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4.janvier.20194.1.2019 // Les Crises

Rêver sous le capitalisme, par Sophie Bruneau

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Source :Arte, 12-09-2018

Douze personnes racontent puis interprètent le souvenir d’un rêve de travail. À la fois poétiques et politiques, ces récits captés par l’anthropologue Sophie Bruneau esquissent le portrait d’un monde dominé par le néolibéralisme.

Les rêves offrent un moyen de connaissance anthropologique par leur capacité à dire le monde et la singularité. On rêve différemment selon les régimes politiques, a ainsi révélé Charlotte Beradt, auteure du livre Rêver sous le IIIe Reich, référence centrale de ce film. À travers un corpus de récits oniriques collectés dans les années 1930 à Berlin, cette dernière a témoigné de la réalité totalitaire qui se mettait en place. Que racontent du monde du travail et au-delà, de notre temps, les rêves d’aujourd’hui ?

Vision nocturne
Douze rêves de femmes et d’hommes rendent compte de façon décalée de la souffrance au travail, enchaînant les situations dans des instantanés surréalistes. Le champ le plus intime, le plus secret, est malmené par les pratiques managériales qui ont envahi le monde professionnel. L’intensification, la peur, le silence, l’enfermement, l’aveuglement, l’épuisement ou la mort constituent des thèmes récurrents. Chaque rêve s’apparente à l’histoire d’une perte : celles du vivre ensemble, de la dignité, de la liberté, de la capacité à résister…. Pour la cinéaste et anthropologue Sophie Bruneau, ces douze rêves de travail portent la « vision nocturne » du système néolibéral et de ses violences.

« Rêver sous le capitalisme » sortira en salle le 12 décembre, à l’Espace Saint-Michel à Paris et dans d’autres villes en France. Ces projections seront suivies de débats autour de la problématique « santé et travail ».

Réalisation : Sophie Bruneau

Pays : Belgique-France

Année : 2017

Source :Arte, 12-09-2018

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Commentaire recommandé

Yab Léo // 04.01.2019 à 08h35

Salut tout le monde.

Je n’ai pas vu le documentaire mais toujours la même question que je me pose…
Pourquoi ne parle t’on jamais des chômeurs, précaires et autres exclus du système désigné comme coupable.
La violence de nos quotidiens dépasse tout entendements.
Un éclairage médiatique des crasseux et des sans dents amènerait le vomi au bord de la mâchoire.
…mais comme d’hab, on tournera la tete ailleurs. Les « improductifs » sont responsable de leurs sort.
Jaune année, jaune santé a tous.

Yab Léo

43 réactions et commentaires

  • Yab Léo // 04.01.2019 à 08h35

    Salut tout le monde.

    Je n’ai pas vu le documentaire mais toujours la même question que je me pose…
    Pourquoi ne parle t’on jamais des chômeurs, précaires et autres exclus du système désigné comme coupable.
    La violence de nos quotidiens dépasse tout entendements.
    Un éclairage médiatique des crasseux et des sans dents amènerait le vomi au bord de la mâchoire.
    …mais comme d’hab, on tournera la tete ailleurs. Les « improductifs » sont responsable de leurs sort.
    Jaune année, jaune santé a tous.

    Yab Léo

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    • Génissel Samuel // 05.01.2019 à 23h59

      Pourquoi t’enlever ta dose de divertissements?, qui justifie que tu n’es plus qu’un homme (comme moi), dépassé par les causes et les circonstances?, pourquoi pas, c’est loyal de ne pas ce prendre pour Dieu, mais est-ce une raison pour en faire un combat: empois-précaire/chômeurs?

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  • Xavier // 04.01.2019 à 08h42

    Le principe me gêne : ne sommes-nous capables d’interpréter notre siècle qu’avec une grille* de lecture du temps passé ?

    Quand comprendrons-nous que ce qui se joue aujourd’hui, bien que répondant aux mêmes déterminismes*, est très différent ?

    * puisque peu de personnes ont des connaissances en théorie de l’information, thermodynamique, cybernétique, logique formelle, système nerveux… il paraît difficile d’imaginer un futur plutôt que d’être prisonniers de nos peurs.

    Elle a un an mais reste d’actualité : http://www.nouvellegrille.info/pdfLR2018-01.html

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  • Philvar // 04.01.2019 à 10h22

    Hors le fait que se cache sous le terme de néocapitalisme le règne d’une mafia de milliardaires sous la coupe clinton, j’aimerai que l’on m’explique (délicat euphémisme) une seule différence avec les autres régimes = dictature, communisme, etc.. excepté quelques tout petits pays tels la Suisse, le Luxembourg ou encore Monaco..
    La société humaine semble ainsi faite qu’elle s’organise autour d’un dominant et f’une foultitude d’esclaves. Mais n’est-ce pas le régime de toute espèce vivante mammifère ?

