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Les prévisions de température du Met Office pour 2020-2024

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Source : Global Climat, Johan Lorck, 31-01-2020

Les modèles du Met Office suggèrent qu’un nouveau record de chaleur est probable dans les 5 prochaines années. Prises individuellement, les années allant de 2020 à 2024 devraient évoluer dans une fourchette comprise entre +1,06°C et +1,62°C au-dessus de la période préindustrielle. Il y aurait donc largement de quoi faire tomber le record de 2016.

Le Met Office a publié sa prévision de température globale pour la période 2020-2024. Les modélisations sur 5 ans sont conçues à partir de la connaissance de l’état actuel du climat et de la variabilité pluriannuelle des océans.

L’année la plus chaude jamais observée est 2016, mais les dernières prévisions basées sur les modèles informatiques du Met Office suggèrent qu’un nouveau record annuel est probable dans les cinq prochaines années.

Prises individuellement, les années allant de 2020 à 2024 devraient évoluer dans une fourchette comprise entre +1,06°C et +1,62°C (intervalle de confiance de 90%) par rapport aux conditions préindustrielles (c’est-à-dire la moyenne des températures entre 1850 et 1900). L’année 2015 a été la première où la température moyenne globale a dépassé 1,0°C au-dessus de la période préindustrielle. Lors de l’année record de 2016, l’anomalie a atteint +1,16°C.

Entre 2020 et 2024, il y a un risque, certes faible (moins de 10% de chances) de voir une année excéder +1,5°C, l’objectif le plus ambitieux de l’Accord de Paris. Il faudrait pour cela des conditions propices : un événement El Niño majeur, un contexte de réchauffement des températures dans le Pacifique et pas de grosse éruption volcanique.

La température moyenne (et non les années prises individuellement) calculée sur l’ensemble de la période 2020-2024 se situerait entre +1,15°C et +1,46°C, avec une prévision centrale de +1,3°C au-dessus du niveau préindustriel.

Anomalies de température mondiale par rapport à 1850-1900 à partir de trois ensembles de données de températures : HadCRUT (Met Office) ; GISTEMP (NASA) et NOAA ; prévisions du Met Office pour 2020 et pour la période 2020-2024.

Sur les cinq dernières années (2015-2019) les observations (HadCRUT4, NASA et NOAA) montrent une anomalie moyenne de +1,09°C, ce qui constitue la période de cinq ans la plus chaude jamais enregistrée. Ci-dessous, le tableau des anomalies observées et prévues par rapport à la moyenne 1850-1900 et par rapport à 1981-2010 (base souvent utilisée pour comparer les résultats des différentes archives climatiques).

Pour l’année 2020, le Met Office prévoit que la température moyenne mondiale se situera entre +0,99°C et +1,23°C, avec une estimation centrale de 1,11°C au-dessus de la période préindustrielle (1850–1900). Sans le concours d’El Niño, l’année qui débute devrait être encore une année très chaude, proche du niveau de 2019.

La plupart des régions du globe devraient connaître une élévation des températures dans les années à venir et les modèles de prévision du Met Office suggèrent un réchauffement accru au-dessus des terres, en particulier les parties nord de l’Europe, de l’Asie et de l’Amérique du Nord. Les conditions actuelles relativement fraîches dans l’Atlantique Nord devraient se réchauffer, ce qui pourrait amplifier la hausse du thermomètre en Europe. Les modèles semblent en revanche indiquer des conditions plus froides dans l’océan Austral.

Les prévisions anticipent un réchauffement planétaire continu, largement imputable à la persistance de niveaux élevés de gaz à effet de serre. Cependant, d’autres changements dans le système climatique, y compris des changements à plus long terme dans l’oscillation décennale du Pacifique (PDO) et l’oscillation multidécennale de l’Atlantique (AMO), contribuent également, d’après le Met Office.

