale de 210 millions de livres sterling. Tullow avait fait un don de 50 000 livres sterling au parti conservateur.

Lord Hague, comme il est maintenant officiellement connu après avoir été nommé pair à vie par son ancien patron, le premier ministre David Cameron, est depuis septembre 2015 directeur d’ICE Futures Europe. La société gère des contrats à terme et des contrats d’options sur le pétrole, le gaz naturel, le charbon et d’autres matières premières.

Avant de devenir député, Hague avait travaillé pour Shell. Un autre ancien employé de Shell, l’ancien ministre des affaires étrangères Sir Alan Duncan, a des liens particulièrement étroits avec l’industrie pétrolière , il est aussi un ancien trader en pétrole. Il l’a déclaré au Parlement en janvier 2015 : « J’ai eu, de temps à autres des activités sur les marchés de l’énergie, principalement dans le domaine du pétrole, pendant 35 ans ».

Alors qu’il était député, Duncan s’est enregistré comme président non exécutif de Fujairah Refining aux Émirats arabes unis, pour lequel il recevait 8 000 livres sterling par mois pour un travail impliquant trois réunions de week-end par an.

Duncan a également déclaré précédemment des revenus provenant d’Arawak Energy, une société impliquée dans l’exploration et la production pétrolière, et de Harcourt Consultants, une société qu’il a créée pour conseiller ses clients sur l’industrie du pétrole et du gaz.

En tant que ministre des affaires étrangères pour les Amériques en 2018, Duncan a noté dans un discours sur le Venezuela, où le Royaume-Uni a ouvertement essayé de destituer le président Maduro : « La relance de l’industrie pétrolière sera un élément essentiel de toute reprise, et je peux imaginer que des sociétés britanniques comme Shell et BP voudront en faire partie ».

Il a également déclaré : « Nous ne pouvons pas parler du Venezuela sans comprendre le rôle central joué par le pétrole depuis le début du XXe siècle, je parle en tant qu’ancien trader en pétrole ».

Un autre ancien ministre des affaires étrangères, Alistair Burt, est devenu en 2015 directeur non exécutif de President Energy, une compagnie pétrolière et gazière opérant en Amérique latine. Cette nomination a eu lieu alors que Burt était député et avant qu’il ne devienne responsable du Moyen-Orient pour la période 2017-19.

Parfois, le lien entre l’emploi public et privé est très étroit. Mark Simmonds, qui était ministre des affaires étrangères responsable de l’Afrique en 2012-14, est aujourd’hui directeur non exécutif de Lekoil, une compagnie pétrolière africaine opérant au Nigeria.

En tant que ministre, Simmonds a déclaré au Parlement en 2014 que « nous avons discuté » de questions pétrolières avec le gouvernement nigérian et que « nous avons fait pression pour une plus grande transparence dans le secteur du pétrole et du gaz au Nigeria ».

Ambassadeurs et Pétrole

Sir Dominic Asquith en 2013. (Chatham House, CC BY 2.0, Wikimedia Commons)

Régulièrement, après avoir quitté leur fonction, des ambassadeurs britanniques partent travailler pour des entreprises liées au secteur des industries extractives et qui sont aussi en liaison avec leur poste précédent. Sir Dominic Asquith, qui était ambassadeur britannique en Libye en 2011-12, pendant la guerre qui a renversé Kadhafi, est devenu conseiller du Libya Holdings Group, un investisseur dans l’industrie pétrolière et gazière libyenne.

Sir William Patey, qui a occupé quatre postes d’ambassadeur au cours de sa carrière diplomatique, notamment comme ambassadeur en Arabie saoudite, en Irak et au Soudan, pays riche en pétrole, « conseille désormais les entreprises qui investissent et opèrent dans la région du Golfe, en particulier dans le secteur du pétrole et du gaz et dans les services financiers et les industries de la défense ».

L’actuel ambassadeur britannique en Iran, Rob Macaire, a quitté son poste précédent de haut-commissaire au Kenya pour devenir directeur des affaires gouvernementales/publiques et des risques politiques au sein de BG Group. Après avoir travaillé cinq ans au sein de cette entreprise, il a été proposé comme ambassadeur à Téhéran avant d’occuper le même poste.