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    • Jules Vallés // 04.01.2019 à 12h31

      @ Philvar
      Non, les grands prédateurs, ours polaire , grizzly, ours brun, tigre, les félins (panthére puma cougar lynx), et oui même votre (?) mignon minou !
      Ce qu’ils ont en commun c’est la défense du territoire, faut bien manger…
      Par contre les canidés, herbivores (les femelles, les moutons !), et surtout les primates, nos plus proches cousins, vivent en groupe grégaire avec dominants, alpha, béta….

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      • Philvar // 04.01.2019 à 15h03

        Exact ! J’ai un peu simplifié pour ne pas faire de grosses tartines. J’aurais pu ajouter les petits poissons et enlever les mammifères marins Mais alors c’est un ouvrage à écrire !

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        • Sandrine // 04.01.2019 à 18h17

          L’existence d’un mâle dominant n’implique pas forcément l’esclavage des autres.
          Dans une famille, généralement, les parents « dominent » les enfants. Or les groupes animaux sont généralement des groupes familiaux (les meutes de loups sont un bon exemple).

          Le problème c’est que dans nos sociétés qui fantasment sur la disparition du père, cette réalité paraît intolérable…

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  • libvert.fr // 04.01.2019 à 11h41

    Cette analyse du capitalisme est valable dans le cas où la liberté individuelle est très faible, d’où l’importance de la promouvoir.
    Rappel : L’individu est la plus petite des minorités à défendre. Et c’est l’une des valeurs principale du Libéralisme (voir déf. Wikipédia)

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    • Sandrine // 04.01.2019 à 11h48

      L’individu hors de la société n’exsite pas.

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      • Philvar // 04.01.2019 à 12h04

        Cela a souvent été tenté mais les durées ont été éphémères. Le meilleur exemple d’une très bonne société qui a d’ailleurs durée des millénaires est celle de l’Égypte pharaonique.

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  • Un_passant // 04.01.2019 à 11h47

    Rien que la formulation « néolibéralisme » me gêne. Cette introduction suinte à chaque paragraphe des sous-entendus issus des préjugés et présupposés de la gauche.
    La société n’est que le reflet de ses composantes, les individus, peu importe leurs moyens financiers. Le système ne fait que refléter les défauts humains, il n’y a pas d’un côté les bons et de l’autre les méchants. J’en ai entendu, des anticapitalistes qui, à mots couverts critiquaient les riches mais laissaient entendre s’ils devenaient riches à leur tour, qu’ils auraient les mêmes travers, les mêmes comportements (ce qui explique toutes les dérives des régimes communistes).
    La société auto-organisée est un mythe inatteignable, l’être humain n’y est tout simplement pas prêt. Mettre deux personnes d’accord est déjà difficile, à trois, ça se complique encore et ça ne fait que se dégrader lorsque l’on augmente le nombre. La société idéale ne peut pas exister, l’être humain est bourré de défauts et de contradictions. Pour améliorer la société, il faudrait déjà le reconnaître et l’assumer (on n’arrivera à rien sans ce préalable)!
    Je rejoins totalement le commentaire de Xavier : « puisque peu de personnes ont des connaissances en théorie de l’information, thermodynamique, cybernétique, logique formelle, système nerveux… il paraît difficile d’imaginer un futur plutôt que d’être prisonniers de nos peurs. » Sans être devenir un spécialiste, s’intéresser à tout cela relève d’une curiosité que semble-t-il peu de personnes ont (ou elles refusent de traiter les informations de manière aussi neutre que possible : accepter que ça ne leur plaise pas, que ça révèle des travers qu’elles peuvent avoir et qu’elles refusent de reconnaître et d’assumer).
    Acquérir une méthode de travail (ce que d’autres appellent le « goût de l’effort » ou une « discipline de travail ») ça s’apprend, mais l’école l’enseigne bien mal (quand elle l’enseigne…) et apprendre à se connaître, n’en parlons même pas, rien n’est fait pour que les gens sachent véritablement qui ils sont et ce qu’ils veulent. D’où tout un tas d’impasses en matière d’orientation. Et ça n’est pas un complot des riches, c’est… l’effet de ces lacunes « acquises » (triste oxymore) qui se transmet de génération en génération. L’avantage des riches et ce qui leur permet partiellement de passer au travers, c’est juste que l’argent leur permet d’ouvrir plus de portes à leurs enfants. Mais il ne faut pas pour autant croire que chez les riches, les enfants réalisent forcément leurs rêves (dans ces famille AUSSI, il y a des préjugés et des pressions parentales).
    Je ne connais aucune système existant, présent ou passé où les enfants ont pu réaliser à coup sûr leurs rêves une fois adulte. Les psychologues évoquent très régulièrement le problème de « l’auto-sabordage ». Mais c’est tellement plus simple de se trouver un bouc-émissaire (qu’il soit systémique ou individuel).

