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3.juin.20183.6.2018 // Les Crises

«Les élections italiennes prouvent que la zone euro a basculé dans la post-démocratie», par Guillaume Bigot

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Source : Le Figaro, Guillaume Bigot, 31/05/2018

FIGAROVOX/ENTRETIEN – Guillaume Bigot voit dans la situation italienne une crise majeure pour la zone euro, qu’il juge anti-démocratique. Pour lui, les déséquilibres entre les économies de la zone euro sont trop importants pour que l’union monétaire puisse éviter l’explosion.


Guillaume Bigot est essayiste et directeur général du groupe Ipag Business School Paris Nice.


FIGAROVOX.- Pourquoi estimez-vous que le président italien s’est enfermé dans une contradiction insurmontable?

Guillaume BIGOT.- En refusant d’entériner la constitution d’un gouvernement appuyé par les deux partis arrivés en tête aux législatives, le président Mattarella serait dans son bon droit mais il ne fait aucun doute qu’il a politiquement tort.

On peut considérer que les Italiens se sont trompés en consacrant une majorité eurosceptique. On peut également penser que rompre le cadre ordo-libéral est suicidaire. Mais si l’on reste démocrate, on ne peut vouloir décider contre le peuple. Mattarella aurait dû se souvenir de cette réplique mémorable mise par Brecht dans la bouche de son personnage, Arturo Ui: «Puisque le peuple vote contre (…), il faut dissoudre le peuple.»

La méfiance à l’égard du suffrage universel formait déjà l’un des fondements inavoués d’une construction européenne conçue par Jean Monnet comme une camisole de force destinée à maintenir les peuples dans le cadre des droits de l’homme et du marché.

La réaction de Mattarella, comme celle du Commissaire Oettinger souhaitant que les marchés apprennent aux Italiens à bien voter, font franchir à l’UE un cap, celui qui sépare la défiance originelle de l’hostilité assumée.

Le projet européen n’a jamais été franchement compatible avec le fonctionnement régulier d’institutions démocratiques mais les événements actuels font basculer l’utopie européiste dans une phase ouvertement post-démocratique de son histoire.

Pourquoi le pari européiste de Mattarella serait-il perdu d’avance?

La réaction des peuples européens en général et des Italiens en particulier est facile à prévoir. Lorsque l’on prêche le mépris et la défiance à l’égard d’un souverain, c’est-à-dire d’un supérieur hiérarchique, on a toutes les chances de l’irriter, de le provoquer et de l’inciter à réagir. Mais les réactions menaçantes des européistes telles que Mattarella, Le Maire ou Oeninger ne tiennent aucun compte des rapports de force.

Ce que les élites du vieux continent, massivement favorables à Bruxelles, semblent avoir du mal à comprendre, c’est que tant que les démocraties ne sont pas abolies, elles ne disposent que du pouvoir que les peuples leur ont confié. Pas une once de plus, ni de moins. Que cela leur plaise ou non, dans le vieux monde, le patron demeure la vox populi nationale.

Le projet européen n’a jamais été franchement compatible avec le fonctionnement régulier d’institutions démocratiques.

Pour sortir de ce système dans lequel le peuple est le souverain, il faudrait que la majorité du peuple renonce démocratiquement à son pouvoir.

Or, c’est tout le contraire qui se produit. Partout en Europe, même outre-Atlantique, alors même que l’offre politique est extrêmement limitée et se résume parfois à des bouffons (le fondateur du Mouvement Cinq étoiles), à des personnages outranciers et caricaturaux (Donald Trump, Marine Le Pen ou Viktor Orban), les peuples préfèrent brandir ces épouvantails plutôt que de se laisser dicter une conduite contraire à leurs aspirations mais aussi, disons-le, à leurs intérêts par une élite soi-disant compétente.

Pourquoi, selon vous, la zone euro est-elle condamnée à exploser?

Tout simplement car la zone euro connaît des déséquilibres croissants que les violentes thérapies austéritaires non seulement ne peuvent résoudre mais qu’elles tendent à aggraver. Il y a d’un côté les pays du nord, Allemagne en tête, qui affichent d’insolents excédents commerciaux et un bel équilibre budgétaire ; et de l’autre, des pays du Sud qui voient leurs déficits commerciaux se creuser et/ou leur dette publique s’envoler. Les premiers prêtent, les seconds empruntent. L’Italie dispose d’un excédent commercial mais celui-ci est à mettre en regard de l’endettement massif du pays qui devrait aboutir à une dépréciation de sa monnaie et des créances de ses prêteurs.

