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10.novembre.202010.11.2020 // Les Crises

Lactalis au-dessus des lois ? – Envoyé Spécial

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Source : France 2

Le géant mondial du lait Lactalis coupe-t-il le lait avec de l’eau ? L’entreprise fait-elle pression sur des lanceurs d’alerte ? Les usines polluent-elles les rivières avec leurs eaux usées ? Le média d’investigation Disclose a mené l’enquête pour « Envoyé spécial ».

Nous mangeons tous les jours des produits Lactalis : fromages, yaourts, crèmes dessert, lait infantile… Mais le géant mondial du lait, qui emploie plus de 15 000 salariés en France, est pointé du doigt par des anciens salariés qui dénoncent des méthodes douteuses.

Lactalis coupe-t-il le lait avec de l’eau, pratique illégale ? L’entreprise fait-elle pression sur des lanceurs d’alerte ? Les usines polluent-elles les rivières avec leurs eaux usées ? Le média d’investigation Disclose a mené l’enquête pour « Envoyé spécial ».

Une enquête de Marianne Kerfriden, Inès Léraud, Geoffrey Livolsi et Mathias Destal avec Disclose diffusée dans « Envoyé spécial » le 22 octobre 2020.

Source : France 2 – 22/10/2020

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Commentaire recommandé

RGT // 10.11.2020 à 10h20

Des audits ?

Encore faut-il que les auditeurs sachent regarder ailleurs que dans les beaux documents qui leurs sont présentés par les audités.

J’ai été auditeur de l’industrie électronique pendant quelques années. Lors de ma formation on m’avait appris à aller regarder s’il n’y avait pas quelque chose de « choquant » dans les procédures qui m’étaient présentées mais je n’avais reçu aucune formation concernant la vérification pure du respect réel de ces procédures sur les lignes de production.

J’ai donc pris l’initiative d’ajouter mes propres connaissances du métier pour « approfondir » les audits et m’assurer que les règles de base du métier étaient bien respectées afin de garantir la conformité des produits fabriqués…

Patatras !!!

Je me suis fait de très nombreux ennemis, tant au niveau des audités qu’au niveau des demandeurs.
Mes rapports étaient catastrophiques et expliquaient totalement les non-conformités qui étaient retrouvées dans les analyses de retours clients qui coûtaient une véritable fortune chaque année.

Les sous-traitants « optimisaient » les process sans se soucier des problèmes qui pourraient ensuite survenir, employaient du personnel non qualifié (et surtout non correctement formé), ne respectaient aucune règle décente de non-contamination en utilisant sans problème des produits totalement incompatibles dans le même atelier. Sans parler de la crasse qui « s’accumoncelait » sous les machines.
Et aussi n’achetaient pas les composants de qualité et les remplaçaient par d’autres de provenance « douteuse » (parfois contrefaits) d’un coût bien moindre pour baisser les coûts.

Lorsque j’ai commencé à publier mes premiers audits « améliorés » (photos à l’appui) ils ont fait un véritable séisme dans l’entreprise qui m’employait (du caca-rente et dont je tairai le nom), avec la direction qui se demandait pourquoi j’avais vu des problèmes critiques que les autres auditeurs n’avaient pas vu…

Ensuite, grande animosité des « auditeurs aveugles » qui passaient pour des buses, et surtout mes rapports qui étaient caviardés suite à la pression du service achats qui devait revoir à la hausse les prix de constituants qu’ils achetaient pour respecter les critères de qualité nécessaires.

Finalement, j’ai eu une « promotion » à un poste dans lequel je ne pourrai plus « nuire » et tout à recommencé à rouler comme sur des rails, avec les services d’analyse de retours clients qui se retrouvaient débordés et l’entreprise qui perdait à nouveau beaucoup de fric et de crédibilité.

Finalement j’ai quitté cette « boite de merde » et je suis allé voir ailleurs si l’herbe était plus verte.

Désormais, la majorité des emplois sont situés dans des pays « low cost » pour le plus grand plaisir des financiers qui ont pris le contrôle de cette entreprise.

Et les actionnaires sont contents car les profits n’ont jamais été si faramineux.
Et ce sont les clients qui payent au final, comme pour Lactalis, avec des produits qui ne correspondent plus à leur spécification.

Le problème, c’est qu’en cas de défaillance ce n’est pas une personne qui peut être malade, c’est une usine complète qui peut partir en fumée suite à un incendie d’origine électrique.