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    • Sandrine // 04.01.2019 à 11h54

      En d’autres termes « Il n’y a pas d’alternative »…

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    • Pinouille // 04.01.2019 à 14h50

      Je vous rejoins sur la plupart de vos propos. Particulièrement sur la recherche de bouc émissaire.
      Toutefois, nous en sommes à un stade où les inégalités de revenus et/ou de répartition des richesses met en danger la cohésion sociale, voire le système lui même (le capitalisme contiendrait en lui les germes de son auto-destruction). On a tenu 30 ans en compensant cette répartition inégale par de l’endettement. Il semble que nous arrivions au bout de l’exercice, ce qui a au demeurant considérablement réduit nos marges de liberté présentes.
      Le RIC est une très bonne initiative, mais il n’est pas une baguette magique.
      Je ne fais pas partie de ceux qui pensent qu’augmenter tout seul dans notre coin les impôts des riches, ou les déposséder, résoudra les problèmes. Cela ne fera que les empirer: un pays sans investissement et sans entrepreneur est voué au déclin.
      La seule solution qui me vient à l’esprit consiste à combattre de manière coordonnée à l’échelle mondiale l’évasion fiscale.
      Ce qui semble inatteignable tant les intérêts de certains pays sont aux antipodes de certains autres.

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      • Sandrine // 04.01.2019 à 15h38

        Un contre-exemple : la Chine.
        La Chine fait ce que la France de Louis XIV et de Colbert avait fait : protectionnisme, capitalisme d’etat (avec nationalisation autoritaire de certaines manufactures stratégiques), développement de compagnies d’outre-mer pour accaparer les matières premières et garantir les débouchés.
        C’est aussi une stratégie qui fut un temps partiellement adoptée par le gaullo-communisme d’après-guerre et qui a caractérisé la France des trente glorieuses jusqu’au virage neo-liberal des années 80.

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        • Un_passant // 04.01.2019 à 16h23

          Et dans le même temps la Chine a un énorme problème de dettes pourries dans ses banques (en particulier à cause de la spéculation immobilière)…
          Ça me semble très mal barré pour trouver une solution. A mon sens les gens en attendent trop des Etats, pire, plus ils en demandent, plus ils sont frustrés parce que l’Etat ne peut répondre aux besoins individuels. Aristote le disait déjà, le bonheur, c’est à nous de le construire. Personne ne peut le faire à notre place et certainement pas un système. L’Etat n’est qu’un système.

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        • Pinouille // 04.01.2019 à 17h25

          Je ne dirais pas que la Chine est un contre exemple.
          Son PIB a commencé sa montée au ciel justement parce qu’elle s’est ouverte au capitalisme. Je ne maîtrise pas suffisamment ses différences avec le nôtre, mais il repose indubitablement sur l’initiative privée et la propriété privée.
          La Chine dispose d’un avantage considérable (mais pas éternel) sur nous: le faible coût de sa main d’oeuvre.
          Dans ces conditions, son gouvernement a toutes les marges de manoeuvres (politiques, budgétaires, etc…) pour préserver ses intérêts via des nationalisations ou autres.
          Nous ne disposons plus de ces mêmes marges de manoeuvre: nous nous accrochons à quelques dixièmes de points de croissance en craignant que telle ou telle mesure (protectionisme par ex) ne les fasse disparaître. Les conséquence du moindre faux pas sont bien plus sensibles ici que là bas.

          « un pays « sans entrepreneurs » qui taxe fortement les profits et le capital n’est donc pas forcément voué au déclin si il existe une volonté politique forte de protection etatique de l’industrie. »
          La volonté politique ne suffit pas. Il faut disposer de libertés budgétaires que nous n’avons plus (ref évasion fiscale, dette, etc…).
          Nombreux sont ceux qui se réfèrent à la période d’après guerre ou l’économie française était très étatisée, où le politique était tout puissant et prenait les « bonnes » décisions.
          Mon avis est que cette situation a grandement évolué pour d’autres raisons que l’unique médiocrité/lâcheté/corruption (pas forcément inexistante pour autant) des politiques qui ont suivi De Gaulle. Une des raisons: l’Etat est un très mauvais actionnaire.
          Connaissez-vous un pays sans entrepreneur dont l’économie est florissante?

