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28.juillet.201828.7.2018 // Les Crises

La partie de poker géopolitique : où est la porte de sortie ? Par Alastair Crooke

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Source : Sic Semper Tyrannis, Alastair Crooke, 29-03-2018

29 mars 2018

Au cœur de la présidence de Trump se trouve la notion d’Art de la Négociation. On dit que Trump a peu de convictions, mais sa conception de la manière de négocier – avec un gros bâton, un effet de levier maximal et des « menaces » crédibles suscitant la peur – est au centre de toute sa présidence. Elle sous-tend son programme de droits de douane et de protection de l’emploi américain ; sa prodigalité fiscale qui doit continuer à donner une contrepartie fiscale aux programmes sociaux, en échange de l’escalade des dépenses de défense « big stick » [« gros bâton », renvoie à la politique étrangère menée par le président Theodore Roosevelt au début du XXe siècle et visant à faire assumer aux États-Unis une place de véritable police internationale, NdT] ; et – bien sûr – elle sous-tend toute son approche géopolitique, en particulier en ce qui concerne l’augmentation des enjeux avec la Chine, la Corée du Nord et l’Iran.

Cette notion sous-jacente de « négociation » est essentiellement transactionnelle, la meilleure pratique étant une opération en tête-à-tête, plutôt que dans un contexte multilatéral. Mais dans le domaine de la géopolitique, ce n’est pas si facile. Dans les prochains mois, mais culminant en mai (toutes choses étant égales par ailleurs), Trump mettra à l’épreuve sa théorie de la négociation dans un contexte très différent de celui de l’immobilier new-yorkais. Le sommet nord-coréen devrait avoir lieu à ce moment-là ; le verdict sur l’accord nucléaire avec l’Iran devrait être prononcé à ce moment-là ; la déclaration de détermination israélo-palestinienne des États-Unis est prévue pour mai ; le rôle des États sunnites dans l’endiguement de l’Iran doit être fixé ; et tous les droits de douanes punitifs contre la Chine seront décidés et promulgués. Bien que ces questions soient apparemment sans liens, leur regroupement en mai les reliera les unes aux autres : un succès ou un échec dans l’une d’entre elles s’infiltrera dans des domaines parallèles.

Et à l’arrière-plan, bien sûr, il y aura toujours la détermination de l’establishment du renseignement occidental d’abattre le président Poutine et la Russie (l’affaire Skripal de Salisbury) et, en donnant une raclée à Poutine, de blesser Trump aussi, bien entendu.

La Russie a déclaré qu’elle répondra de façon proportionnelle aux expulsions collectives de diplomates. De toute évidence, certains membres de la fraternité de l’État profond espèrent que la réaction de la Russie servira de prétexte à un nouveau cycle de dénonciations du président Poutine, avec la possibilité supplémentaire d’évincer la Russie du système mondial de transferts interbancaires SWIFT [Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication, NdT]

Telle est donc la confluence des problèmes, mais que se passe-t-il si quelqu’un relève le bluff ? (Nous pouvons ignorer la Corée du Sud qui cède sur le commerce). Que se passe-t-il, plus important encore, si le bluff est montré pour ce qu’il est – un bluff, largement et publiquement ?

Que se passe-t-il si les Chinois, les Nord-Coréens, les Iraniens et les Russes saisissent les notions derrière l’Art de la Négociation, et de plus savent que les États-Unis ne sont pas vraiment en position de pouvoir mener à bien leur coup de bluff – en ce qui concerne les menaces retentissantes d’actions militaires et commerciales – au moins ? Trump peut être prêt à « tweeter » une démonstration de force comme dans le cas des 57 missiles Tomahawk lancés en Syrie. Mais les principaux acteurs mondiaux sont peu à même de trembler devant cela. Les temps changent. La puissance militaire américaine est désormais perçue aussi bien aux travers de ces capacités substantielles que de ses limites.

Trump n’est probablement pas le seul à savoir jouer aux poker autour de gros enjeux : on ne devient ni le chef incontesté de la Chine, ni celui de la Russie sans ne rien connaître ni aux enjeux de taille ni à la prise de risque.

Il y a également d’autres problèmes dans la stratégie de l’Art de la Négociation [Livre de Trump traduit en français sous le titre : Trump par Trump, NdT]. Le président Trump s’est constitué une équipe de bellicistes en terme de politique étrangère, et agressive en terme de commerce. Elle a été qualifié par certains de « cabinet de guerre ». Il se peut qu’elle ait été en partie constituée pour revêtir le président d’un manteau de nationalisme américain musclé alors que ce dernier se prépare contre Robert Mueller et les allégations à son encontre de déloyauté envers les intérêts américains. Mais elle est également clairement destinée à donner du poids à l’image de l’Amérique « portant un gros bâton ».