18 réactions et commentaires

  • RGT // 10.11.2020 à 10h20

    Des audits ?

    Encore faut-il que les auditeurs sachent regarder ailleurs que dans les beaux documents qui leurs sont présentés par les audités.

    J’ai été auditeur de l’industrie électronique pendant quelques années. Lors de ma formation on m’avait appris à aller regarder s’il n’y avait pas quelque chose de « choquant » dans les procédures qui m’étaient présentées mais je n’avais reçu aucune formation concernant la vérification pure du respect réel de ces procédures sur les lignes de production.

    J’ai donc pris l’initiative d’ajouter mes propres connaissances du métier pour « approfondir » les audits et m’assurer que les règles de base du métier étaient bien respectées afin de garantir la conformité des produits fabriqués…

    Patatras !!!

    Je me suis fait de très nombreux ennemis, tant au niveau des audités qu’au niveau des demandeurs.
    Mes rapports étaient catastrophiques et expliquaient totalement les non-conformités qui étaient retrouvées dans les analyses de retours clients qui coûtaient une véritable fortune chaque année.

    Les sous-traitants « optimisaient » les process sans se soucier des problèmes qui pourraient ensuite survenir, employaient du personnel non qualifié (et surtout non correctement formé), ne respectaient aucune règle décente de non-contamination en utilisant sans problème des produits totalement incompatibles dans le même atelier. Sans parler de la crasse qui « s’accumoncelait » sous les machines.
    Et aussi n’achetaient pas les composants de qualité et les remplaçaient par d’autres de provenance « douteuse » (parfois contrefaits) d’un coût bien moindre pour baisser les coûts.

    Lorsque j’ai commencé à publier mes premiers audits « améliorés » (photos à l’appui) ils ont fait un véritable séisme dans l’entreprise qui m’employait (du caca-rente et dont je tairai le nom), avec la direction qui se demandait pourquoi j’avais vu des problèmes critiques que les autres auditeurs n’avaient pas vu…

    Ensuite, grande animosité des « auditeurs aveugles » qui passaient pour des buses, et surtout mes rapports qui étaient caviardés suite à la pression du service achats qui devait revoir à la hausse les prix de constituants qu’ils achetaient pour respecter les critères de qualité nécessaires.

    Finalement, j’ai eu une « promotion » à un poste dans lequel je ne pourrai plus « nuire » et tout à recommencé à rouler comme sur des rails, avec les services d’analyse de retours clients qui se retrouvaient débordés et l’entreprise qui perdait à nouveau beaucoup de fric et de crédibilité.

    Finalement j’ai quitté cette « boite de merde » et je suis allé voir ailleurs si l’herbe était plus verte.

    Désormais, la majorité des emplois sont situés dans des pays « low cost » pour le plus grand plaisir des financiers qui ont pris le contrôle de cette entreprise.

    Et les actionnaires sont contents car les profits n’ont jamais été si faramineux.
    Et ce sont les clients qui payent au final, comme pour Lactalis, avec des produits qui ne correspondent plus à leur spécification.

    Le problème, c’est qu’en cas de défaillance ce n’est pas une personne qui peut être malade, c’est une usine complète qui peut partir en fumée suite à un incendie d’origine électrique.

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    • Touriste // 10.11.2020 à 14h39

      Bonjour,
      « Le problème, c’est qu’en cas de défaillance ce n’est pas une personne qui peut être malade, c’est une usine complète qui peut partir en fumée suite à un incendie d’origine électrique. »
      Une usine qui part en fumée n’est pas un souci pour un aussi gros propriétaire : l’usine est certainement (très) bien assurée. Et puis c’est facilement délocalisable : une vache qui broute en Bulgarie fait « Meuh » et du lait tout aussi bien qu’une vache sur une prairie française. Il suffit que le lait soit remué une fois entré sur le territoire pour qu’il devienne « français ». Je caricature mais… à peine…

        +5

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      • thecis // 12.11.2020 à 09h26

        Détrompez vous, une analyse entre prime, survenance du sinistre et perte en cas de sinistre, est réalisée par l’industriel. Les primes étant énormes, il n’est pas rare que les sites de production ne soient pas assurés (ce n’est pas obligatoire sauf pour la responsabilité civile professionnelle).

