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29.avril.201829.4.2018 // Les Crises

La difficile relation de l’Amérique avec les normes internationales de protection des droits de l’homme, par Nat Parry

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Source : Nat Parry, Consortium News, 30-03-2018

Les États-Unis ont de longue date eu une relation d’amour-haine avec les normes du droit international, menant d’un côté l’établissement des principaux accords sur les droits de l’homme tout en balayant d’un revers de la main les plaintes contre leurs propres abus, explique Nat Parry.

L’exceptionnalisme américain – idée selon laquelle les États-Unis sont uniques parmi les nations en raison de leur tradition en faveur de la démocratie et de la liberté – a toujours été le fondement de sa prétention au leadership moral. En tant que pays fondé sur des idéaux qui sont aujourd’hui reconnus dans le monde entier comme les principes fondamentaux du droit international, les États-Unis utilisent cette image de champion des droits de l’homme pour rallier les nations à leur cause et affirmer son hégémonie sur le monde.

Quelles que soient leurs convictions politiques, les Américains citent avec fierté l’influence sur le monde entier des principes fondateurs établis dans la Déclaration d’Indépendance et dans le Bill of Rights, avec 80 % d’entre eux s’accordant sur le fait que « l’histoire et la constitution des États-Unis… en font le plus grand pays au monde » selon un sondage Gallup fait en 2010. Respecter ces principes au niveau international a de longue date été considéré comme une nécessité quant à la crédibilité et au leadership des États-Unis sur la scène mondiale.

Une grande part de ce sentiment est un témoignage impérissable du leadership américain au sortir de la Seconde guerre mondiale, une période durant laquelle ont été établis les principes juridiques internationaux de protection des droits de l’homme et de non-agression, ainsi que pendant les quatre décennies de Guerre froide où le « monde libre », mené par les États-Unis, s’est heurté au « communisme totalitariste » de l’Union soviétique.

Durant ces années d’hostilité ouverte entre l’Est et l’Ouest, les États-Unis pouvaient non seulement se prévaloir de ces textes fondateurs comme preuve de leur engagement pour les principes universels de liberté et de dignité individuelle, mais aussi de leur rôle central dans le façonnement de la Charte des Nations-Unies et de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Quatorze points et quatre libertés

Bien que les États-Unis n’aient pleinement assumé leur position d’arbitre moral qu’après la victoire des Alliés durant la Seconde guerre mondiale, leur rôle en ces matières avait déjà été bien établi par l’internationalisme professé de Woodrow Wilson. Comme exprimé dans ses fameux « Quatorze points », qui cherchaient à fournir un motif à l’intervention américaine durant la Première guerre mondiale, les États-Unis pousseront à la mise en place d’un système international fondé sur des « accords de paix ouverts, résultant de procédures ouvertes, après quoi ne devrait subsister aucune entente internationale privée d’aucune sorte, la diplomatie devant alors toujours procéder de façon franche et aux yeux du public ».

L’équipage de mitrailleuses Vickers britanniques portant des casques anti-gaz de type PH pendant la bataille de la Somme lors de la Première Guerre mondiale.

Wilson avait vu dans la Première guerre mondiale la preuve que le vieux système international établi par les Européens avait échoué à garantir la sécurité et la stabilité nécessaires, et cherchait à remplacer la vieille diplomatie par une nouvelle, fondée sur la coopération, la communication, le libéralisme et la démocratie.

S’exprimant sur ce sujet durant sa présidence, il défendit constamment les droits de l’homme et le principe d’auto-détermination.

« Ne vous arrêtez-vous jamais pour méditer sur ce que l’Amérique défend ? » demandait Wilson en 1916. « Si elle se bat pour une chose avant tout c’est pour la souveraineté des peuples autonomes, et son exemple, sa résistance, ses encouragements, ont exalté deux continents dans ce monde occidental avec toutes ces belles impulsions qui instaurèrent la liberté de l’être humain des deux côtés de l’océan ».

Ces principes ont été étendus par les administrations américaines successives, et tout particulièrement par le président Franklin Delano Roosevelt. Dans son discours de l’Union de janvier 1941, Roosevelt a explicité ce qu’il appelait « les quatre libertés » qui plus tard deviendront le socle de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

« Dans les jours à venir », dit-il, « que nous cherchons à rendre plus sûrs, nous voudrions un monde reposant sur quatre libertés humaines essentielles ».

