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Un manifeste inédit d’Albert Camus sur la liberté de la presse

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Source : Javier Bonilla Saus, 18-03-2012

Albert Camus

À PROPOS DES ATTAQUES SYSTÉMATIQUES CONTRE LA PRESSE EN ÉQUATEUR, CUBA, VÉNÉZUÉLA, ARGENTINE, BOLIVIE, NICARAGUA, ETC.
UN MANIFESTE INÉDIT D´ ALBERT CAMUS SUR LA LIBERTÉ DE LA PRESSE
(Publié par “LE MONDE INTERNATIONAL” du 18/03/2012)
Le manifeste que nous publions a été rédigé par Albert Camus (1913-1960) près de trois mois après le début de la seconde guerre mondiale. Il a alors 26 ans. Non signé, le texte est authentifié. Il est aussi d’actualité. Il pourrait tenir lieu de bréviaire à tous les journalistes et patrons de journaux qui aspirent à maintenir la liberté d’expression dans un pays en guerre ou soumis à la dictature, là où le patriotisme verrouille l’information.  » Toutes les contraintes du monde ne feront pas qu’un esprit un peu propre accepte d’être malhonnête « , écrit Camus, pour qui résister, c’est d’abord ne pas consentir au mensonge. Il ajoute :  » Un journal libre se mesure autant à ce qu’il dit qu’à ce qu’il ne dit pas. « 
Cet article de Camus devait paraître le 25 novembre 1939 dans Le Soir républicain, une feuille d’information quotidienne vendue uniquement à Alger, dont Camus était le rédacteur en chef et quasiment l’unique collaborateur avec Pascal Pia. Mais l’article a été censuré. En Algérie, sa terre natale, qu’il n’a, à l’époque, jamais quittée hormis pour de brèves vacances, Camus jouit d’un petit renom. Il a déjà écrit L’Envers et l’Endroit (1937) et Noces (mai 1939). Il a milité au Parti communiste pour promouvoir l’égalité des droits entre Arabes et Européens, avant d’en être exclu à l’automne 1936 – il a consenti à cette exclusion, tant les reniements politiques du parti l’écoeuraient.
Secrétaire de la maison de la culture à Alger, il a monté la première compagnie de théâtre de la ville, adapté Le Temps du mépris, de Malraux, et joué des classiques. Sa première pièce, Révolte dans les Asturies, coécrite avec des amis, a été interdite par Augustin Rozis, le maire d’extrême droite d’Alger. Le jeune Camus, orphelin d’un père mort en 1914, fils d’une femme de ménage analphabète, fait de la littérature une reconnaissance de dette. Fidélité au milieu dont il vient, devoir de témoignage.
Pascal Pia, vieil ami d’André Malraux, l’a recruté en 1938 comme journaliste polyvalent pour Alger républicain, quotidien qui entendait défendre les valeurs du Front populaire. Ce journal tranchait avec les autres journaux d’Algérie, liés au pouvoir colonial et relais d’une idéologie réactionnaire. Ainsi Camus a publié dans Alger républicain une série d’enquêtes qui ont fait grand bruit, la plus connue étant  » Misère de la Kabylie « .
Camus est pacifiste. Mais une fois la guerre déclarée, il veut s’engager. La tuberculose dont il est atteint depuis ses 17 ans le prive des armes. Alors il écrit avec frénésie. Dans Alger républicain puis dans Le Soir républicain, qu’il lance le 15 septembre 1939, toujours avec Pascal Pia. Ces deux journaux, comme tous ceux de France, sont soumis à la censure, décrétée le 27 août. Par ses prises de position, son refus de verser dans la haine aveugle, Camus dérange. L’équipe, refusant de communiquer les articles avant la mise en page, préfère paraître en laissant visibles, par des blancs, les textes amputés par la censure. Au point que certains jours, Alger républicain et surtout Le Soir républicain sortent avec des colonnes vierges.