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          • Sandrine // 04.01.2019 à 17h58

            On peut être un entrepreneur très « contrôlé » par l’etat- et c’est le cas des entrepreneurs chinois. Un entrepreneur, surtout, qui sait qu’il peut compter sur l’etat pour protéger ses débouchés.

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      • Sandrine // 04.01.2019 à 15h49

        Je complète mon commentaire ci-dessus : un pays «  sans entrepreneurs » qui taxe fortement les profits et le capital n’est onc pas forcément voué au déclin si il existe une volonté politique forte de protection etatique de l’industrie.
        L’economiste F.List explique cela très bien en disant que la création d’avantages comparatifs pour les pays en développement ou en retard économique ne peut pas être laissée au soins du marché

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        • Un_passant // 04.01.2019 à 17h14

          C’est pas un peu contradictoire « Un pays sans entrepreneurs qui taxe les profits et le capital »? C’est oublier un peu vite les zones économiques spéciales. La Chine ne taxe d’ailleurs pas forcément plus que la France, parfois même moins.

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          • Sandrine // 04.01.2019 à 18h11

            Elle taxe peut-être moins car de toute façon elle exporte et que sa monnaie est sous-évaluée.
            En revanche elle protège beaucoup plus ses industries de haute-technologie afin de s’aproprier le savoir-faire high-tech (qui avant était l’avantage comparatif des pays occidentaux)
            On argue souvent du fait que la mondialisation neo-liberale a fait reculer l’extreme pauvreté dans le monde. C’est faux dans quasiment tous les pays du monde (surtout en Amérique Latine)… sauf en Chine. Et comme les Chinois sont très nombreux, les chiffres mondiaux font illusion.
            Or la Chine est tout sauf une économie libérale.

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            • Pinouille // 04.01.2019 à 20h11

              Vos propos sur l’évolution de la pauvreté ne vont pas dans le sens de ce site:
              https://www.inegalites.fr/La-grande-pauvrete-baisse-dans-le-monde-mais-de-fortes-inegalites-persistent
              Avez-vous d’autres sources?

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            • Sandrine // 04.01.2019 à 21h36

              Je n’ai pas de sources immédiatement sous la main, mais je ne trouve pas que votre lien contredise ce que je dis : on y voit clairement sur les graphiques que la réduction de la très grande pauvreté est beaucoup plus importante en Asie de l’est que partout ailleurs et le texte précise en outre que les bons chiffres en Asie sont principalement dûs à la Chine (et au Vietnam )

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            • Pinouille // 05.01.2019 à 10h12

              Ces chiffres montrent que la pauvreté diminue partout entre 1981 et 2013, contrairement à votre affirmation initiale. Même en Amérique latine. Peut-être que la tendance a évolué après 2013.
              Seule exception: l’extrême pauvreté augmente en Afrique sub saharienne.

              Quitte à vouloir identifier des boucs émissaires, je recommande la lecture de ce billet:
              https://institutdeslibertes.org/pourquoi-tant-de-haine-le-liberalisme-en-tant-quobjet-de-detestation/
              Il fait amha un diagnostic bien plus précis que ceux que l’on peut lire ailleurs (notamment ici).

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            • Sandrine // 05.01.2019 à 11h29

              La question des périodes retenues pour établir des statistiques est fondamentale. Un chiffre en soi ne peut rien dire si on ne sait pas en fonction de quel critères.
              C’est ce qui est expliqué dans cette émission (à partir de 20´ si vous n’avez pas le temps de tout écouter). J. Galbraith y confirme d’ailleurs ce que je dis plus haut à savoir que les bons résultats de l’Asie en matière de réduction de la pauvreté sont essentiellement dus à la Chine et que l’Amérique latine, après une période d’embellie (notamment l’epoque Lulla au Brésil) est de nouveau en train de décrocher.
              https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-2eme-partie/quel-lien-social-dans-un-monde-inegal

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    • Loxosceles // 04.01.2019 à 14h59

      Discours fataliste… D’abord la société n’est pas qu’une addition des humains qui la composent, de leurs défauts et de leurs qualités. Vous citez un argument sur la thermodynamique sans le développer, et pourtant vous dites cela, j’en déduis que vous ne comprenez pas, non plus, les dynamiques sociales.

