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Revue 2019 : Un monde sans repères… Par Guillaume Berlat

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Source : Proche & Moyen-Orient, Guillaume Berlat, 30-12-2019

La fin des illusions

« Le monde post-guerre froide sera chaotique pendant longtemps » prédisait, il y a plusieurs années déjà, l’ex-ministre des Affaires étrangères de François Mitterrand, Hubert Védrine. Qui peut nier pareille évidence au terme de cette année 2019 ? Cent ans après le refus par le sénat américain de ratifier le traité de Versailles qui met fin à la Première Guerre mondiale et prévoit la création de la Société des nations (SDN), quarante après l’invasion de l’Afghanistan par les troupes soviétiques et la révolution iranienne1, trente ans après la chute du mur de Berlin, vingt ans après le lancement de l’euro, nous constatons – souvent impuissants – les multiples ruptures engendrées par un nouveau monde qui peine à émerger des décombres de l’ancien. Dans un monde qui bascule, nos dirigeants n’excellent-ils pas dans l’art de l’inconstance à l’ère de la post-vérité ? Ne vivent-ils pas encore bercés par les illusions de la fin de l’Histoire et du triomphe de l’Occident ? Or, l’illusion, c’est souvent le meilleur révélateur de l’ignorance, réelle ou feinte. Ignorance face à un monde aussi complexe et instable qu’imprévisible. Incapacité des dirigeants à répondre aux multiples défis d’un monde dont la logique semble les prendre de court, les dépasser. La multiplication des « surprises stratégiques » semble être leur lot quotidien. Dans ces conditions, et si tant est que cela ne relève pas de la gageure, comment dépeindre à grands traits le monde d’aujourd’hui qui préfigure étrangement celui de demain ? C’est d’abord, un monde fragmenté, en mille morceaux, à tel point que l’on pourrait affirmer, sans grand risque d’erreur, que la terre perd la boule2. C’est ensuite, un monde désorienté qui semble n’avoir ni cap, ni boussole pour progresser sur des mers démontées. C’est enfin, un monde questionné en raison d’une période qui perd tout à la fois confiance, en elle et en son avenir, mais aussi en ses intellectuels, ses penseurs qui pensent de moins en moins temps long, stratégie, prévision et prospective.

UN MONDE FRAGMENTÉ : LA TERRE PERD LA BOULE

Un constat s’impose : la gouvernance de la mondialisation – présentée hier encore comme « heureuse » – se fragmente sous les coups de butoir de deux phénomènes parfaitement documentés aujourd’hui : la prégnance de multiples crises ainsi que l’effondrement de l’ordre international qui secouent le monde du XXIe siècle. Deux éléments qui vont de pair mais que l’on aurait trop tendance à dissocier.

La prégnance de multiples crises

Jamais dans un passé récent, la planète n’aura connu autant de crises aussi variées les unes que les autres (dans son discours du 24 décembre 2019, la reine Elisabeth II évoque une « année semée d’embûches »). Fait inquiétant, leurs conséquences négatives s’ajoutent les unes aux autres contribuant à alimenter un cercle vicieux qu’il paraît difficile de briser, du moins à échéance raisonnable. Citons quelques-unes de ces crises de toutes natures qui se sont développées, étendues au cours de l’année 2019 : crise démographique ; crise climatique, crise environnementale ; crise écologique (tant les prévisions du GIEC que du PNUE sur l’état de la planète sont pour le moins inquiétantes pour la génération de Greta Thunberg3) ; crise migratoire ; crise alimentaire ; crise énergétique, crise sanitaire ; crise démocratique ; crise de confiance aussi bien intérieure qu’extérieure ; crise sécuritaire ; crise de la prolifération, crise économique ; crise financière ; crise monétaire ; crise sociale ; crise entre générations ; crise du numérique ; crise de la diplomatie; crise du multilatéralisme ; crise de la gouvernance mondiale ; crise de la négociation ; crise de la justice pénale internationale ; crise de l’intelligence, crise du caractère à travers une défaite de « l’école de la vraie liberté de l’esprit » (Marc Bloch) doublée d’un « déclin du courage »4 sans oublier le mirage de l’intelligence artificielle, des mythes technologiques, crise de la lucidité ; … crise de l’Occident qui perd de sa superbe à vitesse « V ». Une sorte d’inventaire à la Prévert revu à la sauce du monde numérique. La conséquence de cette prolifération de crises est claire, sauf pour les aveugles et sourds aux déplacements des plaques tectoniques. Actuellement, le monde connait un niveau de conflictualité jamais aussi élevé durant la dernière décennie. La liste des spasmes, des dérèglements, des crises n’est pas exhaustive en cette Annus horribilis intervenant dans un contexte de dislocation progressive, pour ne pas dire d’effondrement de l’ordre international qualifié de néo-libéral.

L’effondrement de l’ordre international néo-libéral

En réalité, ce sont les fondements même de l’ordre international néo-libéral tel qu’il a été imaginé, pensé et mis en œuvre progressivement après la Seconde Guerre mondiale qui sont remis en cause. Rien de moins ! Paradoxe de cette évolution historique : le meilleur fossoyeur en est son principal géniteur, à savoir les États-Unis. Troisième président des États-Unis à être mis en accusation par la chambre des représentants pour abus de pouvoir et obstruction (18 décembre 2019)5, Donald Trump proclame, urbi et orbi, son aversion pour l’ordre international libéral et ses trois principaux piliers que sont les institutions internationales, les alliances et les accords de libre-échange. Son mantra se résume en deux mots : America First. Conséquence de ce qui précède, la parole américaine est aujourd’hui réduite à néant. Les États-Unis abandonnent toute prétention à la morale et à l’exemplarité. De facto, si ce n’est de jure, pour ce qui le concerne, le monde – écartons l’utilisation du mot-valise qu’est celui de communauté internationale – semble renouer avec un passé qui semblait révolu, avec ses plaies que l’on croyait cicatrisées. Une sorte d’effet de balancier de l’Histoire, d’éternel retour de concepts désuets : histoire, géographie, guerre, nations, peuples, identités, égoïsmes, murs, protectionnisme, puissance, coercition, sanctions, course aux armement, prolifération, terrorisme, pauvreté, malnutrition, migrations sauvages, concurrence déloyale… Au-delà du changement de grammaire des relations internationales, toutes ces tendances centrifuges contribuent lentement mais sûrement à une dislocation de l’ordre néo-libéral. En un mot, la gouvernance internationale, hier fondée sur la coopération, s’est fragmentée au fil des ans, se fragmente encore aujourd’hui, voire risque de se fragmenter, un peu plus encore, dans un avenir proche. La confrontation tient désormais le haut du pavé. En un mot, la déconstruction de l’ordre international néo-libéral se traduit par un lent délitement des mécanismes de gestion de crises, indispensable au maintien de la paix et de la sécurité internationales ; au développement des relations amicales entre les nations ; à la réalisation de la coopération internationale6.