Mais l’institution d’une monnaie unique bloque ce mécanisme naturel d’ajustement qui pourrait s’opérer de manière indolore via des dévaluations. L’Allemagne et ses voisins du nord ne veulent pas entendre parler d’un desserrement de l’étau monétaire: d’abord, de leur point de vue, cela reviendrait à s’appauvrir, et ensuite leur industrie se porte comme un charme et n’a nullement besoin d’un tel remontant. Et la théorie économique néo-classique qui intoxique nos dirigeants les persuade que le rétablissement de la compétitivité et de l’équilibre des finances publiques passe par une déflation ou une dépression salariale.

D’autres mécanismes de correction des déséquilibres économiques entre le Nord et le Sud de l’Europe sont pourtant possibles?

Certes, mais ils sont interdits.

Berlin et les autres capitales du Nord de l’Euroland ne se contentent pas […]

Les peuples européens vont ainsi découvrir la supercherie: l’euro n’est qu’un mécano de subvention de l’industrie allemande, qui peut faire du dumping monétaire sur le dos des pays moins productifs, et cette BCE que l’on nous vend comme un paratonnerre anti-mondialisation financière est en fait là la solde des grandes institutions financiers et bancaires mondiales.

Suite à lire sur : Le Figaro, Guillaume Bigot, 31/05/2018

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DUGUESCLIN // 03.06.2018 à 06h46

Ce qu’on appelle de nos jours « l’élite » et dont parle l’auteur, demande des précisions.
Fait parti de l’élite celui qui est « choisi » pour les qualités par lesquelles il se distingue.
Qu’il soit savant, inventeur, organisateur, stratège, artiste, philosophe, ses qualités sont au service de la société dont il est issu et qui le « choisi » et le reconnait comme tel.
L’élite d’aujourd’hui, est choisi parmi ceux qui ont les qualités pour créer de la « rentabilité » avec tout ce qui est « exploitable ». Il n’est pas choisi, ni reconnu par le peuple puisqu’il n’en est pas le serviteur.
L’élite d’aujourd’hui est au service des « financiers ». La patrie des financiers est le pouvoir de la finance qui domine le monde. Ces financiers traitent le peuple comme un utilitaire, un objet, qui doit être rentable.
Quand le peuple revendique une culture, une morale, un art de vivre, une langue, une patrie, une famille et le droit de choisir son destin, il est méprisé, ostracisé, insulté, culpabilisé et tout est fait pour que ce peuple se fonde et disparaisse dans la masse mondiale où seules ces prétendues élites ont le pouvoir. Ces « élites » sont recrutées parmi ceux qui sont brillants, qui ont les qualités technocratiques et narcissiques, qui mettent leur intelligence au service de ces « maîtres financiers », lesquels leur font croire qu’ils constituent « l’élite », autrement dit, « ceux qui réussissent ». Les autres ne sont rien.
C’est la nouvelle élite, celle qui est au service d’elle-même et des financiers qui les utilisent.
Conclusion: le peuple vote mal, il faut dissoudre le peuple.

31 réactions et commentaires

  • WASTERLAIN // 03.06.2018 à 05h56

    « Or, 12 pays sur 19, une majorité de pays de la zone euro pâtissent de l’euro fort et auraient besoin d’une dépréciation et d’une bonne dose d’inflation pour apurer leur dette. »
    Dommage qu’il n’ait pas dressé la liste. J’ai tenté de la faire, mais je n’y arrive pas !
    Dommage également que la main d’œuvre bon marché des ex pays de l’est dont bénéficie l’Allemagne ne soit pas abordé non plus

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  • DUGUESCLIN // 03.06.2018 à 06h46