      Bien sûr qu’il est important, par dessus tout, de se connaître. Encore faudrait-il avoir les outils pour cela, et où les trouver ? Aujourd’hui cela se limite pour l’essentiel à la catégorie « développement personnel » de la Fnac… On ne peut pas commencer la compréhension de soi sans y avoir été initié… Or l’un des problèmes actuels de la société déborde largement de ces histoires de thermodynamique et j’en passe que vous reprenez à votre compte. Il s’agit aussi de spiritualité – à distinguer de la religiosité – quelque chose qui manque énormément dans notre société, pour ne pas dire que cela a quasiment complètement disparu. D’ailleurs les outils scientifiques cités dans cette conversation jouent un rôle dans cette disparition… puisqu’ils font à leur tour l’objet d’une sorte de culte, comme si la science n’avait pas déjà démontré ses limites en soi, elles aussi largement inhérentes aux fonctionnements des groupes humains…

      Mais sérieusement, la science est devenue une religion déjà dépassée, et certains appellent encore à la science pour dépasser les maux modernes… Je veux bien admettre qu’elle ait un rôle à jouer en terme d’éclairages, mais ce ne doit rester qu’un outil, ou une boîte à outils, la science n’est certainement pas prête à nous révéler les ressorts profonds de l’humain… Tout au plus apprend-on aujourd’hui à manipuler les foules avec plus d’efficience, voilà à quoi sert largement la science aujourd’hui.

      Quant à chercher un bouc-émissaire dans le système, je ne suis pas d’accord non plus. Le système n’est pas un bouc-émissaire, il est un ensemble de mécaniques et de dynamiques entretenues dans un fonctionnement pervers par ceux qui sont à la barre actuellement. Il ne s’agit pas de désigner des bouc-émissaires, mais de déloger des responsables, ce n’est pas pareil… Et il faut aussi, bien sûr, identifier quels mécanismes systémiques causent ces problèmes et les résoudre.

      Bref il ne s’agit pas de mettre d’accord entre eux des individus qui seraient tous séparés, divisés dans leur essence, cela est une illusion moderne entretenue par les divisions qui sont organisées structurellement pour permettre un statu quo qui permette la perpétuation des privilèges, ainsi que d’une société de plus en plus fondamentalement déshumanisée.

      Donc sous prétexte qu’il n’y aurait jamais eu de société « idéale » (qui parle d’ailleurs de société idéale ?) il faudrait se vautrer dans le nihilisme ? Il y a un problème systémique à résoudre. Un système qui écrase les humains ne peut pas être défendu par des arguments aquoibonistes si faibles que « ce ne sera jamais parfait, de toute façon ». On ne cherche pas la perfection, juste sortir de quelque chose de dysfonctionnel.

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      • Sandrine // 04.01.2019 à 16h11

        J’applaudis à votre commentaire qui me fait penser à la critique de la phrase de Leibnitz (tout est bien dans le meilleur des mondes possibles) par Voltaire dans son Candide.
        La solution préconisée par Voltaire (il faut cultiver notre jardin) n’est sans doute pas celle que je préconiserais (quoique… quand on voit ce que fait P.Rabbi et les Colibris on peut se dire qui ce n’est pas si « bête ») mais la critique qu’il fait du « socio-conservatisme optimiste béat » peut encore s’appliquer à notre monde actuel .

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      • Un_passant // 04.01.2019 à 16h53

        Je sais très bien que la société n’est pas une machine et c’est bien pour cela qu’elle est nécessairement dysfonctionnelle. Elle n’est que l’expression des antagonismes qui la composent avec des rapports de force fluctuants.
        Je ne crois pas et je n’ai jamais cru à la « toute puissante » et « l’intentionnalité » des élites du simple fait que ce sont des êtres humains tout ce qu’il y a de banal avec les mêmes défauts et les mêmes biais psychologiques que n’importe qui et donc le même problème « d’illusion de rationalité » quant à leurs décisions.
        Des chercheurs ont mis en évidence que les décisions ne sont pas rationnelles. Pire les meilleures décisions sont souvent les plus intuitives mais le biais de rationalité se met très souvent en travers de notre intuition. Quant à l’intelligence des élites, pour avoir eu un écho « de l’intérieur » […] désolé, une quinte de toux intempestive… je passe.
        Une solution? Mais elle est en nous. Si on cessait de compter sur l’Etat pour tout et n’importe quoi et si on cessait, aussi, de croire à l’intentionnalité des élites on se rendrait compte que l’on perd pas mal de temps à chercher des coupables alors que l’essentiel ne dépend que de nous.
        Déjà dans les années 60 on se plaignait du consumérisme… mais est-ce que les gens ont tout simplement consommé moins? Non. Les dépenses publiques, il faut bien les financer, on veut bien que l’Etat dépense mais on n’est pas content que les prix augmentent et que l’on paye plus d’impôts. Un peu schizophrénique comme logique.