Il continua : « la première est la liberté de parole et d’expression – partout dans le monde. La deuxième est la liberté de culte de chaque personne – partout dans le monde. La troisième est la liberté de vivre à l’abri du besoin – ce qui, traduit à l’échelle mondiale, signifie des accords économiques qui garantiront à chaque nation une vie saine et dans la paix pour chacun de ses habitants – partout dans le monde. La quatrième est la liberté de ne pas avoir peur – ce qui, traduit à l’échelle mondiale, signifie une réduction mondiale des armements à un tel point et d’une telle façon qu’aucune nation ne sera en position de commettre un acte d’agression physique contre un voisin – où que ce soit dans le monde ».

Eleanor Roosevelt tient un poster de la Déclaration des droits de l’homme.

Suite à la victoire des Alliés sur les puissances de l’Axe, la veuve du président Roosevelt, Eleanor Roosevelt, reprit la vision de son mari et tenta d’en faire une réalité pour le monde via la Déclaration universelle des droits de l’homme. Présidant la Commission des Droits de l’homme, une instance permanente des Nations Unies constituée pour entreprendre le travail de préparation de ce qui était originellement conçu comme une Charte internationale des Droits , Eleanor Roosevelt fit pression pour s’assurer que les « quatre libertés » du président Roosevelt soient intégrées dans le document.

Sous la direction de Roosevelt, la Commission décida que la déclaration serait un document court et ayant valeur d’inspiration accessible à tout un chacun, et l’envisagea comme servant de fondement pour le reliquat d’une règle internationale sur les droits de l’homme. Lorsque le traité contraignant fut examiné, elle évita ainsi les problèmes les plus difficiles qui devaient être réglés, à savoir le rôle que l’État devrait avoir dans la mise en application des droits sur sur son propre territoire, et si le mode d’application des droits civils et politiques devait être ou non différent de celui des droits économiques et sociaux.

Comme le dispose le Préambule, la Déclaration universelle des droits de l’homme est « un standard commun à atteindre pour tous les peuples et toutes les nations, avec pour objectif pour chaque individu et chaque organe de la société, gardant la Déclaration à l’esprit, d’aspirer par l’enseignement et l’éducation à la promotion du respect de ces droits et libertés, et par des mesures progressistes, nationales et internationales, à sécuriser leur reconnaissance universelle et effective ainsi que leur observation, à la fois au sein des peuples des États membres eux-mêmes et au sein des peuples des territoires sous leur juridiction ».

Une grande partie du langage employé dans la Déclaration fait échos au langage présent dans les textes fondateurs des États-Unis, y compris la Déclaration d’Indépendance et le Bill of Rights (Charte des droits). Alors que la Déclaration américaine d’Indépendance articule le « droit inaliénable » à « la vie, la liberté et la poursuite du bonheur », la Déclaration universelle des droits de l’homme dispose que « chacun a le droit à la vie, à la liberté et à la sécurité des personnes ».

Alors que le Premier amendement de la Constitution américaine interdit au Congrès « de restreindre la liberté d’expression, ou de la presse; ou le droit des personnes de s’assembler pacifiquement », la DUDH garantit que « chacun a le droit à la liberté d’opinion et d’expression » et que « toute personne a droit à la liberté de réunion et d’association pacifiques ». Quand le huitième amendement prohibe les « peines cruelles et inhabituelles », la DUDH exclut « les peines et traitements cruels, inhumains ou dégradants ».

Bien que les États-Unis aient clairement énoncé qu’ils ne supporteraient pas une DUDH légalement contraignante, ils approuvèrent volontiers le texte final en tant que déclaration politique, et furent une des 48 nations à voter en faveur de la Déclaration à l’Assemblée générale des Nations-Unis de décembre 1948. Avec aucun vote contre et juste huit abstentions – pour la plupart venant des pays du bloc de l’Est avec notamment l’Union soviétique, la Yougoslavie et la Pologne – la Déclaration a défini la caractéristique fondamentale du contraste entre l’Est et l’Ouest à l’époque des premiers jours de la guerre froide.

Un petit problème

Il y avait cependant un petit problème. Malgré l’adoption formelle par les États-Unis des « droits de l’homme universels » au niveau international, son respect pour ces mêmes droits sur son territoire était pour le moins insuffisant. Dans tout le pays, et particulièrement dans le sud, les Afro-américains enduraient une politique de ségrégation raciale et se voyaient constamment dénier leur droit de vote et autres droits civils.