Moins encore qu’en métropole, la censure ne fait pas dans la nuance. Elle biffe ici, rature là. Quoi ? Des commentaires politiques, de longs articles rédigés par Camus pour la rubrique qu’il a inventée,  » Sous les éclairages de guerre « , destinée à mettre en perspective le conflit qui vient d’éclater, des citations de grands auteurs (Corneille, Diderot, Voltaire, Hugo), des communiqués officiels que n’importe qui pouvait pourtant entendre à la radio, des extraits d’articles publiés dans des journaux de la métropole (Le Pays socialiste, La Bourgogne républicaine, Le Petit Parisien, le Petit Bleu, L’Aube)…
Ce n’est jamais assez pour le chef des censeurs, le capitaine Lorit, qui ajoute d’acerbes remarques sur le travail de ses subalternes lorsqu’ils laissent passer des propos jugés inadmissibles. Comme cet article du 18 octobre, titré « Hitler et Staline ». « Il y a là un manque de discernement très regrettable « , écrit le capitaine. Ironie, trois jours plus tard, à Radio-Londres (en langue française), les auditeurs peuvent entendre ceci : « La suppression de la vérité, dans toutes les nouvelles allemandes, est le signe caractéristique du régime nazi. »
Le 24 novembre, Camus écrit ces lignes, qui seront censurées : « Un journaliste anglais, aujourd’hui, peut encore être fier de son métier, on le voit. Un journaliste français, même indépendant, ne peut pas ne pas se sentir solidaire de la honte où l’on maintient la presse française. A quand la bataille de l’Information en France ?  » Même chose pour cet article fustigeant le sentiment de capitulation :  » Des gens croient qu’à certains moments les événements politiques revêtent un caractère fatal, et suivent un cours irrésistible. Cette conception du déterminisme social est excessive. Elle méconnaît ce point essentiel : les événements politiques et sociaux sont humains, et par conséquent, n’échappent pas au contrôle humain  » (25 octobre).
Ailleurs, sous le titre  » Les marchands de mort « , il pointe la responsabilité des fabricants d’armes et l’intérêt économique qu’ils tirent des conflits. Il préconise  » la nationalisation complète de l’industrie des armes « qui  » libérerait les gouvernements de l’influence de capitalistes spécialement irresponsables, préoccupés uniquement de réaliser de gros bénéfices  » (21 novembre). Il n’oublie pas le sort des peuples colonisés en temps de guerre, dénonçant la  » brutalisation  » des minorités et les gouvernements qui  » persistent obstinément à opprimer ceux de leurs malheureux sujets qui ont le nez comme il ne faut point l’avoir, ou qui parlent une langue qu’il ne faut point parler « .
Bien que les menaces de suspension de leur journal se précisent, Albert Camus et Pascal Pia ne plient pas. Mieux, ils se révoltent. Pascal Pia adresse une lettre à M. Lorit où il se désole queLe Soir républicain soit traité comme  » hors la loi  » alors qu’il n’a fait l’objet d’aucun décret en ce sens. Parfois le tandem s’amuse des coups de ciseaux. Pascal Pia racontera que Camus, avec malice, fit remarquer à l’officier de réserve qui venait de caviarder un passage de La Guerre de Troie n’aura pas lieu qu’il était irrespectueux de faire taire Jean Giraudoux, commissaire à l’information du gouvernement français…