L’impression prévaut que « l’immobilisme est en marche et que rien ne saurait l’arrêter » (Henri Queuille). Ce dont la monde a par-dessus tout en horreur se produit inéluctablement. Il y a des vagues, des fortes vagues, voire parfois quelques cyclones et autres tsunamis. Chahuté, balloté par une mer démontée, le monde semble désorienté tel un frêle esquif ayant perdu cap et boussole.

UN MONDE DÉSORIENTÉ : LA TERRE PERD CAP ET BOUSSOLE

Quels sont les principaux dérèglements du système international qui contribuent aujourd’hui à façonner un monde aussi désorienté que celui que nous connaissons en ce début de XXIe siècle ? Pour la commodité de l’exposé, on peut, une fois encore, les ramener à deux qui façonnent, à leur manière, l’« agouvernance »7 actuelle : montée en puissance de la puissance et déclin progressif du multilatéralisme.

La montée en puissance de la puissance

Elle peut se définir ainsi : « Une puissance est un État qui dans le monde se distingue non seulement par son poids territorial, démographique et économique mais aussi par les moyens dont il dispose pour s’assurer une influence durable sur toute la planète en termes économiques, culturels et diplomatiques… enfin les capacités diplomatiques et militaires achèvent de constituer la puissance en super-puissance »8. C’est ainsi que la géopolitique définit le concept de puissance. Hubert Védrine qualifiait en son temps l’Amérique « d’hyperpuissance » comme il existe des hypermarchés dans la grande distribution ! La puissance constitue de nos jours l’alpha et l’oméga des relations internationales (Cf. les nouvelles routes de la soie chinoises, la réimplantation russe au Moyen-Orient ou son entrisme en Afrique). La guerre de souveraineté s’intensifie dans l’espace et en mer. À côté de ce mode de puissance classique en apparait un nouveau. Celui que représentent les géants du Net ou GAFAM (qui entrent désormais en conflit entre eux) au regard de la relation entre technologie et puissance. Aujourd’hui, les experts évoquent une « militarisation des relations internationales » tant la coercition l’emporte sur la coopération comme mode de régulation de la vie internationale. La conséquence de cette situation est incontestable et incontestée. Elle combine « avantageusement » retour des logiques de puissance et rivalités croissance entre puissances, essentiellement Chine et États-Unis qui se livrent à une guerre commerciale9 sans merci et à une compétition stratégique sur terre, sur mer et dans l’espace aérien et numérique. Les rapports de force purs dominent les relations internationales et la confrontation l’emporte sur le compromis.

La force prime le droit. La future structuration des forces au sein du triangle stratégique composé par les Etats-Unis10, la Chine et la Russie dessinera le monde de demain encore en gestation. « En 2019, Pékin et Washington s’affrontent sur tous les terrains : guerre commerciale et technologique sur fonds de compétition politico-stratégique »11 face à une Europe fracturée. La conséquence de cet éclatement géopolitique est double : une évolution stratégique majeure (dérèglement du système international avec l’apparition d’ordres ou de désordres alternatifs) et un délitement de l’ordre multilatéral qui est contesté de toutes parts (relativité croissante des traités et accords internationaux, fin de la « mondialisation heureuse »). Une évolution qui paraissait impensable, il y a peu, y compris parmi nos brillants esprits les plus avertis.

Le déclin progressif du multilatéralisme

La crise du multilatéralisme est étroitement imbriquée à celle de l’ordre international libéral. Pour autant, la perspective de la fin du monde d’hier justifie-t-elle de s’affranchir des règles, des normes, des comportements, et pourquoi pas du droit international dans le monde de demain ? Le multilatéralisme fait l’objet d’une sérieuse remise en cause. De très sérieuses menaces grèvent son avenir. Les principales institutions internationales – universelles ou régionales – doivent affronter de sérieux « vents mauvais ». Si l’on n’y prend garde, elles risquent de connaître le sort funeste de feu la Société des Nations (SDN). Dans son désormais célèbre entretien avec l’hebdomadaire The Economist (7 novembre 2019), le président de la République, Emmanuel Macron porte un diagnostic juste, avec des mots justes sur l’OTAN (« en état de mort cérébrale »), sur l’Union européenne (« au bord du précipice »). En un mot sur la fatigue du leadership américain. On pourrait en dire autant de l’ONU, paralysée par la défiance croissante entre les cinq membres permanents du Conseil de sécurité ; de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) dont la guerre commerciale sino-américaine grève le fonctionnement normal et dont le renouvellement des arbitres de l’organe de règlement des différends (ORD) est bloqué par un veto de Washington ; de l’OCDE ; de l’OSCE, des BRICS ; du mécanisme des conférences annuelles de la convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique (plus connu sous son acronyme de COP) tourne à plein mais surtout à vide (Cf. le fiasco de la COP25 de Madrid)… On pourrait également en dire autour de l’architecture mondiale de sécurité qui se fissure au fur et à mesure que les grands traités de maîtrise des armements, de désarmement et de lutte contre la prolifération sont battus en brèche et parviennent à échéance : traités START, FNI, Cieux ouverts, ABM, FCE… L’on remplace désormais le terme de multilatéralisme qui est manifestement en panne, à la recherche d’un second souffle par celui plus adapté aux circonstances de minilatéralisme.

L’on évoque également celui du plurilatéralisme ou d’accords plurilatéraux conclus sur des sujets précis par un nombre limité d’États partageant les mêmes positions. Ces évolutions sémantiques sont loin d’être anodines. Tous ces nouveaux concepts constituent le miroir exact de la crise des anciens. Cessons de nous payer des mots à propos du multilatéralisme pour conjurer le sort ! À trop reculer l’échéance de l’administration d’un remède idoine qui suppose un exercice d’introspection sans concessions, le malade « multilatéralisme » risque de passer de vie à trépas comme ce fut le cas à la fin des années 1930 avec la crise de la Société des Nations (SDN). L’Histoire serait-elle un éternel recommencement ?