En tant que belliciste, John Bolton est certainement convainquant, cependant, il est possible que cette même attitude belliqueuse puisse saper les convictions des autres parties que l’Amérique est sincère quand elle mène des négociations, mais au contraire, promouvoir l’idée selon laquelle l’Amérique ne passe par des propositions de négociations que principalement pour faire en sorte qu’une attaque préventive subséquente apparaisse en quelque sorte plus « légitime ».

Botlon est un choix qui – de manière correcte ou incorrecte – parle de « changement de régime » sous un éclairage favorable (Bolton les souhaite pour la Corée du Nord, l’Iran et la Russie). Il se peut qu’on n’en parle pas pour la Chine, mais cette dernière comprend tout à fait qu’elle est en haut de la « liste des pays à frapper » du trio Bolton-Pompeo-Trump, et que son statut de « principale menace remettant en cause le statu-quo » jouit d’un soutien bipartite aux États-Unis.

Le renforcement des « faucons » de l’autre parti, voilà le réel danger de ce type de tactique « du gros bâton ». En effet, il n’est pas aisé d’imaginer les conseils que M. Bolton peut donner au président pour son sommet avec le chef de la Corée du Nord (en supposant qu’une telle réunion ait lieu). Bolton a dit à maintes reprises qu’il ne croyait pas que la Corée du Nord abandonnerait volontairement ses armes nucléaires (et il se peut qu’il ait raison là-dessus), et comme réponse à la question de savoir quelles « carottes » les États-Unis pourraient offrir, Bolton a déclaré certainement pas de traité de paix, ni de réductions des pressions économiques.

Ce qui nous amène à la question de la « porte de sortie ». Après l’avoir menacé d’action militaire et d’avoir fait percer le plafond aux enjeux, que se passerait-il si Kim Jong Un répondait simplement « non ». Ou, plutôt, « oui », mais seulement si les américains se dénucléarisent aussi : c’est-à-dire retirent leur bouclier nucléaire de la péninsule coréenne, et s’il insiste pour que les forces américaines se retirent complètement du nord-est asiatique ? Que ferait alors le président Trump ? Partirait-il en guerre, tuant ainsi des centaines de milliers voire des millions de personnes ?

Il est possible que Trump bluffe, mais cela s’avérera être in pari très risqué si Trump, poussé par Bolton, s’ôte toute échappatoire. Quelle sera alors « la porte de sortie » – à part une démonstration de force, infligée militairement à Kim Jong Un ? La Chine la Russie, l’Iran et l’ensemble du Moyen-Orient ne vont-ils pas regarder cela attentivement, afin de déterminer si M. Trump bluffe, ou s’il est sérieux ? Si l’Amérique est forcée à reculer, le monde en tirera ses propre conclusions.

Voilà le risque du « poker » géopolitique : ce dernier concerne tout autant – si ce n’est plus – celui qui bluffe que celui qui en est la cible (car les enjeux ici ne sont pas la faillite, comme dans les expériences professionnelles antérieures de Trump, mais le conflit nucléaire) : c’est-à-dire qu’en fin de compte, c’est le monde entier qui se retrouve dans la balance.

L’éditorial d’hier (27 mars 2018) du Global Times of China, un organe qui reflète fidèlement la pensée officielle chinoise, témoigne de l’indignation que cette approche de la « main de fer » a déjà suscitée :

« Les expulsions de diplomates [à la suite de l’affaire Skripal] signalent les intentions brutales de l’Occident… le fait que les grandes puissances occidentales peuvent se regrouper et « condamner » un pays étranger [la Russie] sans suivre les mêmes procédures que les autres pays respectent, selon les principes fondamentaux du droit international, cela fait froid dans le dos… Ces actions ne sont rien d’autre qu’une forme d’intimidation des occidentaux qui menace la paix et la justice mondiale… La manière dont l’Europe et les États-Unis ont traité la Russie est bien plus que scandaleuse. Leurs actions sont à l’image de la frivolité et de la témérité qui ont crû au point de caractériser l’hégémonie occidentale, cette dernière ne pouvant que contaminer les relations internationales. »

