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1.août.20201.8.2020
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FAQ – Réponses à vos Questions

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Avant de commencer, nous tenions vraiment à tous vous remercier, non seulement pour votre participation, mais aussi pour vos nombreux messages de soutien.

Votre implication dans la vie du blog est une source de motivation pour toute l’équipe.

Olivier Berruyer répond ici à quelques-unes de vos questions.

Bonne lecture à toutes et à tous !

Plan :

Q1 – Castex, Dupont-Moretti, Darmanin, Bachelot : Que pensez-vous du remaniement ministériel ?

Q2 – Quel regard portez-vous sur la Collapsologie ?

Q3 – Selon vous, qu’est-ce que les chaînes YouTube spécialisées en zététique, ou en « art du doute » peuvent apporter aux citoyens ? Par ailleurs, comment se prémunir face à une mauvaise utilisation de la pensée critique qui, au lieu d’entretenir la nuance, développe parfois un manichéisme de la pensée ?

Q4 – Pourquoi certains commentaires disparaissent-ils dès le clic de publication ? Quelles sont les raisons de la modération de l’espace « Commentaires » du blog ?

Q5 – Sur quel thème portera votre prochaine série de billets ?

Q6 – Pourquoi un tel acharnement à l’encontre de Didier Raoult ?


Q1 – Castex, Dupont-Moretti, Darmanin, Bachelot : Que pensez-vous du remaniement ministériel ?

Spontanément, j’aurais plutôt envie de répondre : « rien », ou « pas grand-chose ». Le monde politico-médiatique français s’enfonce de plus en plus loin dans la société du spectacle. Je me refuse donc par principe à rentrer dans le « commentariat » tant apprécié par les chaînes d’information en continu.

C’est aussi pour cette raison que vous n’avez pas vu sur Les-Crises des articles avec pour thématique : « Macron a-t-il re-re-re-changé ? », « Jean Castex, homme de terroir », ou « Roselyne Bachelot, amoureuse de l’Opéra »…

Tomber dans le commentariat en 2020, c’est déjà être complice de ces manœuvres politiques du Pouvoir.

Cependant, on peut malgré tout souligner – une nouvelle fois – la nullité de Macron, y compris dans la manipulation des masses.

On remarquera ainsi son incapacité totale à trouver un Premier Ministre qui soit vraiment porteur de sens (mais en revanche aussi « doué » que lui en géographie).

[Source]

[Source]

On pourrait également souligner la nomination de deux ministres pourtant sous le coup d’enquêtes judiciaires, et ce alors que Macron a en partie été élu sur une promesse de « moralisation de la vie politique »…

L’un Ministre de l’Intérieur, accusé de viol, dont la seule nomination déclenche des manifestations ; et l’autre, Ministre des Comptes publics, faisant l’objet d’une enquête du Parquet National Financier pour « corruption » et « prise illégale d’intérêts ».

La conclusion est donc simple : Macron est définitivement incapable de s’entourer de personnes de qualité…

Q2 – Quel regard portez-vous sur la Collapsologie ?

Comme vous le savez, les crises écologiques sont régulièrement abordées sur le site. Il est pour nous crucial de donner davantage de visibilité à ces thématiques, qui ne sont que trop peu (ou trop mal) abordées aujourd’hui dans les grands médias.

La collapsologie se veut plus globale. Elle étudie les interdépendances de nos sociétés qui, dans un contexte de réactions en chaîne néfastes, pourraient conduire à un effondrement de la société telle que nous la connaissons (cf. rapport du MIT, Dennis Meadows, etc.).

Nous en avons rendu compte sur ce site, à de nombreuses reprises :

https://www.les-crises.fr/perspectives-pour-un-monde-au-pib-en-declin-par-dennis-meadows/

https://www.les-crises.fr/les-limites-de-la-croissance-et-l-epidemie-de-covid-19-par-dennis-meadows/

https://www.les-crises.fr/dennis-meadows-la-democratie-a-echoue-a-traiter-le-probleme-environnemental/

https://www.les-crises.fr/recommande-leffondrement-global-est-il-imminent-par-graham-turner/

https://www.les-crises.fr/dennis-meadows-croissance/

https://www.les-crises.fr/meadows-croissance-mondiale/

https://www.les-crises.fr/quest-ce-que-lequation-de-kaya-par-jean-marc-jancovici

https://www.les-crises.fr/interdit-dinterdire-bihouix-vs-ramaux-pour-eviter-leffondrement-que-faire