Le Soir républicain est interdit le 10 janvier 1940, après 117 numéros, sur ordre du gouverneur d’Alger. Camus est au chômage. Les éventuels employeurs sont dissuadés de l’embaucher à la suite de pressions politiques. Tricard, le journaliste décide de gagner Paris, où Pascal Pia lui a trouvé un poste de secrétaire de rédaction à Paris Soir. La veille de son départ, en mars 1940, il est convoqué par un commissaire de police, qui le morigène et énumère les griefs accumulés contre lui.
L’article que nous publions, ainsi que les extraits cités ci-dessus, ont été exhumés aux Archives d’outre-mer, à Aix-en-Provence. Ces écrits, datant de 1939 et 1940, ont été censurés par les autorités coloniales. Ils n’ont pas été mis au jour par les spécialistes qui se sont penchés sur l’oeuvre de Camus. Notamment Olivier Todd, à qui on doit la biographie Albert Camus, une vie (Gallimard 1996). Ni dansFragments d’un combat 1938-1940(Gallimard,  » Cahiers Albert Camus  » n° 3, 1978), de Jacqueline Lévy-Valensi et André Abbou, qui réunit des articles publiés par Camus alors qu’il habitait en Algérie.
C’est en dépouillant carton par carton que nous avons découvert les articles manquants d’Alger républicain et du Soir républicaindans les rapports de censure. Car cette dernière a pour qualité d’être une greffière rigoureuse. De même que les services des renseignements généraux, qui notent tous les faits et gestes des individus qu’ils surveillent – ce fut le cas d’Albert Camus en Algérie. C’est ainsi qu’ont surgi, sous nos yeux, les mots, les phrases, les passages et même les articles entiers qui n’avaient pas l’heur de plaire aux officiers chargés d’examiner les morasses des pages des journaux.
 » Ces archives-là n’ont pas été utilisées « , confirme le spécialiste Jeanyves Guérin, qui a dirigé leDictionnaire Albert Camus (Robert Laffont, coll.  » Bouquins « , 2009). Même confirmation d’Agnès Spiquel, présidente de la Société des études camusiennes.
Dans l’inédit publié ici, Camus considère que  » la vertu de l’homme est de se maintenir en face de tout ce qui le nie « . DansL’Homme révolté, il ne dit pas autre chose, estimant que la révolte,  » c’est l’effort pour imposer l’Homme en face de ce qui le nie « .
 » Les quatre commandements du journaliste libre « , à savoir la lucidité, l’ironie, le refus et l’obstination, sont les thèmes majeurs qui traversent son oeuvre romanesque, autant qu’ils structurent sa réflexion philosophique. Comme le football puis le théâtre, le journalisme a été pour Camus une communauté humaine où il s’épanouissait, une école de vie et de morale. Il y voyait de la noblesse. Il fut d’ailleurs une des plus belles voix de cette profession, contribuant à dessiner les contours d’une rigoureuse déontologie.
C’est aux lecteurs algériens que Camus a d’abord expliqué les devoirs de clairvoyance et de prudence qui incombent au journaliste, contre la propagande et le  » bourrage de crâne « . ACombat, où Pascal Pia, son mentor dans le métier, fait appel à lui en 1944, Camus poursuit sa charte de l’information, garante de la démocratie pour peu qu’elle soit  » libérée  » de l’argent :  » Informer bien au lieu d’informer vite, préciser le sens de chaque nouvelle par un commentaire approprié, instaurer un journalisme critique et, en toutes choses, ne pas admettre que la politique l’emporte sur la morale ni que celle-ci tombe dans le moralisme. « 
En 1951, il laisse percer sa déception dans un entretien donné à Caliban, la revue de Jean Daniel :  » Une société qui supporte d’être distraite par une presse déshonorée et par un millier d’amuseurs cyniques (…) court à l’esclavage malgré les protestations de ceux-là mêmes qui contribuent à sa dégradation. « 
Macha Séry