        Après, je retiens votre idée sur la mention « assemblé en France » ou « conçu en France », qui me fait bien marrer sur la mode du made in France surfing…

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  • L’illustre_inconnu // 10.11.2020 à 16h15

    Bah pourquoi rajouter de l’eau dans le lait puisque ça l’est déjà? Ha oui c’est encore Lactalis qui voulait encore gagner plus?
    Même le lait brut, à force d’unifier le lait avec le même type vache, de les sélectionner pour qu’elles produisent plus de lait: au fils des générations ça donne de la flotte dès l’origine, certes en quantité…

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    • RGT // 11.11.2020 à 09h31

      Il m’est strictement impossible de boire du lait « industriel » sous peine de (très) gros problèmes digestifs.

      Par contre, je n’ai aucun problème à ingurgiter en quantité du lait directement issu du pis d’une vache qui broute en plein champ une herbe naturelle (sans engrais ni pesticides), sans même que (horreur) ses pis aient été désinfectés.

      Juste un constat.

      Encore faut-il avoir le « privilège » d’avoir des bovins en liberté à proximité (et l’autorisation de leur propriétaire de prélever un peu de lait bien sûr).

      Certes les progrès scientifiques ont permis une amélioration de la qualité sanitaire des aliments, mais ils ont un peu tendance à aller « un peu trop loin » en proposant à la majorité de la population des produits qui ne sont plus du tout « naturels » (n’oublions pas que les pathogènes sont AUSSI naturels mais qu’ils sont très peu nombreux dans la nature car leur dangerosité se traduit par une dépense énergétique qui les rend peu « performants » vis à vis de leurs « concurrents » inoffensifs).

      Sans parler du goût ni de la teneur en divers composés chimiques nécessaires que nous devons acheter en pharmacie (très chers) pour compenser les déficiences causées par l’alimentation standardisée.

      N’en déplaise à certains, l’être humain est un animal comme les autres et il a besoin d’une alimentation naturelle et équilibrée pour se maintenir en bonne santé.

      Alimentation naturelle qui ne contient d’ailleurs aucun produit de synthèse car notre organisme, au fil d’une évolution de plusieurs milliards d’années (~3,5) n’a jamais été en contact avec eux, et ne sait donc pas les utiliser ou s’en prémunir.

        +4

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  • Ernesto // 10.11.2020 à 19h10

    Une belle enquête de journalisme d’investigation qui redonne du crédit à une profession décriée à juste titre pour sa perte d’indépendance vis à vis des puissants de ce monde.

    Lactalis ou les ravages du mode de production capitaliste dont la finalité est plus que jamais la maximisation du profit quel qu’en soit le prix.

    Un cas d’école qui coche toutes les cases. Impunité d’un côté, impuissance de l’autre, laisser faire coupable au plus haut niveau des décideurs, au nom de l’emploi et de la primauté de l’économique sur l’écologique La fausse naïveté du directeur de l’agence de l’eau et le numéro d’équilibriste de la ministre Pompili en disent long sur les connivences entre le politique et le monde des affaires.

    Au bout du compte, la présence de la discrète famille Besnier dans le top 10 des plus grandes fortunes de France, mais malheureusement aussi, la destruction des hommes, salariés de l’entreprise licenciés injustement, paralysés par la peur (« si vous parlez, impossible de retrouver du travail dans la région »), ayant perdu l’estime de soi (« j’ai honte parfois de ce que je fais dans mon travail »), et de la nature (pollution et disparition de la biodiversité). Sans oublier les contaminations parfois mortelles pour le consommateur.

    Oui, le capitalisme est un formidable créateur de richesses (grâce au travail des hommes), mais oui aussi et surtout, il exploite, aliène, détruit, mutile, tue. Jusqu’à quand ?

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  • Incognitototo // 10.11.2020 à 19h46

    Ce n’est pourtant pas si compliqué que ça de mettre fin à de telles pratiques… Bien avant que le scandale du lait contaminé ne se produise, j’ai cessé d’acheter tous les produits Lactalis (du moins pour les produits qui indiquent correctement les références du fabricant).

    En infraction avec Article L232-21 du Code de Commerce (de 2000 et des dispositions suivantes qui ont renforcé l’obligation), j’avais pris connaissance du fait que cette société ne publiait pas ses comptes et depuis je n’ai plus acheté un seul de leurs produits.
    Cette société a depuis commencé à publier ses comptes, du moins partiellement depuis 2018. Mais tant que toute la transparence ne sera pas faite sur ses pratiques industrielles, commerciales, sociales et financières, je persisterai dans mon choix.