Par ailleurs, comme vous le savez sans doute, Les-Crises est un partenaire de la chaîne YouTube Thinkerview. Nous avons également relayé les interviews traitant de collapsologie :

https://www.les-crises.fr/video-jean-marc-jancovici-anticiper-leffondrement-energetique-par-thinkerview

https://www.les-crises.fr/jean-marc-jancovici-et-philippe-bihouix-croissance-et-effondrement-par-thinkerview

https://www.les-crises.fr/video-pablo-servigne-effondrement-de-la-civilisation-par-thinkerview

https://www.les-crises.fr/p-servigne-j-blamont-introduction-au-siecle-des-menaces-par-thinkerview

https://www.les-crises.fr/video-quand-la-science-appelle-a-laide-pour-lhumanite-aurelien-barrau-astrophysicien-par-thinkerview/

https://www.les-crises.fr/vincent-mignerot-anticiper-leffondrement-par-thinkerview

C’est donc un domaine qui nous intéresse particulièrement.

Le XXIe siècle sera sans doute celui de ruptures profondes avec les tendances à l’œuvre depuis plusieurs décennies. Ces ruptures se manifesteront à divers endroits du globe, mais tout particulièrement en Occident, puisque c’est notre modèle de société qui va heurter le premier les limites physiques de notre planète.

Il est donc très important d’informer correctement l’opinion publique sur ces graves enjeux – sans non plus les caricaturer et sans tomber trop facilement dans le grand catastrophisme.

La crise actuelle est à ce titre un bon exemple des difficultés que nous aurons très probablement à affronter dans les prochaines décennies.

Q3 – Selon vous, qu’est-ce que les chaînes YouTube spécialisées en zététique, ou en « art du doute » peuvent apporter aux citoyens ?

Par ailleurs, comment se prémunir face à une mauvaise utilisation de la pensée critique qui, au lieu d’entretenir la nuance, développe parfois un manichéisme de la pensée ?

Le manichéisme de la pensée peut toucher la pensée critique, mais aussi la pensée non-critique…

Finalement, la zététique, c’est « L’art du doute ».

Il faut toujours douter, raisonnablement, jusqu’à l’obtention de démonstrations solides, en se tenant à distance des dogmes, préjugés et idées reçues.

Les bonnes chaines de zététique sont précieuses, car elles permettent d’expliquer au public des principes scientifiques fondamentaux, et d’éveiller au doute scientifique et à la pensée critique.

Et on a vu cette année à quel point ces principes fondamentaux sont de moins en moins répandus et maitrisés, y compris par nombre de médecins par exemple.

Gardons bien à l’esprit l’enseignement du philosophe et mathématicien Bertrand Russell :

Cependant, un nouveau phénomène a hélas tendance à se développer : il s’agit de la méthode de pensée dite « hypercritique », qui consiste à abuser de son esprit critique pour finalement s’éloigner de la Vérité.

Ce n’est pas un problème nouveau ; le livre Introduction aux études historiques de Charles-Victor Langlois & Charles Seignobos en parlait déjà très bien en 1898 :

« L’hypercritique. C’est l’excès de critique qui aboutit, aussi bien que l’ignorance la plus grossière, à des méprises. C’est l’application des procédés de la critique à des cas qui n’en sont pas justiciables. L’hypercritique est à la critique ce que la finasserie est à la finesse. Certaines gens flairent des rébus partout, même là où il n’y en a pas. Ils subtilisent sur des textes clairs au point de les rendre douteux, sous prétexte de les purger d’altérations imaginaires. Ils distinguent des traces de truquage dans des documents authentiques. État d’esprit singulier ! à force de se méfier de l’instinct de crédulité, on se prend à tout soupçonner. »

Tentons d’illustrer l’hypercritique. Imaginons que nous tracions un nuage de points à partir des mesures d’un phénomène physique (par exemple le poids en fonction de la taille) afin de voir s’il y a une relation entre eux :

Un scientifique raisonnant par une méthode critique va constater qu’il y a bien une relation, et il va la modéliser (« plus on est grand, plus on est lourd » – en général !) :

En revanche, un scientifique sombrant dans la méthode hypercritique – mais néanmoins intelligent – préférera mettre en avant les nombreux comportements et exceptions, au risque de passer à côté de la relation « taille-poids » :

Illustrons à nouveau en allant sur le terrain de la Justice. Prenons trois exemple d’enquête criminelle : sans Science, avec Science critique, et avec Science hypercritique :

Avec une enquête sans Science, que va donner la Justice ? Lors d’un assassinat, une personne est aperçue dans les 300 mètres ; des témoins affirment avoir reconnu M. Dupont au loin dans la nuit. Il est condamné, même s’il est innocent. Pas de méthode scientifique, pas de justice possible. [Je vous recommande d’ailleurs l’excellente série Netflix Preuves d’innocence à ce sujet].