Le manifeste censuré de Camus

En 1939, peu après le déclenchement de la guerre, et alors que la presse est déjà souvent censurée, l’écrivain veut publier dans le journal qu’il dirige à Alger un texte vibrant qui invite les journalistes à rester libres. Ce texte fut interdit de publication. Il est inédit. Et il reste très actuel :
« Il est difficile aujourd’hui d’évoquer la liberté de la presse sans être taxé d’extravagance, accusé d’être Mata-Hari, de se voir convaincre d’être le neveu de Staline.
Pourtant cette liberté parmi d’autres n’est qu’un des visages de la liberté tout court et l’on comprendra notre obstination à la défendre si l’on veut bien admettre qu’il n’y a point d’autre façon de gagner réellement la guerre.
Certes, toute liberté a ses limites. Encore faut-il qu’elles soient librement reconnues. Sur les obstacles qui sont apportés aujourd’hui à la liberté de pensée, nous avons d’ailleurs dit tout ce que nous avons pu dire et nous dirons encore, et à satiété, tout ce qu’il nous sera possible de dire. En particulier, nous ne nous étonnerons jamais assez, le principe de la censure une fois imposé, que la reproduction des textes publiés en France et visés par les censeurs métropolitains soit interdite au Soir républicain – le journal, publié à Alger, dont Albert Camus était rédacteur en chef à l’époque – , par exemple. Le fait qu’à cet égard un journal dépend de l’humeur ou de la compétence d’un homme démontre mieux qu’autre chose le degré d’inconscience où nous sommes parvenus.
Un des bons préceptes d’une philosophie digne de ce nom est de ne jamais se répandre en lamentations inutiles en face d’un état de fait qui ne peut plus être évité. La question en France n’est plus aujourd’hui de savoir comment préserver les libertés de la presse. Elle est de chercher comment, en face de la suppression de ces libertés, un journaliste peut rester libre. Le problème n’intéresse plus la collectivité. Il concerne l’individu.
Et justement ce qu’il nous plairait de définir ici, ce sont les conditions et les moyens par lesquels, au sein même de la guerre et de ses servitudes, la liberté peut être, non seulement préservée, mais encore manifestée. Ces moyens sont au nombre de quatre : la lucidité, le refus, l’ironie et l’obstination.
La lucidité suppose la résistance aux entraînements de la haine et au culte de la fatalité. Dans le monde de notre expérience, il est certain que tout peut être évité. La guerre elle-même, qui est un phénomène humain, peut être à tous les moments évitée ou arrêtée par des moyens humains. Il suffit de connaître l’histoire des dernières années de la politique européenne pour être certains que la guerre, quelle qu’elle soit, a des causes évidentes. Cette vue claire des choses exclut la haine aveugle et le désespoir qui laisse faire. Un journaliste libre, en 1939, ne désespère pas et lutte pour ce qu’il croit vrai comme si son action pouvait influer sur le cours des événements. Il ne publie rien qui puisse exciter à la haine ou provoquer le désespoir. Tout cela est en son pouvoir.
En face de la marée montante de la bêtise, il est nécessaire également d’opposer quelques refus. Toutes les contraintes du monde ne feront pas qu’un esprit un peu propre accepte d’être malhonnête. Or, et pour peu qu’on connaisse le mécanisme des informations, il est facile de s’assurer de l’authenticité d’une nouvelle. C’est à cela qu’un journaliste libre doit donner toute son attention. Car, s’il ne peut dire tout ce qu’il pense, il lui est possible de ne pas dire ce qu’il ne pense pas ou qu’il croit faux. Et c’est ainsi qu’un journal libre se mesure autant à ce qu’il dit qu’à ce qu’il ne dit pas. Cette liberté toute négative est, de loin, la plus importante de toutes, si l’on sait la maintenir. Car elle prépare l’avènement de la vraie liberté. En conséquence, un journal indépendant donne l’origine de ses informations, aide le public à les évaluer, répudie le bourrage de crâne, supprime les invectives, pallie par des commentaires l’uniformisation des informations et, en bref, sert la vérité dans la mesure humaine de ses forces. Cette mesure, si relative qu’elle soit, lui permet du moins de refuser ce qu’aucune force au monde ne pourrait lui faire accepter : servir le mensonge.
