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26.mars.201526.3.2015 // Les Crises

Le résultat des départementales en 1 graphique (50 % des ouvriers votent FN…)

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Graphique important sur le vote des électeurs en fonction de leur catégorie sociale (et qui vaut toutes les soirées électorales du monde) :

(Source IFOP)

Éloquent, non ?

  • la catégorie qui vote le plus PS : les cadres supérieurs !!! (pauvre Jaurès…)
  • la catégorie qui vote le plus UMP : les vieux (les cadres supérieurs votent à peine plus pour l’UMP que pour le PS !)
  • la catégorie qui vote le plus FN : les ouvriers, et à 49 % !

Je pense que ça résume terriblement bien notre situation politique…

(pour mémoire, voici la répartition des salariés en 2013 selon l’INSEE : Ouvriers : 20 % / Employés : 28% / Professions intermédiaires : 25% / Cadres sup et prof libérales : 17% / Artisans et chef entreprises : 6%)

Bien entendu, comme il y a une énorme corrélation entre le niveau d’étude et la catégorie sociale, certains se sont amusés à présenter les choses ainsi, avec des commentaires de « qualité », comme ici avec SOS racisme (pensez aussi à lutter contre le racisme social, les gars…) :

On en arrive ainsi à une visualisation du mépris social.

Car si les sans-dents votent mal, c’est bien entendu parce qu’ils sont peu éduqués – et donc peu intelligents -, NULLEMENT car ils souffrent, et comprennent bien qu’ils sont les dindons de la farce du système actuel…

Cela rentre dans ses visions décadences du financiarisme, du genre « la fin de l’histoire », « la fin des luttes de classes sociales », etc. (un lecteur me parlait même récemment de la « fin du mal », comme si le mal n’existait plus, et qu’on vivait dans un monde de Bisounours »). Visions où la politique fait seulement partie de la société du spectacle, et n’est plus la façon d’arbitrer entre les revendications des parties du corps social.

Et un jour, les parties constamment perdantes du corps social (et dont tout le monde se contrefout) se révoltent…

P.S. je vous rajoute l’abstention, à la demande générale… (mais en général, la répartition des sympathies politiques des abstentionnistes est proche de celle des votants)

Commentaire recommandé

Manu // 26.03.2015 à 05h24

Ce qui est aussi remarquable, c’est que plus c’est diplômé, moins ça vote nationaliste et extrême droite pour se reporter sur le libéral et la droite dite « classique ».

Ce que j’en déduis, c’est que plus on a d’étude, plus on pense pognon et à sa gueule.

186 réactions et commentaires - Page 2

  • l’albatros // 26.03.2015 à 21h32

    Excusez-moi mais vous faîtes une erreur d’analyse importante : ce n’est pas parce qu’on appartient aux CSP employés/ouvriers ou peu diplômés que l’on fait partie des plus précaires.

    Les peu diplômés sont souvent plus âgés que les très diplômés. Les jeunes diplômés sont frappés par le chômage et encore plus fréquemment par le sous-emploi (intérim, temps partiel, périodes d’activité et de chômage etc.).

    Sans oublier les problèmes de logement qui affectent une partie notable des populations des régions densément peuplées…

    Il est quand même frappant que le FN ne fait que 20% parmi les chômeurs… comment l’analyser ?

    Au contraire, certains employés et ouvriers ont une assez bonne situation : un emploi stable, propriétaires ayant intégralement remboursés leur crédit etc.

    Tout ce qu’on peut dire, c’est que le FN est très bien implanté dans les zones rurales qui offrent très peu d’opportunités et connaissent un vieillissement de leur population et un déclin par rapport aux grandes villes (qui constituent un phénomène irréversible et mondial) mais qui ne sont pas des îlots de misère… mais ça peut paraître dur de se sentir condamné (je parle de ressenti) à vivre dans des zones qui sont de plus en plus marginalisées dans la marche du monde.

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    • LBSSO // 27.03.2015 à 17h27

      @l’alabatrros,

      si vous voulez une analyse plus sociologique que celle de l’IFOP (qui est un peu politicienne) ,taper dans votre moteur de recherche « opinionway élections départementales 2015 » et vous trouverez en fichier PDF « La sociologie du vote au premier tour des élections  »

      Analyse par revenu, précarité, religion, secteur public/privé, propriétaire…etc.