Drapeau anti-lynchage accroché à l’extérieur du siège de la NAACP en 1936.

Le lynchage, bien que moins généralisé qu’à son apogée au début du siècle, restait un problème majeur avec des douzaines de noirs tués en toute impunité par des groupes de lyncheurs blancs durant les années 40.

En 1947, la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP : Association nationale pour la promotion des gens de couleurs) a déposé une pétition valant « appel au monde » devant les Nations-Unis afin de dénoncer la discrimination raciale aux États-Unis comme « non seulement indéfendable mais également barbare ». L’échec américain à respecter les droits de l’homme sur son territoire avait des implications à l’échelle internationale, arguait l’Association : « La marginalisation du noir américain rend difficile le fonctionnement de toute démocratie au sein de la nation; et si en tant que démocratie la plus importante du monde elle échoue à fonctionner démocratiquement, alors elle manque à ses devoirs envers le monde » a-t-on pu lire dans la pétition de la NAACP

L’appel de l’Association a fait sensation sur la scène internationale, avec l’organisation des Nations unies submergé de demandes de copies du texte de la part de l’Union soviétique, de la Grande-Bretagne et de l’Union d’Afrique du sud entre autres. Selon le dirigeant de l’Association Walter White « Il était manifeste qu’ils étaient heureux d’avoir des preuves écrites de l’absence de mise en pratique par les États-Unis de ce qu’ils prêchaient sur la liberté et la démocratie ».

La délégation américaine aux Nations Unies refusa d’introduire la pétition de l’Association aux Nations Unies, de peur que cela ne cause un embrasement international supplémentaire. L’Union soviétique, toutefois, recommanda que les allégations de l’Association fassent l’objet d’une enquête. La Commission pour les droits de l’homme rejeta la proposition le 4 décembre 1947, et aucune autre action publique ne fut intentée.

Selon W.E.B. DuBois, le principal auteur de la pétition, les États-Unis « refusèrent expressément d’autoriser toute nation à soulever la question ». Si elle avait été introduite devant l’Assemblée générale, Eleanor Roosevelt aurait « probablement démissionné de la délégation des Nations Unies », selon DuBois. Et cela malgré le fait qu’elle soit membre du comité directeur de l’Association nationale pour la promotion des gens de couleurs. Bien que l’engagement d’Eleanor Roosevelt ait pu être fort, il était clair que son embarras, quant à l’échec des États-Unis à respecter les « quatre libertés » sur leur territoire, était encore plus fort.

Ce fut dans ce contexte que les États-Unis approuvèrent la Déclaration universelle des droits de l’homme en 1948. cette année marqua également le début des premières tentatives américaines pour imposer le respect des droits fondamentaux à l’intérieur de ses frontières.

Le 26 juillet 1948, le président Harry Truman signa l’ordre exécutif 9981 qui mettait fin à la ségrégation au sein des Forces armées. Le mois suivant, le Parti démocrate incluait un point sur les droits civils à son programme. « Le Parti démocrate » lut le programme adopté à la Convention nationale des Démocrates en 1948 : « (le Parti) s’engage à poursuivre ses efforts pour éradiquer toute discrimination raciale, religieuse ou économique ».

Alors que se développait clairement une envie sur le territoire d’embrasser la cause des droits civils (le conseiller du Président, Clark Clifford, avait présenté un long memorandum au Président Truman en 1947 qui argumentait que le vote des Afro-américain était essentiel à la victoire aux élections de 1948), il y avait également un important volet international au soutien du Parti démocrate pour les droits civils.

Les droits onusiens à la vantardise

En plus de son développement sur les droits civils, le programme du Parti démocrate de 1948 incluait une adhésion sans réserve aux Nations Unies nouvellement établies, et exprimait « la conviction que le destin des États-Unis est de mener le monde vers la réalisation des Quatre libertés ». Mais les Démocrates reconnaissaient que les États-Unis avaient un long chemin à parcourir avant la réalisation de ces quatre libertés sur leur territoire.

Le programme déclarait: « Nous appelons le Congrès à soutenir le Président dans sa garantie des principes américains fondamentaux et élémentaires : (1) le droit à une entière et égale participation politique ; (2) le droit à une égale possibilité d’emploi ; (3) le droit à la sécurité des personnes ; (4) et le droit à un traitement égal dans le service et la défense de la nation ».