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        • Sandrine // 04.01.2019 à 18h01

          « Si on cessait de compter sur l’etat.. » pour créer des infrastructures, une éducation de qualité pour tous..?
          Comme dans les pays du tiers monde sous influence étrangère par exemple ?

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          • Un_passant // 04.01.2019 à 19h47

            L’éducation de qualité… vaste sujet… mais clairement le problème de la France n’est pas dans le budget disponible.
            Puisqu’il faut faire une explication de texte… Le rôle de l’Etat n’est pas de faire le bonheur des gens mais d’assurer d’abord et avant tout les fonction régaliennes. L’école et la santé en plus, pourquoi pas? L’époque hygiéniste de Napoléon III a permis de supprimer la « cour des miracles ». Les infrastructures… c’est un mal nécessaire mais on ne peut pas dire que je ne me pose pas de questions sur le montant des factures pour le contribuable. J’aimerais que la Cour des Comptes ait plus de pouvoir.

            Mais est-ce pour autant rendre l’Etat ou les collectivités territoriales légitimes à se mêler de secteurs purement mercantiles et/ou sans rôle stratégique (genre circuit automobile de seconde zone en province, les œuvres d’art douteuses sur les rond point ou faire survivre des entreprises)?

            Le gros problème, c’est que plus on en demande à l’Etat ou à la collectivité plus on favoritisme le clientélisme, le népotisme et indirectement on ouvre la porte à des chantages ou de la corruption. Pour moi toute dépense publique doit être précédée de la question : est-elle opportune? On en est loin.

            L’Etat actionnaire? Si seulement nous étions aussi rigoureux que la Norvège…

            Je n’ai confiance ni dans les grandes entreprises, ni dans l’Etat. J’ai toujours été plus que méfiant sur la centralisation des pouvoirs. Le principe de Parkinson, je le soupçonnais d’exister AVANT de découvrir qu’il avait été exprimé (et malheureusement observé. Entendons nous bien, je considère qu’il existe aussi bien dans les structures territoriales que les grosses entreprises).

            Aristote considérait que l’on doit construire soi-même son bonheur, je suis sur la même logique, je ne compte sur personne et certainement pas sur un « système ».

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            • Sandrine // 04.01.2019 à 21h53

              Aristote… votre plaidoyer me rappellerait plutôt une certaine Ayn Rand qui s’en réclamait aussi (de Aristote).

              En tout cas, le vent semble tourner et les anciens parangons de la dérégulation/ privatisation à outrance semblent largement revenir de leurs belles illusions : la patrie de Margaret Tatcher re-nationalise
              https://www.franceculture.fr/emissions/grand-reportage/renationalisations-en-grande-bretagne-state-is-back

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            • Bhhell // 05.01.2019 à 08h28

              Verbiage pathétique destiné à cacher le fonctionnement réel de l’état. Le capitalisme est la forme suprême du clientélisme avec une fusion de fait des intérêts privés et publics et un contrôle de l’appareil d’état par les forces de l’argent. Avec pour résultat une concentration des richesses typique des sociétés rentières : 40% du patrimoine américain détenu par les 1% aux Usa, 22% en France. L’endettement produit la tyrannie dans toute l’histoire et s’oppose à l’investissement et la créativité. Votre philosophie de salon est pathétique tout comme la référence à l’etat Pétrolier qu’est la Norvège. Pourquoi nos pro capitalistes ne veulent jamais se référer aux grands états qui symbolisent le capitalisme? Peut être à cause de leur bilan catastrophique. Libre à vous d’ignorer ces données macro economiques mais elles s’imposeront à vous plus vite que vous croyez.

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            • Un_passant // 05.01.2019 à 09h27

              Je ne fais que m’insurger contre ces thèses de complots ou de « faute » des riches.

              Les nationalisations… on a eu en France, belles réussites en effet, c’est vrai qu’il n’y a eu aucun scandale.

              Entendons-nous bien, je ne suis pas « pro » ou « anti », juste l’avocat du diable face aux raisonnements qui cherchent des bouc-émissaires.