    On n’a pas le droit d’appeler au boycott d’une marque en France, cela doit rester de l’ordre du choix personnel. Mais il faut se rappeler que c’est pourtant un des rares et très efficace levier, et moyen de pression, pour modifier les pratiques des multinationales qui se croient tout permis et même des pays ; rappelons-nous, pour les plus vieux d’entre nous, que l’Afrique du Sud a mis fin à l’apartheid après une campagne de boycott (et d’embargo) des produits sud-africains qui ont mis son économie à genou.

    Il serait tant que nous nous organisions pour en faire de même avec toutes les entreprises hors la loi : toutes celles qui font de « l’optimisation fiscale », toutes celles qui ont des filiales dans des paradis fiscaux ou des pays opaques, toutes celles qui se permettent ailleurs ce qui est interdit chez nous (travail des mineurs, salariés surexploités, et cetera), toutes celles qui saccagent la planète, et cetera, et cetera…

    Le pouvoir du porte-monnaie est vraiment réel ou comme disait Coluche : « Quand on pense… Qu’il suffirait que les gens ne les achètent plus pour que ça se vende pas ! », ça mettrait tous ces bandits au pas. Pratiques illégales, douteuses ou nuisibles = pas de bénéfices, c’est ça que nous devrions tous faire ; le monde changerait sûrement plus vite.

      +10

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    • jp // 10.11.2020 à 21h33

      j’ignorais qu’on n’avait pas le droit d’appeler au boycott. Mais on peut donner la liste des marques du groupe, c’est sur son site

      Président
      Galbani
      Lactel
      Bridel
      Ambassador
      Santal
      Société
      Seriously
      Pauls
      QBB
      Valbreso

        +5

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      • Incognitototo // 10.11.2020 à 22h55

        🙂 Merci pour les autres pour cette liste des marques très succincte… car cette multinationale possède une myriade de filiales et participations qui lui permettent de mettre sur le marché des marques à l’envi sans qu’on puisse savoir si c’est elle qui est aux manettes : https://fr.wikipedia.org/wiki/Lactalis . Son parcours et palmarès judiciaires sont époustouflants ; je ne suis même pas sûr que Monsanto et autres chimistes aient fait « mieux »…

        Concernant l’interdiction d’appel au boycott…

        Pour les pays, on a l’arrêt rendu par la CC : https://www.les-crises.fr/lappel-au-boycott-est-desormais-interdit-en-france/ ; un vrai scandale en soi qui n’a pas ému grand monde, à part « Les Crises ». On attend toujours la décision de la CEDH pour un recours déposé devant elle, en 2016 !!!

        Pour les entreprises : la loi de 1881 sur la presse punit d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende la provocation publique à la discrimination et le Code pénal (article 225-2) qui précise qu’«entraver l’exercice normal d’une activité économique quelconque» est bien une discrimination.

        P.-S. : 😳 « il serait temps » et non pas « tant » dans mon précédent commentaire.

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        • Touriste // 11.11.2020 à 08h58

          Bonjour,
          Je suis peut-être passé à côté mais en lisant l’article et l’arrêt de la cour de cassation il me semble que l’appel au boycott des produits d’une entreprise privée reste permis hors discrimination ethnique, religieuse ou appartenance nationale.
          Le site et application « i-boycott.org » sont toujours actifs et ses promoteurs (dont Philippe Pascot) ne semblent pas être inquiétés par la justice (pour le développement de cette action en tout cas).
          Donc appeler à boycotter les produits de Lactalis en détaillant les différentes infractions et malhonnêtetés constatées officiellement (y a déjà de quoi faire) reste légal. Mais ne préserve pas d’une éventuelle action en justice en représailles de la part de Lactalis.
          Et puis, dans le cadre spécifique de Lactalis, un boycott suivi et massif en France de ses produits (dont le nombre n’est pas infini) serait efficace pour deux raisons :
          1) ça ferait tout de même un sacré trou dans le CA (et les bénéfices) de l’entreprise (multinationale ou pas)
          2) la raison la plus importante : ça montrerait que les consommateurs peuvent s’unir et faire bloc contre un gros capitaliste. Et ça, chez les gros capitalistes, c’est leur petit cauchemar secret bien qu’ils dorment très bien la nuit.