Nous en venons ainsi à l’ironie. On peut poser en principe qu’un esprit qui a le goût et les moyens d’imposer la contrainte est imperméable à l’ironie. On ne voit pas Hitler, pour ne prendre qu’un exemple parmi d’autres, utiliser l’ironie socratique. Il reste donc que l’ironie demeure une arme sans précédent contre les trop puissants. Elle complète le refus en ce sens qu’elle permet, non plus de rejeter ce qui est faux, mais de dire souvent ce qui est vrai. Un journaliste libre, en 1939, ne se fait pas trop d’illusions sur l’intelligence de ceux qui l’oppriment. Il est pessimiste en ce qui regarde l’homme. Une vérité énoncée sur un ton dogmatique est censurée neuf fois sur dix. La même vérité dite plaisamment ne l’est que cinq fois sur dix. Cette disposition figure assez exactement les possibilités de l’intelligence humaine. Elle explique également que des journaux français comme Le Merle ou Le Canard enchaîné puissent publier régulièrement les courageux articles que l’on sait. Un journaliste libre, en 1939, est donc nécessairement ironique, encore que ce soit souvent à son corps défendant. Mais la vérité et la liberté sont des maîtresses exigeantes puisqu’elles ont peu d’amants.
Cette attitude d’esprit brièvement définie, il est évident qu’elle ne saurait se soutenir efficacement sans un minimum d’obstination. Bien des obstacles sont mis à la liberté d’expression. Ce ne sont pas les plus sévères qui peuvent décourager un esprit. Car les menaces, les suspensions, les poursuites obtiennent généralement en France l’effet contraire à celui qu’on se propose. Mais il faut convenir qu’il est des obstacles décourageants : la constance dans la sottise, la veulerie organisée, l’inintelligence agressive, et nous en passons. Là est le grand obstacle dont il faut triompher. L’obstination est ici vertu cardinale. Par un paradoxe curieux mais évident, elle se met alors au service de l’objectivité et de la tolérance.
Voici donc un ensemble de règles pour préserver la liberté jusqu’au sein de la servitude. Et après ?, dira-t-on. Après ? Ne soyons pas trop pressés. Si seulement chaque Français voulait bien maintenir dans sa sphère tout ce qu’il croit vrai et juste, s’il voulait aider pour sa faible part au maintien de la liberté, résister à l’abandon et faire connaître sa volonté, alors et alors seulement cette guerre serait gagnée, au sens profond du mot.
Oui, c’est souvent à son corps défendant qu’un esprit libre de ce siècle fait sentir son ironie. Que trouver de plaisant dans ce monde enflammé ? Mais la vertu de l’homme est de se maintenir en face de tout ce qui le nie. Personne ne veut recommencer dans vingt-cinq ans la double expérience de 1914 et de 1939. Il faut donc essayer une méthode encore toute nouvelle qui serait la justice et la générosité. Mais celles-ci ne s’expriment que dans des coeurs déjà libres et dans les esprits encore clairvoyants. Former ces coeurs et ces esprits, les réveiller plutôt, c’est la tâche à la fois modeste et ambitieuse qui revient à l’homme indépendant. Il faut s’y tenir sans voir plus avant. L’histoire tiendra ou ne tiendra pas compte de ces efforts. Mais ils auront été faits.
Albert Camus, 25/11/1939
L’article que nous publions devait paraître le 25 novembre 1939 dans  » Le Soir républicain « , un quotidien limité à une feuille recto verso que Camus codirige à Alger. L’écrivain y définit ”les quatre commandements du journaliste libre » : lucidité, refus, ironie et obstination.
Notre collaboratrice Macha Séry a retrouvé ce texte aux Archives nationales d’outre-mer, à Aix-en-Provence (Lire son texte plus haut). Camus dénonce ici la désinformation qui gangrène déjà la France en 1939. Son manifeste va plus loin. Il est une réflexion sur le journalisme en temps de guerre. Et, plus largement, sur le choix de chacun, plus que celui de la collectivité, de se construire en homme libre.
ULLSTEIN BILD / ROGER-VIOLLET