Contrairement aux rapports du GIEC qui visent davantage le long terme, les projections décennales du Met Office sont basées sur l’état réel du climat au moment où elles sont établies. Ceci est réalisé en initialisant les modèles avec les toutes dernières observations du système climatique, les changements du forçage radiatif dus aux gaz à effet de serre, les aérosols et la variabilité solaire. Les prévisions ne capturent pas tous les pics et tous les creux de température, car la prévisibilité de phénomènes comme El Niño et La Niña se limite au plus à un an à l’avance. La variabilité naturelle est prise en compte dans les paramètres qui servent à établir la prévision mais la complexité du système climatique rend la tâche très difficile.

Les calculs n’incluent pas les événements imprévisibles, tels qu’une grande éruption volcanique, qui provoquerait un refroidissement temporaire. Les prévisions sur cinq ans sont donc à prendre avec prudence. Sur les 50 dernières années, les tests rétroactifs du Met Office montrent une corrélation de 0,63 dans la distribution mondiale de la température de surface sur les années 2 à 5 de la prévision.

Les prévisions du Met Office (en bleu ci-dessous) se situent entre le milieu et l’extrémité supérieure de la plage simulée par les modèles CMIP5 qui n’ont pas été initialisés avec des observations (ombrage vert sur la figure ci-dessous). À moins d’une éruption volcanique importante ou d’un retour très soudain à des conditions PDO ou AMO négatives (qui pourraient temporairement refroidir le climat), le rythme du réchauffement s’annonce soutenu.

Température mondiale par rapport à la période 1850-1900. En noir : observations (Met Office Hadley Centre, GISS and NCDC). En bleu : prévisions du Met Office pour 2018-2022. En vert : prévisions de 22 modèles du Coupled Model Intercomparison Project phase 5 (CMIP5) non initialisées par rapport aux observations. Source : Met Office.

Source : Global Climat, Johan Lorck, 31-01-2020

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Alligator427 // 03.02.2020 à 10h54

C’est de la pédagogie, répéter encore et encore jusqu’à cela rentre dans les cervelles les plus rétives au savoir scientifique. C’est à l’usure que tombent les croyances irrationnelles, il ne faut pas leur laisser de répit.

Par ailleurs quelques informations intéressantes sont livrées dans cet article, notamment
• la différence d’échelle temporelle entre le GIEC et le MetOffice
• la part de variabilité induite par El Nino et le volcanisme

14 réactions et commentaires

  • joseph // 03.02.2020 à 09h56

    Honnetement, ça sert à quoi de dire qu’on va peut-être battre des records puisqu’on sait déjà que le climat se rechauffe ?

      +7

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    • Alligator427 // 03.02.2020 à 10h54

      C’est de la pédagogie, répéter encore et encore jusqu’à cela rentre dans les cervelles les plus rétives au savoir scientifique. C’est à l’usure que tombent les croyances irrationnelles, il ne faut pas leur laisser de répit.

      Par ailleurs quelques informations intéressantes sont livrées dans cet article, notamment
      • la différence d’échelle temporelle entre le GIEC et le MetOffice
      • la part de variabilité induite par El Nino et le volcanisme

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      • Alligator427 // 03.02.2020 à 13h42

        « C’est bien connu en effet. Le savoir ne s’apprend pas il se martèle. »

        Vous semblez faire un contre-sens : le martèlement sert à faire tomber les croyances qui empêchent l’acquisition des savoirs.

        Les climato-sceptiques se sentiront très très confus dans quelques mois ou années. Il faut leur faire ressentir, notamment par la répétition, l’isolement de leurs postures irrationnelles pour qu’enfin ils se mettent à réfléchir (« savoir pourquoi ils pensent ce qu’ils pensent ») et à être réceptif au savoir scientifique.

        Il y a du travail, non seulement pour abattre les croyances irrationnelles mais également pour réhabiliter la valeur scientifique d’un discours.

        Un discours scientifique est infiniment supérieur à une opinion, il peut être contredit par la raison. Pas de place pour le « moi je » qui initie l’opinion reine qui prévaut un peu partout aujourd’hui.