Alors que certaines élites européennes se félicitent de l’expulsion coordonnée de diplomates russes, l’éditorialiste du Global Times, parlant au nom des dirigeants, déclare que cet acte n’a pas assoupli la Chine, mais au contraire, a renforcé sa détermination à résister aux menaces et à l’intimidation occidentales. Cela a permis à la Russie et à la Chine de renforcer leur détermination à travailler en étroite collaboration – et « hors de portée de l’influence occidentale ». Cet éditorial particulièrement dur impliquerait que le « bâton » des expulsions – soutenu seulement par un peu plus de la moitié des pays de l’UE – a, de manière paradoxale, rendu les deux États moins réceptifs à l’influence occidentale. (Il a d’ailleurs également creusé les divisions en Europe, puisque une minorité conséquente soutient une politique de détente avec la Russie).

Dans leur empressement à démontrer leur #Résistance à Trump (et viser son soi-disant « point faible » concernant Poutine), les professionnels des agences de sécurité aux États-Unis et en Grande-Bretagne ont travaillé ensemble pour sortir de leur chapeau cette expulsion concertée, en forme de punition pour le président Poutine. L’ancien porte-parole du Pentagone (dans l’administration Obama), l’amiral John Kirby explique que les expulsions sont :

« … accueillie à bras ouvert par nos alliés européens, car, du fait de ce qu’ils ont ou non entendu venant de ce président [c’est-à-dire le président Trump] au sujet du président russe Vladimir Poutine, ils s’inquiétaient que cela signifie que Trump puisse être tendre avec Moscou. Mais ceci leur montre que les professionnels de la sécurité nationale avec qui ils parlent à huit-clos ont tenu bon et que la politique américaine se poursuit selon les promesses faites, à savoir le durcissement. »

C’était, comme l’a dit un diplomate occidental à Robin Wright, « un message musclé de l’occident à Vladimir Poutine disant qu’il ne peut pas attaquer un pays occidental sans créer une vaste réaction de l’ensemble d’entre eux ». Indépendamment, un autre diplomate américain (et ancien ambassadeur en Russie) William Burns, décrit le message comme étant :

« … à bien des égards, la fin d’une illusion, – l’illusion [de Trump] d’une sorte de grand marchandage avec Poutine, en vertu de laquelle Trump semble avoir fonctionné depuis bien longtemps. Aujourd’hui, c’était un ensemble de mesures assez complet. Nous verrons ce que la Russie fera en réponse », a-t-il dit. « Nous et nos alliés discutons constamment de la façon dont nous faisons face à cette menace stratégique. Le casier n’est pas vide. »

La fraternité anglo-saxonne des « professionnels » de la sécurité nationale qui parlent « à huis clos » ont tiré parti – en vertu d’un lobbying intensif de l’UE, plutôt que de la qualité des preuves – de l’empoisonnement d’un ancien transfuge du renseignement russe en un « récit » de l’Union Européenne qui doit maintenant être maintenu, indépendamment de toute enquête ou preuve ultérieure. La preuve est à côté de la question : c’était là l’occasion de clore « l’illusion » de Trump d’une possible détente avec la Russie. Le récit est tout ce qui importe. Nous ne connaîtrons probablement jamais toute l’histoire.

Et le gouvernement britannique a porté le « récit » au-delà de la simple attribution de l’empoisonnement apparent de ce transfuge à la Russie (et au président Poutine personnellement), mais l’a formulé en termes apocalyptiques d’une attaque à l’arme chimique dans et sur l’Europe. La Grande-Bretagne a délibérément cherché à suggérer en outre une parité avec les attaques présumées d’armes chimiques contre des civils en Syrie. En bref, Mme May, dans une tentative de réaliser l’unité nationale du Royaume-Uni – face à la polarisation et à la fragmentation de la politique intérieure du Brexit – risque de rompre l’ensemble des relations de l’Occident avec la Russie. L’utilisation d’une arme chimique, un acte de guerre, en Europe, ne permet pas de réparer les relations par la médiation. Il est et est censé être irrémédiable.

Il y a un air de désespoir – à la fois britannique et de l’élite mondiale – dans cette saga. La Russie ne peut pas être traitée de cette manière, comme s’il s’agissait d’une simple « puissance régionale » mineure avec « un PIB inférieur à celui de la région métropolitaine de New York », qu’on peut repousser, repousser, repousser et repousser encore et encore, jusqu’à ce qu’elle s’effondre ou qu’elle recule. William Taylor, ancien ambassadeur des États-Unis en Ukraine, en donne un exemple en disant que l’Occident peut en quelque sorte « forcer la Russie à repenser sa stratégie. Elle [la Russie], fait face à un marasme économique croissant, à des tendances démographiques préoccupantes, au coût des interventions militaires étrangères en Crimée et à une position internationale diminuée. Poutine ne peut littéralement pas se permettre une autre guerre froide ».

