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27.février.201927.2.2019 // Les Crises

Gagner en vitesse, est-ce perdre du temps ? Par France culture

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Source : France culture, Vincent de Gaulejac, 21-01-2019

En dépit d’une modernité tournée vers la vitesse, l’individu manque de temps. On analyse ce paradoxe avec Vincent de Gaulejac, sociologue, contributeur de l’ouvrage « @ la recherche du temps. Individus hyperconnectés, société accélérée : tensions et transformations » (Éditions Erès, octobre 2018).

Rue à Hong Kong• Crédits : Phung Huynh Vu Qui – Getty

Dans le sillage de l’urbaniste Paul Virilio, penseur de la vitesse, et de la critique sociale du temps du philosophe allemand Hartmut Rosa, l’ouvrage @ la recherche du temps. Individus hyperconnectés, société accélérée : tensions et transformations (Éditions Erès, octobre 2018) dirigé par la psychologue Nicole Aubert, se penche sur les conséquences de l’injonction moderne et permanente à « accélérer » dans tous les domaines, du plus individuel au plus collectif. Avec des développements particulièrement intéressant sur les enjeux de l’accélération en démocratie et de l’exigence de performance jusque dans la vie privée.

Plus on gagne du temps, moins on en a.
(Vincent de Gaulejac)

Célébrer l’hypomodernité et pas seulement l’hypermodernité : retrouver cette société où on avait le temps d’écrire, de rêver, de n’avoir rien à faire.
(Vincent de Gaulejac)

Le sociologue Vincent de Gaulejac, professeur émérite de sociologie à l’UFR de Sciences Sociales de l’Université Paris – Diderot, contributeur de l’ouvrage, se penche notamment sur notre « société paradoxante » : en ces temps d’accélération et de modernité, le gain de temps engrangé par les technologies compresse notre temps et nous oblige à être plus performants en toutes circonstances, mettant à profit jusqu’aux moments de repos et de sommeil pour utiliser notre temps.

Si tout le monde est hors du commun, que devient le monde commun ?
(Vincent de Gaulejac)

Source : France culture, Vincent de Gaulejac, 21-01-2019

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Toff de Aix // 27.02.2019 à 08h42

Tout est question d’énergie à mon sens. Jancovici et Auzanneau notamment, le disent mieux que moi : l’énergie abondante et bon marché qui irrigue nos sociétés à permis de démultiplier la force de chaque être humain de façon démesurée, sans commune mesure avec ce qu’ont connu nos ancêtres.

Ainsi chaque occidental a aujourd’hui à disposition l’équivalent de 400 esclaves énergétiques (voiture, mixer, frigo, chauffage, automatismes etc.). C’est comme si chaque français vivait à l’identique d’un empereur romain. Tout ça est possible grâce à l’énergie, qui a du coup démultiplié nos possibilités… Alors que notre corps ne peut pas suivre au même rythme. Du coup, par rapport à nos possibilités, nous avons l’impression de traîner…

La solution à ce « sentiment » serait peut être de ralentir volontairement, de se ménager des espaces… Personnellement, c’est la déconnexion à la campagne, le jardinage, la méditation, les balades en forêt qui me permettent de me remettre dans les rails de mon vrai rythme, celui d’un être humain, pas d’une machine.

26 réactions et commentaires

  • Xavier37 // 27.02.2019 à 07h24

    Être toujours occupé pour ne pas avoir à réfléchir. Tel est le secret des nouvelles dominations ?

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    • Learch // 28.02.2019 à 20h32

      Nouvelles domination ? Pas vraiment.. Le spectacle domine dorénavant la société 24h/24, le cerveau offrant un temps disponible inégalé..
      Seule point positif, certains utilisent le cerveau pour passer du temps à lire des sites qui montrent les coulisses du spectacle… mais les metteurs en scène veulent effacer ces sites, ils l’ont dit à nouveau ces jours-ci, en prétextant l’arrêt de la violence..

        +1

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  • sauvingnin // 27.02.2019 à 07h28

    Déjà Rousseau dans « Émile ou de l’éducation » le pensait, en matière d’éducation vouloir aller trop vite c’est perdre du temps. Plus on va vite plus on perd du temps. Exemple mythique : Adam qui n’a pas pris le temps d’être un enfant…On connaît le résultat. Ça ne date pas d’hier donc. Il faut bien que les idées paraissent nouvelles, sans quoi qu’est-ce qu’on aurait à raconter tous les jours ? C’est la civilisation poisson rouge, le moins de mémoire possible.