Roderic Lyne, l’ancien ambassadeur de Grande-Bretagne en Russie, est maintenant président non exécutif de la société minière Petropavlovsk, tandis que Richard Ralph a quitté son poste d’ambassadeur au Pérou en 2006 et est devenu président de Monterrico Metals, qui exploite le cuivre au Pérou.

Ralph a ensuite été condamné à une amende de 118 000 livres pour délit d’initié après avoir acheté des actions de Monterrico alors qu’il négociait dans le cadre de pourparlers de rachat.

Norman Ling, diplomate britannique pendant plus de 30 ans, a été ambassadeur en Éthiopie. Après avoir quitté ses fonctions, il s’est impliqué dans le développement de l’industrie minière en Éthiopie et est actuellement directeur non exécutif de Kefi Gold and Copper, une société qui travaille en Éthiopie et en Arabie saoudite.

L’ancien haut-commissaire britannique au Nigeria, Andrew Lloyd, a reçu l’approbation de l’ACOBA en 2012 pour devenir conseiller auprès d’Equinor (alors toujours connu sous le nom de Statoil). Il a rejoint la société immédiatement après avoir quitté le corps diplomatique et occupe aujourd’hui le poste de vice-président chargé de la politique internationale et des affaires publiques.

Un autre conseiller du géant pétrolier norvégien illustre le fait que le système des portes tambours britanniques va au-delà des ministères du renseignement, de la défense et des affaires étrangères, et s’ouvre à d’autres départements de Whitehall. L’ancienne secrétaire d’État à l’énergie et au changement climatique, Amber Rudd, a reçu en 2020 l’approbation de l’ACOBA pour devenir présidente du groupe consultatif d’Equinor.

Rudd avait été une fervente défenseure de l’industrie du pétrole et du gaz pendant son mandat, en présentant un projet de loi en 2016 visant à « respecter notre engagement à soutenir le développement du pétrole et du gaz en mer du Nord […] et à maximiser la récupération des ressources en mer du Nord au profit de la sécurité énergétique de la Grande-Bretagne ».

« Le gouvernement est clair : les larges épaules du Royaume-Uni soutiennent à 100% notre industrie pétrolière et gazière, les personnes qui y travaillent dur et les familles qu’elle fait vivre », a déclaré Rudd au Parlement en février 2016.

Son gouvernement a mis en place l’Autorité du pétrole et du gaz (OGA) pour réguler et promouvoir l’industrie pétrolière et gazière britannique. En 2014, l’OGA a nommé au poste de directeur général Andy Samuel, directeur général de l’exploration et de la production du groupe BG en Europe. L’OGA est une « entreprise publique » contrôlée par le ministère du commerce, de l’énergie et de la stratégie industrielle.

Présidente exécutive de Tullow depuis 2018, Dorothy Thompson, est directrice de la Cour de la Banque d’Angleterre, où elle préside le comité d’audit et de risque et en est la directrice indépendante principale.

Approbation de l’ACOVA

Nombre des nominations acceptées par d’anciens fonctionnaires ont été approuvées par le comité de neuf personnes de l’APECA présidé par Lord Pickles, qui a également été le « champion de la lutte contre la corruption » du Premier ministre de 2015 à 2017.

L’ACOBA affirme qu’il fournit des « conseils indépendants au gouvernement » concernant les fonctionnaires qui souhaitent être nommés dans les deux ans suivant la fin de leur mandat. Cependant, alors que le comité est principalement composé de personnalités extérieures à Whitehall, Pickles agit également en tant qu’envoyé spécial du gouvernement, sur les questions post-holocauste, ayant été nommé à ce poste en 2015.

Les recommandations de l’ACOBA s’appliquent aux « membres les plus hauts placés de la fonction publique, des forces armées, du service diplomatique et des agences de renseignement ».

Declassified a identifié plusieurs hauts fonctionnaires, par exemple d’anciens ambassadeurs, qui ont accepté des emplois dans le secteur privé et qui ne semblent pas avoir été obligés de passer par le processus de l’ACOBA.

