Les Crises Les Crises
18.décembre.201818.12.2018 // Les Crises

Emmanuel Todd à l’Association Dialogue Franco-Russe

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Source : Association Dialogue Franco-Russe, Youtube, 12-12-2018

Mise en ligne sur Youtube de la vidéo de l’association publiée sur Facebook : https://www.facebook.com/dialoguefran…

Chronologie

Introduction 0:12 « Vous avez largement popularisé ces concepts clés de l’anthropologie historique tels que les structures familiales et les coutumes successorales », rappel des ouvrages où la Russie a été évoquée par Todd notamment dans « Après l’empire » et « Où en sommes-nous ? » particulièrement comme élément positif et stabilisateur d’un monde dominé par des États-Unis tout puissant et sans contre-poids véritable.

— Intervention — 2:50 Début

4:07 « La Russie dans ma vision des choses est bonne pour les États-Unis comme contre-pouvoir »

5:44 Le rôle des structures familiales en Russie et présentation du modèle général développé par Todd.

10:37 « L’individu est libéré mais a peur de sa liberté et va rechercher dans des structures politiques ou économiques des substituts à la chaleureuse et sadique ambiance de la famille russe ».

11:45 Généralisation du modèle des structures familiales à la planète entière.

15:57 La spécificité de la famille russe : patrilinéaire mais avec un statut relativement élevé de la femme.

19:08 Les rapports internationaux vu de Russie et son « approche universaliste » en percevant les nations comme égales venant de la famille russe considérant les fils comme égaux.

21:35 Explication comparative avec les Anglo-Américains : flexibilité de la famille nucléaire.

22:29 Au-delà de modèle décrit, obtenu par empirisme, pas d’hypothèse fondamentale et, ensuite, observation de la persistance des valeurs anthropologiques.

24:17 …exemple appliqué avec la France des gilets jaunes ! La France reste la France (ouf).

25:05 La Russie aussi persiste dans son être anthropologique — Description de la forme particulière de démocratie russe (éventuellement désignée comme « démocratie communautaire »).

27:59 Les indicateurs fondamentaux de la Russie (natalité, taux de suicide, mortalité infantile, etc.) indiquent qu’elle a retrouvé une « certaine forme de stabilité ».

28:48 « La Russie est de fait devenue, ou s’est trouvé dans la situation, d’être la seule des grandes nations développées qui reste à l’extérieur du processus de la globalisation et de la mondialisation ».

29:24 « C’est un pays qui maintient contre les idéologies post-nationales l’idée de la persistance des nations ».

30:02 L’efficacité russe sur la scène internationale expliquée.

33:10 La russophobie dans le monde occidentale avec ses deux pôles : le monde anglo-américain et la Scandinavie.

37:56 Au niveau des valeurs, le monde anglo-saxon peut être considéré comme le contraire du monde russe.

40:14 Les thèmes dominant la presse anglo-saxonne : la russophobie et les questions de genre, de sexe notamment la question transgenre, de dépassement des genres.

44:15 L’irruption des mœurs dans le débat géopolitique et le reproche à la Russie d’être régressive.

45:15 « La Russie incarne pour l’Occident une certaine forme de conservatisme des structures politiques et économiques mais aussi un certain conservatisme sur les mœurs » et son refus de l’expérience occidentale de dépassement du clivage entre homme et femme : « La Russie est devenue haïssable pour son conservatisme ».

47:44 Conclusion : le doute, l »anxiété sur cette révolution tentée du genre humain s’oppose au modèle russe conservateur — Le « conservatisme raisonnable » d’Edmund Burk évoqué.