      +4

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  • Cgrotex // 27.02.2019 à 07h54

    Emission intéressante. Dommage que le coût écologique insoutenable de ses rythmes de vie soit absente de la réflexion.

      +9

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  • Toff de Aix // 27.02.2019 à 08h42

    Tout est question d’énergie à mon sens. Jancovici et Auzanneau notamment, le disent mieux que moi : l’énergie abondante et bon marché qui irrigue nos sociétés à permis de démultiplier la force de chaque être humain de façon démesurée, sans commune mesure avec ce qu’ont connu nos ancêtres.

    Ainsi chaque occidental a aujourd’hui à disposition l’équivalent de 400 esclaves énergétiques (voiture, mixer, frigo, chauffage, automatismes etc.). C’est comme si chaque français vivait à l’identique d’un empereur romain. Tout ça est possible grâce à l’énergie, qui a du coup démultiplié nos possibilités… Alors que notre corps ne peut pas suivre au même rythme. Du coup, par rapport à nos possibilités, nous avons l’impression de traîner…

    La solution à ce « sentiment » serait peut être de ralentir volontairement, de se ménager des espaces… Personnellement, c’est la déconnexion à la campagne, le jardinage, la méditation, les balades en forêt qui me permettent de me remettre dans les rails de mon vrai rythme, celui d’un être humain, pas d’une machine.

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    • Daniel // 27.02.2019 à 09h35

      C’est à chacun de trouver son propre rythme qui se défini par lui-même en relation avec le monde qui l’entoure.
      Ce qui est valable pour chaque personne de l’humanité est aussi vrai pour chaque pays du monde :
      Chaque pays à le droit de se développer suivant son propre rythme dans l’unité d’un dessein commun à l’humanité.
      d’une certaine manière, c’est ce qui est en train de se réaliser avec les idées sous jacentes à la dynamique des Nouvelles Routes de la Soie.
      dans ce cadre également, il y a un équilibre à trouver : pourquoi vit-on sur Terre ? et quelle est la finalité de l’humanité dans la diversités de ses cultures ?
      Un changement de paradigme est en cours, à nous de sauter dans le train : voici un extrait du discours du Nouvel an 2019 par Xi Jinping:
      En portant notre regard sur la situation mondiale, nous faisons face à des changements majeurs inédits depuis un siècle. Quelques soient les vicissitudes dans le monde, la Chine ne changera jamais sa conviction et sa détermination pour sauvegarder la souveraineté et la sécurité nationales, et ne se détournera pas non plus de sa sincérité et de sa bienveillance dans la sauvegarde de la paix mondiale et la promotion du développement commun. Nous promouvrons activement la construction de « la Ceinture et la Route », poursuivrons la construction de la communauté de destin pour l’humanité et nous nous efforcerons inlassablement d’édifier un beau monde plus prospère.
      http://french.peopledaily.com.cn/Chine/n3/2019/0101/c31354-9533561.html?fbclid=IwAR23FlvMNWUqmL8Mt6T5VNTL1u4tJEoTNL8P-yn6MkCHYEZ_CwnBohBxv8k

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    • Quintus // 27.02.2019 à 14h35

      Énergie, énergie… l’enjeu est moins dans l’énergie elle-même que dans les processus qui la dissipent. Le principe d’entropie maximale dit que le processus qui dissipe le plus vite l’énergie tend à devenir prépondérant là où il peut se mettre en place (ex. convection et conduction dans la casserole sur le feu).
      Appliqué à la biologie cela donne des êtres vivants capables d’accaparer les ressources pour dissiper plus vite l’énergie tendent à raréfier voire éradiquer les autres du même niveau trophique voire ceux des niveaux inférieurs dans les milieux où elles peuvent prospérer.
      Appliqué aux sociétés humaines cela donne des sociétés capables de dissiper de l’énergie très efficacement dès lors que l’infrastructure physique (communication, santé…) et mémétique (loi, éducation…) le permet.

      À la lumière de la thermodynamique hors équilibre l’effet rebond tant décrié des techniques accélératrices (transport, télécom, processus de production…) apparaît comme un simple corollaire de ce principe d’entropie maximale : si une structure dissipative peut améliorer son efficacité avec un nouveau processus, elle le fera.