Face à un bouleversement d’une telle amplitude, qu’est-il raisonnable de faire si tant est qu’il soit encore temps de restaurer un édifice largement fissuré qui tremble déjà sur ses fondations que l’on pensait solides comme le roc ? Comment construire des fondations saines et pérennes susceptibles d’inverser le cours des choses dans un avenir raisonnable ?

UN MONDE QUESTIONNÉ : LA TERRE PERD CONFIANCE ET PENSEURS

En dépit de l’aveuglement du vieux monde, nous assistons – en qualité d’acteur ou de spectateur – à une phase de redéfinition de la gouvernance mondiale au XXIe siècle. Face aux fossoyeurs – conscients ou inconscients – du monde d’hier, s’activent quelques rares bâtisseurs du monde de demain dont on peine à imaginer les linéaments. Une chose est certaine. Il va falloir lutter contre l’effacement continu de la confiance en comblant le déficit chronique d’architectes du futur.

L’effacement continu de la confiance

Quelle est la définition de ce terme ? « La croyance spontanée ou acquise en la valeur morale, affective, professionnelle… d’une autre personne, qui fait que l’on est incapable d’imaginer de sa part, tromperie, trahison ou incompétence »12. Nous passons d’une dimension objective (l’existence d’une norme écrite et précise) à une dimension subjective (l’appréciation d’un sentiment de confiance) du paradigme des relations internationales. La confiance, c’est à la fois une force discrète et mystérieuse, un signe de foi dans l’avenir, un ingrédient indispensable de la vie internationale. « Faire confiance, c’est parler dans un monde incertain, qu’autrui aura un comportement coopératif », Claudia Senik, directrice scientifique de la Fondation pour les sciences sociales). Dès le début du XXe siècle, les sciences sociales s’intéressent de près à cette « institution invisible » (Kenneth Arrow, prix Nobel d’économie). « Sans la confiance des hommes les uns envers les autres, la société toute entière se disloquerait », écrivait dès 1900 Georg Simmel, l’un des premiers sociologues à avoir consacré ses travaux à la confiance. La confiance est d’ailleurs placée au centre du contrat social à Rome. Vingt siècles plus tard, l’économiste Alexis Spire souligne que les « démocrates aspirent « pour asseoir leur autorité autrement que par la force, à produire des institutions qui suscitent la confiance ». Or, cette denrée se fait de plus en plus rare. Mais, où est donc passée la fée confiance dans les relations internationales ? L’une des principales caractéristiques du monde actuel tient à l’environnement de défiance, de méfiance qui s’est lentement substitué à celui de la confiance qui était la règle après la chute du mur de Berlin et l’effondrement de l’URSS. Améliorer le bien-être de l’humanité en utilisant au mieux les ressources de la diplomatie dans la « mêlée mondiale »13, quel formidable défi ! Mais, pour le relever, il suppose sérénité et coopération. Pas la pratique de l’anathème contre l’autre. Ce qui nous rappelle, « qu’au fond, l’essence de la diplomatie, c’est la compréhension de l’autre »14. Il faut remettre le respect de l’humain au cœur de nos actions au lieu de conspuer, d’accuser, d’isoler, d’exclure. Et d’accorder la plus grande attention à ce qui nous grandit : le respect et la confiance en l’avenir, la confiance en l’autre. Le maître mot est lâché, celui de confiance15. Dans les relations internationales, l’horizon se mesure en décennies. Injecter de la confiance est un art du long terme. In fine,restaurer la confiance, c’est avant tout et surtout, se lancer dans une épopée intellectuelle exigeante. Mais, ce n’est qu’à ce prix que pourra être durablement rétablie la confiance et que le monde pourra se préparer un avenir moins sombre. Après avoir défini l’objectif que nous souhaitons atteindre dans un avenir raisonnable pour redynamiser un ordre international adapté aux multiples contraintes du XXIe siècle, suppose ensuite de s’entendre sur les moyens d’y parvenir. L’éternel problématique du quoi avant celle du comment.

Le déficit chronique d’architectes du futur

Les responsables politiques ont trop souvent échoué à donner un cap clair à leur politique, à faire du « gouverner, c’est prévoir », l’alpha et l’oméga de leur action dans une période de grande incertitude. Pour quelles raisons ? Ils apparaissent trop souvent plus comme des pompiers qui accourent avec leurs lances à eau à petit débit que comme des bâtisseurs, de véritables architectes du monde du futur. Nous sommes au cœur de la science humaine qui a pour nom diplomatie. Celle que le grand diplomate que fut Paul Cambon définissait comme « l’art de lutter avec insuccès contre la force des choses ». Car, en réalité, et les experts le savent parfaitement, la diplomatie ne doit pas se borner à enregistrer des faits. Il faut qu’elle sache les prévoir, les redresser dans le sens souhaité. Et, là se situe le principal défi que doivent relever diplomates et dirigeants qui se piquent de faire de la diplomatie. Ce que traduit parfaitement le diplomate écrivain que fut Alexis Léger alias Saint-John Perse dans sa formule célèbre : « La véritable épreuve de la diplomatie n’est pas la gravité, mais la complexité des évènements, leur multiplicité et leur rapidité ». Aujourd’hui, le défi est d’importance si nous voulons éviter d’aller droit dans le mur en appuyant sur la pédale d’accélérateur et en klaxonnant bruyamment. L’élite de nos divers États doit se livrer à un véritable exercice d’introspection, d’examen clinique des dérèglements d’un monde malade. Pour éviter une catastrophe multiforme, les dirigeants éclairés du monde doivent se livrer à une véritable course contre la montre. Elle doit être mise à profit pour se livrer à un exercice réussi de prescience sur l’évolution des sociétés humaines qui impose de « regarder loin » (Alain). Et, les ingrédients de ce cocktail gagnant-gagnant – cette feuille de route réaliste – sont multiples. Citons les principaux : prendre conscience de la nature et de l’ampleur de la crise ; analyser sans tabou ni préjugés ses causes structurelles et conjoncturelles ; répondre aux défis que sont « l’affolement du monde, le retour des rivalités de puissance, la transgression croissante des règles dans les relations internationales »16, en revenir à une certaine forme de bilatéralisme (la nature ayant horreur du vide, il est indispensable de revigorer toutes les formes de coopération susceptibles d’amortir les chocs des plaques tectoniques sous peine de voir resurgir des logiques de Diktat, de force, de puissance non maîtrisée) ; inventer de nouvelles stratégies d’alliances (le salut viendra de la stratégie d’alliances entre certaines nations et non d’organisations internationales, qu’elles soient universelles – comme l’ONU – ou régionales – comme l’Union européenne ou l’OTAN – qui sont aujourd’hui paralysées de manière durable par leurs fractures internes et externes) comme indiqué plus haut.

