Dans cette page, les deux points critiquables sont :

  • La présentation du Fonds Français pour l’Environnement Mondial comme un acteur ayant la moindre influence sur la performance thermique des bâtiments en Chine, ce qui ne va pas aider les élèves à comprendre les ordres de grandeur. La construction en Chine représente chaque année de 1 à 2 milliards de mètres carrés, pour un coût de construction de l’ordre de quelques centaines de milliards d’euros au bas mot. Or, le budget des opérations financées par le FFEM (tous pays d’intervention confondus) est de 20 millions par an. Même si tout allait sur l’efficacité énergétique des bâtiments en Chine, cela ferait moins de 0,01% du chiffre d’affaires de la construction dans ce pays, ou encore le coût de construction d’un petit immeuble par an ! Comment peut-on laisser croire aux élèves que cela peut « améliorer l’isolation thermique et les systèmes de chauffage » ? C’est comme si on leur expliquait que l’on allège le poids des voitures en vidant le cendrier !
  • le fait que Copenhague, c’est-à-dire la 15è édition de la Conférence des Parties de la Convention Climat, ait été un échec. Savent-ils, nos chers auteurs de manuels, que l’objectif des 2°C, les 100 milliards du Fonds Vert et la clause de dommage pour les pays du Sud sont justement nés à Copenhague en 2009 ? Sans Copenhague, il n’y aurait jamais eu d’Accord de Paris, qui n’a fait qu’entériner dans des formes « classiques » ce qui avait été acté à Copenhague entre 27 chefs d’état dans la nuit du Jeudi au Vendredi de la deuxième semaine. Et si ces objectifs – 2°C, 100 milliards etc – sont apparus à Copenhague, c’est entre autres sous l’impulsion des USA et de la Chine… (je le sais, j’y étais).

Le manuel dont je viens de commenter quelques pages n’est évidemment pas le seul disponible pour les élèves de Seconde, et il faut espérer que les autres pages sont d’une qualité plus élevées que celles qui figurent ci-dessus. Il n’empêche : on se demande bien comment de telles bêtises – dont on peut se demander si elles sont uniquement le fruit du hasard ou de l’ignorance – peuvent échapper à la vigilance de ceux qui sont chargés de vérifier que nos élèves apprennent des choses vraies, et ni des racontars médiatiques transformées en légendes urbaines, ni des énormités scientifiques. Pourquoi personne ne vérifie que le manuel est scientifiquement orthodoxe, quitte à l’envoyer au pilon si il contient des choses grossièrement fausses ? Peut-être que les éditeurs seraient un peu plus vigilants en pareil cas ?

Source : Jean-Marc Janvcovici, 11-03-2018