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3.août.20183.8.2018 // Les Crises

«Il va falloir vivre avec ces canicules durant plusieurs décennies»

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Source :La Tribune de Genève, Sébastien Jubin, Martin Beniston, 26-07-2018

Martin Beniston, professeur honoraire à l’Université de Genève, climatologue.(Photo: Pascal Frautschi)

  • Sébastien Jubin

Professeur Beniston, qu’est-ce qui est inquiétant avec ces vagues de chaleur?

C’est dommageable pour la santé, l’hydrologie et tout l’écosystème. Plus ces vagues de chaleur sont importantes, plus il y a des dégâts. Surtout si ça persiste longtemps. Année après année, la répétition du phénomène commence à avoir des incidences très négatives. Il y a des dégâts sur les nappes phréatiques, sur l’agriculture, qui se chiffrent en milliards. Et c’est sans compter les feux de forêt qui se multiplient dans toute l’Europe. On voit ce qui se passe en Scandinavie: ils ne sont pas spécialement équipés pour cela. Jusqu’à présent, les grandes chaleurs se cantonnaient à certaines zones géographiques. En 2003, l’Europe centrale était touchée. En 2010, c’était la Russie. Cette année, c’est inédit, les vagues de chaleur se manifestent en plusieurs endroits et remontent même jusqu’au cercle polaire. La ceinture de chaleur a débuté au Québec pour arriver jusqu’au Japon en passant par l’Europe. Cette année est exceptionnelle, c’est certain.

La Suisse n’a pas connu une période aussi sèche depuis 100 ans. Est-ce aussi une des causes?

Chaleur et sécheresse vont de pair. Si on avait un peu plus de pluie, on n’atteindrait pas des températures aussi élevées. Ce serait modulé par l’atmosphère grâce à l’évaporation. Un sol sec agit comme un radiateur qui chauffe une pièce.

Qu’est-ce que cela raconte de l’évolution du climat?

Cela conforte surtout la thèse du changement climatique. Notre atmosphère se réchauffe. Il y a de plus grandes chances que les canicules estivales se manifestent plus régulièrement. Dans le Grand-Nord, une des causes, même s’il nous faut encore du recul, c’est que depuis 20 ans on observe le rétrécissement de la banquise dans l’océan Arctique. Il y a donc moins de surfaces froides qui absorbent la chaleur. Elle peut dès lors remonter vers le nord. On le prédisait, mais plutôt dans une vingtaine d’années. Il y a une accélération. En 2050, au moins un été sur deux sera aussi caniculaire que celui de 2003. Depuis quelques années, nous assistons à une succession de fortes chaleurs un peu partout dans l’hémisphère Nord. Par ailleurs, la communauté scientifique relève que ces épisodes s’échelonnent de mai à septembre. Il y a 50 ans, c’était confiné à juillet et août. C’est la conséquence logique d’un climat qui se réchauffe progressivement.

Selon vous, nous aurions plusieurs dizaines d’années d’avance sur les prévisions?

Oui et c’est inquiétant. Pour la Scandinavie, le rapport 2014 de l’Agence européenne pour l’environnement mettait en avant une carte qui montrait l’augmentation des risques d’incendie pour la seconde moitié du XXIe siècle. On peut affirmer que nous avons 20 à 50 ans d’avance sur ces prévisions. De manière précoce, nous sommes en train de vivre les incidences de ces changements climatiques.

Qu’est-ce que ça signifie pour la seconde moitié du XXIe siècle?

Qu’on ne va pas du tout vers le mieux. Même si on devait remplir tous les objectifs internationaux de l’Accord de Paris sur le climat et qu’on parvenait à limiter l’augmentation globale de 2 degrés en agissant directement sur les gaz à effet de serre, il faudrait attendre la seconde moitié du XXIe siècle pour ralentir l’évolution actuelle. À supposer qu’on mette tout de suite des mesures en œuvre, il va falloir vivre avec ces canicules durant plusieurs décennies.

L’actualité nous montre que des dizaines de personnes ont succombé à ces grandes chaleurs, notamment au Canada et au Japon…
«J’ai été surpris de voir le nombre de décès au Québec. La conjonction entre une forte chaleur et un taux élevé d’humidité peut augmenter les décès des personnes sensibles car elles auront plus de difficulté à transpirer. Et c’est la transpiration qui régule la température du corps humain. C’est exactement ce qui se passe au Japon. Avec 90% d’humidité dans l’air, la population est mise sous pression thermique.