L’AVENIR D’UNE ILLUSION

« L’acte II de la mondialisation a commencé » prédit, pour sa part, le professeur émérite à Sciences-Po Paris, Bertrand Badie. Acte II dont nul ne connait encore précisément le contenu tant les variables sont nombreuses. Acte II au cours duquel nous commençons seulement à mesurer les ruptures d’un nouveau monde inhérentes à un monde en gestation. Dans ces conditions, comment être en mesure de dépasser l’aveuglement du monde et tenter d’apporter collectivement une intelligence globale de la planète ? La mondialisation est sommée de se réinventer. Saurons-nous redéfinir les paramètres de la nouvelle grammaire des relations internationales, au premier rang desquels la réécriture de la gouvernance mondiale ? Saurons-nous passer d’une diplomatie toujours plus imprévisible, irrationnelle et incohérente à une diplomatie probable, cartésienne et compréhensible ? Souvenons-nous que c’est par le particulier que l’on accède à l’universel ? Pour parvenir à cet objectif, il nous faut à tout prix des penseurs, des passeurs d’idées, ce que certains qualifient d’aventuriers de l’esprit. De brillants esprits humbles qui, à l’instar d’un certain Nicolas Machiavel, sachent faire preuve de virtu, c’est-à-dire de sens moral, de « virtuosité » dans l’anticipation. Anticiper, repenser non pour ressasser la nostalgie d’un monde révolu mais faire preuve d’imagination, sans faire preuve d’angélisme, pour procéder à une complète remise en question des paradigmes d’hier, évitant de se cantonner dans une posture de réaction. Le fonds du problème tient au grippage de la machine du côté des stratèges. En dernière analyse, pourrons-nous, voudrons-nous, saurons-nous ramasser les débris du monde d’hier pour reconstruire, sur les décombres de l’ancien, les piliers du monde de demain afin qu’il retrouve ses principaux repères ? L’ambition est étroite et l’ambition immense. Aux grands maux, les grands hommes.

Guillaume Berlat
30 décembre 2019

1 Justin Vaïsse, 1979, l’année matrice de notre monde, Le Monde, 24 décembre 2019, p. 27.
2 La terre perd la boule, première phrase de la chanson interprétée par Guy Béart intitulée Le Grand chambardement, 1973.
3 Laurent Dandrieu, Fais-moi peur, Greta !, Valeurs Actuelles, 12 décembre 2019, p. 16.
4 Discours du président de la République, Emmanuel Macron lors de la 74ème session de l’Assemblée générale de l’ONU, New York, 24 septembre 2019, www.elysee.fr
5 Mathieu Magnaudeix, Trump « impeached » : le coup d’envoi d’une année électorale infernale aux États-Unis, www.mediapart.fr , 18 décembre 2019.
6 Cf. article 1 du chapitre 1 (« Buts et principes ») de la Charte des Nations unies signée le 26 juin 1945 à San Francisco à la fin de la Conférence des Nations unies pour l’organisation internationale, entrée en vigueur le 24 octobre 1945, https://www.un.org/fr/sections/un-charter/introductory-note/index.html
7 Antonyme de gouvernance de notre cru. A préfixe privatif transformant un mot en son contraire.
8 Gérard Dorell, http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/puissance
9 Pierre-Yves Dugua, Commerce : Washington et Pékin font la paix, Le Figaro, Économie, 14-15 décembre 2019, pp. 21-22.
10 Bertrand Badie/Dominique Vidal (sous la direction de), Fin du leadership américain ? L’état du monde 2020, La Découverte, 2019.
11 Alain Frachon, Chine-États-Unis : l’heure des comptes, Le Monde, 1er juin 2019, p. 34.
12 http://www.cnrtl.fr/definition/confiance
13 Hubert Védrine, Dans la mêlée mondiale 2009-2012, Fayard, 2012.
14 Raoul Delcorde, Le métier de diplomate, Académie Royale de Belgique, 2018, p. 116.
15 Nicolas Ruisseau, À Moscou, la Drian et Parly en quête de confiance, Le Monde, 11 septembre 2019, p. 3.
16 Thierry de Montbrial, précité.

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Commentaire recommandé

Catalina // 05.01.2020 à 07h25

Bonjour,
 » Pour autant, la perspective de la fin du monde d’hier justifie-t-elle de s’affranchir des règles, des normes, des comportements, et pourquoi pas du droit international dans le monde de demain ? »

?????? comme si le droit international était respecté hier……ou le bon comportement….
La France et les usa ont attaqué la Syrie de manière totalement illégale, j’attends toujours les sanctions pour ces deux pays pour ne pas avoir respecté le droit international…..je ne parle m^me pas du pays dont on n’a pas le droit de parler….

41 réactions et commentaires

  • Catalina // 05.01.2020 à 07h25

    Bonjour,
     » Pour autant, la perspective de la fin du monde d’hier justifie-t-elle de s’affranchir des règles, des normes, des comportements, et pourquoi pas du droit international dans le monde de demain ? »

    ?????? comme si le droit international était respecté hier……ou le bon comportement….
    La France et les usa ont attaqué la Syrie de manière totalement illégale, j’attends toujours les sanctions pour ces deux pays pour ne pas avoir respecté le droit international…..je ne parle m^me pas du pays dont on n’a pas le droit de parler….