Avec un langage exacerbé par le mépris, et une #Resistance viscérale à Trump (plus encore qu’envers Poutine), la relation avec la Russie va empirer, et peut échapper à tout contrôle – surtout quand ces efforts contre la Russie (ainsi que contre la Chine, l’Iran et la Corée du Nord) invitent pratiquement (comme l’illustre si bien le Global Times), un rival américain à considérer l’Art de la Négociation comme rien d’autre qu’un bluff élaboré.

« Pour l’instant, c’est une tactique d’intimidation sans porte de sortie », a déclaré Tom Pickering, un autre ancien ambassadeur des États-Unis en Russie. « Et nous devons rechercher la sortie ».

Source : Sic Semper Tyrannis, Alastair Crooke, 29-03-2018

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Fritz // 28.07.2018 à 06h13

Bon, cet article date un peu, comme celui de Gilbert Doctorow (22 et 29 mars dernier). Mais il le tempère. La classe dirigeante occidentale, anglo-américaine en particulier, n’acceptera jamais une « porte de sortie », elle qui organise depuis la crise ukrainienne (2013-2014) une confrontation totalement artificielle avec la Russie.

Voyez les réactions hystériques à la rencontre d’Helsinki. Imaginez-vous de telles réactions lors des rencontres Nixon-Brejnev ? Époque qui fut celle de la Détente, pas d’une mythique « guerre froide » reconstruite par l’historiographie sous influence néoconne.

Trump sera peut-être le Gorbatchev américain, celui qui mettra fin à un système aberrant et boursouflé, mais ça risque de se faire dans la douleur… Mikhaïl Sergueïevitch avait été victime d’un putsch le 19 août 1991, l’équivalent washingtonien n’est pas exclu : mais s’il se produit, il ne sera pas le fait de quelques bureaucrates et généraux nostalgiques, mais de l’État profond. Et le président américain pourrait y laisser sa peau.

19 réactions et commentaires

  • Fritz // 28.07.2018 à 06h13

    Bon, cet article date un peu, comme celui de Gilbert Doctorow (22 et 29 mars dernier). Mais il le tempère. La classe dirigeante occidentale, anglo-américaine en particulier, n’acceptera jamais une « porte de sortie », elle qui organise depuis la crise ukrainienne (2013-2014) une confrontation totalement artificielle avec la Russie.

    Voyez les réactions hystériques à la rencontre d’Helsinki. Imaginez-vous de telles réactions lors des rencontres Nixon-Brejnev ? Époque qui fut celle de la Détente, pas d’une mythique « guerre froide » reconstruite par l’historiographie sous influence néoconne.

    Trump sera peut-être le Gorbatchev américain, celui qui mettra fin à un système aberrant et boursouflé, mais ça risque de se faire dans la douleur… Mikhaïl Sergueïevitch avait été victime d’un putsch le 19 août 1991, l’équivalent washingtonien n’est pas exclu : mais s’il se produit, il ne sera pas le fait de quelques bureaucrates et généraux nostalgiques, mais de l’État profond. Et le président américain pourrait y laisser sa peau.

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    • MARCO POLO // 29.07.2018 à 01h25

      J’adhère totalement à votre analyse ! La « nouvelle guerre froide » est un pur produit artificiel , synthétique des néocons Américains qui n’acceptent pas la Russie comme puissance ré-émergente . Ils doivent d’une part , satisfaire les demandes toujours croissantes du complexe militaro-Industriel et d’autre part , détourner leur opinion publique des désastres du modèle ultra-libéral .
      Il est de fait que Trump peut y laisser sa peau . Tout à fait !

        +3

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  • Fritz // 28.07.2018 à 06h57

    Une autre « porte de sortie », catastrophique : celle que choisirait Trump, sous la pression de ses procureurs, en attaquant l’Iran dès le mois d’août. Les bruits deviennent insistants.
    http://www.abc.net.au/news/2018-07-27/donald-trump-may-be-prepared-to-strike-iran-sources-say/10037728
    Vous avez aimé août 14 ? Vous allez adorer août 18 !