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        • lecrabe // 03.02.2020 à 14h07

          Expliquer, démontrer et s’adresser à l’intelligence a été et est fait largement par ailleurs, il n’en reste pas moins important de répéter à l’envi des savoirs scientifiques quand ils rencontrent une farouche résistance obscurantiste.

          Si aujourd’hui les gens dans la rue connaissent par coeur la célèbre formule E=mc², ce n’est pas parce qu’ils l’ont démontrée ou même en connaissent le sens, c’est bien parce qu’elle a été répétée partout en toutes occasions.

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        • Heracles // 03.02.2020 à 15h11

          yvo,

          Merci pour votre contribution profondément heuristique et en plein dans le sujet.

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      • Fritz // 03.02.2020 à 19h20

        Ne pas leur laisser de répit… et ne pas leur laisser la parole !
        Comme disait Galilée : pas de liberté pour les ennemis du climat !

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      • Patrick // 03.02.2020 à 20h12

        Citer Galilée est un contre-sens. Il se battait contre l’obscurantisme et la bêtise des dogmes, auxquelles il opposait le savoir scientifique tiré de l’observation de la Nature. Bref, vous n’auriez pas plus mal tomber je crois.

        Si on tente toutefois de poursuivre votre parallèle :
        ›› le dogme obscurantiste qui domine est celui de la croissance infinie dans un monde fini
        ›› le savoir scientifique doit sans cesse répéter qu’il s’agit là d’une aberration mortifère

        Que vous ayez le sentiment de ne pas avoir la parole est aberrant : ouvrez votre poste de télé et regardez ces belles publicités qui vous encouragent à vous baffrer de viande, à faire du tourisme aux quatre coins de la planète et à rouler en SUV.

        Si réellement le discours scientifique monopolisait le champ médiatique, ces pubs seraient interdites.

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        • Raoul // 04.02.2020 à 04h46

          Galilée… (Soupirs)

          Toujours les mêmes clichés. On l’a condamné (à vivre libre dans sa villa, sa sœur faisant sa pénitence, réciter des prières, à sa place) parce qu’il réinterprétait des versets de la Bible sans les preuves (ses calculs étaient faux, notamment ceux prévoyant un mauvais nombre de marées à Venise).

          En 1615 le cardinal Bellarmin écrit : « Il me semble que Votre Révérence et le Seigneur Galilée agiront prudemment en se contentant de parler par hypothèse et non pas absolument, car c’est ainsi que j’ai toujours compris que Copernic a parlé. »

          Encore:« parlez par hypothèse, ne demandez pas à l’Église de réinterpréter certains passages des Écritures tant que vous n’apportez pas la preuve de la théorie de Copernic. Si vous apportez cette preuve, alors bien sûr, nous verrons à modifier l’interprétation que nous faisons de ces passages, mais nous ne pouvons pas le faire sans ces preuves que vous n’apportez pas.»

          En février 1616, une commission de théologiens du Saint Office condamne deux propositions affirmant l’immobilité du Soleil et le mouvement de la Terre. À la demande du pape Paul V, le cardinal Bellarmin convoque Galilée et lui intime l’ordre d’abandonner sa position de défenseur des thèses de Copernic, lui disant de travailler en savant, par hypothèses, et non d’affirmer sans preuves. Galilée donne son accord et promet obéissance.

          Ce que Galilée ne fit pas (contrairement à Copernic) et c’est son entêtement en matière théologique sans preuve qui fut condamné.

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    • Bouddha Vert // 03.02.2020 à 14h01

      Le savoir ne se nourrit que de connaissances mais elles ne suffisent pas.
      Typiquement la connaissance des changement passés du climat fait croire à certains que les changements actuels n’ont rien d’anthropique mais obéissent à des cycles naturels, les connaissances établies par les paléo-climatologues permettent de comprendre que la dynamique en cours est, sinon inédite, annonciatrice d’évènements géologiquement rares et par les connaissances des biologistes qu’elle interdira une adaptation équilibrée des biotopes en place.