La plupart des recommandations de l’ACOBA stipulent seulement, comme dans le cas de Lord Hammond, que lorsque d’anciens fonctionnaires acceptent de nouvelles fonctions, ils ne doivent pas s’appuyer sur des informations privilégiées provenant de leur période ministérielle.

Elles stipulent également régulièrement que les anciens fonctionnaires ne doivent pas être personnellement impliqués dans des activités de lobbying auprès du gouvernement au nom de leur nouvel employeur pendant deux ans après la fin de leur mandat.

Des conditions addtionnelles sont parfois recommandées, comme par exemple concernant le général Nick Houghton lorsqu’il est devenu conseiller de BP en 2017. On a également conseillé à Houghton de ne pas travailler sur le « marché de la défense britannique » ni conseiller une entreprise quelconque concernant une offre ou un contrat relatif au travail du ministère de la Défensque pendant deux ans à partir de son dernier jour en poste.

L’ACOBA a noté que le travail de Houghton avec BP impliquerait environ deux jours de travail par mois pendant trois ans et qu’il « fournirait des conseils stratégiques indépendants au niveau du conseil d’administration sur le fonctionnement, et le risque géopolitique qui y est lié, en Turquie, Moyen-Orient et Afrique du Nord – y compris la préparation aux crises et la gestion des réponses ».

Le fonctionnement de l’ACOBA fait depuis longtemps l’objet de critiques. En 2018, le ministre du cabinet fantôme du parti travailliste, Jon Trickett, a déclaré que cet organisme était « impuissant » et n’avait « pas une seule fois refusé une seule nomination à un fonctionnaire ».

« L’échec de l’ACOBA est au cœur de la façon dont l’establishment britannique survit et prospère à tous les niveaux à Whitehall », a déclaré Trickett.

Il a ajouté : « Les ministres et les conseillers spéciaux peuvent occuper des postes dans le secteur privé en faisant du lobbying au nom d’entreprises et de secteurs qu’ils étaient auparavant chargés de réglementer et de superviser, et la culture des seconds emplois de Westminster est totalement incompatible avec le rôle de députés en tant que représentants de leurs électeurs ».

Mark Curtis est auteur et rédacteur en chef de Declassified UK, une organisation de journalisme d’investigation qui couvre les politiques étrangères, militaires et de renseignement de la Grande-Bretagne. Il tweete sur @markcurtis30. Suivez Declassified sur twitter à @declassifiedUK

Source : Consortium News, Mark Curtis, 23-02-2021

Traduit par les lecteurs du site Les Crises

Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs - et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation. 

Commentaire recommandé

RGT // 23.03.2021 à 09h23

« les anciens hauts fonctionnaires trouvent souvent des postes lucratifs »…

Ben voui, mais il faut bien « survivre », surtout quand on a pris l’habitude de « péter dans la soie »…

Et ce n’est pas en faisant chauffeur de taxi, plombier ou éboueur (métiers qu’ils seraient de toute façon totalement incompétents à exercer) qu’ils pourront maintenir leur train de vie si durement obtenu « à la sueur de leurs fronts ».

Même leurs retraites qui feraient rêver n’importe quel gueux ne leur suffisent pas et il en exigent toujours plus.

Ne vous étonnez donc pas si pour maintenir leur privilèges et leur vie dans un luxe indécent vous devez trimer plus dur, plus longtemps, payer plus d’impôts et devoir vous soumettre encore plus à « l’autorité » suites aux lois qu’ils ont fait voter dan leur propre intérêt.

Il en sera ainsi tant qu’ils n’auront pas de comptes à rendre à la population de « moins que rien » qui ne sert qu’à les nourrir et à leur obéir.

Et les élections ne sont que du pipeau : Elles ne servent qu’à donner une illusion de « démocrassie » mais au final le vainqueur sera TOUJOURS le candidat choyé par les « hauts fonctionnaires » et les ploutocrates.

Si les élections pouvaient changer quoique ce soit elles auraient été interdites depuis bien longtemps.