    Ce qu’on appelle de nos jours « l’élite » et dont parle l’auteur, demande des précisions.
    Fait parti de l’élite celui qui est « choisi » pour les qualités par lesquelles il se distingue.
    Qu’il soit savant, inventeur, organisateur, stratège, artiste, philosophe, ses qualités sont au service de la société dont il est issu et qui le « choisi » et le reconnait comme tel.
    L’élite d’aujourd’hui, est choisi parmi ceux qui ont les qualités pour créer de la « rentabilité » avec tout ce qui est « exploitable ». Il n’est pas choisi, ni reconnu par le peuple puisqu’il n’en est pas le serviteur.
    L’élite d’aujourd’hui est au service des « financiers ». La patrie des financiers est le pouvoir de la finance qui domine le monde. Ces financiers traitent le peuple comme un utilitaire, un objet, qui doit être rentable.
    Quand le peuple revendique une culture, une morale, un art de vivre, une langue, une patrie, une famille et le droit de choisir son destin, il est méprisé, ostracisé, insulté, culpabilisé et tout est fait pour que ce peuple se fonde et disparaisse dans la masse mondiale où seules ces prétendues élites ont le pouvoir. Ces « élites » sont recrutées parmi ceux qui sont brillants, qui ont les qualités technocratiques et narcissiques, qui mettent leur intelligence au service de ces « maîtres financiers », lesquels leur font croire qu’ils constituent « l’élite », autrement dit, « ceux qui réussissent ». Les autres ne sont rien.
    C’est la nouvelle élite, celle qui est au service d’elle-même et des financiers qui les utilisent.
    Conclusion: le peuple vote mal, il faut dissoudre le peuple.

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    • Morbihan // 03.06.2018 à 09h37

      Il ne faut pas parler de ceux que vous évoquer comme étant « l’élite », alors qu’ils ne sont que les profiteurs du système.

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      • Actustragicus // 03.06.2018 à 15h25

        Justement, ce que que montre parfaitement Duguesclin, c’est la confusion savamment entretenue entre « l’élite » = les meilleurs (sens courant) et « l’élite » = ceux qui sont choisis (donc… « élus » !), pour perpétuer le système (sens caché).
        « L’aristocratie » d’Ancien régime ne disait pas autre chose d’elle-même (« ἄριστος » = « meilleur », comme on sait).

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    • florian lebaroudeur // 03.06.2018 à 09h52

      Il est sure que si les choses continuent à se passer comme vous le décriviez si bien, on peut être certain que l’élite va trouver un prétexte pour supprimer ou plutôt pour réduire la portée du suffrage universel dés que celle-ci jugera que le moment si prête. Il suffira de prétendre que l’organisation de la société est devenu si complexe, si sophistiqué et si dépendant de « ceux qui réussissent » qu’il est devenu publiquement dangereux de permettre à « ceux qui ne sont rien » de perturber le bon équilibre indispensable. Comme en Chine on finira par distribuer les points aux bons et dociles citoyens et les retirer aux mauvais et rebelles citoyens, et ceux qui seront mal noter seront priver de vote. Après tout la démocratie athénienne avait aussi ses exclus ( femmes, esclaves )

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      • Touriste // 03.06.2018 à 10h57

        Bonjour,
        La réduction de la portée du suffrage universel est déjà en oeuvre ; preuve en est la prise de contrôle des medias les plus importants par les plus grosses fortunes (grands possédants, banques, etc.). Ils ont acquis la « fabrique d’opinion » utile pour protéger leurs intérêts, influencer la population à leur profit, faire pression et/ou aider les gouvernements en place pour garantir la rentabilité.
        C’est malin : sous couvert du mécénat d’un 4ème pouvoir indépendant et nécessaire ils l’ont racheté à vil prix comme une n’importe quelle entreprise en faillite.
        Efficace et bon marché : les mots clefs d’une stratégie commerciale réussie. Ce n’est pas de la politique c’est du business.

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      • naif // 03.06.2018 à 11h21

        est-ce que réduire le nombre de députés, donc leur représentativité, ça n’est pas déjà « réduire la portée du suffrage universel ». Le prétexte c’était quoi exactement? Trop cher?!

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        • Bobby // 03.06.2018 à 16h41

          On ne peut réduire ce qui n’existe pas. « Nos » députés n’ont déjà aucune représentativité.