              La valeur d’un homme est la même, la valeur marchande de son travail… la demande fait que non. C’est trivial, mais les gens veulent désespérément mettre sur le même plan les deux valeurs.
              Est-ce la faute des riches la première chanteuse pop deviendra plus riche qu’une chanteuse lyrique pourtant objectivement meilleure chanteuse?
              Est-ce la faute des riches si je n’ai pas le physique pour devenir mannequin?
              Est-ce la faute des riches si je ne peux pas devenir footballeur professionnel?
              La réponse est non à chaque fois.
              Les riches sont juste un épouvantail commode et le plus triste, c’est que cet épouvantail sert d’argument à certains pour bâtir des carrières politiques dans leur seul intérêt.

              D’où mes propos. Je ne hurle pas avec les loups, dieu seul sait où le leader veut mener la meute. Ça pourrait bien être vers sa propre perte. Excusez que je me méfie.

              Ah petit scoop, je n’ai jamais été contre les régulations macro-économiques, j’ai régulièrement dit que nous faisions le contraire du bon sens : nous écrasons au niveau local et faisons n’importe quoi au niveau macro, il faudrait faire l’inverse. Je ne suis donc pas contre une utilisation raisonnée du protectionnisme, quant aux banques, je serais bien plus sévère que les normes actuelles.

              Mon libéralisme, à moi, il est pour le petit commerce, les multinationales, c’est au niveau macro que ça se régule. Il faut donc les deux, des dérégulations et des régulations, mais pas au même niveau. Le problème, c’est que les hurlements masquent les propos raisonnables.

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    • Olivier // 04.01.2019 à 15h00

      Le plus important, c’est qu’on se rapproche le plus possible d’une démocratie directe. Comme ça, les décisions importantes seront prises à la majorité et les gens auront le temps de se faire une idée, même si ce n’est pas la vôtre et même si elle n’est pas celle d’un spécialiste. La sagesse populaire peut être étonnante et la spécialisation a l’inconvénient d’éloigner les gens des réalités bassement matérielles de la majorité.

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    • bhhell // 04.01.2019 à 19h31

      Raisonnement typique de la pensée néo-classique. Toute alternative est dangereuse, n’y pensez pas. Le marché n’est pas dangereux, lui. Il fait ses preuves à intervalles réguliers avec un nouveau crash, en général plus sérieux que le précédent.

      Par chance, les économistes peuvent transférer la faute aux individus (mal adaptés aux « exigences du marché ») et à l’Etat (interventionniste). La dette privée est la cause de la crise, on tire sur la dette publique, qui a le mauvais goût de freiner les mécanismes de concentration et d’asservissement (pardon, de ruissellement).

      Il se trouve que ces derniers sont de retour aujourd’hui. Et on peut parier que des enfants qui ont encore accès à un système de santé et une éducation gratuite ont certainement plus de chances de « réaliser leur rêve » une fois adultes que ceux promis à une vie de servitude pour dette (sûrement un problème d’orientation).

      Mais surtout, n’imaginez pas que c’est un complot des riches! Car les riches souffrent aussi après tout. Au pire, allez, ils ont un petit avantage, prompt à générer la rancœur des sans dents, toujours à la recherche de boucs émissaires. D’ailleurs, quand tout l’occident sera passé à l’extrême droite, on pourra toujours accuser leur étroitesse d’esprit.

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      • Un_passant // 04.01.2019 à 22h24

        Néo-classique? Retournez aux antiques et on en reparlera. Vous tombez dans le piège de toute cette glose post-marxiste qui ne veut pas entendre parler des antiques parce que justement, ils remettent passablement en cause toutes les idéologies « modernes » (disons depuis les prémices de la révolution industrielle), y compris cette recherche du « bouc-émissaire » ou de solutions idéales fantasmées (et en particulier l’égalitarisme qui est nuisible à la recherche de l’équité).

        Aristote est l’un des penseurs antiques les plus admirés jusqu’à Averroès, justement parce qu’il avait dépassé ça et compris que la recherche du bonheur dépend d’abord de soi. Chercher des coupables, c’est juste alimenter le cercle des rancœurs. Si vous avez un ennemi, inconsciemment ou non, vous recherchez un protecteur ou un leader pour mener la guerre. Si vous comprenez que votre bonheur ne dépend d’aucun système mais seulement de vous même… vous n’avez plus besoin de chef, juste de dépasser vos peurs.