21 réactions et commentaires

  • Darras // 23.03.2021 à 07h10

    Et ben dis donc. Ouf. C’est pas en France qu’enarques et X vont se gaver dans le privé après une dizaine d’années dans la haute administration en relation avec leurs futurs employeurs.
    Même que chez nous, ce schéma n’est même pas un plan de carrière tout à fait honorable nourrit dés l’entrée dans la grande école

      +8

    Alerter
    • EugénieGrandet // 23.03.2021 à 14h03

      @Darras. Vous placez le sujet sur les revenus (qui ne me posent pas de problèmes) alors que le débat est ailleurs, chez les britanniques. Il est dans l’utilisation des moyens de l’état au service du privé de par les hautes fonctions occupées précédemment dans le public par cet establishment.

      De mon côté, j’ai travaillé dans une grande entreprise du CAC40 et n’y ai croisé en 40 ans de carrière que 2 énarques.

      Chez les X des grands corps (après 10 ans de service public), c’est un ou deux maximum par 10 ans. (pour ne pas qu’ils se crêpent le chignon).

      Chez les X hors grands corps, pas besoin d’attendre 10 ans, ils sont recrutés à la sortie sans avoir à rembourser la pantoufle. (ça me choque profondément car leur salaire a commencé à être versé dès le premier jour de leur scolarité au motif qu’ils doivent aussi 10 ans à la collectivité, ce qu’il ne feront jamais sans rembourser les frais de leur scolarité.)

      Pour les 2 premiers, ils ne vont pas particulièrement « se gaver ». Ils reçoivent un salaire en fonction de leurs mérites (s’ils n’en ont pas, ils sont gentiment invités à prendre la porte de sortie. Expérience vécue pour un X-Mines et une énarque)

        +1

      Alerter
      • Darras // 23.03.2021 à 21h20

        Non, pas sociale, elle est culturelle, nuance.
        Faire X ou le top 5 grande école d’ingénieur ou le top 3 sup de co ou Normale Sup Ulm, c’est quasiment une compéte dés la naissance.
        Pourquoi? Parce que pour les intégrer, il aura fallu faire une des dix plus balaises prépas. Pour les intégrer, il faut un dossier première et terminale en béton platiné sur tranche dans un lycée bien côté. Pour y accéder, il faudra que les parents aient actionné toutes leurs capacités de relation, de ruse et de détermination pour zapper la carte scolaire. Et on peut le faire car l’éléve a un dossier exceptionnel de collégiens. D’un collégiens, ect… ect…
        Et pour tout ça il faudra d’abord que le parent soit conscient de l’énormité de chance que constitue le passage par une grande et qu’il connaisse le cursus.
        Je sais de quoi je parle, je suis un modeste technicien et mes deux enfants pourtant ont réussi des études particulièrement prestigieuses.
        Un père ou une mère ayant fait une Grande connaissent naturellement les exigences et jalons.
        Quant à l’argent, un peu de bourse par ci, d’allocations logements étudiants, de bourse au mérite, de garder une seule voiture de 20 ans, de ne pas faire tout ce qu’on voudrait et pourrait faire dans la maison, de raccourcir les vacances et partir à côté, des efforts quoi. Mais que je ne regrette pas un instant.

        Ce n’est pas social, c’est culturel.

          +3

        Alerter
      • Orhan // 23.03.2021 à 23h09

        « Il existe en France une détestation des gens trop diplômés » . Cest votre opinion ou il y a des analyses et enquêtes plus précises? De façon plus intuitive mais pas seulement, juste traîner sur les réseaux sociaux pendant les gilets jaunes, javais plutôt l’impression dun mépris sans borne des diplômes citadins pour les moins diplômes voire pas diplômes du tout. Le haine de classe me paraît plus pertinente du haut vers le bas que l’inverse.

          +4

        Alerter
        • Kasper // 24.03.2021 à 04h26

          Ce qui existe, c’est la détestation des arrogants bardés de diplômes mais incompétents qui perorent et se gavent aux frais de la collectivité tout en faisant la morale. Les gens façon Macron, Attali, BHL, Minc…

          Mais bon, cette détestation la est bien méritée.

            +3

          Alerter
  • Fabrice // 23.03.2021 à 08h17

    C’est l’illustration que ce libéralisme déclaré n’est que de façade et est en fait un capitalisme de copinage qui est fait de passes droits contre des retours de bons procédés.