— Questions/Réponses —

50:19 Début

50:34 Q1

51:37 R1 Le modèle explicatif des structures familiales n’est pas anhistorique, au contraire

55:29 Q2

56:58 R2 Cycle anthropologique (création d’une nouvelle cellule familiale) et cycles historiques : correspondance ? La transmission en Russie n’est pas continue mais « explosive »

58:34 Q3 59:06 R3 La russophobie en Scandinavie

1:02:20 Q4

1:05:28 R4 La famille communautaire russe est fondamentalement eurasiatique

1:12:18 Q5 I

1:14:15

R5 I Les valeurs sociétales et la géopolitique

1:19:00 Q5 II

1:19:22 R5 II L’hystérisation des questions sur les valeurs sociétales au sein des sociétés avancées

1:27:49 Q6

1:28:17 R6 La démographie russe et le dynamisme d’un pays jugé par sa balance migratoire

1:33:17 Q7

1:33:36 R7 Les autres pays à famille communautaire

1:37:58 Q8

1:37:48 R8 L’histoire anglaise et la flexibilité de la famille nucléaire absolue

1:44:45 Q9

1:45:26 R9 L’antisémitisme dans l’histoire russe

1:47:20 Q10

1:47:57 R10 La famille nucléaire égalitaire et la démocratie (notamment en comparant France et Espagne)

1:54:29 Q11

1:55:03 R11 La Russie comme « aberration anthropologique » (la France est en aussi une autre)

1:56:45 En guise de conclusion, travail en préparation : l’intégration du sens de l’humour dans l’analyse anthropologique (sérieusement) : « c’est l’absence du sens de l’humour qui s’apprend »

Source : Association Dialogue Franco-Russe, Youtube, 12-12-2018

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Commentaire recommandé

Sandrine // 18.12.2018 à 20h21

Non, Trump n’a pas une image de clown asexué. Bien plutôt celle d’un égoïste consommateur de poupées bimbo qui semblent tout droit sortie d’un film porno – le genre de gugus que l’occident américanisé produit par millions.
Poutine, malgré ses origines modestes a plus de classe et incarne un idéal classique de virilité à la romaine (qui est avant tout maîtrise de soi), cet idéal qui nous a été transmis par la culture, la littérature classique notamment – cette littérature que l’ecole en occident cherche à mettre sous le tapis, mais qui est encore largement enseignée en Russie.

14 réactions et commentaires

  • DocteurGrodois // 18.12.2018 à 09h31

    Les media indépendants anglo-saxons ont mis le doigt sur une officine hautement barbouzière intimement liée aux services Britanniques en forme d’ONG contre la désinformation nommée Integrity Initiative. Elle est à la base de nombreuses rumeurs et de campagnes de… désinformation contre les journalistes, politiciens, et autres personnalités qu’on accuse de collusion avec Poutine au travers d’un réseau de journalistes, d’experts et de diplomates regroupés et coordonnés par pays dont la France (les noms figurent dans les documents internes fuités).

    Dans l’article « Le Parti de la Russie en France » paru sur le site de l’Institute for Statecraft (la maison-mère), Dialogue Franco-Russe ci-dessus est cité avec raison dans une certaine mesure comme un organe d’influence, et Fillon, MLP, Melenchon, et autres sont décrits comme faisant carrément partie d’un réseau pro-Kremlin. Vous serez heureux de savoir que Les Crises y est cité comme source ( https://www.statecraft.org.uk/research/russian-party-france )

    Article de Grayzone Project:
    https://grayzoneproject.com/2018/12/17/inside-the-temple-of-covert-propaganda-the-integrity-initiative-and-the-uks-scandalous-information-war/

    Synthèse de MoA:
    https://www.moonofalabama.org/2018/12/the-strange-mind-of-christopher-nigel-donnelly.html#more

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  • Suzanne // 18.12.2018 à 11h13

    J’en profite pour signaler l' »Interdit d’interdire » de Taddéi d’hier, avec Emmanuel Todd et Daniel Schneidermann, émission qui est assez explosive, à voir absolument :
    https://www.youtube.com/watch?v=YhjkWXfUPc4

      +16

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    • ellilou // 18.12.2018 à 11h38

      Un vrai moment de pur plaisir intellectuel pour la peu cultivée petite personne que je suis 🙂

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  • amoursdesamours // 18.12.2018 à 11h58

    Merci pour ce moment savoureux. Je trouve votre conclusion – pourquoi « la Russie est détestée » – très juste. Un point de vue que je partage, aussi.