(Tribune de Genève)

Source :La Tribune de Genève, Sébastien Jubin, Martin Beniston, 26-07-2018

L’anomalie de la température de l’eau atteint +6 / +8°C voire plus par rapport à la moyenne 1971 / 2000 sur la Mer Baltique – L’eau est actuellement plus chaude sur certaines côtes du #Danemark et de la #Suède que sur celles du #Maroc, du #Portugal ou du #PaysBasque (source et ici)

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Chalpitek // 03.08.2018 à 06h34

Encore une jolie page de propagande réchauffiste. Les vagues de chaleur à court terme ont toujours existé. C’est illusoire de faire des raisonnements à long terme à partir d’événements climatiques à court terme. D’autant plus que la loupe médiatique met du spectaculaire sur les événements, sans les cadrer dans un contexte avec du recul. Et la prévision du climat futur est basée sur un modèle de faible valeur, pour la simple raison qu’il n’a jamais rien prévu correctement. Il y a d’autres théories, bien sûr qui ne sont pas politiquement correctes car dans ce domaine on n’a pas le droit de douter de l’histoire officielle sinon on perd ses crédits. Par exemple, celle de Valentina Zharkova sur les cycles solaires, qui prévoit l’entrée dans une ère de faible activité solaire à partir de 2020 et pour un bon moment, où nous verrions la Tamise gelée comme en 1677. Il faut voir comme elle s’est fait taper dessus pour avoir osé dire ça. La réalité c’est qu’il il n’y a aucun consensus scientifique sur le climat, contrairement à ce que les politiques comme ces bandits de Al Gore ou Obama veulent faire croire, et pour la simple raison qu’il n’y a pas de modèle qui fonctionne. Et il n’y a même pas de mesures de température potables, à part Argo depuis les années 2000. La base d’un modèle correct ce sont des mesures valables.
Il y a un moment où il faut cesser de dire des bêtises sur le climat.
Toute cette histoire c’est de la religion, pas de la science.

261 réactions et commentaires - Page 2

  • WASTERLAIN Serge // 04.08.2018 à 18h10

    Ayant un intérêt particulier pour le réchauffement des cours d’eau et ses conséquences sur la reproduction et la survie de certaines espèces piscicoles sous nos latitudes, je suivais assidument les travaux du GIEC depuis 1989 qui, au passage, ne se traduisait pas par groupe d’experts sur l’évolution du climat, mais groupe inter-gouvernemental d’étude du climat (on devrait s’intéresser à ce changement sémantique), je suis passé de citoyen intéressé par le sujet à croyant d’un réchauffement anthropique du climat pour devenir climato optimiste, terme que je préfère à climatoseptique !
    Mes premiers doutes sont nés de l’agressivité des carbocentristes (croyants !) envers les scientifiques climato réalistes(certes, ils ne sont pas majoritaires, mais ils sont de plus en plus nombreux) qui allait de l’attaque ad hominem à l’insulte, ceci jusqu’à voir dans une émission TV une citoyenne engagée, mais sans aucune formation scientifique, traiter un directeur de recherche au CNRS de négationniste, ce dernier a eu la bonté de ne pas déposer plainte, ce qui est à mon sens une erreur de sa part !
    C’est à partir de ce moment que j’ai commencé à lire leurs travaux vulgarisés (je ne suis pas scientifique). De la crosse de hockey de Man tronquée (Il avait sciemment éliminé l’optimum médiéval et au passage, c’est le même qui expliquait en 2016 le hiatus du réchauffement par la captation de la chaleur dans les profondeurs océaniques qu’on ne saurait mesurer avec certitude, mais qui selon le GIEC en ressortira tôt ou tard pour nous cuire…) à la comparaison entre ce qui est écrit au conditionnel (‘’hautement probable’’ en novlangue) dans les rapports et le résumé à l’intention des décideurs m’ont fait basculer dans le camp des sceptiques (définitivement/provisoirement ?). Et je suis convaincu (définitivement cette fois) que :
    – le consensus scientifique n’a rien de scientifique ;
    – le GIEC va chercher dans les travaux scientifiques les thèses qui identifient le CO2 comme étant l’acteur principal du climat en ignorant systématiquement ceux qui disent le contraire
    – et, enfin, qu’on est certain à 95% que les connaissances actuelles du climat ne nous permettent pas d’en déterminer la dynamique de façon hautement probable !

    Je suis également certain à 100% que les 1.000 milliards de dollars qui vont être dépensés tous les ans pour lutter contre le réchauffement sont bien plus nécessaires pour :
    – lutter contre la faim dans le monde;
    – donner accès à l’eau potable et à l’électricité à tous;
    – régler le problème des montagnes de déchets que nous produisons;
    – …

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  • Yanka // 05.08.2018 à 03h49

    Il fait plus chaud sur Terre
    — c’est la faute à Voltaire
    Il fait beaucoup plus chaud
    — c’est la faute à Rousseau

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  • jacqurocant // 05.08.2018 à 12h59

    « La Suisse n’a pas connu une période aussi sèche depuis 100 ans ». Il faut comprendre qu’il y a 100 ans la Suède a déjà connu pareille sècheresse. Il faudrait aussi relativiser le ressenti de la chaleur, en fonction de l’âge. Il est, également notoirement connu que ceux qui n’ont pas encore vécu n’ont jamais vécu un pareil évènement. Comme ceux d’ailleurs qui en s’installant en dur en un endroit ne s’imaginent pas qu’avant les intempéries frappaient le lieu où il n’y avait que broussaille. Quand nos ancêtres construisaient leurs demeures avec de petites fenêtres et des murs de 80 cm d’épaisseur en pleine Provence, nous investissons dans des grandes baies vitrées et des maisons en bois. Quand les michelines et autres trains dotés de sièges en molesquine activaient la transpiration de nos concitoyens ventilés aux escarbilles de charbon, nous nous invectivons dés que la climatisation s’étiole faute de fenêtres de secours. Bref tout est relatif…. comme disait le clergé.