      +5

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    • Bibendum // 28.07.2018 à 08h03

      Il m’étonnerait que Trumpiste attaque l’Iran. Sa méthode semble plutôt bien marcher; l’Europe kapitule et accepte un deal en mode TTIP façon puzzle.

      http://www.dedefensa.org/article/notes-sur-liran-tan-plan

      http://www.dedefensa.org/article/usavsiran-une-balle-dans-le-pied

      Juncker, bisous bisous, glou glou, tchin tchin vient de concéder à Trump-me Trump-moi quelques caprices que nos agriculteurs vont apprécier. Quant au prix du gaz, vaut mieux être actionnaires d’un fournisseur qu’un de ses clients. Il va flamber un peu. Quoi que normal pour du gaz 🙂

        +8

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    • Emmanuel // 28.07.2018 à 08h13

      La cas de l’Iran est peut-être intéressant pour illustrer cette « politique du gourdin ». Car , je crois comprendre qu’elle en montre les limites : les US, isolés qu’ils se sont mis (à part Israël et l’Arabie Saoudite (sic)), n’ont pas véritablement les moyens de mettre en oeuvre leurs menaces : pas de crédibilité morale, d’une part, et s’il déclenchait une vrai attaque sur le pays, autant dire que la planète entière serait chamboulée (pour utiliser un adjectif très modéré), et les US aussi, et que déjà ce qui s’est passé en Irak a démontré qu’il s’agissait d’un échec pour les US (économique, politique…). Sur quoi les US financeraient « leur guerre » ? Et tout cela s’était déroulé dans un contexte où la Russie et la Chine étaient occupés ailleurs (on a vu la différence avec ce qui s’est passé en Syrie, où la Russie a mis « son grain de sel »). A cela s’ajoute la distance que ne manque pas de susciter Trump à l’égard de ses alliés traditionnels européens….Bref, sauf pulsion suicidaire (on en a connu dans l’histoire avec certains dictateurs), l’option militaire n’est pas crédible. Enfin, pour conclure, je dirais que l’option du « bâton » peut marcher que s’il elle s’accompagne de celle de la « carotte ». Or quelle carotte propose Trump ? Le problème du bluff au poker, c’est justement de réussir à faire croire aux autres qu’on ne bluffe pas….Désolé, mais pour cela, je trouve que Trump est mauvais.

        +3

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      • Bibendum // 28.07.2018 à 08h55

        Désolé Emmanuel, mais je suis loin de penser que Trump-donaldingo est mauvais. Il est loin de l’être.

        Ayant bien compris, selon moi, que lorsque le sage montre la lune les zidot.e.s utiles regardent le doigt, il s’applique à montrer son doigt sans jamais dire quelle lune il vise.

        Les US étaient les pros de la force brute. Cela faisait sens. Mais au fil du temps ils semblent avoir perdu celui des affaires. Je pense (Sissi ça m’arrive 🙂 ) que Trump essaie de faire entendre à l’état profond que frapper ne sert à rien, voire est contre productif. Il met patiemment en évidence que ce n’est pas la force qui compte. On tombe toujours tôt ou tard sur plus fort que soi.

        Trump se contente, ce qui n’est pas peu, de complètement verrouiller la domination sur les vassaux en démontrant leurs faiblesses et profitant de celles-ci pour asseoir une nouvelle gouvernance économique sur l’Occident.

        Ce n’est qu’en ayant totalement soumis l’Occident qu’il pourra manoeuvrer contre le bloc « multipolaire ».

        Trump ne vise donc pas l’Iran, mais bien l’Europe, toute l’Amérique du nord et du sud, les quelques satellites qu’il a en Asie et bien sûr l’Australie.

        l’Iran est un chiffon rouge, comme la Corée du nord, destiné à détourner les regards.

        Trump ne veux pas utiliser la force, mais dissuader par exhibition de cette force. Il joue en nuance et en ce sens il est probablement un bon rival à Poutine et Xi Jinping.

        Ne pas oublier que Poutine, à Helsinki, a concédé à Trump qu’il était possible de partager avec les US le marché énergétique européenne. Ce que Juncker s’est empressé d’aller valider à Washington.