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Commentaire recommandé

Jean // 31.07.2016 à 08h57

Quel pluralisme ?
Je vous invite à visiter le site http://www.acrimed.org pour mesurer le manque de pluralisme de notre pseudo démocratie.

19 réactions et commentaires

  • Charles Michael // 31.07.2016 à 05h43

    Bon, la liste des pays auquels se discours s’adresse, tous d’Amérique Latine, est une façon de se servir de Camus,
    signé par LeMonde Internationnal, effectivement une signature.

    lucidité, refus, ironie et obstination…. ça m’a tout l’air d’avoir novlangué en;
    ignorance, soumission, conformisme

    par contre question obstination dans la manipulation… rien à redire.

      +12

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    • Silk // 31.07.2016 à 06h09

      Très beau texte qui parle du contexte de l’occupation.
      Comme vous le dite : que le « Monde International » mette comme titre (en 2012, faut voir le contexte de l’époque)
      À PROPOS DES ATTAQUES SYSTÉMATIQUES CONTRE LA PRESSE EN ÉQUATEUR, CUBA, VÉNÉZUÉLA, ARGENTINE, BOLIVIE, NICARAGUA, ETC.
      UN MANIFESTE INÉDIT D´ ALBERT CAMUS SUR LA LIBERTÉ DE LA PRESSE

      relève d’une basse propagande basée sur le détournement d’un grand auteur.
      Se servir de Camus pour leur propagande, ils osent tout.
      Pour autant ce texte à toute sa valeur sur les points fondamentaux soulevés dans le texte.
      Mais évidement, comme tout, ça dépend de qui pratique mais
      -la lucidité s’oppose à l’ignorance.
      -Le refus et l’obstination s’opposent au conformisme (l’ironie permettant l’espoir en ces temps sombres et peut-être aussi une note de cet esprit qu’était Camus) ainsi qu’à la soumission (refus de soumissions et obstination à ne pas se laisser enfermer).
      Bref, les valeurs qu’ils donnent, si elles étaient réellement appliquées, sont l’inverse de l’obstination la soumission et le conformisme.

        +12

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      • Charles Michael // 31.07.2016 à 08h26

        Silk,

        Bien sur que c’est un beau texte, et j’ai une certaine admiration et grande affection pour Camus et son sens moral éclairé:
        Camus qui déclara fameusement  »je ne suis plus existentialiste » tournant le dos au réel égocentrisme précurseur de toutes les destructurations à venir.

        et cette utilisation récupération néocon de l’éthique de Camus m’a choqué.

          +11

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    • Jean // 31.07.2016 à 09h12

      Il me semble plus constructif, plutôt que de polémiquer sur la récupération de ce texte par ceux qui ne peuvent pas agir autrement, de débattre des principes universelles que celui-ci met en exergue. C’est à mon avis en ce sens qu’il faut comprendre : « Un des bons préceptes d’une philosophie digne de ce nom est de ne jamais se répandre en lamentations inutiles en face d’un état de fait qui ne peut plus être évité. »

        +9

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    • Baumann joel nachshon // 31.07.2016 à 15h18

      Un Magnifique Hommages aux Mots Morts au « Chant d’Honneur  » dans le Combat sans Fin pour la Liberté Inaliénable d’un Homme a exprimer, par des Mots et Paroles, sa Pensée Individuelle ,nourriture essentielle de la pensée collective et donc de lui Permettre de Combattre les Forces de l’Oppression Gouvernante qui lui Contestent son Droit et sa Liberté Intangibles a les Imprimer , a les Publier, a les Déclamer, a les Entonner, a les Hurler, a les Cantiller, a les Versifier, a les Jouer, a en Jouer , et surtout a les Jeter en Défi a la Gueule de Hyéne de Tout Apprenti Dictateur ,Envers et Contre tout. Ce Texte de Camus est comme une Résurection Salutaire et Propice pour remettre en Mémoire  » Aux Masses » l’Impérative Nécessité de Promouvoir et Défendre a tout prix ces Principes Fondamentaux de nos Droit de Pensée, d’Expression et d’Opposition pour Défaire, Écraser et se Débarrasser une bonne fois pour toute de l’Odieuse Médiacratie Prestituante et de l’Immonde Volonté de Mondialisée la Fascisation Mortifére des Oligarchies Mafieuses Prédominantes
      du Monde actuel.
      Merci aux Mánes d’Albert Camus.

        +3

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  • ROBERT // 31.07.2016 à 06h18

    Les propos de Camus sont toujours hélas, d’actualité…Nous n’avons plus que le canard enchaîné pour fustiger le »politiquement correct »
    Le pluralisme ne modifie rien à l’affaire.. L’autocensure sévit…

      +4

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    • Jean // 31.07.2016 à 08h57

      Quel pluralisme ?
      Je vous invite à visiter le site http://www.acrimed.org pour mesurer le manque de pluralisme de notre pseudo démocratie.