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      • deuxmillecinq // 03.06.2018 à 21h57

        « on peut être certain que l’élite va trouver un prétexte pour supprimer ou plutôt pour réduire la portée du suffrage universel » FAIT EN FRANCE: un référendum a rejetté, en 2005, un projet de traité soumettant la France à une autorité supranationale non-élue, et une camarilla de vendus, réunis à Versailles, a refusé de prendre en compte la volonté du peuple, bafouant la constitution et enterrant la démocratie.

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    • Touriste // 03.06.2018 à 10h39

      Bonjour,
      En effet, la précision était nécessaire. Merci pour cette judicieuse intervention.

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  • Unloktheswag // 03.06.2018 à 08h46

    Voilà que la vérité dissimulé depuis de nombreuses fent l opacité obscurantiste de l u-m. Le plus grave n étant pas la Dette des états qui peut ne jamais être remboursé et qui n impacterai en rien les états concerné puisque le défaut de paiement est un risque pris mesure et factures par les débiteurs. Le plus grand déséquilibre intervient entre les différentes banque centrale des états européens (Oui elle existent toujours , merci les allemands ?) le déséquilibre des paiements inter zone euro ou système target , alors dire que les allemands souhaiterai maintenir ce système est aberrant , ils sont les premiers à vouloir éviter cette catastrophe et les prochains entente étatique irons dans ce sens malgré les dire de Jupilune !

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  • Yvan Bachaud // 03.06.2018 à 08h47

    Le peuple n’est pas le souverain en France!
    Il est urgent d’arracher le référendum d’initiative citoyenne en toutes matières pour pouvoir intervenir à tout moment pour abroger une loi inapproprié ou injuste, et en proposer de nouvelles élaborees par des citoyens compétents dans leur domaine.

    83 % des Français y sont favorables et la loi est censee être l’expression de la volonté générale !!!
    Seul le référendum d’initiative citoyenne mettra fin à la puissance politique des citoyens.
    Il faut se concentrer sur cet objectif.
    Voir http://www.clic-ric.org

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    • lili // 03.06.2018 à 18h45

      Lol. Mais la « France » n’existe plus… de ce fait que voulez-vous lui « arracher » ????? Elle n’est comme les autres pays membres de l’UE une des provinces de celle-ci…

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    • Vincent // 06.06.2018 à 17h57

      (Coluche) « si les élections pouvaient changer quoi que ce soit, il y a longtemps que l’on les aurait interdites ».
      CQFD

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  • Unloktheswag // 03.06.2018 à 08h48

    Erratum : risque mesuré par les créanciers !

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  • florian lebaroudeur // 03.06.2018 à 09h06

    Voilà un documentaire qui permet de douter des bien fondés du système démocratique représentatif qui s’apparente plutôt à un totalitarisme soft. https://www.arte.tv/fr/videos/071470-000-A/propaganda-la-fabrique-du-consentement/

    On peut même logiquement se demander si le suffrage universel est lui-même un gage de souveraineté quand on prend conscience de la modernité avancée de la fabrique du consentement dés les années 1920 et l’accélération technologique qui a suivie pendant 1 siècle.

    Parce que les parties soit disant « anti-système » sont en réalité bien encrés dedans, car il ne fait aucun doute que si ses parties représentaient un réel danger pour l’oligarchie et ses soutiens obéissants, il suffirait simplement que les mass média les ignorent, les discréditent ou que l’oligarchie tente de les mettre sous leur coupe. Un parti comme le front national par exemple, n’aurait jamais pu réaliser ses scores à 2 chiffres, si l’omerta médiatique n’avait pas été brisé pendant le premier septennat de Mitterand. De même le mouvement 5 étoiles ne serait jamais devenu la première force politique d’Italie si il n’avait pas été lancée et dopé par la personnalité médiatique de Beppe Grillo.
    Il ne faut pas oublier que même des personnalités comme Sarkozy ou Macron en personne se déclarer eux-mémes en guerre contre un « système » qui les traîner dans la boue et les persécuter, mais les peuples ont la mémoire sélective et oublient vite, d’ou la dure considération des relations publiques à leur égard…

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  • Alfred // 03.06.2018 à 09h11