          +9

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        • Emmanuel // 29.07.2018 à 13h13

          Votre hypothèse est interressante parce que j’ai l’impression qu’elle révèle une certaine partie de l’opinion « qui voudrait bien encore y croire « . Penser que Trump voudrait en quelque sorte ressouder un bloc occidental pour replacer les US en leadersheap mondial me paraît (?) une lecture tout à fait « particulière » et contraire de ce que l’on croit observer, en plus d’être à mon avis un schéma obsolète et daté, vu les enjeux du XXIème siècles…Prêter à Trump cette sorte d’intelligence c’est tout simplement(désolé pour être aussi direct) mais prendre ses désirs pour la réalité. Certainement que son élection a suscité de l’espoir auprès d’un électorat passablement désespéré et qui souhaitait faire un doigt d’honneur à l’establishment, en créant une rupture, mais pour le reste, la politique de Trump c’est bien celle du gourdin et la loi du plus fort, et elle n’est pas bonne pour la planète, ni pour les plus modestes en général …

            +2

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  • Rond // 28.07.2018 à 09h10

    Si tu ne veux pas perdre, ne joue pas ! … et va ton chemin.
    Spéculations boursières = jeu. Bluff = jeu. Poker = jeu. Tricher, mentir, trahir, etc. = jeu. Jeu =>> enjeu et inversement.
    Dans cette bouillasse, il y ceux qui réinventent ou tordent les règles constamment, à leur avantage, ceux qui s’épuisent à les rappeler, ceux qui aimeraient bien les changer, ceux qui les refusent et enfin ceux qui observent. Et tous, ne rêvent que de voir l’autre chuter. Cet article ne fait que raconter quelques-un des croche-pieds des uns et des autres. Qu’est-ce alors qu’une porte de sortie ?
    Nous sommes bien dans une cour d’école.
    Soupir…

      +4

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  • Duracuir // 28.07.2018 à 09h20

    Le journaliste taurin Français Tio Pepe visitant la finca de don Eduardo Miura, admirait avec le grand éleveur les lots de six taureaux que celui-ci destinait à la prochaine temporada. Magnifiques bêtes mâchonnant un brin d’herbe desseché entre cactus et haies touffues dans leurs champs sauvages respectifs. Il remarqua que, dans un de ces lots de six, un des taureaux était le souffre douleur des autres, brimades, brutalités, exclusion. En grand connaisseur, Tio Pepe hocha la tête et pensa tout haut  » le plus faible de la fratrie ». Don Eduardo sourit  » mon cher Tio Pepe, j’ai le plaisir de vous prendre à défaut. Non, pas du tout, ce taureau est le plus costaud de la fratrie. Tellement costaud que depuis trois ans qu’ils sont nés, il fait subir aux autres une véritable tyrannie. Mais un jour, les autres se sont ligués, lui ont mis une raclée et voilà le résultat. »
    Ceci est arrivé à l’Empire Espagnol au XVIIe siècle qui fut le seul, avant les USA, à se prétendre la nation exceptionnelle et à brimer l’intégralité de ses voisins Européens. Les USA ont mis 250 ans à s’inventer des ennemis « impitoyables » pour mieux susciter des alliances tournant à la vassalité ou la pure colonisation, obtenant un leadership incontesté de près de 80 ans. On comprend que les néo-con US mangent leur chapeau de rage de voir Trump détruire tout cet édifice de soumission. On comprend qu’ils ne puisse envisager que seul un traitre peut à ce point nuire à un impérium fruit de deux siècles d’efforts constant de l’état profond de leur pays.
    Trump détruit cet Empire dont il est certains qu’il étouffe les USA et surtout le peuple des USA comme hier l’URSS étouffait le peuple Russe. Et il le détruit de la seule manière dont il dispose: le zèle outrancier.
    Il rend le taureau dominant si odieux que l’empire prendre une rouste. Il compte sur la capacité du peuple US à surmonter puis rebondir à ce moment difficile qui arrive.
    Ou alors, allez savoir, il va précipiter la colonisation de ses larbins européens et asiatiques.

      +7

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    • Bibendum // 28.07.2018 à 11h22

      Belle analogie exprimée avec une toute aussi belle plume. Mais je reste sur ma position que Trump ne veux pas détruire l’Empire. Loin s’en faut

      Je pense qu’il a grimpé sur le dos du taureau avant que celui-ci s’auto-mutile trop pour canaliser sa fougue et le dompter à fin de mieux utiliser sa puissance.

      Il joue fin je trouve, sans quoi les néocons l’auraient probablement déjà débarqué comme JFK en son temps.

      Trump est un impérialiste, faut pas en douter. Mais je pense qu’à l’instar de Poutine il sait qu’il vaut mieux utiliser les mouvements de l’adversaire pour le renverser plutôt qu’utiliser la force brute.