      +47

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    • Narm // 05.01.2020 à 11h39

      la frappe de macron sur la syrie

      mais aujourd’hui l’assassina d’un général en mode préventif …
      La Paix c’est la guerre

        +23

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  • Catalina // 05.01.2020 à 07h34

    « Le maître mot est lâché, celui de confiance15. Dans les relations internationales, l’horizon se mesure en décennies. Injecter de la confiance est un art du long terme. In fine,restaurer la confiance, c’est avant tout et surtout, se lancer dans une épopée intellectuelle exigeante. Mais, ce n’est qu’à ce prix que pourra être durablement rétablie la confiance et que le monde pourra se préparer un avenir moins sombre.  »
    ok, donc on se débarrase de ceux qui ont prouvé qu’on ne pouvait en aucun cas leur faire confiance vu qu’ils ne resspectaient jamais les traités et de ceux qui ne respectent pas les décisions de l’onu, je suis d’accord.
    Mais bon, je sais pas vous, il me semble que c’est un voeu pieu.

      +6

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    • Goldoraks // 10.01.2020 à 14h27

      L’ONU est totalement pourrie. Quand les saoudiens président les droits de l’homme, il n’y a plus rien de bon à en attendre (portant, avec le mouvement des non alignés alignés sur Moscou, c’était déjà bien moche).

        +0

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  • calal // 05.01.2020 à 09h03

    « L’impression prévaut que « l’immobilisme est en marche et que rien ne saurait l’arrêter » (Henri Queuille). Ce dont le monde a par-dessus tout en horreur se produit inéluctablement.  »

    Ce qui ce passe en iran actuellement fait craindre que trump ne decoive les espoirs places en lui et qu’il ne se revele etre un dirigeant comme les autres.Point d’espoir nul part en occident? TINA partout en occident?

      +9

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  • Santerre // 05.01.2020 à 09h39

    Vous pourriez quand même féliciter ce monsieur pour une telle performance, en quelques lignes inventer l’eau tiède tout en enfilant tant de platitudes et enfonçant tant de portes ouvertes que ça mériterait d’être au Guinness Book. Respect quand même. On passe un quart d’heure à lire pour ne rien apprendre, ne pas percevoir d’angle original, subir un salmigondis de resucée de tout ce qu’on peut lire et entendre Mainstream. Mais bon, on a évité le bouleversement d’une perception fulgurante.

      +2

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  • Daniel // 05.01.2020 à 09h51

    Pourtant, il y a des repères : l’Occident est soumis aux financiers sans aucun contrôle : c’est le « laisser faire, il n’y a pas de choix, le privé est mieux que le public ». Dans ce cadre, la pauvreté augmente on va droit vers un krach financier !
    A l’opposé,en Orient, il y a une direction à l’économie dont l’objectif est social et environnemental (prise de conscience récente). Le secteur financier est plus ou moins sous contrôle et l’émission de monnaie va aux projets des gens.
    Je vous invite vivement à découvrir le discours du Nouvel An du président Chinois https://francais.cgtn.com/n/BfIcA-DAA-HcA/BIeFcA/index.html?fbclid=IwAR0r1zpb2JBzf9ijxbPkQSZUqJeTerhomP-NRhWp0t6Typ0Qa1hobEJ-gsY
    voici un extrait : La Chine poursuivra inébranlablement la voie du développement pacifique, tout en préservant la paix mondiale et en promouvant le développement commun.
    Nous voulons travailler main dans la main avec le reste du monde pour, ensemble, construire activement « Ceinture et Route », promouvoir la construction d’une communauté de destin pour l’humanité et faire des efforts inlassables en vue d’un avenir radieux.
    => serait ce un nouveau cap à suivre ?

      +16

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    • RD // 05.01.2020 à 13h32

      Vous ne croyez pas aux inepties des entrepreneurs étatiques de l’ouest mais vous rêvez aux discours de ceux de l’est : il y a assez de preuves que le capitalisme de l’est (route de la soie, dettes,…) est peu ou prou le même que celui de l’ouest tout simplement parce que c’est le développement logique du capital.

        +8

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      • Dominique65 // 07.01.2020 à 11h04

        Certes, mais j’aime autant entendre « Nous voulons travailler main dans la main avec le reste du monde » que « America first », surtout si ces slogans trouvent échos parmi les électeurs ou administrés.

          +1

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    • Grd-mère Michelle // 05.01.2020 à 19h01

      @Daniel Hum… Si le dictateur chinois fait un discours aussi lénifiant, c’est qu’il entend les aspirations des peuples, ce qui est un bon signe en soi: cela veut dire que des multitudes de voix s’élèvent jour après jour pour crier leur impatience d’un monde plus sain et plus juste, où les équilibres seraient respectés, les souffrances diminuées, les dégâts réparés(tout un programme qui nous occuperait pendant aussi longtemps que l’ère de sur-production: l’ère de réparation).
      De même, le nouveau président du Conseil de l’Europe (belge s’il en est, ultra libéral, observé depuis des dizaines d’années) en a servi un de cette sorte lors de son intronisation.
      Mais ne nous fions pas à ces paroles mielleuses: devant le mécontentement généralisé, ils ont l’habileté de ne pas contrarier les populations laborieuses,espérant qu’elles vont se calmer.
      On verra ce que feront les dirigeants chinois quand ils comprendront que les européens sont décidés à se passer de leur camelotte…
      Rappelons-nous de la réaction de Trump face aux 3 millions de signatures européennes contre le TTIP: PROTECTIONNISME! Parfait! Nous boirons notre vin nous-même, en l’échangeant avec celui des espagnols, des grecs et des italiens: transports moins lointains, moins de pollution! Mais, de grâce, empêchons les propriétaires de vendre les vignes aux chinois!
      Et, bon sang, arrêtons d’acheter sur Amazone ou Ali Baba!
      Développement commun? NON! Décroissance commune, OUI!

        +4

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  • James Whitney // 05.01.2020 à 09h51

    Un monde sans repères ? Pas du tout.

    C’est un monde où un petit nombre de décideurs sont en train de piller toutes nos richesses et en train de détruire tout ce qui permet les plantes, les insectes, les oiseaux, les chats et les humains de vivre dignement.

    Ici en France notre Jupiter roi soleil (en même temps petit commis de la Commission européenne) fait tout ce qu’il peut pour aider les pilleurs. Mais heureusement un très grand nombre d’êtres humains sont en révolte contre tout ça, les grévistes et nous autres qui les soutiennent. Pareil ailleurs dans le monde, par exemple en Amérique latine.

    Mais il reste beaucoup de boulot a faire pour construire ensemble une manière de vivre comme il faut avec solidarité les un avec les autres humains, mais aussi avec le plantes, les insectes, les abeilles, les oiseaux, les animaux qui nous entourent et dont nous avons besoin.