Le programme des Démocrates soulignait également avec fierté son succès quant à l’organisation des Nations Unis : « Sous la direction d’un Président démocrate et de son secrétaire d’État, les Nations Unies ont été organisées à San Francisco. La Charte a été ratifiée par un vote écrasant au Sénat. Nous soutenons pleinement les Nations Unies et nous nous engageons sincèrement à l’aider dans sa croissance et son développement ».

De son côté, le Parti Républicain apporta également son soutien aux Nations Unies naissantes, déclarant dans son programme de 1948 « Notre politique étrangère est vouée à la préservation d’une Amérique libre dans un monde libre d’hommes libres. Ceci appelle au renforcement des Nations Unies et à la reconnaissance primordiale du propre intérêt de l’Amérique à la liberté des peuples ». alors que le Parti démocrate mettait en avant le leadership du président dans l’établissement des Nations Unies, les Républicains voulaient également s’assurer qu’ils recevaient leur part de mérite. Leur programme établissait « le soutien aux des Nations Unies » comme principalement dû au Congrès républicain, malgré « l’obstruction fréquente du pouvoir exécutif ».

En tant que « meilleur espoir » pour « la sécurité collective face à l’agression et au nom de la justice et de la liberté », les Républicains appelaient à « soutenir les Nations Unies dans cette direction, avec comme ambition de les renforcer et de promouvoir son évolution et son usage futur ». Selon les Républicains, les Nations Unies « devraient progressivement établir le droit international », « être libres de tout veto dans la résolution pacifique des conflits, et être dotées de la force armée telle qu’envisagée dans la Charte ».

En tant qu’élément majeur de l’instauration progressive du droit international, la Déclaration universelle des droits de l’homme devait être codifiée dans des traités légalement contraignant.

Bien que la Déclaration ait été signée par les États-Unis et 47 autres pays en décembre 1948, les deux conventions légalement contraignantes correspondantes qui définissent les obligations de chaque État demandèrent deux décennies de travail supplémentaire.

Les États-Unis devinrent signataires des deux conventions le 5 octobre 1977. Ils ratifièrent l’ICCCPR (International Covenant on Civil and Political Rights: Pacte international relatif aux droits civils et politiques) le 8 juin 1992, mais à cette date n’ont toujours pas pleinement adhéré à l’ICESCR (International Covenant on Economic, Social and Cultural Rights: Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels), un des seulement sept pays au monde à ne pas avoir ratifié l’accord.

Contexte de Guerre froide

Durant ces années, les États-Unis étaient engagés dans une intense bataille idéologique contre l’Union soviétique, dans laquelle les droits de l’homme furent utilisés comme une arme rhétorique par chaque partie contre l’autre. alors que les dirigeants américains réprimandaient les soviétiques pour leurs défaillance dans le respect des libertés fondamentales, incluant la liberté de culte, la liberté d’expression et la libre association, l’URSS pouvait immédiatement pointer du doigt le racisme institutionnalisé patent qui rongeait la société américaine.

La discrimination raciale démentait la rhétorique américaine sur la démocratie et l’égalité, faisant de la cause pour la liberté américaine une chose honteuse, particulièrement pour les gens de couleur en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Les soviétiques exploitaient avec enthousiasme cette question, imprégnant leur propagande anti-capitaliste de récits d’horreur sur les souffrances des Afro-américains.

Dès lors, en 1954, lorsque la cour suprême déclara dans l’affaire Brown c. Topeka Board of Education que la ségrégation au sein des écoles étaient anticonstitutionnelle et ordonna que l’intégration se fasse « avec toute la célérité possible », l’affaire fut présentée en fanfare par tout l’establishment américain comme une preuve des grands pas effectués vers une pleine égalité pour tous les citoyens.

Par moments, la discrimination raciale causa un tel embarras aux États-Unis sur la scène internationale que le Département d’État aurait fait pression sur la Maison blanche pour intervenir. En 1957, par exemple, lorsqu’une cour fédérale ordonna à un lycée entièrement blanc de Little Rock en Arkansas de permettre aux étudiants Afro-américains de l’intégrer, le Gouverneur Orval Faubus a déclaré qu’il refuserait de se conformer à la décision. Plusieurs centaines de blancs en colère et belliqueux s’en prirent à 9 étudiants afro-américains qui essayaient de s’inscrire à l’école le 4 septembre 1957.

Membre de la Garde nationale empêchant un étudiant noir d’entrer dans le lycée Little Rock; 4 septembre 1957.