        Vous croyez que les « puissants » vous en empêche? Alors pourquoi je peux en parler librement?! Pourquoi c’est disponible pour peu que l’on cherche un peu? Le pire ennemi que l’on doit vaincre, il est d’abord en nous.

        Vous croyez que j’ai la vie facile au RSA? Pourquoi je refuse d’accuser les riches ou les « puissants »? Parce que le seul et unique responsable de mon malheur, c’est moi en premier chef, mes échecs, mes insuffisances, mes petites lâchetés, tout ce que je n’ai pas compris à temps. J’ai acquis une seule certitude : ce cercle de haine, de rancœur qui cherche un bouc-émissaire, un coupable, un responsable, est juste une défausse commode pour se voiler la face et se dédouaner à bon compte.

        Je suis le seul qui peut résoudre mes problèmes. Ça me désole de voir que les gens n’arrive pas à le comprendre pour eux-mêmes. Chercher un salut dans un Etat, c’est juste demander à d’autre d’agir pour nous, avec des déceptions à la clef parce qu’on renonce à notre propre vérité. Votre recherche d’alternative réponde à la même logique. L’alternative? Elle est d’abord en chacun, encore faut-il le comprendre.

        Vous savez ce qu’a dit l’un des Rothschild fondateur de la dynastie? « Si vous voulez le pouvoir, demandez-le simplement, les gens vous le donnerons. Parce que c’est plus facile pour eux de suivre quelqu’un. »

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        • Kilsan Aïtous // 05.01.2019 à 09h40

          Vous n’avez pas eu de parents ?

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          • Un_passant // 05.01.2019 à 10h08

            Si. Et alors? Quel rapport?
            Si vous tentez d’essayer de dire que mes malheurs sont la faute des riches par l’entremise de mes parents, c’est inutile, vous seriez complètement à côté du problème.
            J’ai fait mes propres choix et… commis de grosses erreurs. Pour le coup les riches n’y sont vraiment mais alors vraiment pour rien. Un mélange de peurs, de préjugés, de naïveté, d’idéalisme… et avoir voulu aller trop vite, bilan j’ai perdu du temps en voulant en gagner. C’est même pire que ça, j’ai gâché mes chances. Et pour réparer, c’est très compliqué. Et ce ne sont, encore une fois, pas les riches qui m’en empêchent.

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            • Sandrine // 05.01.2019 à 11h35

              Et est-ce que vous vous demandez parfois ce que vous seriez devenu sans le RSA?
              Sans doute la même chose que ces personnes que l’on voit à la fin du film de Solanas « Argentine, Mémoire d’un saccage » .
              Est-ce réellement cela que vous souhaitez pour vous-même et que vous pensez mériter?

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            • Un_passant // 05.01.2019 à 14h17

              Ah mais je fais mon possible pour ne pas en avoir besoin. En fait, c’est même un piège, sans, j’aurais pris certaines décisions bien plus tôt. Je n’aurais pas été aussi obstiné. Le mérite n’a rien à voir là-dedans, j’ai poursuivi une chimère.

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  • Sud // 04.01.2019 à 11h52

    a parte instantané… :
    Vous souvenez-vous, sur les soixante dernières années, que des citoyens français aient écrit à leur président une lettre ouverte dont par l’effet d’Internet, la connaissance fut portée quasi instantanément à la connaissance de la totalité de la population française ?
    Comment ce président aurait-il réagi ?… Et comment le nôtre actuel va réagir ?
    Je viens de la lire et suis sidéré par la « puissance », l’évidence, des mots employés. Et vous ?

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  • DocteurGrodois // 04.01.2019 à 11h53

    Le rêve de la fenêtre murée du premier entretien m’a fait penser à une réalité vécue à mon premier job à Hong Kong. C’était dans un bureau « open space » assez vaste mais aux fenêtres assez petites et d’un seul coté.

    Plus vous étiez haut dans la hiérarchie plus votre bureau était proche de la fenêtre et de la lumière naturelle. Mais les stores étaient souvent baissés à cause du soleil, donc la plupart du temps c’était ambiance poules de batterie, et de toutes façons les fenêtres n’avaient vue que sur un mur à moins de 5 mètres…

    Autrement, pour moi la série de documentaires « La Mise à Mort du Travail » reste la meilleure qui soit.

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    • Philvar // 04.01.2019 à 12h11

      Nous sommes proches de la fin du règne de la société humaine !

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  • Louis Robert // 04.01.2019 à 12h52

    « Rêver sous le capitalisme » c’est inviter le cauchemar. À coup sûr, comme toujours, il viendra,

    En cette nuit noire n’est-il pas déjà là?

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