      +29

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  • TEROUINARD // 05.01.2020 à 10h15

    Bonjour,
    Beaucoup de mots en cette article, de quoi y perdre ses repères !
    Avons nous besoin de repères ?
    Quels repères, quelles valeurs ?
    Toutes les valeurs et repères ont mené au pire; même les paroles de Jésus.
    Alors point de repères, juste un principe :
    « Aucune cause ne justifie la souffrance physique ou la mort d’un seul humain ».
    Tout le reste suivra, même la gestion de la société.

      +8

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    • polo 33 // 06.01.2020 à 12h18

      Tout à fait d’accord beaucoup de mots ,les repères ,les valeurs! c’est très simple,il n’y a plus de bon sens( dit paysan) ni de valeur de la famille qui sont la base de toutes sociétés.Suite à cela on peut palabrer longtemps,mais on reviendra au point de départ.Talleyrand disait la diplomatie « c’est de la merde dans un bas de soie » et nous avons beaucoup d’exemples en ce moment.

        +0

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    • Dominique65 // 07.01.2020 à 11h09

      « Avons nous besoin de repères ? »
      Selon l’auteur oui, vu que c’est un préalable à la confiance, et que la confiance est nécessaire aux bonnes relations.
      Cela me parait de bon sens.

        +1

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  • DVA // 05.01.2020 à 10h21

    ‘’…Les rapports de force purs dominent les relations internationales et la confrontation l’emporte sur le compromis…’’
    OTAN,ONU,OMC,BM, organe de règlement des différends (ORD) , OCDE , OSCE, COP, UE,CEE et Médias corrompus partent en couil… Retraits unilatéral US des traités START, FNI, Cieux ouverts, ABM, FCE…En face les BRICS qui balbutient un commencement …dans un monde dominé par les oligarques, les Bourses ,le Dollar,les Paradis fiscaux et les Mafias…lol…Mais, où est donc passée la fée confiance dans les relations internationales ? Alors qu’ aujourd’hui, la force légitime ‘ET’ illégitime prime sur le droit !

      +7

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  • Louis Robert // 05.01.2020 à 10h54

    «… dépeindre à grands traits le monde d’aujourd’hui qui préfigure étrangement celui de demain ?… un monde désorienté qui semble n’avoir ni cap, ni boussole pour progresser sur des mers démontées… un monde questionné en raison d’une période qui perd tout à la fois confiance, en elle et en son avenir, mais aussi en ses intellectuels, ses penseurs qui pensent de moins en moins temps long, stratégie, prévision et prospective » ?

    *
    L’occidentalocentrisme, c’est ÇA!

    L’Occident en déclin accéléré, ce n’est pas le monde.
    L’Empire d’Occident qui s’éclipse, ce n’est pas la communauté internationale.

    « Le reste » du monde, c’est aussi le monde.
    « Le reste » mis de côté, oublié, est de retour, prend sa place au soleil. 
    « Le reste » fait aujourd’hui le monde de demain.

    Accepter son déclin.
    Accepter la montée foudroyante du « reste ».
    Accepter la présence, la vision, le grand œuvre du plus grand nombre.

    S’ouvrir au monde.

    « The Future Is Asian ».
    Ce siècle est asiatique.

      +7

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    • RD // 05.01.2020 à 17h51

      Il n’y a de montée foudroyante que dans votre tête, le capitalisme asiatique est indissociable du capitalisme occidental ne vous en déplaise. Dans 10 ans la dette chinoise par tête dépassera celle de l’ouest [modéré]

        +4

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  • Omelette // 05.01.2020 à 11h34

    « L’élite de nos divers États doit se livrer à un véritable exercice d’introspection, d’examen clinique des dérèglements d’un monde malade. »

    Merci mais non merci, on n’a pas besoin d’un énième messie sous acides qui se croit fondé à décider, dans sa tour d’ivoire, de ce qui est bien ou mal pour son troupeau de moutons.

    « Les guerres [dont la compétition économique], ce sont des gens qui se connaissent qui envoient des gens qui ne se connaissent pas s’entretuer », disait en substance je ne sais plus qui.

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  • Renard // 05.01.2020 à 13h53

    Dans les années 60 la confiance était si grande que qu’on ne pouvait imaginer autre chose qu’un futur paradisiaque.

    Et puis.. 50 ans de libéralisme et une civilisation s’effondre.. on ne peut imaginer aujourd’hui autre chose qu’un futur apocalyptique (ce qui est aussi faux que d’imaginer un futur paradisiaque).

    Le combat est aujourd’hui entre les tenants de la civilisation et les destructeurs de la civilisation.

      +17

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  • Grd-mère Michelle // 05.01.2020 à 15h36

    « Lorsque l’humanité sera enfin sage,
    nous passerons de la compétition dans l’individualisme
    à l’individualité dans la coopération. »
    Colette Magny, chanteuse, poète, révolutionnaire, « aventurière de l’esprit », en 1963.

    La philosophie, avec le soutien de la science(dont l’intelligence artificielle) nous permettront-elles de surmonter nos bêtes peurs ataviques, et seront-elles capables de supplanter toutes les sortes de croyances utilisées pour créer des « puissances »?
    Il faudrait pour cela, en tout cas, que chacun-e soit correctement informé-e des réalités, afin que se développe la conscience commune du besoin que nous avons tou-te-s les un-e-s des autres(y compris les autres êtres vivants).

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    • basile // 05.01.2020 à 16h57

      l’humanité ENFIN sage ?

      Ce n’est pas parce qu’un pays est enfin sage, que les 200 autres vont être béat d’admiration, et vont dire, enseignez nous votre sagesse. Au contraire, ils vont se dire les beaux pigeons que voilà à plumer

      NOS peurs ? Notre racisme, notre haine …
      Combien d’humanistes se sont fait tués en avançant confiants vers les autres, le sourire aux lèvres ? Égrenant des paroles de paix que l’autre ne comprenait même pas.

        +5

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      • RD // 05.01.2020 à 17h52

        Dans le capitalisme en phase terminale, le pays sage se fera ratiboiser au sens propre ou figuré.