La Garde nationale, appelée par Faubus, empêcha les étudiants d’entrer dans l’école. Des photographies de la foule en colère, des étudiants afro-américains effrayés et des membres armés de la Garde nationale furent vus dans le monde entier et les Soviétiques s’empressèrent de s’en saisir pour leur propagande.

Le Secrétaire d’État John Foster Dulles informa le Président Dwight Eisenhower que l’incident de Little Rock faisait du tort à la crédibilité des États-Unis à l’étranger, et pouvait coûter au Américains le soutien d’autres pays aux Nations Unies. Eisenhower essaya de négocier un accord avec Faubus, mais lorsque cela échoua, il envoya des troupes fédérales. Les 9 étudiants afro-américains furent finalement autorisés à intégrer le lycée sous la protection armée de l’armée américaine.

Le projet de développer la protection des droits de l’homme conduisit à de larges divisions idéologiques aux États-Unis, avec certains conservateurs, particulièrement au sud, inquiets que le gouvernement national utilise le droit international des droits de l’homme pour promouvoir des réformes des droits civils au niveau national. Argumentant que la question des droits civils ne relevait pas de l’autorité du Congrès, et inquiets du pouvoir constitutionnel des traités, les conservateurs lancèrent plusieurs tentatives dans les années 50 pour amender la Constitution afin de limiter la capacité du gouvernement à conclure des traités.

Ces tentatives ratées d’amender la Constitution étaient fondées sur le postulat que le gouvernement fédéral n’avait pas son mot à dire sur les domaines relevant des États et des localités quant à la régulation des relations raciales, et que, étant donné que l’article 4 de la Constitution fournissait aux traités le statut de « loi suprême du pays », les États-Unis se retrouveraient soumis aux caprices de la communauté internationale sur ces sujets.

Ces peurs se révélèrent infondées, puisque les États-Unis ne souscrivirent pas formellement à la Convention internationale sur les droits civils et politiques de 1977, bien après que la plupart des lois nationales sur les droits civils furent adoptées, mais l’aile droite de l’opposition à la souscription américaine aux normes internationales était désormais profondément établie comme l’orthodoxie conservatrice américaine.

Nat Parry est coauteur de Neck Deep : The Disastrous Presidency of George W. Bush (« Jusqu’au cou : La désastreuse présidence de George W. Bush »).

Source : Nat Parry, Consortium News, 30-03-2018

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Commentaire recommandé

Louis // 29.04.2018 à 12h09

A mon avis, cela veut juste dire que la Chine et d’autres pays ont le droit de critiquer les actes des USA, puisque ce pays s’arroge le droit de vouloir donner des leçons aux pays du monde tout en s’affranchissant (le plus souvent de manière hypocrite et dissimulée) des règles qu’ils veulent imposer aux autres. Les Etats-Unis seraient inattaquables s’ils commençaient eux-même par se soumettre aux règles de respect des droits de l’homme.

25 réactions et commentaires

  • Nicolas // 29.04.2018 à 06h55

    La Chine a enfin publié un rapport concernant la mauvaise situation des droits de l’homme aux U.S.A.. Il était temps!

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    • Sandrine // 29.04.2018 à 11h17

      Je n’a sais pas comment il faut comprendre votre commentaire : est-ce que vous voulez critiquer le fait que l’on attaque les USA au sujet des droits de l’homme alors que la situation est infiniment pire dans d’autres pays comme la Chine ou bien est-ce que vous voulez défendre indirectement les pays qui, tels la Chine, sont accusés par les US de violer les droits de l’homme ?

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      • Louis // 29.04.2018 à 12h09

        A mon avis, cela veut juste dire que la Chine et d’autres pays ont le droit de critiquer les actes des USA, puisque ce pays s’arroge le droit de vouloir donner des leçons aux pays du monde tout en s’affranchissant (le plus souvent de manière hypocrite et dissimulée) des règles qu’ils veulent imposer aux autres. Les Etats-Unis seraient inattaquables s’ils commençaient eux-même par se soumettre aux règles de respect des droits de l’homme.

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      • vinel // 29.04.2018 à 18h39

        Pourquoi voir dans tout écrit un positionnement!
        Je ne vois dans ces écrits qu’un relevé factuel .
        Il appartient à chacun d’en tirer un point de vue sur la politique intérieure et internationale des USA s’agissant des droits de l’homme dont ils sont les initiateurs!