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          • Incognitototo // 11.11.2020 à 18h39

            Oui, c’est vrai, ce n’est pas si clair ; mais les textes juridiques qui permettent d’agir, contre ceux qui appellent à un boycott contre une entreprise, existent. Il y a déjà eu des condamnations à ce sujet ; un exemple : https://www.modelesdecontrats.com/legalite-des-sites-de-boycott/#Responsabilite_du_collectif

            Il semble bien que les juges lient l’application de ces textes à la démonstration que l’entreprise subit des préjudices. Ou autrement dit tant que ça n’a pas d’effets, il ne se passe rien. Sans oublier qu’il faut tenir pour acquis que le CC donnera raison aux entreprises lésées puisqu’il a inscrit dans le bloc constitutionnel la « liberté du commerce et de l’industrie » (sans entraves).

            Aussi, je pense que tant que « i-boycott.org » reste à un niveau confidentiel sans réels effets sur les bénéfices des entreprises, il ne se passera rien. Mais il y a fort à parier que s’il devenait réellement dangereux pour les entreprises boycottées, les foudres judiciaires s’abattront sur eux.

            Lactalis pour des raisons d’image commerciale a déjà reculé sur plusieurs points : publication de leurs comptes, meilleure rémunération de leurs fournisseurs français … Mais, il ne faut pas s’attendre à ce qu’il reste inactif (sur le plan judiciaire et en créant des marques-écrans), s’il était mis au pied du mur par un boycott massif, d’autant que, comme le souligne le reportage, il bénéficie d’appuis politiques considérables, notamment avec son chantage aux emplois…

            Bref, le boycott reste une arme efficace, mais dangereuse à manipuler d’un point de vue juridique.

              +1

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          • Incognitototo // 11.11.2020 à 18h02

            Ha super, merci JP, cette info était passée sous mes radars en juin dernier. C’est la bonne nouvelle de la journée.

              +0

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  • Brigitte // 11.11.2020 à 07h23

    Lactalis, un empire capitaliste familial français. Un oxymore?
    Je suis bien sur contre ce genre d’hydre mondialisée mais d’un autre côté, il faut être logique. Notre pays se fait dépecer par les prédateurs étrangers, américains, allemands et chinois. Ont-ils de meilleures pratiques économiques, sociales et environnementales? Non certainement pas.
    Qui donc boycotte Amazon ici à part moi? je serais curieuse de le savoir…
    Si le gouvernement français était vraiment à la hauteur, si la démocratie fonctionnait, nous pourrions négocier de bonnes pratiques avec cette multinationale qui a peut-être encore malgré tout une fibre française. Elle paie ses impôts en France. Elle a besoin d’avoir une bonne image.
    Le problème vient surtout du laxisme politique qui permet toutes les dérives. Chacun est un peu responsable de cela. C’est trop facile de pousser des cris d’Orfraie quand on n’agit pas là où il faut.
    Autre logique. Vous voulez relocaliser les usines pour créer de l’emploi? Bien, mais alors il va falloir batailler avec les bonnes pratiques….plus souples ailleurs.
    Vous imaginez les Suisses boycotter leurs banques ou Nestlé? Ils ont d’autres leviers.
    Les débats sont un peu trop binaires sur ce site, hélas, on tourne en rond. Pour avancer, il faut affronter les contradictions de notre système et voir quelles sont les priorités.
    Faire couler un fleuron (multi)national qui sera vite remplacé par un autre, étranger celui-là, ou changer de système politique?

      +8

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  • Ernesto // 11.11.2020 à 19h18

    « C’est ça que nous devrions tous faire » et c’est précisément ça que tout le monde ne fait pas (dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres), pour tout un tas de raisons qu’il serait trop long d’évoquer ici.

    Seule la loi, qui s’impose à tous (nul n’est sensé l’ignorer),est en mesure de résoudre le problème. Mais même quand elle existe, encore faut-il qu’elle soit appliquée, assortie des moyens adéquats pour la mettre en œuvre. Mais, en France, 1 seul inspecteur pour contrôler 362 sites industriels, chez Lactis, 2 ou 3 audits par an (ailleurs c’est jamais ou une fois tous les cinq ans), les autres jours l’entreprise « mouille » les produits ou recycle ceux souillés, une justice le plus souvent impuissante, des sanctions insuffisamment dissuasives (les mastodontes préfèrent payer une amende que modifier leurs pratiques délictueuses).