          +4

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      • Grd-mère Michelle // 05.01.2020 à 18h05

        @Basile L’humanité, ça ne se limite pas à un pays!
        Le « nous » de C.Magny, c’est « nous les humains ».
        Le racisme, la xénophobie, la haine, viennent de la peur de l’autre.
        À l’heure où le phénomène de la vie sur terre est menacé, la peur de l’extinction pourrait peut-être la dépasser, et provoquer un élan de solidarité salutaire… et révolutionnaire! Ils/elles sont déjà des millions qui en parlent et imaginent des solutions, un peu partout, du nord au sud, de l’est à l’ouest.
        Croyez-vous qu’en France seulement, les gens se posent des questions, préparent la transition, s’organisent aux niveaux locaux(déjà, en vue du crash financier imminent), laissant les « puissants » à leurs sempiternelles et vaines querelles? Il n’y a pas que dans les journaux que des choses se passent!
        Remarquez que l’article ci-dessus parle de la situation au niveau mondial.

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        • Dominique65 // 07.01.2020 à 11h13

          « la peur de l’extinction pourrait peut-être la dépasser, et provoquer un élan de solidarité salutaire »
          On peut l’espérer, mais il faut voir les choses en face : en attendant, ce sont les vendeurs de bunkers qui font fortune, au moins aux States.

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          • Grd-mère Michelle // 07.01.2020 à 12h44

            Oui, mais aussi, partout dans le monde, de plus en plus de simples citoyen-ne-s se rassemblent et marchent dans les rues pour exprimer leur mécontentement, et cherchent à comprendre ce qui leur arrive.
            Bien sûr, ils/elles contestent principalement(et avec peu de jugeote) des responsables proches de leurs préoccupations immédiates,mais l’important est de SE BOUGER, de se poser des questions, de se parler, et de prendre conscience de la force et de la nécessité de la SOLIDARITÉ.

              +0

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          • Grd-mère Michelle // 07.01.2020 à 13h18

            Un autre exemple(français) de solidarité, d’information et d’action, ici sur internet:

            https://www.cyberacteurs.org/quotidien/index.php

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    • Grd-mère Michelle // 07.01.2020 à 14h42

      Adresse complete de cyberacteurs:

      https://www.cyberacteurs.org/quotidien/index.php

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  • Vincent P. // 05.01.2020 à 15h57

    Les grands financiers ont bientôt fini de rapatrier tous leurs actifs, liquider le reste, bunkeriser leurs bunkers.
    Les grands acteurs se sont laissé le temps de peaufiner leurs programmes militaires respectifs, fussent-ils gravement défectueux, et nous avons maintenant une ministre de la défense Allemande à la tête de l’U.E., rien de moins.

    Le Crach de 1929 et la crise qui suivit sont un bien plus petit chapitre de nos livres d’histoire que la 2nde GM, isn’t it ?

    Il ne reste donc qu’à reléguer cette crise-ci, de la dette -l’ultime pillage mondialisé de l’amicale des banksters réunis- dans un plus petit chapitre des futurs manuels des collégiens, qui traiteront plus largement et fort avantageusement du conflit majeur qui vient, des vilains Russes, de l’hégémonie scandaleuse de la Chine Communiste, etc.

    A moins que cette histoire là ne soit contée par d’autres vainqueurs, ce qui serait rafraichissant !
    Je préfèrerai en effet me faire raconter le monde par Xi et Vladimir que par Pompéo et Macron !!

    En matière de crises, 2020 s’annonce grandiose ! souhaitons à l’Occident une bonne chute: Occis-dans.

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  • RV // 05.01.2020 à 17h49

    Un détail, qui m’a gêné en tête de l’article.
    « l’invasion de l’Afghanistan par les troupes soviétiques »
    Il me semble que c’est une réécriture de l’histoire.
    par exemple on peu lire sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Afghanistan
    …/… En 1979, les troupes soviétiques, dans le cadre des accords de défense mutuelle qui lient l’URSS à l’État afghan, répondent à l’appel du parti communiste au pouvoir, menacé par une rébellion armée …/…

      +19

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    • christian B. // 07.01.2020 à 04h52

      … et en plus dans cette énumération, rien sur la guerre du VietNam, l’invasion de l’Irak etc.
      J’ai aussi relevé une perle :  » Les États-Unis abandonnent toute prétention à la morale et à l’exemplarité.  » que l’auteur impute à Trump … comme si c’était nouveau !!

        +3

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  • RV // 05.01.2020 à 18h26

    Alain Suppiot fait la différence entre globalisation et mondialisation.
    https://www.college-de-france.fr/media/alain-supiot/UPL3296194000722817803_LIVRE_A_Supiot_Mondialisation_Simone_Weil.pdf
    …/… Le problème de notre temps n’est pas de choisir entre globalisation et repliement identitaire : on ne peut ignorer ni la diversité des pays, ni leur interdépendance croissante face aux périls écologiques et sociaux qui les affectent tous. La langue française permet de dépasser ce faux dilemme avec la distinction qu’elle autorise entre globalisation et mondialisation. Globaliser, c’est œuvrer au règne du Marché, de la croissance illimitée, de la flexibilisation du travail et de l’hégémonisme culturel. Mondialiser consiste à établir un ordre mondial respectueux de notre écoumène, du travail humain et de la diversité des peuples et des cultures. …/…

    Ces deux définitions engendrent une grille de lecture qui me parait fort féconde.

    https://www.college-de-france.fr/site/alain-supiot/symposium-2016-2017.htm
    …/… Prendre la mesure du processus actuel de déstabilisation des cadres institutionnels à l’échelle du monde suppose un minimum de rigueur terminologique, que n’autorise pas la notion aussi vague que trompeuse de « globalisation ». La langue française offre, avec la distinction qu’elle autorise entre globalisation et mondialisation, le moyen de mettre un peu de rigueur dans ce débat. Mondialiser, au sens premier de ce mot (où « monde » s’oppose à « immonde », comme « cosmos » s’oppose à « chaos »), consiste à rendre humainement vivable un univers physique : à faire de notre planète un lieu habitable. Autrement dit, mondialiser consiste à maîtriser les différentes dimensions écologique, sociale et culturelle du processus de globalisation. Et cette maîtrise requiert en toute hypothèse des dispositifs de solidarité, qui articulent la solidarité nationale aux solidarités locales ou internationales. …/…

      +5

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    • Dominique65 // 07.01.2020 à 11h24

      « Le problème de notre temps n’est pas de choisir entre globalisation et repliement identitaire »
      C’est tout à fait ce qui est exprimé dans l’article : « le salut viendra de la stratégie d’alliances entre certaines nations et non d’organisations internationales, qu’elles soient universelles – comme l’ONU – ou régionales – comme l’Union européenne ou l’OTAN »

        +0

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  • Macarel // 05.01.2020 à 19h24

    Le droit sans la force n’est rien.