    En gros face ils gagnent pile nous perdons

      +13

    Alerter
  • RGT // 23.03.2021 à 09h23

    « les anciens hauts fonctionnaires trouvent souvent des postes lucratifs »…

    Ben voui, mais il faut bien « survivre », surtout quand on a pris l’habitude de « péter dans la soie »…

    Et ce n’est pas en faisant chauffeur de taxi, plombier ou éboueur (métiers qu’ils seraient de toute façon totalement incompétents à exercer) qu’ils pourront maintenir leur train de vie si durement obtenu « à la sueur de leurs fronts ».

    Même leurs retraites qui feraient rêver n’importe quel gueux ne leur suffisent pas et il en exigent toujours plus.

    Ne vous étonnez donc pas si pour maintenir leur privilèges et leur vie dans un luxe indécent vous devez trimer plus dur, plus longtemps, payer plus d’impôts et devoir vous soumettre encore plus à « l’autorité » suites aux lois qu’ils ont fait voter dan leur propre intérêt.

    Il en sera ainsi tant qu’ils n’auront pas de comptes à rendre à la population de « moins que rien » qui ne sert qu’à les nourrir et à leur obéir.

    Et les élections ne sont que du pipeau : Elles ne servent qu’à donner une illusion de « démocrassie » mais au final le vainqueur sera TOUJOURS le candidat choyé par les « hauts fonctionnaires » et les ploutocrates.

    Si les élections pouvaient changer quoique ce soit elles auraient été interdites depuis bien longtemps.

      +27

    Alerter
    • Bouddha Vert // 25.03.2021 à 19h37

      Votre amertume est plutôt inspirée mais les faits que vous dénoncez ont de tout temps existé, la différence c’est qu’à l’époque de la croissance économique tout le monde se fichait de la goinfrerie de certains puisque pour soi et ses enfants l’avenir s’inscrivait avec un pouvoir d’achat en croissance pour les siècles des siècles.
      Malheureusement la fête est en train de se finir parce que les merveilleux hydrocarbures sont en déplétion et de toute manière s’oxydent dans nos machines pour augmenter les GES atmosphériques.
      Un nouveau monde va s’imposer à tous et ce n’est pas parce que quelques opportunistes oblitèrent toute empathie qu’il faut jeter l’opprobre sur tous ceux qui réussissent.

        +0

      Alerter
  • Castigat // 23.03.2021 à 13h08

    Pourquoi aller chercher au loin ce qui est chez nous érigé en système d’enrichissement de l’heureuse classe des ultra-privilégiés. Tout énarque se doit d’avoir pantouflé et rétro pantouflé pour une carrière digne de ce nom. Enrichissement sur nos deniers lesquels ont dûment financé leurs glorieuses études pour qu’ils servent les intérêts privés et lors de leurs passages publics forcés se gardent bien de malmener leurs patrons du cac 40 pour se ménager leurs retours.
    Des exemples…allez Sibeth en récompense de sa capacité à mentir devant la France entière comme une arracheuse de dents.

      +4

    Alerter
    • bogdan // 23.03.2021 à 14h06

      Sibeth énarque ? je ne savais pas. De plus, elle n’est pas représentative des postes de hauts fonctionnaires évoqués dans l’article.

      je ne connais pas beaucoup d’énarque qui ont pantouflé et rétro pantouflé. N’ayant pas accès à l’annuaire des anciens élèves, pourriez vous nous éclairer ?

        +1

      Alerter
  • bogdan // 23.03.2021 à 14h09

    On est en 2021. Elf a disparu en 2000. Fokker est décédé en 1997.

    On peut se complaire dans le passé mais est-ce utile ?

    (d’autant que l’article parle de faits récents et qu’il concerne le pantouflage qui ne s’applique pas aux noms que vous citez.)

      +3

    Alerter
  • Castigat // 23.03.2021 à 16h24

    Bogdan
    Quant à Sibeth si elle n’est pas énarque c’est à si méprendre tant elle a brillé d’incompétence et de mauvaise foi. Buzyn non plus n’est pas énarque et pourtant elle a toutes les qualités requises.

      +3

    Alerter
  • xavier37 // 23.03.2021 à 19h41

    C’est qu’ils ont des besoins hors normes ces bipèdes des élites et puis ils s’agit surtout d’acheter leur silence. C’est qu’ils en savent des choses qui ne doivent pas se savoir.