      Trump n’a pas encore utilisé la force brute, il en fait une parodie. Mais par contre il renverse tous les faibles de « son propre camp », cf l’Europe de Juncker, Macron, Merkel et pas loin le jouliii Trudeau entre autres….

      J’ai l’impression qu’il répare et consolide les basses de SON Empire. Les vassaux se prenaient pour des princes… Il montre où est le chenil !

        +1

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      • Bibendum // 28.07.2018 à 11h50

        En fait ce que je tente de dire, c’est qu’en bon maître des ses terres, il faut savoir tenir ses chiens de garde. Il faut savoir les rendre méchants et impitoyables pour prévenir l’attaque des renards, dont des renards à deux pattes. Mais il faut aussi savoir les faire taire lorsqu’on envisage de composer avec, justement, des renards à deux pattes. Les chiens de gardes de l’Empire n’étaient plus vraiment sous contrôle d’un maître, se prenant pour les maîtres à côté du maître et aboyant à qui mieux mieux

        Trump est un bon maître. Il alterne susucres et coup de pieds au cul*. Bientôt il les dressera pour la chasse sans qu’ils bouffent le gibier!

        Tout un art !!!

          +1

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        • Emmanuel // 29.07.2018 à 21h56

          Possible que la vision que vous développez soit peu ou prou celle de Trump et de certains de ses comparses. Sauf que pour moi, elle correspond à quelque chose d’assez primaire et très féodal, et se trouve en décalage avec les défis du XXIème siècle. La vision plus « subtile » exposée par Duracuir plus loin, prenant appui sur l’exemple de l’empire romain, me parait être plus en phase avec une manière plus ou moins enveloppante qui a été celle des US depuis l’après guerre, en particulier avec son soutien d’une « Europe américaine ». Celle d’un maître dressant par la force des « chiens de garde », apparait une façon très tyrannique de procéder, qui poussée un peu trop loin, risque tout simplement de générer des rébellions et une défiance de plus en plus forte. Humilier des « partenaires » n’a jamais été une bonne tactique. L’Allemagne est en train de s’en rendre compte. Et puis, n’oublions pas qu’analyser le présent avec des données d’il y a plus de 50 ans est, ce que De Gaulle aurait probablement qualifié de ne pas tenir compte de la réalité : la population sur terre a été plusieurs fois multipliées et se répartit différemment sur le globe terrestre ; et le PIB américain n’est plus supérieur à la moitié du PIB mondial, mais tend a être inférieur à 1/5ème (ce qui reste pas mal encore…). Les US gonflent leurs biceps par un budget militaire disproportionné (la politique du « gourdin »), mais encore va-t-il falloir le « rentabiliser », sous peine de peser négativement sur le pays et de l’affaiblir par l’intérieur. Bref, tout ça pour dire que jusqu’à présent les US tablaient sur un système « d’alliance » que Trump est en train de rompre pour on ne sait quel autre système. Paradoxalement, la bonne nouvelle est que ses agissements révèlent une véritable faiblesse des US, mais le risque d’une crispation aux effets incertains de ce qui est encore de très loin la première puissance militaire du monde, avec un pouvoir de nuisance incalculable pour l’espèce humaine toute entière : probablement la vrai raison pour laquelle les homologues de Trump cherchent à ne pas trop contrarier le personnage….

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      • Duracuir // 28.07.2018 à 11h57

        Possible.
        De toute manière, lui ou Clinton, historiquement, la logique veut que le prochain cran soit une vassalisation plus marquée des « alliées ».
        Le mode anglo-saxon de prédation coloniale est particulier, sur le mode « constrictor », comme un python.
        Ce n’est pas comme les empires latins(espagnols, français, portugais), on arrive, on cogne, on massacre, on occupe, on pille, on opprime.
        Non, les anglo-saxons font comme les romains. Leur mode d’emprise se passe sur un siècle, exactement comme leurs glorieux précedesseurs. Rappelez vous comment les Romains s’y sont pris pour prendre la maîtrise absolue de la Méditerranée après l’extermination de Carthage. Nulle invasion brutale. Regardez pour l’Egypte, la Grèce, la Palestine et autres. D’abord on commerce, puis on offre son aide militaire contre un ennemi, puis on fait un véritable traité d’alliance. Pour défendre son allié, on installe un camp militaire chez lui. Puis on s’ingère dans les jeu de pouvoir pour mettre des hommes à soi à la tête. D’une manière de plus visible. Jusqu’à l’inévitable révolte où on prend directement le pouvoir du territoire avec un gouverneur local tout en offrant les avantages de la citoyenneté impériale aux notables du cru qui collaborent alors activement.
        A ce schéma, voyez à quel stade en est la France. L’Allemagne, l’Angleterre, l’Espagne, le Portugal, l’Italie, les Pays-Bas(dont le royaume-unis et les USA ne sont qu’une extension) sont déjà en avance d’un cran dans la nasse.
        Mais un empire est horriblement couteux, il dégénère les natifs originaux et cristallise toutes les haines locales contre lui.