Dans une enquête avec Science critique, on remarquera qu’il impossible d’identifier quelqu’un de nuit à 300 mètres. On découvrira que M. Dupont avait un alibi solide et que les traces d’ADN sur la victime ne sont pas à lui. Il sera donc déclaré innocent et l’on cherchera un autre coupable. La Science nous rapproche de la vérité et nous évite d’être injuste.

Enfin, dans une enquête avec méthode hypercritique, peu importe le suspect (y compris si c’est bien le coupable), on trouvera toujours quelque chose à redire. L’obscurité restera un problème même si le suspect a été identifié à moins d’1m50 ; la résolution de la vidéo-surveillance ne sera jamais suffisante ; les témoignages seront constamment remis en doute ; et même les résultats des traces d’ADN seront questionnés (il y a une chance sur 5 milliards qu’un autre individu ait les mêmes). Impossible de condamner qui que ce soit : les coupables restent libres.

Bref, la méthode hypercritique – bien que stimulante intellectuellement – nous fait souvent perdre beaucoup de temps et d’énergie pour finalement se retrouver fort éloigné de la Vérité et de la Justice…

Pas de doute, pas de Vérité ; trop de doute, pas plus de Vérité.

Q4 – Pourquoi certains commentaires disparaissent-ils dès le clic de publication ? Quelles sont les raisons de la modération de l’espace « Commentaires » du blog ?

Rassurez-vous, si votre commentaire disparaît dès le clic de publication, ce n’est pas qu’il a été « censuré » par défaut.

Il est simplement transmis à l’équipe de modération pour validation. Notre équipe étant peu nombreuse et bénévole, il est normal d’avoir parfois des délais entre le moment où vous postez votre commentaire et le moment où il est effectivement publié. Cela arrive notamment lorsque quelqu’un rédige plusieurs commentaires à la suite. Cela permet d’éviter les trolls et les spammeurs et ainsi de maintenir un réel espace d’échanges.

En ce qui concerne la modération, comme l’indique la Charte des commentaires, il y a 2 principaux types de cas de modération.

Le premier est le cas classique de commentaires illégaux ou injurieux. Le deuxième cas est celui de commentaires affirmant avec aplomb des choses factuellement fausses. Il nous arrive d’en laisser certains lorsqu’un débat s’instaure entre commentateurs pour les corriger.

Mais si la même fausse affirmation revient plusieurs fois, elle est modérée, car elle risque de ne pas être corrigée et donc de tromper les lecteurs.

Il y a un troisième et dernier cas qui regroupe :

  • Ceux qui ne sont manifestement pas en lien avec le billet commenté ;
  • Ceux qui font des liens vers des sites ou articles douteux ;
  • Ceux ayant pour but de rouvrir en permanence des sujets déjà évoqués sur le blog.

Cette problématique de modération est due au fait qu’il y a un choix à faire entre deux propositions quant à la raison de créer un espace commentaires. Cela revient à répondre à la question : « À qui sert le commentaire ? »

  • Réponse A : il sert au commentateur, qui se fait plaisir à laisser son avis quel qu’il soit. Dans ce cas, il ne faudrait pas les modérer. Avantage : les commentateurs sont contents. Inconvénient : on aura régulièrement 100 à 600 commentaires par billet – qui ne seront donc lus par presque personne.
  • Réponse B : il sert au lecteur, qui prend plaisir à lire quelques dizaines de commentaires variés et intéressants. Problème : il faut donc supprimer les autres.

83 % des lecteurs du site ont voté pour la Réponse B.

Je profite d’ailleurs de cette question pour remercier à nouveau les modérateurs (qui sont aussi, avant tout, des lecteurs bénévoles, comme vous), qui réalisent en permanence cet énorme travail.

Q5 – Sur quel thème portera votre prochaine série de billets ?

Ma prochaine série de billets arrivera très bientôt. Je travaille actuellement dessus. Il s’agit d’une importante série sur la BCE, le récent accord européen et la question des dettes publiques. Ce choix vient en partie du fait que nombre d’entre vous nous ont posé des questions sur le sujet ces dernières semaines. J’ai vraiment hâte d’avoir vos réactions à sa sortie.