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    • Cgrotex // 27.02.2019 à 19h37

      La plus dangereuse des bulles n’est pas financière , mais la bulle énergétique. Mais si les deux sont liées , (et à mon humble avis oui) la prochaine crise sera apocalyptique pour nos modes de vies.
      Pensez printemps…

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  • calal // 27.02.2019 à 08h51

    Beaucoup critiquent la tendance des livres de coaching qui vient des etats unis. Mais la lecture des meilleurs de ces livres permet de faire efficacement le tri dans sa vie et de mieux gerer son temps. Je pense par exemple au livre de jordan peterson ou a ceux de la japonaise marie kondo. Autrefois toutes ces informations etaient transmises par la religion ( qu’est ce qui a de la valeur,qu’est ce qui est secondaire),par la necessite et par la participation des enfants aux taches domestiques. Dans nos societes d’abondance (pourvu que ca dure), j’aurai aime que l’ecole transmette ces informations mais la france continue de rester attache a l’amour de la litterature bourgeoise …

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    • Alfred // 27.02.2019 à 10h15

      Ce n’est pas l’amour de la littérature bourgeoise qui éloigne l’école de la vie des gens (à la limite si cette chose existait encore ce serait « moins pire »), c’est l’imposition dogmatique d’idees creuses par des charlatans.

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  • Marie // 27.02.2019 à 09h15

    Prendre du temps au lieu d’en perdre, par « irréflexion ». Prendre le temps de « réfléchir », c’est se battre en permanence contre l' »immédiateté », le productivisme, le fait de bâcler… »Réfléchissez », c’est sans- doute le verbe qui devrait être le plus employé par l’enseignant…Et au fond quelle incongruité que le « prix » du temps, condamné si longtemps par Thomas d’Aquin .

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  • lemoine001 // 27.02.2019 à 09h31

    Oui bof ! Je n’ai pas écouté jusqu’au bout. Il me semble qu’on est dans le ressenti, dans « l’air de famille » entre la vitesse et tout ce qui y ressemble ou l’évoque : réactivité, flexibilité, adaptation etc.
    On pourrait tout aussi bien dire que notre rapport à l’espace s’est élargi : plus de mails c’est l’effet d’une plus grande concentration : entreprises multinationales à la gestion pyramidale, échanges sur de longues distances (fournisseurs en Asie, clients en Europe et aux USA, direction à Londres) donc espace démultiplié. Éclatement des familles dont les enfants sont contraints de s’expatrier pour trouver du travail (encore un espace démultiplié).

    PS : il est impossible d’interrompre l’audition sans revenir au début, quelle perte de temps !

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    • outis // 27.02.2019 à 10h51

      « PS : il est impossible d’interrompre l’audition sans revenir au début, quelle perte de temps !»

      L’intelligence artificielle, c’est pas encore au point … à moins que ce soit le résultat.

      Il faut pomper l’émission et l’écouter tranquillement.

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  • MonaRedmoor // 27.02.2019 à 09h40

    Dès les années 70, le penseur Ivan Illitch avait analysé cette défaillance de la généralisation des transports motorisés. Ici on évoque le temps, mais il y a également un trouble spatiale  » la configuration » qui est évoqué autour de la voiture – mais également d’autres transports à vocation rapide et lointaine par rapport à l’échelle humaine. Le livre 24/7 de Jonathan Crary montre l’insomnie globale que le système impose pour consommer 24/24.

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    • Cgrotex // 27.02.2019 à 19h44

      Il y actuellement Olivier Rey et toute l’équipe de la revue « Limite » qui explique très bien la non-soutenabilité du monde actuel. Ils ont pour doctrine l’écologie intégrale et ont comme références Illitch , Michéa , Bernanos et le Pape François et son encyclique « Laudato si ».

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      • Tassin // 01.03.2019 à 11h49

        Sans oublier le journal La Décroissance, qui a du publier le plus grand nombre de textes et références à Illitch et Bernanos en France.

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  • zx81 // 27.02.2019 à 09h42

    Perdre son temps (en voulant le gagner) ou prendre son temps.

    Si le temps c’est de l’argent, perdre son temps c’est ne pas le rentabiliser au maximum. Le temps n’est plus qu’une variable d’ajustement.
    C’est la conception néo libérale du temps, le néo temps. Un temps purement quantitatif qui ne distingue pas le temps des machines de celui des hommes.