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      • Philou // 29.04.2018 à 20h00

        …euh… certainement, la situation des droits de l’homme en Chine est pire qu’aux Etats-Unis d’Amérique mais … »infiniment » pire ?… comme vous y allez !
        Il n’y a pas place ici pour comparer tout en détail …populations pénales et carcérales, peines de mort, répression des minorités, oligarchie souveraine, propagande officielle et gouvernement oligarchique, médias, espionnage, surveillance de l’individu et violence policière, violence sociale et violence extérieure, sujétion au capitalisme.. débridé (!), santé, soins, progrès écologiques, éducation, longévité, culture, etc., etc.
        Mais à mon sens, les courbes ne sont pas démesurément éloignées et vont se rejoindre dans un avenir pas si lointain, avec l’effondrement des droits humains aux Etats-Unis et la montée, très lente certes, des libertés « formelles » portées par l’amélioration continue des libertés « réelles » (travail, santé, logement, famille et enfants, bien-être) en Chine.

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        • Sandrine // 30.04.2018 à 09h32

          En Chine aujourd’hui, comme ce fut le cas en URSS post-stalinienne ou dans l’Allemagne nazie, si vous vous conformez aux standards du pouvoir, vous pouvez mener une vie très tranquille et certainement beaucoup plus sécurisante qu’aux USA. En revanche si vous faites partie des marges (des déviants), la sanction est extrêmement brutale et cruelle. Vous me direz que les USA ont aussi leurs « déviants » enfermés à Guantanamo mais la différence c’est qu’il y a beaucoup de groupes qui dénoncent cet état de fait et militent contre – ce qui contribue à en limiter l’impact et l’extension.

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          • Cruzz T. Batt // 30.04.2018 à 23h31

            Aux USA, le moyen le plus simple de « dévier », c’est d’être noir, tout simplement.

            Une autre « déviation » banale est la pauvreté.

            Si vous êtes un « déviant cumulard », à savoir noir, pauvre et — au hasard — musulman, vous avez toutes les (mal)chances d’agrémenter les statistiques de la brutalité policière.

            Fatale, en bien des cas, au pays de Rambo.

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    • ALAIN HANNIER // 29.04.2018 à 11h24

      Le Renard se plaindrait des agressions de l’Aigle sur les poulaillers ? Fabuleux !

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      • Haricophile // 29.04.2018 à 17h58

        Les Aigles auraient le monopole a la fois des agressions et de la critique des autres ? Encore une fois il ne s’agit pas de donner des prix nobels ou de diaboliser, mais de dénoncer un unilatéralisme et l’arrogance d’une nation qui est née sur un génocide et a fait pire depuis tout en se présentant comme sainte et généreuse. Générosité qui se compte en millions de morts tout au long de son histoire.

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    • Christian Gedeon // 02.05.2018 à 10h44

      Votre commentaire est marrant,en vérité…pour paraphraser le titre de l’article,la difficile relation de 90pour cent des etats avéc les droits de l’homme.

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  • Catalina // 29.04.2018 à 07h50

    En lisant ce texte, je ne peux m’empêcher de penser que la contribution des usa semble prépondérante, or, ce texte semble avoir été préparé par « 18 délégués de différents horizons et originaires de 8 pays sélectionnés en fonction de critères géographiques, » et semble s’être inspiré en partie de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen français….
    de plus, il omet apparemment l’Afrique du Sud et l’Arabie Saoudite dans ceux qui se sont abstenus. il parle de L’Union Soviétique mais ne détaille pas qui sont ces 6 pays du bloc soviétique. Dommage.
    http://www.ecoles.cfwb.be/argattidegamond/D%C3%A9claration%20des%20Droits….htm

    (pour le lien, copier aussi le htm)

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    • Pegaz // 29.04.2018 à 11h11

      Votre lien, même en copiant le htm, renvoie à erreur 404

      Quarante-trois pays votent pour la Déclaration. Cinq pays s’abstiennent lors du vote (Arabie Saoudite, Biélorussie (Bélarus), Pologne, Tchécoslovaquie et Ukraine) alors que cinq autres refusent de participer : Honduras, Afrique du Sud, URSS (Russie), Yémen, Yougoslavie.

      http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMEve?codeEve=490

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  • TC // 29.04.2018 à 09h46

    Toujours prompts à donner des leçons aux autres, les Américains sont des enfants gâtées qui ne voient rien d’autre que le bout de leur nez. Ce chiffre de 80% d’entre eux qui pensent leur pays le plus grand du monde en dit long sur leur mentalité. Un peuple immature gouverné par des malades mentaux.