En attendant je vous recommande la lecture du dernier papier d’Eric Juillot sur le sujet (c’est ICI).

Q6 – Pourquoi un tel acharnement à l’encontre de Didier Raoult ?

Parce que conformément à l’esprit de ce blog qui tente de défendre le principe d’ « auto-défense intellectuelle », nous estimons que notre devoir est d’aiguiser toujours un peu plus l’esprit critique de nos lecteurs.

Ainsi, alors que la crise sanitaire battait son plein en raison d’une gestion de crise hautement critiquable par le gouvernement, nous avons vu un professeur – que le grand public ne connaissait pas ou peu – conseiller du gouvernement et proche de tout l’establishment LR de PACA et de Brigitte Macron, s’éloigner dangereusement de l’éthique et de la rigueur scientifique qui fondent son métier.

Nos « radars d’auto-défense intellectuelle » se sont alors naturellement déclenchés, d’autant plus qu’à mesure que Didier Raoult prenait ses distances vis-à-vis de la méthode scientifique, ce dernier prenait de plus en plus de place dans le jeu politico-médiatique – jusqu’à ce que nous ayons droit à des prime-time de Didier Raoult sur cette grande chaîne « antisystème » qu’est BFM-TV…

Alors que plusieurs médecins et scientifiques alertaient sur le caractère « anti-scientifique » et manipulatoire de son essai, très peu de médias ont décidé d’enquêter sérieusement sur le sujet. Cela s’explique en partie du fait que le temps scientifique est incompatible avec le temps médiatique, et en partie car les médias se sont encore plus transformés en vendeurs de temps de cerveau disponible à l’affut du moindre buzz.

Il faut de longues semaines pour découvrir une nouvelle maladie infectieuse, la décrire, découvrir son origine microbienne et expliquer sa transmission. Dans l’urgence d’une épidémie, on espère la même vitesse pour les découvertes thérapeutiques et on comprend mal les délais nécessaires à l’obtention d’un nouveau traitement efficace.

Les premiers à tomber dans cet écueil sont les mondes médiatiques et politiques, habitués au temps court et peu enclin à comprendre la nuance dès lors que leur principal objectif reste avant tout de gagner des points (d’audience ou de sondage). Cette obsession de l’instantané et de la réponse toute prête rentre en contradiction totale avec le monde de la science qui exige du temps et se heurte à beaucoup d’obstacles.

Pourtant, Didier Raoult s’est largement prêté à ce sombre jeu politico-médiatique et a ainsi tout fait pour entretenir, non pas des doutes raisonnables, mais une polarisation de l’opinion publique autour d’une certitude sans fondement : la grande efficacité qu’aurait son protocole.

Or, en Science, tout repose sur « l’art du doute ». Il faut toujours douter, raisonnablement, jusqu’à l’obtention de démonstrations solides, en se tenant à distance des dogmes, préjugés et idées reçues.

Il nous a donc paru important, à la fois de faire tomber le voile de l’idéalisation du personnage (largement due à son incroyable médiatisation), mais aussi d’attirer l’attention de nos lecteurs sur les manipulations de cet individu, amplifié par son bras droit, député suppléant LREM (et qu’attendre de telles personnes au niveau de l’intégrité ?).

Comme à notre habitude, nous avons fait en sorte que chacun puisse exercer une « auto-défense intellectuelle », et ainsi ne pas devenir esclave de ses propres certitudes. Chacun est bien libre de croire ce qu’il veut, mais nous le sommes aussi de montrer des fraudes grotesques quand elles apparaissent sous nos yeux, sur un domaine que nous connaissons bien.

A l’heure où notre société fonctionne de plus en plus dans l’affrontement et le « pour ou contre », ou plutôt le « pour tout ce qui est contre ce que je n’aime pas » (une fausse logique d’association malsaine), il nous paraît indispensable de lutter contre cette dérive du manichéisme de la pensée, largement alimentée par les grands médias, où la notion d’esprit critique n’est plus utilisée pour douter raisonnablement mais pour asseoir des certitudes idéologiques. Ces visions polarisées et passionnées empêchent de comprendre les évènements, et donc d’agir correctement.

Ainsi, au début de la crise et durant tout son cours, notre position invariable sur le sujet a été la suivante :

« Le traitement de Didier Raoult est peut-être efficace – nous l’espérons mais les éléments dont nous disposons ne sont pas suffisamment solides pour en être certains. Par ailleurs, sa méthodologie hautement critiquable et sa communication à base de certitudes doivent nous amener à la prudence, à la patience et au doute raisonnable – bref, à l’auto-défense intellectuelle ».