      +1

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  • Yannis // 18.12.2018 à 16h31

    « La Russie incarne pour l’Occident une certaine forme de conservatisme des structures politiques et économiques mais aussi un certain conservatisme sur les mœurs » et son refus de l’expérience occidentale de dépassement du clivage entre homme et femme : « La Russie est devenue haïssable pour son conservatisme ».

    On touche un noeud du problème (ou d’incompréhension entre deux cultures) si j’ose dire. D’un côté la figure hypervirile de Poutine, art martial et jeux d’échecs, de l’autre celle asexuée du clown Trump. Entre les deux, il y a possiblement une piste de refléxion sur l’émasculation symbolique d’un mouvement comme les Gilets jaunes, ou de toute dynamique qui remet en question d’une société occidentale de plus en plus infantilisante.

      +1

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    • Sandrine // 18.12.2018 à 20h21

      Non, Trump n’a pas une image de clown asexué. Bien plutôt celle d’un égoïste consommateur de poupées bimbo qui semblent tout droit sortie d’un film porno – le genre de gugus que l’occident américanisé produit par millions.
      Poutine, malgré ses origines modestes a plus de classe et incarne un idéal classique de virilité à la romaine (qui est avant tout maîtrise de soi), cet idéal qui nous a été transmis par la culture, la littérature classique notamment – cette littérature que l’ecole en occident cherche à mettre sous le tapis, mais qui est encore largement enseignée en Russie.

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  • fanfan // 18.12.2018 à 16h58

    Thinkerview – Futur de l’ordre mondial, la menace russe ? [EN DIRECT]
    Interview de Alekseï Pouchkov en direct à 15h, le 18/12/2018
    Lien (> 5:22) : https://www.youtube.com/watch?v=iVEdbIb1xQw

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  • moshedayan // 18.12.2018 à 17h11

    Je ne crois pas qu’il faille exagérer le conservatisme masculin de la Russie face au libéralisme féminin de l’Occident. C’est une vision certes mais qui n’explique pas tout, loin de là. La société soviétique et post-soviétique accorde une place importante aux femmes. La femme russe est forte, elle s’est construite sur l’indépendance économique et surtout bien avant les « Occidentales » sur. la maîtrise de sa fécondité, pour des raisons matérielles impératives (salaires trop bas ou logements trop petits). La figure « hypervirile » de Poutine est une réponse en fait à l’ivrognerie de Yeltsine (qui laissait sa femme et surtout sa fille s’enrichir aux dépens du peuple…). Par contre, le conservatisme familial de la Russie (paradoxe avec les divorces en grand nombre) est réellement opposé au libéralisme occidental qui individualise à outrance les personnes au point de casser la famille pour répondre à des impératifs de marché du travail – l’individu doit être mobile à tout moment. J’ai écouté une fois un discours de Poutine et sa critique du libéralisme des moeurs allait clairement vers cette direction. Cette liberté des moeurs et l’inexistence d’une vraie cellule familiale classique sont des outils des « libéraux capitalistes », pour une souplesse de la main d’oeuvre « malléable et corvéable à merci », c’était le sens de ses propos.
    Quant au 2e élément de la haine de la Russie : ce pays n’est plus ouvert au libéralisme débridé sous Yeltsine et n’offre donc plus un accès libre à ses ressources naturelles. Son régime doit donc être abattu, Poutine en premier, par la subversion, les provocations voire la guerre totale. Le peuple russe en est conscient. Reste les oligarques corrompus qui, eux, sont divisés. Ceux qui ont d’importants avoirs à l’étranger, et dont les affaires souffrent des sanctions sont prêts à trahir. D’autres ont fait le choix d’être patriotes.

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    • Suzanne // 18.12.2018 à 18h16

      Je ne pense pas qu’Emmanuel Todd exagère ce statut masculin. Il précise bien dans « où en sommes-nous? » que le système familial est communautaire, et avec un statut élevé de la femme.