    Article salutaire.
    J’ai beaucoup aimé « Lorsque l’on prêche le mépris et la défiance à l’égard d’un souverain, c’est-à-dire d’un supérieur hiérarchique, on a toutes les chances de l’irriter, de le provoquer et de l’inciter à réagir.  » 1- En France le peuple est un souverain si faible qu’il s’est laissé imposer un Macron. Il n’a encore pas reagi.
    2- pour nos oligarques europeistes le peuple n’est certainement pas souverain. Il leur suffit de ne pas trop le laisser dire.
    Nous arrivons à une croisée des chemins où deux choix sont possibles. -Faire semblant que nous sommes encore en démocratie et nous organiser en douce pour vaincre par surprise (la « trahison » des élites par les représentants du peuple pourtant à priori vendus à ces élites).
    – faire admettre partout que l’UE est anti démocratique. Le risque est que la réponse soit simplement : « c’est vrai. dont acte. Toi toi et toi en prison » . On en est plus proche que certains ne veulent bien le croire. Et dans ce cas je ne suis pas certain que « le souverain » si léthargique soit capable de retrouver son trône.

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  • andrea naz // 03.06.2018 à 10h06

    Il est visible depuis déjà un petit bout de temps qu’il y aura à terme, une Union des pays d’Europe du Sud, et une autre pour ceux du Nord. L’idéal serait que ces deux unions soient copines et que cela se fasse le plus tôt possible. N’oublions pas d’autre part, que si  » l’Allemagne » va bien, ce n’est pas la même chanson pour les Allemands dans une bonne majorité, et que les peuples, tous, trinquent!

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  • rolland // 03.06.2018 à 11h32

    Et si l’on parlait des élites de nos élites ?

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  • bluetonga // 03.06.2018 à 12h12

    Finalement, notre organisation sociale reste envers et contre tout de nature féodale. L’aristocratie moderne, ce sont les détenteurs du capital, ceux qui concrètement possèdent l’argent et les biens. Pas d’autorité centrale, juste un certain nombres de fiefs que représentent les multinationales et les banques, avec des guerres et des alliances perpétuelles entre elles. Les oligarques, en somme. A leur service, une série de grands commis, serviteurs particulièrement aptes pour administrer leurs biens (les directeurs d’entreprise, de la finance), contrôler la populace (les politiques) et les armées (l’état major). Ces commis peuvent, s’ils sont suffisamment pugnaces, accéder au capital, soit une forme d’anoblissement. Et puis il y a tous le reste, les gueux. Parfois indispensables (médecins, ingénieurs, chercheurs, femmes d’ouvrage), souvent négligeables et interchangeables, pour ne pas dire encombrants (tout le reste, du prof de philosophie à l’obscur Papou de Nouvelle Guignée).

    La force de « l’élite », qui se reproduit à l’identique et ne produit aucun être d’exception, c’est d’être restreinte et organisée, à même de définir les règles du jeu pour consolider et augmenter ses avantages (cf. l’article de Lordon ce même jour sur les crises). Mais son pouvoir reste fragile, ne repose que sur des conventions et l’inertie des masses. En revanche, les masses constituent davantage la réalité, et leur obédience aux conventions est facultative, toujours sujette à révision. C’est aussi le vivier des vrais talents, celui d’où sortent chercheurs et scientifiques. Mais elles s’organisent difficilement, tendent à suivre des leaders tôt ou tard phagocytés par les élites, et à viser les solutions rapides et à courte vue.

    J’ai l’impression que nous sommes éternellement piégés dans une dynamique pouvoir/populace où aucune partie ne peut l’emporter, les possédants ne pouvant éternellement contrôler les masses populaires, trop instables et trop considérables, tandis que les « possédés » n’arrivent pas à s’accorder sur un objectif et une stratégie pour établir une société juste et épanouie, une véritable démocratie.

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  • Christian Gedeon // 03.06.2018 à 12h29

    Les elections italiennes prouvent que les pays européens sont en train de redécouvrir la démocratie,au contraire. L’ère d majorités obligatoires se termine…pour le meilleur,j’espère. Pour le pire,peut être. Mais les lourdes chaînes des social démocratie  » de gauche ou de droite » ( ce sont les mêmes d’e toute façon) commencent à être brisées. Nos regards devraient plutôt être dirigés vers l’Espagne où se preparent de terribles événements…l’alliance avec les indépendantistes « catalans » est une terrible erreur. Et un renversement peu trop en cacher un autre…quand je pense que certains se sont réjouis de ce qui se passe. C’est irresponsable.