    Pour en sortir et retrouver l’ancien temps, le temps originel, le temps qualitatif, le temps de vivre, non pas une durée à exploiter et prolonger (pour davantage de chiffres) mais une libre exploration, il faut donc s’affranchir de tout asservissement.

    On retrouvera le temps perdu en mettant fin au règne de l’argent ou à l’argent tout court.

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    • Sophia // 27.02.2019 à 17h27

      Le temps, c’est de l’argent…ou des petits cigares pour les hommes en gris! Si vous avez des enfants ou des ados, faites-leur lire « Momo » de Michael Ende. Le sujet, c’est justement: que devient tout ce temps qu’on « gagne », et à qui profite t’il?…

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  • Michel LEMOINE // 27.02.2019 à 11h17

    Tout va trop vite ! mais il nous reste, du moins, cet amer plaisir-là, vitupérer l’époque

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  • JBB // 27.02.2019 à 11h41

    Bof, le Français moyen bosse 35h avec au moins 5 semaines de congés. Tout ce dont il a envie/besoin peut arriver directement chez lui. En fait il n’a jamais eu autant de temps pour réfléchir que maintenant.

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  • Chris // 27.02.2019 à 11h43

    N’est-ce pas plutôt les effets du productivisme qui, depuis le début du XXe siècle, s’est emparé des sociétés dites développés, auquel s’est ajouté le consumérisme, lesquels nous font courir dans tous les sens ?

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  • Louis Robert // 27.02.2019 à 13h08

    Pour la personne, le défi de la modernité, c’est de parvenir à s’appartenir. Quand on n’a même plus le temps, et bientôt la capacité de dormir selon ses besoins naturels, les conséquences à plus d’un titre sont du reste catastrophiques pour tous.

    Dormir, est-ce perdre son temps?

    Hasard… Je termine la lecture de « Pourquoi nous dormons », du grand spécialiste du sommeil Matthew Walker. Je le recommande aussi chaudement qu’il m’a été recommandé par les autorités médicales parmi mes meilleurs amis. J’ai rarement autant appris à lire un livre sur un sujet aussi essentiel.

    https://www.amazon.fr/Pourquoi-nous-dormons-Matthew-WALKER/dp/2348037424

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  • Nieurleuleu // 27.02.2019 à 14h15

    J’entendais François Bégaudeau sur Thinkerview citer Georges Bernanos en fin d’interview « On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si l’on n’admet pas d’abord qu’elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure. »

      +13

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  • Philippe // 27.02.2019 à 14h38

    Bonjour,
    La société moderne et son lieu de perpétuation qu’est l’entreprise nous enjoignent quotidiennement à croître. Pour croître il faut innover. Pour innover il faut accélérer. Mener la course.
    Pourquoi ce mouvement perpétuel vers « plus vite » « plus de création »?
    Pour conserver notre « avance », notre richesse, notre emploi, nos acquis etc.. Mais il y a un paradoxe et une tension entre « conserver » qui exprime une idée de stabilité, d’objectif atteint, de satisfaction du chemin accompli, et cette exigence de produire sans arrêt du nouveau qui au final nous déstabilise et ne fournit plus aucun objectif vraiment définissable.
    Le mouvement, la « croissance » sont devenues les « valeurs » qui nous mènent sans que nous puissions ni n’ayons le temps de réfléchir vers où et vers quoi notre activité frénétique nous mène.
    A peine avons nous acquis les connaissances et les compétences nécessaires pour mettre en œuvre les innovations scientifiques ou technologiques, que celles-ci sont remplacées par d’autres.
    Alors faute de pouvoir « créer » du temps, nous accélérons dans l’idée de remplir ce temps qui se compresse, de le rentabiliser. C’est plus d’interactions, plus de résultats exigés.
    Et au final plus de stress, plus de déceptions.
    Le hamster qui tourne toujours plus vite dans sa cage en forme de roue, c’est nous.

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  • Manuuk // 27.02.2019 à 18h06

    J’ai l’impression que c’est une question de perception du temps. Alors je n’ai pas eu le temps d’écouter l’émission et je ne sais pas si je l’écouterai. Je préférais prendre le temps de lire un livre plutôt.
    Cependant ! Déjà comprendre ce qu’est le temps serait une premières chose… L’un parlerait sûrement de l’entropie, d’énergie.
    Mais j’ai surtout l’impression que c’est une expression subjective à chacun… Donc essayer d’y répondre par des réflexions introspectives est nécessairement voué à l’échec.

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