      +1

    Alerter
  • Christian Gedeon // 23.03.2021 à 19h57

    C’est marrant cette haine des diplômés toutes catégories. Tout le monde dans le même sac dès qu’il y a vrai concours et vraie sélection. Ce qui ne sélectionne pas échappe peu ou prou à l’ire générale. Mais la simple idée qu’on puisse sélectionner, au mérite académique en l’occurrence, rend verts de rage bien des jaloux et pourquoi ne pas le dire, bien des incapables de passer par le même parcours. Jadis on admirait les grands savants, les grands médecins, les grands ingénieurs. Aujourd’hui ce sont les footballeurs et les philosophes de salon bobos qu’on admire. On a les héros qu’on peut.

      +1

    Alerter
    • Castigat // 23.03.2021 à 23h47

      Haine des diplômés regardez idiocracy ou écoutez ce qu’en dit E. Todd voire un petit tour du côté bourdieusien de la reproduction des élites.
      Dans les hauts fonctionnaires quel est le taux d’enfants d’ouvrier ?

        +3

      Alerter
    • Kasper // 24.03.2021 à 04h33

      Cette « haine des diplômés » est un pur fantasme qui n’existe que dans votre esprit. Vous voyez beaucoup de gens hair les docteurs, les ingénieurs? Ceux qui provoquent la colère ont en commun d’étaler leur incompétence sans jamais être rattrapés par leurs erreurs et en courant très cher à la collectivité. Ceci explique sans doute cela…

        +4

      Alerter
  • Castigat // 23.03.2021 à 23h49

    Votre mépris des footballeurs indique un préjugé de classe idiot. Parmi eux des diplômés aussi. Chacun fera l’effort de les chercher.

      +1

    Alerter
  • Bouddha Vert // 25.03.2021 à 12h24

    Une mise à jour bien nécessaire à comprendre que dans des sociétés industrielles il faut impérativement nourrir nos machines… Quoi de mieux que de boucler l’accès aux hydrocarbures en mêlant pouvoir politique et industriel qui assurent la plus grande efficience à l’écosystème industriel.
    La Grande Bretagne a toujours était identifiée pour ses politiques pragmatiques, la composition de la trame de ces instances dirigeantes est le reflet de cette volonté.
    La France de ELF/Total n’est pas beaucoup moins implantée dans les cercle du pouvoir, le parangon de ce modèle pour le pétrole restant les états unis.

      +0

    Alerter
    • EugenieGrandet // 27.03.2021 à 06h55

      je ne connais pas grand monde ELF/Total dans les cercles de pouvoir. Éclairez moi (nous), s’il vous plaît.

      On parle de maintenant, pas des années 60-70 !

        +0

      Alerter
      • Bouddha Vert // 27.03.2021 à 22h46

        ELF existait encore en 1999, mais si vous ne désirez comprendre le monde que depuis votre naissance libre à vous!
        Pour votre information, Total a avalé ELF en 1999 au moment des mégafusions mondiales du secteur.
        Pour votre culture, cherchez un peu du côté de Albin Chalandon, Loïk Le Floch-Prigent, Philippe Jaffré.
        Peut être même qu’Eva Joly pourrait vous signifier quelque chose?
        Je n’ose remonter avant les années 1980 de peur que vous n’y rencontriez des mammouths.
        Cordialement.

          +1

        Alerter
      • Bouddha Vert // 27.03.2021 à 23h33

        J’oubliais l’essentiel, le XXIème siècle!!
        Là aussi un petit effort: Thierry Desmarest, Patrick Pouyanné devraient étancher votre soif à la seule lecture de leur carrière.
        Hormis le secteur financier pour des raisons secondaires, le secteur de l’énergie est celui qui alimente la révolution industrielle, il faudrait être un sacré benêt pour qu’un gouvernement ne soigne pas celui qui prépare le biberon.
        Clémenceau, 1917: « Désormais, pour les nations et pour les peuples, une goutte de pétrole a la valeur d’une goutte de sang. »

          +1

        Alerter
  • Afficher tous les commentaires

Les commentaires sont fermés.

Et recevez nos publications