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    • Sandrine // 18.12.2018 à 20h52

      Le statut élevé de la femme en Russie est surtout dû au communisme.
      Cependant, par rapport aux autres pays à famille communautaire (comme la Chine), il est vrai que le statut de la femme est plus élevé. Cela est probablement dû au Christianisme et à sa sacralisation du mariage monogame (il n’y a qu’a assister à un mariage orthodoxe russe avec le rituel des couronnes pour s’en persuader), là où la Chine est indifférente à la polygamie.
      Il est important cependant de noter que la condition des femmes en Russie s’est dramatiquement aggravée à partir de l’affirmation de la Moscovie au XVe siècle – et que cela correspond aussi à une période d’augmentation de l’emprise du clergé orthodoxe sur la société.
      Avant l’arrivée de la horde d’or et l’affirmation consécutive de la moscovie, les familles étaient nucléaires, avec des femmes très libres (très semblables à ce que l’on trouvait dans les peuples barbares germaniques plus à l’ouest au haut moyen-age)

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      • yann // 19.12.2018 à 10h35

        Personnellement je pense simplement que le statu de la femme est plus élevée dans les pays européens ayant été christianisé les plus tardivement et ayant été moins influencé par les puissances méditerranéennes. On d’ailleurs en partie penser que le bas statu des femmes est en grand partie le résultat de la domination romaine et grecque sur la méditerranée. Ce n’est pas un hasard si la Scandinavie et la Russie ont un statu de la femme plus élevé alors que leurs structures familiales sont différentes.

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        • Sandrine // 19.12.2018 à 14h45

          E. Todd dit dans la vidéo que bas statut des femmes et système familial patrilinéaire sont liés (ce qui parait logique en effet ) et que les zones ou ce systeme est tres ancien sont aussi les zones où le statut des femmes et le plus bas. C’est en Mesopotamie que ce système semble être apparu en premier (c’est en tout cas ce que dit Todd). Et il s’est ensuite diffusé dans l’ensemble de la Méditerranée – la civilisation gréco-latine n’a en aucune façon été leader dans ce processus.
          Comme dit Todd, la patrilinearite (ainsi que son corollaire, la famille souche et plus encore la famille communautaire) est conçue pour transmettre un patrimoine, pour conserver les biens acquis. Elle est particulièrement bien adaptée aux grands empires qui nécessitent une classe de guerriers très développée (ce qui accentue la dévalorisation des femmes). D’où logiquement sa forte implantation en Chine et dans tous les empires méditerranéens. D’où, egalement, sa présence dans les empires germanique et russe de maniere plus tardive.
          En Russie, l’apparition de gynécée (le Terem) et l’obligation pour les femmes de se couvrir la tête apparait, de maniere tres significative, apres l’effondrement de l’empire byzantin, lorsque la Moscovie commence à développer le thème de « la troisieme Rome » et reprend à son compte tous les symboles byzantins (l’aigle à deux tête, le titre de tsar dérivé de César, etc.).
          Le Christianisme n’a en réalité fait qu’accompagner le mouvement, tout en apportant, cependant, sa marque originale : la dévalorisation de la sexualité, ce qui, quoiqu’on en dise, est favorable aux femmes, parce qu’elle rend la polygamie illégitime.

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  • Fritz // 18.12.2018 à 17h58

    Merci pour cette vidéo, et pour son analyse précise et chronométrée.

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  • Un_passant // 19.12.2018 à 17h35

    La Russie apparaît comme un obstacle au mix androgyniste et décolonialiste à l’oeuvre aux USA et qui se répand en Europe. Mouvement qui s’est amplifié depuis qu’une universitaire américaine a théorisé un concept de privilège blanc, idée inepte qui n’est pas, dans la réalité, un privilège blanc mais la chance d’être né dans une famille plutôt bourgeoise. Associé au déconstructivisme… on arrive à tous ces délires que je qualifierais de « privilège des plaintifs et des minorités » qui sont mis en oeuvre depuis une petite dizaine d’années (et particulièrement depuis trois ou quatre ans). Tout ça n’étant que la suite, le prolongement de toutes les théories plus ou moins enfumées des hippies (dont le veganisme est une autre expression).
    Si on regarde le mouvement hippie dans le détail, on retrouve la plupart des idées actuellement mises en avant.

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