    La solution n’est donc pas individuelle, de l’ordre de choix personnel, mais collective, économique et politique : il faut « prendre le taureau par les cornes » avec notamment la remise en question du monopole patronal de gestion dans l’entreprise, en la plaçant sous contrôle citoyen (patronat, salariés, usagers, représentants de l’Etat),pour plus de transparence, de respect des normes de travail, de santé, d’environnement.

    Rien de moins qu’un début de remise en cause des rapports sociaux qui découlent du capitalisme, dont le sacro-saint droit de propriété (celui qui permet de décider seul de tout).

      +0

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    • Brigitte // 12.11.2020 à 08h28

      Ernesto, il existe déjà des formes juridiques qui permettent une autre gestion d’entreprise, et ça depuis longtemps, les SCOP. Ont-elles supplanté les autres? Non, car beaucoup d’entrepreneurs, de citoyens donc, veulent devenir riches et célèbres, comme les artistes ou les sportifs professionnels. Il n’y a pas que la passion du métier….
      Arrêtez de rêver à une transformation de la société qui n’aura pas lieu. Regardez autour de vous, plus loin que votre cercle d’amis. L’altruisme existe bien sur mais ce n’est pas le moteur de la civilisation. C’est plutôt le sacrifice. Par amour, par devoir, par espoir, par croyance, etc…
      C’est le sacrifice religieux bien sur mais aussi la théorie du don et contre-don, de l’échange.

        +0

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  • Ernesto // 12.11.2020 à 22h27

    « Il existe déjà des formes juridiques qui permettent une autre gestion d’entreprise et ça depuis longtemps, les SCOP… ». Vous avez raison Brigitte mais convenez quand même que de rares îlots de « socialisme » dans un océan de capitalisme ne peuvent en aucun cas constituer une alternative crédible au néolibéralisme triomphant  et la nature humaine n’a rien à voir là-dedans !

    Comme pour le boycott, si on attend et compte sur des initiatives individuelles pour changer un régime d’exploitation et d’aliénation, le capitalisme peut dormir sur ses deux oreilles, dans cent ans il dominera toujours la planète ! La solution ne peut être que macroéconomique, donc à l’échelle globale, donc seul le rapport de force construit par le collectif est en mesure d’être à la hauteur des enjeux.

    «  Arrêtez de rêver à une transformation de la société qui n’aura pas lieu ». Merci de vouloir décider de ma conduite à ma place, mais je vous assure je me débrouille très bien tout seul pour gouverner mes engagements. Je pense très exactement à l’opposé de ce que je perçois chez vous de résignation, de fatalisme, de fausse certitude qui ne reposent sur aucun fondement probant.

    Vous pouvez bien sûr être sincèrement convaincue, comme beaucoup, que le capitalisme, malgré toutes ses tares, est l’horizon indépassable de l’humanité. Mais dans ce cas, soyez gentille de ne parler que pour vous, n’essayez pas de dégoûter les autres de vouloir dépasser un système mortifère.

      +0

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  • Ernesto // 12.11.2020 à 23h12

    Les batailles perdues d’avance sont celles qu’on n’a pas menées. Ma raison d’être de citoyen est contrairement à vous, de militer activement pour hâter les prises de conscience et faire que le peuple dans toute sa diversité, soit acteur dans la construction de son avenir. Utopie ? Non, confiance inébranlable dans l’humain pour le croire capable de transformer en réalité demain ce qui semble impossible aujourd’hui.

    « Regardez autour de vous plus loin que votre cercle d’amis… ». Merci encore de vous soucier de mes relations sociales, mais rassurez-vous elles sont moins étriquées que vous ne le pensez. J’ai la chance de bénéficier de nombreuses sources d’information et d’avis pour étayer mes jugements et convictions. Normal et logique puisque je prône l’action collective dont la crédibilité repose avant tout, en amont, sur la réflexion la plus large et le débat pluraliste et démocratique.

    Quoique que vous pensiez, je ne suis pas naïf et j’ai parfaitement conscience de la bataille titanesque qu’il faudra mener, la force colossale qu’il faudra mobiliser, pour affronter l’hyper-puissance capitaliste. Mais l’enjeu n’en vaut-il pas la peine ?

      +0

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