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    • chb // 29.04.2018 à 10h56

      « America Great Again », donc US = débiles ?
      Heureusement, les peuples européens, africains, océaniens, asiatiques, gouvernés dans leur grande sagesse par des personnes responsables et saines d’esprit, sauront facilement les remettre à leur place. Grâce à leur vision généreuse et raisonnable. Humaniste, TC ?

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      • Louis // 29.04.2018 à 12h12

        ceux que vous citez n’ont jamais revendiqué haut et fort le droit d’intervenir chez les autres ni une mission quasi-divine de police mondiale.

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        • Philou // 29.04.2018 à 20h06

          …euh, pas plus tard qu’il y a trois semaines avec les mirifiques frappes de missiles FUKUS sur la Syrie pour faire la police chimique… dans FUKUS, il y a France (F) et Royaume-Uni (UK)…

            +4

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  • Pegaz // 29.04.2018 à 10h52

    Concernant les deux pactes internationaux cités, relatifs aux droits civils et politiques ainsi que celui
    aux droits économiques sociaux et culturels, les documents fournis par l’administration suisse ont l’avantage de contenir la liste des pays avec dates d’adhésion et entrée en vigueur.
    Il est évident qu’entre la théorie et la pratique, autant pour des raisons internes qu’externes, la mise en pratique reste à géométrie variable. Toutefois je ne m’attendais pas à la précocité de certain pays de l’ex bloc de l’est ou des dix ans entre la Corée du Nord et du Sud ou de celle de l’Iran, Irak et Syrie ! Pour les deux états démembrés, Tchécoslovaquie et Yougoslavie, l’entrée en vigueur précède la ratification !

    https://www.admin.ch/opc/fr/classified-compilation/19660259/201503130000/0.103.1.pdf

    https://www.admin.ch/opc/fr/classified-compilation/19660262/201703270000/0.103.2.pdf

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    • Pegaz // 29.04.2018 à 13h16

      Portée juridique – Après avoir voté la Déclaration universelle des droits de l’homme, qui n’a, en tant que telle, qu’une valeur déclarative, et ne crée donc pas d’obligations juridiques, l’Assemblée générale a souhaité une Charte des droits de l’homme qui aurait force obligatoire. La Commission des droits de l’homme de l’ONU a été chargée de la rédiger. Après de longues négociations, le projet a abouti, dans le contexte de la guerre froide avec deux textes complémentaires : le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9claration_universelle_des_droits_de_l%27homme#Port%C3%A9e_juridique

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  • Duracuir // 29.04.2018 à 11h00

    C’est pas nouveau, les Romains apportaient la mort et l’esclavage aux « barbares » au nom de la civilisation.
    Les Européens comme les Arabes puis les Turques apportaient l’amour et la miséricorde divine aux païens à coups d’épées, de cimeterres ou de bûchers.
    Les Européens ont conquis le monde au XIXe siècles en prétendant lutter contre l’esclavage qu’ils pratiquaient dans leurs propres colonies. Puis en amenant les Lumières aux « sauvages » par l’exploitation, l’oppression et le génocide.
    La Tartuferie du moment s’appelle Droits de l’Homme.
    Rappelons nous la sentence finale de Justice et Force de Pascal:
    « Et n’ayant pu faire que ce qui fut juste fut fort, on fit que ce qui fut fort fut juste ».

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    • Sandrine // 29.04.2018 à 11h36

      Non, les Romains n’ont jamais justifié leurs conquêtes par une quelconque mission civilisatrice : les raisons invoquées étaient toujours l’apat du gain, et éventuellement la nécessité de sécuriser certaines zones. Les barbares étaient jugés inférieurs et les braves légionnaires n’avaient aucun scrupule à les réduire en esclavages; mais il n’y avait pas non plus de pensée raciste chez eux (contrairement à certains grecs, comme Aristote); une fois « romanisé » un barbare pouvait tout à fait s’élever dans la hiérarchie sociale.
      En ce qui concerne les Turcs, la question est plus complexe ; il est certain qu’ils ont utilisé l’Islam comme prétexte à leurs invasions, de la même manière que les chrétiens plus tard en Amérique.
      Le droitdelhommisme étasunien s’inscit certainement dans cette lignée des « croisade pour le Bien » si caractéristique des pays de culture monothéiste.

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    • Jérôme // 29.04.2018 à 11h40

      L’esclavage était universel. Les autres peuples, « barbares ou pas, le pratiquaient bien avant de tomber sous le joug romain.