        +25

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  • Lisbeth Levy // 31.07.2016 à 08h51

    De fait on s’apperçoit que le pays des droits de l’homme n’a jamais vraiment existé, si on repense aux lettres des soldats de la guerre 14-18, déjà elles étaient censurées, coupées, donc ouvertes par la censure militaire ! Quand a la presse déjà elle posait le problème de la pluralité ou liberté de parole. Mais Marx en son temps le déplorait aussi

    La « liberté de la presse est la liberté que les capitalistes ont d’acheter des journaux et des journalistes dans l’intérêt de créer une opinion publique favorable à la bourgeoisie ».

    Les pays du « monde libre » comme on disait à l’époque, ou la liberté n’a jamais vraiment existé même aux Usa ou le maccarthysme a fait beaucoup de mal aux syndicalistes, partis de gauche, surtout le parti communiste « interdit ». La France n’est guère mieux lotie, et de nos jours « les gueux » que nous sommes ont encore la parole espionnée, jugée, le courrier piraté par la NSA Echellon, ou surveillé ainsi que les réseaux sociaux qui sont ouverts pour la police et les services dits spéciaux.

      +17

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  • Jean // 31.07.2016 à 09h15

    => « Il faut donc essayer une méthode encore toute nouvelle qui serait la justice et la générosité. »
    Et l’on s’apercevra alors que l’application de ces principes est moins couteuse, financièrement parlant, que ceux actuellement octroyés à la répression et la surveillance de masse.

      +6

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  • Jean-Paul B. // 31.07.2016 à 10h07

    Parlez-nous plutôt de la liberté de la presse en France où les « grands » médias appartiennent à des milliardaires:
    TF1, LCI ,Le Monde, Le Figaro, Le Point, L’Express,Libération, BFMTV,RMC,Canal+, ITélé, L’Obs, Les Inrocks,Télérama,Nice-Matin, La Dépêche,etc. (liste non exhaustive).
    La paille et la poutre toujours d’actualité!!!

      +16

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  • Alberto // 31.07.2016 à 11h57

    A propos du commentaire de Jean sur cette phrase de Camus :
    “Il faut donc essayer une méthode encore toute nouvelle qui serait la justice et la générosité.”
    Le commentaire :
    Et l’on s’apercevra alors que l’application de ces principes est moins couteuse, financièrement parlant, que ceux actuellement octroyés à la répression et la surveillance de masse.
    Et si on sortait du cadre et qu’on arrêtait de juger en fonction du profit financier ? Vive le Bonheur intérieur brut, le bonheur n’a pas de prix !

      +5

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    • Jean // 01.08.2016 à 00h49

      La générosité est un mot que les technocrates qui nous administrent ne peuvent pas comprendre, cependant, même lorsque l’on résonne comme ceux qui considère le cheptel humain comme une donnée statistique parmi d’autres, l’option sécuritaire n’est pas économiquement la plus rentable. Dixit Bourdieu dans le documentaire « La sociologie est un sport de combat » de Pierre Carles. C’est dire toute la folie qui s’est emparée du monde dans lequel nous vivons…
      Dans le même esprit un ami instituteur me disait un jour : « chaque poste d’enseignement que l’on supprime aujourd’hui nécessitera la création de dix postes de fonctionnaires de police dans dix ans. » Ainsi ceux qui s’arment de réalisme pour justifier leur manque d’humanité ne sont finalement ni humains, ni rationnels, mais sont les victimes d’un dogmatisme qui nous condamne tous.

        +6

      Alerter
  • Louis Robert // 31.07.2016 à 12h51

    Aujourd’hui, se pénétrer de ce que l’on n’entend plus!