      Je mets le lien mais je ne suis pas certain qu’il marche.

      https://www.google.fr/#q=opinionway+departementale+2015

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  • Echamel // 26.03.2015 à 22h01

    Lecteur régulier de ce cite pour les efforts des animateurs à démonter l’intoxication médiatique, je suis stupéfait par le titre de cet article titre éminemment trompeur.
    Ainsi 50 % des ouvriers votent FN ? Ah bon ?
    Si je regarde bien avec le tableau (enfin ajouté) des abstentions : 49 % des 48 % des ouvriers votants choisissent le FN. Sauf erreur de ma part cela fait environ 23 % des ouvriers ! C’est toujours beaucoup trop mais c’est beaucoup moins qu’indiqué par ce titre…
    Face au grave problème posé par l’extrême droite dans notre pays, ce n’est pas la peine d’en rajouter inutilement…
    Est-ce l’histoire de l’arroseur arrosé ?
    Continuez à être exigeant avec la réalité des faits pour aider à la réflexion collective pour sortir de cette impasse redoutable et rejetez la facilité et la pauvreté intellectuelle des médias dominants et bien pensants…

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  • Albigeois // 26.03.2015 à 22h19

    Lundi au lendemain du 1er tour, j’écoutais notre bon Bourdin au prise avec un chef d’entreprise qui expliquait qu’il allait voter FN au second tour. Il allait le faire, non par adhésion, mais bien pour sanctionner et envoyer un message aux élus UMP et PS. En substance il disait avoir l’impression que les politiques »vivent dans une tour d’ivoire avec pour seul souçi 2017 et la réélection ». Bourdin lui répondait avec un ton sentencieux et des reproches à peine voilés.
    Ces deux là ne se comprendront jamais et ils me semblent assez représentatifs de ce qui se passe de plus en plus: Voir et entendre les responsables du désastre qualifier le FN de dangereux devient de plus en plus contre productif.

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  • etienne // 26.03.2015 à 22h36

    Oui, ce vote ouvrier pour le FN n’est pas nouveau: il date des années 1990.

    Donc ce n’est pas un scoop: là c’est simplement frappant, parce qu’on frôle les 50%

    En réalité, il y a une poussée FN, depuis les présidentielles de 2012 dans presque toutes les catégories sociales, sauf les cadres.

    Par rapport aux présidentielles de 2012, en reprenant les résultats Ifop:

    Artisans commerçants: de 17 à 28% (+11pts)

    Cadres profs lib: 13% pour les deux scrutins (+0 pts)

    Prof intermédiaires: de 19 à 25%: (+6 pts)

    Employés: de 28 à 38% (+10 pts)

    Ouvriers: de 33 à 49% (+16 pts)

    Retraités: de 10 à 20% (+10 pts)

    Autres inactifs: de 19 à 25% (+6 pts)

    Total: de 18.3 à 25,7% (+7,4 pts).

    Certes, c’est parmi les ouvriers que la progression est la plus forte, mais il faut relativiser cela par leur poids limité au sein de l’électorat.
    Se focaliser sur les seuls ouvriers est une facilité – sinon une tromperie: ils ne représentent que 12.3 % de la population de plus de 15 ans – et 20,5% si l’on y ajoute les ouvriers à la retraite ou autres ouvriers devenus inactifs.

    En outre, tout le monde semble avoir oublié qu’il existe un électorat ouvrier traditionnel de DROITE qui remonte au gaullisme:

    « Or en 2012, d’après l’enquête French Electoral Study, seulement 9 % des ouvriers qui ont voté pour Marine Le Pen au premier tour de la présidentielle se considèrent “de gauche”, alors que 49 % se considèrent “de droite”, et 29 % se situent au “centre”. Ce qui fait dire à Nonna Mayer que “l’ouvriéro-lepénisme est un droito-lepénisme”.  »

    OB véhicule le lieu commun d’un vote de « désespérance » ou des plus fragiles de la part des ouvriers votant FN. Or une analyse fine montre que c’est exactement le CONTRAIRE:

    “En 2012, ce ne sont pas les ouvriers précaires qui ont voté pour Marine Le Pen : eux ont préféré François Hollande dès le premier tour, quand ils ne se sont pas abstenus, explique la chercheuse. En revanche les ouvriers non précaires ont voté à 36 % pour Marine Le Pen. Qui sont-ils ? Ceux qui ont peur de tomber : ils sont plus catholiques, ont un plus fort taux d’équipement des ménages, habitent davantage hors des grandes villes, ont un petit diplôme, un petit quelque chose qu’ils ont peur de perdre.”