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  • christiangedeon // 28.07.2018 à 09h39

    L’Iran donc…l’Iran n’est pas un problème pour le seul Trump. Il est aussi un problème pour Poutine.Moins,mais il est un problème. Les efforts au résultats pour l’instant mitigés que déploye Poutine pour freiner les appétits iraniens en Syrie en sont la preuve. Un embrasement régional du type Israël vs Hezbollah,pasdarans en Syrie,et éventuels bombardements sur l’Iran contrecarrerait tous ses plans d’implantation long terme en Syrie .Le réchauffement du front de Gaza est mauvais signe. Le signe positif,et pour ce qui me concerne contre toute attente, a été la quasi approbation par Israël de la reprise de la région sud de la Syrie,en quelques semaines,par l’Armée syrienne. L’annonce du grand retour du gel du « front  » syro/israélien,retour en 1974? Probablement. La forte présence druze sur ce secteur de la frontière n’y est pas pour rien. C’est par nature,une zone tampon idéale pour une désescalade dans la région. Les interets à moyen et long terme de la Russie et de l’Iran ne sont pas les mêmes,qu’on se le dise.

      +2

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    • JMD // 28.07.2018 à 18h26

      ? « appétits iraniens en Syrie » ? C’est croire au discours de l’agressivité de l’Iran qui déstabiliserait le Moyen-Orient.
      Quant aux intérêts à moyen et long terme de la Russie et de l’Iran, ils se traduiront certainement par l’intégration de l’Iran dans l’OCS.

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      • Christian Gedeon // 29.07.2018 à 18h43

        Ruhollah Khomeiny avait clairement défini les bases de la révolution islamique iranienne à travers la wilayat el fakih,doctrine expansionniste chiite destinée à bouleverser dans un premier temps l’orient musulman. Khamenei guide actuel de la révolution n’a pas touché un iota à cette doctrine. C’est juste comme ça comme vous pouvez le vérifier vous même sans peine. Il ne s’agit pas de polémiquer,mais d’essayer de comprendre les raisons de ce qui va se passer prochainement. Être opposé aux jihadistes sunnites et au wahhabisme est une chose…donner le bon Dieu sans confession aux pas d’arabes et autres tollahs,c’est une erreur.

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    • Charles // 29.07.2018 à 23h14

      « Les efforts au résultats pour l’instant mitigés que déploye Poutine pour freiner les appétits iraniens en Syrie en sont la preuve. »

      Par cette affirmation, vous ne prouvez rien. Vous reproduisez le discours de ceux qui ont conçu le plan de remodélisation du Moyen-Orient en faveur du soi-disant seul État démocratique et néanmoins théocratique de la région.

      Voir les entretiens avec Wesley Clark où ils donne la liste des pays à détruire. L’Iran y figure. Alors il faut inventer des raisons pour passer à l’étape suivante après l’Irak, la Libye et la Syrie.

      Les soi-disants « appétits » de l’Iran ne sont rien en comparaison des appétits de ceux qui veulent détruire l’Iran.

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  • Vincent P. // 28.07.2018 à 13h14

    Considérations de court terme !
    Il n’y a pas, je pense, de porte de sortie pour les E.U et les économies occidentales.
    Quand le Dollar a remplacé la Livre Sterling sur les marchés mondiaux au début du XXème Siècle, on sait quelle fut la suite, jusqu’à Bretton Woods et Yalta…
    La fin du règne du Dollar mènera aux mêmes résultats : l’Empire ne cèdera qu’après avoir mis toutes ses forces dans la bataille, et batailles il y a, et il y aura !
    Pour poursuivre l’analogie au poker, on ne peut pas gagner en faisant systématiquement Tapis : à un moment, l’adversaire a du jeu et de quoi payer pour voir.
    Les américains continuent de bluffer, mais ils ont oublié qu’ils leur manque des jetons, et que cela se voit !
    Le gagnant sera l’OCS, c’est certain. Combien paiera (nous fera payer) l’OTAN avant de se coucher?

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