Vous l’aurez compris, pour nous, cet épisode est loin d’avoir été une « exception ». Il s’inscrit parfaitement dans la ligne du blog et nous l’avons traité de la même manière que nous aurions traité une tribune vantant les mérites de l’austérité budgétaire, une chronique d’un éditocrate ultra-libéral, ou une n-ième sortie de BHL sur la démocratie en Libye…

Tristement, cette affaire Raoult a rapidement quitté le domaine de la science médicale pour basculer du côté « politique », ce qui explique les réactions très vives de part et d’autre. Et c’est pourquoi, la majorité des soutiens et les détracteurs de Raoult se rangeaient respectivement dans des groupes politiques assez facilement identifiables. Dès lors, notre positionnement a également été vécu par certains d’entre vous comme un positionnement politique.

Je reconnais que le ton adopté dans nos articles traduisait une exaspération à la fois face à la proportion que l’affaire a prise, et face à une incapacité à rendre audible un argument pourtant très simple : nous ne sommes pas anti-chloroquine, nous voulons simplement un essai clinique randomisé robuste pour trancher la question conformément à la démarche scientifique. Mais à l’évidence, c’était impossible à entendre par beaucoup, car à ce moment là, Didier Raoult était déjà devenu un symbole intouchable, une icône politique, pour tous ceux qui à raison s’insurgent contre la faillite des autorités.

Quand nous avons mesuré les problèmes scientifiques à l’IHU de Marseille, nous avons tenté de démystifier le personnage. C’est là que avons découvert un Raoult au passé scabreux, et nous avons voulu tout vous montrer, preuve à l’appui, dans l’espoir de faire tomber le voile de l’idéalisation de la personne, et éveiller chez vous la méfiance et le doute nécessaire à la réflexion scientifique. Ce doute était paralysé par le militantisme de tout à chacun. Il est évident que de notre côté nous n’avons pas été assez subtils, et c’était une erreur de commencer par vous présenter cette facette du personnage hors du champ scientifique, avant de vous exposer les manipulations liées à ses travaux scientifiques.

Nous avons bien pris acte des réactions de certains d’entre vous : à l’avenir, nous nous engageons à être plus clairs dans nos intentions, pour que la confiance que vous nous apportez depuis des années reste inchangée.

 

Et pour ceux qui continuent de nous demander quel laboratoire nous a corrompu et avec quel montant (merci de nous faire rire dans cette période difficile), nous rappellerons deux choses :

1/ Penser que « critiquer Raoult et ses méthodes » revient à « être à la solde de Big Pharma » constitue un parfait exemple de manichéisme de la pensée (tout blanc ou tout noir). La réalité est évidemment bien plus nuancée et ce refus de la nuance est aux antipodes de l’auto-défense intellectuelle que nous défendons sur ce site.

2/ Contrairement à Didier Raoult, nous estimons que la démocratisation de la Science ne doit pas passer par une mise à distance des mathématiciens ou par la création d’une médecine par les sondages, mais bien par :

– la nationalisation de Sanofi, rachetée au prix de l’actif net, et interdiction de dividendes. ;

– l’augmentation de la taxation des autres laboratoires sur leurs activités en France (tels Gilead et Abbvie) ;

– l’obligation de réaliser les essais cliniques de phase III par le secteur public pour les plus importantes molécules afin de s’assurer qu’aucun biais n’en modifie la conclusion ;

– l’obligation de rendre public les résultats des essais privés ;

– l’interdiction des visiteurs médicaux payés les laboratoires ;

– l’interdiction de toute rémunération de médecins par les laboratoires.

Bref, n’ayez crainte, aucun laboratoire pharmaceutique ne soutiendra un tel programme…

En conclusion, si « Big Pharma » ment et manipule parfois (et nous continuerons à le dire, comme nous l’avons par exemple montré ici : https://www.les-crises.fr/cholesterol-le-grand-bluff-le-doc-qui-defie-la-doxa/), ce n’est pas pour autant que tout critique (réel ou apparent) de Big Pharma est honnête, « Big Université » ou « Big Mandarin » n’ont parfois rien à envier aux multinationales en terme d’intégrité, surtout en France…

5 juillet 2020, La Républica, grand journal d’Uruguay
« Didier Raoult, le charlatan du Coronavirus » [Source]

 

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