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  • Chris // 03.06.2018 à 12h48

    Si le Figaro laisse publier ce genre d’articles, même sur un blog, cela signifie que le patronat français n’est pas très heureux de l’€…

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    • Jérôme // 03.06.2018 à 20h49

      Beaucoup de libéraux hostiles à l’euro ont toujours eu accès aux colonnes du Figaro. D’ailleurs, un des anciens patrons du Figaro, Philippe Villin, a des idées économiques proches de celles de Charles Gave ou Jean-Jacques Rosa.

      Et foncièrement, Le Figaro comme Les Échos sont plus libéraux que fédéralistes européens. Entre le libéralisme et le fédéralisme non libéral, ils choisiront le premier.

        +1

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      • Christian Gedeon // 04.06.2018 à 12h10

        À Chris et Jérôme…le Figaro est paradoxalement,pour ce qui concerne « le courrier des lecteurs » (ben oui je suis old school) roba l’émeut un des médias les plus libres,sinon le plus libre de France…pour ce qui concerne la Russie,la Syrie et bien avant , l’agression totalitaire contre la Yougoslavie…c’est péut etre pour garder les lecteurs,mais quoi qu’il en soit bravo. La liberte de ton et d’opinions sur les « réactions » au Figaro est absolument remarquable.

          +2

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  • Emmanuel B // 03.06.2018 à 23h32

    L’article dans son intégralité est bien sûr plus cohérent mais le fragment ici publié est déjà précieux. Seul bémol, le titre, qui est bizarrement trompeur puisque le propos de G. Bigot est justement de souligner l’impossibilité du saut post-démocratique même dans l’UE…

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  • Le pipo // 04.06.2018 à 01h20

    Belgique salaire minimum 1500 euros, c’est une blague ou quoi? Je connais plein de gens en Belgique qui ne gagnent pas 1500 euros, mais 1100 ,1200 ou 1300, d’où viennent vos chiffres, le salaire médian en Belgique est entre 1600 et 1700 euros. la Belgique n’est plus un pays de cocagne, il faut se reveiller….

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    • Jérôme // 04.06.2018 à 07h26

      Et pourtant c’est le montant légal en Belgique. Il faut voir à en déduire les charges salariales. Et de prendre en compte le fait que des gens peuvent n’être employés qu’à temps partiel, auquel cas il faut proratiser.

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  • guzy // 04.06.2018 à 12h28

    Ce serai intéressant de suivre l’évolution des gauches anglo-saxonnes par rapport à la question européenne. En particulier au RU, Corbyn n’était pas un gros européen, mais l’idée perdurait que l’Europe c’était la concorde entre les peuples, que c’était un bel outil certes mal utilisé, d’où encore un gros paquet de « remainers » dans les rangs des intellectuels de gauche (je ne veux dire les travaillistes non blairistes). Et quid des gens autour de Sanders, qui tentent actuellement – on en parle peu- de prendre le pouvoir après le traumatisme de l’élection de Trump.

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  • cayou // 04.06.2018 à 19h49

    D’abord Mattarella n’a pas refusé ce gouvernement ; c’est ce mariage entre une carpe et un lapin qui n’a pas pu générer autre chose qu’un Savola comme ministre des Finances à la suite d’un premier refus. Le problème reste que le choix de Savola entraînant l’Italie vers la sortie de l’Euro n’aurait pas offert aux Italiens la possibilité d’un débat sur une question qui engage leur avenir collectif. Même si la Ligue du Nord minoritaire a fait campagne sur ce thème ce ne fut pas le cas du Mouvement 5 étoiles, alter-européiste nébuleux sur la question, à l’image du Front national ou de la France Insoumise chez nous.

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  • Demo // 04.06.2018 à 23h24

    « Il y a donc trois sortes d’aristocratie : naturelle, élective, héréditaire. La première ne convient qu’à des peuples simples; le troisième est le pire de tous les gouvernements. La deuxième est le meilleur ; c’est l’aristocratie proprement dite. »
    Jean-Jacques Rousseau – 1712-1778 – Du Contrat Social – 1762

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