     » Ceux qui votent FN sont « ceux qui sont juste au-dessus du seuil de pauvreté, ceux qui ont un petit quelque chose, ceux qui sont en accession à la propriété, ceux qui payent des impôts, ceux qui ont un travail et qui en veulent non seulement aux riches, parce qu’il n’y en a que pour les riches, mais aussi à ceux qu’ils voient juste en dessous d’eux. Ils disent : moi je travaille et lui il a le RSA ! ». « C’est un strabisme social, ils regardent vers le haut et vers le bas, (…) et c’est là que l’on trouve la plus grande tentation du vote Le Pen ». »

    Le vote populaire pour le FN est donc typiquement un vote lié à la « peur du déclassement »; ce n’est donc pas l’expression de ceux qui « souffrent le plus » – ceux-là soit s’abstiennent soit continuent de voter à gauche – mais le vote de ceux qui sont juste encore intégrés et qui ont quelque chose à perdre.

    http://www.dailymotion.com/video/x2kaf4z_nonna-mayer-sur-l-electorat-fn_news?start=0

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  • kasusbelli // 26.03.2015 à 23h20

    Et un jour, les parties constamment perdantes du corps social (et dont tout le monde se contrefout) se révoltent…

    Il faut juste laisser « nos financiers » aux commandes, leur avidité fera le reste…je leur souhaite ensuite de courir aussi vite que possible pour depenser leur fortune sur la lune….c’est vindicatif le prolétaire !

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  • LBSSO // 27.03.2015 à 07h37

    A qui profite la globalisation ? Seulement aux riches avec une grosse voiture, cupides et malhonnêtes comme j’ai pu le lire plus haut?

    dans le tableau détaillé de l’IFOP on peut lire :

    -28 % des cadres supérieurs et professions libérales ont voté PS.
    -29 % des salariés du secteur public on voté PS (et 26 % FN).

    Dommage que l’étude ne donne pas les tris croisés car on aurait pu alors voir que les cadres supérieurs de la fonction publique vote PS (ou, mais c’est la même chose, centre droit ; l’étude agglomère avec l’UMP !) et donc que l’Europe et la globalisation leur vont bien….

    C’est vrai qu’acheter une tondeuse made in china à moins de 50€ ,pour la pelouse de sa maison dont est propriétaire, ça vaut le coup quand on ne risque pas d’être licencié ,qu’on a un salaire de cadre, et qu’on ne veut pas se confronter à la concurrence ou à la compétition hormis sur les pistes de ski. Alors allez vite en acheter une chez bricomachin ,c’est le moment d’y aller !

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  • Candide breton // 29.03.2015 à 19h15

    Bonjour,
    Je reviens sur l’étude French Electoral Study.

    Si les plus précaires « ceux qui souffrent le plus » votent toujours à gauche, donc sans doute en partie pour le PS? Il ne faut pas s’attendre à ce qu’ils se révoltent. Voter pour le parti qui gouverne et pour ceux qui attendent un geste « plus à gauche » pour participer à ce gouvernement, ne me parait pas un signe de révolte imminente.
    Si ceux qui votent FN sont ceux qui ont peur du déclassement, c’est à dire peur de perdre le peu qu’ils ont, alors le vote FN est un vote conservateur, pas du tout annonciateur d’une révolte ni d’une révolution.
    Les seuls que je vois se révolter ce sont les « jeunes de banlieue ». Et à part périodiquement bruler des voitures et des édifices publics, faire un simulacre de guéguerre avec la police et puis rentrer chez eux, rien d’autre qu’une violence impuissante, une sorte de défoulement.
    Sinon pour les plus déterminés d’entre eux qui partent se faire tuer en Syrie ou ailleurs.
    Franchement, à part râler j’ai l’impression que les français sont incapables de tout sursaut collectif.
    SVP détrompez-moi.

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    • NonCroyant // 29.03.2015 à 20h22

      « j’ai l’impression que les français sont incapables de tout sursaut collectif. »
      Ça se sent dans la formulation, si vous aviez écrit « j’ai l’impression que nous, les français , sommes incapable de sursaut collectif » j’aurais vu une lueur de collectif.

      A moins que vous ne faites un commentaire depuis l’étranger.

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    • etienne // 04.04.2015 à 19h39

      Ce n’est pas une « incapacité », c’est un mouvement général de droitisation du pays.

      Une grande erreur est de croire que les crises sont propices à des moments révolutionnaires: c’est parfois le cas, mais c’est le plus souvent l’inverse.
      Les crises peuvent paralyser les attitudes collectives de ruptures avec l’ordre établi: plus le pays s’enfonce dans la crise, plus la plupart des gens courbent le dos et se replient sur des stratégies individuelles pour s’en sortir.

      Le ressentiment d’une grande partie des ouvriers « intégrés » (ie en CDI) à la fois contre les oligarques et contre ceux qui sont moins bien lotis (les « assistés ») provient du fait qu’ils ont le sentiment de s’être fait avoir par les deux bouts: ils travaillent dur, sont moyennement payés, ont beaucoup sacrifié pour accéder à la propriété privée dans des zones péri-urbaines, ce qui implique des coûts de transports élevés auxquels s’ajoutent les hausses d’impôts, tout en étant plus ou moins relégués en dehors des grandes villes.

      Ce sont les premiers cocus du sarkozysme du « travailler plus pour gagner plus » et de la « France de 70% de propriétaires ».

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