      Quant à la conquête de monde par les européens, celle des Amériques, oui, a été de pair avec un recours massif à l’esclavage.

      Celle de l’Afrique au 19ème siècle a conduit à y abolir l’esclavage qui y avait cours bien avant que les traites arabe, ottomane et européenne ne commencent.

      Non pas que ce soit par vertu : ce n’est pas un hasard que l’abolitoi de l’escla âge soit intervenue après le commencement de la révolution industrielle puisque ce sont les gains de productivité de l’époque qui ont donné aux européens les moyens d’etre plus sensibles à l’appel de leur conscience.

      Pour autant, comme l’a fort bien montré Pétré-Grenouilleau, l’exceptoon européenne c’est d’avoir imposé l’abolition de l’esclavage à des sociétés esclavagistes.

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  • ALAIN HANNIER // 29.04.2018 à 11h40

    Lorsqu’on analyse la situation des US au regard des droits de l’Homme ou de la colonisation de fait que la Fédération exerce, il est de moins en moins question de la relation particulière qu’entretiennent les Etats Unis avec l’ensemble des Etats de l’Amérique Latine. Ceci agit comme si ce partage du monde était entendue . La question des Droits de l’Homme ne concerne pas seulement ce qui se passe à l’intérieur des frontières , mais également ce qui est mis en œuvre à l’extérieur, vis à vis des populations des Etats en situation de colonisation plus ou moins assumée ou contrainte.

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  • max // 29.04.2018 à 14h11

    La Chine vis-à-vis des USA fait des contres dossiers très détaillés que les gouvernements des deux pays s’échangent sans concessions.
    Quand les occidentaux ont 1.000 pages, les chinois veillent à en avoir 10.000.
    C’est toujours du tac au tac avec les intérêts et cela a des contres couts sur les contrats économiques, comme D Trump l’a constaté, la Chine n’ayant pas concrétisé les contrats économiques de plusieurs centaines de milliards de $ suite a des critiques de D Trump, E Macron a été beaucoup plus prudent ainsi qu’avec l’Arabie Saoudite.
    La Russie dans ce domaine est a la peine, il n’y a qu’a constater les arrestations par différents pays de citoyens russes et remis aux USA ou la disparition de Yulia Skripal ou la gifle que E Macron a fait a Poutine en ce qui concerne RT-TV.
    En dessous du vernit, les USA sont un pays d’une grande violence, cette violence a été mise en œuvre dès l’origine.
    Au delà des textes et des déclarations, comme l’a dit le représentant de la Russie à l’ONU, les USA ne règnent que par la peur.
    Les seules normes que les USA appliquent sont les leurs et entendent les appliquer à l’ensemble de l’humanité, ceux qui résistent sont traités comme des déviants/révisionnistes/nuisibles.

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  • Fabrice // 29.04.2018 à 23h59

    Il n’y a pas de pays qui se trouvant en position de force qui n’a pas exercé son influence sur le monde pour accroître ses richesses et sa puissance

    Il y eut la Perse, les empires romains, l’empire mongole, l’empire ottoman, les empires coloniaux, l’imperialisme américain, il y en aura un autre (chinois ? Autre).

    Du moment qu’il y aura un peuple qui se croira le droit religieux, moral, économique, … d’imposer au reste du monde son point de vue ce sera sans fin, nous sommes une espèce jeune du point de vue de l’émergence de la vie et nous n’en sommes qu’au niveau de l’adolescence.

    C’est souvent ce terme qui est donné aux USA mais il faut avouer qu’ils nous renvoient que le reflet de nos propres travers et de nos excès, ne font ils pas ce que nous avons fait à d’autres avant ? Et encore maintenant (ex: france-afrique) ? Il faut avouer que nous n’avons pas retenu les leçons de nos erreurs mais ce qui nous dérange au fond c’est de ne plus avoir la direction et que nous voyons bien que le risque est grand de passer dans le camp des prédateurs à celui des proies.

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  • JCH // 30.04.2018 à 10h06

    « L’expansionnisme » n’est PAS une « idée selon laquelle les États-Unis sont uniques parmi les nations en raison de leur tradition en faveur de la démocratie et de la liberté », la définition du mot est différente, et on ne peut pas traduire « exceptionalism » par « expansionnisme ».

    Même si « exceptionnalisme » est un mot récent, il est bien plus adapté.

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