    Pascal avait déjà bien disserté sur le sujet :
    « Il est juste que ce qui est juste soit suivi. Il est nécessaire que ce qui est le plus fort soit suivi.
    —-
    La justice sans la force est impuissante. La force sans la justice est tyrannique.
    La justice sans force est contredite parce qu’il y a toujours des méchants. La force sans la justice est accusée. Il faut donc mettre ensemble la justice et la force, et pour cela faire que ce qui est juste soit fort ou que ce qui est fort soit juste.
    La justice est sujette à dispute. La force est très reconnaissable et sans dispute. Ainsi on n’a pu donner la force à la justice, parce que la force a contredit la justice, et a dit qu’elle était injuste, et a dit que c’était elle qui était juste.

    Et ainsi ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort fût juste. »

    Toute la question est bien là : « faire que ce qui est fort fût juste. » !

    Or, l’on s’en éloigne de plus en plus, tant dans les relations internationales, que dans les relations entre classes sociales à l’intérieur des nations. Signe, l’on de peut plus clair de la décadence morale de nos sociétés.
    Car le seul repère qui vaille aujourd’hui c’est l’argent, le pognon !

     » L’élite de nos divers États doit se livrer à un véritable exercice d’introspection, d’examen clinique des dérèglements d’un monde malade. »

    Permettez-moi d’être plus que sceptique ! Ni un Macron, ni un Trump (entre autres) ne sont capables de la moindre introspection, tant ils sont au service de Mammon !

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  • redrock // 05.01.2020 à 23h17

    Je ne connais pas G. Berlat mais il semble découvrir un mode déjà bien ancien. Peut être était-il en voyage chez les Papous? Le monde qu’il semble découvrir n’a cessé d’exister depuis 1917 avec des expressions diverses suivant les alliances; Tout était permis à l’hyperpuissance aprés l’écrasement de l’URSS ; la montée en puissance des Brics et la crise de 2007-2008 ont relancé des rapports de force et des convulsions plus violentes des empires. On peut craindre le pire dans la chute des empires d’autant plus que deux des acteurs du drame USA et Israel ont des Chefs contestés!

      +2

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  • Libvert.fr // 06.01.2020 à 00h17

    Pour ma part, mon repère de long terme est simple :
    Le libéralisme vert, qui permet de protéger la plus petite des minorité, la personne, l’individu (et son environnement)

      +0

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    • Dominique65 // 07.01.2020 à 11h29

      « Le libéralisme vert »
      C’est mignon, mais qu’est-ce que ça veut dire ? le libéralisme défendu par EELV, par exemple ? Celui que se satisfait pleinement de l’UE, assujettie dans ces fondements au néolibéralisme le plus dur ? Ou en as-tu une autre définition ?

        +2

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  • Robert // 06.01.2020 à 12h21

    La mondialisation, ou globalisation, a eu des effets pervers insoupçonnés. Elle a généré un affaiblissement des nations et une paralysie du politique dont on voit bien qu’ils laissent le monde à la dérive et à la merci d’ initiatives aventureuses, dangereuses pour l’équilibre global de la planète.

      +2

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    • RV // 06.01.2020 à 14h09

      …/… effets pervers insoupçonnés …/…
      La globalisation a été théorisée. Elle était expressément défendue comme un contournement de l’Etat de droit. Elle énonce que ce qui doit faire loi c’est le « calcul » d’utilité économique, c’est à dire que le droit est liquidé en tant qu’obstacle possible pour l’exercice du pouvoir.
      Les tribunaux d’arbitrage en sont une illustration, il s’agit de dire qu’une initiative prise par un Etat en matière d’environnement ou en matière sociale devrait pouvoir être soumise à un arbitre qui pourrait « calculer » si cette initiative n’est pas de nature à porter un certain préjudice « calculable » à des investisseurs qui comptaient sur l’état antérieur du droit et qui devraient être de ce fait indemnisés. …/… ça ne veut pas dire que la loi disparait, mais sa fonction change totalement et c’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons ce droit du travail qui est devenu si bavard et inconsistant parce que on ne voit plus la loi comme un cadre stable à l’intérieur duquel chacun peut agir librement mais comme un simple relais de politiques et de calculs économiques.
      source :
      https://www.franceculture.fr/emissions/l-eloge-du-savoir/etat-social-et-mondialisation-analyse-juridique-des-solidarites

        +0

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  • Almire // 06.01.2020 à 18h20

    Le mot crise à toutes les sauces ! M. Gladwell, Y Noah Harari, E. laville, L Testot, disent que nous sommes à un point de basculement. L’humanité a déjà vécu de telles périodes, révolution agricole, Renaissance, révolution thermo-industrielle. A chacune de ces étapes l’humanité a augmenté son emprise sur terre, grâce à la capture plus efficace de l’énergie, en dernier le Pétrole. Elle s’est développée (bientôt 8 Mds). Jusqu’à maintenant… Car cette énergie commence à manquer. Certes encore 100 millions de barils/jour, c’est le maximum jamais produit. Pourtant ce n’est plus le même, car sa teneur en énergie (taux d’octane) diminue avec l’apport, du pétrole de roche-mère, des sables bitumineux. Et surtout, pour produire autant il faut de plus en plus de pétrole. Résultat l’apport net diminue. Comme on ne peut s’en passer, nos économies ont des ratés. Alors, pour rendre les entreprises plus efficaces, on a réduit les services publics, les transfert sociaux, on déverse des montagnes de fausse monnaie, on creuse les dettes. Mais le PIB/hab en monnaie constante ne cesse de diminuer par décennie, alors les peuples réclament ! Il y a fort à parier que les prochaines réformes ne feront pas augmenter le PIB, car la disponibilité du pétrole diminue inéluctablement. Chaque état tente préserver sa part, défend ses intérêts, le pourquoi de toutes ces tensions dans le monde, autour du pétrole, du gaz, des métaux, des terres arables, de l’eau. Quand il n’y a plus de foin au râtelier, les ânes se battent !

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