      Peut être avez vous suffisamment lu pour considérer ce phénomène comme un savoir mais comme le dit Alligator la pédagogie passe par la confrontation à une quantité de faits qui, par leur synthèse, permettent d’arriver au savoir, d’autant plus lorsque la réflexion est guidée par des travaux réalisés par des scientifiques dont c’est le métier.
      Savoir que la terre est ronde, que les chauve-souris ne sont pas suppôts du diable, que l’Homme est le fruit de l’évolution biologique propre à toutes les espèces ne garantit pas le bonheur mais facilite la conversation par un socle commun de connaissances qui facilitent la concorde.

      Plus nous serons nombreux à envisager les changements en cours et plus nous serons à même de les gérer plutôt que de les subir, grâce à des changements de pratiques quotidiennes, par des orientations professionnelles, un autre paradigme social qui émerge.

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  • bili // 04.02.2020 à 00h34

    Pour infos, pour ceux qui s intéresse au variation climatique, et qui aurrais loupé l infos :
    des scientifiques on découvert que la fonte des glaces en Antarctique va provoquer une baisse des températures jusqu’à -10°, une sorte d autorégulation du climat, voici l article de science et vie sur le sujet : https://www.science-et-vie.com/archives/climatologie-en-se-rechauffant-le-pole-sud-va-aussi-se-refroidir-35060

      +0

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    • Alligator427 // 04.02.2020 à 00h51

      L’article que vous citez date de 2008 (et en outre l’accès est payant).

      Concernant la thématique abordée, il est important de faire une nette distinction entre :
      • le dérèglement climatique
      • le réchauffement global de la planète

      Contrairement à ce que vous semblez indiquer, le GIEC n’a jamais affirmé qu’on assiste ou assistera à une « auto-régulation » de la température du globe. Quels que soient les scénarios, c’est bien un réchauffement inexorable et global qui est en cours. Et dans cette évolution globale, les continents seront affectés différemment : certaines zones vont se refroidir, d’autre se réchauffer.

      Entre temps, le GIEC a publié un rapport intermédiaire sur la cryosphère (2019) :
      https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/sites/3/2019/09/SROCC_PressRelease_FR.pdf
      http://www.meteofrance.fr/actualites/75877772-ocean-et-cryosphere-que-faut-il-retenir-du-rapport-du-giec

      Cela me semble plus fiable de se référer à cette publication qu’à l’article que vous citez et qui est accessible en payant.

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      • Bats0 // 04.02.2020 à 06h33

        Après le réchauffement, la suite logique, le « refroidissement rapide de l’Atlantique Nord au cours du XXIe siècle »; ce n’est pas du GIEC, mais tout aussi scientifique, du cnrs :
        http://www.cnrs.fr/fr/atlantique-nord-le-risque-dun-refroidissement-rapide-au-xxie-siecle-revu-la-hausse
        C’est bien joli de vouloir profiter de nos connaissances récentes, et surtout de (soit disant) « l’énergie illimitée », pour jouer à l’apprenti sorcier avec le capitalisme, mais faudrait aussi se creuser la tête pour envisager les conséquences possibles de ces actes inconsidérés.

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  • Raoul // 04.02.2020 à 04h38

    Merci, je prends ces hausses de chaleur (tant que cela dure). J’habite au Québec, on gèle six mois par an (littéralement).

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  • wijngaards // 07.02.2020 à 11h12

    l’écologie et réchauffement climatique sont deux choses bien distinct
    pour la future de mes petits enfants pour la pollution j’ai un certain soucis et il y a du travail.
    Pour la température il y a aussi un problème regardez la prévision d’un organisme scientifique au lieu de écouter des hommes politique plus que incompétente en climatologie .

    https://www.meteocontact.fr/actualite/le-prochain-cycle-solaire-sera-au-plus-bas-depuis-200-ans-selon-la-nasa-62072

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