      +3

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    • Yanka // 05.08.2018 à 17h38

      La Belgique a battu ce jour le record de l’été 76 en termes de… journées d’été (une journée d’été est une journée durant laquelle la température maximale a atteint ou dépassé les 25°C). Ce dimanche, c’est la 51e journée d’été (50 en 76). Le record date de 1947 avec 66 journées. Ce sont des faits et non des preuves de quoi que ce soit.

      J’ai vécu au Québec, où les différences de températures sur une année vont, en gros, de -30° à +35°. Les gens ne supportaient pas la chaleur dès qu’on frise les 25°. La climatisation partout (ça me rendait fou, pour ma part), y compris bien sûr dans les voitures. Donc forcément le corps ne régule plus lui-même sa température (il est équipé pour cependant), il en perd l’habitude. Avec ça que les gens là-bas bouffent comme trois, donc apports caloriques infernaux, qui augmentent la sensation de malaise quand il fait chaud. Rarement vu des gens aussi stupides. Ils ont horreur de transpirer. Or, transpirer n’est pas une maladie, c’est le moyen du corps pour réguler sa température, osti !

      Pour ma part, je raffole des fortes chaleurs, m’hydrate beaucoup et n’hésite jamais à faire de longues randonnées, comme hier — mais je suis parti de chez moi à 16 h et non aux heures de midi. Il faisait néanmoins 31°, et encore 28° à mon retour à 20 h. Si je reste inactif quand il fait très chaud, j’ai les chevilles et les pieds qui enflent (je ne suis plus un jeune homme). Je pense être mieux adapté que d’autres aux conditions météorologiques extrêmes en terme de chaleur, parce que je m’entraîne, fais travailler mon corps qui ne demande que ça. Je mange peu et froid, essentiellement des salades (pâtes au thon, taboulé), presque pas de viande, et me sustente de melons et de pastèques comme fruits, plus les mûres innombrables que je mange sur la route et qui sont délicieuses cette année.

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  • clauzip12 // 06.08.2018 à 00h23

    Ce qu’il m’intéresse de connaitre est le bilan thermique de la planète cette année et la comparaison avec des années clef anterieures!
    Je pense que pour le vulgus péquin que je suis les résultats et données permettant de comprendre à partir de vecteurs significatifs les évolutions ,si évolutions il y a ,dans la sphère qui intéresse la vie animale ou végétale.

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  • Dude // 06.08.2018 à 22h35

    Affirmatif, c’est dommageable pour l’hydrologie et l’écosystème.

    Avis aux mangeurs de poissons, l’article ci-dessous, en allemand nous dit que les poissons du Rhin sont déjà en train d’y passer. 1 tonne de poissons morts, rien que ça.
    Hélas, ils ne supportent pas la hausse de température et n’ont pas la clim…

    http://www.faz.net/aktuell/gesellschaft/tiere/hitzebedingtes-fischsterben-beginnt-im-hochrhein-15724841.html

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  • WASTERLAIN Serge // 07.08.2018 à 09h35

    « La Belgique a battu ce jour le record de l’été 76 en termes de… journées d’été (une journée d’été est une journée durant laquelle la température maximale a atteint ou dépassé les 25°C). Ce dimanche, c’est la 51e journée d’été (50 en 76). Le record date de 1947 avec 66 journées. Ce sont des faits et non des preuves de quoi que ce soit.  »
    Pouvez-vous citer vos sources SVP.
    Je me suis marié le 3 avril 1976, c’est dire si je ne saurais oublier cet été ! Il y avait plusieurs jours qu’il n’avait pas plu.
    Nous avons connu un été torride et la première pluie fut début octobre, soit six mois sans une goutte d’eau ! C’était à GOUY-LEZ-PIETON, près de CHARLEROI. Nous avons eu quelques orages secs, alors que dans les villages voisins il est parfois tombé des trompes d’eau. Alors quand j’entends parler de 51 jours, j’ai du mal comprendre la statistique…

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  • some // 08.08.2018 à 23h55

    > «Il va falloir vivre avec ces canicules durant plusieurs décennies»

    Ca ne se compte pas plutôt en centaines d’années ?

    https://www.theguardian.com/environment/2012/jan/16/greenhouse-gases-remain-air

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