    « Un journaliste français, même indépendant, ne peut pas ne pas se sentir solidaire de la honte où l’on maintient la presse française. À quand la bataille de l’Information en France ?… Des gens croient qu’à certains moments les événements politiques revêtent un caractère fatal, et suivent un cours irrésistible. Conception du déterminisme social excessive: les événements politiques et sociaux n’échappent pas au contrôle humain… En toutes choses, ne pas admettre que la politique l’emporte sur la morale ni que celle-ci tombe dans le moralisme… Une société qui supporte d’être distraite par une presse déshonorée et par un millier d’amuseurs cyniques (…) court à l’esclavage malgré les protestations de ceux-là mêmes qui contribuent à sa dégradation… La liberté de la presse n’est qu’un des visages de la liberté tout court et l’on comprendra notre obstination à la défendre si l’on veut bien admettre qu’il n’y a point d’autre façon de gagner réellement la guerre… La question en France n’est plus aujourd’hui de savoir comment préserver les libertés de la presse. Elle est de chercher comment, en face de la suppression de ces libertés, un journaliste peut rester libre. Le problème n’intéresse plus la collectivité. Il concerne l’individu… »

      +4

    Alerter
  • Danyves // 31.07.2016 à 17h16

    Le portrait photographique d’Albert Camus est signé Henri Cartier-Bresson (Magnum)

      +6

    Alerter
  • jim // 31.07.2016 à 18h31

    « Car, s’il ne peut dire tout ce qu’il pense, il lui est possible de ne pas dire ce qu’il ne pense pas ou qu’il croit faux. ».

    Hum, cher Albert Camus, pouvez vous préciser votre pensée?

    Pourquoi un journaliste libre « ne peut dire tout ce qu’il pense »?
    Ca me chagrine de lire ça, je vous avoue.
    A moins que la liberté de dire les vérités ,et ses vérités et pensées, soit quelque chose de relatif, une liberté sécable, même pour un journaliste libre dont c’est il me semble la fonction principale.

    Albert…?

      +3

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    • Jean // 01.08.2016 à 00h12

      => Pourquoi un journaliste libre “ne peut dire tout ce qu’il pense” ?
      Parce que ce journaliste libre vit dans une société qui ne l’est pas et que la seule liberté dont-il dispose et de pas mêler sa voix à celles de ceux qui font le jeu de la propagande.

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    • Silkn // 02.08.2016 à 02h50

      Avez vous lu l’article ?
      Le contexte est celui de l’occupation et de la censure pratiquée par l’occupant.
      Dès lors cette phrase prend tout son sens :
      “Car, s’il ne peut dire tout ce qu’il pense, il lui est possible de ne pas dire ce qu’il ne pense pas ou qu’il croit faux.”.

      Pourquoi un journaliste libre “ne peut dire tout ce qu’il pense”?.
      Car la censure l’en empêche et donc il ne lui reste comme arme que de « ne pas dire ce qu’il ne pense pas ou croit faux ».
      À remettre en relation avec « Un journal libre se mesure autant à ce qu’il dit qu’à ce qu’il ne dit pas. “

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  • clauzip12 // 31.07.2016 à 23h51

    Le journaliste libre ne peut dire tout ce qu’il pense?
    Le journaliste a pour profession l’information à partir de faits vérifiés et de source sure.
    Il ne peut ,hormis dans un cadre particulier,l’édito qui peut être politique,ne pas filtrer les faits dans leur description avec la conscience (ou l’inconscience) de son schéma psychique,psychologique personnel.
    Cette dimension inhérente à son statut d’humain ne peut être la trame de l’information diffusée comme les FAITS dans la plus exacte transcription.
    Le journaliste responsable donc libre et honnête ne peut dire tout ce qu’il pense mais tout car qu’il voit.
    Le journaliste professionnel a le devoir d’informer de ce qui est le plus près de la réalité des faits.
    Son point de vue personnel doit être exprimé dans les éditoriaux pour la presse d’information et dans les ouvrages d’écrivain où son nom sera clairement perçu.

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  • Arcousan09 // 02.08.2016 à 18h27

    Pluralisme ????? avec des médias aux ordres !?!?!?

    Mort de rire !!!!

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